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Avenir de l'hôpital Lariboisière : le projet se précise

Notre dernière rencontre avec Christian Nicolas, Directeur de Lariboisière et Marcel Grau, Secrétaire Général, remontait à avril dernier. Il s'agissait essentiellement de faire un point sur la future restructuration du site Widal-Lariboisière. Voir ici.

Depuis, un vœu présenté en conseil d'arrondissement du 10e par le groupe communiste en octobre dernier alertait sur des modifications possibles du projet et plus particulièrement sur des Services actuellement à Widal qui ne seraient pas transférés à Lariboisière. Ce qui était pourtant acté par l'AP-HP jusque là.

Nous avons voulu en savoir plus. Nos interlocuteurs nous ont réservé un très bon accueil et n'ont pas compté leur temps. Nous les en remercions.

 

Alors que s'est-il passé depuis l'arrivée de Martin Hirsch, Directeur Général de l'AP-HP ?

Le dossier déposé en mars dernier ne satisfaisait pas Martin Hirsch qui craignait que celui-ci ne soit pas validé en commission ministérielle. Il fallait que le projet soit plus efficace : d'une part que le schéma directeur immobilier soit meilleur, d'autre part qu'il y ait une cohérence médicale avec les sites Beaujon-Bichat. En juillet, le directeur de l'AP-HP a tranché et a précisé comment les différents services seraient répartis sur les deux sites : Hôpital Nord 1 (nouveau Lariboisière) et Hôpital Nord 2 (nouveau Bichat-Beaujon - voir l'article de MetroNews paru le 4 décembre et celui du Parisien du 5 décembre). Proposition validée par l'Agence Régionale de Santé.

Lariboisière gardera ses pôles de neurosciences, locomoteur, rhumatologie, et bien sûr, les Urgences, pôle renforcé avec les services indispensables à une prise en charge (cardiologie, médecine interne, gastro, chirurgie viscérale).

Quelques chiffres sur les urgences : 70 000 non spécialisées par an, 10 000 ORL, 10 000 céphalées sans compter la maternité. Sur une année, il ne vous reste plus qu'à prendre une calculette pour comprendre les attentes qui peuvent parfois paraître longues.

Beaujon-Bichat (pôle qui sera déplacé très probablement au-delà du périphérique dans une optique Grand Paris) gardera aussi son Service d'Urgences et les axes digestif, infectieux, cardio-thoracique.

 

Alors qu'est ce qui diffère du projet précédent?

L'aspect financier a évidemment un rôle crucial. On est sur un investissement d'environ 290 m€. Pas une bagatelle par les temps qui courent! L'Etat participera au maximum à hauteur de 30% soit environ 100m€. A l'AP-HP de trouver le reste (auto-financement, emprunt, vente de terrains). C'est pourquoi le site de Fernand Widal a vocation à être vendu intégralement. Mais ça, on le savait déjà. Le site de Lariboisière envisage de libérer entièrement la zone Ouest pour récupérer des fonds dans le cadre d'une opération immobilière. La maternité ira dans le nouveau bâtiment (angle Maubeuge, bd de la Chapelle), ce qui permettra notamment de moderniser le service (actuellement beaucoup de chambres doubles et pas de douche dans toutes les chambres). La rhumatologie qui donne sur la rue Guy Patin rejoindra elle aussi la nouvelle construction de 40 000 m2 sur 5 étages. La crèche actuellement à l'angle Patin-Chapelle sera conservée mais déplacée. L'unité de recherche (Michel Servet) pourrait être accueillie dans les deux peignes proches de la rue Paré.

Les 8 "peignes", classés, seront dédiés à l'Est à l'ambulatoire, à l'Ouest plutôt à la Recherche et au tertiaire (services).

Autre point qui diffère de ce qui était annoncé : le non transfert de l'intégralité des services de Fernand Widal.

Pour faire simple, la gériatrie : soins de longue durée, de suite et de rééducation soit 138 lits au total. Une piste possible de réimplantation pourrait être sur le site de Bichat. A cette condition, la mairie de Paris n'y est pas opposée. C'est indispensable car la plupart des patients viennent des 10e, 18e et 19e arrondissements.

Pour la future cession de la parcelle Ouest (côté rue Guy Patin), l'AP-HP va demander une modification du PLU dans le cadre de ce qui vient d'être lancé par la mairie de Paris. Rémi Féraud, maire du 10e, a déjà précisé qu'il devra y avoir un quota de logement social sur la parcelle libérée.

