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Rechercher : salle de consommation

  • Sur les pas de Gervaise - suite

    A la suite de notre article sur Gervaise et la Goutte d'Or, un de nos adhérents et fidèle lecteur nous a écrit. Voici son message .... Nous le remercions pour ces pages relatives à la Goutte d'Or qu'il nous a fait connaître.

    « Les quelques lignes que je vous soumets (voir transcription ci-dessous) relatives à la rue de la Charbonnière et aux parages de celle-ci (jusqu'au boulevard de la Chapelle) donnent pourtant à voir une misère et des problèmes sociaux guère différents de l'évocation de Zola. Nous sommes pourtant vers 1910 et les auteurs (Léon et Maurice Bonneff, écrivains "prolétariens", auxquels je suis apparenté) enquêtent sur les ravages de l'acoolisme, y compris ce que nous appellerions l'"alcoolisme mondain". Ils dénoncent en particulier les cabaretiers, "mastroquets" et autres débiteurs de boissons, qui assujettissent leur clientèle ouvrière par l'alccol et la dette (ces enquêtes très détaillées ont paru sous le titre "Marchands de folie", Ed. Marcel Rivière & Cie, Paris, 1913, 186 p.).

    Les frères Bonneff (tous deux "morts au champ d'honneur", en 1914) sont les auteurs de nombreux articles journalistiques (dans La Depêche du Midi, l'Humanité de Jaurès, etc.) et d'enquêtes sur la classe ouvrière et les "métiers qui tuent", parues en volumes; également de romans et piécettes de théâtre. »

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    L'arrière-Boutique

    La rue de la Charbonnière commence boulevard de la Chapelle et se termine rue de la Goutte d'Or. La première partie, du n°1 au n°17 et du n°2 au 20, n'offre rien de remarquable. Mais dans la seconde section, le passant constate avec surprise que la grande majorité des maisons, pour ne pas dire toutes, sont occupées par des débits et des hôtels.

    Derrière les vitres, devant les comptoirs, des filles postées qui cognent au carreau pour appeler les passants. Jadis, les trottoirs étaient infestés par les malheureuses : une plainte des habitants eut pour effet de leur interdire le stationnement sur la voie publique. Alors les cafés les recueillirent et les arrières-boutiques servirent d'alcôves. Dans ce quartier populeux, à proximité des grandes voies qui mènent à Clignancourt, à la Villette, au faubourg Saint-Denis, aux deux gares, les louches débits attirent les jeunes ouvriers. Ils trinquent avec les filles, et, de même que le mastroquet des Halles, ne loge sa clientèle que si elle absorbe au préalable absinthe et cognac, le cabaretier proxénète n'abrite les amours des passants que s'ils payent une contribution en petits verres. Jour et nuit, la maison distribue l'alcool et les plaisirs frelatés.

    Le soir, la rue de la Charbonnière, qui dans Paris n'a pas sa pareille, devient le rendez-vous des malandrins. A la lueur d'une lampe à pétrole qui fume dans l'estaminet, on aperçoit les filles et leurs protecteurs. Le samedi les bals-musettes reçoivent leurs habitués. Et c'est là que parfois la police opère des arrestations. Il n'est point rare qu'au milieu d'une danse la salle soit envahie par les inspecteurs, qui imposent silence aux musiciens de l'orchestre, enjoignent aux assistants de lever les mains ­– ceci pour échapper aux agressions de la bande – et appréhendent les hommes dont ils ont le signalement. Dans ce quartier où le commerce des vins prédomine, ce ne sont point seulement les marchands de charbon, les hôteliers, les épiciers, les buralistes, qui vendent l'alcool en importante quantité, mais aussi les maîtres de lavoir, qui tiennent cantine. Ils ont la clientèle des ménagères, blanchisseuses et repasseuses qui choquent le petit verre d'alcool avec les couleurs de lessive. Le bon marché du produit : deux ou trois sous le verre d'eau-de-vie, favorise la consommation. Rues de la Goutte-d'Or, de Chartres, boulevard de la Chapelle, les estaminets ne sont pas rares qui ressemblent à ceux de la rue de la Charbonnière. Un loueur de voitures tient un débit pour les marchandes des quatre saisons. Le matin, quand elles viennent chercher leur véhicule, le soir, quand elles le remisent, elles peuvent déguster les apétitifs dans la maison. Et tous les comptes se règlent sur le zinc, devant des consommations variées.


    Dans le fac simile édité en 1978 par Hachette du Guide Parisien d'Adolphe Joanne (édition 1863), on peut lire la description un brin méprisante ci-après :

    Marchands de vin - Liquoristes

    Nous n'avons rien à dire des marchands de vin, sinon que leurs établissements ne sont guère fréquentés que par les ouvriers, les commissionnaires et les cochers. On comptait avant l'annexion (1860 ndlr), plus de 4000 cabaretiers et marchands de vin au détail; ce nombre c'est certainement accru dans une très forte proportion depuis l'agrandissement de Paris.

    Les liquoristes chez lesquels il n'est pas de très-bon goût d'entrer, vendent au détail des fruits à l'eau de vie, des liqueurs, de l'eau de vie, du rhum, de l'absinthe, etc. La principale maison de ce genre est celle de la Mère Moreaux, place de l'Ecole, 4.


  • Le tour de Lariboisière

    Comme souvent nous avons été contactés ces jours-ci par un journaliste désireux de collecter des avis d'habitants du quartier face à l'implantation d'une salle de consommation à moindre risque. Le projet est toujours d'actualité même si sa concrétisation tarde. Vous trouverez toutes les informations souhaitées dans notre blog sur plus de deux ans (cliquer ici) et notamment les causes du délai de la mise en place de ce dispositif que nous réclamons. Après notre association, il a l'intention de rencontrer les opposants au projet.

