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Rechercher : projet 360°

  • Retour sur le conseil de quartier Louis-Blanc Aqueduc 10e

    L'équipe d'animation avait opté pour un programme ambitieux, peut-être trop pour que les sujets soient suffisamment développés et débattus. D'autant que les habitants étaient venus très nombreux, sans doute attirés par l'annonce "améliorer le cadre de vie dans le nord de l’arrondissement".

    En préambule, un appel à candidature pour rejoindre l'équipe d'animation a été lancé, avec un certain succès, reconnaissons-le, puisque pas moins de sept personnes ont répondu positivement. Reste à souhaiter que ces bonnes volontés trouvent plaisir à participer à l'organisation des conseils de quartier. 

    Incontournable désormais, le projet de Promenade urbaine de Barbès à Stalingrad a été présenté. Plus exactement, ont été évoquées les premières pistes de l'Apur suite à la réunion du 13 janvier à laquelle nous participions pour représenter Action Barbès (depuis ce CQ, une 2e réunion avec l'Apur s'est tenue le 16 février à la mairie du 10e). Le tronçon à l'étude pour le moment est délimité par le carrefour Tombouctou à l'ouest et la station de métro Chapelle à l'est. Il concentre les plus importants problèmes : marché de la misère (qui se déplace jusqu'à la rue Château-Landon), campement de migrants (dont nous constatons chaque jour l'extension), déchetterie, fermeture de la sortie nord de la station de métro et circulation très dense). L'Apur devrait organiser des réunions publiques au fur et à mesure des avancées de la réflexion, c'est du moins ce qui est souhaité.

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    Quelles réponses du maire du 10e ?

    Les priorités de la mandature vont au nord de l'arrondissement. Pour cela, la coordination avec le 18e, qui restait assez aléatoire notamment au niveau des services, a démarré. Le réaménagement du boulevard de la Chapelle est inscrit depuis décembre dernier dans le plan d'investissement de la mandature (PIM). Rémi Féraud reconnaît que les problèmes sociaux ont explosé, et que la puissance publique est assez désarmée face à l'étendue des phénomènes d'exclusion. S'il ne nie pas les problèmes, le maire est persuadé que des aménagements sur cet axe peuvent enclencher des dynamiques positives. " On n'a pas d'idée préconçue mais cela doit bouger et ça bougera" a-t-il conclu sur le sujet.

    Abordant le cas de la fameuse place "T10" dont l'aménagement n'a pu jusque là être engagé, le maire, rappelé bruyamment à ses promesses par quelques habitants, a promis que la place serait bien modifiée.

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    Rue Louis Blanc vers La Chapelle, aux abords de la place "T10"...

    Autre sujet abordé maintes fois par Action Barbès ici même : la fermeture du site de Fernand-Widal et le projet du nouveau Lariboisière. Sujet sensible qui divise actuellement la majorité municipale. Nous avions rencontré Christian Nicolas, directeur de l'hôpital Lariboisière, à ce sujet (voir ici). Depuis 2010, le projet a évolué et il ne prévoit plus de déplacer l'intégralité des lits (ceux de gériatrie, en particulier) de Fernand-Widal à Lariboisière. En cause : le financement... La vente d'une parcelle côté rue Guy-Patin est même envisagée. Les communistes y sont fermement opposés, c'est ce qu'a rappelé Dante Bassino, élu de l'arrondissement. Pas question de déplacer les personnes âgées vers Bichat voire au-delà du périphérique, a-t-il déclaré. Pour Rémi Féraud pourtant, il n'est pas question de mettre un veto au nouveau projet, car il engage sa responsabilité de maire face à la nécessité de restructurer l'hôpital, clairement de le moderniser, car ce dernier n'est plus équipé pour la médecine du futur. "S'il faut mettre le service de gériatrie à Bichat, je ne m'y opposerai pas ". Un sujet à suivre de près dans les mois et années qui viennent.        

    caserne chateau landon, 10e, conseil de quartier, démocratie locale,Un peu plus loin de Barbès, la caserne de la rue de Château-Landon, actuellement vide et pour laquelle un projet reste à inventer. On sait seulement qu'elle permettra l'extension de la maternelle Louis-Blanc actuellement à l'étroit. On parle de la création d'un espace dédié aux entreprises innovantes. D'ici là, il faudra trouver une solution pour l'Armée du Salut qui y distribue  des repas aux plus démunis.

     

  • Salle de conso : le débat est-il encore possible ?

    Mardi 9 février en fin d'après midi s'est tenue la première réunion que notre association a organisée avec GAIA, opérateur de la salle d'injection supervisée qui sera installée rue Ambroise Paré.

    L'idée était d'inviter par petits groupes d'immeubles les riverains pour un échange simple et pour cette première réunion, seuls les immeubles de la rue Ambroise Paré avaient été conviés. C'était sans compter sur le rapport de force que veulent absolument établir les opposants au projet qui se sont donc invités en nombre à cette réunion. Autant dire que la très grande majorité d'entre eux n'habitaient probablement pas la rue concernée même si des habitants des rues voisines étaient là.

    Un semblant de débat a néanmoins eu lieu, même si les échanges ont été plutôt tendus. Que faut-il en retenir ? On peut répertorier les demandes des opposants au projet en deux catégories : les questions qui n'auront jamais de réponse et celles qui demandent une réelle attention des pouvoirs publics.

    Les questions qui n'auront jamais de réponse

    Le choix de l'implantation de la salle de consommation à moindre risque (SCMR) aurait du faire l'objet d'une concertation préalable disent les opposants. Mais quel genre de concertation au juste ? Ce type d'équipement, tout comme, pour prendre un exemple qui n'a rien à voir avec notre sujet, les éoliennes, fait partie de ceux qui font l'objet du classique syndrome NIMBY. Que ce soit ici ou là, le rejet des riverains est systématique. Par ailleurs, s'agissant d'un équipement d'intérêt général, la prépondérance des habitants dans le choix du site n'a rien d'évident.

    L'autre question qui n'aura jamais de réponse, c'est le refus entêté de la plupart des riverains de considérer les études scientifiques menées sur le sujet par les meilleurs organismes internationaux dont en France l'INSERM comme fiables et d'y préférer leurs propres affirmations qui en général ne reposent sur rien ou alors sur une expérience toute personnelle que l'on généralise sans vergogne.

    Enfin, et c'est là sans doute le plus ennuyeux, avant même d'avoir ouvert ses portes, la SCMR est vue comme un facteur supplémentaire de la dégradation des conditions de vie du quartier. Il est indéniable que sur certains points à commencer par la présence d’usagers de drogues, la situation ne s’est pas améliorée ces dernières années mais voir a priori dans l'installation de la salle d'injection supervisée un élément forcément négatif pour le quartier, c'est faire preuve d'une certaine malhonnêteté.

    Les questions qui méritent une réelle attention

    Les conditions dans lesquelles la SCMR va être implantée rue Ambroise Paré doivent faire l'objet d'une attention spéciale.

    D'abord en ce qui concerne la sécurité des riverains. Les craintes de ceux-ci à ce sujet sont tout ce qu'il y a de plus légitimes même si par les temps que nous vivons le syndrome sécuritaire est parfois un peu exagéré. La réponse est dans les mains du commissaire du 10e mais aussi et surtout dans celles de la Préfecture de police de Paris. Cette réponse devra être claire et précise, notamment, mais pas seulement, pour ce qui concerne les effectifs alloués, les horaires de surveillance du périmètre "spécial" créé autour de la salle. Des réunions de travail préalables à l'ouverture de la salle entre la Préfecture de police et les représentants des riverains sont sûrement nécessaires, en présence bien sûr d'élus.

    Ensuite, il faudra être vigilant sur le déroulement de cette expérimentation. Il a été dit à juste titre au cours de la réunion que les riverains n'ont rien demandé et surtout pas à participer à ce genre d'expérience qui, de fait, leur est imposée. C'est une manière de voir les choses particulière mais qui ne doit pas être négligée. Au-delà de l'enquête commandée à l'INSERM - organisme d'ailleurs présent dans la salle - sur l'acceptabilité de la SCMR par les riverains mais dont les rapports ne seront publiés qu'assez tard après l'ouverture de la salle - on nous parle de 18 mois - il parait indispensable que les méthodes d'évaluation de l'efficacité à court terme de l'équipement d'une part, que les critères qui permettront de piloter le projet et de prendre les mesures correctives nécessaires en cours d'avancement du projet d'autre part, le soient dans la plus grande clarté possible et évidemment préalablement à l'ouverture de la salle. Il est à cet égard assez étonnant que bon nombre d'opposants au projet ignorent la mise en place du comité de pilotage.

    Même si légèrement houleuse, la réunion a quand même permis des échanges entre les participants. La prochaine réunion organisée pour une partie des habitants de la rue Guy Patin se tiendra mardi.

     

  • L'ICI, c'est maintenant (enfin, presque...)

