Depuis la sortie de la période de confinement la situation autour du carrefour Barbès se dégrade grandement du point de vue sécuritaire. Le deal de cigarettes et drogues en tous genres, le recel de bijoux, les agressions, les vols à l'arrachée, les intrusions dans les immeubles pour abriter divers trafics et autre prostitution, les cambriolages, sans compter les règlements de compte entre délinquants, mais également les ventes à la sauvette qui sont de retour ici (tout comme à Château Rouge), sont devenus le quotidien des habitants de ce secteur durant l'été. Des exemples frappants : le 26 août dernier, devant le 49 boulevard de la Chapelle, en pleine journée et devant des passants et des riverains terrorisés, un homme s'est fait taillader à coup de machette par deux hommes, sans doute un règlement de comptes ; mêmes scènes ou presque, hier après-midi 1er septembre, ce sont deux agressions à coup de couteaux avec des blessures très graves, au même endroit à l'angle du boulevard Barbès et de la rue de la Goutte d'Or, à deux heures d'intervalle !
D'une manière générale, ce territoire ne semble plus régi par les lois de la République mais par celles mafieuses de groupes d'individus qui prétendent régner sur nos boulevards et nos rues.
Que ce soit côté 10e sur le boulevard de Magenta, sur les "boulevards-frontières" de la Chapelle et de Rochechouart, même du côté 9e, mais surtout du côté du 18e sur le boulevard Barbès et dans les petites rues adjacentes, les riverains font état d'une situation extrêmement difficile qui cumule de très nombreux problèmes. Notre association a rarement connu en si peu de temps autant de signalements de la part de nos adhérents mais aussi de beaucoup d'autres habitants et de commerçants de ce secteur (il va sans dire que les autorités politiques et policières reçoivent elles aussi ces nombreux signalements), et c'est là le signe d'une situation inacceptable qui devrait plus alarmer les autorités compétentes en matière de sécurité, en l'occurrence principalement la Police nationale.
La situation n'est plus tenable. Les autorités, la Préfecture de police en premier lieu, mais également la Ville de Paris, doivent agir et vite. Nous avons écrit au Préfet de Police, en espérant qu'il nous entende.
Nous attendons du ministère de l'Intérieur et de la Préfecture de police une prise de conscience de la gravité de la situation sécuritaire de Barbès qui connait actuellement des proportions inédites, même pour Barbès, et que soient mises en oeuvre des mesures à la hauteur des problèmes rencontrés. Nous demandons une présence effective des forces de l'ordre, tous les jours, du lundi au dimanche et du matin au soir. Il ne s'agit pas de faire stationner un car de CRS dont la présence passive n'empêche aucunement les crimes et délits de se dérouler ici, mais d'effectifs de police qui entreprennent un travail actif pour régler cette situation inacceptable. Le commissariat du 18e a certes reçu des nouveaux effectifs ces dernières années, mais au vu des problèmes à l'ampleur inédite que connait cet arrondissement, le ministère de l'Intérieur devrait sans doute continuer le renforcement des effectifs.
Nous aimerions également qu'enfin les services des Douanes travaillent à démanteler durablement le trafic de cigarettes, qui n'est aujourd'hui presque plus que la façade de trafics et deals de produits encore plus dangereux. Et bien entendu, il est indispensable de régler durablement ces problèmes et non les déplacer à des quartiers voisins comme cela a trop souvent été le cas par le passé.
Concernant la Ville de Paris, si son champ d'action est très limité en matière de sécurité, elle peut néanmoins agir, avec les agents de la DPSP (la future "police municipale") mais aussi par d'autres moyens. Elle devrait par exemple faire enlever le kiosque à journaux, dont la réouverture n'est hélas plus à espérer. Cet édicule très dégradé ne fait que participer aux trafics, servant de cachette et de paravent pour les vendeurs de cigarettes et autres dealers. Nous demandons son enlèvement depuis de nombreux mois, là il devient urgent d'agir. Et peu nous chaut l'argument du contrat publicitaire lié au kiosque qui n'en est plus qu'un support, la sécurité passe bien avant.
La Ville peut également agir indirectement avec la question de la propreté, ici le moindre encombrant pouvant servir de cachette. Il faudrait assurer un passage très régulier pour enlever systématiquement les encombrants et petits déchets dans ce secteur (mais cela suppose de coordonner trois services d'arrondissements différents). Côté 18e, il est urgent d'assurer le nettoiement de la friche du 8 boulevard Barbès, et il serait d'ailleurs nécessaire de remplacer l'actuel grillage de cette friche, qui permet de faire passer en dessous divers produits à cacher, par une paroi pleine. Cela semble être des détails, mais si l'on veut que la situation change durablement, il faut agir de concert sur tous les plans qui permettront de ramener la tranquillité dans le quartier en plus de celui de la sécurité à proprement parler, la propreté et l'aménagement urbain en font pleinement partie.