    Au terme d'une bonne demi-heure d'échanges avec ce jeune journaliste indépendant qui prépare un reportage de 10 minutes qu'il espère « placer » auprès de la rédaction de France Culture ou France Bleue, après une présentation succincte de la position de l'association, après l'affirmation que la salle peut améliorer les conditions de vie dans le quartier, tant des usagers de drogues eux-mêmes que des habitants, nous proposons un tour de l'hôpital.

     

    Rue Ambroise Paré : il est 17h30. La nuit est tombée mais le ciel est encore clair, les nuages sont éclairés par les rayons de soleil en altitude. Il n'y a pas foule dans la rue. Des employés de l'hôpital se hâtent vers l'entrée arrière de la gare du nord. Pas de file de taxis débordant sur la rue de Maubeuge. Aucune présence de toxicomanes autour de la sanisette. Quelques mots pour expliquer l'utilisation qui en est faite et le mécontentement des plus proches riverains (ceux de la résidence La Sablière); pour évoquer l'expérience de sa fermeture pendant une période, comme s'y était engagé le maire du 10e. Situation pire, des intrusions dans les halls d'immeubles, une augmentation des consommations de drogue en scènes ouvertes. Résultat : la sanisette fut ré-ouverte.

     

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    Rue de Maubeuge : nous montrons la fresque qui décore la sortie du parking Vinci Gare du Nord. Jolie. Cette déco a caché un temps la misère des toxicomanes qui procédaient à leur injection le plus vite possible, entre deux passages d'utilisateurs du parking. Puis, sans doute, les protestations trop nombreuses ont poussé la SNCF à faire poser de hautes grilles (voir photo ci-dessus). Nous les avons découvertes vendredi. De même nous avons découvert la dépose de la boite à seringues usagées fixée initialement au muret peint. (voir photo). Le recoin qui servait de parking privé et que les électriciens de la gare fréquentaient régulièrement — avec moult plaintes vis-à-vis des toxicomanes et des précaires regroupés là — a changé d'allure. La place est nette, limitée par de hautes grilles, elle aussi. (voir photo).

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    Nous quittons le côté gare pour le côté hôpital. La rue est encore en sens unique. Certaines sources nous disent qu'elle repasserait en double sens. Une fois de plus. Dans quel but ? Nous y reviendrons.

    Le jeune journaliste connaît l'association SAFE, qui gère les distributeurs de seringues, les entretient, les réapprovisionne. Chaque jour. Nous découvrons qu'un nouvel appareil a été récemment implanté un peu plus loin en remontant la rue (voir photo). L'emprise sur le trottoir n'a pas encore reçu sa couche de bitume. Il est rutilant, pas de graffiti, pas de marques. Nous insistons sur la nécessaire présence de ces automates qui délivrent gratuitement quelque 250 kits de deux seringues stériles chacun, chaque jour. Ils sont désormais trois dans le quartier, ces deux-ci et un troisième accoté au mur de l'hôpital qui donne sur le boulevard de La Chapelle.

     

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    Nous expliquons la demande de l'association pour que des récupérateurs de seringues côtoient les distributeurs. Demande jamais exhaussée parce que les agents de la Direction de la propreté et de l'eau (DPE- Propreté de Paris) ne doivent pas être soumis aux risques de contamination des virus HIV et hépatites. Seul le Smash ramasse les seringues souillées parce que son personnel est équipé de façon adéquate. Malgré cela, nous soulignons que les seringues ne sont pas si nombreuses à joncher le sol, soit les usagers ne les laissent pas toujours sur place, soit le ramassage est efficace. Nous en croiserons une plus loin au cours de notre promenade.

     

    Boulevard de La Chapelle : Sur le terre-plein central se trouve une sanisette, que nous « visitons » aussi ! Difficile d'ouvrir la porte. Le nettoyage est en cours.... C'est propre, en effet, mais des emballages de médicaments, des produits de substitution à l'héroïne, sont tassés au pied des parois. Ils ne passent pas les filtres dont est équipée la sanisette. Nous expliquons que les agents de JCDecaux vident quotidiennement le récupérateur d'eau usée qui se trouve dans la partie arrière de la sanisette et que celui-ci recueille des dizaines de seringues.

    Le troisième distributeur, celui du boulevard, est dans un triste état mais remplit correctement sa fonction (voir photo ci-dessous). Ce soir-là, les trottoirs sont plutôt propres, même les pieds d'arbres ne concentrent que quelques papiers mouillés. Il est encore tôt (17h50), la placette Caplat-Charbonnière ne fait pas le plein. Les événements violents qui ont occupé les esprits toute la journée ont un peu vidé les rues, peut-être. Difficile d'émettre un avis rationnel sur la question.

     

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    Quoi qu'il en soit, les vendeurs à la sauvette regroupés là, laisseront une quantité de mégots, de papiers et de cartons, ou encore de cellophanes et de blisters, emballages divers des « objets tombés du camion » qu'ils revendent. C'est le lieu de tous les deals, le bien nommé « marché aux voleurs », entre troc et convivialité...

     

    Enfin la rue Guy Patin : nous revenons à notre point de départ, en arpentant le dernier côté de notre quadrilatère. Au nord de la rue, une station Autolib'. Les voitures sont en charge. Pas trace d'une seringue égarée. Pas de présence non plus de toxicomanes. C'est pourtant dans les halls de ces immeubles, notamment, que parfois des intrusions ont été dénoncées. Pas ce soir. Tout un côté de la rue est bordé d'immeubles typiquement haussmanniens, cinq étages et des chambres de bonne tout en haut. Sur le modèle de ceux du boulevard de Magenta. Dans l'un deux, l'association Coordination toxicomanies est venue à l'automne faire une séance d'information à destination des habitants. Une façon de leur donner les bons réflexes s'ils croisent un usager de drogue, entre le portail et l'escalier, en train de s'injecter. Le moment de l'injection est très stressant pour l'homme qui a passé une partie de sa journée à collecter la somme qui va lui permettre d'acheter sa dose. Il faut rappeler ici que les usagers de drogue du quartier ne sont pas des consommateurs de coke qui en général se font livrer à domicile... Non, ici, on est chez les précaires, les très précaires, parfois sans domicile, et souvent étrangers. Il faut faire vite, ne pas être interrompu de préférence, ne pas rater la veine, ne pas l'endommager, ne pas perdre le produit... le stress total. Si quelqu'un entre et vient casser ce rite délicat, il dérange, il risque au mieux la mauvaise humeur du toxicomane, au pire une certaine violence. Il faut le savoir et agir en conséquence.

