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  • Appel à manifestation : "Crack à la Villette : que fait l'État ?"

    Excédés par l'immobilisme des autorités étatiques face à la crise du crack dans le nord-est parisien, des habitants et des commerçants d'Aubervilliers, de Pantin et du 19e arrondissement appellent à une manifestation ce samedi 26 mars à 17 h 30 (le rendez-vous fixé à l'angle de l'avenue Jean Jaurès et de la rue Émile Reynaud à Aubervilliers). Une série d'actions symboliques pour exprimer la colère et le désarroi des habitants seront menées à cette occasion. Cette manifestation vise à rappeler à l'État ses responsabilités face à la situation intenable pour les habitants et commerçants des quartiers concernés. Une situation que l'État a lui-même créé en rassemblant dans ce secteur les usagers de crack déplacés des jardins d'Éole par la Préfecture de police.

    Communiqué de presse 

    Crack à la Villette : 6 mois d'inaction des pouvoirs publics : un quartier brisé mais des habitants et commerçants mobilisés

    Depuis le 24 septembre 2021, les riverains du quartier Villette - Quatre Chemins (Pantin, Aubervilliers, Paris 19e)  sont abandonnés à une situation intolérable. Depuis six mois, habitantes et habitants, commerçantes et commerçants, salariées et salariés du quartier subissent les désastreuses conséquences du déplacement d’un camp de consommateurs de crack au square Forceval, Porte de la Villette.

    Dans ce square se déroule sous les yeux de la Police un trafic de mort qui fait chaque jour plus de victimes. L'inertie de l'État face à cette situation n'a d'égal que son mépris à l'égard d'un quartier qui cumule un nombre incalculable de difficultés : pauvreté, mal logement, pollution, trafics de cigarettes et de cannabis, et depuis septembre 2021 désormais, nous vivons avec des malades à nos portes et dans une insécurité galopante pour tous.

    Les agressions et faits divers sont désormais notre quotidien. Le dernier en date : samedi 12 mars, un commerçant de Pantin a reçu plusieurs coups de cutter de la part d'un toxicomane.
    Nous ne pouvons même pas poser à l'Etat la question de savoir s'il faut un mort pour qu'il prenne enfin ses responsabilités : des morts, il y en a déjà eu plusieurs, mais passés sous silence, car de l'autre côté du mur.

    La situation est tellement intenable que des agents de la RATP ont exprimé leurs inquiétudes auprès de leur direction, certains demandant de fermer la station Porte de la Villette : les conditions de sécurité n'étant tout simplement plus réunies pour exercer le service public du transport.

    Monsieur Darmanin, à l’Assemblée Nationale s'est exprimé ainsi il a six mois : "cette situation ne peut durer que quelques heures, voire quelques jours"!

    L’Etat  se moque de nous ! Nous allons nous moquer de lui.

    Samedi 26 mars, nous inaugurons le "Quartier de la Défonce" afin de donner, dans une parodie théâtrale, un nom à cette indignité nationale.

    Samedi 26 mars, les riverains manifesteront, les commerçants baisseront leurs rideaux, pour exiger des pouvoirs publics l’évacuation de ce campement indigne et des solutions pérennes de prise en charge de ces personnes malades.

    Samedi 26 mars, au mur de la honte, interventions artistiques, discours, débats, apéro géant de combat, musique, seront organisés afin non seulement d'exprimer notre solidarité avec toutes celles et ceux qui souffrent de cette situation mais aussi notre immense colère et notre rage face aux responsables de cette situation dont le silence est assourdissant !

    - 93 Anti Crack - collectif de riverains, de commerçants, d’Aubervilliers et de Pantin
    - Des habitants et commerçants de Paris 19ème

     

    crack,manifestation,19e,État

  • Crack : signez la pétition pour l'appel aux Maires du Grand Paris

    Suite à la tribune qu'Action Barbès a co-signée avec plusieurs collectifs d'habitants du Nord-parisien, nous vous invitons à signer la pétition en ligne qui y fait écho. Vous retrouvez ci-dessous le texte de la pétition, le lien vers la pétition est en bas de page.

