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sécurité - Page 2

  • Après avoir été de nouveau vandalisée, la bibliothèque de la Goutte d'Or ne rouvre finalement pas

    Ce devait être ce mercredi, tout était prêt, la sécurité devait être assurée, les personnels et les usagers ravis de se retrouver pour la réouverture de la bibliothèque de la Goutte d'Or après une longue fermeture à cause de l'insécurité ambiante (voir notre article de lundi dernier). Et puis non, la réouverture est reportée sine die suite à un nouvel épisode de vandalisme contre le bâtiment de la bibliothèque. Cette fois ce sont trois baies vitrées qui ont été brisées la nuit du 14 au 15 décembre, délibérément. En effet, le ou les auteurs de cet acte ont utilisé un potelet descellé, tel un bélier, pour frapper méticuleusement chacune des vitres en son centre. Ce ne sont pas des dommages collatéraux mais bien une attaque volontaire de la bibliothèque de la Goutte d'Or !

     

    On s'en est pris à une bibliothèque !!

    La directrice de la bibliothèque, Catherine Geoffroy, dont nous avons souvent salué ici l'investissement, est donc contrainte de garder les portes de la bibliothèque closes malgré les mesures spécifiques prises par la Mairie de Paris en accord avec les personnels de la bibliothèque pour accompagner cette réouverture. Peut-être rouvrira-t-elle en janvier, peut-être.

    Les personnels ont cette fois écrit au Président de la République, au Ministre de la Justice, au Ministre de l'Intérieur et au Préfet de Police de Paris dans l'espoir d'être enfin entendus.

    Nous tenons à dire à l'ensemble des personnels de la bibliothèque notre pleine solidarité face à ces évènements et l'immense attache des habitants du quartier à ce lieu culturel essentiel à la Goutte d'Or.

     

    Mais que fait la Police ?

    Nous n'avons de cesse, avec de nombreuses associations et collectifs d'habitants, de réclamer aux autorités le droit à la sécurité pour les habitants et les travailleurs du secteur Barbès-Sud Goutte d'Or. Mais hélas, rien n'y fait, la Préfecture de police semble avoir abandonné ce quartier et nous devons déplorer une augmentation incessante de l'insécurité sur ce secteur.

    Au centre de la ZSP 10-18 - un dispositif qui semble avoir vécu - le secteur Barbès-Goutte d'Or Sud est sans aucun doute celui qui concentre le plus de problèmes liés à l'insécurité, la liste des trafics, crimes et délits y est interminable : vente de cigarette de contrebande, deal de drogues en tout genre, recel (de téléphone, vélos, bijoux...), vols à l'arrachée, vols/agressions avec violence/armes, menaces sur les commerçants et habitants, prostitution dans les communs des immeubles, règlements de comptes sanglants, vente de faux-permis... (des crimes et délits qui relèvent tous de la Police nationale NDLR) Le tout avec un commissariat de la Police judiciaire en son centre ! Cette terrible situation est parfaitement connue des autorités policières et préfectorales sans qu'on ne voit le début d'une action en profondeur et sur la durée, seulement des actions ponctuelles, plus symboliques qu'efficaces.

    Coïncidence ou pas, nous constatons que cette aggravation est concomitante à l'arrestation des six policiers de la BAC qui s'étaient gravement compromis dans les différents trafics du quartier ("l'Affaire Bilka"), et dont nous espérions un effet positif sur la tranquillité du quartier, mais aussi... à l'arrivée du Préfet de Police Lallement, dont le bilan n'est pas brillant sur le Nord-Est de la Capitale.