    L'hôpital occupe l'autre côté de la rue, et au 2 il héberge le centre du don du sang.

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    Derrière les grilles, tout est propre ou presque, juste quelques canettes font des tâches de couleur. Ce n'est pas toujours le cas. Au bout de la rue, arrivés près de la placette, nous découvrons une seringue usagée, ce sera la seule rencontrée malgré notre attention et nos regards scrutant les caniveaux. Le micro du journaliste pique la curiosité d'un homme sans âge qui nous adresse la parole : « Vous faites quoi ? » « — On parle dans le micro... Un reportage sur l'évolution du quartier », répondons-nous évasivement. L'homme est un usager de drogue, cela ne fait aucun doute. Il l'a d'ailleurs annoncé lui même à regret. Nous l'interrogeons sur la salle de conso. Ira-t-il quand elle sera en service ? Certainement pas. Il aime sa tranquillité. Il craint la promiscuité de ces endroits, l'agressivité des autres usagers à l'occasion. Pourtant il est familier des médiateurs de Gaïa qu'il connait, qu'il rencontre au camion, ou qu'il croise dans la rue. Il leur fait confiance. Nous lui expliquons qu'ils seront à la salle, qu'il pourra leur parler et que les conditions d'injection seront plus sereines. Rien n'y fait. Souhaitons qu'après l'ouverture, la salle fasse ses preuves, et que les avis changent.

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    Rien à voir avec notre marche exploratoire, mais nous constatons que le carrefour Chapelle-Tombouctou-Maubeuge n'a pas bénéficié de l'aménagement de voirie promis, qui aurait dû permettre aux automobilistes de revenir vers Barbès et son parking en sous-sol. Des adhérents nous demandent régulièrement pourquoi rien en bouge de ce point de vue et se lassent de devoir tourner à la place de La Chapelle... 

  • Un été de travaux : un peu de verdure en plus

    L'été est traditionnellement une période intense de travaux dans l'espace public parisien. Et l'été 2019 aura été particulièrement chargé en travaux, dans nos quartiers notamment. Nous vous proposons à travers une série d'articles de faire un point sur les principaux chantiers de l'été dans nos quartiers. Après la Promenade urbaine, le quartier de la Goutte d'Or, le REVE (Réseau Express Vélo) etun petit tour d'horizon des autres chantiers dans nos quartiers, nous finissons cette série d'articles avec la question de la végétalisation. 

     

    Un nouveau jardin entre deux gares

    Dans le 10e arrondissement, rue d'Alsace, un nouvel espace vert va bientôt ouvrir ses grilles, il s'agit du "Balcon vert" qui surplombe les voies de chemins de fer de la Gare de l'Est. Ce nouveau square de 2600 m2, qui chapeaute une partie du nouvel hôtel haut de gamme Okko, prendra le nom de jardin Marielle Franco, en hommage à la militante brésilienne pour les droits humains assassinée en 2018 (décision du Conseil d'arrondissement du 10e arrondissement du lundi 24 juin 2019). Voilà un espace vert bienvenu dans un secteur très minéral.

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    Le jardin Marielle Franco, le 24 août 2019

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    Sur la Promenade urbaine

    Sur la Promenade urbaine, les (quelques) nouveaux arbres ont été plantés et les plates-bandes aussi. Il faudra attendre un peu pour apprécier les vivaces plantées ici qui demandent un peu de temps pour se développer.

    Globalement, à part quelques détritus, les plantations ne subissent pas trop de dommages, à l'exception notable située place de La Chapelle, le long du square de Jessaint où une plate-bande a été plantée le long d'un muret qui sert habituellement de banc. Malheureusement, comme cela était à prévoir, le muret continue à servir de banc et les plantations sont de fait piétinées. Plus encore que le mésusage, ici c'est le choix de cette implantation qui est problématique, les bancs publics étant devenus persona non grata à Paris, inéluctablement les gens continueront de s'assoir mais là où c'est possible.

    Autre élément de végétalisation sur la Promenade urbaine, éphémère celui-là, un espace d'exposition mis en place par les responsables du projet des Fermiers généreux qui sera prochainement implanté sur le pont de La Chapelle. Cet espace d'exposition temporaire situé sous le viaduc à l'arrière de la station de métro La Chapelle présente l'agriculture urbaine et ses enjeux au milieu de bacs plantés. Très vite cet espace a servi de lieu de "détente" et de consommation d'alcool, et aujourd'hui l'endroit est dévasté, ce qui reste de plantes fait peine à voir. Cela renforce la pertinence de notre préconisation de clôturer le futur projet sur le pont de La Chapelle que nous avions exprimée avec d'autres lors du jury qui a sélectionné ce projet.

