La mairie du 18ème et la Mission Cinéma de la Ville de Paris (MCVP) nous ont fait passer une soirée de lundi entièrement consacrée au Louxor !
Dans le cadre de ses actions tournées vers le public et plus particulièrement vers les habitants et les associations du quartier Barbès, la MCVP et l'architecte chargé du projet, Philippe Pumain, ont organisé une visite du chantier à 17h lundi dernier. Une vingtaine de personnes se sont retrouvées là, majoritairement des membres d'associations qui suivent depuis longtemps le projet.
Le chantier, malgré un peu de retard avoué par la MCVP, va bon train. Le gros oeuvre sera terminé fin 2011 et commenceront alors les travaux d'équipement (électricité, chauffage, ... enfin tous les fluides) ainsi que les travaux liés à l'isolation phonique et la décoration. Fin des travaux en décembre 2012 pour une ouverture au printemps 2013. Planning maintenu donc.
Au sous-sol, les deux nouvelles salles reposent sur des micro-pieux profonds de 80m afin d'atteindre le sol dur. Les gradins des salles sont déjà en place. La salle moyenne (140 places) est assez en largeur et sera équipée d'une petite scène et d'une régie pour permettre à un petit orchestre, par exemple, de se produire. La petite salle (74 personnes) présente, elle, de belles proportions qui devraient en faire un endroit convivial.
Au rez-de-chaussée, il est encore difficile de se faire une idée de ce que sera la grande salle (ci-dessus). La structure métallique qui accueillera à la fois l'isolation phonique (la fameuse boite dans la boite) et les deux balcons suspendus est impressionnante. Cette structure métallique repose sur des boites à ressorts (ci-contre) qui empêchent la propagation des ondes et isolent ainsi le lieu phoniquement. Même procédé pour les deux salles en sous-sol.
La salle dite "d'exposition" est assez petite et peu commode du point de vue de l'accrochage éventuel, (forme en trapèze avec beaucoup de coins), mais elle possède un certain charme grâce à des colonnettes recouvertes de mosaïques. A l'étage au-dessus, le "Café Club" qui pourra s'ouvrir à la belle saison sur la terrasse dominant le carrefour est prometteur, même s'il compte un peu moins de 40 m2, heureusement multipliés par deux par la terrasse.
Le débat, voire la polémique, à propos de la préservation du patrimoine est close. Mais la visite du chantier montre clairement que ce qu'il reste des décors d'origine sera enseveli. Il a été confirmé qu'ils seraient refaits au pochoir et d'ailleurs dans sa présentation, l'architecte Philippe Pumain parle désormais de rénovation et non plus de restauration. A noter aussi que les proportions originelles de la salle ne sont pas maintenues et que l'écran d'origine sera caché derrière un mur sur lequel viendra se placer un écran de même taille lui même caché par un écran géant tombant du plafond. C'est ce que le "métier" entend par écran polichinelle.
L'extérieur fait l'objet de beaucoup d'attention car répertorié. Façades et toit !
Commençons par le toit, plafond de la grande salle, qui a été démonté puis sera remonté après l'installation de la pompe à chaleur, la "thermofrigopompe". En effet, le Louxor va bénéficier d'une technologie maintenant bien au point qui consiste à chauffer ou réfrigérer de l'eau pour la climatisation des salles. A quelques 70 m de profondeur se trouve une nappe phréatique dont l'eau est à température constante de 14°C. Cette eau sera utilisée pour chauffer l'établissement en hiver avec un apport de calories ou pour le rafraichir en été. L'énorme pompe à chaleur a été installée au dernier niveau par le toit nécessitant le démontage du plafond à caissons qui sera reconstruit à l'identique avec les pièces d'origine. C'est là l'intérêt du classement !
Ensuite les façades. Le granito d'origine a pas mal souffert avec le temps , les enduits et les peintures qui l'ont recouvert et les différents travaux au cours des années (pour l'installation de l'éclairage public par exemple). C'est une difficulté a reconnu l'architecte, la façade côté boulevard de Magenta semblant poser plus de problèmes que la façade côté Chapelle. Sans état d'âme, les mosaîques qui menaçaient les piétons par des chutes intempestives ont été simplement purgées dans les années cinquante sur toute la frise du boulevard de La Chapelle. Elles sont fabriquées au plus proche des couleurs d'origine, parfois impossibles à reproduire, puis assemblées en atelier. Les mosaïques du porche vont être, elles, vraiment restaurées, au sens strict du terme et le vestibule d'entrée à l'angle des boulevards va retrouver sa place d'origine, c'est à dire qu'il sera ouvert aux passants.
A 19h se tenait le même lundi au centre Barbara une réunion d'information pour les habitants du quartier, organisée par la Mission cinéma et les élus du 18e arrondissement. Rien de bien nouveau - pour nous et pour vous qui lisez souvent notre blog - y a été annoncé, si ce n'est que la phase de préqualification des exploitants potentiels était terminée et que début 2012 un cahier des charges précis serait remis aux candidats sélectionnés. La procédure est "étanche", a insisté Michel Gomez, Délégué général de la MCVP, c'est à dire que la MCVP ne dira rien, ni de ceux qui ont remis un dossier pour la préqualification, ni de ceux qui seront autorisés à répondre au cahier des charges. La MCVP suit scrupuleusement les règles, on ne peut pas le lui reprocher, mais cette "étanchéité" se rapproche dangereusement d'une opacité un peu regrettable quand même. Mais encore une fois, n'en faisons pas reproche à la MCVP.
La réunion a permis à Action Barbès de s'enquérir des dispositions que la Ville de Paris allait prendre pour faire en sorte que le projet du Louxor s'intègre bien dans le tissu urbain. Cela passe par la voirie, la station de métro et bien sûr le devenir de l'ex magasin Vano. Notre association a déjà pris, à plusieurs reprises, contact avec les élus du 18e pour souligner la saleté qu'accentuent les palissades de Vano (celles-ci sont indispensables pour prévenir tout accident sur la voirie), mais également le caractère dangereux de l'absence de trottoir pour les piétons, qui cohabitent difficilement avec les cyclistes sur une piste sur-occupée. La situation atteint son paroxisme les jours de marché, comme l'ont indiqué plusieurs personnes dans la salle.
Cet environnement perturbé n'est pas favorable à la fréquentation d'un cinéma qui devra accueillir quelque cinq cents spectateurs plusieurs fois par jour. Nous souhaitons pour ces raisons que bien en amont de son ouverture les problèmes de voirie soient abordés entre les arrondissements qui l'entourent et avec les moyens appropriés. L'étroitesse du trottoir, la présence de l'abri bus et d'une piste cyclable près de la future entrée, par exemple, doivent être analysées. Il reste plus d'une année. Il faut exploiter ce temps au mieux. Quant au devenir du site de Vano, sur lequel un premier projet de reprise par KFC avait été jusqu'à l'obtention d'un permis de construire, il semble maintenant abandonné. Eric Lejoindre, premier adjoint de Daniel Vaillant, maire du 18e, a clairement dit que la mairie de l'arrondissement était entrée en contact avec le propriétaire. Nous nous prenons à rêver que tout est possible.... le retour d'une grande brasserie au pied d'un immeuble d'habitations ? Humm... c'est bientôt Noël.