     

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    Bonne nouvelle pour l’Institut des cultures d’islam (ICI) : le bâtiment du 56 rue Stephenson sera inauguré le 28 novembre après-midi en présence du maire de Paris, Bertrand Delanoë et du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, qui préside également le Conseil français du culte musulman (CFCM). Ce jour-là, les habitants du quartier pourront visiter le bâtiment jusqu’en soirée, 21 heures au moins, qui sera par la suite l’horaire habituel de fermeture. Ce premier bâtiment est situé 56 rue Stephenson et accueillera des expositions, des ateliers, des spectacles, des conférences, ainsi qu’une salle de prière. 

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    Quant au bâtiment du 55 rue Polonceau et 6 rue des Poissonniers, dont la construction avait été repoussée sans échéance précise, il sera bel et bien construit. Deux menaces pesaient sur lui : d’une part, les élections municipales, la nouvelle équipe sortie des urnes étant susceptible d’abandonner le projet ; d’autre part, l’échec à trouver un accord de financement pour la mosquée du site. Afin que soit respectée la loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat, un montage financier unique a été mis au point pour l’ICI : à la mairie, le financement de la partie culturelle du projet ; aux associations musulmanes, celui des lieux de culte. Ce projet phare de la mandature de Bertrand Delanoë inclut un lieu culturel et cultuel de 4500 m2 sur les deux sites, avec deux mosquées de 300 et 500 m2 chacune. Coût total : 22 millions d’euros.

    Or, comme l’a confirmé à Action Barbès Michel Neyreneuf, l’adjoint au Maire du 18e arrondissement chargé de l’urbanisme (et inspecteur pédagogique d’arabe de profession), trois offres ont été déposées pour l’ICI Polonceau, deux émanant du Maroc et une de l’Algérie. « Difficile, avec des projets d’une telle ampleur, que des États ne soient pas impliqués d’une manière ou d’une autre », reconnaît-il. L’identité de l’acquéreur de la partie cultuelle de l’ICI Polonceau n’est pas encore arrêtée mais sera connue… « bientôt ». Quant au rachat par l’association des musulmans d’ouverture (AMO), qui aurait permis d’impliquer des Musulmans noirs dans l’ICI, il sera demeuré un rêve, faute de financement suffisant et malgré les appels aux dons des fidèles et la sollicitation de pays africains. Une somme de 3 millions d’euros devait être réunie pour signer. C’est un revers pour l’islam de France : plus uni, mieux organisé, il aurait pu s’imposer comme un partenaire à part entière de la mairie dans ce dossier.

    De son côté, le rachat de la mosquée de l’ICI Stephenson a été signé avec l’association des Habous et des lieux saints de l’islam, dirigée par Dalil Boubakeur, pour 2,4 millions d’euros. Cette association est née en 1920 pour porter le projet de la Grande Mosquée de Paris.

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    paris,18e,ici,institut-des-cultures-d-islamDans l’attente de la signature d’un accord pour la future mosquée de Polonceau, les travaux ont débuté, comme en témoigne l'emprise du chantier à l’angle de la rue des Poissonniers et de la rue Polonceau (ci-dessus). Un nouveau panneau d’information – qui a remplacé l’antérieur il y a quelques semaines – annonce désormais la fin des travaux pour 2015 (ci-contre). Quel que soit le candidat victorieux aux prochaines élections, un retour en arrière est désormais peu probable.

     

  • Erreur de casting ?

    Permettez que nous formulions de fortes interrogations sur la délibération du point 7 à l'ordre du jour du conseil d'arrondissement du 10e le 4 février...  

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    Il s'agissait de présenter la convention d'occupation de domaine public pour l'installation d'un café, dénommé "Monde et Médias", qui se situera dans la partie nord-ouest de la future place de la République. Le cadre est agréable, le pavillon vitré jouira d'une terrasse orientée sud-ouest... (voir ci-dessus une vue du projet).

    Le projet est original : les consommateurs outre de pouvoir s'offrir une petite restauration de qualité disposeront, en consultation gratuite, d'un choix de médias et de publications axés sur le thème de la république et des grandes questions qui agitent le monde. Des revues plutôt pointues peu accessibles en kiosques ou en points presse pour ne pas nuire aux marchands par une concurrence déloyale.

    La sélection du gérant, ou selon la convention l'occupant-gestionnaire, s'est faite par "appel à projet" auquel Elise Fajgeles (espace public) et Hélène Duverly (commerce) ont été associées. Au terme de la procédure, le jury a désigné le Groupe SOS, un des acteurs majeurs de l'économie sociale et solidaire depuis des années. Un clic sur le site du groupe vous en dévoilera les multiples activités : lutte contre l'exclusion, solidarités envers les plus faibles, jeunes, seniors, insertion par retour à l'emploi, etc.

    Certains "anciens" d'Action Barbès se souviendront peut-être de l'ouverture du centre de convalescence du 75 rue de Maubeuge. Il accueille depuis des années des personnes sans domicile fixe après une intervention en milieu hospitalier et est géré par "Habitat et soins", autrefois SOS-Drogue... qui avait provoqué une levée de boucliers impressionnante dans le quartier. 

    SOS Groupe n'est pas un débutant. A sa tête, on trouve Jean-Marc Borello, dont vous trouverez un portait très détaillé dans Capital en mars 2012 pour en savoir davantage sur cet atypique patron du secteur social qui lui applique avec succès les méthodes du privé. 

     

    Jusque là, le lauréat de l'appel à projet semblait satisfaire tous les élus, sauf que Véronique Dubarry, élue EELV, adjointe au maire de Paris chargée du handicap, s'est dite dubitative sur les réels compétences du Groupe SOS en matière de restauration. Il est vrai qu'en dehors de Té Ethique, une petite activité de traiteur, le groupe n'est pas dans son coeur de métier. Pire, elle a souligné la durée particulièrement longue de la convention (9 ans) qui allait lier la Ville à son gérant. Que faire en cas de défaillance ou de mauvais résultats ? Ou simplement de déception par rapport au projet décrit dans un lieu très en lumière ? Pourquoi n'a-t-on pas inclus une clause de rendez-vous ? à mi-parcours par exemple. 

     

    Toutefois, le maire du 10e, Rémi Féraud, rejoint par le groupe communiste, a défendu le dossier en soulignant que la candidature du Groupe SOS avait été la plus attractive. Il a souligné que la durée de 9 ans devrait permettre à l’occupant de pouvoir rentabiliser ses investissements. L'argument est recevable. Cependant, comme Véronique Dubarry, nous nous demandons si la Ville ne prend pas des risques.

    Enfin vint le vote. L'abstention, inattendue, de Bernard Gaudillière, adjoint au maire de Paris chargé des finances et du budget, acheva d'introduire le doute. S’il existe un spécialiste des finances, des marchés publics et du suivi des contrats, c’est bien Bernard Gaudillière ! Nous avons pensé, comme Olga Trostiansky, assise à ses côtés, que l’élu se trompait de vote mais il a bien confirmé son abstention. On peut regretter qu’il n’ait donné aucune explication.

    Prochaine étape : le Conseil de Paris de lundi prochain, en espérant que le cadre contractuel de cette convention d'occupation aura pu être amélioré pour garantir à la Ville une certaine marge de manœuvre et un droit de retrait si le Groupe SOS ne parvenait pas à remplir ses obligations pour un espace aussi visible…

     

    A la mi juin 2013 nous irons sur place tester l'établissement lors de son ouverture, sur une place de la République enfin retrouvée.

  • Une salle de consommation à moindre risque : où ? quand ?

    Nous avons oeuvré modestement, ici sur ce blog, à faire connaître la salle de consommation à moindre risque (SCMR) aux lecteurs et aux habitants du quartier. Nous n'avons pas caché notre préference pour l'ouverture d'un tel dispositif aux abords de la gare du Nord, là où se rencontrent souvent les usagers de drogue. Les gares, dans tous les pays, dans toutes les villes,  sont des lieux singuliers, point de rencontre des marginaux. Outre les expériences réussies dans d'autres pays, qui semblent encourageantes, il paraît logique que l'implantation d'une telle SCMR se fasse dans un périmètre proche de la gare. La mairie du 10e y est favorable. Le maire, Rémi Féraud, l'a dit à plusieurs reprises. On n'attendait plus que le feu vert de la ministre de la santé qui est déterminant, puisque les injections demeurent interdites, les substances injectées aussi. 

    Le 5 février enfin, la décision est prise. Le maire de Paris réagit à l'annonce :

    Je me réjouis de la décision du gouvernement, ce jour, donnant son accord pour engager les travaux de configuration d’une salle de consommation de drogue à moindres risques. L’engagement et l’expérience de la Ville de Paris en matière de prévention des toxicomanies, de prévention des conduites à risques et d’expérimentation de dispositifs sanitaires et sociaux innovants sont ici reconnus.