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    Plate bande et arbres nouvellement plantés boulevard de La Chapelle au débouché de la rue de Tombouctou, le 31 août 2019

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    Ce qui reste des bacs plantés sous le viaduc boulevard de La Chapelle, le 1er septembre 2019

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    Pieds d'arbre

    Enfin, pour terminer sur une note positive, saluons deux exemples de végétalisation de pieds d'arbre plutôt réussie - elles ne le sont pas toujours, hélas - et tout récemment créés. La première initiative se trouve boulevard Barbès à l'initiative d'habitants de l'immeuble voisin. Joliment plantés et surtout très régulièrement entretenus (nettoyage et arrosage), ces deux pieds d'arbres sont des exemples à suivre en terme de "permis de végétaliser". De même, rue Ambroise Paré, devant l'entrée de la SCMR, l'association Gaïa qui gère la salle de conso a entrepris de planter le pied des deux arbres récemment plantés. Bien entretenu, là aussi l'ensemble joliment coloré est agréable.

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    Un pied d'arbre boulevard Barbès, le 25 août 2019

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    Pieds d'arbre rue Ambroise Paré, le août 2019

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  • Retour sur le Comité de suivi de la ZSP

    Le mardi 11 septembre dernier, Action Barbès a assisté au commissariat du 19ème arrondissement à la réunion du comité de suivi de la ZSP "Barbès-Chapelle-Lariboisière". Côté police, étaient présents le commissaire divisionnaire Rigon, les commissaires du 10ème et du 18ème arrondissements et les responsables de secteur de la ZSP ; côté ville, Sarah Proust, adjointe au maire du 18ème arrondissement, et Stéphane Bribard, adjoint à la maire du 10ème arrondissement, tous deux chargés de la sécurité, ainsi que les responsables administratifs de ce secteur. Les associations et collectifs habituels étaient présents, à l'exception de l'association SOS La Chapelle qui avait fait savoir qu'elle boycottait cette réunion pour protester contre la dégradation de la situation durant l'été.

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    La réunion a débuté par le bilan des actions menées par les services de police sur le secteur de la ZSP portant sur les huit premiers mois d'activités en 2018, à savoir, 8791 faits constatés (contre 10140 pour la même période en 2017) dont 3171 de délinquance de voie publique (3282 en 2017). Même si elle n'est pas forcément palpable dans le quotidien des habitants, il y a une baisse significative des faits constatés, alors que le renforcement des effectifs policiers auraient dû au contraire l'augmenter. Si le chiffre des vols avec violence reste stable (824 en 2017 et 811 en 2018), celui sur les infractions aux stupéfiants est en nette régression avec une baisse de 11% (827 en 2017 et 736 en 2018). Concernant les ventes à la sauvette, sans distinction entre les différents types de vente, il a été procédé à 34297 évictions, 6820 PV simplifiés, 523 interpellations, l'ensemble représentant 76 tonnes de marchandises saisies.

    Pour ce qui est de la mairie du 18ème arrondissement, et de la DPSP en particulier, le bilan à huit mois montre une augmentation de 46% des PV pour dépôt sauvage, de 15% pour jet de mégot de cigarette et de 12% pour les ventes à la sauvette. L'ensemble représente 5094 PV. Il a été dressé 12506 PV pour stationnement gênant dont 5800 pour le seul secteur de Château Rouge. 

    La prise de parole des associations et collectifs s'est focalisée sur la situation de la place de la Chapelle qui s'est très fortement dégradée durant le mois d'août dernier. Une situation largement aggravée par l'absence d'éclairage public durant trois semaines. Tous ont déploré la gestion du problème par la mairie du 18ème arrondissement qui a tardé à réagir et dont la communication sur les réseaux sociaux a fortement agacé. Sarah Proust s'est abritée derrière des questions de délais d'intervention et la complexité des chaînes de procédure, une explication qui n'a satisfait personne. La situation s'est encore compliquée avec le démantèlement répété du campement sauvage d'usagers de crack à la porte de la Chapelle, qui a précipité un grand nombre de ces derniers dans les rues du secteur et un retour marqué à Stalingrad, recréant une situation de scènes de drogue qui avait disparue depuis plusieurs années à cet endroit. À notre avis, cela plaide pour l'ouverture d'autres salles de consommation à moindre risque (SCMR) que nous demandons de longue date, notamment pour les usagers de crack, l'éviction ne faisant que repousser encore et encore les problèmes créés par la consommation de drogues dans l'espace public. Cela éviterait également de laisser seule la SCMR de la rue Ambroise-Paré où prennent ancrage tous les usagers de drogue du Nord parisien.

    La question des "mineurs marocains" a été évoquée et particulièrement la venue d'une délégation consulaire du Maroc (et non la police marocaine comme il a pu être dit) pour collaborer avec la police française afin d'identifier ces jeunes. Ce travail a permis d'en identifier une trentaine ayant atteint la majorité. La police française a également échangé avec la police suédoise, la Suède connaissant la même présence de mineurs marocains mais dans des proportions beaucoup plus considérables qu'à Paris. Pour notre part, malgré les effort engagés par la ville, nous déplorons toujours qu'une solution durable de prise en charge de ces mineurs, souvent dans des états de santé très inquiétants, et sombrant durablement dans la petite délinquance, ne soit trouvée.

    Plus généralement, et quel que soit le secteur, Marcadet, Marx-Dormoy, La Chapelle ou encore Barbès, les associations et collectifs ont tous marqué leur impatience de voir se concrétiser enfin une réelle amélioration, notamment pour des phénomènes signalés et connus de longue date. En ce sens, Action Barbès a déploré que le pourtour de la station Barbès-Rochechouart soit toujours totalement confisqué par les "vendeurs de clopes", rendant très difficile la vie des habitants et des commerçants du secteur et en particulier pour le kiosque à journaux dont l'activité pâtit très fortement de cette situation. De même, nous avons déploré que perdurent des situations pourtant connues depuis longtemps des autorités, et laissent les habitants dans la perplexité la plus totale face à ce qui peut sembler être une forme d'impunité dont semblent bénéficier certains, à l'instar de cette association cultuelle qui transforme tous les dimanches le parvis de Saint-Bernard en parking ou encore tel café rue Cavé dont la clientèle s'éparpille tout autour et occupe les trottoirs créant une gêne incontestable pour les riverains.

