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Paris - Page 197

  • Hôtel Lambert, le Louxor : deux poids, deux mesures !

    Galerie d'Hercule hotel Lambert.jpg

    La galerie d'Hercule de l'hôtel Lambert - gravure de Bernard Picart - source Wikipédia

    L'hôtel Lambert est situé 2, rue Saint Louis en l'Ile à Paris (IVème). Il fut construit de 1640 à 1644 par l'architecte Louis Le Vau pour Jean Baptiste Lambert, conseiller et financier récemment enrichi du roi Louis XIII. Les décors sont de Charles le Brun, Eustache Le Sueur, entre autres. La galerie d'Hercule en est le plus célèbre décor. Elle date du XVIIème siècle.1 Sans conteste, l'hôtel Lambert est un joyau de l'architecture.

     

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    Façade du Louxor - Source Action Barbès

    Le Louxor est une salle de cinéma située 170, boulevard de Magenta à Paris (Xème). Il fut construit dans les années 1920/21 par l'architecte Henry Zipcy 2 Voir son histoire sur ce même blog.

    Comparer l'hôtel Lambert au Louxor n'a pas grand sens a priori. On peut même affirmer, sans crainte d'être contredit, que la valeur patrimoniale du premier est sans commune mesure avec celle du second.

    Comparaison n'est pas raison, d'accord. Toutefois, à certains égards, un rapprochement des deux situations engendrées par les projets de réhabilitation a un certain sens.

    L'hôtel Lambert est depuis 2007 la propriété d'une famille du Qatar qui a l'intention de le « moderniser » et a confié cette délicate mission à Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques.

    Le Louxor est depuis 2003 la propriété de la Ville de Paris qui a décidé de le « moderniser » en créant un cinéma Art & Essai de trois salles, tâche confiée à l'architecte Philippe Pumain sous l'égide de la Mission cinéma de la Ville de Paris.

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  • Louxor : Il faut une programmation culturelle diversifiée

    Dans le projet « de réhabilitation et d'extension » du Louxor (cf. exposé des motifs de la délibération  DPA 2009-211) tel qu'il est proposé par la Ville de Paris, le choix de la programmation culturelle - 3 salles de cinéma, dont une dédiée aux « musiques nouvelles du Sud »  - est la source de nombreux problèmes. Nous avons traité la question patrimoniale sur laquelle, bien sûr, nous reviendrons, mais regardons la question de la programmation culturelle.

    En grosses lettres sur la façade Nord du bâtiment sont inscrits les mots suivants : LOUXOR PALAIS DU CINEMA. Cela suffit aux défenseurs du projet pour se satisfaire d'un retour au cinéma. C'est une logique au premier degré.

    La mairie de Paris a néanmoins tenté des investigations pour arrêter ses choix en matière culturelle. On en retrouve la trace notamment dans une délibération du Conseil d'arrondissement du 10ème en date du 19 mars 2007....

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  • Le Louxor et la Charte de Venise

    Certains défenseurs du calamiteux projet de réhabilitation du Louxor font appel à la Charte de Venise pour justifier le bien-fondé des opérations prévues dans le projet de l'architecte Philippe Pumain sous l'égide de la Mission Cinéma de la Ville de Paris. Il n'est donc pas inintéressant de lire attentivement cette Charte avec en tête les éléments spécifiques au Louxor.

    Pour commencer, qu'est ce que la Charte de Venise ?

    La « Charte Internationale sur la Conservation et la Restauration des Monuments et des Sites » a été signée à Venise en 1964 lors du IIème congrès international des architectes et des techniciens des monuments historiques. Elle a été adoptée par le Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS-UNESCO) en 1965. La Charte Internationale de Venise (PDF 71ko)

    Avant d'aller plus loin dans notre processus d'analyse de ce texte appliqué au Louxor, remarquons un mot important : celui de restauration.

    On nous a accusés d'élitisme, d'être savants, trop savants ! Au risque de passer pour des cuistres, nous savons l'importance des mots dans notre belle langue française.

    La Charte de Venise traite de restauration : réparation, réfection - restauration d'un monument - nous dit le Larousse.

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  • Une page de nostalgie ouverte sur le quartier

    L'excellent guide Trudaine Rochechouart dans tous ses éclats rédigé par Mesdames Caussé, Delpy, Le Breton et Thély-Muller sous l'égide du conseil de quartier Trudaine Rochechouart dans le 9ème arrondissement de Paris et publié par la mairie de Paris nous apprend qu'à deux pas du Louxor, au 15 boulevard de Rochechouart, se tenait la Gaîté Rochechouart. Avant d'être un cinéma, la salle avait été un théâtre puis un music hall. Maurice Chevallier s'y produisit mais en 1923 un incendie détruisit l'établissement et un cinéma le remplaça. Il a fermé ses portes en 1988 pour laisser place à un magasin de vêtements.

    L'hebdomadaire Cinéma dans son édition du 25 février 1987 parle de la Gaîté Rochechouart. Il y a bien un brin de nostalgie à relire l'article intitulé la dernière séance mais il y aussi quelques considérations intéressantes qui restent bien d'actualité concernant non seulement le cinéma mais aussi la vie dans le quartier Barbès.

    Le journaliste y relate ce qu'il a lu dans l'Officiel des spectacles du 20 janvier, et donne un coup de projecteur sur le quartier :

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  • le cinéma en France en 2008

    Puisque le projet de la Ville de Paris concernant le Louxor est, pour le moment encore, un cinéma Art & Essai, il n'est pas inintéressant de regarder la situation du cinéma en France pour se faire une idée de la viabilité du projet.

    Il ne faut pas tarir d'éloges concernant le site web du Centre National de la Cinématographie qui nous a servi de source !

