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Prévention & sécurité - Page 8

  • Samir Lebcher : "Barbès c’est fini pour moi"

    Lundi 13 mai dernier, en fin de journée, alors qu'il ferme son kiosque, Samir Lebcher est victime d'une agression violente. À l'origine de cette agression, un jeune pickpocket qui sévit habituellement à la sortie de la station de métro Barbès-Rochechouart.

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    Le kiosque de Samir Lebcher, désormais clos

    L'affaire a suscité une vive émotion et a fait grand bruit, la presse nationale s'empressant de relater "l'agression du kiosquier de Barbès" et les responsables politiques d'exprimer leur solidarité avec Samir Lebcher, comme la Maire de Paris qui s'est exprimée sur Twitter à ce propos. Il faut dire que cette agression n'est pas "juste" une agression de plus à cet endroit, elle est surtout le symbole d'une dégradation de la sécurité en ce lieu pourtant - hélas - habitué aux situations tendues. En effet, ce n'est pas anodin que ce soit précisément Samir Lebcher qui soit la victime de cet acte violent, car à travers lui c'est le dernier rempart de la "normalité" du lieu qui est attaqué. Durant les très nombreuses années où, d'abord Michel le père, et ensuite Samir le fils, les Lebcher ont tenu le kiosque de Barbès, au milieu des vendeurs de cigarettes (et autres substances) et des pickpockets, jamais ils n'avaient été agressés physiquement.

    Samir Lebcher n'a pas souhaité répondre aux très nombreuses sollicitations des médias suite à l'agression dont il a été victime, préférant se préserver de cette exposition médiatique. Cependant, il a choisi de revenir sur cet évènement sur le blog d'Action Barbès.

    Action Barbès : Bonjour Samir, tout d'abord comment vas-tu une semaine après cette agression ?

    Samir Lebcher : Bonjour, dans l’ensemble ça va. Ce qui me préoccupe et me pèse, c’est plus l’accumulation psychologique des années passées à Barbès que l’agression elle-même. Comme une impression d’y avoir fait tout sauf mon travail de kiosquier.

    AB : Peux-tu revenir sur le déroulement de ce qui s'est passé lundi dernier, et nous dire dans quel contexte s'est déroulé cet évènement ?

    SL : Ce lundi était une journée avec une ambiance marquée par une circulation encore plus dense que d’habitude, avec beaucoup de bruits, il y avait aussi beaucoup de nervosité du côté des marchands de cigarette et des pickpockets, bref une ambiance électrique. En début d’après-midi je suis intervenu pour empêcher un pickpocket de voler dans le sac d’une cliente, ce qu’il n’a visiblement pas apprécié puisqu’il a ensuite donné des coups sur le coté du kiosque. Il a ensuite rodé autour du kiosque tout l’après-midi en proférant des menaces à mon encontre. Je l’ai signalé à des agents de police passant par là. Vers 19h au moment de la fermeture, alors que je sortais du kiosque, je reçois un violent coup de poing à l’œil par le pickpocket resté en embuscade pour se faire vengeance. Il a ensuite tenté de me projeter au sol et de continuer à me frapper mais j’ai réussi à le faire fuir, l'action a duré une dizaine de minutes. Aucune force de police n’était présente à ce moment-là.

    AB : Mercredi 15 mai lors de la réunion du comité de voisinage de la ZSP, nous avons exprimé notre vive émotion suite à ton agression et interpellé les responsables policiers et politiques sur leur engagement sur le terrain au métro Barbès. Comment vois-tu le travail policier ces derniers temps, avais-tu remarqué une présence plus régulière ?

    SL : Oui en effet, il a beaucoup plus de présence policière, avec différents services mobilisés ces derniers temps. Mais leur absence, ne serait-ce que de dix minutes, laisse le terrain libre aux délinquants qui reprennent leurs affaires de plus belle. Il faudrait une présence policière permanente et continue pour que cet espace public retrouve un jour un peu de sérénité. Et plutôt que de se concentrer sur le bout de la chaine, les vendeurs de cigarettes, peut-être que le mieux serait d’enquêter efficacement sur les ramifications étrangères de ces réseaux bien implantés.

