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  • Maires de Paris, du Grand Paris : prenez vos responsabilités face à la toxicomanie de rue !

    Avec d'autres collectifs d'habitants du Nord parisien, Action Barbès signe une tribune publiée sur Médiapart, nous la reproduisons ci-dessous.

     

    Crack : des habitants répondent à l’initiative des maires du 19e, de Pantin et d’Aubervilliers

    Depuis trois mois, des consommateurs de crack vivent dans des conditions déplorables à Porte de la Villette. Plusieurs collectifs d'habitants demandent aux maires concernés - signataires d'une pétition implorant le Président de la République - de mettre en place « solutions structurelles et pérennes ». Ils les exhortent à « faire rimer santé publique avec tranquillité et sécurité publiques » sur leurs territoires.
     
     
    Madame et Messieurs les Maires,

    Vous avez lancé une pétition le 22 décembre dernier implorant le Président de la République de se saisir de la situation révoltante qui s’est installée Porte de la Villette, où plusieurs centaines de consommateurs de crack ont été déplacés dans un square, en bordure de périphérique et à la jonction des villes de Pantin, d’Aubervilliers et du 19e arrondissement de Paris. Cela fait désormais plus de trois mois qu’ils y croupissent dans des conditions déplorables.

    Cet épisode n’est que la répétition d’un film que les habitants du nord-est parisien ont fini par connaître par cœur : quand, après un certain temps, une scène de consommation à ciel ouvert atteint les limites de l’indignité des consommateurs et de l’exaspération des  riverains, le Ministère de l’Intérieur ordonne son déplacement vers un autre quartier, sans pour autant participer à la mise en place de solutions structurelles et pérennes qui sont pourtant connues, de part les réussites des projets menés en Europe et à l’international, et préconisées depuis des années par la communauté scientifique et le champ médico-social.

    Certes, nous partageons votre colère face aux mensonges et aux manquements du Ministère de l’Intérieur. Cependant, un passage de votre pétition nous a fait réagir, par son inexactitude ou sa malhonnêteté, et souhaitons en informer nos concitoyens.

    Vous déclarez : « Vous seul, Monsieur le Président de la République, avez l’autorité pour impulser et imposer une coordination des acteurs, mettre fin à cette honte et mettre en place un modèle français de sortie du crack. »

    De fait, vous n’êtes pas impuissants. Si l’État porte effectivement une responsabilité dans ce statu quo insupportable, les élus locaux ont néanmoins bel et bien la capacité d’agir à leur niveau. Et lorsque ceux-ci décident sciemment de ne rien faire, ils deviennent eux aussi responsables de l’enlisement de la « crise du crack » dans nos quartiers.

    Quand nous constatons qu’un distributeur de kits stériles a été démonté à Aubervilliers sur demande de la Mairie ou quand nous apprenons que la Mairie du 19e a refusé l’installation d’un algéco temporaire Square Forceval et, contrairement à l’engagement pris par le Maire avant sa réélection, a également rejeté de multiples propositions d’ouverture de centres d’accueil, de repos et d’hébergement, dont un pour femmes, nous ne pouvons pas totalement croire en la sincérité de votre démarche.

    Par ailleurs, nous notons que, lorsque les quelque 250 personnes qui vivaient dans le tunnel Sigmund Freud dans le 19e, ont été mises à l’abri, cela a essentiellement été le fruit d’une action municipale, alors que cela relevait avant tout des compétences de l’État. Cette réussite démontre bien votre pouvoir d’agir en tant que maires.

    Vous enjoignez le Président de la République à avoir « le courage de réquisitionner certains lieux vacants pour en faire des centres de soins et d’hébergement à taille humaine ». 

    Nous vous disons, chiche ! C’est la raison pour laquelle nos collectifs ont signé votre pétition, mais puisque les territoires touchés par la toxicomanie de rue font nécessairement partie de la solution, il vous appartient de montrer l’exemple en vous prononçant en faveur de l’ouverture de tels centres. En effet, les expériences montrent, en France comme à l’international, que les dispositifs de prise en charge des toxicomanes ne sont efficaces que s’ils se trouvent avant tout à proximité des scènes de consommation. En la matière, il relève de votre seul pouvoir de Premier Magistrat d’initier l’ouverture de ces centres. Votre pétition prendra alors tout son sens, si dans un second temps, le gouvernement devait en refuser le principe.