     

    Crack : Mesdames et messieurs les maires à Paris et dans le Grand Paris, prenez vos responsabilités face à la toxicomanie de rue ! 

    Depuis 3 mois, des consommateurs de crack vivent dans des conditions déplorables à Porte de la Villette. Plusieurs collectifs d'habitants demandent aux maires concernés - signataires d'une pétition implorant le Président de la République à agir - de mettre en place des solutions structurelles et pérennes. Ils les exhortent à faire rimer santé publique avec tranquillité et sécurité publiques sur leurs territoires.

    Les Maires du 19ème, d’Aubervilliers et de Pantin ont lancé une pétition le 22 décembre dernier implorant le Président de la République de se saisir de la situation révoltante qui s’est installée Porte de la Villette, où plusieurs centaines de consommateurs de crack ont été déplacés dans un square, en bordure de périphérique et à la jonction des villes de Pantin, d’Aubervilliers et du 19ème arrondissement de Paris.

    Cela fait désormais plus de 3 mois qu’ils y croupissent dans des conditions déplorables.

    Cet épisode n’est que la répétition d’un film que, nous, habitants du Nord-Est parisien, avons fini par connaître par cœur : quand, après un certain temps, une scène de consommation à ciel ouvert atteint les limites de l’indignité des consommateurs et de l’exaspération des riverains, le Ministère de l’Intérieur ordonne son déplacement vers un autre quartier, sans pour autant participer à la mise en place de solutions structurelles et pérennes qui sont pourtant connues, de par les réussites des projets menés en Europe et à l’international, et préconisées depuis des années par la communauté scientifique et le champ médico-social.

    Certes nous partageons la colère de ces élus locaux face aux manquements du Ministère de l’Intérieur. Cependant un passage de la pétition nous a fait réagir, par son inexactitude ou sa malhonnêteté, et souhaitons en informer nos concitoyens.

    En effet, quand nous lisons : "Vous seul, Monsieur le Président de la République, avez l’autorité pour impulser et imposer une coordination des acteurs, mettre fin à cette honte et mettre en place un modèle français de sortie du crack.” Nous ne pouvons pas totalement croire en la sincérité de la démarche de ces maires pétitionnaires.

    Car, de fait, ces maires d’arrondissements et de communes ne sont pas impuissants.

    Si l’État porte effectivement une responsabilité dans ce statu quo insupportable, les élus locaux ont néanmoins bel et bien la capacité d’agir à leur niveau. Et lorsque ceux-ci décident sciemment de ne rien faire, ils deviennent eux aussi responsables de l’enlisement de la “crise du crack” dans nos quartiers.

    Quand on apprend qu’un distributeur de kits stériles a été démonté à Aubervilliers sur demande de la Mairie, que la Mairie du 19ème a refusé l’installation d’un algéco temporaire Square Forceval ou que, contrairement à l’engagement pris par M. le Maire avant sa réélection, celui-ci a également rejeté de multiples propositions d’ouverture de centres d’accueil, de repos et d’hébergement, dont un pour femmes.

    NON, nous ne pouvons pas totalement croire en la sincérité de la démarche
    .

    Car, OUI, vous, en tant que maires, avez le pouvoir d’agir, le pouvoir de faire bouger les choses ! Une réussite en témoigne : lorsque les quelque 250 personnes qui vivaient dans le tunnel Sigmund Freud dans le 19ème ont été mises à l’abri, cela a essentiellement été le résultat d’une action municipale, alors que cela relevait avant tout des compétences de l’État.

    Nous vous disons chiche ! 

    La pétition des Maires enjoint le Président de la République à avoir “le courage de réquisitionner certains lieux vacants pour en faire des centres de soins et d’hébergement à taille humaine.” C’est la raison pour laquelle nos collectifs ont signé votre pétition.