    AB : La Maire de Paris, mais également les maires d'arrondissement et de nombreux élus, et de nombreux riverains, ont exprimé leur solidarité à ton égard. Comment reçois-tu cette manifestation de soutien? 

    SL : j’ai été très touché par ces nombreux messages de soutien, en particulier celui d’Anne Hidalgo. Mais depuis le temps que j’alerte les élus sur la dégradation constante de la situation au métro Barbès, j’aimerais plus des actions que des mots. Et là je parle plus pour le quartier et les habitants que pour moi.

    AB : Tu es actuellement en arrêt suite à cette agression et ton kiosque est fermé. Comment s'annonce pour toi l'avenir à Barbès ?

    SB : Il ne s’annonce tout simplement pas. Cette agression m’a amené à m’interroger sur le rapport coût/bénéfice de mon activité à Barbès, en tenant compte des questions financières bien sûr mais également de mon bien-être au travail, et j’en ai conclu que pour mon avenir, mon bonheur et celui de ma famille il est préférable d’arrêter là. Je ne rouvrirai donc pas le kiosque à l’issue de mon arrêt maladie. Finalement, cette période est une bonne occasion pour moi de réfléchir à ma reconversion, j’ai déjà plusieurs pistes sérieuses, mais je me laisse le temps de la réflexion. Ce que je sais c’est que Barbès, c’est fini pour moi.

    Propos recueillis le 19 mai 2019

  • Crack, il y a urgence à agir !

    Depuis plus d'un an maintenant, les quartiers Nord de Paris, notamment les 18e, 19e, 20e arrondissements, et même le Nord du 10e, font face à un nombre sans précédent de personnes en précarité et sans logement, personnes migrantes pour beaucoup. La plupart décident de se regrouper afin d’être plus en sécurité qu’isolées dans la rue, souvent par nationalité ce qui peut créer des tensions entre différents groupes. Les associations intervenant sur le quartier, ainsi que les associations de riverains, alertent l’État et la Ville depuis longtemps pour que ces personnes soient prises en charges, hébergées et aient accès aux soins dont beaucoup ont besoin après un parcours migratoire semé de traumatismes, de violences, de viols, voire d’esclavage. Un parcours qui pour certains va les conduire sur le chemin de la drogue, celui du crack en particulier.

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    La Mairie de Paris, même si cela n'est pas de son ressort premier, a mis beaucoup de temps à prendre la mesure du problème et à proposer des solutions, peut-être pensant d'abord que Paris n’était qu’une étape du parcours pour beaucoup de migrants. Quant à l’Etat, les réponses ont quasiment toutes été très en deçà des attentes, comme les démantèlements de campements sans solutions durables d'hébergement. Cette situation a fait s’isoler encore plus ces personnes, et les rendre de fait vulnérables aux trafics de drogue en pleine expansion sur ces quartiers, notamment celui de crack. Beaucoup de personnes à la rue, se sont ainsi mises à en consommer, aboutissant à un nombre très inquiétant de personnes accrocs au crack sur les 10e, 18e, 19e et 20e arrondissements. Les associations de réduction des risques oeuvrant ici s’en inquiètent elles-mêmes et tirent la sonnette d’alarme. Rappelons que les effets du crack sont différents de ceux de l’héroïne, jusqu’ici plus consommée dans nos quartiers, et peuvent mener à beaucoup plus de crises d’agressivité et donc plus de confrontations et de violences entre consommateurs. Autant de difficultés pour le travail des associations, et autant de désagréments pour le voisinage qui assiste impuissant à ce drame.