    Mais tout refus de votre part qui instrumentaliserait la précarité des quartiers touchés pour justifier de la non-ouverture de structures, arguant qu’il ne faudrait pas « rajouter de la misère à la misère », serait indécent. En effet, il est aujourd’hui admis que les structures de prise en charge apaisent et soulagent les quartiers qui font face à la toxicomanie de rue, comme nous l’avons observé depuis six ans aux abords de la Gare du Nord et comme l’attestent les différents rapports de l’Inserm ou de l’Assemblée nationale.

    Pour mettre fin à ce film qui a trop duré et construire le « modèle français de sortie du crack » que vous appelez de vos vœux, nous vous invitons à éviter deux pièges dans lesquels la majorité des responsables politiques sont tombés :

      1. L’électoralisme : faites confiance aux recommandations du corps médico-social, inspirez-vous des réussites de nos voisins européens et ne vous laissez pas prendre en otage par des collectifs d’habitants en colère qui ne représentent pas nécessairement la majorité de la population ;
      2. Les nombreux préjugés sur les dispositifs de réduction des risques et les consommateurs de drogues : contrairement à ce que l’on entend sur les réseaux sociaux, les dispositifs de réduction des risques conviennent à la consommation de crack, sont majoritairement acceptés par la population (80 % des Français y sont favorables et 55 % accepteraient l’installation d’une structure à proximité de chez eux, voir le rapport de l’Inserm), apaisent le quartier d’implantation et réduisent les troubles à l’ordre public, et sont complémentaires à des dispositifs de sevrage.

    Enfin, nous vous demandons de faire preuve du même courage politique que celui que vous invoquez au Président de la République, pour engager concrètement votre territoire dans la co-construction d’un maillage francilien de centres de prise en charge des toxicomanes.

    Il n’existe pas de solution unique. C’est pourquoi l’extrême complexité de la situation convoque une grande diversité de dispositifs de petites tailles : centres d’hébergement, espaces de repos ouverts jour et nuit, SCMR, centres de soin, en passant par la distribution de matériels de prévention et l’analyse des drogues, jusqu’aux cures de désintoxication et aux communautés thérapeutiques.

    S’il doit y avoir un début de réponse, celle-ci ne viendra pas d’en haut : elle viendra d’élus locaux courageux, comme vous, à Paris et dans le Grand Paris, dans le Nord-Est parisien comme dans le centre. Votre courage sera récompensé car vous aurez su faire rimer santé publique avec tranquillité et sécurité publiques sur vos territoires, dont vous avez, nous n’en doutons pas, la plus grande préoccupation.

    Action Barbès (Paris 9, 10 et 18)
    DASCQ (Paris 19)
    Mieux Agir Contre le Crack (Paris 10, 18 et 19)
    Parents-Riverains SCMR (Paris 10)

     

    Si vous souhaitez soutenir cette initiative, vous pouvez le faire en partageant cette tribune et en signant cette pétition : "Maires de Paris, du Grand Paris : prenez vos responsabilités face à la toxicomanie de rue !

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  • Kiosque de Barbès : une épave publicitaire

    Depuis mai 2019, le kiosque à journaux du métro Barbès-Rochechouart est fermé, définitivement. À l'origine de cette fermeture, l'agression violente dont fut victime le kiosquier d'alors, Samir Lebcher (sur ce sujet, voir l'interview de Samir Lebcher sur notre blog). 

    Si nous avons toujours soutenu l'activité de ce kiosque, force est d'admettre qu'aujourd'hui il est totalement illusoire d'imaginer la reprise de ce kiosque tant le modèle économique des kiosquiers parisiens est devenu très incertain et l'emplacement de ce kiosque en particulier reste très problématique d'un point de vue sécuritaire. En effet, malgré un déploiement de forces de police sans précédent sur le secteur depuis plusieurs mois, la présence des vendeurs de cigarettes de contrebande et autres dealers n'a pas baissé du tout à la sortie du métro.

    Depuis sa fermeture, l'état du kiosque ne fait que se dégrader, et il est à présent avant tout un problème. D'abord d'un point de vue esthétique, maintes fois dégradé, il présente un tableau bien peu reluisant pour les voyageurs sortant du métro. Ensuite, d'un point de vue sécuritaire, le kiosque sert surtout de planque à cigarettes et permet aux revendeurs de cigarettes de s'abriter du regard policier pour mener leur activités illicites. Il a même été squatté un temps !

