Web
Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : projet 360°

  • Résultats du premier tour des municipales 2020 - 9e, 10e et 18e arrondissements

    C'est dans un contexte très particulier, celui d'une pandémie sans précédent, que s'est déroulé le premier tour des élections municipales 2020. Logiquement l'abstention a été très forte, avec un taux de participation très faible à Paris comme partout en France (à 12 h, le taux de participation était de 12,61 %, à 17 h il était de 32,96 % à Paris). Notons qu'il n'existe pas de taux minimum de participation pour valider ce scrutin ; constitutionnellement, seul un report du second tour pourrait éventuellement remettre en cause le premier tour et donc le scrutin. Mais le caractère inédit de la situation ne permet pas de se projeter avec certitude actuellement. Nous en saurons plus dans les heures ou les jours qui viennent.

    Au niveau parisien, Anne Hidalgo tient la tête à l'issue du premier tour. Dans les trois arrondissements qui nous intéressent, les 9e, 10e et 18e, c'est la prime au sortant qui est la règle : les trois maires sortants prennent tous la tête du premier tour dans leur secteur.

    Dans le 9e, Delphine Bürkli (LREM) arrive première avec 36,91 % des voix. Elle est suivie par Arnaud Ngatcha (PS-PC) qui obtient 25,05 % des votes, et par Pierre Maurin (LR) avec 15,74 %. Même en cas de triangulaire au second tour, si l'on ajoutait arithmétiquement les listes PS-PC et EELV (9,58 %), cette liste n'obtiendrait pas un score suffisant pour battre la maire sortante, qui est donc en bonne position pour un second mandat.

    Dans le 10e, la majorité actuelle emporte majoritairement l'adhésion des votants, avec Alexandra Cordebard (PS-PC), la maire sortante qui obtient 41,40 % des voix et Sylvain Raifaud (EELV) 15,41 %. Viennent ensuite les listes de Karim Amellal (LREM) avec 14,55 % et celle de Bertil Fort (LR) avec 13,79 %. Les autres listes n'atteignent pas les 10 % nécessaires pour passer au second tour. Un second tour qui est extrêmement favorable à la maire sortante.

    Dans le 18e, Éric Lejoindre (PS-PC), le maire sortant affiche 31,66 % de voix, suivi d'Anne-Claire Boux (EELV) qui affiche le meilleur score de son parti à Paris avec 17,16 % des voix. Le député Pierre-Yves Bournazel (Agir-LREM) la talonne avec 16,99 %. Rudolph Garnier se qualifie également pour le second tour avec 11,32 % des voix. Par contre, avec 9,30 % Vikash Dhorasso (LFI) échoue de peu au second tour, même s'il peut, théoriquement, s'allier avec autre liste. Il en est de même pour Lucas Elalouf avec 6,13 %. Pierre Liscia échoue avec son pari d'une liste alternative, il est éliminé à l'issu du premier tour avec 3,47 %. Quant au sulfureux Marcel Campion, il ne fait qu'un petit 0,50 %.

     

    résultats,élections-municipales,2020,9e,10e,18e,paris

    Nous vous donnons ici les résultats des élections municipales 2020 pour les 9e, 10e et 18e arrondissements de Paris.

    Les listes sont classées selon leur positionnement politique, de gauche à droite suivi des "sans étiquette".

     


    9e arrondissement

    Taux de participation : 45,87 %

     

    Sophie Robin LO
    Lutte ouvrière – Faire entendre le camp des travailleurs

    Nombre de voix :87Pourcentage :0,48 %

     

     

     

    Côme Delanery LFI
    Décidons Paris 9

    Nombre de voix :465Pourcentage :2,58 %

     

     

     

    Guillaume Cot EÉLV
    L'Écologie pour Paris 9 avec David Belliard

    Nombre de voix :1 729Pourcentage :9,58 %

     

     

     

    Arnaud Ngatcha PS - PCF - PP - G·s - AE - ND - R&S
    Anne Hidalgo Paris en commun

    Nombre de voix :4 522Pourcentage :25,06 %

     

     

     

    Fabiola Conti Volt
    Volt Paris : un Paris pour l'Europe

    Nombre de voix :95Pourcentage :0,53 %

     

     

     

    Thierry Keller diss. LREM
    Le Nouveau Paris 9

    Nombre de voix :1 278Pourcentage :7,08 %

     

     

     

    Delphine Bürkli LREM - MoDem - UDI - Agir - MR
    Ensemble pour Paris avec Agnès Buzyn

    Nombre de voix :6 660Pourcentage :36,91 %

     

     

     

    Pierre Maurin LC - LR
    Engagés pour changer Paris, avec Rachida Dati

    Nombre de voix :2 841Pourcentage :15,74 %

     

     

     

    Marc-Antoine Ponelle RN
    Aimer Paris

    Nombre de voix :231Pourcentage :1,28 %

     

     

     

    Marie-Claude Biron Sans étiquette
    Libérons Paris

    Nombre de voix :72Pourcentage :0,40 %

     

     

     

    Hélène Babu Sans étiquette
    Pari(s) citoyen

    Nombre de voix :66Pourcentage :0,37 %

     

     

     

     


    10e arrondissement

    Taux de participation : 44,29 %

     

    Didier Tanguy LO
    Lutte ouvrière – Faire entendre le camp des travailleurs

    Nombre de voix :193Pourcentage :0,79 %

     

     

     

    Hugo Roëls LFI
    Décidons Paris 10

    Nombre de voix :1 154Pourcentage :4,73 %

     

     

     

    Sylvain Raifaud EÉLV
    L'Écologie pour Paris 10 avec David Belliard

    Nombre de voix :3 764Pourcentage :15,41 %

     

     

     

    Alexandra Cordebard PS - PCF - PP - G·s - AE - ND - R&S - PE
    Anne Hidalgo Paris en commun

    Nombre de voix :10 109Pourcentage :41,40 %

     

     

     

    Pierre-Yves Zantar div. G. 
    Parisiennes-Parisiens

    Nombre de voix :196Pourcentage :0,80 %

     

     

     

    Pierre Henry diss. LREM
    Le Nouveau Paris 10

    Nombre de voix :1 628Pourcentage :6,67 %

     

     

     

    Karim Amellal LREM - MoDem - UDI - Ag

  • Samir Lebcher : ”Barbès c’est fini pour moi”

    Lundi 13 mai dernier, en fin de journée, alors qu'il ferme son kiosque, Samir Lebcher est victime d'une agression violente. À l'origine de cette agression, un jeune pickpocket qui sévit habituellement à la sortie de la station de métro Barbès-Rochechouart.

    kiosque,samir-lebcher,9e,10e,18e,securité

    Le kiosque de Samir Lebcher, désormais clos

    L'affaire a suscité une vive émotion et a fait grand bruit, la presse nationale s'empressant de relater "l'agression du kiosquier de Barbès" et les responsables politiques d'exprimer leur solidarité avec Samir Lebcher, comme la Maire de Paris qui s'est exprimée sur Twitter à ce propos. Il faut dire que cette agression n'est pas "juste" une agression de plus à cet endroit, elle est surtout le symbole d'une dégradation de la sécurité en ce lieu pourtant - hélas - habitué aux situations tendues. En effet, ce n'est pas anodin que ce soit précisément Samir Lebcher qui soit la victime de cet acte violent, car à travers lui c'est le dernier rempart de la "normalité" du lieu qui est attaqué. Durant les très nombreuses années où, d'abord Michel le père, et ensuite Samir le fils, les Lebcher ont tenu le kiosque de Barbès, au milieu des vendeurs de cigarettes (et autres substances) et des pickpockets, jamais ils n'avaient été agressés physiquement.

    Samir Lebcher n'a pas souhaité répondre aux très nombreuses sollicitations des médias suite à l'agression dont il a été victime, préférant se préserver de cette exposition médiatique. Cependant, il a choisi de revenir sur cet évènement sur le blog d'Action Barbès.

    Action Barbès : Bonjour Samir, tout d'abord comment vas-tu une semaine après cette agression ?

    Samir Lebcher : Bonjour, dans l’ensemble ça va. Ce qui me préoccupe et me pèse, c’est plus l’accumulation psychologique des années passées à Barbès que l’agression elle-même. Comme une impression d’y avoir fait tout sauf mon travail de kiosquier.

    AB : Peux-tu revenir sur le déroulement de ce qui s'est passé lundi dernier, et nous dire dans quel contexte s'est déroulé cet évènement ?

    SL : Ce lundi était une journée avec une ambiance marquée par une circulation encore plus dense que d’habitude, avec beaucoup de bruits, il y avait aussi beaucoup de nervosité du côté des marchands de cigarette et des pickpockets, bref une ambiance électrique. En début d’après-midi je suis intervenu pour empêcher un pickpocket de voler dans le sac d’une cliente, ce qu’il n’a visiblement pas apprécié puisqu’il a ensuite donné des coups sur le coté du kiosque. Il a ensuite rodé autour du kiosque tout l’après-midi en proférant des menaces à mon encontre. Je l’ai signalé à des agents de police passant par là. Vers 19h au moment de la fermeture, alors que je sortais du kiosque, je reçois un violent coup de poing à l’œil par le pickpocket resté en embuscade pour se faire vengeance. Il a ensuite tenté de me projeter au sol et de continuer à me frapper mais j’ai réussi à le faire fuir, l'action a duré une dizaine de minutes. Aucune force de police n’était présente à ce moment-là.

    AB : Mercredi 15 mai lors de la réunion du comité de voisinage de la ZSP, nous avons exprimé notre vive émotion suite à ton agression et interpellé les responsables policiers et politiques sur leur engagement sur le terrain au métro Barbès. Comment vois-tu le travail policier ces derniers temps, avais-tu remarqué une présence plus régulière ?

    SL : Oui en effet, il a beaucoup plus de présence policière, avec différents services mobilisés ces derniers temps. Mais leur absence, ne serait-ce que de dix minutes, laisse le terrain libre aux délinquants qui reprennent leurs affaires de plus belle. Il faudrait une présence policière permanente et continue pour que cet espace public retrouve un jour un peu de sérénité. Et plutôt que de se concentrer sur le bout de la chaine, les vendeurs de cigarettes, peut-être que le mieux serait d’enquêter efficacement sur les ramifications étrangères de ces réseaux bien implantés.

    AB : La Maire de Paris, mais également les maires d'arrondissement et de nombreux élus, et de nombreux riverains, ont exprimé leur solidarité à ton égard. Comment reçois-tu cette manifestation de soutien? 

    SL : j’ai été très touché par ces nombreux messages de soutien, en particulier celui d’Anne Hidalgo. Mais depuis le temps que j’alerte les élus sur la dégradation constante de la situation au métro Barbès, j’aimerais plus des actions que des mots. Et là je parle plus pour le quartier et les habitants que pour moi.

    AB : Tu es actuellement en arrêt suite à cette agression et ton kiosque est fermé. Comment s'annonce pour toi l'avenir à Barbès ?

    SB : Il ne s’annonce tout simplement pas. Cette agression m’a amené à m’interroger sur le rapport coût/bénéfice de mon activité à Barbès, en tenant compte des questions financières bien sûr mais également de mon bien-être au travail, et j’en ai conclu que pour mon avenir, mon bonheur et celui de ma famille il est préférable d’arrêter là. Je ne rouvrirai donc pas le kiosque à l’issue de mon arrêt maladie. Finalement, cette période est une bonne occasion pour moi de réfléchir à ma reconversion, j’ai déjà plusieurs pistes sérieuses, mais je me laisse le temps de la réflexion. Ce que je sais c’est que Barbès, c’est fini pour moi.

    Propos recueillis le 19 mai 2019

  • La Goutte d'Or a changé de plan de circulation

    Depuis bientôt vingt ans, Action Barbès est très attentive à la vie de nos quartiers sous ses nombreux aspects (aménagement urbain, déplacements, commerces, sécurité, végétalisation, patrimoine, culture...), et cette expertise acquise au cours de ces années nous donne une vision assez précise des problématiques de ces territoires mais également une vision plus globale, à l'échelle des quartiers. C'est ce qui nous permis de constater les problèmes inhérents à la circulation dans la Goutte d'Or et nous a amené à demander la révision du plan de circulation (voir notre article complet sur cette demande : "Pour une révision du plan de circulation de la Goutte d'Or"). 