    Alors que le Conseil de Paris s’est prononcé en faveur d’une expérimentation dans la capitale dès le 19 octobre 2010 et que de nombreux débats et retours d’expérimentation dans des pays étrangers ont permis de démontrer l’utilité de ces dispositifs tant sur le plan sanitaire que social, la décision de ce jour est un premier pas important pour permettre d’accompagner les personnes les plus vulnérables et de limiter les dangers sanitaires liés à la toxicomanie.

    Si les conditions de cette expérimentation restent à préciser, en lien étroit avec la MILDT et les ministères de la Santé, de la Justice et de l’Intérieur, je souhaite que les travaux qui vont s’engager puissent permettre d’élaborer un projet sérieux, exigeant, à la hauteur de ses enjeux sanitaires, sociaux et de tranquillité publique.

    05/02/2013
    Par M. Bertrand DELANOË

    Tous les avis ne coïncident pas. Voici quelques liens qui démontrent que l'affaire divise. Toutes ces positions vous permettront peut-être de vous forger une opinion.

    _/_/_/  France Inter : Feu nourri sur les salles de shoot avec l'intervention de Marisol Touraine

     Les salles de shoot ne sont pas encore ouvertes, mais elles sont déjà dans le viseur de l'opposition. Hier le gouvernement a donné son feu vert à l'expérimentation à Paris d'une salle de consommation de drogue, (ou "salle de shoot"). Un concept jusqu'à présent illégal en France mais existant dans plusieurs pays européens, dont la Suisse et l'Allemagne. La mairie de Paris avait bâti un "pré-projet" mais l'autorisation du gouvernement était nécessaire.

    Dans l'entourage de Jean-Marc Ayrault, on défend d'ores et déjà "un travail préparatoire qui va permettre de confirmer la faisabilité du projet dans ses dimensions sanitaire, scientifique, sociale, économique et en terme de sécurité publique".

    Pas de calendrier précis pour l'instant, mais le projet pourrait se concrétiser rapidement, selon l'association de prévention et de soin en toxicomanie Gaïa-Paris, à l'origine avec Médecins du Monde du pré-projet. La salle serait ouverte dans le nord-est de Paris au printemps : "On est prêt", explique le président de l'association. "A partir du moment où le feu vert est donné, il faut compter trois mois environ pour la mise en place de cette salle, en prenant en compte la formation des équipes et le travail de pédagogie auprès des riverains."

    _/_/_/  20 Minutes : Il n'y a pas de hausse de la consommation après l'ouverture des salles de conso

    _/_/_/  20 Minutes : Une salle de shoot va être expérimentée à Paris

    _/_/_/  Politis du 7 février Une salle de consommation bientôt à Paris

    _/_/_/  FranceTVinfo   Que font nos voisins européens ?

    _/_/_/  Le Monde     Matignon accepte l'expérimentation à Paris d'une salle de consommation de drogue

     

  • Réouverture du square d'Anvers dans le 9e

    Avec les beaux jours de retour viennent aussi les bonnes nouvelles. Après plusieurs mois de travaux, le square d'Anvers ouvrira ses portes le mardi 17 mai au matin.

    Nous vous avions présenté le projet il y a un peu plus d'un an (voir notre article du 16 avril 2015) et nous avons pu assister à une réunion de chantier et donc le visiter en avant première grâce à l'obligeance de la mairie du 9e.

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    Certes tout n'était pas encore tout à fait terminé lorsque nous y sommes allés mais l'essentiel était là. Petite visite guidée.

    Revue générale

    Comme prévu dans le projet initial, la structure générale du square est inchangée : deux aires de jeux au Nord côté boulevard de Rochechouart et une aire au Sud côté avenue Trudaine dont il faut quand même noter qu'elle a été légèrement agrandie en déplaçant les grilles qui l'entourent d'un bon mètre et en supprimant les bancs qui prenaient beaucoup de place (voir infra). C'est donc l'aire centrale qui a été restructurée en préservant les arbres qui s'y trouvaient déjà.

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    Disons-le d'emblée, l'ensemble est réussi. La Direction des Parcs et Jardins de la Ville de Paris sous la houlette de la mairie du 9e a fait du bon travail. Nous irons même jusqu'à dire que c'est élégant.

    Un chemin pavé forme une double virgule au centre du square, double virgule bordée d'un long siège comme une banquette en bois exotique du meilleur effet. "C'est là un élément coûteux reconnait Sébastien Dulermo, adjoint à la maire du 9e chargé des espaces verts, mais cela donne une identité au square qui le différencie de ce qui a été fait square Montholon".

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    Une seconde longue baquette longeant l'allée côté lycée Jacques-Decour vient compléter l'ensemble.

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    Le choix de la végétation a été soigné : plantes persistantes, caduques et fleurs pour la diversité. Tout est déjà planté et n'attend plus que le soleil pour pousser.

    Revue de détails

    Les détails ont été soignés.

    Notons tout d'abord que luminaires, bancs, grilles de séparation des aires de jeux, panneaux d'information ont  été repeints couleur bronze donnant une belle cohérence à l'ensemble. Pas prévu dans le devis initial, le kiosque a pu également être repeint de la même couleur grâce au projet "des kiosques pour faire la fête" de l'édition 2015 du budget participatif.

    L'allée centrale pavée, certes jolie, n'est pas des plus commodes pour les personnes à mobilité réduite et même les poussettes d'enfants si nombreux à fréquenter ce square. Une attention particulière a été portée à cette question et un cheminement spécial a été mis en place permettant l'accès à l'ensemble du square pour tous.

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    Passage pavé "lisse" pour faciliter le déplacement - il y en a plusieurs dans le square

    Le long de l'allée jouxtant le lycée Jacques Decour, un terrain de jeu de boules a été installé. Notons que dans cette partie devraient aussi être mis en place un babyfoot, une table de jeu d'échecs et quelques équipements pour faire de la gymnastique. Cette fois c'est l'édition 2014 du budget participatif et le projet "Sport urbain en liberté" qui a permis cet investissement.

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    Le projet prévoit l'installation d'une sanisette Decaux à la place de l'actuel cabanon qui certes est bien dans l'environnement mais qui ne permet de maintenir les toilettes dans un état de propreté acceptable.

    L'aire de jeux des tout petits côté avenue Trudaine a été revisitée. Un arbre malade a été arraché, les bancs ont été enlevés. Mais le nombre de places assises pour parents et nounous qui surveillent les petits n'en est pas diminué pour autant. En effet, comme cela a été fait pour la zone centrale, une banquette en bois va courir sur les trois côtés de l'aire de jeux. Elle fait d'ailleurs l'objet d'un traitement très soigné comme le montrent ces photos.

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    La banquette va contourner l'arbre

    Voilà, rendez-vous le 17 mai pour l'ouverture et probablement septembre pour l'inauguration officielle.

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  • Rue de la Goutte d'Or : ”J'y retourne immédiatement”

    Ce n'était pas seulement de la rue de la Goutte d'Or qu'il s'agissait mais aussi du très dégradé passage Boris Vian. Le 22 novembre au centre Barbara, l'ambiance était très bonne, beaucoup de monde comme toujours dans la Goutte... 

    A la tribune, Michel Neyreneuf — Chargé de l'Urbanisme, de l'architecture, les grands projets de renouvellement urbain et du logement dans le 18e — qui, dans un premier temps, excusera l’absence du maire du 18e arrondissement, retenu ailleurs. Celui-ci arrivera après la présentation à l’écran, et répondra à toutes les questions de la salle. A ses côtés, Colombe Brossel, adjointe à la maire de Paris chargée de la sécurité, Jaques Baudrier, conseiller de Paris délégué à l'Architecture et aux Grands Projets de Renouvellement Urbain, et finalement Eric Lejoindre (voir photo ci-dessous)

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    En ouverture de la réunion, Michel Neyreneuf a annoncé que le dossier avait bien avancé mais que les financements n’étaient pas bouclés. Gros soupir dans la salle. Quand on sait que le nerf de la guerre, c’est souvent le budget !
    Le gros de la partie urbanisme dans ce quartier de la Goutte d’or Sud a été fait, a-t-il ajouté, mais ce sont les usages qui posent problème. On les connaît ces usages problématiques : la placette Charbonnière et ses attroupements, une occupation de l’espace public presque exclusivement masculine, la position inconfortable des femmes dans le même espace public, etc. Le but est maintenant de garantir un usage plus « cool ». Bien sûr il a évoqué la marche exploratoire des femmes, à trois reprises, et les recommandations qui en ont résulté, dont on tiendra compte, promet-il. 
     
