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Prévention & sécurité - Page 7

  • 12e réunion du Comité de voisinage de la SCMR

    Mardi 5 novembre dernier, se tenait la 12e réunion du Comité de voisinage de la Salle de Consommation à moindre risque (SCMR). La réunion s'est tenue dans la salle des fêtes de la Mairie du 10e arrondissement, sous la présidence de Madame Alexandra Cordebard, Maire du 10e. L'ordre du jour comportait notamment un point de situation sur le fonctionnement de "l'espace GAÏA" et un point de situation de l'espace public aux abords de la SCMR.

    Élisabeth Avril et Céline Debeaulieu, responsables de la SCMR, ont dressé un état des lieux du fonctionnement de la structure. Depuis le début du mois d'octobre, la SCMR, gérée par l'association GAÏA, ouvre désormais ses portes de 9h30 à 20h30 en continu (les horaires d'ouverture étaient jusqu'à présent de 13h30 à 20h30). Une demande que nous portions, avec d'autres, depuis longtemps. On compte actuellement de 80 à 100 passages sur les heures du matin, de 250 à 300 sur l'ensemble de la journée. L'horaire d'ouverture avancé permet aux usagers de rester plus longtemps dans la Salle. Les usagers arrivent souvent dans un grand état de fatigue, ont souvent dormi dehors, ce qui n'est guère étonnant si l'on songe que ces usagers sont à 60% des SDF.

    Pour accompagner l'élargissement des plages horaires d'ouverture, treize personnes supplémentaires ont été recrutées, ce qui pose pour l'instant le problème de leur formation, dans une structure qui par ailleurs pâtit d'un important turn-over. Un psychiatre a été recruté à mi-temps et le nombre des maraudes (actions dans la rue auprès des toxicomanes) a été augmenté. Après trois ans d'ouverture de la SCMR, on mesure donc que les efforts menés par l'association GAÏA et soutenus par les pouvoirs publics, l'Agence régionale de santé (ARS) en particulier, en faveur des toxicomanes sont en augmentation. Ce que confirme Elisabeth Avril avec l'exemple de l'ouverture d'une salle de repos destinée aux usagers de crack (des usagers non pris en charge par la SCMR, seuls les "injecteurs" le sont) à la porte de La Chapelle, sous le périphérique, qui emploiera seize personnes et mettra notamment à disposition des usagers des douches et quatorze places de repos. Cette nouvelle salle ne sera toutefois pas une salle de consommation, l'objectif premier est de faire sortir les toxicomanes de la colline du crack, d'offrir un asile dans un environnement extrêmement dégradé.

    Alexandra Cordebard a ensuite abordé le point de situation des abords de la SCMR, récapitulant les améliorations déjà réalisées, en cours ou à venir. Ont déjà été réalisées : une oeuvre d'art sur le mur de l'hôpital Lariboisière dans le cadre d'"Embellir Paris", la végétalisation des abords de la SCMR, des travaux de rénovation à l'école Belzunce, un réaménagement de l'entrée du parking Indigo rue Ambroise-Paré. La sécurité a par ailleurs été renforcée dans le secteur ; concernant les aménagements en cours : le déplacement de l'armoire électrique à l'angle Patin—Paré, le réaménagement du jardin Cavaillé-Coll, et la création d'un marché bio sur l'espace Fénelon—Bossuet est à l'étude. Et en ce qui concerne les réalisations à venir : le réaménagement de la rue Saint-Vincent-de-Paul (circulation et végétalisation), la végétalisation des rues Ambroise-Paré et Guy-Patin, l'aménagement de la sortie du parking du 18 rue Saint-Vincent-de-Paul, dont l'entrée en retrait de la rue offre un abri servant occasionnellement de lieu d'injection, de consommation de crack, d'urinoir, ou encore d'endroit pour dormir. À propos de végétalisation, nous avons demandé à ce que sur ce secteur les nouvelles plantations soient particulièrement entretenues et surtout nettoyées très régulièrement.