    Montrez l’exemple ! 

    Puisque les territoires touchés par la toxicomanie de rue font nécessairement partie de la solution, il vous appartient de montrer l’exemple en vous prononçant en faveur de l’ouverture de tels centres. En effet, les expériences montrent, en France comme à l’international, que les dispositifs de prise en charge des toxicomanes ne sont efficaces que s’ils se trouvent avant tout à proximité des scènes de consommation.

    En tant que Premier Magistrat, il relève de votre pouvoir d’initier l’ouverture de ces centres. La pétition des maires prendrait alors tout son sens, si dans un second temps, le gouvernement devait en refuser le principe.

    Cessons l’hypocrisie ! 

    Tout refus de votre part, sous prétexte qu’il ne faudrait pas "rajouter de la misère à la misère” serait indécent, car ce serait instrumentaliser la précarité des quartiers touchés pour justifier de la non-ouverture de structures.  

    Il est aujourd’hui admis que les structures de prise en charge apaisent et soulagent les quartiers qui font face à la toxicomanie de rue. Nous, habitants du nord-est parisien, l’avons observé depuis 6 ans aux abords de la Gare du Nord et les différents rapports de l’Inserm ou de l’Assemblée nationale en attestent. 

    Pour mettre fin à ce film qui a trop duré et construire le "modèle français de sortie du crack" que les maires pétitionnaires appellent de leurs vœux, nous, habitants du Nord-Est parisien, vous invitons à éviter deux pièges dans lesquels la majorité des responsables politiques sont tombés :

      1. L’électoralisme : faites confiance aux recommandations du corps médico-social, inspirez-vous des réussites de nos voisins européens et ne vous laissez pas prendre en otage par des collectifs d’habitants en colère qui ne représentent pas nécessairement la majorité de la population ;

      2. Les nombreux préjugés sur les dispositifs de réduction des risques et les consommateurs de drogues : contrairement à ce que l’on entend sur les réseaux sociaux, les dispositifs de réduction des risques conviennent à la consommation de crack, sont majoritairement acceptés par la population (80% des Français y sont favorables et 55% accepteraient l’installation d’une structure à proximité de chez eux, voir le rapport de l’Inserm), apaisent le quartier d’implantation et réduisent les troubles à l’ordre public, et sont complémentaires à des dispositifs de sevrage.

     

    Nous vous demandons de faire preuve de courage politique, celui-là même que les maires pétitionnaires invoquent au Président de la République, pour engager concrètement votre territoire dans la co-construction d’un maillage francilien de centres de prise en charge des toxicomanes.

    Il n’existe pas de solution unique.

    C’est pourquoi l’extrême complexité de la situation convoque une grande diversité de dispositifs de petites tailles : centres d’hébergement, espaces de repos ouverts jour et nuit, SCMR, centres de soin, en passant par la distribution de matériels de prévention et l’analyse des drogues, jusqu’aux cures de désintoxication et aux communautés thérapeutiques.

    L’action doit passer par vous.

    S’il doit y avoir un début de réponse, celle-ci ne viendra pas d’en haut : elle viendra d’élus locaux courageux, comme vous, à Paris et dans le Grand Paris, dans le Nord-Est parisien comme dans le Centre.

    VOUS avez le pouvoir de faire rimer santé publique avec tranquillité et sécurité publiques sur vos territoires, dont vous avez, nous n’en doutons pas, la plus grande préoccupation.

     

    Les collectifs d’habitants : Action Barbès (Paris 9, 10 et 18), DASCQ (Paris 19), Mieux Agir Contre le Crack (Paris 10, 18 et 19), Parents-Riverains SCMR (Paris 10).

     

    SIGNER LA PÉTITION

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  • Maires de Paris, du Grand Paris : prenez vos responsabilités face à la toxicomanie de rue !

    Avec d'autres collectifs d'habitants du Nord parisien, Action Barbès signe une tribune publiée sur Médiapart, nous la reproduisons ci-dessous.