    Le problème de l'arrivée massive de véhicules le week-end sur Château-Rouge ayant été partiellement résolu par l'élargissement du secteur de l'opération "Paris respire" le samedi, il restait le problème rencontré au quotidien causé par la circulation de transit qui encombrait inutilement et dangereusement les rues étroites de la Goutte d'Or. Des itinéraires "malins" que nous dénoncions dès 2015, auquel il fallait remédier, et pour ce faire seul un changement du plan de circulation du quartier pouvait faire évoluer positivement les choses.

    plan-de-circulation,18e,goutte-d-or,piétons

    Les itinéraires de transit (2015)

    Depuis, l'association de cyclistes Paris En Selle nous a rejoints dans cette demande de révision en proposant des aménagements concrets. D'autres éléments montrent que cette attente est partagée par les habitants du quartier, comme le projet lauréat du Budget participatif de 2017 qui demande un réaménagement du pourtour de l'église Saint-Bernard en zone de rencontre (non réalisé), ou encore cette pétition à l'initiative d'habitants demandant la piétonnisation de la rue Myrha qui a connu un grand succès ces derniers mois. Enfin, rappelons que, selon l'INSEE, seulement entre 19,1 % et 24,94 % des foyers du quartier possèdent un véhicule.

    Cette demande de changement de plan de circulation du quartier a donc finalement été entendue par les élus. La décision a été prise et mise en oeuvre très rapidement après les dernières élections municipales. Une réunion d'information s'est tenue le 22 juillet dernier pour une mise en œuvre du changement le 30 juillet suivant ! Lors de cette réunion, à l'assistance nombreuse malgré le déficit de communication de la mairie, si globalement le changement de plan de circulation a été bien accueilli par les habitants,  en revanche, l'absence de concertation préalable a été pointée du doigt par nombre d'entre eux. La mairie du 18e a précisé que ce plan n'est pas définitif et que des changements pourraient être apportés au regard de l'expérience sur le terrain. Une réunion publique devrait se tenir courant novembre pour faire le point sur ce dossier.

    Sans attendre novembre, nous avons fait part de nos observations à la mairie du 18e, et nous lui avons notamment demandé, par l'intermédiaire de son nouvel adjoint à la sécurité, Kévin Havet, l'implantation de panneaux de signalisation supplémentaires à plusieurs carrefours problématiques pour faciliter la compréhension des nouveaux sens de circulation pour les automobilistes. Cela a été fait très rapidement, espérons que cette réactivité perdure tout au long de cette nouvelle mandature.

    plan-de-circulation,18e,goutte-d-or,piétons

    Il faudra évidemment attendre pour voir les effets durables dans les semaines qui viennent, quand la circulation aura repris son flux habituel et que les systèmes de GPS auront été mis à jour. Mais d'emblée, passés les premiers jours de confusion après la mise en place du nouveau plan de circulation, le mois d'août a montré des premiers effets positifs, avec une diminution notable de la circulation et une réduction de la vitesse moyenne des véhicules, rendant les déplacements piétons et cyclistes beaucoup plus faciles et sûrs. Par exemple, sans les véhicules en transit, la circulation automobile rue Myrha s'est raréfiée au point que les piétons — très nombreux dans cette artère commerçante — ont vite investi la chaussée, lui donnant un air de rue piétonne très agréable. Mais il faudra réfléchir à améliorer certains points, comme les flux automobiles passant par les rues de Panama, de Suez et Laghouat.

     

    Rues aux écoles

    La mairie a profité du changement de plan de circulation pour déployer les aménagements dans le cadre des "Rues aux écoles", un plan qui prévoit de piétonniser des portions de rue devant les établissements scolaires parisiens. C'est donc le cas devant les écoles de la rue Cavé, de la rue Saint-Luc et de la rue Émile Duployé. La rue Richomme est, elle, déjà devenue piétonne, comme les lecteurs de ce blog le savent.

    plan-de-circulation,18e,goutte-d-or,piétons

    Signalisation et marquage au sol devant l'école de la rue Cavé

     

    Les changements

    Plusieurs rues changent donc de sens de circulation. L'idée générale étant de maintenir l'accès à l'ensemble du quartier, pour qui a quelque chose à y faire (desserte locale, livraisons, taxis...), tout en empêchant une traversée pour éviter les grands axes. Quelques petits tronçons deviennent piétons, dont certains dans le cadre des Rues aux écoles précédemment évoquées.

    Voilà la liste des rues dont le sens est inversé :

    - rue Doudeauville, entre la rue Marx-Dormoy et la rue Stephenson ;

    - rue des Gardes, entre la rue Myrha et la rue de la Goutte d'Or ;

    - rue Léon, entre la rue Doudeauville et la rue Laghouat ;

    - rue Marcadet, entre la rue des Poissonniers et le boulevard Barbès ;

    - rue Myrha, entre la rue Affre et la rue Léon ;

    - rue des Poissonniers, entre la rue Myrha et la rue Polonceau ;

    - rue Saint-Jérôme.

    Les rues qui deviennent piétonnes :

    - rue Cavé, entre la rue Affre et la rue Saint-Jérôme, et entre la rue Léon et la rue des Gardes ;

    - rue Émile Duployé ;

    - rue Saint-Luc, entre la rue Polonceau et la rue Saint-Bruno ;

    - rue Saint-Mathieu, entre la rue Stephenson et la rue Affre.

    Il est à noter que les rues au sud du quartier (Goutte d'Or, Charbonnière, de Chartres, des Islettes) ne sont pas concernées, la rue de la Goutte d'Or abritant un commissariat, un changement de sens de circulation ici demande l'aval de la Préfecture, qui ne l'a donc pas donné. 

    plan-de-circulation,18e,goutte-d-or,piétons

     

    La rue Stephenson respire

    Une des — heureuses — conséquences du changement de plan de circulation, la zone "Paris respire" Goutte d'Or-Château Rouge s'agrandit un peu, avec des nouvelles limites mises en place samedi dernier, le 29 août. Comme nous le demandions depuis plusieurs mois (voir notre article de février dernier) avec de nombreux riverains, la rue Stephenson fait enfin partie du périmètre de la zone Paris respire et ses habitants bénéficient à présent — enfin — d'un peu de tranquillité le samedi. De plus, le bus 302 qui passe par cette rue verra ses horaires mieux respectés ce jour-là. Entrent également dans le périmètre, le début de la rue Affre (entre la rue de Jessaint et la rue Saint-Bruno), tout comme la rue Polonceau, la rue Saint-Bruno, la rue Pierre l'Ermite, le début de la rue des Poissonniers (entre le boulevard Barbès et la rue Myrha), la rue Myrha (entre la rue des Poissonniers et le boulevard Barbès), ou encore la rue Jean-François Lépine.

    plan-de-circulation,18e,goutte-d-or,piétons

    Nouveau point de contrôle de Paris respire boulevard Barbès, au début de la rue des Poissonniers

  • L’histoire du Louxor

    François Loyer est aujourd’hui Directeur de Recherche au CNRS mais il a été Vice Président de la Commission du Vieux Paris. Historien de grande notoriété, spécialiste de l’architecture parisienne des 19ème et 20ème siècles, son livre, Paris XIXème siècle, l’immeuble et la rue fait autorité.

    François Loyer a bien voulu se pencher sur le cas du Louxor. Dans un premier temps au titre de la Commission du Vieux Paris puis, plus récemment, pour le compte de l’association Action Barbès. Nous publions ici l’intégralité de la conférence qu’il a bien voulu donner lors de la dernière Assemblée Générale de cette association en septembre 2008.

    oOo

    Le Louxor, Palais du Cinéma

    Les plus anciens cinémas de Paris

    En 1906, l’avocat Edmond Benoit-Lévy inaugurait, sur les grands boulevards, la première des salles non foraines du cinéma. Lié à Charles Pathé, le rival de Gaumont, il était le promoteur d’un cinéma éducateur tourné vers les classes populaires. Bientôt, le développement spectaculaire de ce nouveau support allait en faire une des formes modernes de l’art : en témoigne la création, en 1908,....

     

     

    de l’éphémère « Société du Film d’Art »[1], placée sous la direction artistique du jeune Henri Lavedan (appelé à une grande destinée dans l’histoire de l’urbanisme). À la veille de la première guerre mondiale, existaient déjà plus de trois cents salles de cinéma en France (cent mille aux Etats-Unis !). Saluant la reconnaissance du Septième Art, le Guide Bleu de 1923 indique que Paris en possède désormais près de deux cents : la liste mentionne trente-six adresses, dont celle du « Louxor ». C’est dire la réussite foudroyante d’une industrie artistique appelée à un bel avenir.

     

    Il ne reste pratiquement plus rien aujourd’hui d’une telle flambée de constructions. Seuls quatre cinémas parisiens peuvent se prévaloir de l’ancienneté de leur origine : le Panthéon, 13 rue Victor Cousin, (ouvert en 1907, rénové en 1930) ; le Cinéma Palace, 42, boulevard de Bonne Nouvelle (1907, dans sa version de 1921), le Max Linder Panorama, 24 Boulevard Poissonnière (1912, rénové en 1957 et 2007) et le Latina, ancien cinéma de l’Hôtel de Ville (1913, reconstruit en 1995). Encore faut-il remarquer qu’aucun d’entre eux ne subsiste dans son état initial : seul le site s’en est maintenu, la construction ayant été rénovée à plusieurs reprises. Ils n’en constituent pas moins de précieux souvenirs d’une histoire en train de s’effacer sous nos yeux. Rappelons que le dernier cinéma d’avant 1914, le Ternes Palace, 7-9 rue Pierre-Demours, a été détruit il y a deux ans. Créé en 1911 par E. Benoit-Lévy, il était connu pour son toit ouvrant (qui inspirera l’illustre « Maison du Peuple » à Clichy, dans les années trente). Il faut se rabattre sur le Grand Rex (1931, par Auguste Bluysen et Maurice Dufrêne), la Pagode (une ancienne salle des fêtes, transformée en cinéma la même année), ou le Balzac (1935) pour trouver des souvenirs de l’entre-deux-guerres – le Paramount (1927), dans l’ancien théâtre du Vaudeville, ne subsistant qu’à l’état de fragments dans une succession de rénovations qui l’ont peu à peu défiguré.

     

    Tel qu’il nous est parvenu, Le Louxor (1921) apparaît donc comme l’un des plus anciens[2], sinon le plus ancien des cinémas de Paris – voire d’Europe. Cette rareté, correspondant à une période prestigieuse de la construction de salles de spectacle, donne à l’édifice un caractère d’autant plus exceptionnel qu’il n’a subi aucune modification depuis son abandon il y a trente ans. De ce point de vue, l’inscription des façades et toitures au titre des Monuments Historiques est notoirement insuffisante, s’agissant d’un « unicum » dans l’architecture parisienne (et d’une rareté, dans l’architecture européenne).

     

    Le Louxor

     

    « Palais du Cinéma », Le Louxor est une vaste salle - 1.200 places au total (le tiers aujourd’hui, au regard des normes de confort actuelles). La taille est sans comparaison avec les quelques centaines de sièges des cinémas d’avant-guerre[3]. Comme l’écrivait un contemporain, « les scénarios nouveaux et très adaptés au spectacle cinématographique par des metteurs en scène qui se sont révélés des maîtres, viennent de faire du cinéma un cinquième art, l’art muet. Son développement lui interdit désormais une installation précaire ; il lui faut un cadre digne de lui »[4]. Même si nous ne comptons plus tout à fait de la même façon aujourd’hui (et même si le cinéma a depuis longtemps conquis la parole), la spécificité du programme du cinéma de quartier est évidente à travers ces remarques. Et le même auteur de préciser : « il serait superflu de vouloir jouer à la grande architecture, le cinéma devant toujours garder son caractère populaire. Laissons les grandes ordonnances aux établissements des institutions d’Etats pour en souligner la puissance aux yeux du commun, mais restons dans des formes modernes, résultat du système de construction de notre époque dans lequel l’ornement ne viendra remplir qu’un rôle secondaire dans une place voulue mais non créée spécialement pour lui. » De ce point de vue, le Louxor est une remarquable réussite. Pour abondant que soit son décor extérieur de mosaïque, il est soumis à un rôle d’accompagnement, sans versatilité ni pittoresque.