    Parole a ensuite été donnée à la salle. Lancée par une riveraine, la question de la présence de la SCMR, elle-même, dans le secteur fait l'objet de points de vues contrastés, voire inconciliables. Certains se plaignent ainsi des nuisances entraînées par la fréquentation de la SCMR, se plaignant de cris, bagarres, attroupements, bruit, consommation et deal de drogue, augmentation du nombre de consommateurs du crack, augmentation de la consommation d'alcool, malpropreté. Alors que d'autres donnent un point de vue très différent, évoquant sur ces questions une situation du quartier analogue à ce qu'elle était avant l'ouverture de la SCMR en octobre 2016, le quartier n'étant ni plus ni moins sale, ni plus ni moins insécure qu'auparavant, un point de vue qui est aussi celui de nos adhérents riverains de la SCMR. Et pour notre part, nous avons fait observer que ce n'est pas la SCMR qui attire les usagers de drogues vivant dans le quartier (la grande majorité des usagers ne restent pas aux abords de la salle en dehors de sa fréquentation), mais bien plutôt la Gare du Nord, dont le quartier était déjà le lieu de rendez-vous des usagers de drogue bien avant l'implantation de la SCMR, beaucoup vivant de mendicité le font autour de la gare.

    Il peut être intéressant de confronter le ressenti et l'expérience des riverains aux données officielles. Ainsi, Madame Rachel Abreu, Commissaire centrale du 10e,  remarque que, sur le secteur en cause (rues Ambroise-Paré, Guy-Patin, Saint-Vincent-de-Paul), les chiffres de la délinquance sont en baisse depuis l'ouverture de la SCMR, alors que les effectifs de police sont restés semblables. Elle dénombre sur cette période moins d'interpellations, moins de verbalisations, très peu d'agressions physiques (et presque toujours dans ce cas il s'agit de problèmes entre toxicomanes n'impliquant pas de tiers), mais constate cependant beaucoup d'incivilités. Le représentant de la société Indigo relève moins d'intrusions d'usagers de drogue dans le parking Lariboisière sur la période janvier-octobre 2019, mais ce résultat a été obtenu par un renforcement de la sécurité, et il constate un effet de report sur les parkings voisins.

    On doit croire que le grand chantier à venir de la Gare du Nord aura au moins un aspect positif. Madame Odile Girardière, représentante de la SNCF, a confirmé ainsi dans ce cadre la création d'un espace de 200 m2 prévu pour accueillir les personnes en errance et en grande précarité (parmi lesquelles un nombre probablement important d'usagers de drogue). Nous avons demandé s'il était possible que la création de cet espace soit "priorisé" dans le calendrier des travaux de la gare et que l'ouverture n'attende pas 2024. Odile Girardière ajouta qu'actuellement et depuis longtemps des usagers de drogue déambulent dans la gare, occupent les toilettes, voire même les espaces techniques ou encore les trains, quand ceux-ci restent trop longtemps à quai.

    Pour finir, signalons un nouveau dépliant sur la SCMR, destiné aux riverains notamment, avec les numéros utiles pour signaler un problème lié à la SCMR, mais surtout pour présenter les enjeux et le fonctionnement de la "salle de conso". Nous le reproduisons ci-dessous.

     

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  • Retour sur le comité de voisinage de la ZSP : "secteur Château-Rouge"

    Lundi 14 octobre dernier, se tenait dans les locaux du commissariat central du 18e, rue de Clignancourt, la réunion du comité de voisinage de la ZSP. Selon la nouvelle formule, cette rencontre était consacrée cette fois-ci uniquement au secteur Château Rouge - Goutte d'Or Nord. Étaient présents, outre des membres de la Police, des représentants de la Mairie du 18e et de ses services et de l'Hôtel de Ville, ainsi que des représentants d'une dizaine d'associations et de collectifs de riverains ainsi que quelques habitants. 

    Emmanuelle Oster, la Commissaire principale du 18e arrondissement, a introduit la réunion en présentant des résultats qu'elle qualifie de satisfaisants. Le nombre de faits constatés sur la période janvier-septembre est passé de 884 pour l'année 2018 à 850 pour l'année 2019. Dans le détail, les agressions aux personnes sont passées de 165 à 157, les atteintes aux biens (vols par effraction, cambriolages) de 553 à 468, les violences volontaires de 51 à 47, les vols avec violence de 54 à 48. Dans le même temps, les interpellations pour infraction sur la législation des stupéfiants sont passées de 47 à 85.