    L’Etat, la Région et la Ville se renvoient sans cesse à leur responsabilité respective, et le jeu politicien qui se joue autour de cette question est difficilement compréhensible au vu de la gravité de la situation, pour ces personnes dans une grande précarité sociale et sanitaire, et pour les quartiers du Nord parisien, durement éprouvés ces dernières années.  Il est des urgences qui méritent qu'on dépasse les clivages habituels pour le bien commun. 

    On ne pourra pas répondre efficacement à ce problème seulement par les voies, nécessaires, de la santé et de la sécurité, aujourd'hui il faut que les réponses s'engagent surtout sur la voie sociale et de la solidarité. Bien sûr, face à cette situation il faut plus de moyens pour la réduction des risques et les dispositifs d’accompagnement, comme l’ouverture de nouvelles salles de consommation à moindre risque, mais elles ne seront jamais suffisantes. L’urgence est l’ouverture de nouveaux hébergements, ainsi qu’un accompagnement social digne pour sortir ces personnes de la misère et ainsi les mettre à l’abri de l’influence des trafics, et également pour la tranquillité publique. 

    La Ville a déjà annoncé l’ouverture de 120 places supplémentaires (il y en avait 60) en hébergement pour ces personnes, c'est un effort certain, mais elles paraissent bien dérisoires face au nombre de personnes concernées. Il est vital que l’État, la Région et la Ville - les communes voisines concernées pourraient être associées - prennent leurs responsabilités face à cette question, et travaillent conjointement pour apporter des réponses d'envergure qui s'inscrivent dans la durée. 

  • Un point sur la ZSP

    Petit point d'étape lors de la dernière réunion du comité de voisinage de la ZSP 10-18 du 12 mars, une réunion qui s'est tenue comme habituellement au commissariat du 20e arrondissement, sous la houlette du commissaire Rigon et en présence de représentants de la police, de la Ville et des associations et collectifs d'habitants.

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    Opération de police au métro Barbès, le 2 mars 2019

    D’abord quelques chiffres de la police : une baisse des cambriolages, mais une augmentation des vols avec violences, en augmentation surtout du côté de la Goutte d’Or. Concernant les dépôts sauvages et les ventes à la sauvette, les premiers chiffres de 2019 sont égaux à ceux de 2018.

    Côté Ville, la DPSP annonce à propos du stationnement gênant une hausse de 300 %  des contraventions sur le secteur Lariboisière et de 100 % sur Château Rouge avec des patrouilles "dynamiques". Le travail de patrouille est intensifié sur les squares, comme le square Alain Bashung par exemple.

    La mairie a fait le point sur la future police municipale : il est prévu l’arrivée de renforts (60 policiers) sur nos quartiers du 10e et 18e, en plus de l’actuelle BPSP, puis l’embauche de 150 inspecteurs de sécurité, présents surtout en soirée et le week-end.

    De plus, la future labellisation de la ZSP en quartier de « reconquête républicaine » est confirmée pour l’année prochaine, avec donc des policiers de la préfecture en plus sur les créneaux de fin de journée et soirée (P2R).

    Suite à notre demande notamment, nous aurons à la prochaine réunion les chiffres de la vidéo-verbalisation notamment des infractions sur les pistes cyclables gérée par la Ville, mais aussi sur les voies gérée par préfecture de police

    Concernant la SCMR, signalons un débat sur l’élargissement des horaires de la SCMR pour décompresser l'affluence. Lors de cette discussion, un consensus inattendu est apparu parmi les associations présentes sur le fait qu’une seule SCMR n’est pas suffisante et qu’il est nécessaire d’en ouvrir d’autres dans le 18e ou le 19e arrondissement, ainsi qu’ailleurs à Paris, pour déconcentrer les usagers. Une demande que nous formulons de longue date.

    La Mairie a fait part de son souhait d’ouvrir la SCMR actuelle aux non-injecteurs afin de l’ouvrir aux consommateurs de crack (tout en continuant à accueillir les injecteurs). Il est également prévu le renforcement des maraudes assurées par les associations spécialisées ainsi que des antennes mobiles.

