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  • Sécurité : les personnels de la bibliothèque de la Goutte d'Or font valoir leur droit de retrait

    La situation sécuritaire dans le secteur Barbès-Sud Goutte d'Or s'est très fortement dégradé depuis quelques mois, nous en faisions état dans notre article du 2 septembre dernier, et comme beaucoup d'habitants et d'associations du quartier, nous tentons d'alerter les pouvoirs publics, préfecture et mairie, sur cette situation alarmante. Malgré quelques opérations policières, aucun changement ne se fait sentir dans le secteur. Pire encore, les choses semblent s'enliser et les habitants désespèrent de pouvoir un jour aspirer à vivre dans un climat apaisé et à se déplacer dans des rues sûres.

    À présent ce sont les personnels de la bibliothèque de la Goutte d'Or, au coeur de ce secteur, qui tirent la sonnette d'alarme en adressant à la Maire de Paris une lettre (voir plus bas) où ils expriment leur très grande inquiétude et leur peur d'aller travailler, après que cette fois le bâtiment même de la bibliothèque a subi de fortes dégradations. Les personnels ont fait valoir leur droit de retrait et ne rouvrent donc pas les portes de la bibliothèque, un établissement culturel très apprécié dans le quartier. Nous comprenons tout à fait cette décision et exprimons toute notre solidarité avec les personnels de la bibliothèque de la Goutte d'Or dans ce moment très difficile.

    Nous demandons avec eux qu'il leur soit assuré de toute urgence des conditions de travail et d'accueil du public sécurisées et sereines. Pour cela, il devient urgent que la Préfecture de Police et l'Hôtel de ville cessent de se renvoyer la balle sur les responsabilités en matière de sécurité, et travaillent activement ensemble, avec les moyens nécessaires, pour assurer la sécurité dans un quartier trop longtemps délaissé par les autorités, cela depuis des années pour ne pas dire depuis des décennies. Et il ne s'agit pas de faire quelques opérations spectaculaires - on en a trop vues sans résultats tangibles -, mais enfin d'assurer au quotidien un droit à la sécurité pour les habitants et travailleurs du quartier comme sur tout le territoire national. 

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    "À l’attention de :
    Mme Anne Hidalgo, Maire de Paris
    Mme Carine Rolland, Adjointe à la Maire de Paris en charge de la Culture
    M. Eric Lejoindre, Maire du 18ème
    Mme Sophie Fady-Cayrel, Directrice adjointe aux Affaires Culturelles
    Mme Véronique Astien, Sous-directrice de l’Éducation Artistique et des Pratiques Culturelles
    M. Emmanuel Aziza, Chef du Bureau des Bibliothèques et de la Lecture

    Mesdames, Monsieur,

    Nous travaillons à la bibliothèque Goutte d’Or qui a ouvert en décembre 1999 dans le quartier du même nom. C’est une bibliothèque familiale, située dans un quartier populaire, où nous avions plaisir à venir travailler jusqu’ici et à retrouver nos fidèles usagers. Nous observons depuis quelques années une montée de la délinquance et de la violence liée aux nombreux trafics qui se sont installés au fil du temps. Depuis le mois de juin et le déconfinement, la situation s’est profondément dégradée puisque la bibliothèque se situe au centre d’un point de deal de drogues en tout genre. Une moyenne de quarante dealers opère devant nos portes, faisant usage des produits, installés voire même allongés sur les marches.

    Il n’y a plus de vie de quartier à cet endroit (certaines boutiques ont même dû fermer), devenu le territoire exclusif des dealers.

    Quotidiennement, nous sommes témoins d’actes de violence : bagarres, coups de couteau, vols à l’arraché, balle perdue fichée dans le montant de la vitrine, pétard ayant atterri dans la bibliothèque, dégradations de l’espace public (détritus disséminés tout autour du site) et bruits incessants. En juillet 2020, un homme est mort de ses blessures à l’entrée de la bibliothèque. Aujourd’hui, mardi 17 novembre 2020, nous découvrons à notre arrivée sur notre lieu de travail que les vitres de la façade de notre bâtiment ont été fracassées pendant le weekend.

    À cette violence quotidienne s’ajoute le contexte sanitaire. À chacune des entrées et sorties de la bibliothèque, il faut se frayer un chemin parmi les dealers et les drogués qui ne portent pas leur masque, mettant notre santé et celle de nos usagers en péril.

    Nombreux sont les usagers qui nous font part de leur peur, des vols et agressions qu’ils ont subis et de leur décision de ne plus fréquenter notre établissement. Nous soulignons que cet espace public entièrement masculin est particulièrement oppressant pour les personnes (usagères ou employées) de sexe féminin.

    Parce que nous nous sentons en perpétuelle insécurité physique et psychologique, parce nous ne pouvons accueillir nos usagers dans ces conditions, parce que les voies hiérarchiques que nous avons scrupuleusement respectées jusqu’ici ont été inopérantes, les membres présents de l’équipe prennent aujourd’hui la décision de ne pas ouvrir l’établissement jusqu’à ce que des solutions pérennes et réelles soient mises en œuvre.