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    Carotte de buraliste nuitamment installée au coeur du marché de vente de cigarettes, samedi 15 septembre 2018 (photo JRB)

     

    Le cours de cette réunion a été amplement marqué par l'agacement et l'impatience des habitants qui sont vraiment las d'un quotidien difficile sur certains secteurs et exigent de la ville et de l'État, via la préfecture de police, qu'enfin la vie de nos quartiers redevienne plus paisible et vivable pour tous, les habitants mais aussi les commerçants, les artisans et les visiteurs.

  • SCMR : une série de reportages à voir sur France 5

    Le Magazine de la santé, l'émission de Marina Carrère d'Encausse consacrée à la santé sur la chaine France 5, diffuse cette semaine une série de reportages très intéressante sur la SCMR du 10e arrondissement. Nous avons pu voir l'ensemble des cinq reportages de la série en avant-première. 

    Dans cette série, on peut entendre le témoignage de personnels de la salle, on peut suivre notamment l'équipe de maraude qui travaille dans un périmètre large autour de la salle et de la gare du Nord.  Le volet de ce jour est consacré notamment à l'insertion du dispositif dans le quartier. Mais ce qui est suffisamment rare pour être souligné dans cette série, c'est le témoignage d'usagers de la salle de consommation à moindres risques, les premiers concernés. Des profils divers, certains empêtrés dans l'addiction, la maladie et la très grande précarité sociale, tandis que d'autres, comme Franck, montrent l'espoir d'une vie meilleure. À travers ces visages, au-delà de la caricature du "drogué", c'est un peu d'humanité qui transparait à travers des profils très abimés par la vie et les drogues.

    Loin des polémiques stériles, comme son titre l'indique : "Salle de shoot, réduire les risques malgré la polémique", cette série de reportages montre le fonctionnement réel de la salle, permettant à chacun de mieux appréhender le quotidien de ce dispositif de santé publique, d'en comprendre les objectifs, et plus généralement de prendre conscience de la complexité de ce que représente la prise en charge sanitaire et sociale de l'addiction.

    Vous pouvez voir ces reportages en direct en fin d'émission (du lundi au vendredi, à 13 h 40), et également pendant un mois en replay sur le site de France TV. Un travail de journaliste au long cours, dont il faut souligner la qualité.

     

    Teaser des reportages

  • Conseil de quartier Lariboisière: ce sera le 1er février

    Des sujets bien différents seront abordés pour le premier conseil de quartier Lariboisière Saint-Vincent de Paul de l'année 2017.

    • l'avenir du marché Saint-Quentin mais aussi les commerces de proximité avec les actions de la Semaest
    • le plan sauvette mis en place depuis quelques mois sur Paris et qui concerne le quartier Barbès
    • les travaux d'aménagement de la rue d'Alsace dans le cadre du projet de Balcon Vert
    • la réorganisation du square Alban Satragne
    • un bilan de la Salle de consommation à moindre risque trois mois après son ouverture

    Et pour finir, un point sera fait sur les projets votés dans le cadre du budget d'investissement du conseil de quartier.

    Rendez vous à l'école élémentaire 3 rue de Belzunce à 19h le 1er février

     

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  • Devenir de Lariboisière-Widal au menu des CQs du 10e

    Un Conseil de Quartier qui attirera très probablement les foules puisqu'il regroupe les secteurs Lariboisière / Saint-Vincent de Paul et Louis Blanc / Aqueduc. La restructuration du pôle hospitalier Saint-Louis, Fernand Widal, Lariboisière est un dossier chaud. Nous l'avions déjà évoqué dans un article en 2014.

    Nul doute qu'on parlera aussi de l'implantation de la salle de consommation à moindre risque (SCMR) même si ce n'est pas l'objet du Conseil de Quartier.

    Après une réunion du conseil de quartier sur les deux gares, voici encore un sujet d'avenir pour le quartier.

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  • Le Maire du 10e a été ré-élu à la tête de la fédération PS de Paris

    Ce n'est pas une information toute fraîche puisque le scrutin a eu lieu en décembre, le 8. De plus, nous n'avons pas pour vocation de commenter ici les info purement politiques, mais en l'occurence, il s'agit du maire du 10e, un des trois arrondissements sur lesquels portent nos efforts de citoyens au sein d'une association... alors, pourquoi pas ?

    Le JDD avait proposé une longue interview de Rémi Féraud et outre ses déclarations sur sa responsabilité de mener la campagne pour les municipales de 2014, ses préférences et ses intentions, il répondait également aux questions du journaliste sur les difficultés que connaît le quartier entre les deux gares du 10e. Il ne méconnait pas, et il salue l'écoute qu'il a trouvée auprès du nouveau préfet, Bernard Boucault, depuis la nomination de ce dernier, et espère que la présence des forces de l'ordre saura à terme améliorer la qualité de vie des habitants de ce quartier, très fréquenté. 

    Voici l'extrait qui concerne plus particulièrement le 10e : (ci-dessous la rue de Maubeuge le long de l'Hôpital Lariboisière)

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    En tant que maire du 10e, comprenez-vous le ras-le-bol de certains habitants, notamment entre les gares du Nord et de l’Est, qui protestent contre les violences, les incivilités, les nuisances?
    Oui, car depuis quatre ans, le sentiment d’abandon s’est développé dans ce quartier. J’ai interpellé à plusieurs reprises la préfecture de police. Sans réponse véritable jusqu’au mois de septembre: des moyens supplémentaires ont alors été accordés par le nouveau préfet. Le changement est réel, mais il faudra que cette présence policière s’inscrive dans le temps.

    Vous êtes favorable à l’implantation d’une "salle de shoot" dans le 10e. Pourquoi pas dans le 7e ou le 16e?

