Dans le cadre du Budget participatif de 2015, notre association avait proposé un projet au titre ronflant
« Aérer le marché de Barbès au centre ! »
Le projet n'a pas passé la commission d'arrondissement du 18e au motif que toute place libérée dans ce périmètre attire les sauvettes, les deals, et cela dans la bouche des représentants de la Direction de la Prévention et de la Protection des Parisiens (DPP), qui ne sait pas comment s'en débarrasser une fois installés. Certes, mais dans ce cas-là, laissons les choses en l'état. Ne nettoyons plus les trottoirs car ils seront rapidement de nouveau salis. Ne verbalisons pas les automobilistes mal stationnés, car ils seront remplacés par d'autres. Et pour pousser le jeu à l'absurde, ne lavons pas nos assiettes, car demain nous y mangerons à nouveau ! Raisonnablement on ne peut pas agir ainsi.
La présence en demi-teinte de la DPP
Ce n'est pas la seule déception que nous ayons eue en provenance de la DPP. Ses agents ne sont pas compétents pour toutes les fonctions de prévention ou de sécurité. Ce ne sont pas des policiers. Chacun sait que les pouvoirs de police à Paris sont entre les mains de la Préfecture de Police. Pourtant sur le marché, où ils sont présents très régulièrement pour ne pas dire deux fois par semaine, leur rôle n'est pas bien clair. N'ont-ils pas pour mission d'empêcher la vente à la sauvette dans l'allée centrale du marché car elle perturbe gravement le cheminement des clients ? Or, les marchands d'herbes aromatiques et ceux de chaussettes s'y sentent assez à l'aise. Au point d'être présents certains jours en une ligne continue.... D'aucuns disent que la vente de persil, coriandre, etc. rapportent assez bien aux grossistes. Difficile à vérifier. Mais les marchands dument installés sur des étals autorisés ne semblent pas protester. A qui profite donc cette vente que rien ni personne ne perturbe ?
De quoi s'agissait-il exactement dans cette proposition ?
Pour revenir à notre projet débouté suite à l'avis négatif de la DPP, il s'agissait d'ouvrir le marché plus ou moins en son centre en interrompant la continuité des étals (diriez-vous des étaux ? autrefois on le disait, mais ce n'est pas le propos ici...). Nous l'avions décrit ainsi sur le site des Budgets participatifs en 2015 :
Descriptif de l'idée proposée
Dans un marché très dense, difficile d'accès pour tout le monde, clients et commerçants, nous proposons de créer un espace libéré de stands, disposant de bancs, éventuellement d'un stand fixe (boissons+viennoiserie, pourquoi pas?) pour les clients du marché mais également pour les commerçants, situé au niveau de l'entrée des urgences nord de Lariboisière, là où les trottoirs sont déjà abaissés et le passage piétons aménagé. Equipé d'une sanisette supplémentaire.
→ Recréer un marché agréable à fréquenter et en limiter les débordements.
Côté 18e, la crèche Kangourou
Rien de révolutionnaire donc, et qui s'inscrivait plutôt bien dans ce qu'on a pu lire dans le Parisien peu de temps après, sur le renouveau des marchés parisiens. (Voir l'article du Parisien de décembre 2015 en ce sens)
En effet, l'idée commence à faire son chemin que les marchés parisiens doivent se prêter à un nettoyage et tenir compte des habitudes de consommation et d'approvisionnement des nouvelles générations de Parisiens, faute de quoi, ils périront moches et vieux, et abandonnés à leur triste sort. Car ne nous y trompons pas, si le marché de Barbès génère des flux énormes au niveau commercial, les tonnages vendus sont impressionnants, il génère aussi des nuisances dans les mêmes proportions. Faut-il que nous en fassions la liste ? Nous les évoquions en bref dans le chapitre « situation actuelle – diagnostic » de la plate-forme Budget Participatif 2015 :
Situation actuelle – Diagnostic
• Le marché de Barbès (en fait de la Chapelle) devient de plus en plus anarchique, malgré l'extension de l'allée centrale qui continue à être occupée par des volants/vendeurs sauvette, essentiellement herbes aromatiques et chaussettes/slips. • La déambulation est rendue difficile à la fois dans l'allée centrale et sur l'arrière des stands, où la plupart des commerçants ont ouvert un étal avec vente. • Pour les commerçants, le stockage des cartons/clayettes est difficile. Leur transport vers la broyeuse située côté 10e est compliqué. Les hommes chargés de cette collecte slaloment dangereusement entre les voitures sur la chaussée. • Les camions des commerçants encombrent régulièrement les trottoirs le long de l'hôpital boulevard de la Chapelle côté 10e rendant l'accès aux piétons parfois impossible. • L'espace du marché est impossible à traverser du nord au sud et inversement, pour une personne à mobilité réduite (handicap, poussette, etc), il faut en faire le tour. •• Le marché est actuellement très mal géré et il semble indispensable de le réduire.