    L’équipe de la Bibliothèque Goutte d’Or"

  • Podcast : "Les femmes de Saint-Bernard"

    La période du confinement a été un moment qui a vu beaucoup de détresses dans nos quartiers, mais cela a été également un moment où se sont exprimées de belles formes de solidarité. L'artiste de théâtre Laure Grisinger, habitante de la Goutte d'Or, a participé aux distributions alimentaires de l'église Saint-Bernard pour les plus démunis. Elle a enregistré des instants de ces distributions et les restituent à travers une série de six podcasts.

    Ces podcasts racontent avec beaucoup de sincérité les échanges et les rencontres, pas toujours faciles, qui se sont déroulés durant cette période si particulière. La voix de femmes bénéficiant de ces aides est rarement entendue, aussi ces podcasts permettent d'appréhender un peu leur quotidien alors encore plus difficile. Mais ce récit est aussi celui de celles et ceux qui donnent un peu de leur temps et de leur énergie au service des autres. Dans sa démarche, Laure Grisinger explique que "Ces podcasts retracent des expériences de vie à partir desquelles se sont crées de nouvelles histoires communes. Et qui forment la genèse de fictions théâtrales contemporaines". À écouter...

     

    Pour écouter les épisodes du podcast, c'est par là.

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  • Action Barbès participait à la table ronde "espace public"

    Hier soir, à la réunion publique du conseil de quartier Goutte d'Or Chateau rouge, une innovation a failli partager les citoyens venus débattre. En effet, pour innover, les membres de l'équipe d'animation du CQ avaient décidé de traiter les quatre thèmes choisis en petits groupes, en tables rondes, selon l'expression consacrée, même si de table il n y avait pas trace.

    paris,18,goutte d'or,chateau rouge,barbès,conseil-de-quartier,espace-publicAriel Lellouche, membre du conseil de quartier et animateur de la soirée, a commencé par expliquer aux présents que le but était de donner une suite à la précédente réunion du conseil de quartier qui avait été très animée et traitait déjà de l'espace public, sous l'aspect de l'occupation dudit espace. Comment et par qui est occupé l'espace public dans le périmètre de la Goutte d'Or - Chateau rouge ? Dans certaines rues, par la prostitution, à d'autres endroits par les vendeurs à la sauvette ou par des trafics illcites, également par des commerces qui débordent des limites qui leur sont assignées, etc. D'où l'idée de scinder les problèmes et d'en discuter en tables rondes pour entendre les propositions des habitants, confrontés à ces types de nuisances ou d'incivilités.

    Les thèmes se résumaient en "commerce", "sécurité", "propreté et incivilités" et la dernière, à laquelle nous avons collaboré, "espace public et végétalisation". Plus d'une vingtaine de personnes ont donné librement leur définition de l'espace public tout en se présentant : pour les uns, c'est tout simplement la rue et le trottoir devant chez eux, là où ils souhaiteraient plus de tranquillité, pour d'autres ce sont des comportements qu'il faut changer pour que l'espace qui appartient à tous soit respecté par tous. Il nous a semblé qu'une majorité des participants à notre table ronde souhaitait une réappropriation de l'espace public par les habitants du quartier. paris,18,goutte d'or,chateau rouge,barbès,conseil-de-quartier,espace-publicCertains ont marqué la différence entre habitants et usagers de l'espace public, soulignant que les "gens d'ici" sont plus respectueux de leur environnement. D'autres  pensent que l'éducation peut beaucoup pour améliorer la cohabitation, les cultures et les histoires des personnes qui se croisent à la Goutte d'Or demandent un long temps d'adaptation. Les habitudes des Français de longue date sont ancrées dans un savoir vivre, imposé dès l'enfance, que d'autres populations ne possèdent pas ou qui leur reste étranger. Selon le caractère des intervenants, les uns apprécient le côté vivant du quartier, ils se sentent plutôt en sécurité dans la foule, ils réclament des événements festifs dont il pensent qu'ils pourraient rapprocher les personnes qui ne se connaissent pas. Une habitante a évoqué les amicales de locataires dans les immeubles des bailleurs sociaux, nombreux dans le quartier, ces associations savent trouver des solutions aux problèmes de cohabitation. Créer du lien social, mieux communiquer les uns avec les autres, toute démarche dans ce sens rapproche incontestablement les personnes et limite les comportements agressifs.

    Il n'en reste pas moins que les occupations non souhaitées de l'espace public par les vendeurs à la sauvette, par les prostituées ou par les dealers de toutes substances, ne relèvent pas de la bonne volonté des habitants. Ils les supportent plus ou moins bien. Ils font avec... Parfois l'exaspération gagne. Certains ont demandé en quoi d'éventuelles propositions des habitants sauraient changer la situation. C'est bien la question pertinente qui se pose : une fois listée les envies des uns et les nuisances dénoncées par les autres, que sortira-t-il d'une telle réunion ? Certes, le lien social est une piste à favoriser, mais au-dela, la solution n'est pas vraiment entre les mains des citoyens. Peu de personnes l'ont dit.