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Rue de la Goutte d'Or : "J'y retourne immédiatement"

Ce n'était pas seulement de la rue de la Goutte d'Or qu'il s'agissait mais aussi du très dégradé passage Boris Vian. Le 22 novembre au centre Barbara, l'ambiance était très bonne, beaucoup de monde comme toujours dans la Goutte... 

A la tribune, Michel Neyreneuf — Chargé de l'Urbanisme, de l'architecture, les grands projets de renouvellement urbain et du logement dans le 18e — qui, dans un premier temps, excusera l’absence du maire du 18e arrondissement, retenu ailleurs. Celui-ci arrivera après la présentation à l’écran, et répondra à toutes les questions de la salle. A ses côtés, Colombe Brossel, adjointe à la maire de Paris chargée de la sécurité, Jaques Baudrier, conseiller de Paris délégué à l'Architecture et aux Grands Projets de Renouvellement Urbain, et finalement Eric Lejoindre (voir photo ci-dessous)

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En ouverture de la réunion, Michel Neyreneuf a annoncé que le dossier avait bien avancé mais que les financements n’étaient pas bouclés. Gros soupir dans la salle. Quand on sait que le nerf de la guerre, c’est souvent le budget !
Le gros de la partie urbanisme dans ce quartier de la Goutte d’or Sud a été fait, a-t-il ajouté, mais ce sont les usages qui posent problème. On les connaît ces usages problématiques : la placette Charbonnière et ses attroupements, une occupation de l’espace public presque exclusivement masculine, la position inconfortable des femmes dans le même espace public, etc. Le but est maintenant de garantir un usage plus « cool ». Bien sûr il a évoqué la marche exploratoire des femmes, à trois reprises, et les recommandations qui en ont résulté, dont on tiendra compte, promet-il. 
 
Colombe Brossel admet que le résultat des travaux engagés par l’Agence AA Feraru à l’automne 2015, avec la collaboration des habitants, in situ, ont tardé à revenir devant le public. Un peu plus tard, Jacques Baudrier nous expliquera qu’en fait, un dossier a été constitué qu’on a présenté à l’Agence nationale de développement urbain (ANRU) — un premier dossier avait été rejeté par l’ANRU sous prétexte que Paris était déjà surdoté, et des 400 projets soutenus par l’Agence, au plan national, aucun ne concernait Paris —, il a finalement été retenu, parmi 4 autres projets parisiens, dont la Goutte d’Or se taille une belle part, car elle en hébergera deux. Après obtention de l’oral, puis de l’écrit en septembre, l’accord définitif est tombé la semaine dernière. Il faudra ensuite que le protocole de préfiguration passe au vote du Conseil de Paris.  Le plus tôt possible. D’ores et déjà on a la certitude que l’ANRU financera toutes les études nécessaires au projet. 
On apprend que le budget doit transiter par la Région. Colombe Brossel ne cache pas que le changement de couleur politique de la Région Ile-de-France n'a pas troublé un peu leur optimiste. Mais une réponse de principe a été donnée : il n’y aura pas d’opposition. Le budget de la Région doit être voté en février 2017. C’est la seule ombre au tableau. 
Colombe Brossel reprend la parole pour souligner qu’avec l’ANRU, on est dans le moyen terme, à cause des études à mener, des permis de construire à déposer,  à obtenir.... , à la louche on arrive à la fin de la mandature… mais pour autant on n’abandonne par le court terme, et c’est l’usage de l’espace public pour tous et au quotidien qui est important, et cela dès maintenant. Et dès maintenant, on veut le relier à l’aménagement du boulevard de La Chapelle. 
 
On assiste alors à la présentation du projet, avec un préambule sur l’amélioration des transits Nord-Sud, des liaisons entre les ilots d’habitation, de l’accès aux équipements publics, et le soutien au commerce local.
On ne retiendra pas grand-chose de l'intervention d'une responsable de la Direction de l'urbanisme, intervention courte d'ailleurs, et c'était là sa principale qualité. 
 
En revanche, le jeune homme de l’agence d’archi Feraru était très clair, connaissant son affaire d'évidence. 
Il commence par nous dire qu’ils ont lancé l’étude sans base, sans réel cahier des charges, avec une totale liberté. La phase de diagnostic s’est passée sur site, avec une volonté d’aller au plus près des usagers, sans idée préconçue. Il nous est apparu, dit-il, qu’il fallait recréer une liaison Nord-Sud, plan à l’appui, entre le square Léon et le bd de La Chapelle, et la plus directe possible. On constate alors que le passage Boris Vian doit retrouver ses droits. La sortie condamnée du square Léon sera ré-ouverte au sud-est.
Le projet qui propose un déplacement vers l’Est du passage ne comporte pas de dysfonctionnement systématique, juste des mises au point ponctuelles, comme gérer les bouches de ventilation d’une chambre froide, par ex..

