Mercredi 11 décembre dernier, se tenait dans les locaux du commissariat central du 18e, rue de Clignancourt, la réunion du comité de voisinage de l’ex-ZSP (zone de sécurité prioritaire) devenue QRR (quartier de reconquête républicaine). Selon la nouvelle formule en vigueur, cette rencontre était consacrée au seul secteur Barbès-Sud Goutte d’or. Etaient présents, outre des représentants de la police, des personnels de la Mairie de Paris et d’arrondissement, ainsi que des associations et des collectifs de riverains.
Comme à son habitude, Emmanuelle Oster, la commissaire principale du 18e arrondissement a entamé la réunion en donnant une série de chiffres. Elle a ainsi expliqué que le secteur Barbès-Sud Goutte d’Or présentait "les meilleurs résultats de l’année" de l’ensemble de la QRR. Le nombre de faits constatés sur le secteur est ainsi passé de 2 252 entre janvier et novembre 2018, à 1 499 pour la même période en 2019, soit une baisse de 33 % en un an. Le taux d’élucidation est, lui, en hausse de 9 points à 56 %, contre 47 % l’année dernière.
Dans le détail, les atteintes physiques aux personnes sont passées de 423 faits constatés en 2018, à 265 en 2019 (- 37 %), Les atteintes aux biens passent, elles, de 1076 faits constatés à 657 (- 39 %). La commissaire a par ailleurs souligné la régression des violences volontaires (- 7 %) et des vols avec violence (- 53 %), qui passent de 248 faits constatés à 117 sur les onze premiers mois de l’année 2019. Les vols simples sont, eux aussi, en nette baisse avec 219 faits constatés, contre 395 à la même période l’année dernière, soit une baisse de 45 %. Seul indicateur à ne pas baisser, celui des cambriolages, avec 56 faits constatés sur ce secteur, un chiffre stable par rapport à 2018.
Emmanuelle Oster a enfin souligné la forte hausse des procès-verbaux dressés en 2019 pour ventes à la sauvette (8 064 PV, + 27 % sur un an) et pour contrefaçons (1 982 PV, + 612 % sur un an). "Ces chiffres ne veulent pas dire que la situation est parfaite et que la délinquance a disparu mais ils montrent que ce secteur a été celui où l’action de la police a été la plus marquée et la plus significative", a conclu la commissaire.
La DPSP (direction de la prévention, de la sécurité et de la protection de la Mairie de Paris) a ensuite donné ses propres chiffres pour le secteur Barbès-Goutte d’or. Elle a mis en avant une hausse de 6 % de la verbalisation en matière d'insalubrité entre octobre et novembre 2019, avec 145 PV dressés pour les seules ventes à la sauvette en novembre 2019 (+ 20 % sur un an).
Ces chiffres encourageants se sont heurtés à un ressenti des associations et collectifs qui l’était beaucoup moins. Ils ont notamment pointé du doigt la persistance des trafics de cigarettes et de stupéfiants dans le quartier. Sur ce point, Emmanuelle Oster a expliqué que la lutte contre de tels trafics, très installés depuis de nombreuses années dans ce secteur, était un travail long et complexe. “Ce boulot, on le fait. On est dessus”, a-t-elle affirmé, préférant ne pas communiquer en amont sur les opérations à venir.
Interrogée par Action Barbès sur l’activité des douanes en matière de démantèlement des trafics, particulièrement de cigarettes, Emmanuelle Oster a confirmé “des opérations conjointes régulières en particulier sur le secteur Barbès”. “On intervient dans la rue avec eux. Ils sont pleinement partie prenante”, a-t-elle commenté.
Au cours de la réunion, Action Barbès a également interpellé la commissaire sur la relative indifférence des personnels du commissariat de la Goutte d’or à leur environnement immédiat, qu’il s’agisse d’incivilités, de délits routiers ou même de trafic de stupéfiants se déroulant parfois à seulement quelques mètres de l'entrée du commissariat. “Il n’y a pas d’indifférence de nos effectifs”, ont rétorqué les représentants de la police présents, à qui il a également été signalé la parfois trop grande passivité des effectifs de police déployés dans des camions autour de la station Barbès.
Au cours de la réunion, la problématique dite des "mineurs isolés marocains" a ensuite été très longuement évoquée. La commissaire Oster a précisé que de janvier à novembre, pour tout le 18e arrondissement, 1 714 interpellations de mineurs isolés avaient été relevées, contre 1 652 pour les 11 premiers mois de 2018, soit une hausse de 4 %.
Madame Oster a ensuite fait un bilan de la mise en œuvre depuis plusieurs mois du partenariat avec les autorités marocaines, voulu par les chefs d’Etat français et marocain. Elle a rappelé que dans le cadre de celui-ci, des agents consulaires marocains s’entretiennent dans le commissariat du 18e avec les supposés “mineurs marocains” interpellés par la police, afin d'établir, notamment via une comparaison des empreintes digitales, s’ils sont marocains ou non, et s’ils sont mineurs ou majeurs.
La commissaire Oster a estimé que ce partenariat franco-marocain n’avait pas été "d’une efficacité redoutable" même s’il a permis "d’établir un certain nombre d’éléments", notamment qu'"une grande majorité" des individus interpellés "n’a jamais vu le Maroc de sa vie, mais un peu plus l’Algérie". Dans le détail, la commissaire Oster a précisé que les agents consulaires marocains avaient mené 744 entretiens dans les locaux du commissariat du 18e arrondissement. À l’issue de ces 744 entretiens, 122 personnes ont pu être identifiées, soit un taux d’identification de 16 %. Sur ces 122 personnes identifiées, 110 étaient majeures et 12 mineures.
Sur les 110 personnes majeures identifiées, 27 d’entre elles, soit 25 %, ont été conduites dans un centre de rétention administrative “en vue d’un retour effectif au pays qui a été exécuté”. Concernant leur sort, la commissaire a précisé que ces mineurs "sont inclus dans le système français de protection des mineurs, système qu’ils rejettent totalement. Ils sont placés dans des foyers d’accueil et dans des structures qu’ils quittent seulement quelques secondes à peine après que le véhicule de police les y a déposés”.
Interrogée sur les ventes à la sauvette massives se faisant après le marché les mercredis et samedis sous le métro aérien, boulevard de la Chapelle, la DPSP a dit continuer à travailler sur ce problème avec la police via des opérations conjointes les jours de marché. La DPSP a rappelé qu’elle ne pouvait qu’empêcher l’installation des vendeurs à la sauvette mais n’avait pas le pouvoir de saisir ou de détruire la marchandise, ces pouvoirs coercitifs relevant de la police. La commissaire Oster a pour sa part rappelé l’existence et l'action, au sein du commissariat de 18e arrondissement d’une brigade dédiée — la seule de France — à la lutte contre les sauvettes et les contrefaçons.