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Rechercher : métro barbès-stalingrad

  • Un témoignage tout frais sur le marché de Barbès...

    Nous recevons régulièrement des remarques soit en direct soit dans les commentaires du blog, mais rarement des textes longs et construits, quelques fois seulement. Cette fois, nous vous le proposons in extenso car il renvoie à notre propre expérience de client du marché, plutôt de cliente d'ailleurs du samedi.

    Voici donc le témoignage brute et sans photo, car nous n'étions pas sur place, cette fois-ci. 

    Samedi 22 avril. Midi. Je reviens du marché de Barbès.

    Au début, c’est à dire à l’entrée par le barreau Patin, un sentiment de satisfaction, voir de bien-être (!), me saisit, un espace dégagé s’offre à moi…. et aux abords de la quincaillerie qui fait l’angle, côté 10e, quatre uniformes bleus qui demandent à un étal au sol de remballer. Il remballe en maugréant. Bon point. 


    Je longe à grands pas l’arrière des stands, le chemin est dégagé. Au milieu, à peu près à la hauteur des piliers du viaduc, je regagne l’allée centrale. Un bouchon comme il s’en produit régulièrement à cause des cageots des vendeurs d’herbes étrangle le passage. Je rattrape les agents de la Ville de Paris (note AB : DPSP, Circo nord) qui entre temps sont passés sur l’allée extérieure côté 10e, et leur suggère qu’ils feraient bien de dégager le gars, ses herbes et ses cageots, bref l'allée un peu plus haut. Je ne les blâme pas, et je le leur dis tout de suite, parce que demander vingt fois aux mêmes types de dégager, de les voir déplacer les cageots, danser d’un pied sur l’autre en attendant que les uniformes tournent le dos, puis revenir au même endroit, quand on n’a pas même encore quitté les lieux est éprouvant. D’autant que les hommes qui vendent les herbes sont évidemment les dernières roues du carrosse, qu’ils sont sans doute approvisionnés par des fournisseurs communs, et que ce qu’ils gagnent en 4 ou 5 heures de marché ne doit pas suffire à nourrir une famille ! Les agents de la Ville ne sont pas des redresseurs de tort non plus, ils font ce qu’ils peuvent avec les moyens qu’on leur donne, et parfois, aussi, ils baissent les bras en faisant la ronde par l’extérieur. 


    A part des champignons et quatre courgettes achetés, je n’en étais qu’au début. Pour éviter le noeud gordien de l’allée centrale, je repasse — comme les agents de la Ville — sur l’arrière. Je tombe sur une palette pleine aux deux tiers de cageots de poireaux pourris. Je ne dis pas passés, avec quelques feuilles jaunies, non, pourris. Proprement invendables. Ils n’auraient même pas dus arriver jusqu’à un marché de détail. Curieuse d’en savoir plus sur ces denrées « avancées », je me suis rapprochée d’un imposant  et bruyant patron de stand, qui peu de temps avant expliquait à trois collègues attentifs à ses propos, que finalement la RATP ferait ses travaux de réfection du viaduc par tranches, et que le marché n’aurait pas à se déplacer…. Il paraissait s’en réjouir ostensiblement. En effet, le marché ne bougera pas, et nous sommes certainement nombreux à le regretter. La pression exercée par les marchands a été plus forte que les nécessités d’entretien de la RATP pour son patrimoine. Mais revenons aux poireaux. 


    Après quelques formules outrancières et misogynes d’entrée en matière, le gros homme m’a demandé si je savais ce qu’était un coup de chaud ! Ses beaux poireaux avaient eu chaud dans le camion….. oui…. ça doit être ça, un coup de lune pendant la nuit !  Et de m’en montrer de plus beaux, plus gros aussi, plus frais, qui eux avaient des vertus….. pas aphrodisiaques, non, plus prosaïques que cela. Je vous laisse imaginer. Le type était d’une grossièreté sans limite, devant ses acolytes réjouis de la bonne plaisanterie. Tous n'ont pas encore saisis que les propos à caractère sexuel vis-à-vis des femmes (ou des hommes d'ailleurs !) n'ont plus leur place. Passons.


    Est-ce bien cela être « populaire » ? Vendre à des populations modestes des produits semi-avariés, qui ont du mal à arriver aux domiciles de l’acheteur dans un état mangeable ? Je doute que ces patrons commerçants alimentent leur famille avec les produits qu’ils cherchent à vendre ici. Mais sans doute est-ce assez bon pour tous ces pauvres, venus du monde entier, travailler dur et tirer le diable par la queue ! D’année en année, on voit de moins en moins d’acheteurs-acheteuses du quartier, le père ou mère de famille classique, soucieux d'acheter ses fruits et légumes au marché. La tradition parisienne qui sent aussi un peu la province. Le marché a changé d'allure et de clientèle. Il suffit de prendre un des bus qui passent par le carrefour Barbès ou le métro pour voir que les acheteurs sont nombreux à venir de loin, alors qu'un marché alimentaire défend le commerce de proximité, normalement.
     
    J’achète au marché de Barbès depuis plus de 25 ans — parmi mes voisins je fais figure de résistante — et je constate que la qualité diminue année après année. Il faut être très vigilant et choisir chaque fruit, chaque légume, éviter certains stands… En fait, je ne prends plus de plaisir à parcourir la longue allée du marché, et bientôt je n'irai plus. 
  • Brigade de lutte contre les incivilités : quels changements pour nos arrondissements?

    La Brigade de lutte contre les incivilités, vous en avez forcément entendu parler tant la Ville a communiqué sur le sujet depuis la rentrée. Dire qu'elle est attendue comme le messie serait un peu excessif mais nous savons que les habitants du quartier espèrent qu'elle va inverser la tendance.

    Alors, nous avons voulu en savoir plus et le mieux était de s'adresser directement au responsable de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP - nouvelle entité qui regroupe cette brigade), Matthieu Clouzeau.

    Une nécessaire réorganisation des services

    Comment être plus efficace ? C'est la question que la Ville s'est posée l'an passé. Elle a ainsi décidé de réunir plusieurs services municipaux sous une seule et même direction pour agir contre les incivilités. Tout d'abord, la Direction de la prévention et de la protection (ancienne DPP) auxquels viennent s'ajouter des agents de la Direction de la propreté et de l'environnement (DPE) et de la Direction de espaces verts et de l'environnement (DEVE).

    Les effectifs vont donc passer de 1000 (actuelle DPP) à 1900 agents (tous en uniforme) en regroupant les agents qui avaient déjà un pouvoir de verbalisation. Pour être précis, 700 agents arrivent d'autres services, il y a donc 200 personnes en création nette de postes. A savoir, certains postes sont transformés en inspecteurs de sécurité et à la fin de la mise en place de tout le dispositif, on comptera une augmentation de 47% de ce corps.

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    Des horaires élargis

    Indispensable car on le sait bien, les contrevenants ne font pas de pause ! Il faut donc disposer d'une force de frappe à tout moment. Une unité sera présente le soir, de 16h à minuit et le week-end. Elle passe de 50 à 100.

    Un meilleur maillage du territoire

    On passera de 6 à 10 secteurs avec des changements dans nos 3 arrondissements autour du carrefour Barbès.

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    Ainsi, les 8e, 9e et 10e seront regroupés en une seule circonscription, ce qui nécessite de trouver des locaux plus grands et mieux adaptés. Le nombre d'agents y restera identique mais ils géreront un territoire d'action plus petit. La Ville est sur la piste d'un local mais rien n'est encore définitif et nous ne vous dévoilerons donc pas le lieu. Le 18e, étant donné la superficie de l'arrondissement et les problèmes qu'on y connaît, bénéficiera d'une circonscription tout à lui dédiée (il est avec le 9e pour le moment) et conservera son local actuel à Marcadet. Vous l'avez compris, il faudra patienter encore quelques mois. L'actuelle responsable de la circonscription (Circo'Nord), Coralie Lever-Matraja, restera en place. Elle était présente lors du rendez-vous à l'Hôtel de Ville et nous a déjà invités à lui rendre visite dans ses locaux. 

    Des exemples d'organisation modifiée

    Les agents de la DEVE ont parfois des difficultés à fermer les parcs et jardins lorsqu'ils sont seuls, certains "promeneurs" se montrant peu pressés de quitter les lieux. Ainsi dans les espaces verts, (notamment dans le square Léon et le jardin d'Eole, dans le 18e), des inspecteurs de la sécurité prendront le relais. Autre atout, ils seront prochainement équipés de vélos électriques pour réduire le temps de déplacement. En ce qui concerne la sécurité des points écoles (traversées de rues pour les enfants), la quasi-totalité est assurée par la DPSP.