    Salle en 1922.JPG

    L’architecture n’en est pas moins ambitieuse, ne serait-ce que par son échelle. L’auteur (un parisien d’origine levantine et de formation française) réalise une audacieuse construction en portiques de béton d’une grande légèreté, sur de simples semelles de fondation. On pense, en l’observant, au parti que retiendra deux ans plus tard Auguste Perret pour l’église du Raincy – dont Le Louxor est incontestablement le modèle[5] : l’ossature extérieure, les remplissages légers, le système de lanterneaux de ventilation sont communs aux deux édifices, ainsi que la géométrie d’un volume parallélépipédique tout en profondeur, au sol incliné[6]. Pour augmenter la capacité de la salle, deux grands balcons superposés exploitent l’importante hauteur sous plafond. L’architecte s’est inspiré de plusieurs salles de spectacle parisiennes – notamment, la salle Gaveau, transposée ici en ossature de béton. Les contraintes de la projection cinématographique le poussent à développer la superposition des places sur trois niveaux, en renonçant aux balcons enveloppants qui ne permettraient pas la vue frontale. Pour le reste, on est étonné de voir à quel point le traitement décoratif de la structure renvoie au travail de Perret pour le théâtre des Champs-Elysées : triomphe de l’ossature porteuse, système de claustra décoratifs, agencement du proscénium et de la fosse d’orchestre.

     

     

    Un intérieur miraculeusement préservé

     

    Pour autant, est-ce vraiment un cinéma ? A l’époque où se formalise la typologie des salles de projection, la référence au théâtre est encore très présente. Le cinéma muet l’impose : la projection est associée à un accompagnement musical qui justifie la fosse d’orchestre – on n’est pas loin du théâtre de variété ou de l’opéra comique. Cachée par de grands claustras de part et d’autre de l’écran (ce dernier pouvant être occulté par un rideau de scène – toujours en place dans les combles), un étroit volume en hauteur accueille le souffleur, chargé du bruitage et de l’accompagnement parlé. Tout cela fait du Louxor une salle de spectacle ouverte aussi bien à des performances musicales qu’à des conférences ou des débats[7], voire à des spectacles de variété ou de mime sur la petite scène devant l’écran. Soulignons à quel point la conservation de ces dispositifs est devenue rare, donnant à l’édifice un caractère exceptionnel dans l’histoire des cinémas de quartier.

     

    La transformation de la salle en boîte de nuit, à moindres frais, a laissé la quasi-totalité du décor intérieur en place. Derrière l’habillage en moquette, les stucs marbre en ton bleu lapis lazzuli sont toujours là, de même que les grands motifs d’inspiration minœnne des peintures murales. Les décors de staff ont été préservés et l’on garde la trace des luminaires électriques. Une restauration en est entièrement possible, sachant que l’ensemble du dispositif spatial de la salle et de ses accès est toujours en place, avec tous les éléments d’origine. Au total, ce n’est pas un squelette ou une enveloppe qui sont parvenus jusqu’à nous, mais bien la salle entière, y compris son décor[8]. Un tel exemple est unique. Il ne donne pas seulement le souvenir d’une des premières grandes salles de cinéma construites en France, il en donne toute la matérialité, qui n’attend qu’une remise en état pour reprendre vie. L’extrême rareté des témoignages de l’architecture des débuts du septième art justifie qu’une attention toute particulière soit portée à la conservation, la restauration et la mise en valeur de ce bâtiment[9], depuis longtemps identifié comme un exemple majeur dans ce domaine à Paris.

    3. Louxor Ecran 1922.jpg
    Scène, fosse d'orchestre et écran en 1922

     

    Un projet de « façadisme »

     

    La proposition faite par la Ville de Paris va en sens inverse. Tirant parti de la protection partielle, uniquement conservatoire, prise il y a vingt ans pour les façades et toitures du bâtiment, elle ignore délibérément l’intérêt des intérieurs redécouverts depuis 2003 sous le décor de la fin des années 1970. Pour introduire un programme de cinéma d’art et d’essai, sur le modèle des multiplexes de la dernière génération, elle est amenée à détruire les fondations pour creuser deux salles souterraines – on perd au passage la structure des grandes semelles traversant les anciens sous-sols voûtés hérités des constructions du début du XIXe siècle. Les règles de sécurité pour l’accès à ces nouvelles salles obligent ensuite à rogner la grande salle de cinéma, tant du côté de l’entrée que du côté de l’écran – détruisant au passage proscénium, fosse d’orchestre et cage du souffleur. Enfin, il faut isoler : les stucs et le décor d’origine disparaissent sous l’épaisse croûte d’un habillage isolant sur lequel sera imité, avec plus ou moins de bonheur, le décor disparu à cet occasion[10]. Toutes les proportions de la salle en seront bouleversées. Mais ce n’est pas le pire : afin d’éviter la transmission des vibrations de la musique électro-acoustique dans la structure, on scie les deux balcons, qui seront détruits puis reconstruits. Que restera-t-il de la salle après ces interventions ? Plus grand-chose, assurément !

     

    Restauration ou réhabilitation ? Derrière ces deux mots, en apparence synonymes, se cache l’enjeu des projets actuels. Pour les habitants, la sauvegarde du Louxor entraîne sa conservation et sa remise en état – autrement dit, sa « restauration » au sens des Monuments historiques. La protection dont il bénéficie au titre de l’Etat (inscription MH) comme au titre de la Ville (« Protection Ville de Paris » dans le cadre du P.L.U.) leur donne à croire que ce sera la voie retenue. Pour la Ville, il s’agit de tout autre chose : l’ambition est de créer un équipement culturel nouveau, « centre dédié au cinéma et aux musiques nouvelles du « Sud » dans l’ancien cinéma du Louxor »[11]. Le souci majeur de la mission Cinéma du Secrétariat général de la Ville est « de répondre à l’objectif avancé d’équilibre financier de financement et d’exploitation » : « Les simulations des conditions d’exploitation et de fonctionnement (fréquentation, recettes prévisibles et dépenses de fonctionnement) incitent à constituer une offre diversifiée sur le site qui comprendrait au moins 3 salles de projection de jauges décroissantes. » En d’autres termes (et sans langue de bois), il s’agit de créer un multiplexe composé d’« au moins » trois salles. Contrairement aux affirmations de la délibération du Conseil de Paris, il ne s’agit donc pas « de conjuguer la restauration du bâtiment le « Louxor » en valorisant son patrimoine architectural et culturel avec la préservation de l’activité cinématographique », mais d’inclure un équipement nouveau dans un bâtiment ancien, quitte à le transformer radicalement à l’intérieur.

     

    Est-ce comme cela qu’on protège le patrimoine ? Certainement pas ! La règle d’or de la protection est de rechercher un programme adapté à l’édifice et non l’inverse[12]. On peut transformer une cathédrale en grenier à foin, mais pas en faire un blockhaus, sauf à la noyer sous des masses de béton… De la même manière, la seule façon de conserver à un cinéma l’authenticité de sa structure et de son décor serait de trouver une affection adaptée à ses caractéristiques. L’idée qui vient aussitôt à l’esprit est d’exploiter la polyvalence de cette salle, mi-cinéma, mi-théâtre (et un peu salle de concert ou de conférences) pour y implanter des activités allant de la projection de films muets à la variété ou au café-théâtre en passant par les conférences, cours et débats[13]… Passer en force, imposer à l’édifice des transformations irréversibles pour y entrer au chausse-pied un programme inadapté à sa conservation n’est pas seulement une erreur, c’est un crime au plan patrimonial. On n’imaginerait pas de repeindre la Joconde, de l’agrandir ou de la diminuer pour correspondre à une quelconque image, au motif qu’elle trouverait ainsi son utilité économique. C’est pourtant bien ce que l’on ose proposer en la circonstance : dénaturer un édifice, au nom de la rentabilité. La Ville de Paris a déjà sur la conscience le théâtre de la Gaieté Lyrique, honteusement démolie pour en faire un parc d’attraction aussitôt en faillite. Va-t-elle recommencer avec le Louxor ? Les majorités changent, mais pas les pratiques !

     

    Pour tout dire, la Ville de Paris manifeste une singulière incompétence en matière de conservation du patrimoine. Elle semble ignorer les règles de la Charte de Venise, promulguée par l’Unesco il y a près d’un demi-siècle, et s’obstine à maltraiter le patrimoine en fonction de ses besoins immédiats. Lorsqu’il s’agit d’un édifice d’intérêt majeur, comme Le Louxor, l’incompétence tourne au scandale. Il est indispensable que cela soit dit et compris. Car le patrimoine est une ressource rare, d’autant plus rare qu’elle n’est pas renouvelable : un édifice altéré ne pourra plus jamais être ce qu’il était auparavant, quelque argent qu’on y mette. Toute intervention se doit d’être réversible, respectueuse de l’intégrité de l’édifice. Mais peut-être la Ville de Paris ignore-t-elle la notion de patrimoine ?

     

    Cléopâtre

     

    Nous avons laissé de côté le style néo-égyptien, pour le moins inattendu, de cet édifice du début des années vingt[14]. Pourquoi diable avoir choisi l’Egypte plutôt que Rome, l’Antiquité que la Renaissance ou le règne de Louis XVI – alors fort en vogue dans les édifices de spectacle ? Il y a une raison à cela : à n’en pas douter, le bien nommé Louxor renvoie à l’un des films-cultes du cinéma muet. Il s’agit de Cleopatra tourné en 1917 pour la compagnie Fox par J. Gordon Edwards. Non seulement, c’est l’un de ces longs métrages (il dure 125 minutes) qui ont marqué la naissance du cinéma en tant qu’art, après la période des courts documentaires issus de la photographie ; mais ce fut l’un des plus prestigieux, avec un budget d’un demi-million de dollars et plus de deux mille participants. Dans cette veine du « péplum » à l’antique, il aura peu de concurrents avant les années cinquante. Enfin et surtout, le film a été marqué par la participation d’une des premières grandes stars du cinéma, la new-yorkaise Theda Bara, qui inaugure le règne des vamps. « Cleopatra » a été le plus grand de ses succès.

     

    Lorsque le film arrive en France, l’année de l’Armistice, l’industrie française du cinéma a beaucoup perdu de sa superbe. Les années de guerre ont interrompu toute activité et il faudra attendre encore un peu pour que Max Linder relance son entreprise. Les investisseurs américains profitent de ce vide pour importer en Europe un cinéma populaire, dont les stéréotypes laissent une

  • Gare de l'Est : ses abords dégradés !

    Suite à notre article du 30 septembre relatif à la situation dégradée du quartier des Deux Gares et à la pétition circulant aux abords de la Gare de l'Est, l'édition du lundi 12 octobre du Parisien a mis un coup de projecteur sur le quartier de la rue d'Alsace et des Deux Gares :  

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

     Cliquez sur l'article ci-dessus pour accéder à sa version en ligne

     

    Cette exaspération met en lumière une partie des difficultés auxquelles sont confrontés les abords inter-quartiers de la Gare de l'Est, situés au coeur du 10e, aux confins de 5 des 6 quartiers composant cet arrondissement : Porte Saint-Denis / Paradis, Château d'Eau / Lancry, Louis-Blanc / Aqueduc, Grange aux Belles / Terrages, et Lariboisière / Saint-Vincent-de-Paul.

    Compte tenu de l'importance des gares pour ce quartier (avec également la présence de la Gare du Nord sur sa zone), le Conseil de Quartier abordera ce thème des 2 Gares du 10e et de leurs abords, lors de sa prochaine réunion publique jeudi 15 octobre prochain (voir notre article d'hier).

    Dans ce contexte, le présent article est à nouveau consacré à ce thème, avec un accent particulier sur l'espace public aux abords de la Gare de l'Est. Nous n'aborderons pas la rue d'Alsace, dont la situation a été détaillée spécifiquement dans notre article du 30 septembre (supra).    

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    Les abords de la quartiers aux confins de 5 quartiers du 10e

    L'espace public aux abords de la Gare de l'Est est, avant tout, un vaste lieu d'échanges, compte tenu des flux ferroviaires de voyageurs y transitant entre Paris, l'Ile-de-France et l'Europe (avec le bi-pôle d'échange constitué avec la Gare du Nord), les voyageurs sur les réseaux RATP (3 lignes de métro et 10 lignes de bus), mais aussi des familles et habitants du 10e (avec la proximité des écoles de part et d'autre de cette zone, les amenant à la traverser).

    Par ailleurs, la nuit, les abords de la Gare de l'Est connaissent une activité intense au regard de l'importance du nombre de service de bus nocturnes, avec plus d'une dizaine de lignes Noctilien au départ du quartier de cette gare.    

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    Gare de l'Est : terminus pour 17 lignes Noctilien

     

    Des équipements publics dégradés

    Aux abords de la Gare de l'Est, nous faisons le constat d'un espace public usé au regard de la fréquentation intensive dont il est l'objet. Cet usage cause des détériorations assez significatives sur le mobilier urbain qui est régulièrement mis à mal, comme le montrent les photos suivantes.    