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Le calendrier

On est sur un projet de 10 ans. La commission ministérielle doit l'examiner en décembre pour une réponse possible en avril 2015 et indiquer à ce moment le montant de la subvention de l'Etat. On prévoit la démolition des vieux bâtiments à l'Est fin 2017, la construction fin 2018 pour une ouverture début 2021. Compter ensuite deux années pour réaménager les "peignes" Est. On peut espérer un transfert des Services de Fernand Widal en 2024. A partir de là, on pourra libérer et vendre la partie Ouest.

A noter qu'actuellement on rénove le service des Urgences qui en a bien besoin et qui ne pouvait attendre. Les travaux sont en phase finale.

 

Et la salle d'injection supervisée ?

Le Directeur de Lariboisière nous avait indiqué plusieurs fois son refus de voir la salle de consommation de drogues à moindre risque (SCMR) installée au sein de l'hôpital. Il est vrai que cela n'a pas beaucoup de sens, les toxicomanes étant rebutés à l'idée d'aller à l'hôpital pour se "shooter". Mais le Directeur a procédé à plusieurs études pour examiner la possibilité d'installer la SCMR sur une emprise de terrain de Lariboisière, clairement isolée néanmoins de l'hôpital. L'idée court également chez GAIA, l'association qui va gérer la SCMR mais il faut bien voir que libérer de l'espace dans le cadre du projet de restructuration est extrêmement difficile et qu'on se heurte, et c'est là le principal écueil, à un problème de planning, la SCMR devant théoriquement ouvrir ses portes fin 2015 début 2016, peu avant le début des travaux !

 

En guise de conclusion

Tel qu'il nous a été présenté, le projet de restructuration de l'hôpital Lariboisière, inclus dans le grand projet d'Hôpital Nord, semble être cohérent. La construction d'un bâtiment ultra-moderne garantira à la fois qualité des soins et qualité du séjour des malades. S'il est vrai que les 138 lits de gériatrie ne seront pas transférés à Lariboisière, comme prévu initialement, ils resteront bien dans le Nord de Paris sur le site de Bichat, pas très loin donc. Il faut néanmoins remarquer qu’un comité de défense de Lariboisière-Fernand Widal s’est constitué et appelle à un rassemblement mercredi 10 décembre (tract téléchargeable ici). Il est  compréhensible que les salariés concernés par un possible déplacement soient inquiets. Affaire à suivre de ce côté-là donc.

Pour les riverains, il faudra suivre avec attention l'opération immobilière prévue le long de la rue Guy Patin, mais il n'y a pas urgence, c'est pour dans 10 ans au bas mot.

Commentaires

  • Je sais qu'ici on ne parle pas de la maternité. Mais bon Lariboisière mériterait une sacré aide pour cette partie aussi.

    Tout d'abord, il faut reconnaitre que le personnel est exceptionnel ! Souvent elles sont fatiguées de n'être pas assez et d'être dans des conditions de travail pas cools mais elles restent toujours souriantes ! Essayant au maximum de prendre quelques bébés la nuit en surveillance pour laisser une maman fatiguée dormir un peu (puisqu'on fait partir les papas....).


    Malheureusement les chambres/douches et la politique des visites c'est autre chose.

    Les chambres sont sales, il y a des traces suspectes sur les murs (pourtant la peinture n'est pas trop abimées, il suffirait de nettoyer un bon coup), les vitres ne laissent même plus passer la lumière tellement elles sont sales également (et vu qu'elles ne peuvent pas s'ouvrir complètement par les visiteurs, pas moyens d'aider :) ) ET SURTOUT les douches sont abominables : pommeau de douche cassé, une seule petite poubelle souvent pleine (je vous passe les détails du contenu), pas d'endroits pour mettre les blouses jetables qui s'entassent dans un coin, pas d'endroit pour mettre ses vêtements au propre et au sec... et surtout une seule douche à se partager donc pour un grand nombre de chambres... en 2014... quand même sérieusement !???!

    La politique du "père" est également d'un autre temps !
    Celui qu'on "intègre à chaque étape de la naissance" avant la naissance avec de grands discours devient "visiteur" une fois que l'enfant est né.
    Pour d'obscures raisons de sécurité, interdit pour lui de venir en dehors des heures de visites.
    Obligé dont de prétexter venir plus tôt pour donner le bain du bébé et pour rester le soir heureusement que le personnel accepte de transgresser la règle malgré le passage des gardiens.
    On ne demande pas un lit, pas un repas, mais il est normal que le père est le droit de rester pour s'occuper de son enfant même après les heures de "visites" surtout quand la mère en fait PLUS qu’explicitement la demande.
    Bref, en restant calme, assis, et en refusant de partir, on reste sans souci mais c'est quand même dommage d'en arriver là alors que cela est naturel dans d'autres hôpitaux ! Surtout quand ça fait 5 jours que la mère est sur place !