    Des changements à venir avec la réforme du statut de Paris

    Actuellement, les Agents de surveillance de la Ville de Paris (ASP) sont sous la responsabilité de la préfecture de police mais payés par la Ville de Paris. Le concours d'inspecteur de la sécurité est depuis peu ouvert aux ASP qui souhaitent rejoindre la DPSP, une centaine a déjà franchi le pas. A terme, lorsque cette réforme sera effective — et pour cela, il faudra qu'elle soit votée au parlement, elle est déjà en débat au Sénat ce mois-ci —, les 1600 ASP rejoindront la DPSP pour lutter contre les incivilités, agir sur la circulation de proximité, veiller au respect des zones piétonnes, et verbaliser le stationnement gênant. Voilà un dernier point qui serait intéressant, on pense par exemple au non-respect de la zone piétonne boulevard de Denain ou encore de la dépose-minute rue de Compiègne mais aussi au stationnement sous le viaduc du métro aérien. On s'arrêtera là, la liste serait trop longue... Les agents de la brigade des nuisances sonores actuellement en poste à la Préfecture de police seraient eux aussi invités à rejoindre la Ville. Il faudra attendre avril 2017, sans doute, pour savoir si ces changements se feront. Reste à l'espérer ! Autre réforme possible : la Maire de Paris a récemment communiqué sur le stationnement qu'elle souhaite privatiser. D'autres villes en Europe ont déjà opté pour ce principe. Affaire à suivre donc, et si vous n'avez pas tout compris, Matthieu Clouzeau sera présent au prochain conseil de quartier Lariboisière-Saint Vincent-de-Paul qui aura lieu le 15 novembre, à l'école de la rue de Belzunce.

  • Devenir de Lariboisière et Widal : où en est-on ?

    C'était la deuxième fois que les conseils de quartier Louis-Blanc Aqueduc et Lariboisière Saint-Vincent de Paul organisaient une plénière dans les locaux de l'auberge de jeunesse le Belushi's, rue de Dunkerque. En novembre 2014, on avait parlé sécurité et prévention avec la présence de nombreux habitants (lire notre article du 18 novembre 2014). Cette fois encore, la salle en sous-sol était bondée, environ 150 personnes.

    Invités pour l'occasion, des élus bien sûr, mais également Eve Parier, directrice du pôle hospitalier Saint-Louis-Lariboisière-Widal, François Nicolas, directeur de Lariboisière et Rémy Nizard, chef du service de Chirurgie orthopédique et représentant des médecins du groupe hospitalier.

    Nous avions déjà expliqué le projet dans notre article du 8 décembre 2014.

     

    Alors quoi de neuf ?

    On savait déjà que les bâtiments n'étaient plus en conformité, notamment en matière d'incendie. On va donc moderniser avec un plateau technique regroupé, une offre ambulatoire plus importante tout en proposant un hébergement de qualité pour les patients et créer un campus hospitalier universitaire. On vise aussi une amélioration des conditions de travail pour le personnel de l'hôpital.

    Pour quel coût ?

    Tout d'abord, rappelons qu'il s'agit d'un projet d'Etat. Un comité interministériel a ainsi autorisé cette opération de restructuration en juillet 2015 pour la coquette somme de 316 millions € dont 290 pour les travaux et 26 pour les équipements. L'Etat contribuera à l'échelle de 30%. Le reste à la charge de l'AP-HP qui a déjà des pistes pour le financement (cessions de terrains et endettement). L'architecte sera choisi en fin d'année.

    Quelle programmation des travaux ? 

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    Cliquez sur l'image pour l'agrandir

     

    On peut aisément le voir sur ce plan d'ensemble, on procédera par tranche.

    Les flux seront réorganisés avec l'entrée des urgences dans le haut de la rue de Maubeuge et l'accès principal boulevard de la Chapelle (on devra d'ici là trouver une solution au stationnement anarchique des camions du marché !). On conservera toutefois l'entrée rue Ambroise Paré.

    Quelques précisions sur la partie médicale

    Des urgences générales et spécialisées, un centre d'excellence en neurosciences, un pôle locomoteur de haut niveau, un centre universitaire du diabète, 73 lits pour le plateau technique (soit 2 de plus qu'aujourd'hui), 20 salles de bloc opératoire, une filière gériatrique, une maternité qui passera d'un potentiel de 2 700 à 3 200 accouchements par an. Rémy Nizard a insisté sur l'importance des  groupes de recherche. "C'est capital de comprendre que le lieu devient un campus" a-t-il conclu.

    Et du côté de la ville de Paris?

    Bernard Jomier, adjoint à la maire de Paris chargé de la Santé, a tenu à préciser que si la carte hospitalière est du ressort de l'Etat, les élus locaux ont leur mot à dire. Pour la Ville, il est indispensable de répondre aux besoins des habitants. Avec à la fois une fonction de proximité et des axes de référence et d'excellence répartis. L'AP-HP rééquilibre actuellement ces axes vers le nord-est de Paris et Métropole du Grand Paris. Saint-Ouen semble désormais être le lieu du futur hôpital Nord du Grand Paris.

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     Après les différentes interventions, questions et inquiétudes des habitants n'ont pas manqué.

     

    Un projet modifié depuis 2011

    Des personnels de l'hôpital (notamment représentants de la CGT) ont rappelé le projet présenté en 2011 et  modifié depuis. En effet, toutes les activités de l'hôpital Fernand Widal devaient être rapatriées sur Lariboisière. Ce n'est plus le cas aujourd'hui puisqu'une partie de la gériatrie sera déplacée sur le site de Bichat-Claude Bernard. Même position pour les élus communistes du 10e qui craignent une augmentation des coûts de transport si les personnes âgées font des aller-retour entre les deux sites et des habitants du quartier pénalisés par la distance. 

    "Les soins de suite et de réadaptation gériatrique seront en effet sur le site de Bichat (partie Claude Bernard) avec 150 lits. Nous serons vigilants à ce qu'il y ait un flux le plus aisé possible entre les deux hôpitaux.  18 % des patients ont plus de 70 ans. Actuellement, le coût de déplacement de Widal vers Lariboisière est considérable car on ne peut  utiliser que les bâtiments anciens et il faudrait alors augmenter le personnel. C'est en partie pourquoi on est revenu sur le projet initial" a expliqué Eve Parier.

    "On ne peut pas avoir une réflexion par arrondissement et on doit s'extraire de notre situation locale. Les habitants du 19e pourraient aussi demander un hôpital ! s'est exclamé Bernard Jomier visiblement un peu agacé. Quant à Saint Ouen, ce n'est pas la brousse ! Il y aura des lignes de métro d'ici l'ouverture du site envisagée pour 2025. Par ailleurs, il n'y a pas de baisse du nombre de lits en gériatrie sur Paris".

    Les précisions de Rémy Nizard n'ont pas reçu un accueil unanime : "25% de population du 10e, le reste vient du 18e et du nord de Paris. Un hôpital ne peut pas tout faire, il faut savoir se partager la tâche. Côté budget, on n'est plus dans les 30 glorieuses. Et, ne pas oublier qu'on est dans une compétition locale et universitaire européenne et demain mondiale pour la recherche et l'innovation. On a intérêt à avoir des projets hospitaliers d'envergure".

    Que deviendra la parcelle ouest côté rue Patin?

    Elle sera effectivement cédée pour financer une partie du projet (comme les terrains de Fernand-Widal).

    Un espace vert, souhaité par des riverains, n'est pas à l'ordre du jour d'après le maire. On est toujours dans la perspective d'ouvrir le jardin de l'hôpital. Mais pas de projet pour le moment. B. Jomier parle de concertation avec les habitants et les collectivités locales. Retenons que ce n'est pas pour demain puisqu’on est sur un horizon d'au moins 10 ans.

    Et le boulevard de la Chapelle qui accueillera l'entrée principale?

    "Il faut faire évoluer ce boulevard, véritable frontière entre le 10e et le 18e qui cumule de nombreux problèmes. Il sera valorisé par le nouvel hôpital et par le projet Wilmotte de la Gare du nord. D'ici là, dans le cadre de la transformation urbaine du nord de l'arrondissement soutenue par les élus, le projet dit de " Promenade urbaine" fera cette année l'objet d'une concertation.

    Et la SCMR rue Paré?

    Bien que le sujet ne soit pas à l'ordre du jour du conseil de quartier (pour les dernières informations, voir notre article du 21 janvier), on s'attendait à ce que les opposants se manifestent. Le maire a répété que le projet se fera. Dans le cadre des travaux de Lariboisière, elle n'aura pas forcément vocation à rester là. On verra pour l'expérimentation — prévue pour 6 ans — et ce sont des débats à venir dans plusieurs années. Une réunion publique devrait avoir lieu en mars et une ouverture attendue à l'automne.

    oOo 

    Un conseil de quartier parfois un peu agité mais  qui n'a pas mécontenté tout le monde. Certains habitants se sont félicités de l'évolution de l'hôpital et d'une vision du futur. D'autres ont remercié le maire pour défendre le projet de SCMR. On n'a pas fini de parler du quartier !

     

  • Salle de conso : pour répondre à l'inquiétude des habitants des rues Guy Patin et Ambroise Paré

    Une grande banderole barre désormais le balcon du 2e étage de l'immeuble d'angle quand les rues Guy Patin et Ambroise Paré se rencontrent et frôlent le Magenta. Nous avons beaucoup écrit sur cette placette dans le passé : pour dénoncer le non-respect des automobilistes qui empruntaient sans vergogne ce passage étroit réservé aux seules ambulances pendant longtemps, mais aussi pour décrire la végétalisation modeste de cet espace initié par le conseil de quartier il y a deux ou trois ans déjà.

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    Aujourd'hui c'est l'inquiétude qui semble dominer chez les habitants de ces deux rues résidentielles encadrant le sud et l'ouest de l'hôpital Lariboisière. Cela est dû au projet d'ouverture d'une salle de consommation à moindre risque (SCMR) qui devrait avoir lieu début 2016 au 9 rue Ambroise Paré, dans un bâtiment appartenant à l'APHP et intégré dans l'enceinte de l'hôpital. La direction de l'hôpital n'était pas favorable à cette intégration et ne l'a probablement acceptée que parce que le bâtiment s'ouvre sur la rue et non vers l'intérieur, ne partageant pas ainsi de parties communes avec d'autres services hospitaliers.

