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Rechercher : salle de consommation

  • Salle de conso : pour répondre à l'inquiétude des habitants des rues Guy Patin et Ambroise Paré

    Une grande banderole barre désormais le balcon du 2e étage de l'immeuble d'angle quand les rues Guy Patin et Ambroise Paré se rencontrent et frôlent le Magenta. Nous avons beaucoup écrit sur cette placette dans le passé : pour dénoncer le non-respect des automobilistes qui empruntaient sans vergogne ce passage étroit réservé aux seules ambulances pendant longtemps, mais aussi pour décrire la végétalisation modeste de cet espace initié par le conseil de quartier il y a deux ou trois ans déjà.

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    Aujourd'hui c'est l'inquiétude qui semble dominer chez les habitants de ces deux rues résidentielles encadrant le sud et l'ouest de l'hôpital Lariboisière. Cela est dû au projet d'ouverture d'une salle de consommation à moindre risque (SCMR) qui devrait avoir lieu début 2016 au 9 rue Ambroise Paré, dans un bâtiment appartenant à l'APHP et intégré dans l'enceinte de l'hôpital. La direction de l'hôpital n'était pas favorable à cette intégration et ne l'a probablement acceptée que parce que le bâtiment s'ouvre sur la rue et non vers l'intérieur, ne partageant pas ainsi de parties communes avec d'autres services hospitaliers.

    La recherche d'un lieu ad hoc a été longue, les pré-requis sont nombreux et les oppositions ne le sont pas moins.

    La nécessité d'une salle de consommation à moindre risque dans le quartier remonte à plusieurs années. Les habitants demeurant entre la gare du Nord et la station de métro Barbès-Rochechouart connaissent la situation de la toxicomanie dans ce secteur, les plus anciens ont vu l'arrivée d'associations d'aides aux usagers de drogues et l'implantation de Caarud dans le 18e, notamment CT Coordination Toxicomanies et EGO Espoir Goutte d'Or.

    Relire nos articles sur le sujet publiés depuis plusieurs années permet de comprendre que le choix de cette implantation ne tombe pas du ciel, et qu'il ne s'est pas fait "dans le dos" des habitants.

    A défaut de concertation, il y a eu information et débats publics autour de la présence de la toxicomanie, notamment au sein des conseils de quartier, même si, de notre point de vue, cela n'a pas été à la hauteur de la demande des habitants.

    Voici quelques liens qui pourront vous aider à suivre la lente évolution du dossier, d'abord dans notre blog :
    - en octobre 2011, nous revenions sur le sujet de "l'errance entre les deux gares" traitée dans la réunion publique du conseil de quartier Lariboisière Saint-Vincent-de-Paul du printemps qui précédait, un euphémisme qui nommait sans le faire la présence de toxicomanes très précaires et justifiait aussi la participation d'un représentant d'un Caarud pour expliquer leur mission et le travail des équipes de rue. Lisez aussi dans cet article le témoignage d'une passante régulière qui décrit le lieu.
    - lors de notre Assemblée générale de 2010 — et oui ! déjà 5 ans... — nous avions initié le partage de l'information sur les drogues, leur présence dans nos quartiers, leur traitement social, en invitant des experts de la mairie et des associations oeuvrant dans ce domaine. Puis les choses ont évolué et depuis le rapport de l'INSERM de l'été 2010, il est devenu évident que les salles de consommation pouvaient apporter une aide aux plus précaires des usagers de drogue, améliorer le travail sur la réduction des risques liés aux injections, et rendre possible un dialogue avec des personnes très précaires, isolées et parfois vieillissantes aussi. Lien permanent
    - la Ville de Paris et le maire du 10e se sont intéressés à cette époque au projet de salle de consommation tel qu'il en existe dans d'autres pays voisins comme l'Allemagne, la Suisse, l'Espagne ou le Luxembourg pour ne citer que ceux-là. Nos articles sont nombreux sur ce sujet - voir ce lien - qui collecte nos parutions sur le thème.
    - attardez-vous sur l'article de juin 2014 qui explique l'intérêt de l'enquête confiée à l'INSERM par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues, afin de tester l'acceptabilité au coeur du quartier, c'est ici -> Lien permanent

    La presse n'a pas été silencieuse non plus sur le sujet. Mentionnons le Journal du Dimanche sous la plume de Marie-Anne Kleider qui, en mars 2015, attendait que la loi autorise l'ouverture et n'hésitait pas à écrire que nous soutenions clairement le projet et aussi Politis, en février 2013, quand "Matignon a donné son feu vert". Ecoutez ce reportage diffusé le 17 décembre dernier sur Europe 1. Vous trouverez d'autres articles de presse parmi les nombreuses notes que nous avons consacré au sujet sur ce blog.

    Les associations actives dans le champ des drogues ont aussi mis la main à la pâte, déclinant chacune leurs connaissances du sujet :
    - Elisabeth Avril, directrice de Gaïa Paris, en 2012, dépeignait la situation et expliquait ce qu'est une salle de consommation à moindre risque dans la revue SWAPS.
    - en 2013, alors qu'on croyait proche l'ouverture de la SCMR, le site de la Fédération Addiction reprenait nos interviews du maire du 10e et de Gaïa sur le choix fait à l'époque (39 bd de la Chapelle) et abandonné depuis lors.

    Les débats organisés par des acteurs majeurs du secteur, par exemple le CRIPS en juin 2014, où nous intervenons pour porter notre vision de la situation - écoutez notre intervention ici - mais aussi sur des sites aussi improbables pour nous, petite association de quartier, que Turbulences de Marnes-la-Vallée soutenu par le Centre LGBT de Paris ÎdF...