    Bref merci aux personnels en or mais il faut VRAIMENT les aider à améliorer les conditions de travail là bas !!!

  • Vous avez raison d'attirer l'attention des conditions de travail du personnel médical qui est souvent bien difficile. Le service maternité est prévu dans le nouveau bâtiment qui hélas n'est pas pour tout de suite.

  • Merci pour toutes ces infos.

    Un petit "bug" : les lits de gériatrie seront relocalisés "dans le Nord de Paris", mais votre article indique également que ce "Nord de Paris" sera au-delà du périphérique, dans le cadre du "grand Paris". Il reste à espérer pour les familles qu'il existe en Seine Saint-Denis des terrains disponibles à proximité de stations de métro...

    (En d'autres termes, il n'y a plus de place dans leur quartier pour les personnes âgées hospitalisées, mais on va en trouver pour la SCMR : question de priorités.)

  • d'après la direction de l'hôpital, ces lits seraient alors relocalisés sur le site de Bichat.

  • @JD : vous avez parfaitement raison, c'est une question de priorité. 70% des toxicomanes sont infectés par le virus de l'hépatite C, il est grand temps de réagir. Que cela plaise ou non, les toxicomanes sont là, autour de la gare du Nord. Alors ne nous trompons pas de priorité.

  • Merci pour vos réponses.

    A Elisabeth : "Beaujon-Bichat sera déplacé très probablement au-delà du périphérique dans une optique Grand Paris"

  • Oui l'ensemble des services de ces hôpitaux seront très probablement aux portes de Paris puisqu'il faut trouver un terrain pour le nouveau centre hospitalier du Grand paris Nord mais des bâtiments pourraient subsister sur le site de Bichat justement pour accueillir les lits de gériatrie. C'est ce qui nous a été expliqué.

  • Merci bien (et désolé, ce n'est pas ce que j'avais compris à la lecture de l'article).

  • Lorsque l'on parle du transfert des activités de gériatrie et de soin de suite et de réadaptation de Fernand Widal à Bichat, il faut compléter cette information par deux éléments.

    1-Plus on éloigne ces lits, en particulier ceux de gériatrie, du domicile des patients plus on rend inconfortable leur prise en charge. Les patients âgés on des difficultés pour se déplacer, leur suivi dans un hôpital plus éloigné n'en sera que plus compliqué. Leurs conjoints sont eux aussi bien souvent âgés. Ce qui signifie que lors d'une hospitalisation les visites des conjoints seront rendues plus difficiles voir impossibles. Tout cela est à juger à l'aune des moyens de transport : soit le bus 31 partant de gare de l'Est, puis 15 minutes de marche ... pour quelqu'un de valide, soit la ligne 13 bien connue pour sa saturation.

    2-Depuis des années l'APHP nous rebat les oreilles de la situation de Bichat qui ne serait plus adapté, en particulier du point de vue sécurité incendie. D'ailleurs conjointement aux projets concernant Fernand Widal et Lariboisière est annoncé... le départ de Bichat hors de Paris pour constituer "le grand hôpital nord".
    Envoyer les activités de Fernand Widal à Bichat revient donc à les éloigner en deux temps pour mieux les faire sortir de Paris.

    Le problème de fond concernant le projet est qu'il n'a pas été pensé en fonction des activités de santé mais en fonction des finances. On veut faire partir les activités hospitalières de Paris car en vendant les terrains on peut tirer des bénéfices...jouant par la sur la spéculation immobilière et condamnant des activités de santé sur Paris. Le retour en arrière ne sera pas possible une fois les terrains vendus.
    Concernant ces terrains et la possibilité d'y faire du logement social, je voudrais tout d'abord en tant qu'élu en charge du logement préciser qu'il n’est pas question pour moi d’opposer logement et soins. Les parisiens ont besoin des deux !

    Mais surtout les sommes que la Ville devra débourser pour acheter les terrains, détruire l'existant et construire du logement seront colossales. Cela implique deux choses : qu'il n'y aura pas que du logement social mais une part importante de logement privé "de standing", contribuant à la gentrification du quartier et que l'argent mis là par la Ville le sera au détriment d'achat d'immeubles existants en vente que la Ville pourrait préempter pour les transformer en logements sociaux pour un coût moindre.