    Nous avons plaidé pour que les nouvelles salles de consommation à moindre risque ne soient pas des salles seulement d’inhalation (solution rejetée par l'association Gaïa et les autres associations de réduction des risques opératrices) car trop compliqué à gérer à cause des effets du crack (des effets différents de ceux des produits injectés), et aurait pour conséquence de concentrer trop de « crackeurs » au même endroit, ce qui créerait plus de problèmes qu'il n'en résoudrait. Nous reviendrons sur ce sujet lors du prochain comité de voisinage dédié à la SCMR, car il faut le rappeler, une SCMR est avant tout une question de santé publique avant d'être une question de sécurité.

  • "Le Neuf a une idée", aux habitants de voter

    Nous avions évoqué dans un précédent article le lancement de la première phase du concours “Le Neuf a une idée”, lancé par la mairie du 9e arrondissement, et dont l'idée retenue se verra débattue au Conseil du 9e arrondissement, puis de celui de Paris. Les habitants étaient alors invités à proposer une idée pour améliorer la vie quotidienne dans leur arrondissement. Nous sommes à présent dans la phase de vote par les habitants de l'arrondissement qui sont invités à choisir parmi les idées retenues.  

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    Parmi les quatre-vingt idées proposées, douze sont soumises aux votes des habitants jusqu’au 18 mars. Et la procédure ira bon train, car l’idée qui aura recueilli le plus de voix sera présentée au Conseil d’arrondissement de ce 18 mars.

    Les douze propositions reflètent certaines préoccupations des habitants et nous souscrivons volontiers à quelques unes, comme la meilleure maitrise de la circulation et du stationnement des cars de tourisme que nous appelons de nos voeux depuis plusieurs années déjà.

    Les douze idées :

    - Élaborer un code de la rue destiné à en encadrer les nouveaux usages (trottinettes, accessibilité, etc).
    - Réglementer la circulation et le stationnement des cars de tourisme dans le 9ème arrondissement.
    - Étendre le dispositif "Paris Respire" à plus de rues, ou plus de jours.
    - Garantir aux résidents de l'arrondissement le tarif préférentiel de stationnement le week-end, quel que soit leur véhicule (privé, de fonction, de location, etc).
    - Rédiger une charte de bonne conduite écologique afin que les entreprises et les copropriétés du 9ème arrondissement réduisent leur gaspillage énergétique.
    - Établir l'interdiction de fumer dans les parcs et jardins publics du 9e.
    - Interdire le chauffage extérieur pour les terrasses non-couvertes ou fermées, afin de réduire le gaspillage énergétique.
    - Organiser l'accueil par des résidents bénévoles identifiés comme "ambassadeurs" dans les zones touristiques de l'arrondissement.
    - N'autoriser que la circulation des deux-roues électriques dans la ville.
    - Mettre en place un réseau de voisinage destiné à favoriser l'entre-aide et les services entre les résidents de l'arrondissement.
    - Interdire aux établissements avec terrasses de diffuser de la musique à l’extérieur.
    - Mettre à disposition des sacs à déjections canines.

     

    Pour voter, c'est par ici.

  • Rediffusion : Pour une révision du plan de circulation de la Goutte d'Or

    Lundi 10 décembre dernier, à l'école élémentaire du 11 rue Cavé, nous avons assisté à la présentation du projet d'aménagement des rues Myrha et Léon. Un projet très attendu par les habitants du quartier, tant l'état de ces rues est déplorable et la circulation piétonne y est difficile : trottoirs étroits et souvent encombrés, accès aux commerces difficile, stationnement sauvage, circulation automobile anarchique...