    C'est pour cela que, il y a plusieurs mois déjà, nous avons demandé aux maires des 10e et 18e arrondissements l'enlèvement du kiosque, ou a minima son déplacement pour un lieu plus adapté. Notre demande avais reçu une réponse favorable mais, hélas, les mois passent et cela n'est toujours fait.

    Nous sommes en droit de nous demander ce qui empêche l'enlèvement de ce kiosque qui n'est plus utile qu'aux délinquants du coin. Est-ce le contrat publicitaire qui y est attaché, l'argument financier l'emporterait-il sur la sécurité des habitants ? Pour notre part, nous maintenons notre demande et espérons vivement être enfin entendus par nos édiles et que ce qui n'est plus qu'une épave publicitaire soit enfin retirée.

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    Le Kiosque de Barbès, photo du 15 octobre 2021

  • Retour sur le marquage des vélos

    Pandémie, télétravail, air du temps, nouvelles pistes et engouement écologique pour les modes de circulation douce, toutes ces bonnes ou moins bonnes causes ont boosté le marché du cycle de façon impressionnante. A Paris, il est devenu nécessaire de regarder de toutes parts avant de s’engager sur un trottoir, une piste ou un passage piéton tant le nombre de cyclistes a explosé, et disons-le franchement, tous ne sont pas respectueux des droits des piétons. Il s’en faut de beaucoup. 

    Les vélos ont beaucoup évolué aussi. Plus rien à voir avec la petite reine de papa. Les profilés sont modernes, les matériaux plus légers et plus solides. Il n’est qu’à jeter un regard sur les catalogues ou les pages des pro de la vente de cycles pour s’en convaincre. Sans compter la très rapide percée des vélos à assistance électrique.

    Voici quelques liens pour vous mettre à jour, si vos derniers coups de pédale datent un peu. Lapierre, un pro, concepteur, trois générations d’expérience, dit le site, alors…. Cycles Laurent, distributeur de plus de cinq cents marques… le choix devient difficile.  Une idée des prix ? Aïe… pas donné ! Un clic sur une marque que nous connaissons tous : Peugeot  par exemple, le City pour des trajets urbains, modèle eCO1, "Confort, élégance et tranquillité grâce au choix des meilleurs moteurs Bosch, etc…"  et la modique somme de 2 149 euros. Quand même. Et bien sûr l’incontournable Décathlon, où l’on peut trouver meilleur marché. 

    Ces beaux joujoux ne peuvent être laissés en plein air n’importe où, abandonnés au regard du premier voyou qui passe. Or, dans Paris chaque immeuble ne dispose pas d'abri à vélos. Gare au vol donc. Nous avons dans le blog déjà évoqué le "commerce" de vélos volés qui se tenait au soir sur la placette de la Charbonnière. Un reportage de France Inter nous disait l’été dernier que la surveillance par caméra avait eu raison de cette plaque tournante du cycle et que les échanges s’étaient déplacés vers le métro Quatre Chemins à Aubervilliers. Nous n’avons pas poussé le professionnalisme jusqu’à aller vérifier l’info. Cela dit, quand le prix de votre vélo atteint ces sommes rondelettes, il est de bon ton d’y faire attention. Les pouvoirs publics ont du être sensibles à cette inquiétude, voire à cette colère des cyclistes, puisque un décret est paru au bulletin officiel du 25 novembre 2020 qui prévoit le marquage des vélos. Il dit : 

    Afin de lutter contre les vols, le recel ou la revente illicite de bicyclettes, les vélos vendus neufs par des commerçants doivent faire l'objet d'un marquage depuis le 1er janvier 2021. Cette obligation sera étendue aux vélos d'occasion vendus par des professionnels à partir du 1er juillet 2021. Leur numéro unique sera inscrit dans une base de données répertoriant les identifiants pour retrouver plus facilement les propriétaires. Un décret paru au Journal officiel le 25 novembre 2020 en application de la loi d'orientation des mobilités est précisé par un arrêté publié le 31 décembre 2020 (lien).

    Peut-être un coup de frein aux vols de vélo dans la capitale. On l’espère. 