    Il y a beaucoup de toxicomanes dans le 10e, autour de la gare du Nord. Aujourd’hui, ils se shootent dans des conditions sanitaires catastrophiques, dans des toilettes publiques, des entrées de parking, des parties communes d’immeubles… Une salle de consommation à moindre risque serait salutaire, pour eux comme pour le quartier, en termes de santé publique et de tranquillité publique. Je souhaite que le gouvernement prenne une décision le plus vite possible. Reste à trouver un lieu adapté, en lien avec la Ville.

    La position du maire sur les salles de consommation à moindre risque n'est pas nouvelle. Lors d'une réunion en mairie du 10e à laquelle participaient de nombreux habitants des rues Ambroise-Paré, Saint-Vincent de Paul, Bd de Denain, etc. il est apparu qu'une telle implantation n'était pas rejetée. Elle pose des problèmes à la police qui ne peut que constater une entorse à la législation, un délit, tant que la consommation de stupéfiants reste interdite, fut-elle sous surveillance médicale et dans un lieu dédié. Un décret autorisant l'expérimentation retarde donc tout autant que le choix du lieu, qui pourrait se trouver dans une emprise de la SNCF si un accord est trouvé avec la compagnie de chemins de fer. C'est un dossier que nous suivons attentivement.

  • SCMR : les études confirment les apports positifs de ce dispositif

    L'Institut de Santé Publique de l'Inserm vient de publier le rapport scientifique sur les Salles de consommation à moindre risque en France. Ce rapport était attendu par beaucoup, car après cinq ans d'expérimentation des SCMR en France (Paris et Strasbourg), cette étude vient apporter des données objectives sur l'impact de ce dispositif, ainsi que des préconisations pour l'avenir. 

    Cet épais rapport de 349 pages comporte trois volets présentant les résultats de trois études complémentaires :

    • COSINUS : COhorte pour l’évaluation des facteurs Structurels et INdividuels de l’USage de drogues
    • COSINUS éco : Évaluation économique des salles de consommation à moindre risque
    • Recherche sociologique sur l’impact de la salle de consommation à moindre risque sur la tranquillité publique et son acceptabilité sociale

    Les résultats de ces études montrent des résultats clairement positifs, à des différents degrés, sur l'ensemble des axes de recherches : santé publique et réduction des risques,  diminution des coûts de santé publique, tranquillité publique.

    Nous avons lu attentivement ce rapport scientifique et nous en faisons ici une courte synthèse pour exposer les points saillants. Pour plus de précisions et de détails, vous pouvez vous reporter au rapport, un lien de téléchargement est disponible en bas de l'article.

     

    Un effet bénéfique pour la santé publique

    Commençons par l'étude COSINUS (COhorte pour l’évaluation des facteurs Structurels et INdividuels de l’USage de drogues), une étude lancée sur plusieurs années pour suivre l'évolution de la santé d'une cohorte d'usagers de drogue (p. 28-96). Cette partie s'intéresse aux usagers de drogues et aux effets d'une SCMR sur leur santé, leur lien avec le système de soins et leur insertion sociale.

    Côté santé, le rapport fait état notamment d'une diminution modeste des contaminations au VIH et à l'hépatite C (infections VIH - 6% et VHC  - 11%), d'une baisse significative des complications liées aux injections, et d'une réduction des overdoses pour les usagers "exposés" à une SCMR. Cela entraine une diminution des passages en service d'urgences mais également des consultations chez les médecins généralistes et spécialistes. Le rapport précise toutefois que "[…] le fait d’avoir fréquenté les SCMR n’a pas permis d’améliorer l’accès au dépistage VHC, aux médicaments de l’addiction aux opiacés, à la médecine de ville".

    Autres points marquants de cette étude : les usagers de drogues fréquentant une SCMR sont beaucoup moins enclins à commettre des délits. De même, et très logiquement, ils s'injectent nettement moins dans l'espace public. Conséquemment, les seringues abandonnées dans l'espace public sont beaucoup moins nombreuses.

     

    Les SCMR permettent des réductions de dépenses publiques

    Le second volet de ce rapport présente les résultats de Cosinus Éco (Évaluation économique des salles de consommation à moindre risque). Les chercheurs mobilisés pour cette étude ont produit une estimation du rapport coûts/efficacité  des SCMR vis à vis des dispositifs existants comme les CAARUD (p. 97-122). 

    L'étude économique s'est attachée à mettre en balance les coûts et les bénéfices apportés par les SCMR. Les résultats exprimés sur une projection à dix ans d'existence des SCMR. L'étude montre que la SCMR parisienne évite 22 décès (- 6,7 %), elle réduit les risques de contamination aux VIH VHC (voir plus haut). Mais les coûts médicaux évités les plus importants sont ceux liés aux passages aux urgences évités (3.487 millions d'euros), puis ceux liés aux endocardites (1.730 millions d’euros), aux abcès (1.045 millions d’euros), aux overdoses (0.495 millions d’euros). 

    Et même si l'implantation entraine des dépenses et des coûts supplémentaires dus à son efficacité (une vie sauvée engendre des coûts de santé à plus à long terme), les chercheurs de l'Inserm de conclure que "[les] analyses et les conclusions qui en découlent sont conservatrices et suggèrent que les SCMR seraient coût-efficaces dans le contexte de la France". Autrement dit, qu'il serait économiquement bénéfique pour la société de déployer le système de SCMR en France.

     

    La présence d'une SCMR n'entraine pas de dégradation du quartier qui l'accueille

    Cette partie nous intéresse particulièrement, et ses analyses et ses conclusions ne surprendront pas celles et ceux qui suivent de près ce dossier de manière objective. Il s'agit donc de "La recherche sociologique sur l’impact de la SCMR sur la tranquillité publique et son acceptabilité sociale", une étude dirigée par la chercheuse Marie Jauffret-Roustide (p. 124-303).