    Nous sommes en droit de se demander pourquoi le Ministère de l'Intérieur ne veut, ou ne peut pas, assurer la sécurité dans ce quartier de Paris, pourquoi on abandonne des habitants, des travailleurs et des commerçants à leur triste sort. La ZSP, mise en place en 2012, devait permettre de juguler la délinquance ici, ce fut le cas un temps (voir nos très nombreux articles à ce sujet), mais aujourd'hui il faut constater que c'est un échec. Un échec dont la Goutte d'Or est la première a en faire les frais. Il est donc urgent de (re)penser un dispositif policier qui soit efficace et avec des objectifs ambitieux (il ne s'agit pas de "contenir" la délinquance, ce qui a toujours été fait ici depuis des décennies), il faut également des effectifs de police suffisants, bien évidemment. Mais surtout il faut que les autorités, le Préfet de Police en premier, montrent une volonté non feinte de résoudre réellement les problèmes de sécurité de ce secteur et engagent une action d'envergure en ce sens. Le travail sera long pour retrouver un situation "normale", nous en avons bien conscience, raison de plus pour s'y mettre dès à présent.

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    Nouveau dégâts sur les vitres de la bibliothèque, mardi 15 décembre 2020 (Nota :il a fallu s'expliquer successivement avec trois personnes "tenant les murs" pour "avoir le droit" de faire cette photographie)

     

  • Sécurité : les personnels de la bibliothèque de la Goutte d'Or font valoir leur droit de retrait

    La situation sécuritaire dans le secteur Barbès-Sud Goutte d'Or s'est très fortement dégradé depuis quelques mois, nous en faisions état dans notre article du 2 septembre dernier, et comme beaucoup d'habitants et d'associations du quartier, nous tentons d'alerter les pouvoirs publics, préfecture et mairie, sur cette situation alarmante. Malgré quelques opérations policières, aucun changement ne se fait sentir dans le secteur. Pire encore, les choses semblent s'enliser et les habitants désespèrent de pouvoir un jour aspirer à vivre dans un climat apaisé et à se déplacer dans des rues sûres.

    À présent ce sont les personnels de la bibliothèque de la Goutte d'Or, au coeur de ce secteur, qui tirent la sonnette d'alarme en adressant à la Maire de Paris une lettre (voir plus bas) où ils expriment leur très grande inquiétude et leur peur d'aller travailler, après que cette fois le bâtiment même de la bibliothèque a subi de fortes dégradations. Les personnels ont fait valoir leur droit de retrait et ne rouvrent donc pas les portes de la bibliothèque, un établissement culturel très apprécié dans le quartier. Nous comprenons tout à fait cette décision et exprimons toute notre solidarité avec les personnels de la bibliothèque de la Goutte d'Or dans ce moment très difficile.

    Nous demandons avec eux qu'il leur soit assuré de toute urgence des conditions de travail et d'accueil du public sécurisées et sereines. Pour cela, il devient urgent que la Préfecture de Police et l'Hôtel de ville cessent de se renvoyer la balle sur les responsabilités en matière de sécurité, et travaillent activement ensemble, avec les moyens nécessaires, pour assurer la sécurité dans un quartier trop longtemps délaissé par les autorités, cela depuis des années pour ne pas dire depuis des décennies. Et il ne s'agit pas de faire quelques opérations spectaculaires - on en a trop vues sans résultats tangibles -, mais enfin d'assurer au quotidien un droit à la sécurité pour les habitants et travailleurs du quartier comme sur tout le territoire national. 

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    "À l’attention de :
    Mme Anne Hidalgo, Maire de Paris
    Mme Carine Rolland, Adjointe à la Maire de Paris en charge de la Culture
    M. Eric Lejoindre, Maire du 18ème
    Mme Sophie Fady-Cayrel, Directrice adjointe aux Affaires Culturelles
    Mme Véronique Astien, Sous-directrice de l’Éducation Artistique et des Pratiques Culturelles
    M. Emmanuel Aziza, Chef du Bureau des Bibliothèques et de la Lecture

    Mesdames, Monsieur,

    Nous travaillons à la bibliothèque Goutte d’Or qui a ouvert en décembre 1999 dans le quartier du même nom. C’est une bibliothèque familiale, située dans un quartier populaire, où nous avions plaisir à venir travailler jusqu’ici et à retrouver nos fidèles usagers. Nous observons depuis quelques années une montée de la délinquance et de la violence liée aux nombreux trafics qui se sont installés au fil du temps. Depuis le mois de juin et le déconfinement, la situation s’est profondément dégradée puisque la bibliothèque se situe au centre d’un point de deal de drogues en tout genre. Une moyenne de quarante dealers opère devant nos portes, faisant usage des produits, installés voire même allongés sur les marches.