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  • Une présence policière inédite sur le secteur Barbès - Goutte d'Or

    Certains l'auront sans doute remarqué : le bleu est omniprésent dans le sud de la Goutte d'or en ce moment. Et par là nous ne visons pas l'agréable beau temps sévissant à Paris depuis quelques jours, mais bien l'impressionnant déploiement de forces de l'ordre observable dans tout le quartier ces deux dernières semaines.

    De mémoire d'habitants, on avait pratiquement jamais vu cela. Quasi concomitante avec le début du Ramadan, une période marquée traditionnellement par une présence policière accrue, cette démonstration de force se distingue cependant des années précédentes par le nombre de fonctionnaires engagés et surtout par l'activisme de ces derniers sur la voie publique. Alors qu'elles nous avaient trop souvent habitués à une passive attente dans leurs camions, les forces mobilisées - policiers et gendarmes - occupent depuis trois semaines le terrain comme jamais. Elles patrouillent quotidiennement, contrôlent le respect des règles sanitaires (port du masque, couvre-feu) - et même du code de la route ! -, avec un zèle inhabituel pour le quartier.

    Cette présence policière massive et continue produit d'ailleurs déjà de premiers effets positifs dans une zone particulièrement éprouvée par les violences ces derniers mois. Les abords immédiats de la station Barbès ont ainsi été en bonne partie libérés de leurs nombreux dealers, permettant ainsi de restaurer un fragile sentiment de tranquillité. Fait rare, les vendeurs à la sauvette qui opéraient sous le métro aérien après les marchés du mercredi et du samedi ont quitté les lieux, demeurés propres toute la semaine désormais. L'afflux massif et quotidien de personnes venant faire leurs courses à Barbès avant la rupture du jeûne se fait aussi sans débordements majeurs, contrairement à certaines années précédentes. Bref, les choses s'arrangent dans un quartier qui en avait grandement besoin. Et s'il nous semble normal de dire quand cela va mal, il nous a paru tout aussi juste de saluer lorsque cela va mieux.

    Bien sûr, cette présence policière massive ne constituera pas la solution miracle à tous les problèmes du quartier, surtout si elle prend fin dès le terme du Ramadan, en mai prochain. Forcément, il faudra veiller aux éventuels effets de report qu'un tel déploiement de force ne manquera pas de provoquer, certains étant déjà visibles du côté de la rue de Sofia ou de la gare du Nord. Evidemment, nous devrons rester vigilants face aux éventuels effets d'affichage sécuritaires dont notre quartier pourrait être de nouveau l'instrument dans la perspective d'échéances électorales à venir.

    En attendant, ne boudons pas notre satisfaction de voir les pouvoirs publics prendre (enfin !) la mesure de l'insécurité pourrissant la vie quotidienne des habitants du Sud de la Goutte d'or depuis bien trop longtemps. Cet effort policier est nécessaire à cet endroit actuellement. Espérons qu'il dure et s'étende, sans se dissoudre.

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  • Bibliothèque de la Goutte d'Or : une lettre ouverte au Président de la République

    Nous vous relations avant-hier les derniers déboires de la bibliothèque de la Goutte d'Or (voir notre article : "Après avoir été de nouveau vandalisée, la bibliothèque de la Goutte d'Or ne rouvre finalement pas"). À la suite de ce nouvel épisode de vandalisme ciblé contre le bâtiment de la bibliothèque, les personnels ont adressé une lettre ouverte au Président de la République. Nous la reproduisons ci-dessous.

     

    Bibliothèque Goutte d’Or                             M. Le Président de la République
    2/4 rue Fleury – 75018 Paris                       Palais de l’Élysée
    01 53 09 26 10                                              55, rue du Faubourg Saint-Honoré
    bibliotheque.goutte-dor@paris.fr               75008 Paris

     

                                    Paris, le 16/12/2020

     

    Monsieur le Président de la République,

     