     

    Crack : des habitants répondent à l’initiative des maires du 19e, de Pantin et d’Aubervilliers

    Depuis trois mois, des consommateurs de crack vivent dans des conditions déplorables à Porte de la Villette. Plusieurs collectifs d'habitants demandent aux maires concernés - signataires d'une pétition implorant le Président de la République - de mettre en place « solutions structurelles et pérennes ». Ils les exhortent à « faire rimer santé publique avec tranquillité et sécurité publiques » sur leurs territoires.
     
     
    Madame et Messieurs les Maires,

    Vous avez lancé une pétition le 22 décembre dernier implorant le Président de la République de se saisir de la situation révoltante qui s’est installée Porte de la Villette, où plusieurs centaines de consommateurs de crack ont été déplacés dans un square, en bordure de périphérique et à la jonction des villes de Pantin, d’Aubervilliers et du 19e arrondissement de Paris. Cela fait désormais plus de trois mois qu’ils y croupissent dans des conditions déplorables.

    Cet épisode n’est que la répétition d’un film que les habitants du nord-est parisien ont fini par connaître par cœur : quand, après un certain temps, une scène de consommation à ciel ouvert atteint les limites de l’indignité des consommateurs et de l’exaspération des  riverains, le Ministère de l’Intérieur ordonne son déplacement vers un autre quartier, sans pour autant participer à la mise en place de solutions structurelles et pérennes qui sont pourtant connues, de part les réussites des projets menés en Europe et à l’international, et préconisées depuis des années par la communauté scientifique et le champ médico-social.

    Certes, nous partageons votre colère face aux mensonges et aux manquements du Ministère de l’Intérieur. Cependant, un passage de votre pétition nous a fait réagir, par son inexactitude ou sa malhonnêteté, et souhaitons en informer nos concitoyens.

    Vous déclarez : « Vous seul, Monsieur le Président de la République, avez l’autorité pour impulser et imposer une coordination des acteurs, mettre fin à cette honte et mettre en place un modèle français de sortie du crack. »

    De fait, vous n’êtes pas impuissants. Si l’État porte effectivement une responsabilité dans ce statu quo insupportable, les élus locaux ont néanmoins bel et bien la capacité d’agir à leur niveau. Et lorsque ceux-ci décident sciemment de ne rien faire, ils deviennent eux aussi responsables de l’enlisement de la « crise du crack » dans nos quartiers.

    Quand nous constatons qu’un distributeur de kits stériles a été démonté à Aubervilliers sur demande de la Mairie ou quand nous apprenons que la Mairie du 19e a refusé l’installation d’un algéco temporaire Square Forceval et, contrairement à l’engagement pris par le Maire avant sa réélection, a également rejeté de multiples propositions d’ouverture de centres d’accueil, de repos et d’hébergement, dont un pour femmes, nous ne pouvons pas totalement croire en la sincérité de votre démarche.

    Par ailleurs, nous notons que, lorsque les quelque 250 personnes qui vivaient dans le tunnel Sigmund Freud dans le 19e, ont été mises à l’abri, cela a essentiellement été le fruit d’une action municipale, alors que cela relevait avant tout des compétences de l’État. Cette réussite démontre bien votre pouvoir d’agir en tant que maires.

    Vous enjoignez le Président de la République à avoir « le courage de réquisitionner certains lieux vacants pour en faire des centres de soins et d’hébergement à taille humaine ». 

    Nous vous disons, chiche ! C’est la raison pour laquelle nos collectifs ont signé votre pétition, mais puisque les territoires touchés par la toxicomanie de rue font nécessairement partie de la solution, il vous appartient de montrer l’exemple en vous prononçant en faveur de l’ouverture de tels centres. En effet, les expériences montrent, en France comme à l’international, que les dispositifs de prise en charge des toxicomanes ne sont efficaces que s’ils se trouvent avant tout à proximité des scènes de consommation. En la matière, il relève de votre seul pouvoir de Premier Magistrat d’initier l’ouverture de ces centres. Votre pétition prendra alors tout son sens, si dans un second temps, le gouvernement devait en refuser le principe.