    La recherche d'un lieu ad hoc a été longue, les pré-requis sont nombreux et les oppositions ne le sont pas moins.

    La nécessité d'une salle de consommation à moindre risque dans le quartier remonte à plusieurs années. Les habitants demeurant entre la gare du Nord et la station de métro Barbès-Rochechouart connaissent la situation de la toxicomanie dans ce secteur, les plus anciens ont vu l'arrivée d'associations d'aides aux usagers de drogues et l'implantation de Caarud dans le 18e, notamment CT Coordination Toxicomanies et EGO Espoir Goutte d'Or.

    Relire nos articles sur le sujet publiés depuis plusieurs années permet de comprendre que le choix de cette implantation ne tombe pas du ciel, et qu'il ne s'est pas fait "dans le dos" des habitants.

    A défaut de concertation, il y a eu information et débats publics autour de la présence de la toxicomanie, notamment au sein des conseils de quartier, même si, de notre point de vue, cela n'a pas été à la hauteur de la demande des habitants.

    Voici quelques liens qui pourront vous aider à suivre la lente évolution du dossier, d'abord dans notre blog :
    - en octobre 2011, nous revenions sur le sujet de "l'errance entre les deux gares" traitée dans la réunion publique du conseil de quartier Lariboisière Saint-Vincent-de-Paul du printemps qui précédait, un euphémisme qui nommait sans le faire la présence de toxicomanes très précaires et justifiait aussi la participation d'un représentant d'un Caarud pour expliquer leur mission et le travail des équipes de rue. Lisez aussi dans cet article le témoignage d'une passante régulière qui décrit le lieu.
    - lors de notre Assemblée générale de 2010 — et oui ! déjà 5 ans... — nous avions initié le partage de l'information sur les drogues, leur présence dans nos quartiers, leur traitement social, en invitant des experts de la mairie et des associations oeuvrant dans ce domaine. Puis les choses ont évolué et depuis le rapport de l'INSERM de l'été 2010, il est devenu évident que les salles de consommation pouvaient apporter une aide aux plus précaires des usagers de drogue, améliorer le travail sur la réduction des risques liés aux injections, et rendre possible un dialogue avec des personnes très précaires, isolées et parfois vieillissantes aussi. Lien permanent
    - la Ville de Paris et le maire du 10e se sont intéressés à cette époque au projet de salle de consommation tel qu'il en existe dans d'autres pays voisins comme l'Allemagne, la Suisse, l'Espagne ou le Luxembourg pour ne citer que ceux-là. Nos articles sont nombreux sur ce sujet - voir ce lien - qui collecte nos parutions sur le thème.
    - attardez-vous sur l'article de juin 2014 qui explique l'intérêt de l'enquête confiée à l'INSERM par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues, afin de tester l'acceptabilité au coeur du quartier, c'est ici -> Lien permanent

    La presse n'a pas été silencieuse non plus sur le sujet. Mentionnons le Journal du Dimanche sous la plume de Marie-Anne Kleider qui, en mars 2015, attendait que la loi autorise l'ouverture et n'hésitait pas à écrire que nous soutenions clairement le projet et aussi Politis, en février 2013, quand "Matignon a donné son feu vert". Ecoutez ce reportage diffusé le 17 décembre dernier sur Europe 1. Vous trouverez d'autres articles de presse parmi les nombreuses notes que nous avons consacré au sujet sur ce blog.

    Les associations actives dans le champ des drogues ont aussi mis la main à la pâte, déclinant chacune leurs connaissances du sujet :
    - Elisabeth Avril, directrice de Gaïa Paris, en 2012, dépeignait la situation et expliquait ce qu'est une salle de consommation à moindre risque dans la revue SWAPS.
    - en 2013, alors qu'on croyait proche l'ouverture de la SCMR, le site de la Fédération Addiction reprenait nos interviews du maire du 10e et de Gaïa sur le choix fait à l'époque (39 bd de la Chapelle) et abandonné depuis lors.

    Les débats organisés par des acteurs majeurs du secteur, par exemple le CRIPS en juin 2014, où nous intervenons pour porter notre vision de la situation - écoutez notre intervention ici - mais aussi sur des sites aussi improbables pour nous, petite association de quartier, que Turbulences de Marnes-la-Vallée soutenu par le Centre LGBT de Paris ÎdF...

    Tous ces liens sont là de nouveau pour vous aider à comprendre l'intérêt de cette salle de consommation, son intérêt humanitaire pour les usagers de drogues.  Aussi pour réaliser que son implantation n'est pas le fruit du hasard mais d'un besoin clairement identifié et localisé. Une salle d'injection surveillée, c'est renouer un dialogue avec les usagers de drogues tout en réduisant les risques liés à leurs pratiques. C'est aussi comprendre son intérêt pour la société et les habitants proches qui depuis des années les côtoient dans le quartier et souffrent des inconvénients découlant de leur présence, abandon de seringues, scènes d'injection à ciel ouvert et précipitées faute de lieu adéquat, marché illégal à proximité ou intrusion dans les halls d'immeuble...

    La loi Santé qui vient d'être votée au Parlement va fournir un cadre juridique permettant l'ouverture de SCMR en France. Outre Paris, Strasbourg vient également de décider d'en ouvrir une - voir ici.

    Pour Action Barbès, il est assez clair que l'implantation d'une salle d'injection supervisée dans le quartier est un élément qui peut permettre une amélioration de la vie quotidienne des habitants : moins voire plus de seringues dans la rue, moins voire plus de scènes de shoot en plein air, .... Nous ne sommes pas non plus insensibles à l'accompagnement qui sera proposé aux usagers de drogue qui sont souvent des personnes fragilisées. Les résultats positifs incontestables des expériences menées dans les pays voisins renforcent ce point de vue. Les craintes, voire les peurs, de certains sont compréhensibles. Il faut les écouter mais il faut aussi que la raison l'emporte sur les fantasmes. A cet égard, on peut quand même regretter que la mairie de Paris en coordination avec l'INSERM n'ait pas mis en place dans la durée un dispositif spécial d'information et de concertation qui aurait sans doute pu éviter la montée de ces peurs et donc la confrontation brutale à laquelle nous faisons face aujourd'hui.

     

  • Rénovation de la station Château Rouge : fermeture anticipée ?

    Après consultation des associations de riverains le 13 novembre, la mairie du 18e a organisé le lundi 16 novembre une réunion du comité de suivi des travaux de rénovation et désaturation de la Station Château Rouge, en présence de la RATP. (voir notre article du 7 mai 2015). Nous étions présents à ces deux réunions.

    Pour plus d'informations, voici le document de la RATP.

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    Après un rappel sur le projet, la RATP a précisé que les travaux suivent le calendrier prévu avec une fermeture de la station prévue en mai 2016 et une mise en service de la station rénovée en juillet 2017.

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    La RATP a ensuite présenté la nouvelle phase de travaux prévue à partir de mi janvier 2016. Cette nouvelle phase prévoit la mise en œuvre d'une emprise élargie côté est du boulevard Barbès, avec le maintien d'une étroite circulation piétonne de 2 à 3 m le long des façades du boulevard. La mise en œuvre de cette emprise rend nécessaire la dépose provisoire de la terrasse fermée du restaurant KFC Paris Barbès et, pour les travaux situés au dessus du tunnel du métro, la réalisation de nuit pour des raisons de sécurité.

    Plan d'emprise de la RATP

    Par ailleurs, la RATP a informé qu'un habillage qualitatif des bungalows de chantier situés à l'intersection du boulevard Barbés et de la rue Poulet sera prochainement réalisé.

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    Suite à cette présentation, la quasi totalité des membres du comité de suivi a fait part des très importantes difficultés actuellement rencontrées au niveau de l'entrée, avec des problèmes de sécurité majeurs. Ces difficultés sont liées à la réduction de l'espace public provoquée par la mise en œuvre des installations de chantier et surtout à cause de la présence de très nombreux vendeurs à la sauvette qui en occupent la majeure partie (qui, contrairement à ce qui était envisagé, sont aussi nombreux malgré les travaux). Une grande inquiétude est ainsi ressortie sur la mise en œuvre de l'emprise prévue en janvier 2016, qui réduira encore plus l'espace disponible.

    Devant cette situation particulièrement problématique, Félix Beppo, l'adjoint au maire du 18e, chargé de la voirie, des transports et des déplacements, a fait part des pistes actuellement étudiées par la mairie du 18e :

    - Anticipation de la fermeture de la station dès janvier 2016 (au lieu de mai 2016)

    La quasi totalité des membres du comité de suivi s'est montrée favorable à cette proposition. En effet, dans l'ensemble, il est considéré que l'extension de l'emprise, indispensable pour la réalisation des travaux, entraînera une situation probablement ingérable et d'importants problèmes de sécurité, en grande partie à cause des vendeurs à la sauvette qui risqueront d'occuper le peu d'espace disponible.