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    Exemples de potelet et de corbeille mis hors d'usage

     

    L'espace public souffre fortement de la présence importante des Noctiliens. Aussi pouvons-nous constater des dégradations nocturnes importantes de biens publics, comme sur ces photos : un arbre au tronc arraché, ou deux lampadaires "décapités" boulevard de Strasbourg.

    Ces actes résultent vraisemblablement de comportements décalés de personnes en état d'ébriété avancé, comme nous les ont décrites les cafetiers du secteur, amenés par ailleurs à fermer leur établissement plus tôt que l'heure légale de fermeture face à ces nuisances nocturnes. Et malheureusement, autour de ces terminus Noctiliens aux abords de la Gare de l'Est, pas de "correspondants de nuits" ou de "pierrots de la nuit" pour prévenir ces nuisances et ces incivilités.    

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    Un arbre au tron arraché, laissé à l'abandon

     

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud 

    Deux candélabres "décapités" depuis janvier 2015 

     

    En dehors de ces incivilités proprement dit, ce qui frappe est la réponse généralement lente des services municipaux face à ces mobiliers dégradés. Pour les 2 luminaires vandalisés, nous avons contacté la 6ème Section Territoriale de Voirie ("STV"), chargée du 10e, au sein de la Direction de la Voirie et des Déplacements ("DVD") début janvier 2015 pour lui signaler cette mise hors d'usage de ces 2 candélabres.

    A ce jour, 9 mois après notre contact, la DVD n'a toujours pas procédé au remplacement de ces luminaires : affaire à suivre ! Pour patienter, voici la photo d'un beau matériel que nous avons remarqué dans Paris : des luminaires LED installés boulevard de Sébastopol dans le 2e et 3e : peut-être pourrons-nous un jour les voir aux abords de la Gare de l'Est...        

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    Luminaire "dernier cri" : bientôt devant la Gare de l'Est en lieu et place des lampadaires actuellement hors d'usage ?

     

    Un espace public victime de nombreuses nuisances

    Parmi les nombreuses nuisances répertoriées, il y a évidemment les souillures : épanchements d'urine, vomi, etc., notamment lors des "folles" nuits aux abords de la Gare de l'Est lors de l'attente des bus Noctilien.

    Dès l'ouverture de leurs établissements, les cafetiers et autres restaurateurs doivent faire face aux mictions nocturnes, sur la voie publique, et souvent nettoyer afin de pouvoir ouvrir dans des conditions normales.        

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    Le nettoyage quotidien des épanchements d'urine et du vomi : une nécessité souvent pour les bistrotiers, avant le passage des équipes municipales de la propreté

     

    De nombreux coins se prêtent à ces débordements nocturnes, voire même diurnes, comme cette guérite de la RATP devant la Gare de l'Est, délabrée, avec ses vitres cassées. Nous avions déjà remarqué ce baraquement précaire propice aux épanchements d'urines lors de notre marche exploratoire "propreté" avec le service technique de la propreté de Paris (voir notre article du 1er novembre 2014).   

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    Guérite RATP devant la Gare : refuge pour les épanchements d'urine

    Parfois le sentiment de saleté et d'espace public souillé est-il accentué par des procédures mal rodées entre les services publics et leurs prestataires ! L'exemple flagrant aux abords de la Gare de l'Est est la dépose des sacs poubelles des détritus collectés et leur abandon des heures durant avant leur collecte très tardive par les camions poubelles... (voir notre article du 25 avril 2015).

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    Sacs poubelles de la RATP traînant quotidiennement de longues heures

     

    Dans l'espace public, au regard des flux très nombreux, les sacs des corbeilles dites "bagatelle" ne tiennent pas bien longtemps. Par ailleurs, il nous est arrivé de faire l'expérience malheureuse d'une absence imprévue de la part des services municipaux de la propreté, et ce fut bien vite un domaine public submergé par les détritus (voir notre article du 15 septembre 2015).     

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud 

    Un espace public malmené, sur le plan de la propreté notamment

     

    En matière d'insalubrité, il existe d'autres points de crispations, comme la situation de la rue Saint-Laurent où les flaques d'urine stagnent entre les voitures, comme nous l'avions déjà noté lors de notre marche exploratoire "propreté".   

     

    Un usage totalement déséquilibré de l'espace public 

    Nous avons déjà, à plusieurs reprises sur ce blog, évoqué l'absence d'usage équilibré de la voirie entre les différents types d'usagers (conducteurs motorisés et usagers plus vulnérables : piétons, cyclistes).

    Par ailleurs, les stationnements illicites d'autocars de tourisme et autres véhicules aux abords de la Gare de l'Est sont légion, comme le montrent ces photos. Nous les signalons régulièrement aux pouvoirs publics, et évoquons ce sujet avec les élus (voir notre article du 22 juin 2015).       

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    Autocar et poids lourds stationnant illicitement, sous l'oeil de la caméra de vidéoprotection de la Préfecture de Police (en haut à gauche de la photo)

     

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    5 autocars stationnant illicitement côte à côte sur la chaussée (photo prise le 4 octobre dernier) 

     

    Malheureusement, compte tenu de l'importance du nombre de lignes de bus (10, dont 5 ayant la Gare de l'Est comme terminus), il est fréquent que les bus RATP stationnent sur la chaussée... 

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    ...ou en file indienne, et débordant largement sur les traversées piétonnes : 

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    Les abords de la Gare de l'Est sont caractérisés par un déficit de sécurisation des traversées. Les passages piétons sont trop longs, et parfois sans refuge piétons en leur milieu :

    paris,paris-10e,gare-de-l-est,gares,aménagement-abords-gare-de-l-est,rémi-féraud

    Dans ce contexte, rappelons le contexte accidentogène de ses abords (voir nos articles des 9 et 5 janvier 2015). 

     

    Quelle réponse des élus ?

    La réponse des élus de Paris et du 10e ? L'attentisme, notamment compte tenu du projet à l'étude de la

  • Misère et maltraitance des enfants dans les conteneurs à textiles!

    le-relais,paris,roms,exploitation-des-mineurs,police,préventionNous avons déjà évoqué les conteneurs à vêtements de l'entreprise d'insertion "Le Relais". D'une part, car cette entreprise engagée appartient à la sphère de l'économie sociale et solidaire qui a le vent en poupe: elle avait obtenu le Prix 2009 de l'Entrepreneur Social. D'autre part, car, outre les emplois qu'elle crée, "Le Relais" lutte contre l'exclusion et s'est développée autour d'un projet innovant apportant d'une certaine manière une solution à l'un des défis de notre société de consommation: la lutte contre le gaspillage via la collecte, le tri et la valorisation des vieux vêtements (vous pouvez regarder une vidéo illustrant la capacité d'innovation et l'impact social de "Le Relais" en cliquant ici).

    Mi 2012, cette entreprise avait signé un nouvel accord avec la Ville de Paris, lui permettant de poursuivre sa collecte de textiles usagés pour une durée de 3 ans (2012-2015) avec le déploiement de 200 conteneurs sur 13 arrondissements.

    Sur ce blog, nous avions alors évoqué les nouveaux conteneurs à vêtements, installés dans nos quartiers, à de nombreux emplacements. Selon le communiqué de presse diffusé à l'époque par "Le Relais", les conteneurs "nouvelle génération" respectaient "les recommandations de la Préfecture de Police" et comportaient un "dispositif anti-pillage et anti-intrusion", détail pouvant avoir son importance pour la suite.   

    Après avoir décrit le contexte très général, nous en venons au fait. Car nous avons en effet été les témoins d'une scène impliquant l'un de ces conteneurs-collecteurs de textiles, dans le 10e à gauche de l'entrée du Marché couvert Saint-Quentin située à l'angle de la rue de Chabrol et du boulevard Magenta. 

    le-relais,paris,roms,exploitation-des-mineurs,police,prévention

    Cette scène nous ayant choqués, nous avons, le jour même, alerté le commissaire principal du 10e, les élus de l'arrondissement et de la ville, et l'entreprise "Le Relais". 

    Les faits détaillés... Un dimanche matin, nous avons vu deux jeunes femmes d'Europe de l'Est (Manouches ou Roms), accompagnées d'une petite fille, se diriger vers le conteneur. Ces deux femmes ont alors positionné la petite fille, totalement recroquevillée sur elle-même, comme en boule, dans l'un des deux casiers métalliques pivotants de ce conteneur - comme sur l'image ci-dessus, où les riverains placent généralement leurs vêtements usagés dont ils souhaitent se débarrasser (les dimensions d'un tel casier sont 50 cm en longueur et 35 cm en profondeur/hauteur). Puis une fois la petite fille placée dans ce casier, les deux femmes ont fait pression sur le corps de la petite fille pour mieux le contraindre, pouvoir basculer le casier, et introduire ainsi cette enfant dans le conteneur, comme lorsqu'on jette un vêtement. Pendant cette manipulation sur la petite fille déjà peut-être trop grande pour une telle gymnastique, nous avons pu apercevoir le dos de cette enfant, marqué, avec des traces, hématomes ou ecchymoses. Manifestement, ce n'était pas la première expérience de l'enfant: elle semblait connaître son "rôle", car cette scène s'est déroulée très vite.

    Vous vous demandez ce que nous avons alors fait? Rien, abasourdis, choqués que nous étions, n'en croyant pas nos yeux. Nous ne savions pas comment réagir. Que penser? Plusieurs idées ont traversées nos esprits de façon fugitive: d'une part, que leur action était guidée par leur instinct de survie, d'autre part, que ces vêtements n'avaient plus de propriétaires et qu'ils étaient donc libres, enfin, qu'une intervention de notre part serait certainement vaine...

    Tout s'est passé vite. Une fois enfermée dans le conteneur, la petite fille a utilisé les casiers à bascule pour faire sortir les vêtements. Les deux femmes les récupéraient, les triaient, gardant ceux qui les intéressaient et replaçant les autres dans le conteneur. En 10 minutes, elles ont réalisé ce qu'elles étaient venues faire, rapidement, déterminées, avec chacune manifestement son rôle. 

    Nous ne savons pas trop bien comment la petite fille est ressortie du piège métallique que constitue ce conteneur : nous avons cru voir deux petits bras sortir, entre les casiers basculants et la paroi du conteneur, puis les deux femmes la tirer pour qu'elle s'extirpe de la boite...

    Maintes fois, a posteriori, nous nous sommes demandés ce que nous pouvions faire dans une telle situation; nous nous sommes interrogés sur la manière la plus adéquate de réagir.

    C'est avec ces questions en tête et face au constat de notre impuissance que nous avons, bien plus tard, alerté le commissaire du 10e, les élus et l'entreprise "Le Relais" exploitant ce conteneur. Nous n'avons reçu aucune réponse de leur part... et en questionnant autour de nous, nous avons appris que cette pratique de détournements de vêtements usagés via l'utilisation d'enfants était en fait répandue, bien que discrète.

    Notre mail aux pouvoirs publics et à l'entreprise "Le Relais" faisant part de notre stupeur et de notre désarroi face à cette scène, est-il resté lettre morte? Pas si sûr... notre témoignage — et d'autres peut-être — semble avoir eu une conséquence! 

    En effet, deux semaines plus tard, nous avons constaté que le conteneur comportant deux casiers (ci-dessous à gauche) avait été remplacé par un nouveau conteneur, mais ne comportant plus qu'un seul casier (à droite).

    paris,roms,exploitation-des-mineurs,police,prévention

     Avant notre mail: 2 casiers à bascule          Après notre mail: 1 nouveau conteneur avec 1 seul casier

    A part la présence d'un seul compartiment à bascule, au lieu de deux côte à côte, qu'est-ce qui a changé? Rien, les dimensions du casier sont restées les mêmes: une profondeur de 35 cm, une largeur de 50 cm et une hauteur pour l'ouverture de 35 cm.

    Nous ne pensons donc pas que les caractéristiques de ce nouveau compartiment puisse empêcher toute nouvelle intrusion: la petite fille, que nous avions vue, avait pu pénétrer en se recroquevillant dans un seul casier; or dans le nouveau conteneur mono-compartiment, les dimensions de l'ouverture et du casier sont restées identiques... Un remplacement de conteneur inutile, qui n'empêchera pas ces pratiques ? Nous en sommes convaincus! 