    Disons-le sans ambages, nous avons été fortement déçus par le projet qui a été présenté à la bonne cinquantaine de personnes venue assister à cette réunion. En effet, le projet présenté, même s'il montre de - bien petits - élargissements de trottoirs et des passages piétons mieux sécurisés, est pensé d'abord pour les automobilistes et non pour les piétons. Certes, le projet est encore en discussion, mais il manque cruellement d'ambition par rapport aux attentes des habitants et commerçants. Seul point positif, la piétonisation sur quelques mètres de la petite portion de la rue Léon sise entre les rues Cavé et Myrha.

    La rue Léon et plus encore la rue Myrha sont des artères centrales dans la vie du cœur de la Goutte d'Or. Dans le quartier, la rue Myrha est sans conteste la rue qui compte le plus de commerces de proximité, véritablement destinés aux habitants. Cette rue mériterait d'être un rue commerçante conviviale, consacrée essentiellement aux circulations douces et aux livraisons des commerces, et de cesser d'être un chemin de traverse pour des automobilistes indélicats. Et si l'on ajoute que cette année la nouvelle salle de concert du 360 va ouvrir précisément à l'angle des rues Léon et Myrha, cette requête semble plaider pour un avenir plus calme pour cette rue étroite. Et pourquoi pas sans voiture, le potentiel commercial est grand dans cette rue, elle pourrait devenir la rue Montorgueil des quartiers populaires.

    Mais cela obligerait à revoir le plan de circulation du quartier. Eh bien justement, beaucoup d'autres facteurs plaident pour une révision en profondeur du plan de circulation dans le quartier de la Goutte d'Or, et nous l'appelons de nos vœux.

     

    Penser les aménagements de manière globale

    La Goutte d'Or va connaître de nombreux travaux de voiries dans les mois/années à venir, et pas seulement dans les rues Léon et Myrha. Au Sud, les travaux de la Promenade urbaine ont commencé sur le boulevard de la Chapelle ; le secteur des arcades de la rue de la Goutte d'Or/place Polonceau/rue Boris Vian doit être restructuré bientôt ; le budget participatif a permis à trois projets de voir le jour prochainement dans ce secteur : réaménagement de la rue Cavé, du pourtour de l'église Saint-Bernard et la rue-jardin Richomme. Ajoutons le secteur "Paris respire" récemment implanté et dont il est question de redéfinir les contours. Malheureusement, tous ces projets sont abordés de manière autonome, il n'y a pas d'approche globale ni de réflexion d'ensemble.

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    Les projets en cours ou à venir touchant la voirie et la circulation

    C'est pourtant la meilleure occasion de revoir le plan de circulation du secteur et de mieux l'adapter, notamment aux contraintes urbaines et aux attentes des habitants très mécontents de la situation actuelle. 

     

    Un vœu pieux ?

    En 2015, les problèmes de stationnement et de circulation dans la Goutte d'Or avaient fait l'objet d'un vœu au Conseil du 18e arrondissement ainsi qu'au Conseil de Paris.  Un vœu dont nous ne sommes pas totalement étrangers. Ce vœu avait été alors voté unanimement par l'ensemble des élus parisiens.

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    Les préconisations de ce vœu n'ont malheureusement pas été suivies d'effet. Pourtant, il y a là les bonnes bases pour une réflexion sur la circulation et le stationnement dans la Goutte d'Or, à savoir : 

    • de mener une campagne de sensibilisation dans le 18ème arrondissement et plus particulièrement dans le secteur de la Goutte d’Or / Château Rouge sur les dangers du stationnement illicite et sur le nécessaire partage du domaine public entre les automobilistes et les piétons,
    • de mener une étude en concertation avec les riverains, commerçants et associatifs pour mutualiser la recherche de solutions les mieux adaptées et les plus efficaces pour empêcher le stationnement illicite des véhicules en particulier sur les trottoirs, (par exemple : la possibilité de favoriser la piétonisation de certaines rues),
    • de remplacer les potelets du parvis Saint-Bernard, par des structures plus pérennes (ex : jardinières ou croix de Saint-André),
    • d’accroître les contrôles pour verbaliser les infractions au Code de la route.