    Tous ces liens sont là de nouveau pour vous aider à comprendre l'intérêt de cette salle de consommation, son intérêt humanitaire pour les usagers de drogues.  Aussi pour réaliser que son implantation n'est pas le fruit du hasard mais d'un besoin clairement identifié et localisé. Une salle d'injection surveillée, c'est renouer un dialogue avec les usagers de drogues tout en réduisant les risques liés à leurs pratiques. C'est aussi comprendre son intérêt pour la société et les habitants proches qui depuis des années les côtoient dans le quartier et souffrent des inconvénients découlant de leur présence, abandon de seringues, scènes d'injection à ciel ouvert et précipitées faute de lieu adéquat, marché illégal à proximité ou intrusion dans les halls d'immeuble...

    La loi Santé qui vient d'être votée au Parlement va fournir un cadre juridique permettant l'ouverture de SCMR en France. Outre Paris, Strasbourg vient également de décider d'en ouvrir une - voir ici.

    Pour Action Barbès, il est assez clair que l'implantation d'une salle d'injection supervisée dans le quartier est un élément qui peut permettre une amélioration de la vie quotidienne des habitants : moins voire plus de seringues dans la rue, moins voire plus de scènes de shoot en plein air, .... Nous ne sommes pas non plus insensibles à l'accompagnement qui sera proposé aux usagers de drogue qui sont souvent des personnes fragilisées. Les résultats positifs incontestables des expériences menées dans les pays voisins renforcent ce point de vue. Les craintes, voire les peurs, de certains sont compréhensibles. Il faut les écouter mais il faut aussi que la raison l'emporte sur les fantasmes. A cet égard, on peut quand même regretter que la mairie de Paris en coordination avec l'INSERM n'ait pas mis en place dans la durée un dispositif spécial d'information et de concertation qui aurait sans doute pu éviter la montée de ces peurs et donc la confrontation brutale à laquelle nous faisons face aujourd'hui.

     

  • La typologie des salles de cinéma construites dans les années 1920

    Par Stéphane Ricout, architecte
     
    Il s'agit de constater l'émergence d'une nouvelle typologie de salles créées exclusivement pour le cinéma muet au début des années vingt et ensuite d'en apprécier les limites pour l'usage spécifique du cinéma, surtout dans une acception d'aujourd'hui (moderne au sens étymologique).
     
    Ce qui est frappant dans les exemples de cinémas contemporains du Louxor comme de l'Artistic Cinéma Pathé , du Gambetta Palace ou  du Danton Cinéma Palace, c'est la similitude de leurs typologies et leur ressemblance en volumétrie avec le Louxor (pas nécessairement en décoration) : boîte allongée, petit écran, décoration soignée et très présente etc..., sans parler de la présence d'une fosse d'orchestre et d'un petit proscenium.
     
    Or, c'est précisément ce type de salle qui ne conviendrait pas à un cinéma aujourd'hui. Alors qu'en son temps, cette typologie était novatrice, on ne peut pas dire qu'elle ait anticipé l'avenir du cinéma.
    "L'amphithéâtre linéaire" (ce qui est antinomique car "amphi" signifie en grec "des deux côtés, en double" ou "autour" - Le Petit Robert), le fait d'être face à l'écran, est certes une nouveauté, mais atteint rapidement ses limites, car ne tenant pas compte de l'éloignement de l'écran par rapport aux spectateurs du fond (et du premier rang non plus d'ailleurs). Seuls les spectateurs d'un nombre de rangs très limité sont placés à une distance idéale de l'écran. Si l'on dispose les spectateurs "autour" (amphi) de l'écran sur un nombre de rangs limité, la distance est donc idéale pour un plus grand nombre (avec pour limite l'angle de vision sur les côtés). Les salles modernes de cinéma sont donc plus proches des amphithéâtres antiques, où l'objectif est de tenir à une distance assez égale un maximum de spectateurs/auditeurs, même si beaucoup de salles optent toujours pour une disposition face à l'écran, mais la salle est toujours large par rapport à sa profondeur.
     
    En outre, les décorations des années vingt et trente n'étaient pas du tout discrètes et aux antipodes des boîtes noires et mates actuelles. Qui n'a pas été étonné par les reflets latéraux à la Pagode, dans le septième arrondissement de Paris, lors d'une projection ? Gênants pour du cinéma, ils ne le seraient pas pour tout autre activité. Voilà pourquoi l'on peut dire sans hésiter du Louxor: "ceci n'est pas un cinéma" (Marcel Duchamp de Barbès).
     
    Que faire du Louxor ?  Je vous conseille vivement la lecture de l'ouvrage de référence Architecture et Musique : l'architecte, le musicien et l'auditeur du 17ème siècle à nos jours, de Michael Forsyth, Pierre Mardaga, éditeur.

  • Salle de conso : chez nos amis canadiens

    A Ottawa, la municipalité refuse l'ouverture d'une salle d'injection médicalisée pour les toxicomanes, alors certains manifestent !

    Verrons-nous cela à Paris ?

     

     

    Et puisque nous sommes au Canada, restons-y !

    Le site de l'Institut National de Santé du Québec nous propose une définition toute canadienne de ce qu'ils appellent "la réduction des méfaits". Ce court article intitulé L'approche de la réduction des méfaits nous propose un description assez complète de ce qu'il convient de faire pour réduire ces "méfaits".

    Enfin, ICI Radio Canada à Montréal a annoncé en décembre 2013 l'ouverture de quatre salles d'injection supervisée.

     

  • Ce soir le Choeur François Vercken chante salle Rossini

    fdlm3.jpgUne de nos adhérentes, choriste dans le Choeur François Vercken, nous rappelle qu'il se produit ce soir dans la grande salle Rossini de la mairie du 9e, à 20h30.

    Au programme des chants russes, des negros spirituals, de la musique française, allemande...

    L'entrée est libre, et le concert est toujours suivi d'un moment de convivialité autour de quelques boissons.

    Voir l'affiche.

     

    CONCERT

    Choeur François Vercken

    a capella (40 choristes) sous la direction d' Hélène Courtois

    Vendredi 4 février, salle Rossini, 20 h 30

    Mairie du 9e, 6 rue Drouot, métro : Grands Boulevards. Bus : 85.

