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Samir Lebcher : "Barbès c’est fini pour moi"

Lundi 13 mai dernier, en fin de journée, alors qu'il ferme son kiosque, Samir Lebcher est victime d'une agression violente. À l'origine de cette agression, un jeune pickpocket qui sévit habituellement à la sortie de la station de métro Barbès-Rochechouart.

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Le kiosque de Samir Lebcher, désormais clos

L'affaire a suscité une vive émotion et a fait grand bruit, la presse nationale s'empressant de relater "l'agression du kiosquier de Barbès" et les responsables politiques d'exprimer leur solidarité avec Samir Lebcher, comme la Maire de Paris qui s'est exprimée sur Twitter à ce propos. Il faut dire que cette agression n'est pas "juste" une agression de plus à cet endroit, elle est surtout le symbole d'une dégradation de la sécurité en ce lieu pourtant - hélas - habitué aux situations tendues. En effet, ce n'est pas anodin que ce soit précisément Samir Lebcher qui soit la victime de cet acte violent, car à travers lui c'est le dernier rempart de la "normalité" du lieu qui est attaqué. Durant les très nombreuses années où, d'abord Michel le père, et ensuite Samir le fils, les Lebcher ont tenu le kiosque de Barbès, au milieu des vendeurs de cigarettes (et autres substances) et des pickpockets, jamais ils n'avaient été agressés physiquement.

Samir Lebcher n'a pas souhaité répondre aux très nombreuses sollicitations des médias suite à l'agression dont il a été victime, préférant se préserver de cette exposition médiatique. Cependant, il a choisi de revenir sur cet évènement sur le blog d'Action Barbès.

Action Barbès : Bonjour Samir, tout d'abord comment vas-tu une semaine après cette agression ?

Samir Lebcher : Bonjour, dans l’ensemble ça va. Ce qui me préoccupe et me pèse, c’est plus l’accumulation psychologique des années passées à Barbès que l’agression elle-même. Comme une impression d’y avoir fait tout sauf mon travail de kiosquier.

AB : Peux-tu revenir sur le déroulement de ce qui s'est passé lundi dernier, et nous dire dans quel contexte s'est déroulé cet évènement ?

SL : Ce lundi était une journée avec une ambiance marquée par une circulation encore plus dense que d’habitude, avec beaucoup de bruits, il y avait aussi beaucoup de nervosité du côté des marchands de cigarette et des pickpockets, bref une ambiance électrique. En début d’après-midi je suis intervenu pour empêcher un pickpocket de voler dans le sac d’une cliente, ce qu’il n’a visiblement pas apprécié puisqu’il a ensuite donné des coups sur le coté du kiosque. Il a ensuite rodé autour du kiosque tout l’après-midi en proférant des menaces à mon encontre. Je l’ai signalé à des agents de police passant par là. Vers 19h au moment de la fermeture, alors que je sortais du kiosque, je reçois un violent coup de poing à l’œil par le pickpocket resté en embuscade pour se faire vengeance. Il a ensuite tenté de me projeter au sol et de continuer à me frapper mais j’ai réussi à le faire fuir, l'action a duré une dizaine de minutes. Aucune force de police n’était présente à ce moment-là.

AB : Mercredi 15 mai lors de la réunion du comité de voisinage de la ZSP, nous avons exprimé notre vive émotion suite à ton agression et interpellé les responsables policiers et politiques sur leur engagement sur le terrain au métro Barbès. Comment vois-tu le travail policier ces derniers temps, avais-tu remarqué une présence plus régulière ?

SL : Oui en effet, il a beaucoup plus de présence policière, avec différents services mobilisés ces derniers temps. Mais leur absence, ne serait-ce que de dix minutes, laisse le terrain libre aux délinquants qui reprennent leurs affaires de plus belle. Il faudrait une présence policière permanente et continue pour que cet espace public retrouve un jour un peu de sérénité. Et plutôt que de se concentrer sur le bout de la chaine, les vendeurs de cigarettes, peut-être que le mieux serait d’enquêter efficacement sur les ramifications étrangères de ces réseaux bien implantés.

AB : La Maire de Paris, mais également les maires d'arrondissement et de nombreux élus, et de nombreux riverains, ont exprimé leur solidarité à ton égard. Comment reçois-tu cette manifestation de soutien? 

SL : j’ai été très touché par ces nombreux messages de soutien, en particulier celui d’Anne Hidalgo. Mais depuis le temps que j’alerte les élus sur la dégradation constante de la situation au métro Barbès, j’aimerais plus des actions que des mots. Et là je parle plus pour le quartier et les habitants que pour moi.

AB : Tu es actuellement en arrêt suite à cette agression et ton kiosque est fermé. Comment s'annonce pour toi l'avenir à Barbès ?

SB : Il ne s’annonce tout simplement pas. Cette agression m’a amené à m’interroger sur le rapport coût/bénéfice de mon activité à Barbès, en tenant compte des questions financières bien sûr mais également de mon bien-être au travail, et j’en ai conclu que pour mon avenir, mon bonheur et celui de ma famille il est préférable d’arrêter là. Je ne rouvrirai donc pas le kiosque à l’issue de mon arrêt maladie. Finalement, cette période est une bonne occasion pour moi de réfléchir à ma reconversion, j’ai déjà plusieurs pistes sérieuses, mais je me laisse le temps de la réflexion. Ce que je sais c’est que Barbès, c’est fini pour moi.

Propos recueillis le 19 mai 2019

Commentaires

  • Nous habitons Château Rouge et cette entrée de métro est le seul endroit que nous redoutons dans le quartier. Je ne prends plus de sac à main quand nous sortons après que nous ayons été gazés par des pickpockets l'an dernier.