    Mais depuis, force est de constater que l'ambition n'a pas été au rendez-vous sur la question de la circulation et que la lutte contre le stationnement illicite n'est pas au niveau des problèmes rencontrés sur le secteur, et ils sont nombreux. 

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    Stationnement illicite sur la zone piétonne devant le parvis de l'église Saint-Bernard

     

    Une circulation de traverse problématique

    Une bonne partie de la circulation automobile dans la Goutte d'Or  n'a pas de rapport avec le quartier, ces véhicules se contentant de traverser le quartier, trouvant ici des "itinéraires malins" pour éviter les boulevards. Mais des rues aussi étroites et sinueuses que celles de la Goutte d'Or n'ont pas vocation à servir de voies de délestage des grands axes routiers voisins. D'autant que les automobilistes qui prennent ces raccourcis, camions de livraison et taxis pour beaucoup, roulent à vive allure, au risque de renverser un enfant sorti d'une des nombreuses écoles ou crèches du secteur.

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    Les lieux de fréquentation des enfants dans le quartier de la Goutte d'Or

    Dans un article de juin 2015, Les raccourcis de la Goutte d'Or, nous pointions déjà le problème des "chemins de traverse" dans le quartier, à savoir les automobilistes qui prennent les petites rues du quartier pour des itinéraires de délestage des grands axes environnants. De plus, depuis la restriction à une seule voie de circulation sur le boulevard de La Chapelle dans le cadre de la Promenade urbaine, comme nous le craignions et en avions averti les autorités, les rues de Jessaint et de la Goutte d'Or servent dorénavant de deuxième voie du boulevard de La Chapelle aux heures de pointe.

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    Les chemins de traverse de la Goutte d'Or, 2015

    Changer intelligemment le plan de circulation sur ce secteur permettrait de garantir que les rues du quartier soient toujours accessibles pour ceux qui y ont à faire quelque chose (habitants, commerçants, visiteurs), mais impossibles à emprunter pour les indélicats qui veulent juste traverser le quartier et n'ont que faire de la tranquillité et de la sécurité des habitants. 

      

    Trop de stationnements illicites 

    Laisser trop de véhicules pénétrer dans le secteur, c'est aussi entraîner un grand nombre de stationnements illicites, sur la chaussée, les trottoirs et surtout sur les passages piétons, bien trop souvent occupés par des automobilistes délinquants.

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    Les points récurrents de stationnement illicite dans la Goutte d'Or

    Les week-ends, la situation est encore pire, les automobilistes, clients des magasins de gros de Château Rouge pour l'essentiel, cherchent à se garer coûte que coûte. Et toutes les options pour se garer sont envisagées, sur les passages piétons évidemment, mais aussi sur les trottoirs, devant les sorties de garages et sur les pistes cyclables, même sur les places de stationnement réservées aux services de police ! Pour les piétons, la situation est invivable, et ne parlons pas des plus fragiles, personnes âgées, personnes à mobilité réduite, parents avec poussette...

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    La piste cyclable rue d'Oran disparue sous le stationnement illégal

      

    Une desserte du commissariat mal pensée

    La rue de la Goutte d'Or accueille un commissariat de la police judiciaire, il ne s'agit donc pas d'un commissariat de quartier. De nombreux prévenus sont amenés ici, de jour comme de nuit, pour y être entendus et éventuellement placés en garde à vue. Le temps de ces procédures étant compté, pour les services de police il convient d'acheminer les prévenus le plus rapidement possible au commissariat.

    Mais les trajets à emprunter pour les véhicules de police pour rejoindre ce commissariat depuis les grands axes, notamment depuis le boulevard Barbès, ne sont pas simples. De fait, de nombreux véhicules de police traversent les petites rues de la Goutte d'Or à vive allure. Rue Polonceau, où à certains endroits les trottoirs font moins d'un mètre de largeur, la circulation des piétons y est d'autant plus difficile.