    Je termine en disant un mot sur la maternité de Lariboisière. L'APHP a prévu de passer de 2500 à 3000 naissances par an. La portant ainsi au second rang parisien à égalité avec Robert Debré. Aujourd'hui les personnels de la maternité ne sont pas assez nombreux et font ce qu'ils peuvent. Si l'APHP a vraiment pour ambition d'améliorer l'accueil des parents et des nourrissons, il faut déjà commencer par améliorer la situation existante. Ce genre d'augmentation de capacité dans une période récente est très souvent synonyme d'augmentation de charge de travail pour les personnels et des médecins attire l'attention sur la plus grande programmation des naissances, et l'augmentation du nombre de césariennes qui va avec, afin "d'optimiser" les capacités d'accueil et d'assurer la montée en charge à moindre frais (de personnels).

    Les élus communistes se battent donc pour que les accords trouvés en 2010 soient respectés, et que tout changement soit soumis de manière claire aux habitants. L'offre de soin et les besoins des parisiens doivent être au cœur du projet de santé. Les questions immobilières doivent se poser dans un deuxième temps pour répondre aux besoins.

    En conclusion au nom des élus communistes du 10ème et de Paris j'appelle les habitants à prendre connaissance du projet dans son ensemble et à se mobiliser pour leurs besoins. Une fois les terrains vendus il sera trop tard.

  • Je ne partage pas le ton rassurant du compte rendu de votre dernière rencontre avec le directeur de Lariboisière. Action Barbès avait salué la bonne tenue de la réunion qui s'était tenue le 5 décembre 2011 à l'école Louis Blanc, en présence de la directrice de l'AP-HP et d'Anne Hidalgo. Dans votre compte rendu, vous indiquiez que Rémi Féraud avait rappelé "l'engagement de la ville pour ce projet après avoir eu la certitude que la totalité des services et des lits de Fernand Widal seraient bien transférés sur le site de Lariboisière". Cet engagement clair avait permis d'obtenir un consensus sur le projet. Lors des municipales de mars 2014, ce projet a d'ailleurs été intégré dans le programme du maire du 10e de façon parfaitement explicite.
    La transformation du projet initial, annoncée discrètement en septembre 2014, n'est pas mineure et constitue un renoncement grave aux engagements pris. La non-intégration sur le site de Lariboisière des 138 lits des services de gériatrie et de longue durée et le renvoi sur un site non déterminé à ce jour ne sont pas des décisions qui vont améliorer le suivi médical des malades et faciliter les visites de leurs proches.
    L'une des hypothèses envisagées est de transférer ces lits à Bichat. Pourtant la Secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Affaires sociales,Pascale Boistard, vient de déclarer au Sénat que "la majeure partie des activités des hôpitaux Bichat et Beaujon seront... regroupées au sein d'un nouvel ensemble, l'hôpital universitaire du Grand Paris-Nord".C'est à dire à St Ouen ou Clichy. L'hypothèse d'une installation à Bichat n'est ni crédible, ni cohérente, car elle nécessiterait des transferts permanents des patients pour leur suivi médical qui ne pourrait pas être fait sur place.
    Par ailleurs, l'AP-HP envisage de vendre une partie des terrains du site de Lariboisière pour financer les travaux du nouvel hôpital. Les politiques d'exonération de charges sociales, qui se sont multipliées ces dernières années en faveur du patronat (dont l'inefficacité est reconnue) privent les services publics des ressources indispensables à leur modernisation. Dans ce contexte, le gouvernement a recours à la vente de biens publics qui apparaît comme la seule façon de trouver des financements. D'autres choix sont possibles pour permettre le financement de notre politique de santé et de protection sociale.
    Pour ces raisons, je me battrai pour que les engagements pris initialement soient tenus. C'est une question de démocratie, mais c'est aussi la garantie d'une politique de soins de proximité plus humaine et de qualité. Lors de mes discussions avec les habitants du 10e, j'ai pu constater que ce point de vue est largement partagé.

    Jean-Pierre Leroux

  • Nous suivons depuis plusieurs années le projet de restructuration du site Widal-Lariboisière. Dans notre article, nous avons fait le choix de reprendre les propos du directeur de l'hôpital sans pour autant prendre position sur le nouveau projet. En effet, c'est un sujet qui n'a pas été abordé précisément en conseil d'administration et pas davantage lors de notre dernière AG. L'association n'a donc pas, pour le moment, une position arrêtée mais nul doute que nous suivrons de très près l'évolution de ce dossier et que nous serons peut-être amenés à interroger nos adhérents. A ce jour, nous n'avons pas de retour.
    Le bureau d'Action Barbès

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