    Pour la RATP,  les études préalables ont confirmé la possibilité pour les stations proches de la ligne 4 (Barbès Rochechouart et Marcadet Poissonniers) d'absorber le report des utilisateurs de la station Château Rouge. Toutefois, elle a précisé qu'une telle anticipation devait faire l'objet d'une décision du Syndicat des Transports d'Ile de France (STIF), seule instance compétente pour valider une telle modification, non prévue dans le contrat le liant avec la RATP.

    Si finalement cette anticipation est retenue, la RATP a précisé que cela ne permettra pas d'avancer la mise en service car le phasage des travaux est précisément calé. Une modification de ce phasage risquerait d'avoir des incidences financières et temporelles importantes.

    Et enfin, certains membres du comité de suivi ont demandé un renforcement des lignes de bus passant par le boulevard Barbès (bus 31, bus 56, etc..) lors de la fermeture de la station. Un tel renforcement ne semble pas faisable en raison des difficultés de circulation sur le boulevard Barbès (provoquées en partie par les travaux de la station).

    En synthèse, la mairie du 18e envisage de pousser auprès du STIF pour qu'il valide cette anticipation, pas particulièrement demandée par la RATP.

    - Réouverture  à la circulation "normale" de la rue Dejean, actuellement piétonne

    Cette réouverture aurait pour objectif de faciliter l'accès des engins de chantier aux zones de travaux mais également de limiter la présence des vendeurs à la sauvette. Elle  impliquerait la suppression des contre-étalages, point qui devra faire l'objet d'échanges avec les commerçants concernés si cette piste est confirmée.

    Monsieur Beppo a précisé qu'une telle réouverture, qui nécessite la validation de la Préfecture de Police, impliquerait une adaptation du plan de circulation des rues alentours (non défini à ce jour). Les services de la voirie étudient actuellement différentes solutions envisageables.

    Dans l'ensemble, les membres du comité de suivi ne se sont pas montrés opposés à cette proposition, tout en exprimant une inquiétude sur la modification du plan de circulation qui y sera associé. En effet, certains participants ont fait part de leur inquiétude sur les conséquences négatives possibles d'une modification du plan de circulation.

    Une réunion publique est prévue ultérieurement, afin notamment de présenter les pistes finalement retenues.

     

  • Retour sur la réunion avec le préfet de police à la mairie du 18e

    La précédente rencontre avec les associations et les habitants du 18e arrondissement avait eu lieu le 18 décembre 2017 (voir notre article du 4 janvier 2018). On a retrouvé à la tribune, le 7 juin dernier, les mêmes principaux interlocuteurs : Michel Delpuech, préfet de police, les commisssaires Valérie Goetz et Jacques Rigon, Frédéric Dupuch, directeur de la sécurité de proximité, Coralie Lever-Matraja, responsable de la DPSP 18e et le maire de l'arrondissement, Eric Lejoindre.

     

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    Par rapport à la réunion de décembre, il y avait un peu moins d'habitants, mais les principales associations des quartiers concernés par les problématiques de sécurité étaient bien présentes.

    En préambule, le préfet a rappelé la mise en place du dispositif de la ZSP élargie et son rôle, ainsi que l'arrêté sur l'interdiction de la consommation et de la vente d'alcool du 23 janvier de cette année. Puis, nous avons pu avoir une petite démonstration des nouveaux équipements des policiers qui sont sur le terrain : le smartphone qui permet d'accéder très rapidement à des fichiers (vérification de cartes d'identité, de permis de conduire...), un gain de temps non négligeable, la caméra-piéton fixée sur l'uniforme et qui peut être activée lorsqu'une situation est susceptible de dégénérer.

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    Le nombre des divers procès-verbaux et des fermetures administratives est en forte augmentation, nous vous ferons grâce de l'intégralité des chiffres donnés par le préfet. Depuis le début de la mise en place du dispositif de la ZSP élargie fin janvier 2018, la préfecture a procédé à 24 fermetures administratives de commerces pour travail illégal, et 85 tonnes de marchandises de contrefaçon ont été saisies (à titre de comparaison, 168 tonnes pour l'année 2017). L'action de l'Etat se déploie sur le plan diplomatique avec le royaume du Maroc pour tenter de trouver des solutions concernant la situation des mineurs isolés marocains. Les deux ministres de l'Intérieur se sont vus récemment. Des propositions ont été faites pour faciliter l'identification et le retour des mineurs dans leur pays d'origine. Les autorités marocaines ont conscience qu'elles doivent trouver des lieux d'accueil. Les campements de migrants au nord de la capitale ont été évacués, et l'on constate que parmi les personnes recensées, 10% ont le statut de réfugiés et 40% sont déjà des demandeurs d'asile ; une situation aberrante de l'avis même du préfet, et une situation qui interroge puisqu'il y a 80 000 places d'hébergement disponibles. Le campement de la porte de la Chapelle , dit "La colline"(au niveau du périphérique), est quant à lui surtout constitué de toxicomanes, et il devrait être évacué d'ici à la fin du mois de  juin. Pour autant "tout est-il parfait ? Eh bien, non! et si je disais le contraire, je ne serais pas crédible" a conclu Michel Delpuech.

    Les interventions de la salle

    L'ensemble de l'arrondissement était concerné, aussi nous ne reprendrons que les questions concernant la Goutte d'Or, Château Rouge et La Chapelle. On peut déjà dire en préambule que la quasi-totalité des intervenants a reconnu le travail de la police. L'association La Vie Dejean l'a aussi souligné mais, comme à chaque fois que les policiers relâchent leur vigilance, les ventes à la sauvette reprennent. Des forces ont en effet été mobilisées pour encadrer le "marché du ramadan" sous le viaduc à Barbès et ont donc manqué à Château Rouge. Nous sommes d'ailleurs intervenus sur ce point pour dire que la situation n'a, jusqu'à présent, que très peu dégénéré le soir, ce qui est nouveau par rapport aux années précédentes (bagarres fréquentes). Par contre, dans les rues proches comme celles de La Charbonnière, Caplat et Chartres une certaine anarchie continue à régner : ventes sur les trottoirs, commerces de vêtements transformés en vente alimentaire, conditions d'hygiène inquiétantes. Quels contrôles ont été effectués ? Nous n'avons pas obtenu de réponse ni de la part du préfet ni de la part du maire d'arrondissement, et pas davantage sur une réouverture possible de l'entrée Guy Patin de la station de métro Barbès les jours de marché. Eric Lejoindre a simplement reconnu que de mauvaises habitudes avaient été prises (nous dirions surtout une absence de contrôles...) et que cela répondait aussi à une demande des habitants ; cette dernière remarque a provoqué un tollé dans la salle ! SOS La Chapelle et Demain La Chapelle ont insisté sur un éclairage certes amélioré mais bien insuffisant. "On n'en peut plus, rendez-nous notre espace public" a-t-on entendu.

    Si le nombre de mineurs isolés marocains a diminué avec le départ de nombreux enfants, Jacques Desse, des Libraires associés, reste pessimiste. "Les accords avec d'autres pays n'ont pas été respectés et on peut douter d'un changement d'attitude des autorités marocaines. La préfecture se prépare-t-elle en cas d'afflux massif ?" s'est-il inquiété. "Les liens sont renoués  avec le Maroc, après des années difficiles. On est dans une dynamique qui devrait permettre d'avancer" a répondu M. Delpuech. Valérie Goetz a précisé qu'il existait une complicité avec certains commerçants de la Goutte d'Or, un gérant a d'ailleurs été interpellé. "Si les mineurs reviennent, on va être sur le dos des commerçants", a conclu la commissaire avec son franc-parler légendaire !

    Concernant les ventes de cigarettes, Jacques Rigon en a fait une priorité à Barbès comme à La Chapelle. Il a demandé au procureur un durcissement des sanctions. Des opérations ciblées ont toujours lieu chaque semaine. A savoir, les ventes se font désormais même à l'unité, ce qui ne simplifie pas la tâche.

    Dernier point récurrent à chaque échange avec les autorités, le problème de l'attente trop longue quand on tente de joindre le 17. Il semblerait que l'amélioration ne soit pas au rendez-vous. Le préfet, étonné, a promis de se retourner vers le service incriminé. "Sachez que l'engagement des policiers est important et qu'on ne va pas lâcher", c'est sur ces mots que le préfet a conclu les échanges.

  • Sur les pas de Gervaise

    Gervaise L assommoir.JPG

    L'assommoir - source Paris Bistrot.com

    Dans son roman L'assommoir, Emile Zola nous raconte le quartier de la Goutte d'Or en cette seconde moitié du 19ème siècle.

    L'histoire de Gervaise est très bien résumée dans la fiche que Wikipédia lui consacre, aussi nous n'y reviendrons pas. Pour ceux qui habitent ce quartier, c'est la description de la Goutte d'Or telle qu'elle était à cette époque qui est intéressante.

    Paru en 1876, le roman de Zola se déroule quelques années plus tôt. Dater le début du roman est assez facile puisque Coupeau, le mari de Gervaise, est ouvrier zingueur sur le chantier de construction de l'hôpital Lariboisière, soit aux environs de 1850, l'hôpital ayant été construit entre 1848 et 1853.

    La date de fin du roman est plus difficile à déterminer mais Zola nous laisse quand même quelques indices. Le percement des boulevards Ornano (pas encore Barbès à cette date) et de Magenta vient modifier le quartier où Gervaise vit son malheur. Nous sommes donc après 1860. A la fin du roman, Gervaise essaie de se prostituer sur le boulevard de Rochechouart au niveau de l'abattoir de Montmartre en démolition. Nous sommes donc vers les années 1865/67, la construction de l'actuel lycée Jacques Decour ayant débuté en 1867. C'était encore à l'époque le collège Rollin.