     

     

  • Mairie du 9e : théâtre à la salle Rossini

    La pièce « D’un retournement l’autre » à la Mairie du 9e, mercredi 3 juillet.

     

    Point d’orgue de leur projet au Forum social mondial de Tunis en mars 2013, les associations Aurore Siloé (club de prévention spécialisée du 9e), Ultima Chamada et Attac France vous proposent une soirée de mobilisation autour des problématiques sociales actuelles.

     

    Au programme, mercredi 3 juillet, dans la salle Rossini de la Mairie du 9e :

     

    Dès 18h :       Rencontre avec les trois associations, et les jeunes habitants du 9e accompagnés au Forum social mondial de Tunis. Retour sur le projet avec une exposition de photos et de vidéos.

     

    A 19h30 :             « Des mobilisations d'ampleur pour un autre monde possible »

    Débats menés par ATTAC France.
    Du Forum social mondial à Tunis à l'occupation de la place Taksim, le printemps 2014 a été celui de nouvelles mobilisations. Quelles mobilisations communes et quelles solidarités ? Venez en débattre !

     

    A 21h :                « D’un retournement l’autre », pièce de Frédéric Lordon

    Représentation de cette comédie sérieuse sur la crise financière, en quatre actes et en alexandrins, par la compagnie Ultima Chamada.

    Une création de la compagnie, qui reprend un texte de l'économiste Frédéric Lordon pour expliquer avec humour et impertinence les événements qui ont plongé la France dans la crise. Déjà donnée à La Maison des Métallos et au Théâtre Sylvia Montfort, entre autres lieux.

     

    Entrée libre.


    Pour ouvrir le flyer, cliquez ici.

  • Un Conseil de Quartier sur les Toxicomanies & la SCMR !

    Le sujet est d'actualité : la salle de consommation à moindre risque ("SCMR"), que nous avons encore évoquée mardi 26 mai ("Salle de conso : ce sera à Lariboisière") et mercredi 3 juin ("Salles de conso : Lariboisière, une bonne idée ?").

    Vous pourrez donc poser vos questions sur le sujet lors du prochain Conseil de Quartier Lariboisière / Saint-Vincent-de-Paul (dont la page Facebook est ici) :

    le mardi 9 juin de 19h à 21h

    à l'école élémentaire située au

    3 rue de Belzunce, Paris 10e

     

    Les intervenants comprendront notamment :

    • Frédéric Ségura, Commissaire de Police et Adjoint du Commissaire Central du 10e
    • Marie Jauffret-Roustide, dont nous vous avions parlé en février dernier pour son excellent article "Les salles de consommation à moindre risque : de l'épidémiologie à la politique"
    • Elisabeth Avril et Céline Debaulieu de l'association Gaïa Paris.  

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    Cliquez sur l'affiche pour télécharger le tract correspondant

     

  • 10e comité de voisinage de la SCMR

    Le jeudi 11 octobre dernier, la maire du 10e arrondissement, Alexandra Cordebard, a présidé la 10e réunion du Comité de voisinage de la salle de consommation à moindre risque (SCMR). Nous avons assisté à cette longue réunion, qui s'est déroulée dans la salle des fêtes de la mairie du 10e, et qui a réuni une soixantaine de personnes. Parmi les présents autour de la table : Anne Souyris, adjointe à la maire de Paris chargée de la santé, des élus du 10e, la commissaire de police du 10e, des représentants de l'Agence régionale de la santé (ARS), de la préfecture, de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), de Gaïa, qui gère la SCMR. Les riverains étaient représentés par Action Barbès, le Collectif de parents habitants SCMR, le collectif de riverains Lariboisière-Gare du Nord, le conseil de quartier Saint-Vincent de Paul-Lariboisière. À noter, l'absence de l'association Vivre gare du Nord & Est qui a marqué ainsi sa lassitude de ne pas voir s'améliorer la situation dans le secteur. Autour de la table, et pour la première fois, étaient également présents des usagers de la salle, portant ainsi la parole des premiers concernés par l'addiction. Cette présence a été très largement saluée par l'assistance.

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    La réunion a débuté par un point sur le fonctionnement de la salle de consommation présenté par Gaïa. Après presque deux ans de fonctionnement, la SCMR de la rue Ambroise-Paré compte plus de 1100 inscrits, pour environ 450 usagers par mois, à raison de 160 à 180 passages par jour (autant d'injections ou d'inhalations qui ne se font plus dans l'espace public, NDLR). Mais la salle ne sert pas qu'à la consommation, elle un outil de prise en charge médicale, psychiatrique et sociale avec par exemple, presque 900 consultations infirmières et plus de 1000 entretiens du coté social. En réponse aux inquiétudes de certains riverains qui se plaignent du grand nombre d'usagers de drogues causant des troubles dans le voisinage (injections de rue, bagarres...), il a été précisé que ces troubles se limitaient à une dizaine de personnes parfaitement identifiées, la très large majorité des usagers ne posant pas de problèmes particuliers. Gaïa comprend les attentes des riverains mais explique qu'il ne leur revient pas de gérer l'espace hors de la salle, même si leurs vigiles n'hésitent pas à intervenir à proximité de l'entrée lorsque cela leur est possible.

    Un des usagers de la salle a ensuite pris la parole. Sans domicile et habitué du quartier de longue date, il a exprimé sa satisfaction de pouvoir bénéficier d'un équipement tel que la SCMR, non seulement pour la réduction des risques mais également pour la tranquillité des riverains. Des riverains à qui il a dit comprendre leur colère face aux intrusions dans les halls d'immeuble qui étaient nombreuses avant l'ouverture de la SCMR. Il est à noter que les scènes de consommation de drogue dans les halls d'immeuble sont devenues rarissimes depuis l'existence de la salle de consommation. C'est là un des bénéfices de la SCMR dans le quartier. Il a tenu à préciser qu'il est fallacieux d'imaginer que toutes les personnes en errance dans le secteur étaient des toxicomanes, beaucoup ne sont pas liées à la salle de consommation.