La lecture de notre proposition de l'an passé aide à comprendre mieux l'impatience à voir des signes concrets de prise en compte de la situation du marché. D'autant que nous avons fait de multiples signalements dans le cadre des Comités de pilotage Barbès qui existent depuis 2007 et se tiennent au secrétariat de l'Hôtel de Ville, en présence des responsables des services, acteurs de terrain.
L'impact sur la création de la Promenade Urbaine de Barbès à Stalingrad
En dehors du cadre des budgets participatifs, nous avons obtenu l'engagement des maires des 10e et 18e, et de la maire de Paris, puis l'inscription au plan d'investissement de la mandature (PIM) de la Promenade Urbaine de Barbès à Stalingrad. C'était une immense satisfaction. Après le Louxor acquis sous Delanoë I., puis la brasserie Barbès sous Delanoë II, nous avions un beau projet pour Hidalgo I. Oui, mais...
Nous avons pu constater que les premières études menées par l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), au 1er trimestre 2015, avaient fait l'impasse sur le marché, ne commençant qu'au carrefour Chapelle-Tombouctou-Maubeuge, à l'angle Est de l'hôpital. Déjà nous nous inquiétions... mais nous restions confiants car l'immense campement de migrants situé au-dessus des voies de la gare du nord avait trouvé une solution. Peut-être pas idéale aux yeux de tous, mais l'espace restait libre et pourrait accueillir des activités plus en harmonie avec les habitants du quartier.
Et le marché alors... ? Il ne pouvait rester en l'état. Pour nous, c'était clair. Il devait retrouver un fonctionnement normal et rentrer dans les clous, respecter la réglementation des marchés parisiens.
Nous avons activé nos constacts pour faire en sorte que soit modifié le cahier des charges de la délégation de service public qui confie à un délégataire, donc, la gestion du marché, contre une redevance à la ville. La durée du contrat était passée de 6 ans à 4 ans, et l'échéance avait lieu en 2015. Il n'était que temps de s'en préoccuper. Mais rien n'y fit. Pas même en juillet 2015 la rencontre avec des responsables de la Direction du développement économique, de l'emploi et de l'enseignement supérieur (DDEEESS) devenue Direction de l'attractivité et de l'emploi (DAE) récemment. Bien plus tard, nous avons appris que les éventuelles refontes d'un cahier des charges, quand elles sont décidées, débutent deux ans avant le terme du contrat, or cela nous ramenait à 2013, en pleine campagne des Municipales et les décideurs avaient l'esprit à autre chose que la gestion des marchés découverts, même s'ils sont 71 dans tout Paris et méritent toute notre attention. Dommage.
Puis a suivi une série d'articles pour sensibiliser les lecteurs du blog, au nombre desquels il faut compter les élus, bien sûr (voir nos articles du 22 février et du 4 mars). Certains propos, certaines photos ont impressionné. Nous avons obtenu un rendez-vous auprès de l'adjointe d'Anne Hidalgo chargée du Commerce, Olivia Polski, en février. L'élue n'a pas découvert la situation grâce à nous, nous ne sommes pas si prétentieux, mais son écoute a été très attentive et nous attendons maintenant la tenue du prochain Comité de pilotage Barbès pour mesurer l'étendue de son engagement à faire bouger les lignes et à rétablir un focntionnement harmonieux du marché de Barbès. Auquel, rappelons-le, nous sommes très attachés. Il ne s'agit aucunement de le voir disparaître ou se transformer en marché haut de gamme. Pas du tout. Il doit ressembler à la moyenne des marchés parisiens et ne pas déborder de toutes parts.
côté 10e l'entrée des urgences Nord de Lariboisière
Un marché comme celui qui se déroule boulevard Richard Lenoir nous paraît être un bon exemple à suivre... Quelques photos ci-dessous. Y compris pour le "rangement" des camions dont la majorité se retrouve en épi le long des trottoirs. Momentanément, la piste cyclable est occupée, c'est vrai. Dommage.
Vous remarquerez qu'on ne voit pas de monceaux de détritus comme sur le boulevard de La Chapelle, que les voitures des particuliers ne se permettent pas de stationner en double file non plus. Et que les camions des marchands ne sont pas dans l'état de délabrement qu'on connaît par chez nous... Nous doutons que l'activité de commerce de fruits et légumes, ou d'autres denrées soit moins rentable à Barbès que sur un autre marché découvert étant donné les tonnages vendus en quelques heures.
Aussi nous demandons l'application des mêmes règles ici comme ailleurs, des autres marchés parisiens. Le conseil de Paris en parlait hier. Nous vous transmettrons au plus vite le vœu qu'il a formulé.