  • J'ai une méthode efficace contre les pickpockets : prenez un sac avec une grande ouverture. Aspergez l'intérieur du sac d'un liquide répugnant ou tout autre objet dont l'agresseur aura un bien mauvais souvenir.

  • Habitante de Barbès depuis plus de 30 ans, je désespère à ce que la situation de violence, traffics en tout genre ne s’améliore. Ce qu’il se passe a Barbès est inédit et ne saurait se produire dans aucun autre quartier de Paris. Ce ne serait tout simplement pas toléré. Comment en est-on arrivé là ? Quelle est la volonté réelle des autorités à prendre la mesure de la gravité de l'état de non-droit qui règne à Barbés. Mes deux enfants y ont été rackettés et agressés récemment. Je suis moi-même régulièrement insulté lorsque je rentre chez moi le soir et que je demande à libérer le passage devant notre porte cochère. Alors que fait-on ? On s’habitue au chaos malgré nous, nos enfant aussi.
    Mais comment peut-on délaisser des citoyens à ce point ? Je suis en colère. J’aime profondément Barbès. sa diversité, son éclectisme. Mais cela ne soit pas être un prétexte pour ne pas relever le défis de rendre Barbès vivable, respirable et surtout un lieu sûr.

    J’en appelle aux autorités pour un plan de sauvetage urgent du quartier avant que la situation ne devienne complètement incontrôlable et que des drames se produisent. La tension, très perceptible, est montée d’un cran ces derniers mois; il est URGENT d’agir. Les riverains, les visiteurs, les touristes ont le droit à la sécurité et à la tranquillité aussi à Barbès.

  • Je fait du message au-dessus mon message à moi. Tout est dit. La situation est déplorable. Comment sommes-nous arrivés à situation présente ?

  • Bonjour,
    Habitant rue Myrha, j'ai été victime hier boulevard Barbés d'un groupe de 3 personnes pickpocket qui ont fait preuve d'une AGILITE ET DEXTERITE PROFESSIONNELLE et ils ont été de rééls prestidigitateurs. je n'ai absolument pas vu le coup venir. Helas, j'avais mes écouteurs sur les oreilles donc distraitpar ma musique et rêveur en marchant au niveau du 24 boulevard barbes devant la societe generale, Mon portable était légerment apparent car il était mis dan la poche avant de ma veste en jean's et connecté au fil de mon casque, je n'ai pas songé a ce qu'il pouvait être l'objet d'un arrachage puisqu'au plus près de moi. Détrompez-vous, les agisseurs sont des experts, je me suis fait bousculer par un type (une trentaine d'années) côté droit avec une pression sur mon bras et en faisant mine d'être agassé et au même instant (cela se déroule en une fraction de seconde) deux jeunes (entre 15 et 18 ans) qui marchaient devant moi sont passé à ma gauche et celui qui m'a frolé m'a subtilisé mon portable en débranchant le fil a vitesse extraordinaire et une habilité qui m'épate encore. Je me suis apercu sur l'instant car ma musique s'est coupée net avant le débranchage. Ayant tourné la tête à droite et voyant celui qui m'a bousculé jai eu ce reflexe de me retourner et la je vois ces deux jeunes je comprends qu'un des deux vient de me dérober mon portable. Je l'interpelle en disant ''NON NON NON '' ET LA IL SE RETOURNE EN RIANT ET ME REND MON TELEPHONE PORTABLE instantanément comme si le téléphone n'était pas à son gout et je retiens ce sourire qu'il m'a fait qui me prévenait de faire attention et d'être bien sur mes gardes dans ce quartier. De fait, soyons vigilants et pour info. de leur côté c'est tres organisé et bien rôdé, ils agissent en bande. A ce jour je ne peux absolument pas dire si j'ai été suivi, remarqué et pisté jusqu'au passage á l'acte ou s'ils ont opéré sur le fait et rapidement comme de vrais bandits trés entrainés. Bref ne rêvons pas dans nos rues, restez concentrés et pour la signalisation les trois étaient visiblement de physique magrhébins et le plus jeune qui m'a rendu mon portable avait les cheveux bouclés sur le dessus et courts sur les côtés avec un sourire de dents gâtées...
    J'ai manqué de vigilance et je ne laisserais plus apparaitre meme un portable qui de nos jour est un objet banal et sans grande valeur mais la perte de son répertoire est vraiment pénible.
    Bien à vous... reconquérons notre Vie et mentalité parisienne, vitalité et joie

  • Le vol du portable au moment où il émet de la musique dans les oreilles de la victime n'est pas récent, ni un phénomène spécifique de Barbès. Hélas ! La narration ci-dessus est l'exact transcription de ce que m'a raconté ma fille, âgée à l'époque de 22 ans, en 2010, à la sortie du métro Barbès. Même réaction, dans son cas je dirais même plutôt véhémente, et même sourire malin du voleur.... Mais l'année d'avant, c'était à Barcelone ! Nous sommes dans un monde de voleurs, et pas seulement de téléphones....

  • Je suis furieux, SAMIR était quelqu'un de très sympa . Il a raison les messages hypocrites nous n'en voulons pas. Dans ce quartier la rue fait la loi, nulle part ce ne serait toléré.
    Mercredi dernier, jour de marché, Bd de la Chapelle 2 véhicules étaient stationnés sur la piste cyclable et une fourgonnette blanche carrément sur le trottoir le long du mur de Lariboisière et cela en toute impunité. Pourquoi, surtout ce n'est la première fois?

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