Le premier contact pour nous devait servir à comprendre comment fonctionne ce service de la Propreté de Paris. Qui a compétence pour verbaliser, pour quelle infraction, sur quelle base, qui déclenche le contrôle dans une rue plutôt que dans une autre, quel est le montant de l’amende, et en vertu de quel règlement, etc.
Le rendez vous avait été pris par téléphone à la demande des inspecteurs qui souhaitaient nous rencontrer. Ils s’étaient annoncés en nombre, et en effet, le 8 juin, ils sont venus nombreux : deux inspecteurs de la section du 9e, deux de la section du 10e et deux du 18e, puis un chef de groupe, et un responsable de la DPE 9e. Il faut dire que notre courrier au maire du 10e dans les premiers jours du mois de mai, à la suite d’un éparpillement peu imaginable d’ordures de toutes sortes, avec copie au maire du 9e et aux directions concernées par cette situation, avait du faire mauvais effet. Nous assistons, il nous semble, aux retombées.
Une fois les présentations faites, il nous a été expliqué que les inspecteurs de la salubrité sont des personnels qui dépendent de la préfecture, qu’ils interviennent sur les espaces privés, à la demande de la Ville ou de la Préfecture de police, ou encore à la suite de plaintes. Nos interlocuteurs, eux, sont des inspecteurs de la CAPP, qui est une section de la DPE, chargé de la verbalisation. Quant à la DPP (Direction de la protection et de la prévention), c’est une direction de la Ville de Paris indépendante, qui a parfois des tâches qui recoupent celles de la CAPP. Elle intervient aussi à la suite de plainte, toutefois sur des plages horaires plus larges. DPP et CAPP travaillent rarement ensemble.
Les inspecteurs nous ont exprimé la difficulté actuelle pour dresser une contravention (principe du carnet à souche comme pour le stationnement). Dans un premier temps, il faut tomber sur le contrevenant sur le fait. Vous voulez des exemples ? Le maître de chien qui regarde son chien souiller la chaussée et qui s’en va sans ramasser. L’individu pris en train d’uriner contre un pilier, ou un porche. Un chauffeur de camionnette qui dépose des sacs de gravats le long d’un immeuble. Un particulier qui abandonne un sac poubelle au pied d’un arbre au lieu de se déposer dans le conteneur de son immeuble. Le commerçant qui laisse des cartons sur le trottoir en dehors des conteneurs prévus pour ses déchets. La liste est longue, mais il est difficile d’être là juste au bon moment. Ces agents travaillent pourtant en roulement avec des permanences élargies de 4 h du matin à 23h15...
Il n’en demeure pas moins que certaines zones demanderaient une action plus forte au niveau de la répression. Celle-ci est difficile à exercer autour du carrefour Barbès. Les verbalisations faites en fin d’hiver sur les « pisseurs » invétérés s’est faite avec un grand nombre d’agents, des renforts en quelque sorte, car manifestement ces derniers ne sont pas très tranquilles. Les personnels ne sont pas armés, bien sûr. Sinon parfois de pelles… Autre difficulté rencontrée : beaucoup de personnes sans papier, sans argent, précaires. Difficile de dresser un PV. Les inspecteurs appellent la police qui réagit rapidement pour être sur place lors de litige ou d’absences de papier (ou refus de les présenter). Cependant, les problèmes semblent avoir diminué le long des piliers de la station depuis qu’il n’y a plus de stationnement. Les hommes ne se cachent plus aussi aisément derrière les voitures.
Dans les arrondissments qui nous intéressent les inspecteurs sont au nombre de 2 dans le 9e, de 4 dans le 10e et 4 dans le 18e. En CICA du 10e récemment, nous avons entendu Rémi Féraud se réjouir de l’obtention de deux inspecteurs supplémentaires pour son arrondissement. La présence des gares le justifient pleinement, tout comme les problèmes de propreté dans le 10e justifient que le maire ait choisi d’en assumer la délégation.
Le premier point sur lequel nous nous sommes arrêtés est bien entendu le haut du faubourg Poissonnière qui fait l’objet d’une pétition au niveau de l’immeuble du 183 de la rue. Malgré un air frais le matin de la rencontre, l’odeur d’urine était forte. En revanche, les amas de détritus avaient du être déjà enlevés. Seuls quelques résidus trainaient dans le caniveau.