    Colombe Brossel admet que le résultat des travaux engagés par l’Agence AA Feraru à l’automne 2015, avec la collaboration des habitants, in situ, ont tardé à revenir devant le public. Un peu plus tard, Jacques Baudrier nous expliquera qu’en fait, un dossier a été constitué qu’on a présenté à l’Agence nationale de développement urbain (ANRU) — un premier dossier avait été rejeté par l’ANRU sous prétexte que Paris était déjà surdoté, et des 400 projets soutenus par l’Agence, au plan national, aucun ne concernait Paris —, il a finalement été retenu, parmi 4 autres projets parisiens, dont la Goutte d’Or se taille une belle part, car elle en hébergera deux. Après obtention de l’oral, puis de l’écrit en septembre, l’accord définitif est tombé la semaine dernière. Il faudra ensuite que le protocole de préfiguration passe au vote du Conseil de Paris.  Le plus tôt possible. D’ores et déjà on a la certitude que l’ANRU financera toutes les études nécessaires au projet. 
    On apprend que le budget doit transiter par la Région. Colombe Brossel ne cache pas que le changement de couleur politique de la Région Ile-de-France n'a pas troublé un peu leur optimiste. Mais une réponse de principe a été donnée : il n’y aura pas d’opposition. Le budget de la Région doit être voté en février 2017. C’est la seule ombre au tableau. 
    Colombe Brossel reprend la parole pour souligner qu’avec l’ANRU, on est dans le moyen terme, à cause des études à mener, des permis de construire à déposer,  à obtenir.... , à la louche on arrive à la fin de la mandature… mais pour autant on n’abandonne par le court terme, et c’est l’usage de l’espace public pour tous et au quotidien qui est important, et cela dès maintenant. Et dès maintenant, on veut le relier à l’aménagement du boulevard de La Chapelle. 
     
    On assiste alors à la présentation du projet, avec un préambule sur l’amélioration des transits Nord-Sud, des liaisons entre les ilots d’habitation, de l’accès aux équipements publics, et le soutien au commerce local.
    On ne retiendra pas grand-chose de l'intervention d'une responsable de la Direction de l'urbanisme, intervention courte d'ailleurs, et c'était là sa principale qualité. 
     
    En revanche, le jeune homme de l’agence d’archi Feraru était très clair, connaissant son affaire d'évidence. 
    Il commence par nous dire qu’ils ont lancé l’étude sans base, sans réel cahier des charges, avec une totale liberté. La phase de diagnostic s’est passée sur site, avec une volonté d’aller au plus près des usagers, sans idée préconçue. Il nous est apparu, dit-il, qu’il fallait recréer une liaison Nord-Sud, plan à l’appui, entre le square Léon et le bd de La Chapelle, et la plus directe possible. On constate alors que le passage Boris Vian doit retrouver ses droits. La sortie condamnée du square Léon sera ré-ouverte au sud-est.
    Le projet qui propose un déplacement vers l’Est du passage ne comporte pas de dysfonctionnement systématique, juste des mises au point ponctuelles, comme gérer les bouches de ventilation d’une chambre froide, par ex..

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    Voyons la description de ce que propose l’agence : donc le passage, élargi, serait plus à l’Est, et longerait le gymnase, dont l’accès serait ouvert rue de la Goutte d’Or. Pour les arcades, qui cristallisent toutes les critiques, l’agence préconise d’avancer les vitrines tout en ménageant les piliers, en les incorporant peut-être, de couvrir partiellement ou totalement le TEP (terrain d’éducation physique ?) et au bout, à l’extrémité Est de l’îlot, de construire un petit bâtiment. Cela suppose un déplacement de l’entrée du parking, et des modifications de circulation à l’intérieur, mais rien de très lourd, ce ne sont que des cloisons en parpaings. 
    Selon les normes du PLU, si l’on ne peut pas monter bien haut le petit bâtiment, on végétalisera le toit. 
     

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    A partir de là, la parole a été donnée à la salle. Et Eric Lejoindre a répondu avec constance. 
    Evidemment, et comme d’habitude, on a entendu les mêmes litanies sur les erreurs du passé. Ici on a fait n’importe quoi ! On rénove la rénovation d’il y a 30 ans ! Parfois, les élus de la tribune ont craqué et souligné qu’il y a 30 ans ils étaient à peine nés…. Eric Lejoindre a rappelé que la rénovation dans la Goutte d'Or Sud était très nécessaire il y a 30 ans, et qu’au Nord, elle l’était aujourd’hui, mais on a choisi de faire autrement en respectant le parcellaire, les dents creuses, le paysage parisien, etc. Il ne cache pas que si la Ville peut faire pression, plus ou moins, sur les pieds d’immeubles des bailleurs sociaux, pour mener une rénovation, il n’en va pas de même pour les copropriétés privées, et que l’allure générale de la rue peut s’en ressentir. Dans les années 1980 et 90, tout le monde se s’est pas plaint de ces transformations qu’on dénonce aujourd’hui — une dame dans la salle le proclame avec force et verve —, les barres d’immeuble sont le marqueur d’une époque. Les temps changent, et les usages sont la priorité actuelle, termine Eric Lejoindre.

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    Les arcades : Amélioration de la façade et des pas de porte, extension des locaux commerciaux

    Bizarrement, dans la salle on va s’attacher à des détails, sans presque commenter le côté étonnant, surprenant, du déplacement dans l’espace d’une voie, de ce passage Boris Vian. Non, on demande de mieux l’éclairer, de ne pas oublier la rampe pour les personnes âgées, et bien sûr des mesures de salubrité. Un monsieur déclare quand même qu’il est "surpris de la qualité du truc », c’est dire qu’à la Goutte d’Or, on croit que la qualité est toujours pour les autres ! 
     
    C. Brossel ajoutera que bien sûr, à court terme, c’est à dire dès le début de l’année 2017, on va améliorer le quotidien, refaire les marches cassées, mettre une rampe et un éclairage adapté. 
    Jacques Baudrier précise qu’on n’est pas sur un projet qui nous projette à des décennies, ni dans des budgets extraordinaires, quelques millions seulement. Il faudra néanmoins se préoccuper des baux commerciaux sous les arcades. 
     
    Dans la salle, on demandera encore quel type de concertation sera engagée pour tenir compte des habitants : un comité de suivi sera mis en place, et on associera les enfants, qui font preuve de beaucoup d’imagination et ont de bonnes idées… déclare Mme Brossel. On s’étonnera que tout un projet soit centré sur un escalier qui, en soi, n’est pas approprié à tous les usagers, personnes âgées, ou avec poussette : l’alternative reste pourtant de faire le tour par le trottoir en pente douce Goutte d’Or - Polonceau, car le dénivelé ne peut pas être gommé, répond avec humour le Maire. D’autres demanderont à ce qu’on respecte la proximité de l’église Saint-Bernard, ou qu’on nous dise le sort réservé au projet qui touche la placette Polonceau dans le cadre du Budget Participatif. La circulation automobile rapide est aussi dénoncée, y compris par des véhicules de police.
     
    Eric Lejoindre rappelle que le but est d’avoir une rue de la Goutte d’or animée, vivante, avec des commerces qui fonctionnent et non des locaux de stockage. Concernant la circulation, des échanges ont lieu avec le commissariat qui aurait changé un peu sa position et ne s’opposerait plus à l’installation de ralentisseurs. On y travaille.
     
    Globalement, les participants, en sortant, étaient plutôt contents. Nous aussi. 
     
    * Les visuels ont été aimablement transmis par l'agence AA Feraru. 
  • Conseils de quartier

    PN : il est préférable de ne pas trop parler du passé pour se concentrer sur le futur, alors rapidement, quels sont pour vous les choses qui ont bien fonctionné de 2001 à 2008 et celles qui nécessitent des modifications ?

    AB : j’étais un acteur au début, puisqu’en fait, dans le Conseil de quartier La Fayette Richer, là où j’habite, j’étais membre du collectif d’animation. Mais j’avoue avoir lâché assez vite pour deux raisons très simples : d’abord j’étais engagée dans des associations par ailleurs et j’ai dû faire un choix, et aussi parce que les sujets abordés ne m’intéressaient pas toujours. Je crois d’ailleurs qu’il y a une réflexion à mener sur les sujets.

    Mon sentiment est qu’actuellement le bilan des Conseils de quartier est positif dans la mesure où des habitants se sont mobilisés pour mener des projets. Ne serait-ce que faire la démarche, cela me semble important. La deuxième chose, lorsqu’il y avait des projets en lien avec des associations, des structures existantes, on se rend bien compte que le processus a pris et que les projets ont pu aboutir. En revanche, tout ce qui concerne les questions d’aménagement, les projets à plus long terme, l’investissement était beaucoup plus complexe à mettre en œuvre et là les articulations entre les Services, l’Administration et les habitants, le temps des uns et celui des autres n’étaient pas les mêmes et il faudra réfléchir à cela. Lorsque l’on parle de fêtes de quartier, il n’y a pas de souci mais dès qu’on arrive dans un schéma d’investissement, on est plus dans les mêmes temps et il y a un décalage, un déficit d’information des habitants, et du coup cela les démobilise. Il faut y réfléchir, maintenir le lien.