    Il n’y a plus de vie de quartier à cet endroit (certaines boutiques ont même dû fermer), devenu le territoire exclusif des dealers.

    Quotidiennement, nous sommes témoins d’actes de violence : bagarres, coups de couteau, vols à l’arraché, balle perdue fichée dans le montant de la vitrine, pétard ayant atterri dans la bibliothèque, dégradations de l’espace public (détritus disséminés tout autour du site) et bruits incessants. En juillet 2020, un homme est mort de ses blessures à l’entrée de la bibliothèque. Aujourd’hui, mardi 17 novembre 2020, nous découvrons à notre arrivée sur notre lieu de travail que les vitres de la façade de notre bâtiment ont été fracassées pendant le weekend.

    À cette violence quotidienne s’ajoute le contexte sanitaire. À chacune des entrées et sorties de la bibliothèque, il faut se frayer un chemin parmi les dealers et les drogués qui ne portent pas leur masque, mettant notre santé et celle de nos usagers en péril.

    Nombreux sont les usagers qui nous font part de leur peur, des vols et agressions qu’ils ont subis et de leur décision de ne plus fréquenter notre établissement. Nous soulignons que cet espace public entièrement masculin est particulièrement oppressant pour les personnes (usagères ou employées) de sexe féminin.

    Parce que nous nous sentons en perpétuelle insécurité physique et psychologique, parce nous ne pouvons accueillir nos usagers dans ces conditions, parce que les voies hiérarchiques que nous avons scrupuleusement respectées jusqu’ici ont été inopérantes, les membres présents de l’équipe prennent aujourd’hui la décision de ne pas ouvrir l’établissement jusqu’à ce que des solutions pérennes et réelles soient mises en œuvre.

    L’équipe de la Bibliothèque Goutte d’Or"

  • Sécurité : Barbès au bord de l'explosion

    Depuis la sortie de la période de confinement la situation autour du carrefour Barbès se dégrade grandement du point de vue sécuritaire. Le deal de cigarettes et drogues en tous genres, le recel de bijoux, les agressions, les vols à l'arrachée, les intrusions dans les immeubles pour abriter divers trafics et autre prostitution, les cambriolages, sans compter les règlements de compte entre délinquants, mais également les ventes à la sauvette qui sont de retour ici (tout comme à Château Rouge), sont devenus le quotidien des habitants de ce secteur durant l'été. Des exemples frappants : le 26 août dernier, devant le 49 boulevard de la Chapelle, en pleine journée et devant des passants et des riverains terrorisés, un homme s'est fait taillader à coup de machette par deux hommes, sans doute un règlement de comptes ; mêmes scènes ou presque, hier après-midi 1er septembre, ce sont deux agressions à coup de couteaux avec des blessures très graves, au même endroit à l'angle du boulevard Barbès et de la rue de la Goutte d'Or, à deux heures d'intervalle !

    D'une manière générale, ce territoire ne semble plus régi par les lois de la République mais par celles mafieuses de groupes d'individus qui prétendent régner sur nos boulevards et nos rues.

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    Que ce soit côté 10e sur le boulevard de Magenta, sur les "boulevards-frontières" de la Chapelle et de Rochechouart, même du côté 9e, mais surtout du côté du 18e sur le boulevard Barbès et dans les petites rues adjacentes, les riverains font état d'une situation extrêmement difficile qui cumule de très nombreux problèmes. Notre association a rarement connu en si peu de temps autant de signalements de la part de nos adhérents mais aussi de beaucoup d'autres habitants et de commerçants de ce secteur (il va sans dire que les autorités politiques et policières reçoivent elles aussi ces nombreux signalements), et c'est là le signe d'une situation inacceptable qui devrait plus alarmer les autorités compétentes en matière de sécurité, en l'occurrence principalement la Police nationale.