Barbès a déjà connu des moments de tension par le passé, mais actuellement nous vivons une période qui semble dépasser tout ce que l'on a pu connaître ces dernières années. Il est temps que les pouvoirs publics agissent de toute urgence avec la mise en œuvre de moyens à la hauteur des enjeux et des aspirations légitimes des riverains à une tranquillité publique. Sans quoi Barbès va finir par exploser.
Commentaires
Merci, même constat et en faveur d'actions fermes de la part de la puissance publique (Etat et Ville).
Plutôt que des moyens supplémentaires, il est temps que nos élus municipaux et députés travaillent sur la mise en place d'un cadre juridique dérogatoire et simplifié concernant le Nord-Est de Paris sur ces thèmes là.
D'accord sur le contenu de votre article sauf sur le remplacement du grillage du 8 bld Barbès par une palissade pleine car les choses deviendront pires
???
Voir mon commentaire plus loin
???
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Effectivement, la situation est très inquiétante depuis le métro Barbes jusqu'à Château Rouge. La police est débordée et nous constatons que les mineurs non accompagnés sont de plus en plus présents. Que faire ? Travailler ensemble et organiser un e concertation avec tous les acteurs locaux et nationaux.
Le problème de la sécurité et les problèmes sociaux restent une réalité.
La mairie fait ce qu'elle peut mais a-t-elle fait les bons choix en terme de prévention ?
Et ces dealers, cela reste leur travail. Qui sont-ils et pourquoi en sont ils arrivés là ? Survivre reste leur priorité.
Alors c'est simple : revoir les suivis et accompagnement des eezlers et des acheteurs.
Côté vente de cigarettes : mettre des policiers tout autour de la station Barbes et vérifier tous les lampadaires du boulevard Barbes. Ce dont des planques pour les fournisseurs qui sont présents tous les jours aux yeux des passants.
C'est URGENT. Barbes- Château Rouge est en danger. Réagissons et organisons une manifestation sur le boulevard. BFM sera là et le gouvernement réagira.
Donner les moyens à la prévention, la répression avec les dirigeants et élus compétents.
Bonjour, merci pour le billet, je partage le même constat.
Pour en rajouter une couche 3 coups de feu se sont fait entendre hier soir (01/09) vers 21h au pied du métro Barbes ... Si vous avez des infos
Merci pour ce billet qui fait écho à ce que nous vivons quotidiennement. Le Parisien a déja consacré plusieurs vidéo et sujets au quartier et je pense qu'il faut s'appuyer sur eux pour faire bouger les choses.
Ci joint le profil twitter qui est récemment intervenu sur le sujet des nuisances nocturnes dans le quartier et que j'ai sollicité pour un sujet https://twitter.com/AmPointel?s=20
nous ne pouvons nous permettre d'attendre les JO 2024 pour que les élus fassent qqch.
Bonjour,
Merci pour ce billet qui décrit précisément ce que nous, riverains de Barbès, vivons tous les jours.
Depuis le déconfinement je n'ai plus dormi une seule nuit sans mettre des boules quies, régulièrement j'entends les cris désespérés des victimes de vol à la tire courant derrière leur malfaiteurs ... les bagarres et les rixes au quotidien, le trafic et la consommation de toute sorte de substances à ciel ouvert sans pudeur (pourquoi cacher ? de toute façon personne n'interviendra) ... mais le pire c'est le sentiment d'être abandonné par l'état et les services de sécurité (essayez d'appeler le 17 ...) et de vivre dans une zone de non-droit.
Du coup il semble que plusieurs habitants du quartier viennent de lancer une pétition, pourquoi ne pas partager sur ce blog ?
Bonjour
Je partage ce constat, depuis la fin du confinement , je ne suis plus sereine dans mon quartier. Ça s’était amorcé depuis plus longtemps selon moi (fort rajeunissement de la population des trafiquants qui semblent sans foi ni loi, quand les anciens semblaient plus désireux de ne pas se mettre les riverains à dos). Je me demande si la disparition de Tati et surtout ce qui le remplacera aura un impact sur cette situation.
Une remarque (de bon sens me semble-t-il) sur la lutte contre le trafic de cigarettes.
A l’heure où le gouvernement introduit une amende délictuelle pour la possession et la détention à des fins personnelles de stupéfiants pour désengorger les services de police , ce vœu qui souhaite orienter le travail des douanes vers la lutte contre le trafic de clopes est suranné.
Cela ne peut être que l’antépénultième voire le pénultième objectif de cette administration qui a de nombreux autres chats de plus grande importance â fouetter.
L’augmentation du prix du tabac entraîne une hausse des trafics afférents .
C’est le prix à payer
Je vois un commentaire sur un « cadre juridique dérogatoire et simplifié »
Qu’entendra vous par cela ?