    Le troisième élément, c’est que les Conseils de quartier permettent aux habitants de s’exprimer sur tous les sujets, le temps de la parole est essentiel, l’élu doit y trouver sa place.

    PN : quel périmètre peuvent avoir les changements apportés à la Charte : le découpage géographique de notre arrondissement par exemple ou bien l’extension du domaine de compétences des Conseils, d’autres choses … ?

    AB : l’essentiel de la réflexion que nous allons porter à la connaissance des habitants concernant la révision de la charte porte sur la place de l’élu. L’objectif étant, puisque les Conseils de quartier sont un outil de Démocratie locale, de voir comment chacun va traiter sa part.

    Sur le périmètre géographique, cela ne peut être fait qu’avec une délibération du Conseil de Paris. On peut émettre le souhait de modifier le périmètre des Conseils mais il faut avoir une discussion plus approfondie en regardant les mouvements de flux des habitants.

    Quant à émettre un Vœu comme cela se fait dans d’autres arrondissements, il faut considérer la légitimité des Conseils, la représentativité des habitants. Lorsque l’on parle avec les personnes dans un Conseil de quartier, on est dans l’échange d’informations, éventuellement de la gestion de projets. Sur la notion de prise de décision, ce qu’on peut avoir c’est effectivement les habitants faisant remonter de l’information et souhaitant que des choses soient portées à l’ordre du jour du Conseil d’arrondissement. Mais cela ne représentera que les habitants présents. Par ailleurs, le fait qu’un élu entende les demandes et les porte lui en tant qu’élu parce qu’il estime que cela a un sens politique, cela peut se faire.

    PN :quelles obligations l’exécutif municipal s’impose t-il vis-à-vis des décisions des Conseils de quartier ?

    AB : nous avons une obligation de transparence pour les décisions que nous prenons en tant qu’élus par rapport aux décisions des collectifs d’animation. Autrement dit, si une décision est prise par un collectif d’animation concernant un projet, notre obligation est de dire cela est faisable ou cela ne l’est pas, de donner des réponses précises. Première obligation : être très transparent non seulement sur la faisabilité ou non d’un projet mais aussi sur son suivi. Il faut une traçabilité des projets.

    La seconde obligation que l’on a c’est un devoir d’information sur un périmètre, un territoire donné. S’engager à ce que, lorsque cela concerne les Conseils de quartier, ceux-ci soient bien informés.

    Donc si on est transparent, si on informe bien, si on se fixe une obligation de consultation sur certains sujets – gros aménagements par exemple – on devrait pouvoir faire des choses.

    PN : la concertation avec les Parisiens a été déclarée prioritaire par Bertrand Delanoë au cours de la campagne électorale. Il semble qu’il y ait des ratées en ce début de mandat – n’y revenons pas. Les Conseils de quartier sont des organes de concertation par excellence – certes, pas les seuls – alors, comment allez-vous concrètement organiser cette concertation ? A quel moment, à quel stade des projets allez vous insérer le processus de concertation avec les Parisiens ? En préambule je vous pose la question un peu brutalement : faites-vous la différence entre « information » et « concertation » ?

    AB : j’ajoute consultation ! Je fais la différence entre les trois. Information signifie qu’on informe, on explique ce qui va être fait pour des choses décidées. Consultation : on recherche un avis. Concertation, on essaie de faire ensemble, de se concerter, de se mettre d’accord.

    C’’est là la difficulté de faire vivre la Démocratie au niveau local. Si on est vraiment dans de la concertation, quid de la représentativité des gens qui participent, combien en faut il au minimum pour que cela ait un sens ? Il y a là à réfléchir aux outils de la Démocratie locale. Nous sommes en phase de construction sur le sujet. On pense à des commissions transversales pour certains sujets – voirie par exemple. Ces commissions seraient en dehors des Conseils de quartier, travaillant indépendamment, mais émanant des Conseils.

    PN : il y a un fort débat à propos de la légitimité des Conseils de quartier. L’argument de la légitimité a d’ailleurs été utilisé plusieurs fois par des élus et les Services de la Ville pour ne pas accepter les décisions de certains Conseils de quartier. Cette question peut paraître un peu théorique mais elle est essentielle car derrière la légitimité se cache la responsabilité des uns et des autres. Quel est votre avis sur la question et êtes vous prête à dire que quelque soit le mode de désignation et de fonctionnement des Conseils de quartier du 9e, leurs décisions seront légitimes ?

    AB : si sur un gros projet d’aménagement, il n’y a que 10 personnes qui s’impliquent, cela va être compliqué de dire aux habitants « voilà la décision » ! Alors qu’est ce qui est légitime qu’est ce qui ne l’est pas, cela dépend aussi des prérogatives du Conseil de quartier. Si le Conseil a un budget d’investissement et qu’il peut le faire, que le projet relève de ses compétences, on le fera.

    PN : les Conseils de quartier sont-ils pour vous des instances qui permettent aux élus de mieux remplir leur mandat en restant à l’écoute des électeurs, sont-ils des instances de surveillance des élus pour en corriger certaines actions, sont-ils des forces de proposition dans un partage plus équilibré des pouvoirs locaux ?

    AB : les termes sont choisis ! Je dirais que les 3 sont justes, je suis gênée par le mot « surveillance ».

    C’est à la fois pour l’élu la possibilité d’avoir un retour – il faut éviter le bilan systématique, ne pas se mettre en situation défensive – et d’étudier l’évolution de la sociologie du quartier. Sur l’aspect « surveillance », disons contrôle démocratique, il peut s’exercer là. Il y a aussi une force de propositions. Le Conseil de quartier peut aussi être le lieu de construction de liens. Pour moi, c’est essentiel que l’on arrive à construire du lien social. Ce que j’aimerais, c’est que dans les Conseils de quartier viennent des gens que l’on n’a pas l’habitude de voir.

    PN : enfin, pour vous, quelle est la place de l’élu dans le dispositif Conseil de quartier ?

    AB : le rôle des élus était important au début pour créer une dynamique. Après une expérience de 7 ans, on peut se dire que l’élu peut se retirer un petit peu. C’est l’idée que nous avons et que nous allons proposer le 18. On va voir comment les habitants vont percevoir cette proposition. Mais les situations ne sont pas les mêmes dans les Conseils de quartier. Il y aura toujours un élu mais leur situation pourrait être différente. Nous n’avons pas de principe figé sur la question.
     
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    9bdf8d4e001a89e9bb9255e7ec2f328f.jpgAmina Bécheur devant son bureau lors de notre entretien le 13 juin.

     

    Dans la perspectivve de la réunion plénière des Conseils de quartier de notre arrondissement qui se tiendra mercredi 18 juin à 19h salle Rossini à la mairie, Amina Bécheur, Conseillère d'arrondissment, déléguée à la Démocratie locale, à la vie associative et à l'économie sociale et solidaire, nous a accordé une interview pour nous présenter cette réunion et nous expliquer dans quel état d'esprit elle l'aborde.

     

    Paris Neuvième (PN) : pourriez-nous nous rappeler les objectifs de la réunion du 18 juin prochain ?

    Amina Bécheur (AB) : le premier objectif de cette réunion est de reprendre contact avec les habitants de l’arrondissement. Les contacts ont été un peu distendus entre décembre 2007 et maintenant pour diverses raisons – les élections, le renouvellement de l’équipe municipale, etc. …- et donc l’objectif essentiel est cette reprise de contact avec un ordre du jour important, à commencer par le bilan annuel des activités des Conseils de quartier , bilan réalisé par les collectifs d’animation eux-mêmes. Un second objectif est de présenter le projet de l’équipe municipale en lien avec celui de l’Hôtel de Ville dans la mesure où l’adjoint au Maire de Paris en charge de la Démocratie locale, Hamou Bouakkaz, nous a déjà réunis pour nous indiquer ses priorités, et dans ce cadre, nous devons les articuler dans les arrondissements. Dernier point, la discussion sur la charte des Conseils de quartier dans la mesure où l’on doit tous les deux ans renouveler cette charte. Nous avons déjà engagé une première étape de discussion lors d’une réunion des collectifs d’animation et également entre élus.

    PN : dans quel état d’esprit abordez-vous cette réunion ?

    AB : pour moi c’est une première en tant que Conseillère d’arrondissement. C’est l’occasion pour les habitants de mieux me connaitre, de voir la manière dont je compte travailler avec eux. Mon état d’esprit est : aller à la rencontre des habitants, donner un peu de moi-même pour qu’ils comprennent comment j’envisage les choses.

    Ma manière de faire est en deux volets. D’abord communiquer, échanger, savoir mener les échanges, savoir écouter, apprendre des habitants. Ensuite dire quelles sont nos orientations. Nous avons conçu quelque chose, on y a réfléchi, mais nous sommes dans un processus. Quand bien même j’ai ma propre idée des choses, quand bien même j’ai un objectif collectif avec les autres élus, c’est dans l’interaction que cela pourra avancer. Donc, je viens avec des orientations – il faut avoir une ligne directrice – mais on peut très bien discuter ces orientations, on peut y réfléchir ensemble, et la Démocratie locale ne peut fonctionner que dans la mesure où les habitants s’approprient les projets et qu’il y a un échange constructif entre nous.