    La situation n'est plus tenable. Les autorités, la Préfecture de police en premier lieu, mais également la Ville de Paris, doivent agir et vite. Nous avons écrit au Préfet de Police, en espérant qu'il nous entende.

    Nous attendons du ministère de l'Intérieur et de la Préfecture de police une prise de conscience de la gravité de la situation sécuritaire de Barbès qui connait actuellement des proportions inédites, même pour Barbès, et que soient mises en oeuvre des mesures à la hauteur des problèmes rencontrés. Nous demandons une présence effective des forces de l'ordre, tous les jours, du lundi au dimanche et du matin au soir. Il ne s'agit pas de faire stationner un car de CRS dont la présence passive n'empêche aucunement les crimes et délits de se dérouler ici, mais d'effectifs de police qui entreprennent un travail actif pour régler cette situation inacceptable. Le commissariat du 18e a certes reçu des nouveaux effectifs ces dernières années, mais au vu des problèmes à l'ampleur inédite que connait cet arrondissement, le ministère de l'Intérieur devrait sans doute continuer le renforcement des effectifs.

    Nous aimerions également qu'enfin les services des Douanes travaillent à démanteler durablement le trafic de cigarettes, qui n'est aujourd'hui presque plus que la façade de trafics et deals de produits encore plus dangereux. Et bien entendu, il est indispensable de régler durablement ces problèmes et non les déplacer à des quartiers voisins comme cela a trop souvent été le cas par le passé.

    Concernant la Ville de Paris, si son champ d'action est très limité en matière de sécurité, elle peut néanmoins agir, avec les agents de la DPSP (la future "police municipale") mais aussi par d'autres moyens. Elle devrait par exemple faire enlever le kiosque à journaux, dont la réouverture n'est hélas plus à espérer. Cet édicule très dégradé ne fait que participer aux trafics, servant de cachette et de paravent pour les vendeurs de cigarettes et autres dealers. Nous demandons son enlèvement depuis de nombreux mois, là il devient urgent d'agir. Et peu nous chaut l'argument du contrat publicitaire lié au kiosque qui n'en est plus qu'un support, la sécurité passe bien avant.

    La Ville peut également agir indirectement avec la question de la propreté, ici le moindre encombrant pouvant servir de cachette. Il faudrait assurer un passage très régulier pour enlever systématiquement les encombrants et petits déchets dans ce secteur (mais cela suppose de coordonner trois services d'arrondissements différents). Côté 18e, il est urgent d'assurer le nettoiement de la friche du 8 boulevard Barbès, et il serait d'ailleurs nécessaire de remplacer l'actuel grillage de cette friche, qui permet de faire passer en dessous divers produits à cacher, par une paroi pleine. Cela semble être des détails, mais si l'on veut que la situation change durablement, il faut agir de concert sur tous les plans qui permettront de ramener la tranquillité dans le quartier en plus de celui de la sécurité à proprement parler, la propreté et l'aménagement urbain en font pleinement partie.

    Barbès a déjà connu des moments de tension par le passé, mais actuellement nous vivons une période qui semble dépasser tout ce que l'on a pu connaître ces dernières années. Il est temps que les pouvoirs publics agissent de toute urgence avec la mise en œuvre de moyens à la hauteur des enjeux et des aspirations légitimes des riverains à une tranquillité publique. Sans quoi Barbès va finir par exploser.

  • Fermeture du restaurant À la Goutte d'Or, la poignante lettre d'au revoir du propriétaire

    Il y a quelques jours Karim Drif annonçait la fermeture de son restaurant À la Goutte d'Or situé dans la rue éponyme. Après celle du kiosque de Samir Lebcher, cette fermeture est un coup dur pour le quartier. Plutôt que de commenter ce triste évènement, nous préférons publier avec son accord la lettre qu'il a adressée aux autorités pour annoncer la fin de son commerce. Ce courrier est le cri du coeur d'un enfant du quartier, dont on espère qu'il saura être pris au sérieux par les autorités municipales et surtout préfectorales. Nous souhaitons à Karim tous nos voeux de réussite dans sa vie future.