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Voyons la description de ce que propose l’agence : donc le passage, élargi, serait plus à l’Est, et longerait le gymnase, dont l’accès serait ouvert rue de la Goutte d’Or. Pour les arcades, qui cristallisent toutes les critiques, l’agence préconise d’avancer les vitrines tout en ménageant les piliers, en les incorporant peut-être, de couvrir partiellement ou totalement le TEP (terrain d’éducation physique ?) et au bout, à l’extrémité Est de l’îlot, de construire un petit bâtiment. Cela suppose un déplacement de l’entrée du parking, et des modifications de circulation à l’intérieur, mais rien de très lourd, ce ne sont que des cloisons en parpaings. 
Selon les normes du PLU, si l’on ne peut pas monter bien haut le petit bâtiment, on végétalisera le toit. 
 

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A partir de là, la parole a été donnée à la salle. Et Eric Lejoindre a répondu avec constance. 
Evidemment, et comme d’habitude, on a entendu les mêmes litanies sur les erreurs du passé. Ici on a fait n’importe quoi ! On rénove la rénovation d’il y a 30 ans ! Parfois, les élus de la tribune ont craqué et souligné qu’il y a 30 ans ils étaient à peine nés…. Eric Lejoindre a rappelé que la rénovation dans la Goutte d'Or Sud était très nécessaire il y a 30 ans, et qu’au Nord, elle l’était aujourd’hui, mais on a choisi de faire autrement en respectant le parcellaire, les dents creuses, le paysage parisien, etc. Il ne cache pas que si la Ville peut faire pression, plus ou moins, sur les pieds d’immeubles des bailleurs sociaux, pour mener une rénovation, il n’en va pas de même pour les copropriétés privées, et que l’allure générale de la rue peut s’en ressentir. Dans les années 1980 et 90, tout le monde se s’est pas plaint de ces transformations qu’on dénonce aujourd’hui — une dame dans la salle le proclame avec force et verve —, les barres d’immeuble sont le marqueur d’une époque. Les temps changent, et les usages sont la priorité actuelle, termine Eric Lejoindre.

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Les arcades : Amélioration de la façade et des pas de porte, extension des locaux commerciaux

Bizarrement, dans la salle on va s’attacher à des détails, sans presque commenter le côté étonnant, surprenant, du déplacement dans l’espace d’une voie, de ce passage Boris Vian. Non, on demande de mieux l’éclairer, de ne pas oublier la rampe pour les personnes âgées, et bien sûr des mesures de salubrité. Un monsieur déclare quand même qu’il est "surpris de la qualité du truc », c’est dire qu’à la Goutte d’Or, on croit que la qualité est toujours pour les autres ! 
 
C. Brossel ajoutera que bien sûr, à court terme, c’est à dire dès le début de l’année 2017, on va améliorer le quotidien, refaire les marches cassées, mettre une rampe et un éclairage adapté. 
Jacques Baudrier précise qu’on n’est pas sur un projet qui nous projette à des décennies, ni dans des budgets extraordinaires, quelques millions seulement. Il faudra néanmoins se préoccuper des baux commerciaux sous les arcades. 
 
Dans la salle, on demandera encore quel type de concertation sera engagée pour tenir compte des habitants : un comité de suivi sera mis en place, et on associera les enfants, qui font preuve de beaucoup d’imagination et ont de bonnes idées… déclare Mme Brossel. On s’étonnera que tout un projet soit centré sur un escalier qui, en soi, n’est pas approprié à tous les usagers, personnes âgées, ou avec poussette : l’alternative reste pourtant de faire le tour par le trottoir en pente douce Goutte d’Or - Polonceau, car le dénivelé ne peut pas être gommé, répond avec humour le Maire. D’autres demanderont à ce qu’on respecte la proximité de l’église Saint-Bernard, ou qu’on nous dise le sort réservé au projet qui touche la placette Polonceau dans le cadre du Budget Participatif. La circulation automobile rapide est aussi dénoncée, y compris par des véhicules de police.
 
Eric Lejoindre rappelle que le but est d’avoir une rue de la Goutte d’or animée, vivante, avec des commerces qui fonctionnent et non des locaux de stockage. Concernant la circulation, des échanges ont lieu avec le commissariat qui aurait changé un peu sa position et ne s’opposerait plus à l’installation de ralentisseurs. On y travaille.
 
Globalement, les participants, en sortant, étaient plutôt contents. Nous aussi. 
 
* Les visuels ont été aimablement transmis par l'agence AA Feraru. 

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