    Mais tout refus de votre part qui instrumentaliserait la précarité des quartiers touchés pour justifier de la non-ouverture de structures, arguant qu’il ne faudrait pas « rajouter de la misère à la misère », serait indécent. En effet, il est aujourd’hui admis que les structures de prise en charge apaisent et soulagent les quartiers qui font face à la toxicomanie de rue, comme nous l’avons observé depuis six ans aux abords de la Gare du Nord et comme l’attestent les différents rapports de l’Inserm ou de l’Assemblée nationale.

    Pour mettre fin à ce film qui a trop duré et construire le « modèle français de sortie du crack » que vous appelez de vos vœux, nous vous invitons à éviter deux pièges dans lesquels la majorité des responsables politiques sont tombés :

      1. L’électoralisme : faites confiance aux recommandations du corps médico-social, inspirez-vous des réussites de nos voisins européens et ne vous laissez pas prendre en otage par des collectifs d’habitants en colère qui ne représentent pas nécessairement la majorité de la population ;
      2. Les nombreux préjugés sur les dispositifs de réduction des risques et les consommateurs de drogues : contrairement à ce que l’on entend sur les réseaux sociaux, les dispositifs de réduction des risques conviennent à la consommation de crack, sont majoritairement acceptés par la population (80 % des Français y sont favorables et 55 % accepteraient l’installation d’une structure à proximité de chez eux, voir le rapport de l’Inserm), apaisent le quartier d’implantation et réduisent les troubles à l’ordre public, et sont complémentaires à des dispositifs de sevrage.

    Enfin, nous vous demandons de faire preuve du même courage politique que celui que vous invoquez au Président de la République, pour engager concrètement votre territoire dans la co-construction d’un maillage francilien de centres de prise en charge des toxicomanes.

    Il n’existe pas de solution unique. C’est pourquoi l’extrême complexité de la situation convoque une grande diversité de dispositifs de petites tailles : centres d’hébergement, espaces de repos ouverts jour et nuit, SCMR, centres de soin, en passant par la distribution de matériels de prévention et l’analyse des drogues, jusqu’aux cures de désintoxication et aux communautés thérapeutiques.

    S’il doit y avoir un début de réponse, celle-ci ne viendra pas d’en haut : elle viendra d’élus locaux courageux, comme vous, à Paris et dans le Grand Paris, dans le Nord-Est parisien comme dans le centre. Votre courage sera récompensé car vous aurez su faire rimer santé publique avec tranquillité et sécurité publiques sur vos territoires, dont vous avez, nous n’en doutons pas, la plus grande préoccupation.

    Action Barbès (Paris 9, 10 et 18)
    DASCQ (Paris 19)
    Mieux Agir Contre le Crack (Paris 10, 18 et 19)
    Parents-Riverains SCMR (Paris 10)

     

    Si vous souhaitez soutenir cette initiative, vous pouvez le faire en partageant cette tribune et en signant cette pétition : "Maires de Paris, du Grand Paris : prenez vos responsabilités face à la toxicomanie de rue !

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  • Crack, il y a urgence à agir !

    Depuis plus d'un an maintenant, les quartiers Nord de Paris, notamment les 18e, 19e, 20e arrondissements, et même le Nord du 10e, font face à un nombre sans précédent de personnes en précarité et sans logement, personnes migrantes pour beaucoup. La plupart décident de se regrouper afin d’être plus en sécurité qu’isolées dans la rue, souvent par nationalité ce qui peut créer des tensions entre différents groupes. Les associations intervenant sur le quartier, ainsi que les associations de riverains, alertent l’État et la Ville depuis longtemps pour que ces personnes soient prises en charges, hébergées et aient accès aux soins dont beaucoup ont besoin après un parcours migratoire semé de traumatismes, de violences, de viols, voire d’esclavage. Un parcours qui pour certains va les conduire sur le chemin de la drogue, celui du crack en particulier.