    La nouvelle commissaire du 10e a ensuite rappelé le dispositif ZSP qui permet un focus particulier sur le secteur et est revenue en détail sur l'ensemble des forces de police à l'oeuvre dans le quartier et, en particulier, autour de la SCMR.

    Il a été rappelé que ce secteur est une scène de drogue depuis des décennies, et que la présence de la SCMR ne l'a pas implantée. Même si la pacification de l'espace public, autre but parallèlement à la réduction des risques, n'est pas encore totalement satisfaisante, la situation est bien loin de la vision caricaturale que certains médias peuvent rapporter. Il ne faut pas oublier que si on peut encore trouver parfois des seringues usagées dans le caniveau, et c'est regrettable, rappelons qu'avant l'ouverture de la SCMR, c'est par kilos qu'elles étaient ramassées vers l'entrée de la gare du Nord rue de Maubeuge.

    Par ailleurs, tout le monde s'est félicité du barreaudage des entrées du parking géré par la société Indigo, également représentée à ce comité, mais a vivement regretté l'aspect inesthétique de ces "cages". À cette occasion, la société Indigo a annoncé qu'elle renonçait à la gestion du parking situé boulevard de la Chapelle, coté Barbès, à partir de janvier 2019. Cet abandon, est dû principalement aux grandes difficultés de gestions causées par les intrusions de vendeurs de cigarettes, et plus marginalement à cause d'un éventuel report de deal qui se serait reporté ici. Cela fait plusieurs années que nous signalons ce parking, en effet utilisé comme cache pour la vente de cigarettes et autres produits, mais également pour les vélos volés qui seront revendu juste à coté, sur la placette Charbonnière. 

    Pour notre part, nous avons renouvelé notre soutien à cette expérimentation, comme cela a été voté unanimement à notre assemblée générale. Nous avons demandé, conjointement avec le Collectif de parents habitants SCMR, une amélioration des aménagements urbains sur le secteur, car l'expérience nous le montre, l'amélioration de l'espace public ne saurait se penser que d'un point de vue sécuritaire. 

    Nous n'allons pas détailler la totalité de la réunion, tant l'exercice serait fastidieux (on peut retrouver l'ensemble des comptes rendus détaillés de ce comité sur le site de la mairie du 10e). Mais finissons avec l'intervention de la Mildeca qui a redit l'annonce prochaine d'un "plan toxicomanie" ambitieux et renouvelant l'approche qui en était faite jusqu'ici, un plan intéressant particulièrement le Nord-Est parisien, bien au-delà du secteur de la SCMR. Nous ne manquerons pas de suivre de près ce plan qui va concerner directement nos quartiers, dans le 10e et surtout dans le 18e arrondissement.

     

  • L’avis de la Haute Autorité de Santé à propos des SCMR

    La Haute Autorité de Santé (HAS), autorité publique indépendante, a publié le 24 Juillet dernier un avis à propos du projet de Décret gouvernemental mettant en place les salles de consommation à moindre risque (SCMR).

    Bien sûr, depuis l’avis émis par le Conseil d’Etat, les commentaires et recommandations de la HAS ne sont plus d’actualité puisqu’il faudra passer par une Loi. Il n’est néanmoins pas inintéressant de lire ce court document qui explique, voire justifie, la mise en place d’une SCMR dans le cadre de la politique de prévention des risques.

    On peut y lire notamment : « L’expérimentation sur les salles de consommation à moindre risque s’inscrit dans le cadre général de la politique de réduction des risques, menée en France depuis 1994, avec des résultats très satisfaisants … »  mais aussi « Les expériences internationales montrent également l’intérêt de prévoir au sein de ces salles d’injection des possibilités de prévention, de dépistage, voire de vaccination. »

    Au-delà des polémiques et des postures idéologiques, il est nécessaire de lire ce document qui contribue, par ses recommandations, à mieux comprendre un tel projet et aussi à faire en sorte que toutes les garanties soient données pour qu’il se fasse dans de bonnes conditions pour tout le monde.

     

    Avis HAS sur SCMR.JPG

    Cliquer sur l'image pour télécharger le document en PDF

    Et c'est avec plaisir que nous avons entendu cette semaine le Président de la République réaffirmer sa volonté de réaliser ce qu'il nomme "des projets de salles d'accompagnement à l'injection" précédés de la nécessaire mise à jour du cadre législatif en la matière.

     

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  • 12e réunion du Comité de voisinage de la SCMR

    Mardi 5 novembre dernier, se tenait la 12e réunion du Comité de voisinage de la Salle de Consommation à moindre risque (SCMR). La réunion s'est tenue dans la salle des fêtes de la Mairie du 10e arrondissement, sous la présidence de Madame Alexandra Cordebard, Maire du 10e. L'ordre du jour comportait notamment un point de situation sur le fonctionnement de "l'espace GAÏA" et un point de situation de l'espace public aux abords de la SCMR.

    Élisabeth Avril et Céline Debeaulieu, responsables de la SCMR, ont dressé un état des lieux du fonctionnement de la structure. Depuis le début du mois d'octobre, la SCMR, gérée par l'association GAÏA, ouvre désormais ses portes de 9h30 à 20h30 en continu (les horaires d'ouverture étaient jusqu'à présent de 13h30 à 20h30). Une demande que nous portions, avec d'autres, depuis longtemps. On compte actuellement de 80 à 100 passages sur les heures du matin, de 250 à 300 sur l'ensemble de la journée. L'horaire d'ouverture avancé permet aux usagers de rester plus longtemps dans la Salle. Les usagers arrivent souvent dans un grand état de fatigue, ont souvent dormi dehors, ce qui n'est guère étonnant si l'on songe que ces usagers sont à 60% des SDF.