    Notons que ces dates sont assez cohérentes avec l'histoire de Gervaise qui se déroule sur environ 20 ans et notons aussi que Zola ne fait aucune mention de l'église Saint-Bernard construite pourtant en 1858.

    Le lieu du roman est un périmètre qu'il faut regarder sur un plan de Paris de 1850. Le plan fait par Emile Zola lui même apporte un complément.

    Plan Goutte d Or 1850.JPG

    Plan du quartier en 1850

    Plan Goutte d Or  Zola.JPG

    Plan du quartier établi par Emile Zola

    Le plan dessiné par Zola limite un peu le périmètre car Gervaise va aussi jusqu'à la rue Marcadet. Disons que du Sud au Nord et de l'Est à l'Ouest, Gervaise va du boulevard de la Chapelle à la rue Marcadet, du pont enjambant la voie ferrée à la rue de Clignancourt.

    Au début du roman, Gervaise, qui vient d'arriver de Plassans* - ville imaginaire inventée par Zola mais dont la ressemblance avec Aix-en-Provence est forte - habite à l'hôtel Boncoeur qui se trouve "sur le boulevard de La Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière". La situation exacte est difficile à établir mais Zola précise "Elle (Gervaise) regardait à droite du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants". L'hôtel ne devait donc pas être très loin de l'actuel carrefour Barbès. Zola soignait beaucoup tous les détails de ses romans. On peut néanmoins ici s'interroger sur la possibilité de voir les abattoirs à partir du carrefour Barbès. Certes ni le métro ni quelques hautes maisons n'existaient, mais pour une fois qu'on peut peut-être prendre Zola en défaut,il est amusant de se poser la question.

    Une fois quittée par Lantier, son amant avec lequel elle est venue de Plassans et qui lui a fait deux enfants (rappelons que Gervaise n'a que 17 ans lorsqu'elle arrive à Paris, le décor est planté) et mangées toutes ses économies, elle s'installe avec Coupeau, son mari, rue Neuve de la Goutte d'Or, l'actuelle rue des Islettes. Elle y habite un modeste logement au premier étage d'une petite maison située non loin du carrefour avec la rue de la Goutte d'Or, au numéro 12, disent certains. Elle est blanchisseuse, travaille pour Mme Fauconnier et va au lavoir qui se trouve juste devant chez elle. C'est là l'origine du nom donné à la placette de la rue des Islettes place de l'Assommoir, en hommage à Emile Zola. Cette appellation fait appel au titre du roman, mais l'Assommoir était en fait un café, un marchand de vins, lieu de rendez-vous des soûlards du quartier, tenu par le Père Colombe, et qui se trouvait au carrefour du boulevard de La Chapelle et de la rue des Poissonniers (carrefour Barbès actuel).

    Quelques années plus tard, Gervaise qui rêve de s'installer à son compte, emprunte 500 Francs à son amoureux transis et muet, Goujet, grand gaillard blond, forgeron de son état, qui habite sur le même palier avec sa vieille mère. Elle s'installe alors avec sa famille désormais agrandie par une petite fille, Anna dite Nana, autre héroïne de Zola, dans une boutique de la rue de la Goutte d'Or. "C'était une boutique très propre, juste dans la grande maison où ils rêvaient d'habiter autrefois."

    Où est-elle cette maison et comment est-elle ?

    "Cependant, ils s'étaient (Gervaise et Coupeau, son mari) engagés d'une centaine de pas rue de la Goutte d'Or, lorsqu'il s'arrêta , levant les yeux, disant : Voilà la maison ... Moi, je suis né plus loin, au 22". Elle est donc en haut de la rue de la Goutte d'Or et probablement située non loin de l'ancien carrefour avec la rue des Poissonniers. (Rappelons ici que le boulevard Barbès n'est pas encore tracé et que la rue des Poissonniers descend plus bas vers le Sud, revoir le plan de 1850 plus haut)

    "C'est grand comme une caserne, là-dedans !" Cinq étages sur rue nous dit Zola, alignant chacun quinze fenêtres aux persiennes en ruine. En bas, quatre boutiques. A droite de la grande entrée avec porche, une salle de gargotte crasseuse, à gauche un charbonnier, un mercier et une marchande de parapluies. C'est la boutique du mercier que Gervaise va reprendre et transformer en blanchisserie. A l'intérieur, dans la cour, les façades ont six étages en quatre parties formant un vaste carré. Toute la misère de Paris est concentrée là."Il y a trois cents locataires".

    Gervaise - entree immeuble rue de la Goutte d'Or.JPG
    Le porche d'entrée de l'immeuble de la rue de la Goutte d'Or
    vu par René Clément dans son film Gervaise - à gauche, Suzy Delair

    C'est là que Gervaise vivra les meilleures années de sa vie dans sa blanchisserie, puis les pires dans le petit logement insalubre loué lorsqu'elle sera obligée de quitter la boutique. Elle y mourra dans un trou à rat, sous un escalier, alcoolique, abandonnée de tous.

    Au-delà du grand roman social, le roman de Zola nous permet de revoir le Paris de cette époque. Il en reste encore quelques traces.

    * L'assommoir fait partie de la saga des Rougon-Macquart. Gervaise est une Macquart, élevée dans la misère et dans l'alcool à Plassans, ville d'origine des Rougon et des Macquart. Sa fille Nana fera l'objet d'un autre roman de la saga. Son fils ainé sera un des personnages de Germinal.

  • Anticiper les conflits entre cyclistes, piétons et files d'attente devant le Louxor

    paris,10e,louxor,voirie,piétons,cycles,vélos,pistes-cyclablesNotre association avait apprécié la concertation avec le chef de projet du boulevard Barbès lors de son réaménagement. C’est dans ce cadre que nous avions fait adopter le passage de la piste cyclable du trottoir à la voie protégée pour bus, afin que les piétons en grand nombre devant les magasins Tati ou Vano n’entrent pas en conflit avec les cyclistes.

    Encore récemment, MDB (Mieux se déplacer à bicyclette) donnait cet exemple comme une transition réussie.

    Dès le mois de mai 2011, nous avions donc évoqué l’intérêt de proposer une réunion sur place aux services de la voirie et à la Mission cinéma pour harmoniser les calendriers et voir quels aménagements de voirie pouvaient être nécessaires aux abords du Louxor sur le boulevard de Magenta. Dans la liste des priorités, cette concertation n’a pas décroché la « head line » et ce n’est que le 8 février, par un froid sibérien, que Xavier Simonin du cabinet du maire  du 10e, Fanny Cohen, Mission cinéma, Valère Griot et Sylvain Flatres, voirie 18e, Christian Margalé, chargé de secteur 19e, Emmanuel Berthelot, voirie 10e, et Elisabeth Carteron, Action Barbès, se sont rencontrés. Le comité de pilotage Barbès aurait pu tout aussi bien se saisir de cette réflexion en amont : elle correspond bien à la définition de ses missions. Mais la dernière réunion a eu lieu le 17 mars 2011. Nous allons alerter le secrétariat de l’Hôtel de ville pour relancer le processus de réunion, très lourd, vu le nombre des participants. On s’éloigne d’un suivi semestriel des problèmes du carrefour.

    On a appris que le chantier a été arrêté à cause du froid. Toutefois les délais seront respectés et l’ouverture est confirmée pour le printemps 2013. M. Berthelot de la voirie 10e a demandé à ce que le calendrier du chantier lui soit communiqué sans tarder. Dépôt des palissades et réfection des trottoirs doivent être plus ou moins concomitants, mais encore faut-il que les responsables du chantier transmettent leurs dates bien avant … Sans doute la Mission cinéma serait-elle courroucée d’inaugurer son cinéma sur un sol défoncé, entre deux bétonnières et trois pelleteuses. Ce ne sera pas le cas, il y a eu prise de contacts.

    On a aussi appris que le trottoir le long de la station de métro, côté 10e, serait élargi à l’identique du trottoir côté 18e. (Aïe aïe aïe… Je perçois déjà les craintes des riverains !) La question de la possibilité de cet élargissement nous avait été posée il y a deux ans environ. Une rapide observation des plaques minéralogiques des voitures en stationnement nous avait laissé penser que la suppression du stationnement le long de la station ne nuirait pas vraiment aux riverains. De plus, ces places réservées les jours de marché aux marchands n’étaient pas utilisées par eux… donc à quoi bon les préserver. C’était sans compter sur l’occupation débordante d’un trottoir élargi les mercredis  et samedis, comme on le voit depuis l’été dernier. Le même sort est-il réservé au trottoir côté 10e une fois élargi ? On peut le craindre mais nul ne peut le dire à coup sûr. L’état de l’économie influe beaucoup sur le phénomène. L’extrême précarité d’un grand nombre de personnes à Paris alimente le flux des clients comme celui des vendeurs. Chaque matin, les poubelles de nos rues sont minutieusement fouillées, le contenu des bacs des supermarchés après fermeture est âprement disputé, tout cela se retrouve sur les marchés parallèles. Ajoutez-y des trafics en tout genre…

    La question est de savoir si les aménagements doivent être conçus pour empêcher tel phénomène ou tel autre. En l’occurrence ici nous avons à nous préoccuper du cheminement piéton (y compris des personnes à mobilité réduite), de la réduction de la circulation automobile (moins de stationnement en surface), de l’environnement en général.  Donc oui, élargissons.

    paris,10e,louxor,voirie,piétons,cycles,vélos,pistes-cyclablesA la fin du chantier Louxor, après retrait de toutes les « boites » superposées sur le trottoir du boulevard de La Chapelle, la piste cyclable sera restaurée avec son séparateur en granit d’origine. Les plots retrouveront également chacun leur place pour préserver le trottoir du stationnement sauvage. Nous allons toutefois renouveler notre demande, déjà ancienne, d’une  aire de stationnement pour livraison, car les commerçants, qui sont installés entre Magenta et la rue Guy Patin, ne disposent d’aucune possibilité à proximité, d’où une piste cyclable souvent encombrée...