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    La placette devant le restaurant À la Goutte d'Or, juin 2018

     

    "J'écris [cette lettre] pour vous faire part de la situation du restaurant À La Goutte d'or, de ma grande lassitude , ainsi que du secteur Goutte d'or Sud que vous connaissez mais qui rendent impossible la gestion et le développement d'un commerce ou même tout simplement de vivre sereinement. Comme vous le savez, même si certaines personnes et partis politiques sont dans le déni, malgré une mobilisation énorme des commerçants, riverains, associations locales ces dernières années, la situation au jour d'aujourd'hui n'est guère mieux. Nos élus, pouvoirs publics et autorités (même si certains policiers sont du même avis que nous) continuent de se rejeter la faute et/ou de se satisfaire du peu d'actions faites afin de se donner de la valeur en vue des élections municipales à venir.

    Mais pas dans l'intérêt des habitants/commerçants de la Goutte d'or et on peut englober les problématiques du métro Barbès et de La Chapelle/Marx Dormoy. Ce qui s'y passe et ce que l'on y subit au quotidien est tout simplement irréel depuis tant d'années avec bien évidemment une dégradation ces derniers mois. On ne peut pas dire qu'il n'y ai pas eu de mobilisations, pétitions, mails envoyés, réunions à gogos... Mais on est tous à dire la même chose : la situation est plus que compliquée. C'est bien de le reconnaître, de le dire mais on fait quoi pour nous les commerçants qui réalisent presque un acte militant de rester dans le quartier ? Rien. Ah si, on va parler de "coup de pouce commerce", pardon. Waouh ! Cela donne conscience à nos élus ce genre d'opérations (même si c'est une bonne chose cela est une goutte d'eau par rapport à ce que l'on subit au quotidien depuis TRÈS longtemps). Il y a un tel décalage entre ce que pense nos élus et la réalité de la situation. Et quand on parle de cela, la réponse est "je connais bien le quartier etc" alors que pas du tout !! C'est désolant pour nous que des élus soient complètement à côté de la réalité.

    Une association de commerçants regroupant La Chapelle et La Goutte d'or a été crée en février 2018 pour se faire entendre d'une seule voix. Une association qui a été bien vu par les autorités preuve d'une mobilisation sans faille présidée par Sonia Bouzellatat, omniprésente, et dont je suis membre du bureau également. On a fait part à plusieurs reprises des problèmes, des dégradations visibles de tous de toute façon... On en a fait des réunions, des rendez vous de compassions mais très peu d'actes.

    On se bat à travers cette association, et on a tous des commerces à gérer, on monte des projets comme les illuminations de la rue de la goutte d'or mais à quoi bon. Bien évidemment il y a beaucoup de choses à régler en même temps mais la faute à qui? Qui a laissé ce quartier devenir ainsi? On se rejette la faute entre partis politiques, entre police et mairie etc...avec au milieu commerçants et riverains tels une balle de ping pong. Quand on voit le métro Barbès, j'étais adolescent et les vendeurs de Malboro étaient déjà là. 15ans après c'est encore pire. Après les mineurs isolés, le phénomène migratoire qui touche le nord de Paris et j'en passe et j'en passe,trafics, violences, agressions, prostitutions...

    Je suis en un enfant du quartier, j'y suis né , tapé mes premiers ballons aux Enfants de la Goutte d'Or et j'y suis bien évidemment plus qu'attaché d'où un investissement sans faille. Je tiens un restaurant que mes grands parents tenaient depuis 1971 au 52 de la même rue avant d'être exproprié suite à la réhabilitation en 1996. Ma grand mère a eu la médaille de la ville en 2006. Autant dire une institution dans le quartier. Je le gère seul depuis 2004 avec des soucis successoraux qui durent depuis bientôt dix ans et qui me posent de sérieux problèmes financiers car j'ai dû faire face à cela.