  • Rencontre avec la direction de Lariboisière

    Mardi, 11 heures, pas de marché, ni alimentaire, ni à la sauvette, la voie est libre jusqu'à l'entrée de l'Hôpital Lariboisière, rue Ambroise-Paré. Nous avons rendez-vous avec Christian Nicolas, directeur de l'hôpital et Marcel Grau, secrétaire général. Notre dernière rencontre date de janvier 2013 ; plus d'un an après, il est temps de faire le point. Précisons que la porte s'ouvre toujours facilement pour Action Barbès et que l'accueil est cordial. Non négligeable car le temps dans les hôpitaux est précieux.

    Deux sujets à notre ordre du jour : les problématiques de proximité liées au quartier et le projet de restructuration de l'hôpital. Voici les questions d'Action Barbès et les réponses de nos interlocuteurs. 

    Abords de l'hôpital

    AB : Lors de notre dernière rencontre, les échanges ont porté essentiellement sur les modifications de voirie liées à la présence embarrassante des porte-huit. Constatez-vous une amélioration de la situation ?

    Le changement est significatif. La voie unique est un réel progrès. De même pour la sortie sur la rue Ambroise-Paré, là où vous êtes intervenus pour demander du stationnement deux roues. Quelques « pirates » (des chauffeurs de porte-huit) se risquent encore près de la maternité mais, globalement, on peut dire que rue Ambroise-Paré, tout va bien. Les porte-huit sont désormais rue de Maubeuge. Ils créent bien sûr des nuisances lorsqu'ils sont à l'aplomb du pavillon Gallien qui accueille le service de réanimation. Une rencontre avec le chef de secteur Vinci a eu lieu récemment. On a pu en discuter. La rue de Maubeuge est aussi un lieu de stationnement des autocars de tourisme qui viennent récupérer ou déposer leurs clients derrière la gare du Nord. Ils sont nombreux particulièrement le dimanche. On en retrouve aussi sur le pont des voies de chemin de fer de la gare. Il faudra absolument trouver des solutions avant la construction du nouveau bâtiment à l'angle Chapelle-Maubeuge car une entrée sera créée rue de Maubeuge.

    AB : Nous savons qu'une étude a été menée pour améliorer l'intermodalité aux abords de la gare du Nord. Dans ce cadre, il est question de l'actuelle gare routière située rue du faubourg Saint-Denis. Cet espace pourrait peut-être accueillir porte-huit et autocars? Action Barbès a remis une proposition de « promenade urbaine » entre Barbès et Stalingrad à la nouvelle Maire de Paris. Nous y abordons la nécessité de revoir le plan de circulation du secteur de l'hôpital, de la place de La Chapelle. Ce projet de notre association a reçu un écho favorable auprès des nouvelles équipes municipales des 18e et 10e arrondissements.

    La municipalité soutient ouvertement notre projet de restructuration du quartier (plan, accès, circulation, parking, aménagement urbain). Pour terminer sur ce point de la circulation, le passage Paré-Patin qui débouche sur le boulevard de Magenta facilite la circulation des ambulanciers indéniablement. Par contre, les modifications du carrefour Tombouctou-Chapelle sont incompréhensibles et il est urgent de ré-ouvrir le passage sous le viaduc au débouché de la rue de Maubeuge. Pour le projet Lariboisère, il ne faut pas oublier que si les flux ne sont pas forcément plus importants à l'avenir, les entrées seront modifiées.

    AB : Les marchés à la sauvette qui perdurent mais se déplacent et occupent les trottoirs du boulevard ont-ils des conséquences pour l'hôpital?

    Nous y avons été confrontés lorsque les trottoirs étaient occupés rue Guy-Patin et rue Ambroise-Paré, notamment devant l'entrée des urgences de la maternité. Ils ont actuellement disparu de la rue Guy-Patin, mais nous voyons le mercredi des nouvelles populations entrer par les urgences boulevard de La Chapelle quand ils sont refoulés par les mouvements des policiers. C'est le « jeu » du chat et de la souris avec la police. Le samedi, on ferme les accès pour une meilleure sécurité. Les détritus d'après-marché se retrouvent aussi dans l'enceinte de l'hôpital, sans doute poussés par le vent. Il semble que les brigades d'après-marché ne nettoient pas les trottoirs du 10e. (Nous allons interroger les services de la propreté à ce sujet.)

    AB : Comment évolue la situation par rapport aux toxicomanes qui fréquentent le quartier ?

    Il y a toujours des intrusions. Les couloirs de l'hôpital sont ouverts au public, on ne peut pas aller contre... On retrouve donc des usagers de drogues un peu partout, notamment dans les toilettes. Des vols sont à déplorés également. Des coffres ont donc été installés dans les chambres. Nous avons rencontré le commissaire Ségura successeur provisoire de Gilbert Grinstein qui a quitté le 10e, et échanger sur la nouvelle brigade spécialisée territoriale (BST).

    AB : La salle de consommation à moindre risque (SCMR) n'a pas pu ouvrir ses portes (voir notre article du 29 décembre). Comment vous positionnez-vous par rapport à ce projet. Quelle est la position de l'Hôpital en général ?

    L'hôpital n'a pas vocation à accueillir une SCMR, bien qu'il existe un service de prise en charge de la toxicomanie très efficace ici (Dr Frank Bellivier). Mais c'est important de bien séparer les choses. Le soin, le sevrage ne sont pas dans la même démarche. Avec la salle on est dans la réduction de risques. Comme les distributeurs de seringues stériles, qui ont initié le processus... Il pourrait être poursuivi avec la SCMR. Certains leur ont reproché d'attirer les trafics mais les gares sont des plateformes, notre quartier en fait partie. Le bus Gaia a son rôle : situé rue de Maubeuge, il est plus discret aussi bien pour les usagers que pour les riverains. La ville dit ne pas abandonner le projet, le maire du 10e y tient. Les riverains commencent à comprendre l'intérêt d'une telle structure. Nous restons optimistes.

    AB : Pour terminer sur un aspect culturel, seriez-vous favorable à la mise à disposition des murs du boulevard de La Chapelle pour le street art, si l'opération est financée par la Ville dans le cadre du projet de « promenade urbaine » ?

    Il est indéniable que le mur entre la rue Guy-Patin et l'entrée des urgences est délabré. Mais il est encore solide et le refaire supposerait un financement. L'APHP a d'autres priorités. Pour le nettoyage des bâtiments tagués, même remarque sur nos priorités de dépenses. Mais pas d'opposition de principe pour une installation par des artistes.

     

    Projet de restructuration du pôle Widal-Lariboisière

    AB : Quelles décisions ont été prises récemment au niveau de l'APHP et au niveau ministériel ? La vente des terrains de Fernand-Widal a-t-elle commencé ? Peut-on raisonnablement envisager un calendrier ?

    Les Architectes des Bâtiments de France (ABF) jugent que la construction d'un nouveau pavillon dans l'angle Nord-Est est faisable (pas d'opposition si respect des parties protégées). Nous disposons au sol d'environ 7000 m2 constructibles. Il faut remettre en valeur l'ensemble, supprimer les verrues, construites au fil du temps... Les pavillons Est seront consacrées aux consultations de médecine. Toutes les urgences seront réunies au rez-de-chaussée sur ce nouveau bâtiment. Une modification notable : l'entrée des véhicules s'effectuera par le boulevard de La Chapelle, et les patients entreront par la rue de Maubeuge. L'entrée principale rue Ambroise-Paré sera maintenue. On passera tous les lits dans le nouveau bâtiment (environ 35 000 m2). Le site présente la possibilité précieuse de faire des travaux tout en conservant les services de l'hôpital actifs.  En ce qui concerne les « peignes » (c'est ainsi qu'on appelle les pavillons d'origine) ainsi libérés côté ouest, on verra par la suite quant à leur utilisation et à l'optimisation des espaces. La maternité, le service de rhumatologie et l'Inserm ne bougeront pas.