    La DPSP (Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection de la Mairie de Paris) a fait ensuite état de ses chiffres. Le quartier Château-Rouge concentre 33% des incivilités constatées sur l'ensemble de la ZSP 10-18 (qui comprend, rappelons-le, le quartier Gare du Nord-Lariboisière dans le 10e,  les quartiers Barbès - Goutte d'or, Château - Rouge - Doudeauville - Marcadet, La Chapelle - Max Dormoy - Pajol dans le 18e). 922 PV ont été dressés dans le quartier Château-Rouge : malpropreté, incivilités, nuisances sonores. Ce dernier point est une priorité de la DPSP, qui a dressé 102 PV pour nuisances sonores (commerces, mais aussi comportements individuels).

    La Mairie a réaffirmé que ses actions continuent toujours dans le cadre de l'opération "Tous mobilisés" à Château Rouge. Ainsi la zone "Paris respire" a été évoquée. À cet égard, nous avons redemandé un meilleur contrôle des entrées de la zone, des actions pour améliorer la situation sur les axes Stephenson - Doudeauville qui connaissent des véritables concerts de klaxons, et enfin nous avons aussi demandé la mise en place de panneaux en amont de la zone pour signaler aux automobilistes le secteur Paris respire.

    Aussi, les mesures à l'encontre des commerces ont été largement évoquées, avec de très nombreuses sanctions, du rappel à l'ordre à la fermeture administrative. Ainsi, tous les commerces sont contrôlés - et sanctionnés le cas échéant - sur le secteur, le plus souvent conjointement par la Police et les services municipaux, et ce sans distinction, des commerces de gros et demi-gros aux boutiques plus branchées, la loi devant s'appliquer également à tous.

    Du côté des ventes à la sauvette, la commissaire Oster a confirmé la pérennité du dispositif policier mis en place notamment sur le secteur rue Dejean, la Brigade Sauvette Contrefaçons ayant de son côté procédé à la saisie de plus de 2 000 articles cette année. 

    Le phénomène de la prostitution de rue et les désagréments qu'il entraine ont été évoqués par plusieurs représentants d'associations. Madame Oster nous a indiqué que la prostitution n'est pas réellement du ressort de la police d'arrondissement, laquelle ne peut agir qu'en verbalisant les clients depuis le changement de législation, ce qui ne produit pas l'effet dissuasif recherché par la loi selon elle. La prostitution, ou plutôt le proxénétisme, est en fait et avant tout l'affaire de la Brigade de Répression du Proxénétisme (BRB), qui par ailleurs s'intéresse davantage à la prostitution en appartement qu'à la prostitution de rue, laquelle concerne malheureusement plus particulièrement nos rues, voire nos cages d'escaliers...  La commissaire Oster a proposé que lors d'une prochaine réunion de la ZSP un représentant de la BRP soit présent pour répondre aux interrogations des habitants.

    Enfin, une bonne nouvelle pour nos quartiers, avec l'annonce de l'arrivée d'effectifs de police supplémentaires, qui seront affectés sur les heures du soir et de la nuit.

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  • Première réunion du comité de voisinage de la ZSP après le changement de direction

    Mercredi 10 juillet 2019, s'est tenue la première réunion du comité de voisinage de la ZSP sous la houlette de la commissaire centrale du 18e arrondissement, Emmanuelle Oster. C'est la première rencontre depuis le changement de direction de la ZSP 10-18 décidée par le nouveau Préfet de Paris en juin dernier (voir sur notre blog l'article du 11 juin dernier : "Incompréhensible changement à la tête de la ZSP").

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    La séance a commencé par un exposé de Madame Emmanuelle Oster, commissaire divisionnaire à la tête du 18e, arrivée à l'automne dernier dans l'arrondissement. Madame Oster nous informe que la ZSP 10-18 est passée officiellement le 7 juin dernier sous son autorité. Elle rend hommage au travail effectué par l'équipe précédente, et en particulier par le commissaire Rigon, et qu'elle inscrira globalement son travail dans la continuité de ce qui a été fait.

    Comme on nous l'avait annoncé il y a quelques mois, nous avons confirmation qu'au titre de "Quartier de reconquête républicaine" la ZSP vient de bénéficier de dix-neuf effectifs supplémentaires, officiant principalement en fin de soirée et la nuit.