    Et quand bien même les caractéristiques du casier de ce conteneur auraient été modifiées, cela ne mettrait pas un terme à l'utilisation des enfants pour de tels actes, susceptibles de les mettre en danger, au vu des marques que la petite fille portait dans son dos. Dans cette histoire, nous ne sommes même pas certains que cette enfant, qui s'est laissée enfermer dans le conteneur, avait un lien de parenté avec les deux jeunes femmes.

    Plus généralement, cette triste anecdote met à nouveau en exergue la nécessité de protéger les mineurs victimes d'exploitation par certains réseaux, qui vont jusqu'à pratiquer la traite d'êtres humains. Car il est désormais de notoriété publique que certains réseaux récupèrent les mineurs, les exploitent et les contraignent à commettre des actes de délinquance. Dans ces cas, les enfants sont alors considérés comme des biens marchands, pouvant être "prêtés" moyennant finance, avec un prix fixé en fonction de leur "savoir-faire".

    Le sujet est complexe; beaucoup de choses ont été dites récemment sur ce sujet, notamment la nécessité d'un renforcement des partenariats entre police, justice, associations spécialisées, protection de l'enfance et institutions des pays d'origine pour la protection de ces mineurs. Et ce, sans oublier bien évidemment les moyens à mettre en œuvre pour arrêter les membres des réseaux exploitant ces enfants...

    Outre l'enfant, nous devrions aussi évoquer le cas des deux jeunes femmes l'accompagnant, prises dans les rouages de la misère, peut-être de la survie, ou même de réseaux les obligeant à organiser ces collectes.

    En bref, une scène dont nous avons été les témoins, a priori anecdotique... mais qui nous conduit sur le sujet social de la vulnérabilité des enfants et des mineurs étrangers venant d'Europe de l'Est, accrue dans le contexte d'une absence de scolarisation!

  • BST Gare du Nord: rencontre avec le commissaire du 10e

    Pas de trêve des confiseurs ni pour le commissaire ni pour Action Barbès. Le rendez-vous avait lieu pendant le match France Nigéria ! Plus sérieusement, les échanges ont permis d'y voir un peu clair sur la Brigade spécialisée de terrain (notre article en mars sur la BST) mise en place depuis février de cette année. Rappelons que pour mieux connaître ce dispositif, la brigade et ses missions, son fonctionnement et son histoire, nous avions présenté un vœu au conseil d'arrondissement du 10e le 10 juin. (voir notre article avec la réponse de Rémi Féraud).

    Le commissaire Frédéric Ségura, adjoint du commissaire Grinstein jusqu’au départ de ce dernier, assure actuellement l'intérim en attendant la nomination du commissaire central. Il a répondu à nos questions avec simplicité et bonne humeur : voici l'essentiel des échanges, qui ne sont toutefois pas un verbatim. Nous le remercions ici.

    Pourquoi une BST gare du nord?

    On a souhaité apporter une réponse globale aux problèmes des abords de la gare signalés par la SNCF, mais aussi une réponse politique avant l'ouverture de la SCMR et une réponse à l'occupation débordante de l'espace public par les "marchés de pauvres" des mercredis et samedis. Les BST se rapprochent des UTEC (Unité territoriale de quartier) créées en 2008 par la ministre de l'Intérieur de l'époque, Mme Alliot-Marie. Elles interviennent là où il y a de la délinquance de voie publique. Le recrutement des policiers par un jury s'est fait sur la base du volontariat. Il était impératif d'avoir des policiers motivés, sportifs pour une bonne cohésion du groupe, qui comprend aussi trois femmes. Ils disposent d'un car en soutien et de moyens de lutte contre les violences urbaines. 

    Leur mission première est de renouer le contact avec la population, sur un secteur bien délimité (voir la carte ci-dessous), et de recueillir les doléances des habitants, particulièrement des personnes qu'on entend peu comme les personnes âgées. (voir ci-dessous la présentation faite par le Préfet Boucault le 6 février 2014) Une bonne connaissance du terrain est indispensable. Des contacts ont déjà été pris avec des commerçants et des associations comme Gaia et Coordination Toxicomanies et d'autres associations d'habitants. Dans le secteur de la Goutte d'or, la brigade côtoie les policiers de la ZSP, ils se reconnaissent, ils échangent. 

     

    Capture d’écran 2014-07-03 à 14.43.13.jpg

    Carte extraite du site de la Préfecture de Police

     

    On avait annoncé une brigade de 25 policiers. Combien sont-ils réellement sur le terrain ?

    L'effectif sera au complet en septembre. Les policiers de la BST travaillent 4 jours et ont ensuite 2 jours de repos. En tenant compte des stages de formation, des congés et des repos, ils sont donc entre 11 et 14 sur le terrain, dont un groupe de 6 ou 7 agents autour de Barbès le soir en mission pédestre. La brigade est en service 7 jours sur 7 de 14h30 à 22h30, avec parfois même des horaires décalés.

    Sur le chemin du retour, nous avons croisé sous le viaduc un groupe de policiers qui correspondaient assez bien à la description du commissaire. Bingo ! Nous en avons profité pour faire la connaissance du major responsable de la BST et de ses collègues, et accessoirement de nous présenter à eux.

    Comment les identifier si on ne les connait pas? Jusque là, ils n'ont pas contacté notre association.

    En effet, on ne les distingue pas des autres policiers. Ils ne sont pas encore identifiables, toutefois un logo propre à la brigade devrait arriver et permettre de les reconnaître. Certes, il y a eu un manque de communication mais ils n'ont pas pu faire tout en même temps. Ils ont traité d'abord le problème n°1 qu'est l'alcool. Ils disposent de cartes de visites qu'ils peuvent confier à certains habitants ou commerçants, notamment, pour une réponse urgente en direct. Évidemment, il ne s'agit pas de les donner à tout le monde. Ils le font à bon escient et avec parcimonie, aussi pour renouer les liens entre police et population. C'est un travail qui va se pérenniser. On vise l'intérêt collectif et non particulier.

    (F. Ségura souhaiterait développer cette unité pour avoir des équipes dès le matin, quand les trafics ne sont pas encore installés, mais nous avons bien compris que cela ne dépend pas de lui!)

    Sur le terrain, quelles actions? 

    Nous travaillons autour de 5 thématiques:

    - l'alcoolisation aux abords des épiceries, bars et lieux de consommation

    - les stupéfiants (surtout le trafic de Skénan)

    - les vols de bagages à l'arraché, vols de bijoux...

    - la prostitution et le proxénétisme y compris de très jeunes garçons près de la gare

    - l'escroquerie à la mendicité

    Les interpellations sont nombreuses, mais les délinquants se renouvellent aussi. Dans le cadre du Groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) — qui s'arrête au boulevard de la Chapelle, contrairement à la zone d'action de la BST —, il y a eu des fermetures administratives de débits de boissons. Le vendredi soir, nous menons des actions anti-alcool dans le secteur des agences d'intérim. C'est au moment du versement des salaires que l'alcoolisation est la plus visible. 

    En ce qui concerne le trafic de Skénan, c'est un vrai trafic qui génère une vraie économie; on en définit deux modes:

    - le dépannage entre usagers ou petits dealers-consommateurs qui ne nécessite pas une prise en compte judiciaire même s'il faut contrôler.

    - d'autres usagers pour subvenir à une toxicomanie coûteuse ont recours à des trafics plus structurés et importants (recherche de produits, trafic d'ordonnances). Ils doivent être combattus en premier lieu.

    Pour les vols, il faut se méfier de la technique du "dos à dos" — le voleur se colle au touriste qu'il veut dépouiller — qui se pratique beaucoup près de la gare du nord devant les hôtels et les restaurants. Ces formes de délinquances sont à rapprocher de la situation actuelle de chômage important, de travail "au noir", de l'importante circulation d'argent due aux paiements en liquide.

    Vous connaissez la position d'Action Barbès sur le projet de SCMR. Quelle est votre opinion ?

    Ce qu'on n'arrive pas à contrôler, il vaut mieux l'encadrer dans une surface limitée, avec des règles et l'espoir qu'on réduise les risques. Il peut y avoir un appel d'air, on ne l'ignore pas mais on peut aussi entrer dans un cercle vertueux.  Il faut surtout être pragmatique et tenter l'expérimentation plutôt que de voir les seringues sur la voie publique, les retrouver dans les sanisettes, que l'on doive supprimer des bancs parce que les riverains le réclament... Certains usagers de drogue sont dans un état catastrophique. On imagine les fractures familiales, les mauvais choix... Au bout l'extrême précarité.

    Le 10e concentre des problèmes qui se cumulent : toxicomanies, marchés de la misère, population en errance, sauvettes, trafics de toute sorte. 

    Pour conclure, c'est le commissaire qui nous a posé une question sur notre vision des actions de la police, de ses résultats. Nous avons répondu en fonction des retours de nos adhérents et de notre perception (relative et partielle, certes). Les dispositifs mis en place sont visibles et les actions reconnues même si les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de ce que souhaitent certains riverains. Reste l'aspect malpropreté qui n'évolue pas vraiment et contribue au sentiment d'insécurité. Mais la propreté n'est pas l'affaire de la police !

     

    Lors de son installation, le 6 février 2014, la brigade avait été présentée par le Préfet de police, Bernard Boucault, en ces termes : 

    Une brigade spécialisée de terrain (BST) est une unité de voie publique, composée d’effectifs dédiés et fidélisés opérant en tenue d’uniforme et intervenant sur un territoire clairement identifié. Elle a pour objectif de lutter contre la délinquance tout en oeuvrant au renforcement des échanges et des liens de confiance entre la police, les commerçants et la population. 

    La BST « Gare du Nord » couvre une partie de trois arrondissements (10e, 18e et 19e) afin d’apporter une réponse plus efficace à des modes d’occupation de la voie publique qui perturbent depuis des années le quotidien des résidents du quartier ou des personnes qui le fréquentent : mendicité agressive, rassemblements de jeunes en errance, alcoolisation, commerces en infractions, trafics et consommation de produits stupéfiants, vols à la tire ou à l’arraché, vente à la sauvette, etc. 

    La BST vient compléter le dispositif policier renforcé mis en place dans le cadre des deux zones de sécurité prioritaires des 18ème et 19ème arrondissements. 

    La nouvelle brigade, dirigée par un major de police, compte 25 fonctionnaires de police, qui constituent autant de renforts pour appuyer le travail quotidiennement mené par les fonctionnaires de police des arrondissements riverains de la gare du Nord et des unités d’appui fréquemment engagées sur ce secteur (forces mobiles, compagnie de sécurisation et d’intervention, etc.). Outre un rôle dans la sécurisation de l’espace public, les fonctionnaires de la nouvelle brigade s’attacheront à renforcer les liens entre la police et la population sur le territoire de leur ressort, au moyen notamment de fréquentes prises de contact. 

    Cette présence policière renforcée sur la voie publique se double d’un renforcement des moyens d’investigation affectés à la zone, pour consolider et prolonger les résultats de la BST : inclusion du secteur de la gare du Nord dans le plan stupéfiants de la préfecture de police ; création par le procureur de la République de Paris d’un groupement local de traitement de la délinquance (GLTD). 

     

    voir aussi site de la Préfecture de Police.  

     

  • Un voeu en mairie du 10e contre la présence des porte-huit

    Nous reprenons la suite de notre article du 1er septembre dernier sur le sujet, comme promis.

    paris,10e,rémi-féraud,elise-fajgeles,porte-huit,circulation,pollution,hôpital,lariboisière

    Depuis plusieurs années, l'association Action Barbès, la Direction et les médecins de l'hôpital Lariboisière ont dénoncé les nuisances liées au transport des voitures de location près de la gare du nord, dans le secteur de l'hôpital Lariboisière. Si la situation a connu par période quelques améliorations, force est de constater que celle-ci se dégrade sérieusement. Les véhicules sont parfois jusqu'à cinq rue Ambroise Paré, moteurs nécessairement en marche pour charger ou décharger les voitures. Action Barbès a participé à de nombreuses réunions lors des aménagements de circulation dans le quartier, alertant sur la difficulté des véhicules d'urgence à entrer et sortir de l'enceinte de l'hôpital (courriers aux élus, interpellation des différents commissaires de police qui se sont succédés depuis 2007, intervention lors des réunions du comité de pilotage Barbès à l'Hôtel de Ville). Les patients, les personnels et les responsables de l'hôpital se plaignent régulièrement de la présence bruyante et polluante des porte-huit – chaque camion transporte huit voitures individuelles - des sociétés de location de voitures, nombreuses dans la gare du Nord.