    Cette étude s'appuie sur plusieurs matériaux :  une série d'entretiens avec des riverains de la salle (pro, opposants et indifférents), des professionnels de la RDR, des policiers du secteur, des agents de la gare du Nord... ;  une analyse des discours médiatiques sur la SCMR ; ainsi que l'analyse de l’enquête EROPP (Enquête sur les représentations, Opinions et Perceptions sur les Psychotropes) menée en 2018.

    Plusieurs points sont à retenir. Commençons par l'aspect médiatique où l'ont voit, sans surprise, que les médias généralistes ont une tendance nette à donner plus la parole aux riverains opposants à la SCMR, faisant souvent le choix du sensationnalisme. C'est ce que nous constatons avec le journal Le Parisien, par exemple, dont la journaliste en charge du secteur à cesser subitement de nous interroger depuis que la salle est ouverte alors que cette même journaliste faisait très régulièrement appel à notre association auparavant. Un choix de la subjectivité délibéré donc. Ce traitement médiatique biaise forcément la perception que l'on se fait du quartier vu de l'extérieur. Pour autant, les riverains affichent une pluralité de positions que l'on retrouve à travers les différents entretiens menés avec eux.

    L'étude montre clairement que le secteur Gare du Nord/Lariboisière accueillait une scène ouverte de toxicomanie bien avant l'implantation de la SCMR et que les problèmes rencontrés aujourd'hui dans les rues avoisinantes ne sont pas tous imputables à la SCMR (amalgame que peuvent faire les opposants, souligne le rapport), tant s'en faut !

    Les chiffres émanant du commissariat du 10e ne montre aucune augmentation de la délinquance imputable à la SCMR. Le secteur Lariboisière ne fait d'ailleurs pas plus l'objet d'appels de riverains pour des questions de toxicomanie que les autres secteurs du 10e arrondissement.

    Ce qu'il ressort globalement c'est que dans ce périmètre, c'est bien la Gare du Nord qui attire des usagers de drogues et non la SCMR.

     

    Un outil efficace à déployer

    Le rapport scientifique de l'Inserm conclut à des effets positifs de l'implantation de SCMR là où existent des scènes ouvertes de toxicomanie. Il est préconisé d'ouvrir d'autres structures, dont certaines pourraient s'adosser à des dispositifs existants, comme certains CAARUD qui pourraient se voir adjoindre une salle de consommation. Cela permettrait des économies substantielles en terme d'investissement.

    Il revient maintenant au gouvernement de prendre ses responsabilités et de mettre en œuvre ces recommandations pour une meilleure prise en charge des usagers de drogues et particulièrement ceux sans hébergement, pour des raisons évidentes de santé publique mais également de tranquillité publique.

     

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    Entrée de la SCMR rue Ambroise Paré, mai 2021

  • Toxicomanie dans l'espace public : qui appeler en cas de besoin ?

    Les évacuations de la tristement célèbre "colline du crack" à la Porte de la Chapelle et du tunnel Rosa-Parks dans le 19e arrondissement, des évacuations nécessaires au vu de la situation intenable pour les riverains mais qui n'ont finalement été que des dispersions, ordonnées par la Préfecture, sans prise en charge ni accompagnement social et sanitaire, ont eu des conséquences pour beaucoup de quartiers du nord-est parisien. Avec la crise sanitaire, depuis le premier confinement notamment, la situation s'est encore aggravée. Du côté de Stalingrad, en premier lieu, au jardin d'Éole, mais également autour de la gare du Nord, à la Chapelle, à la Goutte d'Or et même à Château Rouge, ces quartiers connaissent dorénavant des scènes ouvertes de drogues au quotidien, principalement de consommation de crack, créant les nuisances qu'on sait.

    Les habitants sont souvent démunis face à certaines scènes. Pour les questions d'agressions et de violence, il faut bien évidemment appeler la police. Mais au quotidien, il est possible de faire appel aux associations dédiées à l'accompagnement des usagers de drogues, en particulier ceux qui sont sans domicile. Les riverains de la SCMR savent qu'en journée ils peuvent appeler la salle de consommation (pour rappel : 07 62 49 93 45) en cas de problème pour qu'une équipe de maraude intervienne, par exemple. Mais au-delà de ce petit périmètre, le plus souvent, on ne sait qui contacter. L'Agence régionale de santé (ARS) et la ville de Paris éditent un fascicule qui recense et localise les associations engagées sur le terrain, les dispositifs de prise en charge des usagers de drogues et les différentes actions menées. On retrouve des informations utiles, notamment les numéros à appeler en cas de besoin (intrusion dans un immeuble, scène de consommation dans l'espace public, seringues abandonnées...). Un dépliant utile pour les habitants concernés, dans les arrondissements du quart nord-est de Paris, du centre au 20e.

    Cliquer ici pour télécharger le dépliant

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  • Contrat de prévention et de sécurité signé pour 5 ans dans le 10e

    C'est un des derniers arrondissements de Paris à signer ce contrat de prévention et de sécurité d'arrondissement (CPSA) qui réunit dans un partenariat ville de Paris, préfecture de police, parquet, préfecture de Paris, éducation nationale, acteurs associatifs, bailleurs sociaux pour mettre en oeuvre des actions spécifiques.

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    Rappelons que chaque arrondissement décline des fiches actions différentes en fonction de ses besoins et particularités.

    Quelques données pour le 10e

    Le 10e est un des arrondissements les plus denses de la capitale avec 93 000 habitants dont une population jeune importante : 23,9% pour les 15-29 et 27,6% pour les 30-44 ans. Deux gares, trois hôpitaux et de nombreux commerces (presque le double de la moyenne parisienne), on comprend aussi que les usagers de toute sorte y viennent nombreux. Sans oublier l'ouverture récente de la salle de consommation à moindre risque (SCMR).