    Et maintenant les abords du Louxor en façade :

    Nous avons demandé un aménagement de voirie pour faciliter les passages des uns et des autres, dans ce carrefour qui connaît des moments d’occupation intense. Maintenir la piste cyclable dans la voie des bus sur le haut du boulevard de Magenta ; déplacer l’arrêt de bus en le reculant  d’une  dizaine de mètres  sans oublier de réfléchir à la présence des files d’attente de spectateurs.

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    Il nous semble assez risqué de faire circuler les vélos sur le trottoir devant un cinéma de trois salles qui peut contenir jusqu’à 500 personnes. Certes on nous a dit que le hall est de 45 m² et qu’il pourrait accueillir au minimum 135 personnes (d’après les normes). Toutefois nous ne connaissons pas beaucoup de salles qui laissent leurs clients en possession d’un billet attendre le début de la séance à l’intérieur. Il faut bien que les spectateurs de la séance précédente sortent et que les accès soient laissés libres pour les urgences. Peut-être sortiront-ils par une autre porte.  Nous avons simplement pointé le doigt sur une difficulté. Attendons.

    Autre souci pour l’option des cyclistes dans la voie protégée des bus, mis en avant par la direction de la voirie : avant le chantier, la voie de bus était bornée par un séparateur qui la limite à 3 m de large. Impossible d’y faire rouler des vélos dans cette largeur. Il faudrait ne pas reposer les séparateurs de granit… A voir.

    La file d’attente pour le cinéma serait matérialisée sur le boulevard de La Chapelle, nous a-t-on dit, par ailleurs, et non sur Magenta.

    paris,10e,louxor,voirie,piétons,cycles,vélos,pistes-cyclablesLe déplacement de l’abri bus a paru possible aux responsables présents, mais reste du ressort de la RATP… bien sûr.

    Nous conclurons sur une note de satisfaction. Notre pugnacité à vouloir cette rencontre sur site, même si nos craintes de conflit entre les piétons, les cyclistes et les cinéphiles ont été balayées d’un revers de manche par les maitres d’œuvre et maitres d’ouvrage  ( architecte et Direction du patrimoine et de l’architecture) en nous opposant des normes, notre pugnacité  a permis que des responsables se rencontrent et ajustent leur calendrier et leur vision. Le temps des uns n’est pas forcément le temps des autres. Et Barbès reste Barbès, avec son activité débordante, ses passants et badauds indisciplinés, ses foules du samedi, celles de son marché, de ses marchés….

    Une réunion avec les mêmes responsables et cette fois la Ratp est déjà organisée pour le 7 mars à la mairie du 10e. Action Barbès y est conviée.

  • Barbès pris d'assaut par les buralistes

     

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    La vente de cigarettes chez les buralistes aurait accusé une baisse de 7% en Ile-de-France l'an passé. Désormais les tabacs d'Île-de-France ressentent les mêmes inconvénients que leurs confrères des zones frontalières, Nord, Moselle, Bas- et Haut Rhin, Pyrénées Orientales et Atlantiques, pour ne citer que ceux-là. A chaque frontière, le tabac se vend à moindre coût de l'autre côté. Il n'est qu'à voir les encombrements au Perthus, à la Jonquière, tous les week ends pour en comprendre le principe. La marché noir bat son plein, à Barbès il s'exerce même au grand jour : c'est ce que dénoncait hier la manifestation des buralistes devant la station de métro

    Toutefois, souvenons-nous. Augmenter les taxes sur les cigarettes avait pour but de faire baisser la consommation de tabac des Français. Dont on sait tous qu'il augmente les risques de maladies cardio-vasculaires et provoque la mort par cancer des poumons, et cela plus violemment si le fumeur a commencé jeune. L'alternance des gouvernements n'a pas mis en cause cette volonté, puisque les fortes taxes sur les paquets de cigarettes ne datent pas de l'arrivée de Jean-Marc Ayrault aux commandes. Pour une fois, il y aurait consensus, c'est à noter. 

    Ecoutez un reportage de France Bleue : 

    Si les buralistes perdent du chiffre d'affaires avec cette taxation, ils devront se diversifier, trouver d'autres sources de revenus. On n'est pas retourné à la traction à cheval parce que les maréchaux-ferrants voyaient fondre leurs revenus ! Rares sont les bureaux de tabac qui ne sont pas accolés à un débit de boissons : de quoi équilibrer les comptes. Et dans ce domaine, les cafetiers parisiens ne sont pas les plus à plaindre. 

     

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    Par ailleurs, la vente de cigarettes de contrefaçon, en provenance de Chine, par des filières hollandaises — par les ports d'Anvers et d'Amsterdam, pas par la Corèze ! — est défintivement une nuisance. Nous sommes totalement d'accord avec les buralistes. Sauf que la cigarette elle-même est une nuisance. Celle de Chine encore davantage, car elle contient des choses peu avouables. Notamment des pesticides nécessaires lors de la culture pour protéger les feuilles de tabac, très fragiles, mais les nombreux lavages indispensables avant le séchage et la fabrication sont allégrement sautés pour réduire le coût de fabrication. Et tant pis, si celles-ci tuent encore mieux que celles-là !!! (Il semble que d'après une étude de Roswell Park Cancer Institute de 2010, même les cigarettes légales vendues en Chine sont de mauvaise qualité et contiennent des métaux lourds).

    Nous avons déjà fait des articles sur la question dans le blog. Cliquez sur tabac, cigarettes, ou contrefaçon... 

    Dernier POINT INFO de la Préfecture de Police (22 mai) qui ne manque pas de suivre l'actualité... 

     

    La préfecture de police agit contre la vente illicite et le trafic de cigarettes à Barbès (18e)

    La lutte contre le trafic de cigarettes à Barbès s’inscrit plus largement dans l’action engagée dans le quartier depuis plusieurs années contre les ventes à la sauvette. Celle-ci s’est trouvée renforcée par le classement en ZSP du quartier Barbès/Château Rouge qui bénéficie dorénavant chaque jour d’unités supplémentaires. Des effectifs de CRS, engagés exclusivement à l'angle Barbès/Chapelle, ont pour mission essentielle la lutte contre cette vente illicite de cigarettes.

    Les vendeurs sont évincés, et depuis plusieurs semaines, palpés systématiquement lors de contrôles d'identité réalisés sur réquisition du Procureur de la République. Dès lors, s'ils sont trouvés en possession de cigarettes de contrebande ou pris en flagrant délit de vente, l'ensemble de leurs paquets de cigarettes est confisqué puis détruit par les services de police. Cette action a été rendue possible grâce à la procédure simplifiée de vente à la sauvette permise et encadrée par le Procureur de Paris.

    Cette action porte ses fruits : une augmentation très notable (+52%) des procédures engagées à l’encontre des vendeurs à la sauvette a été constatée depuis le début de la ZSP, avec environ 1690 affaires sur la période contre 1114 il y a un an.

    Parallèlement, depuis le mois d’octobre 2012, la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) a réalisé une vingtaine d’opérations de sécurisation visant les vendeurs à la sauvette de cigarettes au cours desquelles 56 personnes ont été interpellées. Deux réseaux ont également été démantelés ; 15 individus ont été arrêtés - organisateurs et revendeurs - dont 8 écroués, et 362 200 cigarettes saisies. Sur la période, plus de 20 vendeurs ont fait l’objet d’une procédure de reconduite à la frontière.


    La lutte contre ce trafic sera poursuivie avec détermination dans le cadre de la ZSP du 18e.

  • Les élus de quartier - 1 -

    La campagne municipale de 2014 est entrée en scène ces dernières semaines, avec notamment la formule de primaires de l'UMP,  puis le lancement de sa campagne au Bataclan par Anne Hidalgo et les récentes déclarations de candidatures dans les autres partis politiques. 

    Il se trouve que parmi les candidats à la mairie de Paris, certains sont aussi des élus de proximité pour nous. Les deux premiers élus qui ont accepté de répondre à nos questions sont Pierre-Yves Bournazel (UMP) et Ian Brossat (PC), tous deux élus du 18e arrondissement. 

    Nous commencerons par Pierre-Yves Bournazel qui devait affronter hier dès 8 heures du matin les autres candidats UMP dans les urnes électroniques. On a appris que la procédure serait poursuivie jusqu'au 3 juin, 19 heures, pour donner la possibilité aux militants et sympathisants de faire leur choix plus aisément (18 000 inscrits le 30 au soir). Lire l'article du Monde du 31 mai sur le sujet : cliquez ici

    Nous n'avons pas voulu entrer dans la problématique de la compétition interne à l'UMP mais plutôt sonder les idées du jeune élu du 18e par rapport à notre quartier. Voici nos questions et ses réponses. 