    Les nuisances sont de trois ordres:

     

    • circulation: La longueur de ces porteurs à remorque exige un espace de braquage très large et ils bloquent régulièrement la circulation en tournant de la rue Guy Patin vers le boulevard de la Chapelle, la situation se compliquant les jours de marché. Ils ajoutent des encombrements alors même que les véhicules d'urgence peinent déjà à entrer et sortir de l'hôpital que ce soit rue Ambroise Paré ou sur le boulevard de La Chapelle.Pour mémoire l'hôpital Lariboisière est siège d'un SMUR qui effectue plus de 3000 interventions par an.

    • santé : Les émanations de gaz toxique des porte-huit dont le moteur n'est pas coupé pour fournir de l'énergie au plateau ainsi que le bruit et les vibrations sont fortement préjudiciables à l'activité médicale, paramédicale et à la santé des patients.Pour information, certains boxes de consultations tant des urgences que de la policlinique sont à hauteur des pots d'échappement. A l'heure de la future mise en place des Zapa, zones d'actions prioritaires pour l'air, et où on a pris conscience des dangers liés aux particules fines et au dioxyde de carbone, cette situation n'est pas acceptable. Les nuisances sonores sont également à prendre en compte.

    • Sécurité : le stationnement des porte-huit à hauteur du 2 rue Ambroise Paré masque le feu tricolore et fait courir un risque majeur d'accident tant pour les piétons (patients et personnels) qui empruntent le passage protégé que pour les véhicules qui entrent et qui sortent de l'hôpital

    Les actions menées au cours de la première mandature semblaient avoir été entendues par le Maire de Paris puisqu' « une Charte des bonnes pratiques pour le transport et la livraison des marchandises » avait été signée en juin 2006 pour une application au 1er janvier 2007. Elle comprenait des règles de circulation restrictives selon les arrondissements et la taille des porte-voitures (porte-cinq ou porte-huit).

    Mais la Fédération des entreprises de transport et de logistique de France (TFL) et la FNTR Ile-de-France ont obtenu un premier sursis, jusqu'à fin 2009, puis un second... à octobre 2010.

    En avril 2011, la mairie de Paris après des négociations longues semblait enfin décidée à trancher : un protocole d'engagement était soumis à tous les professionnels de la filière automobile pour mettre en œuvre de nouveaux schémas logistiques d'ici à cinq ans, soit 2016. Faute de signature, la Mairie devait interdire purement et simplement le transport et la livraison de voitures en porte-huit dans le courant 2011.

    Observant qu'en 2012, ces véhicules circulent toujours, l'association Action Barbès demande confirmation :

    • de la signature du protocole d'engagement par les constructeurs, loueurs et syndicats professionnels de la filière automobile,

    • de l'interdiction de ces véhicules porte-huit en 2016 selon l'accord,

    • de l'application des mesures restrictives pendant la période transitoire, à savoir l'interdiction totale dans les arrondissements du centre (1er à 7e) et leur circulation tolérée de 6h à 12h dans les 13 autres arrondissements.

    (source : WK-Transport–Logistique.fr et l'Officiel des transporteurs du 15/04/2011)

    paris,10e,rémi-féraud,elise-fajgeles,porte-huit,circulation,pollution,hôpital,lariboisièrePar ailleurs, Action Barbès et la direction de l'hôpital Lariboisière, sous la responsabilité de Christian Nicolas, demandent au maire du 10e, dans un premier temps, d'intervenir auprès du commissaire Grinstein afin qu'il fasse respecter le stationnement réservé rue de Maubeuge aux porte-huit et qu'il verbalise les véhicules en double file rue Ambroise Paré ce qui n'est pas le cas actuellement. Dans un deuxième temps, nous demandons qu'une réunion soit organisée au plus vite avec les acteurs concernés afin de revoir le problème des emplacements de ces véhicules rue de Maubeuge.

    Le réaménagement de la gare routière rue du faubourg Saint-Denis ne représente-t-il pas une opportunité pour une réflexion d'ensemble sur le sujet ?  

     Vous venez de lire ci-dessus le texte du voeu, rédigé en commun avec la Direction de l'Hôpital Lariboisière et présenté le 17 septembre au conseil d'arrondissement du 10e, comme son règlement le permet. Nous avons résumé pour vous la réponse de la mairie et les échanges entre conseillers du 10e :

    paris,10e,rémi-féraud,elise-fajgeles,porte-huit,circulation,pollution,hôpital,lariboisière

    E. Fajgeles, chargée de l'espace public et des déplacements,  rappelle qu'elle s'est déjà déclarée favorable à l'interdiction de ces porte-voitures lors du dernier Conseil de quartier Lariboisière Saint-Vincent de Paul, opinion que partage l'ensemble des élus du conseil d'arrondissement. Elle confirme qu'un protocole, qu'elle s'engage à faire parvenir à Action Barbès, a bien été signé entre la mairie et l'ensemble des professionnels. Il comporte l'interdiction totale des porte-huit en 2016, déjà appliquée dans les arrondissements centraux de la capitale, et en attendant ce terme, un règlement plus restrictif est en vigueur dans les autres.

    « Mais le secteur de la gare du Nord est particulier », a-t-elle ajouté. « Nous savons le problème qu'ils posent dans le quartier » « Une réunion a déjà eu lieu, à la suite de laquelle des aménagements et une révision des places de stationnement réservées aux porte-huit ont été décidés et réalisés. Ils donnaient satisfaction à l'hôpital.» Elle ajoute que les choix n'étaient pas toujours en conformité avec les souhaits de la section territoriale de voirie.

    Selon les témoignages reçus en mairie, la situation s'est dégradée dernièrement et le stationnement des porte-huit s'est déplacé largement rue Ambroise-Paré. Une réunion doit être organisée très rapidement pour trouver des solutions.

    Elle précise que la mairie est en contact permanent avec le commissaire qui viendra au prochain conseil de quartier LSVP où les habitants auront le loisir de le questionner sur le sujet.

    Le maire conclut l'intervention de l'élue chargée de l'espace public en soulignant que les porte-huit stationnés rue Ambroise-Paré sont la preuve que les sociétés de location et leurs transporteurs ne respectent pas les accords signés avec la Ville et aussi que la verbalisation s'est relâchée.

    Alain Lhostis, conseiller chargé de la politique de la ville, rappelle le projet de réaménagement du site de Lariboisière et du regroupement avec Fernand-Widal. « Il s'agit de la reconstruction sur lui-même de l'hôpital avec un pavillon supplémentaire qui se trouvera à l'angle du bd de La Chapelle et de la rue de Maubeuge. Des perturbations sont à craindre. Il faut absolument assainir la situation au préalable avec les loueurs de voiture et obtenir des engagements fermes ». Il informe qu'une réunion se tiendra à l'hôpital le vendredi 21 septembre et que ces problèmes seront à l'ordre du jour.

    Intervention du conseiller de l'opposition municipale, Serge Federbusch. Il demande une refonte du plan de circulation dans ce secteur, qui ne donne pas satisfaction, d'autant qu'il y a le marché de la Chapelle deux jours par semaine. Les automobilistes sont coincés dans les sens uniques.

    Rémi Féraud précise que la mairie a beaucoup travaillé dans le passé sur le plan de circulation notamment avec Action Barbès et qu'aucun n'est idéal. Il faut arriver à tenir compte aussi de toutes les contraintes liées à la présence de la gare. Ne pas perdre de vue non plus que l'interdiction des porte-huit va se solder par une augmentation du nombre des porte-cinq...

    ElisabethCarteron reprend la parole pour rappeler les propos de Mme Hidalgo (en décembre 2011) sur la mise en place prochaine d'ateliers participatifs afin de réfléchir au plan de déplacements. Encore faut-il obtenir de l'APHP l'engagement ferme de la reconstruction de Lariboisière Fernand Widal, ajoute Alain Lhostis. Il précise avoir interpellé la ministre Marisol Touraine récemment pour l'obtention de financements en tant que président de la Commission de surveillance du groupe hospitalier Saint-Louis-Lariboisière-Fernand-Widal ...

  • NUIT BLANCHE 2011

     

    NUIT BLANCHE 2011

     Samedi 1er octobre (soirée et nuit)

    La Nuit Blanche parisienne passe cette année par le 9e arrondissement. En effet, Alexia Fabre et Franck Lamy (Musée MAC/VAL), directeurs artistiques de cette 10e édition, ont sélectionné deux secteurs pour le parcours officiel : le premier au centre de Paris, le deuxième plus au nord, cheminant des Batignolles à la Place d’Anvers en passant par Montmartre et la Nouvelle Athènes. Dans le 9e, les lycées Edgar-Quinet et Jacques-Decour, l’école ESMOD, l’Hôtel Amour et l’International Visual Theatre accueillent des œuvres du parcours officiel.

    D’autres lieux ont évidemment souhaité s’associer à cette grande fête de l’art contemporain à Paris, et ouvrent leurs portes au public en accueillant des œuvres. Nous avons répertorié les projets suivants dans les environs, facilement accessibles en se promenant :

    Secteur Trinité, un peu loin...

    Galerie VU' (58, rue Saint-Lazare, Hôtel Paul Delaroche) :   

                              « Travel plans » de Jeffrey Silverthorne (exposition photographique)

    ESMOD * (12, rue de la Rochefoucauld), près du musée Gustave Moreau :  

                              « Cut Papers # » de Sachiko Abé, (performance)

     

    Secteur Martyrs-Trudaine 9e, on se rapproche...

    Hôtel Amour * (8, rue de Navarin) :

                              « Flower bed » de Tsuneko Taniuichi (performance et projection vidéo)

    Gymnase Paul Gauguin (35, rue Milton) :                  

                              « Life on loop » de Jungwan Ba et Oan Kim (projection vidéo)

    Lycée Jacques Decour,  (12, avenue Trudaine) :   

                              « Black cloud » de Carlos Amorales (installation)


    64 - Carlos Amorales - Black Cloud, 2007 par mairiedeparis

    Et dans le théâtre du lycée Jean-Decour

                               « Black Rain », une installation vidéo de Semiconductor

     

    Lycée Edgar Quinet (63, rue des Martyrs), de 19h à 7h : 

                               « Dance (all night) » de Melanie Manchot (performance participative)

    Cité Malesherbes, en haut de la rue des Martyrs, de 20h à 4h

                               « Tempography » de Anthony Bannwart (projection vidéo)

     

    Secteur Pigalle-Blanche 9e  :

    International Visual Theatre * (7, cité Chaptal) :   

                               « The Landscape is changing » de Mircea Cantor (projection vidéo)

    Musée de la vie romantique (16, rue Chaptal), de 18h à 23h

                               « Paris – Proche et lointain » de Patrick Faigenbaum (exposition photographique)

    Maison des associations du 9e (54, rue Pigalle), de 19h à 7h 

                               « Montebello – Megachromia à Paris » de Arthème Galerie (exposition photographique)

    TEP Duperré (22, rue Duperré) :      

                               « Still life » de Jean-François Bouchard (projection vidéo)     

    Sur le terre-plein du métro Anvers 9e-18e 

                               « La concentration des services », installation de 19h à 7h

     

    Dans le 18e

    Place des Abbesses 18e :

    Sur la place des Abbesses, de 19h à 1h45

                               « Un trou dans la ville » de la Compagnie Dérézo

    Le bateau-lavoir 18e :

    8, rue Garreau, de 19h à 1h

                               « L'atelier du Bateau-Lavoir » réalisation d'une peinture en direct par François Boisrond

    Galerie W Eric Landau 18e :

    44, rue Lepic, de 19h à 7h

                               « Paris s'éveille » ou  « le réveil de la ville », de Jean-Christophe Choblet, Thierry Payet, Valérie Thomas, projection

    Rue Léon 18e :

    Dans la cour de l'Institut des cultures d'Islam, de 19h à 2h ; 19, rue Léon:

                               « Fire Flies, Fransesca » de Frédéric Nauczyciel

    Place de la Chapelle 18e :

    28-30  boulevard de la Chapelle,angle rue Philippe de Girard

                               « Le cercle vicieux Paris », installation de Jola Kudela Aka Yola

    ............ Et maintenant A VOUS DE CHERCHER ........