(Je suis à la fois étonné, dubitatif et inquiet d’une telle proposition la question ne me semblant pas être celle du cadre légal mais celui de l’application de la loi ...)
Il y a quelques jours j'entrais par le tourniquet du métro rue Guy Patin(où j'habite depuis 40 ans).
J'étais avec mon mari.
3 mineurs ,cigarette prête à fumer pour l'un et sans masque évidemment pour les 3.
Mon sac à main en bandoulière
Ils étaient prêts à m'arracher le sac.
Attention !!!
m'a fait comprendre mon mari!!
On descendait vers la ligne 4..
Si j'avais été seule,mon sac aurait été volé!!
Ne me sens plus en sécurité !!
J'ai 70 ans..et n'ai jamais vu autant de dealers!!
A l'aide,messieurs les policiers !!
L'autre jour j'entrais dans l'enceinte du métro
depuis Gy Patin lorsque j'ai vu un mineur
descendre rapidement l'escalator arrêté de la ligne porte Dauphine poursui par un voyageur
mais sans succès. Des scènes semblables ont lieu
tous les jours. Ces jeunes sont dangereux.
Ce quartier a toujours posé problèmes. Le trafic de vélos cachés dans les cours d'immeubles et revendus etc... C'est une honte de voir tout ce trafic souvent à quelques mètres des policiers.
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On se demande bien ce qui fait la police!
Les dealers sont toujours les mêmes, jamais identifiés, jamais inquiétés, le bizness se fait devant la police, les CRS. C’est un laisser faire révoltant!
Les jours de marché, tout le monde sais qu’il y a les biffins qui s’installent l’après-midi à la place du marché. Tout le monde, sauf la police qui laisse ce marché illégal prendre des proportions de plus en plus importantes.
Le quartier est largué et les riverains aussi.
Bravo pour vos actions de publication et de mise en lumière de l’incroyable laxisme de la force publique, dont nous souffrons tous les jours en tant que citoyens riverains .
Comment notre situation peut-elle être ignorée ?
Continuez vos actions vous avez mon soutien.
Olivier Magnier
Je suis bien d'accord et merci pour vos publications.
Je suis aussi bien désarmée pour agir, je peux juste parler des ruses de sioux pour éviter de prendre les transports à la station Barbès, de ne circuler que les mains libres et sans sac à main.
Continuez vos actions et bien sûr vous avez mon soutien.
Bonjour,
Je fais partie de ce qu'on appelle en France, les "privilégiés", pas né avec une cuillère en argent dans la bouche mais ayant acquis à force de travail les moyens de vivre où bon nous semble avec ma famille.
J'ai fait le choix de vivre à Barbès depuis plus de 20 ans, bien avant que certains secteurs ne se "boboïsent". J'ai toujours aimé l'animation et la diversité du quartier où je me sens beaucoup mieux que dans le 16ème ou à Saint-Germain-en-Laye où j'ai également vécu.
Depuis quelques mois, j'en suis arrivé à envisager de quitter le quartier Barbès ce qui serait pour moi un vrai déchirement. Je confirme les témoignages des autres personnes: il y a toujours eu du trafic à Barbès mais depuis quelques mois, le quartier semble être devenu la proie des trafiquants en tout genre, de plus en plus jeunes et agressifs et je pense contrairement à certain(e)s sur ce blog que le trafic de cigarettes contribue largement à la dégradation du climat. Par ailleurs, la saleté est permanente.
J'ai vraiment envie de sauver ce quartier auquel je tiens beaucoup et je suis prêt à m'investir, j'ai d'ailleurs signé la pétition qui circule. Mais il faudrait une action d'ampleur car depuis que j'habite à Barbès, j'ai souvent vu des cars de CRS débarquer à la veille d'élections ou après un reportage sur les trafics , pour quelques jours mais ce n'est que de l'affichage car rapidement tout reprend son cours.
Il semble donc qu'on ne puisse pas compter sur les autorités ou en tout cas qu'il faille les forcer à agir. Je ne mets surtout pas en cause les policiers qui font ce qu'ils peuvent et qui semble t'il ont pour instruction de laisser faire les petits trafiquants.
Il faut donc une initiative citoyenne pour sauver Barbès.
Bonjour,
votre article est éloquent, née à paris dans l'est parisien, j'habite le 18e depuis 6ans et force est de constater que les sujets tels que l'insécurité, la propreté, la délinquance se détériorent de manière exponentielle. En tant que femme je suis souvent bousculée, agrippées, méprisée par les hordes d'hommes rassemblés dans le quartier La chapelle/ Marx Dormoy.
Aussi la situation est intenable, les zones de non droit pullulent.
Il est temps de réagir face à cette situation: trafic de drogue, prostitutions, vente à la sauvette, refugiés, etc.
Je suis prête à me mobiliser.
Bien à vous.