Nous avons ensuite traversé la rue du faubourg Poissonnière pour observer en passant l’état de la colonne à verre. Des structures de l’échafaudage que l’on démonte actuellement au 153 bd de Magenta empiètent sur la base de la colonne, mais cette situation n’est que temporaire. Le chef de chantier nous a précisé que la base de vie stationnée sur le côté 10e allait être enlevée en même temps que l’échafaudage. Elle permettait aux ouvriers de se changer ou de déjeuner à l’abri, c’est toujours le cas quand un immeuble ne dispose pas d’un local pouvant offrir ces services. C’est une bonne nouvelle, car elle favorisait les dépôts sauvages et les épanchements nocturnes des marginaux qui passent une partie de la nuit à boire assis sur le rebord du magasin « Le Palais de l’Homme ». Les inspecteurs nous ont tout de suite fait remarquer que ces marches sont connues pour favoriser les regroupements de personnes. Oui, certes, c’est cet argument qui a fait disparaître nombre de bancs, dans Paris et ailleurs, quand leur occupation est mal perçue par les riverains, et parfois vraiment insupportable.
Une remarque sur la colonne à verre de la placette : elle n’est pas productive. En langage propreté : elle est insuffisamment utilisée et seulement vidée deux fois par mois. Gageons qu’elle ne contient pas que du verre ! Même résultat pour celle de la placette Paré-Patin.
Nous avons fait constater que la poubelle de rue face au 155 avait disparu : elle sera remplacée. En face, près de l’abribus, un autre réceptacle à papier ne serait pas de trop. Nous avons appris à propos des corbeilles de rue, que leur embouchure large est considérée comme favorable à un usage abusif, notamment par les habitants ou les commerçants qui y logent de pleins sacs d’ordures. Elles n’étaient pas prévues à cet effet, ainsi elles se remplissent trop vite et débordent. Elles doivent être collectées et remplacées plus souvent qu’il n’était prévu. Résultat un surcoût. La DPE réfléchit à de nouveaux modèles avec une « gueule » plus réduite. Mais elles seront changées au fur et à mesure de la casse ou de l’usure.
Notre petite troupe a traversé pour se rendre sous le viaduc face à Tati. Nous avons signalé la présence récurrente d’encombrants sous le viaduc entre les piliers, et au fond derrière la station de Vélib’, également les fientes de pigeons qui souillent le pavement et les vélos du fait des filets déchirés. Mais le filet est du ressort de la seule RATP. Ils peuvent bien sûr signaler un problème concernant la RATP, comme ce fut le cas avec le dépôt de sacs d’ordures en dehors des horaires de collecte. Nous les signalons nous même à notre interlocutrice de la RATP qui fait remonter l’information auprès du prestataire de service nettoyage de la régie. Dirons-nous que nous les court-circuitons ? Oui, mais pour la bonne cause.
Traversée devant chez Tati, puis devant chez Vano. Les vendeurs à la sauvette ne manquent pas de nous proposer des cigarettes… Les inspecteurs jettent un regard dans les caches, dans les parties basses des feux tricolores. Tout le monde connaît, tout le monde sourit. Nous apprenons que les inspecteurs ne verbalisent pas les étalages qui s’étalent... Là, c’est la DU qui est toute puissante, ou les forces de l’ordre.
Nous avons fait remarquer aux inspecteurs l’affichage sauvage qui couvre maintenant règulièrement les murs du pavillon de la RATP en briques sombres, qui se trouve au cœur de la station. Il s’agit là d’un édifice privé aux yeux de la CAPP. Il faut donc prendre contact avec le propriétaire, obtenir son accord avant de procéder au néttoyage, car il sera facturé. Sinon, il fait faire lui-même le désaffichage.
Plus tard, nous longeons le mur de l’hôpital sur le boulevard de La Chapelle. Les inspecteurs apprécient la poubelle en inox, nouvellement installée sous le distributeur de seringues et devant récupérer les boites et les kits usagés. Elle répond à la demande des agents de propreté qui craignaient pour leur sécurité (contamination possible lors de la collecte) La corbeille (RDP, réceptacle de propreté) à côté n’a plus de raison d’être; elle n’est d’ailleurs plus approvisionnée de sac plastique; elle devra être retirée. Même situation pour le second distributeur implanté rue de Maubeuge, toujours le long de l’hôpital. En revanche, sur ce tronçon, les RDP ( !) sont nombreux et permettent aux chauffeurs de car de tourisme de vider leurs détritus.
Nous revenons par la rue Ambroise Paré et la rue Guy Patin. La CAPP a beaucoup verbaliser contre les épanchements d’urine et ses agents se souviennent combien les locaux du Don du sang étaient polués par ces infractions avant la fermeture par les grilles actuelles.
Retour devant le Louxor. Les inspecteurs nous ont bien confirmé combien il est difficile d’améliorer la propreté dans notre quartier. Pour autant, ils ont aussi un rôle d’information non négligeable auprès des commerçants et des gardiens d’immeubles (quand ils sont encore là). Ils tentent de faire disparaître les mauvaises habitudes.