    Les priorités du 10e

    Elaboré au sein d'un comité de pilotage, le CPSA a donc retenu trois priorités pour 17 fiches actions :

    • Prévenir la délinquance

    • Protéger les personnes vulnérables, lutter contre les violences faites aux femmes, les violences intra familiales et renforcer l'aide aux victimes

    • Améliorer la tranquillité publique

    Des problèmes spécifiques ont été évoqués comme la lutte contre le proxénétisme (nombreuses procédures effectuées et en cours) et les réseaux structurés (nigérians, roumains), les salons de massage (qui n'en sont pas), l'aide aux jeunes mineurs victimes de ces réseaux avec des mesures de protection. Côté éducation nationale, on travaille sur l'absentéisme et sur le décrochage scolaire. L'académie de Paris était celle qui excluait le plus d'élèves, mais grâce à un dispositif pour les accueillir, on a rejoint la moyenne nationale. Cependant, le directeur adjoint de l'enseignement secondaire reconnait la difficulté d'aider les jeunes les plus en difficulté. A noter également, une fiche action sur le respect des droits du travail, une nouveauté.

    La liste serait longue à développer. Vous pouvez retrouver l'intégralité en cliquant sur l'affiche ci dessous.

     

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  • Place de la Chapelle - suite -

    En lisant un commentaire posté à la fin de notre précédent article du 19 juillet dernier, nous nous sommes engagés à y répondre en lançant une demande parmi nos adhérents qui demeurent tout près du square et peuvent observer la situation. Une de nos plus anciennes adhérentes du quartier Chapelle a bien voulu faire un état des lieux. Voici ce qu'elle nous écrit :

    "J'habite le quartier La Chapelle, et le square Louise de Marillac, il y a une dizaine d'années, était dans un état beaucoup plus inquiétant.
    C'est en cela que l'état est plus satisfaisant en termes d'aménagement.
    C'est vrai qu'il y a une population d'adultes. Après, vouloir chasser ces personnes fait partie d'un autre débat.
    L'aire de jeux est utilisée par les structures de petite enfance du quartier, crèche, école primaire... C'était à la base une de leurs demandes. J'y passe et je vois certains enfants jouer, ils sont jeunes, 2 à 8 ans et sont accompagnés d'adultes, ce qui donne l'occasion à plusieurs publics de se côtoyer. La fréquentation évolue en fonction des périodes scolaires et des horaires.
    Par ailleurs, les équipes des espaces verts (DEVE) font un effort particulier pour fleurir et prendre soin de la végétation selon les saisons. La terrasse du Capucin, le café qui fait l'angle, a été agrandie et est plus calme qu'auparavant (voir photo ci-dessous).

    capucin.jpg

    Concernant la rue Philippe de Girard, le sens de circulation actuellement en place satisfait de nombreux riverains dont je fais partie.
    Quant à la voie de circulation (bd de La Chapelle / rue Pajol) qui a été supprimée, elle était très dangereuse pour les piétons. En effet, il s'agissait d'un itinéraire emprunté au dernier moment : dès que le feu passait au rouge boulevard de la Chapelle, l'automobiliste à cet angle tournait à droite et accélérait pour récupérer le feu devant le Capucin. Le passage piéton était extrêmement périlleux, j'y ai vu des personnes se faire renverser. Le nouvel espace est emprunté par les piétons et les nuisances sonores y sont moins importantes.
    Certes, le problème de revente existe et se généralise, et il faut y apporter une attention particulière.
    La Place de La Chapelle mérite en effet encore des aménagements au niveau du carrefour afin que la circulation s'y passe mieux et que la tranquillité puisse y trouver toute sa place. Il serait donc intéressant que des réunions de concertation 18e/10e aient lieu afin de continuer les aménagements et obtenir des améliorations. Vous aurez ainsi la possibilité d'y participer, comme tous les habitants du quartier."

    Nous approuvons sa conclusion à deux titres.  

    1. C'est une de nos revendications les plus anciennes au sein de notre association. Elle figure depuis toujours dans nos priorités : abolir les limites entre arrondissements et favoriser la concertation "transfrontalière" pour que les aménagements faits au sud ne nuisent pas à la vie des habitants au nord, et vice versa. Cette situation nous est familière : nous la vivons des deux côtés du faubourg Poissonnière qui sépare le 9e du 10e, et déjà sur le boulevard de la Chapelle, plus à l'ouest, où le viaduc du métro sépare le 10e du 18e.

    2. Un de nos dossiers anciens, que nous le lâchons pas, est l'aménagement du boulevard de la Chapelle entre Barbès et Chapelle : une voie qui est en partie occupée par le marché deux fois par semaine et par ses "débordements" (sauvette, volants, camions mal garés, pistes cyclables impraticables, difficile accès aux urgences hospitalières, embouteillages, etc.) mais une voie qui contrairement aux trois autres boulevards de Barbès n'a pas bénéficié du relookage souhaité. Or, on sait que le flux important de véhicules qui passe par l'avenue de la Chapelle et la rue Marx-Dormoy se divise en buttant sur l'impasse qu'est la place de la Chapelle (sens interdit dans la rue du faubourg Saint-Denis). Il arrive un moment où les élus et les services vont devoir faire un effort d'imagination pour réguler cet entonnoir : soit ils réduiront l'embouchure de l'entonnoir (porte de la Chapelle) soit ils élargiront la sortie. Les habitants de la Chapelle manifestent contre l'implantation d'une salle de consommation près des voies de la gare du nord, en contrebas, côté 10e. Il serait judicieux pour la santé des enfants qui demeurent aux alentours qu'ils se mobilisent et luttent contre la pollution que générent les embouteillages de ce vaste carrefour, qui possèdent bien des atouts, un théâtre, les Bouffes du Nord, deux squares et des arbres majestueux... Sans oublier la proximité des gares et celle du bassin de la Villette !