Le président des commerçants du marché de Barbès nous avait avertis par un coup de téléphone, et le Parisien aussi dans son article du 17 avril : on allait faire du bruit devant la sortie Guy Patin de la station du métro Barbès-Rochechouart, quitte à devoir s'enchaîner aux grilles de la RATP dès l'aube pour empêcher leur fermeture. C'était sans compter avec la parution de l'article du Parisien, qui n'a pas su tenir sa plume et a révélé le plan trop tôt.
En effet, nous étions bien au barreau Patin, dès 8 heures du matin, c'est à dire environ une heure avant que les agents de la RATP ne tirent la grille, habituellement. Sauf que.... la grille n'a pas été rouverte après l'interruption du service la nuit ! Une banderolle de l'association des paralysés de France (APF), barrant les grilles dans leur largeur, clamait l'accessibilité d'une France olympique... un brin ironique l'APF ! Il faut reconnaître qu'ils ont souvent eu le talent de trouver des slogans efficaces et humoristiques. Chacun se souviendra des spots de télévision cinglants pour faire respecter les stationnements réservés en ville : « Si tu prends ma place, prends aussi mon handicap ! »
Nous n'étions pas les seuls à avoir répondu au rendez-vous. Outre le représentant de la délégation de Paris de l'APF, la commissaire Goetz et une brigade de police du 18e étaient là, un représentant de la Préfecture aussi, des commerçants autour de leur président, Elie Sabban et des membres d'Action Barbès. Au cours de la matinée, nous avons échangé avec de nombreux usagers du métro, des salariés se rendant au travail, des clients du marché avec leurs caddies pleins, des personnes âgées navrées de devoir faire le tour de la station pour pénétrer à l'intérieur. Tous sont indignés par la réaction de la RATP. Nous comprenons que la Régie soit exaspérée par la présence de sauvette au cœur de sa station. Nous comprenons que la densité de la foule perturbe le passage des usagers et rende cette sortie problématique. Mais fermer une issue, une grande sortie comme celle de la rue Guy-Patin, est un acte autoritaire qui ne tient pas compte des usages locaux. On est face à un marché très fréquenté avec des acheteurs qui sont nombreux à venir de loin, souvent de plusieurs stations de métro sur la ligne 2 ou la ligne 4, chargés de sacs ou de caddies qui se prêtent mal à une montée par des escaliers. Beaucoup de personnes âgées viennent faire leur course dans la matinée. Elles évitent soigneusement les heures de rush à l'approche de midi, car l'allée centrale est alors impraticable et loin d'être sécurisante.
Cette fermeture est très mal perçue, elle indigne. Tous nous ont fait des remarques en ce sens. Par ailleurs, une situation d'urgence avec évacuation de la station, ou la nécessité pour les pompiers de se rendre à l'intérieur serait dangereusement retardée par ces grilles fermées.
Les élus ne sont pas restés sans agir. Dans les conseils d'arrondissement des 16 et 17 avril, les élus des 10e et 18e ont voté un vœu pour marquer leur désapprobation à la décision de la RATP et pour demander une réouverture immédiate. Le Conseil de Paris dans ses séances des 2, 3 et 4 mai prendra le relai, dans le même sens, il y a fort à parier.
Pour autant nous ne sommes pas très optimistes, car les arguments qu'avance une responsable de l'agence de développement de Paris, qui a tout de même pris la peine de nous appeler, sont anciens, connus, éculés : nous réouvrirons la sortie Patin quand une solution aura été trouvée pour évincer les sauvettes de l'intérieur de la station. Et qui trouve la solution ? La journaliste du Parisien, dans son article paru en fin de semaine dernière, ne disait pas autre chose d'après ses contacts : "De son côté Raphaël René-Bazin, responsable de l’agence territoriale de la RATP, reconnaît que la mesure n’est « pas optimum mais nécessaire à la fluidité de la station et à la sécurité des usagers ». Il rappelle avoir « alerté à plusieurs reprises les institutions sur la situation ». Pour le moment, la RATP maintient donc cette mesure." D'autres appelleront cela un statut quo.
Attendons la question du prochain Conseil de Paris à laquelle la RATP devra bien apporter une réponse. Nous supposions pourtant que les agents de sécurité des Réseaux ferrés auraient pu collaborer avec la police. Quelle que soit l'issue de la crise, nous soutenons qu'on ne règle pas la présence des sauvettes en fermant les portes. La fièvre ne disparaît pas en cassant le thermomètre. Circulez, il n'y a rien à voir !
Commentaires
De toute façon cette entrée, ouverte, il est pratiquement impossible de se frayer un chemin pour y accéder, l'espace étant occupé par toute une faune peu encline à se pousser pour vous laisser passer.
D'accord, on ne guérit pas une fièvre en cassant le thermomètre... mais en confinant le patient au lit, avec interdiction de sortir! La, c'est interdiction d'entrer... Il faut faire ce qu'il faut faire. La SNCF a la responsabilité d'assurer la sécurité des usagers...ces vendeurs a la sauvette sont une veritable plaie pour tous les usagers... On compati avec les usagers potentiels, mais cette manifestation m'a tout l'air d'un coup de pub... dans quel but? On ne peut pas se plaindre des vendeurs a la sauvette et en même temps se plaindre d'un e action pour y remédier... Il faut accepter les consequences de ce que l'on demande...