    Pour tenter de répondre à vos questions sur la vente de Fernand-Widal et le calendrier des travaux, il faut savoir que le nouveau directeur de l'APHP (Martin Hirsch ) a signifié son accord sur le projet Lariboisière-Saint-Louis. Mais il a deux exigences. La première sur le financement de l'opération et là, les négociations actuelles lui paraissent insuffisantes; il demande une augmentation des subventions de l'Etat, car la vente de Fernand-Widal ne suffira pas à couvrir, et de loin, le coût de la restructuration. Il faut aussi aller plus loin dans l'optimisation du site. La deuxième exigence est d'obtenir une cohérence de l'offre de soin entre ce projet (Nord 1) et celui de Beaujon-Bichat ( Nord 2). Ce dernier est encore plus important. Ces deux sites ont des obligations de sécurité très importantes. Pour Nord 2, un nouvel hôpital doit être construit, car le coût de la rénovation n'est pas avantageux par rapport à la construction neuve. Pour la concrétisation des deux projets, nous sommes sur des échéances à 15 ans. Claude Evin, directeur général de l' Agence régionale de santé est très déterminé sur la nécessité d'investir sur le nord de Paris. On a plutôt une bonne convergence : A Lariboisière, neuro sciences, locomoteur, urgences générales et urgences de spécialités. A Bichat, cardiologie, maladies infectieuses et équipes de recherche. A Beaujon, le digestif.

    Calendrier

    Le dépôt du dossier à la commission nationale qui examine et détermine la subvention à laquelle nous aurons droit  doit être fait d'ici à la fin de l'année, c'est l'aspect financier. L'objectif est de démolir dans 2 ans (2017) et d'avoir un bâtiment neuf à l'horizon 2020-21.

      

    Nous devrons donc patienter pour voir les premières pelleteuses rue de Maubeuge. D'ici là, nous comptons bien aller dans le même sens que la direction de l'hôpital pour pousser la Ville de Paris à élaborer très rapidement un diagnostic et lancer la concertation bien en amont sur les transformations que le projet implique. Notre projet de "promenade urbaine" recoupe celui de Lariboisière. Notre association devrait présenter un vœu lors du premier conseil d'arrondissement de cette nouvelle mandature pour demander la mise en place d'une Commission extra municipale des déplacements (CEMD) inter-arrondissements 10-18. (Vœu qui sera en ligne pour ce conseil du lundi 12 mai.)

  • Le Bois Dormoy va mourir !

    Signez la pétition

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    Le petit jardin situé au 2bis cité de La Chapelle vit ses derniers jours. Pas besoin d'être un urbaniste pointu pour comprendre que les 1600m2 de verdure qui se trouvent là sont un véritable poumon pour le quartier, il suffit de regarder cette vue aérienne.

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    Cliquer sur la photo pour l'agrandir

     

    Que se passe t-il ?

    La ville de Paris s’est progressivement dotée depuis 2006 des moyens juridiques afin d’acquérir la parcelle avec les Déclaration d’Utilité Publique en 2009, ainsi que des moyens financiers : en partie les fonds de la Ville et en partie l’Agence Régionale de Santé pour la réalisation d'une maison pour personnes âgées valides et une crèche. Au cours d'une réunion à la mairie du 18e, Éric Lejoindre, maire de l'arrondissement, et Michel Neyreneuf, son adjoint à l'urbanisme, ont rappelé que ces décisions avaient toutes été votées à l’unanimité et ce jusqu’au financement en novembre 2013 par le conseil de Paris et à l’autorisation de conclure un bail avec Espacil Habitat. Au cours de cette même réunion, le maire a expliqué qu’il se sentait lié par les décisions qu'il avait lui-même contribué à prendre lors de la précédente mandature, et qu’il ne lui paraissait pas possible ni responsable de revenir sur un projet qui est sur le point d’être livré étant donné la longueur de ce type de procédure.

     

    L'impasse de la mairie

    Si on peut comprendre la logique du maire, enfermé qu'il est dans la procédure administrative de la ville, il est très difficile d'admettre que rien ne peut être fait et qu'une fois lancé, ce type de projet ne peut pas être amendé. Comment bien concevoir un projet qui verra le jour en 2016 en 2006 ? Les priorités d'alors, les contraintes d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes. Le maire du 18e fait là preuve d'une rigidité à laquelle nous ne sommes pas habitués. Sans doute pour être dans l'air du temps, Anne Hidalgo et à sa suite tous les élus de son équipe, dont Eric Lejoindre, ont enfourché le cheval de la végétalisation de Paris, des 20 hectares à trouver d'ici 2020 pour reverdir la capitale. Les Parisiens ont pris ces engagements au pied de la lettre tant ils souffrent du manque de verdure et voilà qu'à la première occasion on reste "droit dans ses bottes" et qu'aucune flexibilité n'existe pour regarder les choses autrement qu'en 2006. Cela est vraiment regrettable.

     

    Des solutions alternatives peuvent être trouvées.

    On pourrait très bien imaginer que la mairie obtienne un accord écrit des anciens propriétaires s’engageant à ne pas les attaquer s’ils modifiaient la destination de la déclaration d'utilité publique puisqu’ils ont vendu à l’amiable, que le PLU soit modifié dans le cadre de la consultation qui sera lancée en février prochain. Est-il nécessaire de rappeler à nos élus parisiens qu'un des trois thèmes qui justifient les modifications à apporter à l'actuel PLU est l'environnement incluant la biodiversité, thème qui avec le logement, est considéré comme prioritaire par la maire de Paris ?

    On pourrait très bien imaginer qu'un autre endroit accueille le projet. Nous sommes là dans le périmètre de la plus grosse opération d’urbanisme de Paris (Chapelle international), il est difficile de croire qu’un autre terrain ne pourrait pas être trouvé pour l’accueillir.

     

    Sur le plan environnemental

    La situation est catastrophique. Dans cette optique, quel sens cela peut-il avoir de supprimer un espace boisé de 1600m2 dans un quartier déjà bétonné à outrance ? La Chapelle est à 0,6m2 d’espaces verts par habitant alors que l’OMS en préconise 10 ! La déclinaison du Schéma Régional de Cohérence Ecologique (trame verte et bleue) à l'échelle de Paris, qui constitue l'un des enjeux de la modification actuelle du PLU, est un argument fort en faveur de la préservation du Bois Dormoy. De même, en contexte de changement climatique, dans un quartier fortement minéralisé, la présence de sols perméables sur 1600m2 est un autre argument pouvant être pris en compte pour une modification du PLU.

     

    Et la concertation ?

    Enfin, il n'y a pas que l'environnement qui est maltraité dans cette affaire. Le manque de transparence de la mairie et l’absence de démocratie participative pour ce projet sont patents. Alors que l’association Bois Dormoy a été créée en 2007, jamais la mairie n’a souhaité associer les riverains en mettant en place un comité de suivi réellement ouvert bien plus tôt. L'actuel comité de suivi, arraché au moment des municipales de 2014 lors de la fusion entre les listes PS et EELV, n’en est en effet pas un, puisque le projet est considéré par le maire comme bouclé depuis longtemps et non modifiable. Les riverains n’ont jamais été consultés, par exemple lors du jury d’architectes qui a décidé de la forme que le projet allait prendre. On peut toujours nous parler de Démocratie locale, les faits ne font que contredire les paroles et là aussi c'est très regrettable.

    Sur bien des points, cette affaire est emblématique : rigidité administrative, contradiction entre les paroles et les actes, rapports de force déséquilibré entre les citoyens et leurs représentants, bref, rien qui ne soit vraiment bon pour une Démocratie vivante ... et écologique. 

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    Monsieur Chat est aussi à Bois Dormoy !

     

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  • Salle de conso : une belle étude à lire

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     Cliquer sur la page de couverture pour télécharger le mémoire

    Le projet de salle de consommation à moindre risque (SCMR) fait l’objet de nombreuses études, bien sûr de la part d’organismes officiels comme l’INSERM par exemple, mais aussi de la part d’étudiants qui ont choisi ce sujet pour leur mémoire de Master. Action Barbès a rencontré ces derniers mois pas mal de ces étudiants et en rencontre encore.

    Parmi toutes ces études, il nous faut parler de celle réalisée par Clément Matray dans le cadre de son Master 2 Recherche « Villes & Sociétés » préparé à l’Institut d’Urbanisme de Lyon et qui s’intitule : «  Un projet de salle de consommation de drogue à moindre risque à Paris - La difficile mise en forme d’un dispositif controversé ».

    Nous avons décidé de vous parler de cette étude car elle fait très exactement le point, selon nous, à la fois de la problématique du projet et de sa situation actuelle. Notons que l’existence même de ces études faites par des étudiants semble prouver que l’approche des questions liées à la drogue évolue. Ces études concourent elles-mêmes à cette évolution en approfondissant la réflexion sur le sujet.

    Comme toute bonne étude universitaire, l’étude de Clément Matray comprend d’abord un rappel de la littérature existante à propos de la réduction des risques et présente la méthodologie utilisée.