    Nous souhaitons attirer votre attention sur la zone de non-droit que constituent les rues environnant la bibliothèque municipale Goutte d’Or et vous demander de bien vouloir prendre toutes les mesures nécessaires pour que cessent les innombrables crimes et délits qui s’y produisent à longueur de temps. Ceux-ci nous ont conduits à devoir fermer la bibliothèque au public jusqu’à la fin de cette année.
    Nous constatons que les lois de la République ne s’appliquent pas dans ce quartier, livré à la criminalité sans que des moyens suffisants soient mis en place pour la faire cesser. Il s’agit pourtant d’un Quartier de Reconquête Républicaine (QRR), dans lequel le rétablissement de l’État de droit et de la justice devrait être une priorité pour les pouvoirs publics.
    Aux ventes illégales de cigarettes et de cannabis, déjà implantées depuis plusieurs années, est venu s’ajouter, depuis le premier confinement, le trafic des médicaments psychotropes. Des dizaines de dealers, qui ne sont pas des habitants du quartier ni des mineurs non accompagnés, stationnent en permanence au pied de notre établissement. Ils occupent en masse la voie publique, vendent les médicaments ouvertement, au grand jour et même à la criée, en toute impunité. 
    De très nombreux individus consomment ces drogues sur place et se trouvent dans un état second, en proie à des crises parfois violentes.
    Les rixes entre dealers sont quotidiennes, très brutales ; nous assistons à des lynchages, des coups de couteau, des morts. 
    Il n’y a plus de vie de quartier à cet endroit (certaines boutiques ont même dû fermer), devenu le territoire exclusif des dealers. Le public de la bibliothèque n’ose plus venir, notamment les familles, les enfants. Des usagers se sont fait agresser, voler, et ne reviendront plus.
    De plus, les dealers regroupés par dizaines forment une foule potentiellement contaminante car ils ignorent impunément le confinement, le couvre-feu, les distances sanitaires, le port du masque. Leurs cris incessants sont insupportables ; malgré les passages des services de la propreté, la rue est souillée des ordures dont ils jonchent le sol à tout moment.
    À deux reprises en un mois, le 16 novembre puis le 14 décembre derniers, les dealers ont enfoncé avec un bélier les parois vitrées de la bibliothèque. La deuxième attaque représente trois impacts méthodiquement ciblés sur chacune des trois vitres restées intactes le 16 novembre. Cette agression manifeste l’intention claire de s’en prendre à la bibliothèque en tant que telle. C’est donc un danger grave que nous portons à votre attention.
    Cette deuxième attaque nous a conduits à fermer pour la deuxième fois, malgré les importantes mesures de sécurité que la Ville de Paris avait mises en place pour que nous puissions rouvrir – cette réouverture aurait dû avoir lieu aujourd’hui même, après un mois de fermeture.
    Nous nous adressons à vous car il s’agit de crimes et de délits qui relèvent des pouvoirs régaliens de l’État : police et justice notamment.
    Compte tenu des graves agressions dont la bibliothèque a fait l’objet récemment et du basculement du quartier dans une violence et une criminalité de plus en plus marquées, nous demandons urgemment la présence de forces de police statiques, en nombre suffisant et le temps nécessaire (des semaines ou des mois s’il le faut) pour chasser les dealers du point critique que constitue le carrefour des rues Fleury, Charbonnière et de Chartres. Nous demandons également l’installation par la Préfecture de caméras de surveillance à ce carrefour, qui constitue un point stratégique pour la criminalité grâce aux nombreuses échappées que permet sa configuration en étoile.
    Un courrier d’alerte vous avait été adressé, ainsi qu’à M. le Préfet de Police et à plusieurs ministres par l’Inter-associations de la Goutte d’Or le 22 octobre dernier. Des réponses ont été envoyées exprimant la préoccupation des pouvoirs publics et leur volonté de traiter ce problème. Mais à ce jour, nous ne constatons aucun  renforcement des moyens mis en œuvre, aucune évolution de la situation, si ce n’est de nouveaux actes de violence et une dégradation aussi rapide qu’inquiétante.
    Agents de service public dans un quartier populaire et dans une bibliothèque familiale auxquels nous sommes attachés, nous souffrons de ne pouvoir accomplir notre travail et de constater que les habitants, également très attachés à leur bibliothèque, sont privés de cet équipement public et d’un accès essentiel à la culture.
    Stupéfaits et indignés d’assister toute la journée à des agissements criminels effectués en masse, à ciel ouvert, à grand bruit et en toute impunité, nous espérons que vous voudrez bien répondre à notre demande afin que le quartier retrouve la tranquillité et les services publics auxquels il a droit, comme toute autre partie du territoire français.
    Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre considération respectueuse.


    L’équipe de la Bibliothèque Goutte d’Or

     

    Copies à : M. le Premier Ministre, M. le Ministre de l’Intérieur, M. le Ministre de la Justice, M. le Préfet de Police de Paris, M. le Procureur de la République de Paris

     

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