    Pour accompagner l'élargissement des plages horaires d'ouverture, treize personnes supplémentaires ont été recrutées, ce qui pose pour l'instant le problème de leur formation, dans une structure qui par ailleurs pâtit d'un important turn-over. Un psychiatre a été recruté à mi-temps et le nombre des maraudes (actions dans la rue auprès des toxicomanes) a été augmenté. Après trois ans d'ouverture de la SCMR, on mesure donc que les efforts menés par l'association GAÏA et soutenus par les pouvoirs publics, l'Agence régionale de santé (ARS) en particulier, en faveur des toxicomanes sont en augmentation. Ce que confirme Elisabeth Avril avec l'exemple de l'ouverture d'une salle de repos destinée aux usagers de crack (des usagers non pris en charge par la SCMR, seuls les "injecteurs" le sont) à la porte de La Chapelle, sous le périphérique, qui emploiera seize personnes et mettra notamment à disposition des usagers des douches et quatorze places de repos. Cette nouvelle salle ne sera toutefois pas une salle de consommation, l'objectif premier est de faire sortir les toxicomanes de la colline du crack, d'offrir un asile dans un environnement extrêmement dégradé.

    Alexandra Cordebard a ensuite abordé le point de situation des abords de la SCMR, récapitulant les améliorations déjà réalisées, en cours ou à venir. Ont déjà été réalisées : une oeuvre d'art sur le mur de l'hôpital Lariboisière dans le cadre d'"Embellir Paris", la végétalisation des abords de la SCMR, des travaux de rénovation à l'école Belzunce, un réaménagement de l'entrée du parking Indigo rue Ambroise-Paré. La sécurité a par ailleurs été renforcée dans le secteur ; concernant les aménagements en cours : le déplacement de l'armoire électrique à l'angle Patin—Paré, le réaménagement du jardin Cavaillé-Coll, et la création d'un marché bio sur l'espace Fénelon—Bossuet est à l'étude. Et en ce qui concerne les réalisations à venir : le réaménagement de la rue Saint-Vincent-de-Paul (circulation et végétalisation), la végétalisation des rues Ambroise-Paré et Guy-Patin, l'aménagement de la sortie du parking du 18 rue Saint-Vincent-de-Paul, dont l'entrée en retrait de la rue offre un abri servant occasionnellement de lieu d'injection, de consommation de crack, d'urinoir, ou encore d'endroit pour dormir. À propos de végétalisation, nous avons demandé à ce que sur ce secteur les nouvelles plantations soient particulièrement entretenues et surtout nettoyées très régulièrement.

    Parole a ensuite été donnée à la salle. Lancée par une riveraine, la question de la présence de la SCMR, elle-même, dans le secteur fait l'objet de points de vues contrastés, voire inconciliables. Certains se plaignent ainsi des nuisances entraînées par la fréquentation de la SCMR, se plaignant de cris, bagarres, attroupements, bruit, consommation et deal de drogue, augmentation du nombre de consommateurs du crack, augmentation de la consommation d'alcool, malpropreté. Alors que d'autres donnent un point de vue très différent, évoquant sur ces questions une situation du quartier analogue à ce qu'elle était avant l'ouverture de la SCMR en octobre 2016, le quartier n'étant ni plus ni moins sale, ni plus ni moins insécure qu'auparavant, un point de vue qui est aussi celui de nos adhérents riverains de la SCMR. Et pour notre part, nous avons fait observer que ce n'est pas la SCMR qui attire les usagers de drogues vivant dans le quartier (la grande majorité des usagers ne restent pas aux abords de la salle en dehors de sa fréquentation), mais bien plutôt la Gare du Nord, dont le quartier était déjà le lieu de rendez-vous des usagers de drogue bien avant l'implantation de la SCMR, beaucoup vivant de mendicité le font autour de la gare.

    Il peut être intéressant de confronter le ressenti et l'expérience des riverains aux données officielles. Ainsi, Madame Rachel Abreu, Commissaire centrale du 10e,  remarque que, sur le secteur en cause (rues Ambroise-Paré, Guy-Patin, Saint-Vincent-de-Paul), les chiffres de la délinquance sont en baisse depuis l'ouverture de la SCMR, alors que les effectifs de police sont restés semblables. Elle dénombre sur cette période moins d'interpellations, moins de verbalisations, très peu d'agressions physiques (et presque toujours dans ce cas il s'agit de problèmes entre toxicomanes n'impliquant pas de tiers), mais constate cependant beaucoup d'incivilités. Le représentant de la société Indigo relève moins d'intrusions d'usagers de drogue dans le parking Lariboisière sur la période janvier-octobre 2019, mais ce résultat a été obtenu par un renforcement de la sécurité, et il constate un effet de report sur les parkings voisins.

    On doit croire que le grand chantier à venir de la Gare du Nord aura au moins un aspect positif. Madame Odile Girardière, représentante de la SNCF, a confirmé ainsi dans ce cadre la création d'un espace de 200 m2 prévu pour accueillir les personnes en errance et en grande précarité (parmi lesquelles un nombre probablement important d'usagers de drogue). Nous avons demandé s'il était possible que la création de cet espace soit "priorisé" dans le calendrier des travaux de la gare et que l'ouverture n'attende pas 2024. Odile Girardière ajouta qu'actuellement et depuis longtemps des usagers de drogue déambulent dans la gare, occupent les toilettes, voire même les espaces techniques ou encore les trains, quand ceux-ci restent trop longtemps à quai.

    Pour finir, signalons un nouveau dépliant sur la SCMR, destiné aux riverains notamment, avec les numéros utiles pour signaler un problème lié à la SCMR, mais surtout pour présenter les enjeux et le fonctionnement de la "salle de conso". Nous le reproduisons ci-dessous.

     

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  • SCMR : retour sur le séminaire de recherche sur ”La réduction des risques chez les usagers de drogues, un exemple de pr

    Invitée par l'EHESS à participer à son séminaire interdisciplinaire,  "La réduction des risques chez les usagers de drogues, un exemple de prise de décision en santé", le 12 avril dernier dernier, Action Barbès était présente dès le matin à l'amphithéâtre Vulpian de Paris-Descartes, d'abord pour entendre Marie Jauffret-Roustide sur "Enjeux sociologiques, de santé publique et sciences politiques et analyse du débat médiatique", puis l'après midi pour une intervention au milieu d'autres associations pour présenter nos observations sur "La mise en œuvre concrète de la salle de consommation supervisée".