    La fierté que j'ai est que j'ai toujours su maintenir le cap dans un secteur difficile et dans un contexte économique délicat. Le seul bar-restaurant où la mixité est représentée. Des femmes,des hommes,des jeunes, des origines sociales différentes et toutes les nationalités sont aussi représentées. Ça c'est la goutte d'or! Maintenant , on ne peut pas dire cela et comme beaucoup je ne me reconnais pas dans cette goutte d'or que certains espèrent plus bobos. Je le redis je suis le seul encore!

    On parle de café associatif par exemple pour la réhabilitation des arcades. Ça a fait rire certains anciens du quartier (et pourtant je n'ai que 37 ans) car le rôle social notre établissement l'a toujours rempli! On ne peut ici avoir un commerce et ne pas être investi pleinement. Depuis tant d'années, on joue un rôle bien que plus grand que celui de commerçant. Et je peux englober le café de Sonia, qui donne peut être à certains une mauvaise image car les jeunes sont dans la rue, mais vous ne pouvez pas imaginer la difficulté de tenir ce bar qui est aussi une institution. Les clients sont les jeunes et Chibanis du quartier..mais ils partiront pas ces gens là, ils habitent le quartier !!!!

    J'aurais beaucoup de choses à dire et à redire mais la principale chose est que je suis lassé,fatigué, cela me rend malade d'où mes absences de ces derniers mois.. Je suis père de deux enfants en bas âge et les semaines à 80 heures par semaine avec toutes ces problématiques à gérer ..
    J'ai donné donné mais il y a des moments dans la vie où il y a des décisions à prendre.
    Vous ne pouvez imaginer les difficultés et l'énergie que cela prend de tenir dans ce secteur. On a pas de baisse de charges, baisse de loyers, étalements de dettes... et pourtant c'est un quartier reconnu pour ses problèmes. Pour certains quartiers on débloque des sous pour les commerces suite aux gilets jaunes notamment et les commerces autour de Notre Dame. Nous c'est tout les jours et toute l'année!!

    Ma terrasse? Oui elle est belle, on fait ce qu'on peut... Je ne vous parle pas des barbecues, dégradations, la place (pas la terrasse) où il y a des trafics et odeurs de cannabis à gogos.. Pas facile de manger un couscous.. Et j'en passe bien sûr.
    Il y a une dizaine de jours, bagarre sur la place entre "clandos" (une dizaine) un couteau qui atterrit sur la terrasse a côté d'une cliente... Normal Les arcades avec la fermeture du Leader Price... ??? [Le magasin Leader Price, seul supermarché "premiers prix" du quartier, a fermé suite à un incendie volontaire allumé à proximité en février dernier]

    Je parle avec tout le monde, y compris Paris Habitat qui le dit aussi, ce n'est plus possible aussi. Mes employés se font importuner, ma mère a peur de venir tellement c'est dangereux... Bref, avec toutes les problématiques ainsi que ma lassitude , en tant qu'être humain et avec la longue dépression hivernale que j'ai eu, le restaurant est en liquidation et j'ai laissé faire car le combat est perdu.

    Il y a juste à faire appel d'ici le 3 juin de la liquidation qui a été prononcé car je n'ai pas pu me présenter a l'audience étant hospitalisé.  C'est un montant assez faible (5 000 €) mais un oubli car quand vous pensez plus à la sécurité qu'au commerce... Je n'ai pas pris d'avocat (avec des frais élevés que je ne peux pas me permettre) et je me fais a l'idée de fermer le fond de commerce samedi 1er juin 2019.

    Je serais en tout cas toujours là pour le quartier et a se mobiliser si besoin. Et puis le fond rouvrira, avec des personnes motivées (peut-être très chic?). Et je leur souhaite de rester aussi longtemps que j'ai pu rester.

