Nous venons d'apprendre le changement de direction de la "Zone de Sécurité Prioritaire (ZSP) 10-18". Désormais ce sera la commissaire Emmanuelle Oster, arrivée récemment à la tête du commissariat central du 18e arrondissement, qui dirigera les opérations en lieu et place du chef district, le commissaire Jacques Rigon, qui menait cette mission jusque là. Nous croyons savoir que la Préfecture - et donc le ministère de l'Intérieur - reprocherait au commissaire Rigon son insuffisance de résultats, mettant en cause ses méthodes.
Pour avoir suivi la ZSP dès sa mise en place, en septembre 2012 pour sa première version, en étant associés aux différentes formes de comité de suivi, nous avons pu suivre finement les évolutions de ce dispositif, et nous avons vu défiler bien des ministres de l'Intérieur, préfets et commissaires. D'ailleurs, ce changement est sans doute lié à l'arrivée du nouveau préfet Didier Lallement, qui vient lui-même de remplacer Michel Delpuech à la fin du mois de mars dernier.
De notre point de vue, celui de riverains "avertis" et impliqués de très longue date, nous ne comprenons pas cette décision qui nous paraît bien injuste. En effet, si les résultats en matière de sécurité sont certes insuffisants dans le secteur, à notre avis ce n'est pas tant une question de méthode que de moyens qui n'ont jamais été à la hauteur des enjeux locaux. D'ailleurs, lors de la dernière réunion de la cellule d'écoute de la ZSP, nous avions précisément pointé ce problème d'effectifs insuffisants.
En effet, il nous paraît bien fallacieux de la part de la Préfecture de reprocher une insuffisance de résultats sur la ZSP alors que, dès qu'un événement s'annonce ailleurs à Paris, cette même Préfecture vide les effectifs de police du secteur. Nous pouvons le constater dans nos rues depuis plus de six mois, tous les samedis — jours où se cumulent le plus de problèmes sur nos quartiers — où la Préfecture enlève systématiquement tous les effectifs disponibles dans la ZSP au profit des zones de manifestation des "Gilets jaunes". Ce choix est bien celui de la Préfecture. Une Préfecture qui malgré le changement de tête récent ne semble hélas pas avoir encore pris la mesure de la gravité de ce qu'il se passe dans nos quartiers (et ne dit-on pas qu'on ne change pas de capitaine en pleine tempête ?). Car des changements de méthodes, nous en avons vus plus d'un ici, mais la seule chose qu'on ait vu avoir une influence réelle sur la situation délictuelle dans nos quartiers c'est précisément l'augmentation d'effectifs avec une présence effective et durable sur le terrain. Ce fût le cas lors de la création de la brigade "anti-sauvette" qui a réussi à les faire baisser nettement sur le secteur de Château Rouge, mais c'était avant la période des manifestations du mouvement des Gilets jaunes, depuis les ventes à la sauvette sont réapparues... surtout le samedi.
Dans le cadre du dispositif ZSP, nous perdons donc non seulement un commissaire dont l'implication sans faille et la connaissance très fine du terrain manquera très certainement (Jacques Rigon avait été commissaire du 10e auparavant), mais nous perdons aussi du temps, c'est à dire les mois nécessaires à ce qu'une nouvelle direction s'installe, comme à chaque fois que ce fut le cas, lors d'un changement à la tête de la ZSP ou de celle des commissariats d'arrondissements.
Malgré ces circonstances, nous souhaitons évidemment un plein succès à la commissaire Oster dans sa nouvelle mission. Et quant à la forme que prendra le suivi de la ZSP et l'implication des riverains, si elle est prolongée, nous n'avons aucune indication pour l'instant. Nous ne manquerons pas de vous en informer quand nous en aurons connaissance.
Commentaires
Pfff... N'importe quoi. Et oui, en effet, le samedi est à nouveau catastrophique. Et d'ailleurs c'est comique car les vendeurs à la sauvette le savent, ils se marrent en disant "allez chercher la police, ahahah !", ils savent qu'ils font ce qu'ils veulent ce jour là, le pire de tous. On se fiche de nous.
En tant qu'ancienne présidente d'Action Barbès, je ne peux qu'être affligée par une telle décision. Qui en est à l'origine et pour quelles raisons, voilà la question? Action Barbès avait été parmi les toutes premières associations à participer aux réunions mensuelles ZSP au commissariat du 20e et avait reconnu ce dispositif innovant et prometteur. Ne faudrait-il pas interpeller certes la préfecture mais également le ministère de l'intérieur? Sans remettre en cause les compétences de la nouvelle commissaire du 18e que je ne connais pas, je me souviens que nous avons, depuis la création de l'association en 2001, milité pour qu'élus et institutionnels des arrondissements limitrophes de Barbès (9-10-18) travaillent ensemble. Donc la question se pose: qui aura autorité sur le territoire du 10e par exemple? Comment se fera la concertation et la mise en place d'actions concertées? Je crains que nous ne soyons revenus à la case départ!
Mon dieu mais qu’il me tarde enfin de déménager, encore quelques mois à tenir mais c’est de pire en pire entre les sans abris l’insalubrité les toxicos « vous aussi vous avez remarqué que le Sdf à côté du Monop côté Gare du Nord à disparu d’ailleurs avec cabane ?
Le jour où barbes sera un quartier vivable n’est pas prêt d’arriver
Franchement, si le carrefour Barbès, va de pire en pire, pourquoi se plaindre du départ de l’ancien préfet ? Malgré sa connaissance de terrain, il n’a pas pu apporter aucun changement valable pour Barbès. Le changement viendra de la capacité de mobilisation de tous ceux que souffrent quotidiennement du non respect à l’état de droit. Nous sommes hors l’espace de la république. Espérons que les associations que agissent sur la zone soient plus combatives et les habitants plus présents dans le débat public.
Bonjour,
Relisez l'article, nous ne parlons pas que du carrefour Barbès mais de l'ensemble de la ZSP et nous ne regrettons pas le départ du préfet mais le remplacement du commissaire à la tête de la ZSP. Notre argument est qu'il manque de moyens humains, ce n'est absolument pas un problème de méthode. Et quant à l'implication des habitants et des associations, aucun commissaire ne l'avait poussé aussi loin jusque là que le commissaire Rigon, d'où aussi notre inquiétude.
Effectivement j'ai constaté la disparition de la police sur le terrain, laissant l'espace public à tous les trafics. Les jours de marché, s'installe une population de vendeurs à la sauvette en toute impunité. Je comprend ceux qui quittent le quartier, la vie des résidents est très difficile. Ce marché nous crée beaucoup des problèmes.