    Montmartre Anvers - Batignolles-Pigalle, La Nouvelle Athènes/Saint-Georges

  • Prévention, tranquillité, sécurité

    C'est le thème choisi par  Bertrand Delanoë, qui cette année pour la seconde fois présente son compte rendu annuel de mandat en déclinant des sujets importants pour la vie de la cité. Après le conseil de quartier Château Rouge-Goutte d'Or que nous décrivions ici même samedi 22, on peut penser que l'ambiance sera un peu houleuse à la mairie du 18e ce soir, à 18h30.

    BD 3 nov 2011 CR mandat.jpg

    Les élus du 18e connaissent bien les problèmes que rencontrent les habitants de certains quartiers du 18e. Nous pensons sincèrement qu'ils ne cherchent pas à détourner les yeux. La situation est complexe et relève de nombreuses approches. Les solutions ne sont pas immédiates.

    En revanche, nous estimons que dans une ville comme Paris, la séparation des pouvoirs de police et d'administration ne favorise pas l'analyse objective de la délinquance, de ses causes, de l'environnement social dans lequel elle prospère, de l'observation minutieuse des délits qui font exploser les bilans... Vous voulez un exemple ?

    Souvenez-vous des chiffres des vols à l'arraché, à la roulotte, avec violence ou non de la fin du mandat de Lionel Jospin, quand Daniel Vaillant justement était ministre de l'intérieur, au tout début de la mandature Delanoé comme maire de Paris. D'un côté, les élus de droite, leur candidat qui prétendait à un second mandat à la présidence de la République, les montraient du doigt aussi souvent que possible. Et ce n'était pas mentir. De l'aute côté, Vaillant pointait les vols de téléphones portables qui n'étaient pas encore marqués par les fabricants, donc difficiles à bloquer, etc. ceux qu'on ne volerait plus maintenant, les bons vieux portables qui faisaient à peine des photos... Et bien sûr la mise en place de la police de proximité qui facilitait le dépôt de plaintes. Aujourd'hui, Claude Guéant accuse les smart phone de faire monter les chiffres, affirmant par ailleurs que tout baigne... Le commissaire Clouzeau expliquait en conseil de quartier que téléphoner dans la rue avec un smart phone était comme agiter un billet de deux cents euros à bout de bras. "D'un autre côté, s'il faut se cacher pour téléphoner...," ont rétorqué des habitants. Idem pour les colliers en or, il faudrait ne plus les porter à l'extérieur, car ces vols là aussi font monter les chiffres de la criminalité. C'est certain. Mais ce n'est pas nouveau non plus, déjà dans la forêt de Bondy, à une autre époque.... et les bas-fonds parisiens ont aussi leur petite réputation. C'est le propre des statistiques de révéler des chiffres. Parfois, ils ne sont pas bons pour qui est aux mannettes.

    Une autre conséquence de ce pouvoir à deux têtes est la gestion des agents de surveillance de la Ville de Paris, les ASP, que la mairie finance mais dont le préfet a seul, ou à peu près, la maîtrise. Nous avons été surpris lors de la réunion publique de Goutte d'Or Château Rouge de constater combien sont nombreux les habitants qui ignorent cette disposition. Presque tous incriminent la mairie quand ils rencontrent des problèmes de sécurité dans leur quartier. Ils reprochent, par exemple, à leur maire les horaires trop limités des patrouilles de médiateurs de nuit qui ont été mises en oeuvre dans le 18e justement, par la Ville. Aux frais des contribuables parisiens naturellement, qui parallèlement participent au budget de l'état qui va à la police nationale, sensée faire régner la tranquillité dans notre capitale.

    A lire cette page du site de la Ville, pour savoir qui est responsable de quoi... :

    Des pouvoirs de police reconnus au Maire de Paris
    Pour  des raisons historiques mais aussi politiques, les auteurs des deux statuts de 1975 et 1982 n’avaient pas souhaité, dans un premier temps, transférer au profit du Maire de Paris, les attributions du Préfet de police définies dans l’arrêté des consuls du 12 messidor an VIII (1er juillet 1800).
    La loi du 29 décembre 1986 a modifié cette donne en reconnaissant au Maire de Paris un pouvoir de police en matière de salubrité sur la voie publique et la charge du maintien du bon ordre dans les foires et marchés.
    Par ailleurs, aux termes de la loi du 27 février 2002 (article L.2512-4 modifié du CGCT), le Maire de Paris dispose désormais d’une compétence générale pour tout ce qui relève de la circulation et du stationnement à Paris.
    Le Préfet de police exerce, pour sa part, une compétence d’attribution de trois ordres.
    1) « Pour tenir compte des conditions de circulation dans l’agglomération parisienne et en région Île-de-France », il reste compétent pour fixer les règles de circulation et de stationnement sur certains axes importants énumérés par le décret n° 2002-810 en date du 2 mai 2002 (ex : boulevard périphérique, voie Georges Pompidou, avenue des Champs-Elysées). Le maire de Paris est alors consulté sur tous les projets d’arrêtés pris par le préfet de police.
    2) « Pour des motifs d’ordre public ou liés à la sécurité des personnes et des biens ou pour assurer la protection du siège des institutions de la République et des représentations diplomatiques », il réglemente les conditions de circulation et de stationnement sur des portions de voies ou dans des périmètres définis par l’arrêté n° 2002-1076 du préfet de police, en date du 6 mai 2002, publié au BMO du 14 mai 2002 (ex : Ambassade des États-Unis, Île de la cité…).
    3) « En cas de manifestation de voie publique à caractère revendicatif, festif, sportif ou culturel », le préfet de police conserve la police de la circulation et du stationnement. Toutefois, les arrêtés adoptés à cet effet ont un caractère temporaire et sont pris après avis du maire de Paris.
    Pour assurer l’exécution et le respect des règles définies en matière de circulation et de stationnement, l’article L.2512-14 in fine du CGCT prévoit que des agents de la Ville de Paris pourront ainsi être placés sous l’autorité du Préfet. A cette fin, 400 agents de surveillance de Paris (ASP) ont été recrutés dès 2001. Aptes à dresser des contraventions pour toutes les infractions aux règles de la circulation, ils ont également pour mission de verbaliser dans le domaine de la propreté ou des nuisances sonores (article L.2512-16-1 du CGCT).

    Au risque d'abuser de votre temps de lecture pour ce jour, je voudrais encore vous proposer un extrait du t11_logo.gifrapport de la commission d'enquête n° 340 (2001-2002) du Sénat sur la délinquance des mineurs déposé le 27 juin 2002. Bien que datant de 2002, elle est très instructive et d'une étonnante actualité.

    Les victimes des mineurs sont souvent des mineurs (lien): Entendu par la commission d'enquête, M. Jean-Marie Petitclerc, éducateur spécialisé, s'est ainsi exprimé : « (...) On présente souvent les jeunes comme étant les acteurs, les facteurs, les auteurs de cette violence. N'oublions pas qu'ils en sont les premières victimes et que 80 % des actes de violence commis par les mineurs le sont à l'encontre d'autres mineurs ! Quatre faits sur cinq ! Autrement dit, dans notre pays, le climat de violence qui règne est ressenti quatre fois plus douloureusement par les mineurs que par les adultes...»

    Les mineurs délinquants sont souvent des victimes (lien): «...victimes de l'indifférence, de coups, de maltraitance et d'abus sexuels, les enfants reproduisent à l'extérieur ce qu'ils vivent chez eux. De nombreux délinquants ont ainsi, en même temps qu'un dossier de délinquance, un dossier d'assistance éducative tant leur vie, leur famille, est difficile et tant ils sont dans un mal-être qui entraîne un mal-faire », déclare Mme Marie-France Ponelle, responsable de l'antenne des mineurs du barreau de Paris.

    Une surdélinquance des jeunes issus de l'émigration : (le rapport du Sénat osait cette affirmation, rarement repris par les responsables de façon aussi ouverte : lien) ces jeunes cumulent certains facteurs associés à la délinquance : une plus faible supervision parentale, une résidence plus fréquente dans le parc HLM hors centre-ville, un niveau de revenu et de scolarisation faible des parents, un absentéisme scolaire plus élevé, explique le sociologue auditionné, Sébastian Roché, qui a conduit en 2000 une enquête sur le sujet.

    La déclaration de M. Malek Boutih, président de SOS racisme à l'époque, entendu également devant la commission d'enquête, pourrait être actuelle, plus de dix ans après :

    « Beaucoup de raisons expliquent pourquoi il y a plus de « bronzés » que de blancs dans les centres de jeunes détenus, mais ce ne sont pas des éléments culturels ; ce ne sont pas des sourates du Coran ni leurs parents qui les poussent. Il faut même faire très attention dans les discours lorsqu'on insiste sur la responsabilité des parents. Que se passe-t-il lorsqu'on a des parents très sévères dans le quartier ? En dernier ressort, quand ils n'en peuvent plus, ils mettent le gosse à la porte, donc à la rue. (...)

    « Par ailleurs, dans les familles d'immigrés, les enfants prennent très vite le pouvoir. Déjà, d'une manière générale en France, le rapport au savoir a tendance à s'inverser en raison des modifications technologiques, des nouveaux rapports urbains, et les jeunes générations ont parfois une meilleure connaissance que leurs parents de la société. Alors, chez les immigrés, imaginez !...

    « Je n'ai pas envie que les enfants d'immigrés, qui constituent ce que j'appelle la nouvelle génération de Français, deviennent les noirs américains de notre société, qui ne soient bons qu'à faire du sport ou des films et, pour le reste, passage par la case « prison ». Je sais que la vie est dure, que la société est dure, qu'il y a beaucoup d'injustice. Mais je ne crois pas que les comportements de violence aident à s'en sortir. A l'inverse, ces comportements structurent, organisent la violence et l'implantent définitivement dans la société ».

    L'intégralité du rapport est accessible ici.

  • Château Rouge, ça bouge...

    Le 11 janvier dernier, se tenait à l'Institut des Cultures d'Islam rue Léon une réunion organisée à l'initiative de l'Hôtel de ville sur les problématiques rencontrées sur le secteur Dejean-Château Rouge. Cette rencontre, qui fait suite à celle de décembre dernier en présence d’Anne Hidalgo,  a réuni des représentants du cabinet de la maire de Paris, Michel Neyreneuf et Sandrine Mees (conseillers du 18e), les services de la ville (Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection -DPSP-, Services de propreté et de la voirie, Équipe de Développement Local), l'agence Ville Ouverte, des représentants associatifs (La Vie Dejean, Action Barbès) et quelques habitants.

    Dans un premier temps, la parole a été donnée aux représentants de l'Hôtel de ville pour présenter la méthode et le calendrier de l'opération de reconquête de l'espace public sur le secteur Dejean-Château Rouge. L'idée est faire travailler assez rapidement et de concert l'ensemble des services de la ville concernés, en concertation avec les commerçants, les associations et les habitants du secteur. La mise en œuvre de cette approche participative est pilotée par une agence de concertation « Ville Ouverte » (ville-ouverte.com) avec l'appui de l'Équipe de Développement Local (EDL). Pour sa part, L’EDL mène des rencontres avec les commerçants ; une première rencontre a eu lieu le 14 décembre dernier mais pour un secteur limité à la rue Dejean pour l’instant. Des groupes thématiques doivent se mettre en place avec les associations et habitants pour faire émerger des propositions. L’ensemble de ces groupes et les commerçants vont se rencontrer le 6 février prochain pour faire remonter les premières actions /aménagements à mener. Une nouvelle réunion avec Anne Hidalgo est prévue mi-février. L'Hôtel de ville souligne que, dès à présent, un effort est mené par la DPSP notamment avec l’arrivée des nouveaux effectifs. Des aménagements seront assez vite entrepris, par exemple avec l'implantation de bacs végétalisés et il est proposé que ces plantations soient aménagées avec la participation des habitants. Nous avons souligné qu'il faut veiller à ce que l’entretien et le nettoyage soient réguliers pour ne pas donner un sentiment d’abandon, et l’expérience montre que s’il est nécessaire que l’entretien soit régulier pour que cela fonctionne, on ne peut pas se reposer uniquement sur les particuliers pour l'assurer.