    [Cette lettre] est un mélange de tristesse et de soulagement, car c'est une énorme partie de ma vie qui s'en va [...]"

    Paris, le 29 mai 2019

     

  • Incompréhensible changement à la tête de la ZSP

    Nous venons d'apprendre le changement de direction de la "Zone de Sécurité Prioritaire (ZSP) 10-18". Désormais ce sera la commissaire Emmanuelle Oster, arrivée récemment à la tête du commissariat central du 18e arrondissement, qui dirigera les opérations en lieu et place du chef district, le commissaire Jacques Rigon, qui menait cette mission jusque là. Nous croyons savoir que la Préfecture - et donc le ministère de l'Intérieur - reprocherait au commissaire Rigon son insuffisance de résultats, mettant en cause ses méthodes.

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    Pour avoir suivi la ZSP dès sa mise en place, en septembre 2012 pour sa première version, en étant associés aux différentes formes de comité de suivi, nous avons pu suivre finement les évolutions de ce dispositif, et nous avons vu défiler bien des ministres de l'Intérieur, préfets et commissaires. D'ailleurs, ce changement est sans doute lié à l'arrivée du nouveau préfet Didier Lallement, qui vient lui-même de remplacer Michel Delpuech à la fin du mois de mars dernier.

    De notre point de vue, celui de riverains "avertis" et impliqués de très longue date, nous ne comprenons pas cette décision qui nous paraît bien injuste. En effet, si les résultats en matière de sécurité sont certes insuffisants dans le secteur, à notre avis ce n'est pas tant une question de méthode que de moyens qui n'ont jamais été à la hauteur des enjeux locaux. D'ailleurs, lors de la dernière réunion de la cellule d'écoute de la ZSP, nous avions précisément pointé ce problème d'effectifs insuffisants.

    En effet, il nous paraît bien fallacieux de la part de la Préfecture de reprocher une insuffisance de résultats sur la ZSP alors que, dès qu'un événement s'annonce ailleurs à Paris, cette même Préfecture vide les effectifs de police du secteur. Nous pouvons le constater dans nos rues depuis plus de six mois, tous les samedis — jours où se cumulent le plus de problèmes sur nos quartiers — où la Préfecture enlève systématiquement tous les effectifs disponibles dans la ZSP au profit des zones de manifestation des "Gilets jaunes". Ce choix est bien celui de la Préfecture. Une Préfecture qui malgré le changement de tête récent ne semble hélas pas avoir encore pris la mesure de la gravité de ce qu'il se passe dans nos quartiers (et ne dit-on pas qu'on ne change pas de capitaine en pleine tempête ?). Car des changements de méthodes, nous en avons vus plus d'un ici, mais la seule chose qu'on ait vu avoir une influence réelle sur la situation délictuelle dans nos quartiers c'est précisément l'augmentation d'effectifs avec une présence effective et durable sur le terrain. Ce fût le cas lors de la création de la brigade "anti-sauvette" qui a réussi à les faire baisser nettement sur le secteur de Château Rouge, mais c'était avant la période des manifestations du mouvement des Gilets jaunes, depuis les ventes à la sauvette sont réapparues... surtout le samedi.

    Dans le cadre du dispositif ZSP, nous perdons donc non seulement un commissaire dont l'implication sans faille et la connaissance très fine du terrain manquera très certainement (Jacques Rigon avait été commissaire du 10e auparavant), mais nous perdons aussi du temps, c'est à dire les mois nécessaires à ce qu'une nouvelle direction s'installe, comme à chaque fois que ce fut le cas, lors d'un changement à la tête de la ZSP ou de celle des commissariats d'arrondissements.

    Malgré ces circonstances, nous souhaitons évidemment un plein succès à la commissaire Oster dans sa nouvelle mission. Et quant à la forme que prendra le suivi de la ZSP et l'implication des riverains, si elle est prolongée, nous n'avons aucune indication pour l'instant. Nous ne manquerons pas de vous en informer quand nous en aurons connaissance.