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    (Crédit photo Alain Guizard)


    - Vous vous présentez aux primaires de l'UMP pour les municipales de 2014 à Paris. Les inscriptions à Paris se terminent le 3 juin. Comment interprétez-vous le peu d'engouement des Parisiens pour participer ?

    C'est la première fois que les Parisiens sont sollicités pour choisir un candidat en utilisant cette procédure. J'aurais préféré la formule plus simple du papier. Elle n'a pas été retenue. Je le regrette mais c'est ainsi. Pour ma part, je fais une campagne de proximité à l'écoute des habitants et porteur d'un projet concret et chiffré. 18 000 ou 20 000 votants, c'est toujours mieux que la cooptation.

    Vous  êtes aussi élu du 18e arrondissement et à ce titre, nous souhaitions vous interroger sur les mesures que vous préconiseriez si le choix des Parisiens se portait sur votre nom. Dans plusieurs domaines locaux : 

    - Tout récemment (le 22 mai), les buralistes se sont réunis devant la station de métro pour protester contre les ventes à la sauvette de cigarettes de contrebande et de contrefaçon. Comment jugez-vous leur manifestation ? Ne s'inscrit-elle pas dans la défense d'intérêts économiques privés (baisse des ventes constatées de 7% en Ile de France) plutôt que dans l'intérêt collectif de santé publique ? Le tabac nuit gravement à la santé....

    La lutte contre ce trafic est indispensable. J'ai à plusieurs reprises alerté les différents services pour qu'une action vigoureuse et sans relâche soit menée contre ce fléau. Je suis intervenu au conseil d'arrondissement et au conseil de Paris.  Je rappelle en outre que certains revendeurs sont victimes de réseaux qui gagnent des fortunes en les exploitant et en vendant des produits contrefaits ou détournés. Je souhaite par ailleurs favoriser de nouvelles activités dans le quartier pour dissuader ce trafic. La police nationale, quant à elle, a le devoir de remonter les filières et de démanteler les mafias. 

    - Ces ventes de cigarettes qui continuent jettent une ombre sur le dispositif ZSP, mis en place depuis octobre 2012, qui a pour objectif de faire cesser ces pratiques illégales, parmi d'autres. Que pensez-vous de l'action de la police et des partenaires qui collaborent à la ZSP ? Voyez-vous des points à améliorer, d'autres à abandonner ? 

    Je n'ai aucune critique à formuler contre les services et les agents qui font ce qu'ils peuvent avec les moyens à leur disposition. Ils obéissent à des directives et exécutent les ordres reçus. 

    En revanche cette ZSP repousse surtout les problèmes sur les quartiers voisins. C'est la raison pour laquelle on parle de quelques améliorations. Mais la délinquance s'est simplement déplacée. Les problèmes structurels (proxénétisme, drogue, vente illégale…) restent toujours aussi fréquents. En fait la solution est de repenser entièrement la politique de la ville en termes économiques, de commerce de proximité diversifié, de logements favorisant la diversité sociale. Je souhaite créer une police municipale à pied et à vélo 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 à Paris en charge de la répression de la délinquance générale. À la police nationale de remonter les filières d'exploitation.

    - Barbès, c'est aussi l'ouverture récente du cinéma Le Louxor. Puis, bientôt, la création d'une brasserie en lieu et place des magasins Vano. Comment accueillez-vous ces modifications du carrefour ? Vont-elles changer l'environnement à vos yeux ?

    La rénovation du Louxor est une vraie réussite. J'ai milité pour ce projet et je suis heureux qu'il ait abouti. Je ne suis pas un homme sectaire. Ce que Monsieur Delanoë a fait de bien, je le garderai.

    L'ouverture d'un établissement de qualité (type brasserie) va améliorer encore l'image du quartier et ses habitants disposeront d'agréables lieux de convivialité pour un mieux vivre ensemble. Je soutiens aussi cette démarche utile pour le quartier.

    - Puisque nous en sommes au commerce : le sort de Virgin préoccupe les élus et les habitants du quartier. Au-delà du chômage qui guette nombre de salariés de Virgin, quel type de commerce pourra s'installer sur le Boulevard Barbès. Soutiendrez-vous l'arrivée d'une enseigne culturelle si elle se présente contre un énième marchand de textiles (prêt-à-porter ou non) ? 

    Vous avez raison de souligner que le sort de Virgin est préoccupant. La perte d'emploi est dramatique et nous avons besoin de commerces culturels. J'espère qu'une solution sera trouvée.

    Toute ouverture d'un établissement nouveau qui créera de l'emploi me convient. Mais à choisir je préfère un établissement à vocation culturelle qui puisse valoriser encore le quartier. Maire de Paris, je renforcerai la protection de ce quartier dans le Plan Local d'Urbanisme pour favoriser les commerces de bouche diversifiés et les commerces "culturels".

    Barbès doit être un quartier attractif, dans lequel les habitants sont fiers et heureux de vivre. Un quartier accueillant pour chacun.

  • Retour sur la nouvelle place de la République

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    Si on en juge par le nombre de personnes présentes dimanche après midi sur la nouvelle place de la République inaugurée le matin même par les autorités parisiennes, c’est un succès !

    Décidé en 2008 par le Conseil de Paris, le réaménagement aura pris 5 ans pour se réaliser dont 18 mois de travaux et aura coûté la bagatelle de 24 millions d’€.

    Une longue promenade sur la place en ce dimanche ensoleillé nous a permis de bien regarder les choses et de vous donner nos impressions.

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    La presse, notamment Le Parisien et Libération, a beaucoup insisté sur l’espace récupéré sur les voitures par les piétons, relayant en cela la communication toujours très au point de la Ville de Paris.

    Si l’argument n’est pas faux, c’est aussi limiter l’approche de ce réaménagement car donner de l’espace aux piétons est certes nécessaire mais sûrement pas suffisant, encore faut-il occuper cet espace. La restructuration de la place comporte des aménagements qui vont sans aucun doute attirer du monde, notamment les enfants : miroir d’eau / brumisateur aux jeux sans fin, fontaine autour de la statue de la République où les enfants peuvent barboter et surtout jeux divers puisque la Ville  a créé ce qu’elle appelle « L’R des jeux,  espace de loisirs pour petits et grands » nous dit la publicité. Un kiosque sera ouvert et on pourra y emprunter des jeux et ce presque tous les jours de la semaine en été – voir les informations ici. Si on y ajoute l’ouverture prochaine d’un café avec une grande terrasse, nul doute que l’espace récupéré sur les voitures sera occupé, ce dont personne ne se plaindra.

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    Jeux d'enfants sur le miroir d'eau


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    Les enfants barbotent au pied de la République

    Côté voiture justement, la situation ne semble pas être aussi catastrophique que les automobilistes veulent bien le dire. L’espace réservé au trafic voitures et bus reste important : pas moins de deux voies dans chaque sens pour les voitures et des couloirs réservés aux autobus en plus. Beaucoup moins de croisements de flux d’automobiles avec une régulation sans doute étudiée spécialement, tout cela ne devrait pas conduire au cataclysme prédit par les inconditionnels de la voiture.

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    Et même de la place pour les automobilistes !

    Mais au fait, comment se présente-t-elle cette place ? Si on la regarde dans son ensemble, c’est une grande dalle minérale, légèrement inclinée dans ses parties Nord et Sud, plantée d’arbres dont certains ont manifestement souffert des travaux, ponctuée de quelques marches pour tenir compte de la déclivité, rythmée par la présence de la statue bien rénovée de la République et des bouches de métro, en attendant l’ouverture du café côté boulevards de Magenta / Saint Martin. Un mobilier urbain nouveau (mats supportant l’éclairage et bancs en chêne) discret et sans grand intérêt. Rien d’exceptionnel donc. On peut même lui reprocher cet aspect trop minéral et le manque de verdure. Les journées d’été ensoleillées seront difficiles à supporter au milieu de la place.

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    Un banc nouveau style - 24 ont été installés sur la place

    Ce réaménagement de la place de la République est en droite ligne avec la politique suivie par Bertrand Delanoë depuis son arrivée à la mairie de Paris : toujours un côté prestigieux dans les réaménagements et un clair dédain des questions patrimoniales.

    Contrairement à ce qui se fait à l’échelon des arrondissements, les grands projets de réaménagement pilotés par l’Hôtel de Ville visent à être des réalisations de prestige et pour cela coûtent fort cher. Que ce soit le « 104 » (100 millions d’€), la Gaité Lyrique (20 millions d’€), le Louxor (30 millions), les grands projets sont chers et « en jettent » pour parler un peu vulgairement. Ici, le budget initial de 17.5 millions d'€ est passé à 24 pour la réalisation de la nouvelle place.

    A l’opposé, rien que dans notre environnement proche, les réaménagements de l’Espace de la Ferme Saint Lazare dans le 10e  avec son gymnase juste ouvert et sa médiathèque en cours de réalisation ou bien celui de la place Saint Georges où la simplicité a prévalu, sont en parfaite opposition avec le côté "prestige" des grands projets. Dans ce registre, on pourrait ajouter le projet des Halles et de sa fameuse canopée, celui de l’extension de Roland Garros, celui de la tour Triangle, et bien d’autres, tous projets qui peuvent certes satisfaire l’ego du maire de Paris.