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    Entrée de l'hôpital Lariboisière, rue Ambroise Paré

    Le nom de la sociologue Marie Jauffret-Roustide, chargée de recherche à l'INSERM, n'est pas inconnu des lecteurs de ce blog qui ont suivi le dossier de la salle de consommation à moindre risque (SCMR) du 10e arrondissement. En juin 2014, déjà, nous vous présentions la chercheuse (c'est ici). A ce moment-là, on parlait alors du 39 boulevard de la Chapelle pour l'installation de la salle.

    En effet, madame Jauffret-Roustide a été choisie pour conduire une enquête qui consiste à faire un état des lieux et des opinions avant l'ouverture de la salle — c'est ainsi que nous l'avions rencontrée à l'époque — et de la poursuivre ensuite sur plusieurs années, précisément 6 ans à partir de l'ouverture de la salle. Le but est d'évaluer la tranquillité autour de la salle et d'analyser son impact sur l'espace public.

    Au cours du séminaire (il y avait d'autres interventions, voir ici l'ordre du jour -PDF à charger-), elle nous a présenté une analyse du débat médiatique, qui fait partie de son enquête :  un gros travail puisque ce ne sont pas moins de 1735 articles de journaux, au sens large, entre 1990 et 2017 qui ont été décortiqués. La période suivante est en cours d'étude. Le ton des médias est en décalage avec les interviews qu'elle a menées en tant que sociologue. Elle souligne qu'ils ont plus souvent relayé la position des opposants et les faits sensationnels autour du dossier de la réduction des risques liés à l'usage des drogues (RdR), les protestations souvent légitimes des habitants mais pas toujours liées à la SCMR, les rixes éventuelles alentour... alors que les articles de fond donnant la parole aux usagers, par exemple, sont beaucoup plus rares. En revanche, les politiques sont entendus fréquemment. Dans le cas de la salle du 10e, elle a noté que les élus locaux ont largement eu la parole, davantage même que les élus nationaux, ce qui mérite d'être souligné. Quant au débat entre les professionnels, on ne retrouve dans la presse que des oppositions modérées des académies, assez éloignées de l'expérience des professionnels de terrain, qui eux se retrouvent sur l'essentiel.

    Mais son intervention ne se résumait pas à l'enquête sur l'impact de la SCMR de notre quartier, elle s'est largement exprimée sur l'historique de la politique de réduction des risques, dans différents pays et en France. Elle a rappelé que la catastrophe du Sida a été l'élément déclencheur, en conduisant d'abord à l'autorisation de vente libre des seringues dès le milieu des années 1980. Jusque là les injecteurs partageaient leur matériel... la seringue donc, et le virus en prime. La baisse des contaminations a convaincu de continuer dans cette voie. Le jugement moral vis à vis des consommateurs a faibli. Ensuite l'accent a été mis sur l'exposition aux risques. Il fallait sevrer, sortir de la consommation. Comme l'avait dit peu avant Valérie Saintoyant de la Mildeca dans son intervention, on a encore trop souvent la représentation qu'une large part de la société n'aura pas à faire avec les addictions, et par ailleurs que les alcooliques et les toxicomanes seraient des personnes « perdues ». Il faut se départir de cette représentation dichotomique, c'est un déni des risques.
    La réduction des risques s'observe dans les pays étudiés selon plusieurs modèles, du faible au fort, en passant de la vision neutre, centrée sur le pragmatisme qui prend peu en compte les usagers, sans criminaliser l'usage, mais aussi sans changement de la loi, sans autorisation des salles supervisées, en favorisant plutôt les traitements de substitution, à une vision moins morale, qui prend en compte le contexte des usagers de drogues, leur reconnaît un droit, voire une liberté de cet usage et de cette expérimentation, dans des conditions de réduction des risques pas toujours optimales. Les frontières sont mouvantes entre les modèles et la réduction des risques s'effectue par étapes. La dimension sanitaire est malgré tout toujours à l'origine de la mise en place de la politique de réduction des risques. C'est aussi un moyen de « mieux faire passer » cette politique et de faire admettre qu'il faut renoncer à l'éradication des drogues. Vivre en réduisant les risques.

    La politique française de réduction des risques s'apparente plutôt au modèle faible, longtemps axé sur une réponse médicamenteuse — nous avons le plus haut niveau de substitutions aux opiacés (85%) — elle est très centrée sur le risque sanitaire, le risque infectieux, plus que sur son acceptabilité dans la société. Les interdits moraux priment encore. Ils ralentissent l'ouverture de salles de consommation supervisées qui ont pourtant montré leurs aspects positifs dans le monde. La politique actuelle a ainsi conduit à mener une expérimention de SCMR et non décidé son fonctionnement définitif. Même si nombre d'intervenants pensent qu'en France l'expérimentation n'est qu'une première étape vers une décision plus pérenne, rarement démentie. On ménage simplement la société. Pour autant, les échanges entre les différents pays confrontés aux mêmes situations montrent l'échec de la politique dure de criminalisation.


    En fin de matinée ont été entendus les professionnels de la RdR et les associations d'usagers. Nous ne reviendrons pas ici sur les perspectives qu'ils ont brossées dans un temps assez court pour chacun, et sans doute trop court pour être exhaustifs comme ils l'auraient souhaité. Mentionnons seulement que nous avons écouté Fabrice Olivet directeur de Asud, Nathalie Latour déléguée générale de la Fédération Addiction, Marie Dubrus de Médecin du Monde, référente pour la RdR et Marc Dixneuf, directeur de Aides.

    L'après midi a été consacré plus précisément aux salles de consommation à moindre risque. La tribune a accueilli successivement les acteurs de la prévention, médecins ou autorités compétentes, puis les associations d'habitants intéressées par les problèmes de l'addiction dans l'espace public. Chacun a exposé les grands axes de sa mission, de son travail et de ses observations.