    Le préfet de Police Lallemand est venu récemment dans le 18e. Accompagné par la commissaire Oster il a visité Barbès, la Goutte d'Or, La chapelle, Château-Rouge. Une première opération de police s'inscrivant dans la durée est en cours sur le secteur de la place de La Chapelle, ce choix est une volonté préfectorale. Cependant la commissaire Oster est bien consciente que "le 18e est un tout" et que régler un problème sur un secteur ne fait que transférer le problème vers d'autres "lieux de déport".

    Sur un an dans le 18e on observe une stabilité de la délinquance d'une manière générale, avec cependant une hausse des vols avec violence (par exemple vols à la portière sur Barbès) ayant probablement pour cause des effectifs de police réduits en raison des manifestations de gilets jaunes, confirmant notre analyse à ce sujet.

    Sans surprise, le secteur Goutte d'or-Barbès est ressenti comme étant particulièrement tendu par la commissaire Oster, qui souhaiterait que la deuxième opération au long cours concerne ce quartier.

    S'en suit un bilan des actions sur les commerces (notamment les restaurants et épiceries vendant de l'alcool la nuit), la vente de smartphones de contrefaçon, le trafic de cigarettes (1,4 tonne saisie).

    Au sujet du métro Barbès-Rochechouart, il a été souligné que la RATP a plein pouvoir de maintenir fermée la sortie sur la rue Guy Patin au métro Barbès les jours de marché. La situation actuelle risque ainsi de perdurer en dépit de l'avis de la police qui préférerait que cette sortie soit ouverte ces jours-là également, tout comme les élus et les habitants.

    Concernant l'organisation du comité de voisinage, la commissaire propose que la concertation avec les associations s'effectue dorénavant sous la forme de réunions tenues une fois par mois, chaque secteur de la ZSP (Château-Rouge, Chapelle, Barbès, Gare du Nord) y serait traité alternativement avec les associations et collectifs concernés par le secteur discuté (ce qui veut dire un rendez-vous tous les mois pour Action Barbès dont le champ d'action s'étend sur l'ensemble de la ZSP), et deux fois dans l'année une réunion pour tous les quartiers, éventuellement ouverte également aux habitants.

    Pour notre part nous avons interpellé la commissaire Oster sur plusieurs points et notamment sur l'ahurissante affaire des fonctionnaires de police du commissariat du 18e récemment mis en examen et sur les conséquences sur le secteur Barbès-Goutte d'or. La commissaire ne peut naturellement pas communiquer sur l'affaire, l'enquête étant en cours. Elle nous assure cependant de sa ferme intention de prendre les choses en main et de remettre de l'ordre à la Goutte d'Or, le secteur de la ZSP où sans doute la situation est la plus difficile.

    Coté municipalité du 18e, la représentante de la DPSP nous informe que des patrouilles sont mises en place aux abords des stations de métro aux heures de départ au travail et de retour du travail et à l'heure de la pause méridienne, ainsi qu'au square Alain Baschung (1 agent), au jardin d'Éole et au square Rosa Luxembourg (4 agents). En plus de l'arrivée de ces nouveaux effectifs, il est mis en place un numéro d'appel d'urgence, allô incivilités (3975). Certaines équipes sont à présent munies de sonomètres, afin de mesurer les nuisances sonores. La promenade urbaine continue d'être mise en place, à terme elle comprendra un secteur de jardinage participatif, un atelier de réparation de vélos, des activités diverses, l'implantation d'un kiosque d'information, un point convivialité au marché Lariboisière (déjà en place) ; la présence régulière d'agents de la DPSP sera assurée sur le parcours de la Promenade urbaine.

    L'Hôtel de ville nous a informés que de nombreuses actions sur les commerces ont été entreprises, notamment boulevard Barbès, afin que les devantures soient fermées comme le veut la réglementation parisienne, et éviter ainsi les attroupements qui favorisent ici les vols à la tire. Une demande d'Action Barbès formulée de longue date.