    Avec de beaux discours et quelques acrobaties linguistiques, la mairie de Paris veut nous faire croire qu’elle est un défenseur pur et dur du patrimoine. Hélas, nombre de projets entrepris par la Ville nous montrent le contraire. Le sort réservé aux avis de la Commission du Vieux Paris également.  Le réaménagement de la place de la République en est un très bon exemple. En fait pour reprendre une phrase bien connue, la Ville a fait du passé de la place de la République table rase. L’ancien ensemble architectural de la place était très homogène avec la statue de la République en son centre et deux squares arborés avec des fontaines en leur centre. La Ville a justifié son choix en prétextant le mauvais état de ces équipements alors qu’elle en était elle même responsable. Les mauvais esprits se posent des questions. Beaucoup de spécialistes ont dit que la place telle que construite à la fin du 19e siècle était un travail urbanistique de qualité qui a ponctué l’histoire de Paris tout au long du 20siècle et un bon représentant de ce qui se faisait à l’époque. Sans adhérer entièrement aux propos de l’article paru en 2011 dans La Tribune de l’Art, celui-ci pose les bonnes questions.

    Loin de nous de penser qu’on  ne peut toucher à rien. La ville vit, elle doit changer. Mais pourquoi les autorités politiques d’une part, les créateurs de l’autre, n’arrivent-ils pas à trouver un équilibre permettant d’associer modernité et préservation du patrimoine ?

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    Le site dédié par la Ville de Paris au projet : Place de la Républqiue 2013

  • Où sont passés les policiers de la Goutte d'Or ?

    De notre envoyée spéciale dans la Goutte d'Or en préparation du conseil de quartier Chapelle Marx-Dormoy du 2 octobre, où nous nous sommes rendus pour comparer l'ambiance d'un quartier à l'autre, sur le même thème, celui de la sécurité.

    Quoi de plus simple et efficace que d'arpenter les rues du quartier pour se faire une idée des lieux, des personnes qui les animent, des commerces qu'on y trouve. En réalité, cette fois-ci, il ne s'agit ni de tourisme, ni de sociologie, mais d'un regard sur le dispositif sécuritaire mis en place par le ministère de l'Intérieur dans le cadre de la Zone de sécurité prioritaire (ZSP) Barbès-Château rouge, à l'automne 2012.

    Voici le parcours dans son entier : les rues d'Oran, Doudeauville, Léon, Ernestine, des Poissonniers, Dejean, Laghouat, Myrha, Affre, Cavé, des Gardes, Saint-Luc, Saint-Bruno, Saint-Mathieu, Stéphenson, Richomme, Tombouctou, de Chartres, de la Charbonnière, Caplat, Square Léon et rue Léon, Islettes et bien évidemment les boulevards Barbès (jusqu'à Château-Rouge) et de la Chapelle. Comme dans les bons guides, nous vous indiquons non pas la distance mais le temps de parcours : en tout environ quarante-cinq minutes.

    Notre correspondante ajoute : « Me croirez-vous si je vous dis que je n'ai rencontré aucun fourgon ou voiture de police ou de CRS. Pas plus d'ailleurs de policiers.
    Une seule : au repos et vide, les rétroviseurs repliés : rue Doudeauville, devant le 39 en face de l'UMJ Paris-Nord (Unité médico-judiciaire). J'exclus évidemment les voitures garées et en attente devant le commissariat rue de la Goutte d'Or. Cela voudrait-il dire que tout va bien dans le meilleur des mondes ? Qui pourrait le croire ! »

    41uBMlN%2BP-L._SY445_.jpgDaniel Mermet, mardi 24, a consacré son émission de l'après midi sur France Inter à Raphaël Liogier, qui vient de publier chez Textuel : "Ce populisme qui vient", conversation menée par Régis Meyran (112 pages, 15 euros). Dans cette analyse déstabilisante et recommandée, nous pouvons lire à la page 80 : "C'est tout de même préoccupant, par exemple, que la police soit obligée de se contenter d'observer les trafics sur la place de la Charbonnière (Paris 18e), qui, en début de soirée, se métamorphose en véritable marché aux voleurs, comme disent les habitants du quartier !"

    Pour écouter l'émission si vous avez le temps et le désir... 

    Depuis maintenant plusieurs jours, il semblerait que la police ne s'est plus contentée d'observer et sans doute d'en tirer des conclusions, puisqu'elle a complètement disparu de ce champ d'observation. Serait-elle victime d'une "trêve des confiseurs" avant l'heure. Ou préparerait-elle une action ciblée ?

    Pour le promeneur lambda, il est quasiment impossible de passer place de la Charbonnière en début de soirée (plus d'une centaine de personnes occupent l'espace et l'entrée des rues adjacentes). Et lorsque l'on arrive au niveau du métro Barbès, le nombre "gonflé" de vendeurs de cigarettes, de Subutex...  et de pickpockets, interpellant le passant en toute liberté, nous déconcerte et nous accable.

    Les travaux Vano et autres n'ont pas repris pour le moment. L'endroit est toujours aussi encombré par les cartons et les réserves de cigarettes bien au chaud. 

    paris,18e,barbès,goutte-d-or,prévention,sécurité,zsp,police,commissaire-bouard,chapelle-marx-dormoyRetour en force lors de l'agression qui a eu lieu devant le Louxor le jeudi 26 septembre en soirée.

    Nous étions au conseil de quartier La Chapelle Marx-Dormoy le 2 octobre à 19h, 2 rue de la Guadeloupe, car nous y avions noté la présence du commissaire divisionnaire Nelson Bouard, qui venait répondre aux questions des habitants du quartier. Nous avons donc écouté silencieusement — nous n'étions pas dans nos rues ! — ses réponses à une foule, venue en grand nombre, beaucoup plus nombreuse que d'habitude, nous a-t-on dit, et soucieuse de manifester sa colère et ses difficultés de vie dans un environnement dégradé, encombré, tendant vers l'insécurité.

    Les questions récurrentes : pas de policiers dans la rue, trop peu d'écho quand on appelle la police, des attroupements permanents dans certaines rues, de la prostitution, des toxicomanes inquiétants, des SDF installés de façon quasi-permanente en certains lieux devenus très sales et impossibles à nettoyer par la DPE, des bandes de jeunes voyous qui font la loi dans certaines rues,  des taxis clandestins qui occupent l'espace porte de La Chapelle, les marchés à la sauvette qui laissent rues et trottoirs dans un état de saleté repoussant, des agressions sur les personnes âgées et les femmes, surtout aux abords des DAB, etc. Un lot impressionnant de griefs, décrits et argumentés, qui n'avait rien à envier à la Goutte d'Or...

    Les réponses du commissaire : les policiers patrouillent en voiture mais s'arrêtent chaque fois qu'il le faut, pour preuve l'augmentation du nombre des interpellations et des déferrements. "On n'arrête pas un délinquant sans sortir du véhicule !" Les policiers sont intervenus de façon ciblée sur les sauvettes près de la place de la Chapelle à la fin du printemps, début de l'été, obtenant des résultats, mais dès que l'action de la police se porte sur un autre site, ils reviennent... Le commissaire explique les saisies nombreuses de camions qui servent de stockage et que les habitants ont dénoncés : pour ouvrir le véhicule, il faut la présence d'un occupant, et quand il est saisi, il est vite remplacé par un autre. Mais ce travail s'exerce de façon continue, avec le soutien des Douanes aussi. Celles-ci "frappent au portefeuille" et les amendes se veulent dissuasives. Bien sûr il y a saisie des denrées et souvent du véhicule. Pour les SDF, le personnel de la propreté n'a pas pour mission de les déloger et par conséquent nettoie "autour" (Ce furent aussi les propos de Félix Beppo, l'élu du 18e chargé de la propreté, également présent). La police en revanche démantèle régulièrement des cabanes ou abris de fortune. De même qu'elle démantèle les camps d'étrangers venus de l'Europe de l'Est qui se reconstituent régulièrement aux abords de la porte de La Chapelle, et dont les jeunes indisposent les automobilistes coincés dans les embouteillages, quand ce n'est pas carrément pour ouvrir une porte et dérober ce qui est à portée. 

    Vous connaissez toutes les plaintes des habitants quand ils sont réunis dans des conseils de quartier dont le thème est la sécurité. Nous vous avons plusieurs fois relaté les propos entendus. La situation n'évolue guère. Chacun, cependant, pense qu'il est plus mal loti que son voisin, et vit l'enfer plus que d'autres. Or notre présence dans des quartiers différents, différents mais proches et situés dans nos trois arrondissements de prédilection, nous permet de témoigner que les problèmes cités ci-dessus sont présents un peu partout et surtout qu'ils se déplacent au fur et à mesure des interventions policières. Ce fut le cas pour la toxicomanie, quand les squats de la Porte de la Chapelle ont été fermés, ou pour la prostitution lorsque le racolage passif a été plus sévèrement sanctionné il y a quelques années. Le phénomène évolue ou se déplace. On a assisté, dans certains quartiers, à l'explosion du nombre des salons de massage qui ne trompent personne, et à la prostitution en appartement ailleurs. Là elle est encore dans la rue. Pour combien de temps ?

    Les SDF sont nombreux, les migrants aussi, les sans papiers idem... et les trafics de tous ordres prospèrent sur ce terreau. Ne perdons pas notre humanité dans cette époque difficile.