    Elisabeth Avril, la directrice de Gaïa, association qui gère la SCMR de la rue Ambroise Paré, en plus de son antenne dans le 11e, a repris l'historique de la salle, les progrès faits, le réel succès de ce dispositif quand on en juge par le nombre d'inscrits depuis octobre 2016 et le nombre de passages par jour. Des informations que nous avons reprises ici dans le blog après chaque réunion du comité de voisinage qui se tient à la mairie du 10e et qui sont consultables également sur son site. Nous n'y revenons donc pas. Mais si l'on se place du côté des habitants, tout n'est pas parfait. La tranquillité du quartier est encore incertaine, des commerces se plaignent de la présence des usagers de drogues, certains chercheraient à fermer, tout comme certains habitants aimeraient déménager. La responsable de Gaïa en est consciente et reconnaît que les heures d'ouverture de la salle ne couvrent pas toute la journée et encore moins la nuit. Elle souligne que les maraudes organisées par l'association ont été augmentées grâce aux rallonges de budget et qu'ils font le maximum pour limiter les difficultés, notamment en répondant rapidement s'ils sont sollicités, y compris par téléphone. Elle fait savoir toutefois que les rixes ou les désordres à l'extérieur de la salle ne sont le fait que de très peu d'usagers. La présence d'un psychiatre tous les lundis après midi aidera peut-être à trouver des solutions aux cas d'usagers souffrant psychiquement. Souvenons-nous aussi que Gaïa n'est pas là pour gérer l'espace public dans sa globalité. La police est là également et collabore de façon satisfaisante, a ajouté Elisabeth Avril.

    Nous avons écouté un peu plus tard Stéphane Bribard, adjoint à la maire du 10e, Ruth Gozlan, chargée de la Mission santé à la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), la responsable de la salle de consommation de Strasbourg, Aurélie Kreiss, puis Delphine Vilain de l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France, et des représentants associatifs : Action Barbès, le Collectif des parents, Stalingrad Quartier Libre et le Collectif des Riverains Lariboisière-Gare du Nord.

    Notre intervention a été modérée et conforme à notre position de toujours. Nous soutenons depuis le début l'installation d'une salle dans le quartier, dans ce quartier parce que la présence de toxicomanie ici, entre la Goutte d'Or, Barbès et les gares, ne datent pas d'hier, et encore moins de l'ouverture de la salle. Ce qui nous distingue des opposants à la salle, habitants qui continuent à demander non plus sa fermeture mais maintenant son déplacement dans un quartier moins résidentiel, disons moins habité. L'exemple de la salle de Strasbourg reste pour eux un modèle. Mais Strasbourg n'est pas Paris, site, population, histoire sont bien différents, comme l'a expliqué Aurélie Kreiss, notamment par le nombre d'usagers qui biaise toute comparaison. En revanche, nous sommes fermement favorables à l'ouverture d'autres salles pour soulager la pression qui s'exerce sur une salle unique, d'autant que les fumeurs de crack frappent à la porte, et aimeraient disposer d'un lieu qui tolère leur pratique. C'est un autre débat. Ce sont d'autres problèmes, très présents notamment du côté de Stalingrad, haut lieu du crack depuis plusieurs décennies, entrecoupées d'accalmie.


    Pour approfondir le sujet, on peut (re)lire avec intérêt l'article de Marie Jauffret-Roustide paru le 22 janvier 2015 sur La Vie des Idées : "Les salles de consommation à moindre risque. De l’épidémiologie à la politique".

  • Le projet de SCMR prisonnier de la politique politicienne

    paris,scmr,samedis-politiques,salle-de-consoLe projet de salle de consommation à moindre risques (SCMR) du boulevard de La Chapelle est un projet de santé publique s’inscrivant dans la politique de prévention des risques liés à la toxicomanie. Chaque mot a ici son importance car il définit très clairement le cadre dans lequel le projet s’inscrit : prévention des risques et toxicomanie. Ce sont deux sujets difficiles à aborder par les politiques, surtout à l’approche des élections, car ils sont à la fois chargés d’un certain flou mais surtout de beaucoup d’a priori, les deux perturbant d’abord une approche puis ensuite un jugement sereins du sujet. La situation actuelle du projet de SCMR à Paris en est le reflet parfait.

    La gauche au pouvoir (socialistes et écologistes), tant au niveau national que municipal, s’est rangée à l’idée qu’une SCMR pourrait être une approche raisonnable et efficace du problème de prévention des risques liés à la toxicomanie. Elle a lancé le projet parisien de manière assez volontaire mais son élan a été brisé net par l’avis négatif émis par le Conseil d’Etat. Certes les déclarations de la ministre de la Santé sont là pour nous dire qu’il ne s’agit là que d’une péripétie juridique qui n’altère en rien la volonté du gouvernement de réaliser ce projet. C’est ce que nous croyons comprendre de la déclaration de Marisol Touraine devant la représentation nationale le 15 octobre dernier.


    Question de Philippe Goujon à Marisol Touraine par MarisolTouraine

    Anne Hidalgo, elle, n’a pas oublié qu’elle est candidate à la mairie de Paris et probablement pour ne pas s’aliéner une partie de l’opinion publique qu’elle pense sans doute, mais sur quelle base, plutôt réticente au projet, s’est empressée de reporter celui-ci pour l’après élection.

    Disons tout net que les déclarations de Mme Touraine relèvent de la méthode Coué et ne donnent aucune garantie sur la volonté réelle du gouvernement de mener ce projet à son terme dans des délais raisonnables et que, parallèlement, les propos de Mme Hidalgo relèvent clairement du manque de courage politique et d'une certaine hypocrisie, un report post-élection pouvant devenir un report aux calendes grecques !