    Enfin, côté 10e arrondissement, le commissaire général adjoint du 10e, Jeremy Ransinangue, a signalé une recrudescence de ventes de cigarettes de contrebande (rue La Fayette, rue de Dunkerque, quartier tamoul notamment), due à un "effet déport" de l'action en cours actuellement place de La Chapelle, il a aussi mentionné des vols en réunion Gare du nord ainsi que la présence de mineurs isolés dans le quartier tamoul, engendrant parfois des tensions entre ces différents groupes. Des renforts ont été affectés sur cette zone. Côté SCMR, même si quelques difficultés demeurent, le commissaire fait le constat d'une amélioration du secteur depuis l'implantation de la salle de consommation.

    Rendez-vous est pris pour la prochaine réunion en septembre prochain.

  • Fermeture du restaurant À la Goutte d'Or, la poignante lettre d'au revoir du propriétaire

    Il y a quelques jours Karim Drif annonçait la fermeture de son restaurant À la Goutte d'Or situé dans la rue éponyme. Après celle du kiosque de Samir Lebcher, cette fermeture est un coup dur pour le quartier. Plutôt que de commenter ce triste évènement, nous préférons publier avec son accord la lettre qu'il a adressée aux autorités pour annoncer la fin de son commerce. Ce courrier est le cri du coeur d'un enfant du quartier, dont on espère qu'il saura être pris au sérieux par les autorités municipales et surtout préfectorales. Nous souhaitons à Karim tous nos voeux de réussite dans sa vie future.

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    La placette devant le restaurant À la Goutte d'Or, juin 2018

     

    "J'écris [cette lettre] pour vous faire part de la situation du restaurant À La Goutte d'or, de ma grande lassitude , ainsi que du secteur Goutte d'or Sud que vous connaissez mais qui rendent impossible la gestion et le développement d'un commerce ou même tout simplement de vivre sereinement. Comme vous le savez, même si certaines personnes et partis politiques sont dans le déni, malgré une mobilisation énorme des commerçants, riverains, associations locales ces dernières années, la situation au jour d'aujourd'hui n'est guère mieux. Nos élus, pouvoirs publics et autorités (même si certains policiers sont du même avis que nous) continuent de se rejeter la faute et/ou de se satisfaire du peu d'actions faites afin de se donner de la valeur en vue des élections municipales à venir.

    Mais pas dans l'intérêt des habitants/commerçants de la Goutte d'or et on peut englober les problématiques du métro Barbès et de La Chapelle/Marx Dormoy. Ce qui s'y passe et ce que l'on y subit au quotidien est tout simplement irréel depuis tant d'années avec bien évidemment une dégradation ces derniers mois. On ne peut pas dire qu'il n'y ai pas eu de mobilisations, pétitions, mails envoyés, réunions à gogos... Mais on est tous à dire la même chose : la situation est plus que compliquée. C'est bien de le reconnaître, de le dire mais on fait quoi pour nous les commerçants qui réalisent presque un acte militant de rester dans le quartier ? Rien. Ah si, on va parler de "coup de pouce commerce", pardon. Waouh ! Cela donne conscience à nos élus ce genre d'opérations (même si c'est une bonne chose cela est une goutte d'eau par rapport à ce que l'on subit au quotidien depuis TRÈS longtemps). Il y a un tel décalage entre ce que pense nos élus et la réalité de la situation. Et quand on parle de cela, la réponse est "je connais bien le quartier etc" alors que pas du tout !! C'est désolant pour nous que des élus soient complètement à côté de la réalité.

    Une association de commerçants regroupant La Chapelle et La Goutte d'or a été crée en février 2018 pour se faire entendre d'une seule voix. Une association qui a été bien vu par les autorités preuve d'une mobilisation sans faille présidée par Sonia Bouzellatat, omniprésente, et dont je suis membre du bureau également. On a fait part à plusieurs reprises des problèmes, des dégradations visibles de tous de toute façon... On en a fait des réunions, des rendez vous de compassions mais très peu d'actes.

    On se bat à travers cette association, et on a tous des commerces à gérer, on monte des projets comme les illuminations de la rue de la goutte d'or mais à quoi bon. Bien évidemment il y a beaucoup de choses à régler en même temps mais la faute à qui? Qui a laissé ce quartier devenir ainsi? On se rejette la faute entre partis politiques, entre police et mairie etc...avec au milieu commerçants et riverains tels une balle de ping pong. Quand on voit le métro Barbès, j'étais adolescent et les vendeurs de Malboro étaient déjà là. 15ans après c'est encore pire. Après les mineurs isolés, le phénomène migratoire qui touche le nord de Paris et j'en passe et j'en passe,trafics, violences, agressions, prostitutions...