    Dans un second temps, la parole a été donnée aux associations et habitants pour une série de remarques et de questions. Les premières remarques ont d'emblée pointé la sous représentation des associations et des habitants (seulement 7 personnes sur la trentaine présente à la réunion), il est répondu que la rapidité d'organisation de cette réunion n'a pas permis de faire venir plus de personnes mais que Ville Ouverte va élargir la base d'habitants consultés, notamment par une présence sur l’espace public pour prendre des contacts directement avec les riverains. Les habitants et commerçants du secteur intéressés à participer à cette concertation sont invités à prendre contact avec l'agence Ville Ouverte en envoyant un mail à cette adresse : tousmobilises@chateaurouge.info

    paris 18e,paris,commerces,chateau rouge,ventes-à-la-sauvette,propreté

    Les habitants ont dit leur lassitude de voir défiler les expérimentations et les interventions de la ville depuis des années sans qu’une amélioration se fasse réellement sentir. Beaucoup de remarques ont porté sur les difficultés de la vie au quotidien pour les habitants de ce secteur. Il a été soulevé la question des commerçants dont la plupart de la clientèle vient de l'extérieur du quartier et du peu d'intérêt qu'ils portent à la qualité de vie du quartier ; des riverains ont évoqué la complicité active de certains commerçants avec les vendeurs à la sauvette ; beaucoup se demandent comment travailler avec eux. Il a été également rappelé que lors de la dernière tentative de réaménagement de la rue Dejean, les commerçants avaient fait preuve d’une opposition farouche à tout changement, défendant leur pré carré.

    Du côté sécurité, il a été demandé que le champ d'action de la Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection (DPSP) soit plus étendu dans le temps, le soir et le week-end en particulier. La DPSP et la préfecture travailleront en ce sens et de concert a répondu la ville. Plusieurs habitants s'inquiètent du développement de la prostitution de rue, de jour comme de nuit, qui entraîne beaucoup d’intrusions et d'effractions dans les immeubles et les parkings. Ils ont rappelé qu’il faut agir avant tout sur les réseaux qui organisent cette activité et "tiennent" les rues. Plus généralement, les habitants ont donc demandé de faire appliquer la loi, plutôt que de chercher de nouvelles méthodes. Une demande entendue par les élus : "il est important et nécessaire de faire respecter la loi mais il faut aussi agir sur d’autres leviers pour faire perdre les vieilles habitudes".

    Michel Neyreneuf est intervenu pour demander que l’on précise le secteur concerné et a proposé un élargissement du périmètre qui pourrait descendre jusqu'à la rue Marcadet.

    Des habitants ont également proposé que soient menées des actions positives afin de montrer ce qui va bien dans le quartier ; les habitants veulent aussi une meilleure image de leur quartier.

    La position d'Action Barbès

    Nous avons rappelé que le secteur de Château Rouge est un centre d’attractivité commerciale à vocation régionale mais totalement sous-dimensionné pour absorber une partie de l'activité commerciale qui s'y développe, celle du commerce de gros et demi-gros. Les locaux sont souvent trop petits pour l’activité de gros et demi-gros qu’ils abritent et les rues saturées de véhicules de clients, notamment le week-end. Le projet du "Marché des Cinq continents" étant tombé dans l’oubli, cette activité ne sera pas déplacée et il faut donc aborder l’amélioration du cadre de vie du quartier en intégrant cette problématique. Si le commerce est libre, il faut aussi savoir le réguler et en l'occurrence ne pas favoriser ici le développement du commerce de gros. Restreindre l’accès automobile qui participe aux nuisances subies (stationnement anarchique, en double-file ou sur les passages piétons, pour chargement…) est une piste à renforcer sachant que le quartier est très bien desservi par les transports en commun. Au-delà du bien être des riverains, c’est aussi un pas vers le respect des accords de Paris sur le climat. Et un autre pas dans ceux d’Anne Hidalgo pour améliorer l’air que respirent les Parisiens. Il faut aussi être ferme avec les commerçants quant à l’usage qu’ils font de l’espace public : des containers de poubelle et des palettes de produits sont entreposés à longueur de journée sur les trottoirs considérés comme des annexes de boutiques trop étroites. L’idée de mettre à disposition des compacteurs de cartons pour les professionnels, idée qui a été évoquée lors de la première réunion, nous semble contre-productive. En effet,  si un commerçant veut établir une activité de gros, il est dans son bon droit, mais c’est à lui seul de veiller à trouver un local adéquat avec un local poubelles suffisant et correspondant aux besoins de son activité, et non à la ville de pallier ces manques. Il ne s'agit évidemment pas de transformer Château Rouge, de changer son identité à laquelle les habitants sont très attachés, mais de pouvoir y vivre et y circuler comme dans n'importe quel autre quartier de Paris.

  • Fermeture du restaurant À la Goutte d'Or, la poignante lettre d'au revoir du propriétaire

    Il y a quelques jours Karim Drif annonçait la fermeture de son restaurant À la Goutte d'Or situé dans la rue éponyme. Après celle du kiosque de Samir Lebcher, cette fermeture est un coup dur pour le quartier. Plutôt que de commenter ce triste évènement, nous préférons publier avec son accord la lettre qu'il a adressée aux autorités pour annoncer la fin de son commerce. Ce courrier est le cri du coeur d'un enfant du quartier, dont on espère qu'il saura être pris au sérieux par les autorités municipales et surtout préfectorales. Nous souhaitons à Karim tous nos voeux de réussite dans sa vie future.

    269473066.jpg

    La placette devant le restaurant À la Goutte d'Or, juin 2018

     

    "J'écris [cette lettre] pour vous faire part de la situation du restaurant À La Goutte d'or, de ma grande lassitude , ainsi que du secteur Goutte d'or Sud que vous connaissez mais qui rendent impossible la gestion et le développement d'un commerce ou même tout simplement de vivre sereinement. Comme vous le savez, même si certaines personnes et partis politiques sont dans le déni, malgré une mobilisation énorme des commerçants, riverains, associations locales ces dernières années, la situation au jour d'aujourd'hui n'est guère mieux. Nos élus, pouvoirs publics et autorités (même si certains policiers sont du même avis que nous) continuent de se rejeter la faute et/ou de se satisfaire du peu d'actions faites afin de se donner de la valeur en vue des élections municipales à venir.

    Mais pas dans l'intérêt des habitants/commerçants de la Goutte d'or et on peut englober les problématiques du métro Barbès et de La Chapelle/Marx Dormoy. Ce qui s'y passe et ce que l'on y subit au quotidien est tout simplement irréel depuis tant d'années avec bien évidemment une dégradation ces derniers mois. On ne peut pas dire qu'il n'y ai pas eu de mobilisations, pétitions, mails envoyés, réunions à gogos... Mais on est tous à dire la même chose : la situation est plus que compliquée. C'est bien de le reconnaître, de le dire mais on fait quoi pour nous les commerçants qui réalisent presque un acte militant de rester dans le quartier ? Rien. Ah si, on va parler de "coup de pouce commerce", pardon. Waouh ! Cela donne conscience à nos élus ce genre d'opérations (même si c'est une bonne chose cela est une goutte d'eau par rapport à ce que l'on subit au quotidien depuis TRÈS longtemps). Il y a un tel décalage entre ce que pense nos élus et la réalité de la situation. Et quand on parle de cela, la réponse est "je connais bien le quartier etc" alors que pas du tout !! C'est désolant pour nous que des élus soient complètement à côté de la réalité.

    Une association de commerçants regroupant La Chapelle et La Goutte d'or a été crée en février 2018 pour se faire entendre d'une seule voix. Une association qui a été bien vu par les autorités preuve d'une mobilisation sans faille présidée par Sonia Bouzellatat, omniprésente, et dont je suis membre du bureau également. On a fait part à plusieurs reprises des problèmes, des dégradations visibles de tous de toute façon... On en a fait des réunions, des rendez vous de compassions mais très peu d'actes.

    On se bat à travers cette association, et on a tous des commerces à gérer, on monte des projets comme les illuminations de la rue de la goutte d'or mais à quoi bon. Bien évidemment il y a beaucoup de choses à régler en même temps mais la faute à qui? Qui a laissé ce quartier devenir ainsi? On se rejette la faute entre partis politiques, entre police et mairie etc...avec au milieu commerçants et riverains tels une balle de ping pong. Quand on voit le métro Barbès, j'étais adolescent et les vendeurs de Malboro étaient déjà là. 15ans après c'est encore pire. Après les mineurs isolés, le phénomène migratoire qui touche le nord de Paris et j'en passe et j'en passe,trafics, violences, agressions, prostitutions...

    Je suis en un enfant du quartier, j'y suis né , tapé mes premiers ballons aux Enfants de la Goutte d'Or et j'y suis bien évidemment plus qu'attaché d'où un investissement sans faille. Je tiens un restaurant que mes grands parents tenaient depuis 1971 au 52 de la même rue avant d'être exproprié suite à la réhabilitation en 1996. Ma grand mère a eu la médaille de la ville en 2006. Autant dire une institution dans le quartier. Je le gère seul depuis 2004 avec des soucis successoraux qui durent depuis bientôt dix ans et qui me posent de sérieux problèmes financiers car j'ai dû faire face à cela.

    La fierté que j'ai est que j'ai toujours su maintenir le cap dans un secteur difficile et dans un contexte économique délicat. Le seul bar-restaurant où la mixité est représentée. Des femmes,des hommes,des jeunes, des origines sociales différentes et toutes les nationalités sont aussi représentées. Ça c'est la goutte d'or! Maintenant , on ne peut pas dire cela et comme beaucoup je ne me reconnais pas dans cette goutte d'or que certains espèrent plus bobos. Je le redis je suis le seul encore!

    On parle de café associatif par exemple pour la réhabilitation des arcades. Ça a fait rire certains anciens du quartier (et pourtant je n'ai que 37 ans) car le rôle social notre établissement l'a toujours rempli! On ne peut ici avoir un commerce et ne pas être investi pleinement. Depuis tant d'années, on joue un rôle bien que plus grand que celui de commerçant. Et je peux englober le café de Sonia, qui donne peut être à certains une mauvaise image car les jeunes sont dans la rue, mais vous ne pouvez pas imaginer la difficulté de tenir ce bar qui est aussi une institution. Les clients sont les jeunes et Chibanis du quartier..mais ils partiront pas ces gens là, ils habitent le quartier !!!!

    J'aurais beaucoup de choses à dire et à redire mais la principale chose est que je suis lassé,fatigué, cela me rend malade d'où mes absences de ces derniers mois.. Je suis père de deux enfants en bas âge et les semaines à 80 heures par semaine avec toutes ces problématiques à gérer ..
    J'ai donné donné mais il y a des moments dans la vie où il y a des décisions à prendre.
    Vous ne pouvez imaginer les difficultés et l'énergie que cela prend de tenir dans ce secteur. On a pas de baisse de charges, baisse de loyers, étalements de dettes... et pourtant c'est un quartier reconnu pour ses problèmes. Pour certains quartiers on débloque des sous pour les commerces suite aux gilets jaunes notamment et les commerces autour de Notre Dame. Nous c'est tout les jours et toute l'année!!

    Ma terrasse? Oui elle est belle, on fait ce qu'on peut... Je ne vous parle pas des barbecues, dégradations, la place (pas la terrasse) où il y a des trafics et odeurs de cannabis à gogos.. Pas facile de manger un couscous.. Et j'en passe bien sûr.
    Il y a une dizaine de jours, bagarre sur la place entre "clandos" (une dizaine) un couteau qui atterrit sur la terrasse a côté d'une cliente... Normal Les arcades avec la fermeture du Leader Price... ??? [Le magasin Leader Price, seul supermarché "premiers prix" du quartier, a fermé suite à un incendie volontaire allumé à proximité en février dernier]

    Je parle avec tout le monde, y compris Paris Habitat qui le dit aussi, ce n'est plus possible aussi. Mes employés se font importuner, ma mère a peur de venir tellement c'est dangereux... Bref, avec toutes les problématiques ainsi que ma lassitude , en tant qu'être humain et avec la longue dépression hivernale que j'ai eu, le restaurant est en liquidation et j'ai laissé faire car le combat est perdu.

    Il y a juste à faire appel d'ici le 3 juin de la liquidation qui a été prononcé car je n'ai pas pu me présenter a l'audience étant hospitalisé.  C'est un montant assez faible (5 000 €) mais un oubli car quand vous pensez plus à la sécurité qu'au commerce... Je n'ai pas pris d'avocat (avec des frais élevés que je ne peux pas me permettre) et je me fais a l'idée de fermer le fond de commerce samedi 1er juin 2019.

    Je serais en tout cas toujours là pour le quartier et a se mobiliser si besoin. Et puis le fond rouvrira, avec des personnes motivées (peut-être très chic?). Et je leur souhaite de rester aussi longtemps que j'ai pu rester.

    [Cette lettre] est un mélange de tristesse et de soulagement, car c'est une énorme partie de ma vie qui s'en va [...]"

    Paris, le 29 mai 2019