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    La Mairie de Paris, même si cela n'est pas de son ressort premier, a mis beaucoup de temps à prendre la mesure du problème et à proposer des solutions, peut-être pensant d'abord que Paris n’était qu’une étape du parcours pour beaucoup de migrants. Quant à l’Etat, les réponses ont quasiment toutes été très en deçà des attentes, comme les démantèlements de campements sans solutions durables d'hébergement. Cette situation a fait s’isoler encore plus ces personnes, et les rendre de fait vulnérables aux trafics de drogue en pleine expansion sur ces quartiers, notamment celui de crack. Beaucoup de personnes à la rue, se sont ainsi mises à en consommer, aboutissant à un nombre très inquiétant de personnes accrocs au crack sur les 10e, 18e, 19e et 20e arrondissements. Les associations de réduction des risques oeuvrant ici s’en inquiètent elles-mêmes et tirent la sonnette d’alarme. Rappelons que les effets du crack sont différents de ceux de l’héroïne, jusqu’ici plus consommée dans nos quartiers, et peuvent mener à beaucoup plus de crises d’agressivité et donc plus de confrontations et de violences entre consommateurs. Autant de difficultés pour le travail des associations, et autant de désagréments pour le voisinage qui assiste impuissant à ce drame.

    L’Etat, la Région et la Ville se renvoient sans cesse à leur responsabilité respective, et le jeu politicien qui se joue autour de cette question est difficilement compréhensible au vu de la gravité de la situation, pour ces personnes dans une grande précarité sociale et sanitaire, et pour les quartiers du Nord parisien, durement éprouvés ces dernières années.  Il est des urgences qui méritent qu'on dépasse les clivages habituels pour le bien commun. 

    On ne pourra pas répondre efficacement à ce problème seulement par les voies, nécessaires, de la santé et de la sécurité, aujourd'hui il faut que les réponses s'engagent surtout sur la voie sociale et de la solidarité. Bien sûr, face à cette situation il faut plus de moyens pour la réduction des risques et les dispositifs d’accompagnement, comme l’ouverture de nouvelles salles de consommation à moindre risque, mais elles ne seront jamais suffisantes. L’urgence est l’ouverture de nouveaux hébergements, ainsi qu’un accompagnement social digne pour sortir ces personnes de la misère et ainsi les mettre à l’abri de l’influence des trafics, et également pour la tranquillité publique. 

    La Ville a déjà annoncé l’ouverture de 120 places supplémentaires (il y en avait 60) en hébergement pour ces personnes, c'est un effort certain, mais elles paraissent bien dérisoires face au nombre de personnes concernées. Il est vital que l’État, la Région et la Ville - les communes voisines concernées pourraient être associées - prennent leurs responsabilités face à cette question, et travaillent conjointement pour apporter des réponses d'envergure qui s'inscrivent dans la durée. 

  • Stalingrad, toujours le crack

    Parallèlement à la fermeture prévue des jardins d'Eole à partir du 18 mars, la préfecture de police publiait récemment un long article sur le crack, et en corollaire sur la récente création d'une zone de sécurité prioritaire dans le 19e. 

    Voici plus bas des extraits de cette publication. Si l'on admet que les addictions ont toujours existé, que la toxicomanie est un mal ordinaire, comme l'alcoolisme ou la tabagie, il serait temps de traiter les nuisances qui lui sont liées comme des nuisances ordinaires aussi. On autorise bien les alcooliques anonymes à se réunir, on organise la vente d'alcool et de tabac en la taxant au passage pour le plus grand bien des finances de l'état. Quelle différence avec les drogues ? Tous les usagers de ces substances dangereuses en sortent - quand ils en sortent - dans un état de santé inquiétant. Mais la méconnaissance des addictions (processus, sortie) par le plus grand nombre associée aux tabous qui les entourent, favorise les craintes et les angoisses. Mais les fumeurs dont les poumons sont nappés de goudron ne sont-ils pas eux aussi dans un état de santé inquiétant ? Les alcooliques ne sont-ils pas des malades dont la santé est également très précaire ? Le nombre des décès par cancer des poumons n'est-il pas un sujet préoccupant, et ne représente-il pas une charge lourde pour les caisses maladie de nos pays ? 