    Je suis en un enfant du quartier, j'y suis né , tapé mes premiers ballons aux Enfants de la Goutte d'Or et j'y suis bien évidemment plus qu'attaché d'où un investissement sans faille. Je tiens un restaurant que mes grands parents tenaient depuis 1971 au 52 de la même rue avant d'être exproprié suite à la réhabilitation en 1996. Ma grand mère a eu la médaille de la ville en 2006. Autant dire une institution dans le quartier. Je le gère seul depuis 2004 avec des soucis successoraux qui durent depuis bientôt dix ans et qui me posent de sérieux problèmes financiers car j'ai dû faire face à cela.

    La fierté que j'ai est que j'ai toujours su maintenir le cap dans un secteur difficile et dans un contexte économique délicat. Le seul bar-restaurant où la mixité est représentée. Des femmes,des hommes,des jeunes, des origines sociales différentes et toutes les nationalités sont aussi représentées. Ça c'est la goutte d'or! Maintenant , on ne peut pas dire cela et comme beaucoup je ne me reconnais pas dans cette goutte d'or que certains espèrent plus bobos. Je le redis je suis le seul encore!

    On parle de café associatif par exemple pour la réhabilitation des arcades. Ça a fait rire certains anciens du quartier (et pourtant je n'ai que 37 ans) car le rôle social notre établissement l'a toujours rempli! On ne peut ici avoir un commerce et ne pas être investi pleinement. Depuis tant d'années, on joue un rôle bien que plus grand que celui de commerçant. Et je peux englober le café de Sonia, qui donne peut être à certains une mauvaise image car les jeunes sont dans la rue, mais vous ne pouvez pas imaginer la difficulté de tenir ce bar qui est aussi une institution. Les clients sont les jeunes et Chibanis du quartier..mais ils partiront pas ces gens là, ils habitent le quartier !!!!

    J'aurais beaucoup de choses à dire et à redire mais la principale chose est que je suis lassé,fatigué, cela me rend malade d'où mes absences de ces derniers mois.. Je suis père de deux enfants en bas âge et les semaines à 80 heures par semaine avec toutes ces problématiques à gérer ..
    J'ai donné donné mais il y a des moments dans la vie où il y a des décisions à prendre.
    Vous ne pouvez imaginer les difficultés et l'énergie que cela prend de tenir dans ce secteur. On a pas de baisse de charges, baisse de loyers, étalements de dettes... et pourtant c'est un quartier reconnu pour ses problèmes. Pour certains quartiers on débloque des sous pour les commerces suite aux gilets jaunes notamment et les commerces autour de Notre Dame. Nous c'est tout les jours et toute l'année!!

    Ma terrasse? Oui elle est belle, on fait ce qu'on peut... Je ne vous parle pas des barbecues, dégradations, la place (pas la terrasse) où il y a des trafics et odeurs de cannabis à gogos.. Pas facile de manger un couscous.. Et j'en passe bien sûr.
    Il y a une dizaine de jours, bagarre sur la place entre "clandos" (une dizaine) un couteau qui atterrit sur la terrasse a côté d'une cliente... Normal Les arcades avec la fermeture du Leader Price... ??? [Le magasin Leader Price, seul supermarché "premiers prix" du quartier, a fermé suite à un incendie volontaire allumé à proximité en février dernier]

    Je parle avec tout le monde, y compris Paris Habitat qui le dit aussi, ce n'est plus possible aussi. Mes employés se font importuner, ma mère a peur de venir tellement c'est dangereux... Bref, avec toutes les problématiques ainsi que ma lassitude , en tant qu'être humain et avec la longue dépression hivernale que j'ai eu, le restaurant est en liquidation et j'ai laissé faire car le combat est perdu.

    Il y a juste à faire appel d'ici le 3 juin de la liquidation qui a été prononcé car je n'ai pas pu me présenter a l'audience étant hospitalisé.  C'est un montant assez faible (5 000 €) mais un oubli car quand vous pensez plus à la sécurité qu'au commerce... Je n'ai pas pris d'avocat (avec des frais élevés que je ne peux pas me permettre) et je me fais a l'idée de fermer le fond de commerce samedi 1er juin 2019.