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    Trajet des véhicules de police du boulevard Barbès jusqu'au commissariat rue de la Goutte d'Or

    Il est évident que ce commissariat doit être accessible aux véhicules de police, mais les trajectoires actuelles ne sont satisfaisantes, ni pour les riverains, ni pour les policiers obligés à des contournements inutiles.

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    Stationnement d'un véhicule de police sur le passage piéton, pour une urgence viennoiseries, au croisement des rues de Chartes et de la Charbonnière

    Repenser le plan de circulation dans le secteur serait une bonne occasion de prévoir des accès plus directs pour les véhicules de police, certaines petites rues proches du commissariat, comme la rue des Islettes ou la rue Caplat pourraient même leur être réservées. Ainsi, non seulement les policiers verraient leurs trajets simplifiés, mais le quartier y trouverait, en plus, une remarquable tranquillité.

     

    Paris respire... pas vraiment

    La mise en place d'une zone "Paris respire" sur le secteur Château Rouge est une bonne nouvelle pour le quartier... sur le papier. Dans la réalité, le secteur choisi est  trop restreint, et il a des répercussions très négatives en terme de circulation et de stationnement sur les rues qui l'entourent, en premier lieu sur les rues Doudeauville, Léon et Myrha, mais également sur les rues Affre, Ernestine, d'Oran, Stephenson, Cavé, Richomme et Marcadet.

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    La rue Léon ne respire plus les jours de "Paris respire"

    Sans compter que l'interdiction de circuler est très peu respectée, beaucoup de véhicules - encouragés par certains commerçants - y pénètrent en marche arrière, et depuis peu des commerçants se font livrer le samedi après-midi en pleine zone "Paris respire". En effet, les agents de sécurité chargés de faire respecter l'interdiction laissent passer les camions de livraison. Lorsque nous les avons interrogé sur ces agissements, il nous a été répondu qu'ils avaient pour consigne de laisser passer les véhicules de livraison ! Rappelons que l'opération "Paris respire" a été précisément mise en place pour empêcher ces livraisons anarchiques.

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    Livraisons rue des Poissonniers en pleine opération "Paris respire", samedi 22 décembre 2018

    À notre sens, il conviendrait d'élargir ce secteur, d'y inclure les rues Myrha, Léon et Laghouat notamment. Il va sans dire qu'il est impératif de mieux faire respecter l'interdiction d'y circuler, avec une présence visible de la DPSP. Il faudrait aussi mieux communiquer sur l'existence de cette opération, en particulier avec, en amont, des panneaux à destination des automobilistes, pour éviter qu'ils ne viennent s'engouffrer dans le secteur et errer dans les ruelles de la Goutte d'Or. Et pourquoi pas songer à prolonger l'opération au dimanche ?

     

    Une rue-jardin-bagnoles ?

    En 2017, nous avons proposé le projet de la rue-jardin Richomme au Budget participatif. L'idée d'une piétonisation de la rue et de sa végétalisation avait alors été très bien accueillie par les habitants et a emporté leurs suffrages. Nous nous réjouissions d'un projet qui allait offrir un peu d'espace piéton pour les enfants en particulier. En effet, des centaines d'enfants et de parents empruntent quotidiennement cette rue qui dessert essentiellement des crèches et des écoles.

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    Mais voilà, nous avons appris récemment, de manière informelle, que ce projet était remis en cause : la circulation y serait maintenue, annihilant l'essence même du projet. Là encore, c'est un problème de plan de circulation qui est mis en avant. 

    Il serait scandaleux que ce projet soit ainsi remanié sans qu'aucune alternative digne de ce nom ne soit proposée aux habitants. Ça serait là une véritable trahison du vote des Parisiens. Devrons-nous renoncer à un peu d'espace public apaisé pour permettre à quelques voitures de se faufiler ici ? Mille fois non !