    L’auteur fait un rappel heureux de l’étude publiée par l’INSERM en 2010 et qui fixe parfaitement les contours du projet « la possibilité d’atteindre des populations marginalisées et à haut risque, la satisfaction des usagers, la sécurité des usagers et du personnel du centre, la réduction de la morbidité et mortalité associées aux overdoses/surdoses, la diminution des risques liés à l’injection et à la transmission de maladies virales, l’amélioration des accès aux soins et services sociaux, un effet neutre sur le nombre d’usagers de drogues et la fréquence des injections, la diminution des nuisances, un effet neutre sur la criminalité ». Il cite aussi Gwenola Le Naour afin de préciser les objectifs visés dans un cadre qui politise, dans le bon sens du terme, le projet « On peut admettre une portée « idéologique » à la réduction des risques, en cela qu’elle confère à l’usager plus de responsabilité dans sa consommation, et ne vise pas fondamentalement le sevrage et l’éradication des usages, au contraire des politiques de traitement précédentes ». A juste titre, il dit que le dispositif de SCMR appartient au bien commun local dans le but de créer un mieux pour le territoire.

    Clément Matray distingue trois acteurs principaux dans le traitement des problèmes liés à la drogue dans le cadre d’un projet de salle d’injection supervisée. Les associations médicales d’abord et plus particulièrement celles qui se préoccupent de réduction des risques, les élus évidemment car il faut des décisions politiques et aussi les associations de la société civile, qu’elles soient locales ou nationales. Un quatrième acteur «  primordial » est également mentionné : la police.

    Avant d’aborder le sujet de la réduction des risques liés à la consommation de drogues, il faut d’abord considérer les usages et les usagers. Dans un chapitre bien documenté, l’auteur déconstruit un certain nombre de stéréotypes du toxicomane (marginal, fuite de la réalité, perte de contrôle de la volonté, …).  Il conclut sur ce thème « les acteurs tendent à diviser les usagers en plusieurs sous-populations ayant des modalités différentes d’usage et des degrés variés de dépendance et d’exclusion sociale, par exemple des « drogués en col blanc » aux « déchets ». De ce travail de qualification découlent en partie les avis sur les « solutions » à privilégier. »

    Viennent ensuite des considérations sur l’espace public et la visibilité des usages et des usagers avec un focus sur le cas des environs de la Gare du Nord.

    Tout ceci étant précisé, Clément Matray pose son hypothèse de recherche que nous reproduisons intégralement car très courte et bien vue : « C’est finalement à travers l’enchainement de ces épreuves que nous pourrons répondre à notre problématique touchant à ce dispositif de salle de consommation à moindres risques : Comment un dispositif peu connu, controversé, sans assise légale et accusé par certains acteurs de générer des nuisances parvient-il néanmoins à prendre forme localement ? Notre hypothèse est que cette mise en forme emprunte les modalités de la construction du bien commun définie ci-avant et qu’elle s’appuie principalement sur un processus de dépolitisation permettant de mettre d’accord les acteurs nécessaires et de contrecarrer les opposants. »

    Pour ceux qui souhaitent bien comprendre la problématique de l’installation d’une SCMR dans les environs de l’hôpital Lariboisière, la lecture de ce mémoire est très instructive. Les positions des uns et des autres y sont relatées par la transcription des échanges entre l’auteur et les acteurs. On y trouve également un très fin descriptif de la situation particulière de ce Nord-Est parisien, cartes à l’appui.

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    Un projet de salle de consommation de drogues à moindre risque à Paris

    La difficile mis en forme d'un dispositif controversé

    par Clément Matray

     

  • Retour sur la nouvelle place de la République

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    Si on en juge par le nombre de personnes présentes dimanche après midi sur la nouvelle place de la République inaugurée le matin même par les autorités parisiennes, c’est un succès !

    Décidé en 2008 par le Conseil de Paris, le réaménagement aura pris 5 ans pour se réaliser dont 18 mois de travaux et aura coûté la bagatelle de 24 millions d’€.

    Une longue promenade sur la place en ce dimanche ensoleillé nous a permis de bien regarder les choses et de vous donner nos impressions.

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    La presse, notamment Le Parisien et Libération, a beaucoup insisté sur l’espace récupéré sur les voitures par les piétons, relayant en cela la communication toujours très au point de la Ville de Paris.

    Si l’argument n’est pas faux, c’est aussi limiter l’approche de ce réaménagement car donner de l’espace aux piétons est certes nécessaire mais sûrement pas suffisant, encore faut-il occuper cet espace. La restructuration de la place comporte des aménagements qui vont sans aucun doute attirer du monde, notamment les enfants : miroir d’eau / brumisateur aux jeux sans fin, fontaine autour de la statue de la République où les enfants peuvent barboter et surtout jeux divers puisque la Ville  a créé ce qu’elle appelle « L’R des jeux,  espace de loisirs pour petits et grands » nous dit la publicité. Un kiosque sera ouvert et on pourra y emprunter des jeux et ce presque tous les jours de la semaine en été – voir les informations ici. Si on y ajoute l’ouverture prochaine d’un café avec une grande terrasse, nul doute que l’espace récupéré sur les voitures sera occupé, ce dont personne ne se plaindra.

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    Jeux d'enfants sur le miroir d'eau


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    Les enfants barbotent au pied de la République

    Côté voiture justement, la situation ne semble pas être aussi catastrophique que les automobilistes veulent bien le dire. L’espace réservé au trafic voitures et bus reste important : pas moins de deux voies dans chaque sens pour les voitures et des couloirs réservés aux autobus en plus. Beaucoup moins de croisements de flux d’automobiles avec une régulation sans doute étudiée spécialement, tout cela ne devrait pas conduire au cataclysme prédit par les inconditionnels de la voiture.

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    Et même de la place pour les automobilistes !

    Mais au fait, comment se présente-t-elle cette place ? Si on la regarde dans son ensemble, c’est une grande dalle minérale, légèrement inclinée dans ses parties Nord et Sud, plantée d’arbres dont certains ont manifestement souffert des travaux, ponctuée de quelques marches pour tenir compte de la déclivité, rythmée par la présence de la statue bien rénovée de la République et des bouches de métro, en attendant l’ouverture du café côté boulevards de Magenta / Saint Martin. Un mobilier urbain nouveau (mats supportant l’éclairage et bancs en chêne) discret et sans grand intérêt. Rien d’exceptionnel donc. On peut même lui reprocher cet aspect trop minéral et le manque de verdure. Les journées d’été ensoleillées seront difficiles à supporter au milieu de la place.

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    Un banc nouveau style - 24 ont été installés sur la place

    Ce réaménagement de la place de la République est en droite ligne avec la politique suivie par Bertrand Delanoë depuis son arrivée à la mairie de Paris : toujours un côté prestigieux dans les réaménagements et un clair dédain des questions patrimoniales.

    Contrairement à ce qui se fait à l’échelon des arrondissements, les grands projets de réaménagement pilotés par l’Hôtel de Ville visent à être des réalisations de prestige et pour cela coûtent fort cher. Que ce soit le « 104 » (100 millions d’€), la Gaité Lyrique (20 millions d’€), le Louxor (30 millions), les grands projets sont chers et « en jettent » pour parler un peu vulgairement. Ici, le budget initial de 17.5 millions d'€ est passé à 24 pour la réalisation de la nouvelle place.

    A l’opposé, rien que dans notre environnement proche, les réaménagements de l’Espace de la Ferme Saint Lazare dans le 10e  avec son gymnase juste ouvert et sa médiathèque en cours de réalisation ou bien celui de la place Saint Georges où la simplicité a prévalu, sont en parfaite opposition avec le côté "prestige" des grands projets. Dans ce registre, on pourrait ajouter le projet des Halles et de sa fameuse canopée, celui de l’extension de Roland Garros, celui de la tour Triangle, et bien d’autres, tous projets qui peuvent certes satisfaire l’ego du maire de Paris.

    Avec de beaux discours et quelques acrobaties linguistiques, la mairie de Paris veut nous faire croire qu’elle est un défenseur pur et dur du patrimoine. Hélas, nombre de projets entrepris par la Ville nous montrent le contraire. Le sort réservé aux avis de la Commission du Vieux Paris également.  Le réaménagement de la place de la République en est un très bon exemple. En fait pour reprendre une phrase bien connue, la Ville a fait du passé de la place de la République table rase. L’ancien ensemble architectural de la place était très homogène avec la statue de la République en son centre et deux squares arborés avec des fontaines en leur centre. La Ville a justifié son choix en prétextant le mauvais état de ces équipements alors qu’elle en était elle même responsable. Les mauvais esprits se posent des questions. Beaucoup de spécialistes ont dit que la place telle que construite à la fin du 19e siècle était un travail urbanistique de qualité qui a ponctué l’histoire de Paris tout au long du 20siècle et un bon représentant de ce qui se faisait à l’époque. Sans adhérer entièrement aux propos de l’article paru en 2011 dans La Tribune de l’Art, celui-ci pose les bonnes questions.

    Loin de nous de penser qu’on  ne peut toucher à rien. La ville vit, elle doit changer. Mais pourquoi les autorités politiques d’une part, les créateurs de l’autre, n’arrivent-ils pas à trouver un équilibre permettant d’associer modernité et préservation du patrimoine ?

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    Le site dédié par la Ville de Paris au projet : Place de la Républqiue 2013