    La droite elle (UMP et centristes), toujours aux niveaux national et municipal, s’est déclarée avec force opposée au projet. Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), candidate à la mairie de Paris en a fait un court paragraphe dans les « 7 progrès majeurs de la vie des Parisiens » qu’elle entend développer et ce dans la rubrique « sécurité, première des libertés ». C’est l’engagement numéro 4 « Refuser la salle de shoot ». L’intitulé de l’engagement et le choix de placer ce sujet dans cette rubrique « sécurité » est déjà une indication intéressante de l’approche que la candidate a du sujet. Que préconise NKM ? Augmenter les crédits à la prévention contre les addictions, multiplier les campagnes de prévention. Outre que les campagnes de prévention contre la drogue en général et les risques associés n’ont pas manqué ces dernières années avec le peu d’efficacité que l’on constate, on peut déjà noter que cette focalisation sur la prévention ne règle pas la question des toxicomanes qui ont besoin d’être soignés au même titre, par exemple, que le sont les alcooliques dans notre pays. NKM fait carrément d’emblée l’impasse sur le sujet.

    Au risque d’être un peu brutal, disons que le plus critiquable reste  quand même la malhonnêteté intellectuelle de l’approche de la candidate. Les termes utilisés (salle de shoot avec tout ce que cela comporte de péjoratif dans l’esprit de l’opinion publique alors qu’il ne s’agit pas de cela), les approximations tendancieuses (le Conseil d’Etat ne s’est pas opposé au projet, il a dit qu’il n’était pas conforme à la législation en vigueur), les fausses informations (l’Académie Nationale de Médecine n’a pas condamné le projet comme l’indique un article publié dans la revue Médecins de janvier/février 2013) et enfin la peur (faire du quartier le rendez-vous des toxicomanes, comme si cela n’était pas déjà le cas), tous les ingrédients d’une déplorable instrumentalisation politicienne du projet sont là pour encore une fois satisfaire une partie de l’opinion publique jugée plutôt hostile au projet (sur quelle base ?) et faire jouer les a priori idéologiques.

    Les deux attitudes sont à des degrés divers condamnables. Il s’agit d’un problème grave qui mérite mieux que des postures politiciennes, à commencer par une pédagogie dégagée des positions de principe et autres jugements moraux qui n’ont jamais réglé aucun problème de santé publique.

  • SCMR : éloignons nous de la politique politicienne

    Le projet de salle de consommation de drogues à moindres risques (SCMR) a plus fait l'objet de mauvaises invectives que de vrais débats au cours de la campagne électorale pour les municipales. Il est dommage qu'un tel sujet de société ne puisse pas se traiter dans un cadre plus apaisé, sans les arrière-pensées et les comportements idéologiques voire dogmatiques qui n'éclairent en rien les choses.

    Le sujet, quel est-il ? La consommation de drogues, notamment par voie injectable, induit un certain nombre de risques. Ces risques sont de deux natures. D'abord pour les personnes vivant à proximité des lieux de consommation de drogues. Il n'est pas utile ici de rappeler tous les problèmes de salles de shoot en plein air et des trafics associés, de seringues usagées trouvées dans la rue, problèmes auxquels les habitants des quartiers Lariboisière, Maubeuge, La Chapelle, Marx-Dormoy, Marcadet et Goutte d'Or sont confrontés. Il n'est pas utile non plus de rappeler les risques encourus par les toxicomanes eux-mêmes lors de la consommation de drogues. Nous avons déjà longuement traité ces questions sur ce blog.

    Partisans et opposants au projet de SCMR s'accordent au moins sur deux points. La question de ce qu'on peut appeler la "tranquillité" des quartiers doit être réglée d'une part, les toxicomanes doivent faire l'objet d'une attention particulière d'autre part. Partisans et opposants divergent sur les moyens.

    Aucune société humaine, jamais, n'a connu d'existence sans présence de drogues. On peut ou non le regretter mais c'est ainsi. Notre société n'y échappe pas et n'a aucune chance de régler cette question. Ce point-là doit être compris comme une donnée de base incontournable.

    Les combats menés contre les drogues et ses trafics, à l'instigation des Etats-Unis d'abord puis de l'ONU à partir des années 1960, n'ont donné que des résultats très partiels qui n'ont en rien empêché le développement de la consommation de drogues, la multiplication de l'offre en la matière et des trafics qui sont désormais à l'échelle mondiale et dont certains rapports disent qu'ils sont équivalents à l'économie du pétrole aujourd'hui. Voilà une deuxième donnée incontournable.

    C'est dans ce contexte général que nous devons aborder le projet de SCMR du 39 boulevard de La Chapelle. Il est, parmi de nombreux autres, un moyen d'aborder la toxicomanie et ses risques, une nouvelle approche qui n'est pas faite de l'unique couple interdiction/répression que nous avons connu jusqu'à maintenant et qui n'a donné que de mauvais résultats. Le sujet n'est pas de savoir si on accepte ou refuse la drogue, le sujet est de savoir si nous pouvons considérer cette drogue et les risques associés autrement que par des tabous moraux qui obscurcissent notre raisonnement.

    La démarche n'est pas facile. Il faut pour le citoyen se faire une opinion, c'est-à-dire s'informer sans pour autant tomber dans la seule gouvernance des experts, qui certes ont leur mot à dire mais qui ne peuvent pas être les seuls à faire bouger les marques de notre société, tel est en tout cas le fonctionnement de notre démocratie.

    Notre société numérique nous donne une chance extraordinaire de partager les informations via internet. Il faut donc l'utiliser pour approfondir le sujet. Action Barbès modestement s'y essaie et nous mettons en ligne une nouvelle rubrique dans la colonne de droite de ce blog avec de nombreux liens qui aident à la compréhension de cette question. Cette rubrique est intitulée "SCMR Info". Nous avons aussi l'intention de programmer des débats contradictoires sur le sujet, si possible dépassionnés, afin d'aider chacun à regarder ce projet de SCMR avec le recul nécessaire. Nous vous en reparlerons sous peu, nous ne voulons pas traiter le sujet dans la précipitation.