    Je serais en tout cas toujours là pour le quartier et a se mobiliser si besoin. Et puis le fond rouvrira, avec des personnes motivées (peut-être très chic?). Et je leur souhaite de rester aussi longtemps que j'ai pu rester.

    [Cette lettre] est un mélange de tristesse et de soulagement, car c'est une énorme partie de ma vie qui s'en va [...]"

    Paris, le 29 mai 2019

     

  • Incompréhensible changement à la tête de la ZSP

    Nous venons d'apprendre le changement de direction de la "Zone de Sécurité Prioritaire (ZSP) 10-18". Désormais ce sera la commissaire Emmanuelle Oster, arrivée récemment à la tête du commissariat central du 18e arrondissement, qui dirigera les opérations en lieu et place du chef district, le commissaire Jacques Rigon, qui menait cette mission jusque là. Nous croyons savoir que la Préfecture - et donc le ministère de l'Intérieur - reprocherait au commissaire Rigon son insuffisance de résultats, mettant en cause ses méthodes.

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    Pour avoir suivi la ZSP dès sa mise en place, en septembre 2012 pour sa première version, en étant associés aux différentes formes de comité de suivi, nous avons pu suivre finement les évolutions de ce dispositif, et nous avons vu défiler bien des ministres de l'Intérieur, préfets et commissaires. D'ailleurs, ce changement est sans doute lié à l'arrivée du nouveau préfet Didier Lallement, qui vient lui-même de remplacer Michel Delpuech à la fin du mois de mars dernier.

    De notre point de vue, celui de riverains "avertis" et impliqués de très longue date, nous ne comprenons pas cette décision qui nous paraît bien injuste. En effet, si les résultats en matière de sécurité sont certes insuffisants dans le secteur, à notre avis ce n'est pas tant une question de méthode que de moyens qui n'ont jamais été à la hauteur des enjeux locaux. D'ailleurs, lors de la dernière réunion de la cellule d'écoute de la ZSP, nous avions précisément pointé ce problème d'effectifs insuffisants.

    En effet, il nous paraît bien fallacieux de la part de la Préfecture de reprocher une insuffisance de résultats sur la ZSP alors que, dès qu'un événement s'annonce ailleurs à Paris, cette même Préfecture vide les effectifs de police du secteur. Nous pouvons le constater dans nos rues depuis plus de six mois, tous les samedis — jours où se cumulent le plus de problèmes sur nos quartiers — où la Préfecture enlève systématiquement tous les effectifs disponibles dans la ZSP au profit des zones de manifestation des "Gilets jaunes". Ce choix est bien celui de la Préfecture. Une Préfecture qui malgré le changement de tête récent ne semble hélas pas avoir encore pris la mesure de la gravité de ce qu'il se passe dans nos quartiers (et ne dit-on pas qu'on ne change pas de capitaine en pleine tempête ?). Car des changements de méthodes, nous en avons vus plus d'un ici, mais la seule chose qu'on ait vu avoir une influence réelle sur la situation délictuelle dans nos quartiers c'est précisément l'augmentation d'effectifs avec une présence effective et durable sur le terrain. Ce fût le cas lors de la création de la brigade "anti-sauvette" qui a réussi à les faire baisser nettement sur le secteur de Château Rouge, mais c'était avant la période des manifestations du mouvement des Gilets jaunes, depuis les ventes à la sauvette sont réapparues... surtout le samedi.

    Dans le cadre du dispositif ZSP, nous perdons donc non seulement un commissaire dont l'implication sans faille et la connaissance très fine du terrain manquera très certainement (Jacques Rigon avait été commissaire du 10e auparavant), mais nous perdons aussi du temps, c'est à dire les mois nécessaires à ce qu'une nouvelle direction s'installe, comme à chaque fois que ce fut le cas, lors d'un changement à la tête de la ZSP ou de celle des commissariats d'arrondissements.

    Malgré ces circonstances, nous souhaitons évidemment un plein succès à la commissaire Oster dans sa nouvelle mission. Et quant à la forme que prendra le suivi de la ZSP et l'implication des riverains, si elle est prolongée, nous n'avons aucune indication pour l'instant. Nous ne manquerons pas de vous en informer quand nous en aurons connaissance.