    Même si nous reproduisons les écrits de la Préfecture de police, nous ne sommes pas convaincus par l'action de la police en matière de drogues. Depuis des décennies, la législation est répressive plus que préventive sur ce fléau et elle a montré son incapacité à en réduire la portée. Alors à quand une autre vision et d'autres moyens pour limiter les ravages de tous ces produits qui fonctionnent par addiction du consommateur ? 

    Extrait du Pprama n° 257 du 27 février 2012

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    • Le crack : de quoi s’agit-il ?

    Dérivé de la cocaïne, aussi appelé cocaïne base ou free base, mélangé à du bicarbonate de soude et/ou à de l’ammoniaque, le crack se présente sous la forme de petits cailloux. Chauffés pour être consommés - par inhalation de vapeurs -, ils émettent à cette occasion des craquements qui ont donné son nom à cette drogue.

    • Ses effets et corollaires

    Son action est aussi rapide - 5 à 10 secondes - que brève, 5 à 15 minutes. La sensation de fulgurance et sa fugacité conduisent à répéter les consommations de façon rapprochée et compulsive. Les effets : rapide dépendance, état dépressif, hallucinations, comportement violent, paranoïaque, suicidaire et lésions pulmonaires. 77% des consommateurs de crack y associant de l’alcool, ce cocktail détonnant augmente encore le risque de violences mais induit également troubles et atteintes à la tranquillité et à la salubrité publiques – cris, vociférations, épanchement d’urine…

    • Le 19e arrondissement, un quartier particulièrement touché, une solution : la ZSP

    Ce tableau noir, c’est celui que connaît une partie du 19e arrondissement de Paris - la place de la bataille de Stalingrad, le bassin de la Villette, le jardin Eole, la cité Reverdy - et auquel les riverains - commerçants et habitants - sont confrontés quotidiennement. Aux nuisances importantes évoquées s’ajoutent la dépossession d’une partie des espaces - publics et privés (halls d’immeubles, parkings) - où consommateurs et trafiquants se regroupent et stagnent, ainsi qu’un fort sentiment d’insécurité dont sont également victimes touristes, passants, promeneurs.

    La vente et la consommation de crack constituent l’une des deux problématiques  (la seconde concerne les vols avec violences) ayant conduit à la mise en place d’une nouvelle zone de sécurité prioritaire (ZSP) dite « Stalingrad – Orgues de Flandre » dans le 19e arrondissement, le 13 février dernier. Il s’agit grâce à une coordination renforcée et suivie entre police, justice et collectivités territoriales de renforcer la sécurisation de ces territoires et de permettre aux habitants de se réapproprier leur quartier et d’user librement de l’espace public.

    • Le dispositif police de la ZSP* « Stalingrad - Orgues de Flandre » contre le crack

    Reprendre possession de l’espace public et empêcher par la suite les toxicomanes et les dealers de le réinvestir à leur seul profit, sont les missions qui incombent à la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), aux CRS et à la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC). Ces services assurent une présence jour et nuit sur les points de fixation du trafic et mènent des opérations quotidiennes d’éviction. Parallèlement est accompli un travail de fond de démantelement des  réseaux par les directions de la police judiciaire et du renseignement, en charge des investigations et de la recherche d’informations.

    * La ZSP, zone de sécurité prioritaire est la seconde zone de cette sorte sur Paris après la création de la ZSP Barbès Chateau Rouge.