    À Paris, on peut piétoniser les quais de Seine, et c'est très bien, mais pas un petit bout de rue de la Goutte d'Or ? De qui se moque-t-on ?

     

    Les habitants de la Goutte d'Or sont des piétons 

    On pourrait se dire que la réduction de la circulation automobile et du stationnement va pénaliser les habitants du quartier. Or, il n'en est rien, bien au contraire. Les dernières données disponibles de l'INSEE (2010), sur le taux de ménages possédant au moins un véhicule, nous apprennent que, à la Goutte d'Or, seulement entre 19,1% et 24,94% des ménages possèdent leur propre véhicule, selon le secteur. Pour comparer, la moyenne nationale est de 80,55%, et le record parisien se situe dans le quartier des Invalides dans le 6e arrondissement avec un taux de 87,66% ! 

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    Extrait de la carte interactive de l'INSEE

    La suppression de places de stationnement ne pose pas vraiment de problème aux riverains. En effet, outre le fait que peu d'entre eux possèdent un véhicule, les solutions de stationnement ne manquent pas dans le quartier pour les habitants. Les constructions récentes, de moins de quarante ans, ont pratiquement toutes des parkings, notamment les grandes résidences privées. Et ces dernières proposent souvent des places à louer en dehors de la copropriété. Il existe aussi de grands parkings publics où il est simple de s'abonner, des parkings qui sont loin d'être saturés.

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    Il suffit de se promener nuitamment dans le quartier, quand seules demeurent les voitures des habitants, pour voir qu'un très grand nombre de places de stationnement, pour ne pas dire la majorité, est inoccupé. Ce qui contraste fortement avec la saturation observée en pleine journée, lorsque ce sont des véhicules extérieurs au quartier qui envahissent les rues. Les seuls besoins en matière de parking pour les habitants dans ce secteur concernent les vélos et les deux-roues motorisés.

      

    Pour une révision du plan de circulation de la Goutte d'Or

    La Goutte d'Or est un quartier qui a connu de nombreuses transformations urbaines ces dernières décennies, avec notamment la fin de l'habitat insalubre. Ce renouvellement de l'habitat l'a un peu transformé, passant de petits logements, le plus souvent occupés par des célibataires, à des appartements familiaux et adaptés aux personnes à mobilité réduite. Très logiquement, la population s'est élargie aux familles et aux enfants. Une vie plus familiale s'est développée, mais malheureusement l'espace public et la voirie ne sont guère adaptés pour les familles avec enfants. De même, les personnes à mobilité réduite, celles se déplaçant en fauteuil roulant en particulier, qui ont pu trouver dans le quartier des logements adaptés à leur handicap, ont énormément de mal à se déplacer dans l'espace public : les trottoirs sont étroits et encombrés, et le stationnement sauvage est un véritable fléau.

    Si la Goutte d'Or est très bien desservie par les transports en commun, avec de nombreux arrêts de bus, stations de métro et la Gare du Nord tout à côté, cependant, bon nombre de visiteurs viennent dans le quartier avec leur véhicule automobile, créant de nombreux désagréments pour les habitants. La circulation automobile est difficile dans les rues étroites et sinueuses du quartier, et elle ne rend guère service aux habitants, elle y est plutôt subie. 

    Il nous semble qu'il est donc temps de revoir en profondeur les questions de circulation dans le quartier de la Goutte d'Or, et la mise en oeuvre de nombreux chantiers de voirie est l'occasion idéale pour repenser le plan de circulation et de déplacement dans ce quartier. Il faudrait certainement un moratoire sur tous les projets évoqués, et réaliser au préalable une réflexion globale avant d'engager des travaux qui vont dessiner la vie locale pour les décennies à venir. Nous espérons que la Ville et la Préfecture engageront rapidement cette révision du plan de circulation dans la Goutte d'Or et contribueront à une amélioration significative du cadre de vie, très attendue par ses habitants, ce qui structurera durablement ce quartier.

     

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