    Le bilan 2008 du Centre National de la Cinématographie (CNC) a été publié en mai 2009. Nous nous référons à ce rapport pour observer et commenter l'évolution du film d'auteurs recommandés A&E en termes de fréquentation des salles, selon la formule consacrée, puisque celles-ci doivent répondre à certains critères assez stricts pour obtenir cette appellation.

    Nota : les films sont recommandés A&E par le CNC, mais les salles ne peuvent prétendre à cette dénomination qu'en respectant certains critères leur permettant d'obtenir certaines subventions de fonctionnement et même d'investissement. Notons que les films recommandés A&E ne sont pas projetés dans les seules salles A&E. En revanche, les salles A&E ne peuvent pas programmer tout ce qu'elles souhaitent, elles doivent respecter des quotas de films A&E, en fonction du nombre d'écrans et de projections par semaine. Faute de quoi elles pourraient perdre leur distinction, ... et leurs subventions ! Nous y reviendrons.

    Le cinéma en général

    Progression de la fréquentation totale (+6,7%) : avec 189,71  millions de billets vendus en 2008, les entrées en salles progressent de 6,7% par rapport à 2007, sans toutefois atteindre le chiffre record de 2004 à 195,7 millions d'entrées. Remarquons que les 10 films les plus vus représentent 31,6% des entrées et que les 100 premiers (sur un total de 555) représentent 81.4% du total des entrées. Ce qui signifie que 18% des films sortis en 2008 totalisent plus de 80% des spectateurs, proportions stables par rapport aux années précédentes mais qui montrent très bien l'effet de concentration.

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  • Déjà le grand Hugo !

    "Il faut arrêter le marteau qui mutile la face du pays. Une loi suffirait; qu'on la fasse. Quels que soient les droits de la propriété, la destruction d'un édifice historique et monumental ne doit pas être permise à ces ignobles spéculateurs que leur intérêt aveugle sur leur honneur; misérables hommes, et si imbéciles, qu'ils ne comprennent même pas qu'ils sont des barbares ! Il y a deux choses dans un édifice, son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde; c'est donc dépasser son droit que de la détruire"

    "A Paris, le vandalisme florit et prospère sous nos yeux. Le vandalisme est architecte. Le vandalisme se carre et se prélasse. Le vandalisme est fêté, applaudi, encouragé, admiré, caressé, protégé, consulté, subventionné, défrayé, naturalisé. Le vandalisme est entrepreneur de travaux pour le compte du gouvernement. Il s’est installé sournoisement dans le budget, et il le grignote à petit bruit, comme le rat son fromage. Et certes, il gagne bien son argent. Tous les jours il démolit quelque chose du peu qui nous reste de cet admirable vieux Paris."

    Victor Hugo - Revue des Deux Mondes - Guerre aux démolisseurs - 1825/1832 - voir ICI

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  • Curieuse conception de la préservation du patrimoine !

    Camera Egyptica web.jpgUne lecture attentive d'une note publiée par la Ville de Paris sur son site paris.fr sème le trouble dans l'esprit de celui que ne connaît pas bien le dossier.

    « Nous nous sommes rendus compte que le décor initial, subtil mélange d’art néo-égyptien et d’art déco, existait toujours sous les couches des décors successifs, explique Eric le Bourhis, à la direction du patrimoine et de l’architecture de la Mairie de Paris. Nous avons attaché une grande importance à restaurer le cinéma tel qu’il pouvait être à ses débuts, tout en l’adaptant aux normes actuelles ».

    Philippe Pumain précise : « Mon intention est moins de restaurer la grande salle telle qu’elle était exactement dans les années 20 que de restituer l’atmosphère dégagée par l’architecture de l’époque. Par exemple, je cherche le moyen de reproduire les peintures colorées, réalisées au pochoir telles qu’on pouvait les entrevoir autrefois derrière les volutes de fumée des spectateurs, sous un éclairage bien plus faible que celui d’aujourd’hui ».

    C'est sans commentaire !

    Source : Le Louxor sera réhabilité

     

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  • La vie du lieu avant le Louxor

    1901 Contruction du metro.JPG

    La photo de l’immeuble situé à l’emplacement du Louxor avant sa construction se trouve en page 15 d'un livre publié en 1997 :  Le métro de chez nous, Jean-Claude Demory - Éditions MDM.

    En plus de nous démontrer sans contestation possible que le Louxor a été construit là où se trouvait un grand immeuble de style haussmannien, la légende de cette photo vient confirmer nos inquiétudes quant aux travaux qui vont être entrepris pour creuser deux salles en sous-sol.

    Reproduisons le texte de cette légende :

    La seconde moitié du XIXème siècle et le début du XXème furent l'âge d'or de la construction métallique. Cependant, l'érection du viaduc de la ligne 2 posa quelques problèmes en raison du terrain miné par d'anciennes carrières de gypse. D'importants travaux de soutènement furent donc nécessaires, tel le coulage de plusieurs centaines de puits maçonnés jusqu'à un sous-sol résistant, parfois à plus de 20 mètres de profondeur. ....

    Sans vouloir dramatiser, souvenons nous de ce qui s'est passé en 1995 rue Papillon, à quelques centaines de mètres du carrefour Barbès.

    Télécharger la photo (PDF).

  • Un clin d'oeil !

    Philippe Comar est professeur à l'Ecole nationale supérieure des Beaux Arts de Paris. Il soutient notre action et a signé notre pétition. Il nous a également fait parvenir un petit dessin sous forme de clin d'oeil et qui résume assez bien les choses. Le voici :

     

    Camera Egyptica.jpg

    Camera Egyptica

     

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  • Le Louxor, c'est l'histoire du cinéma à Paris

    Se contenter d'affirmer que le Louxor est un des derniers témoins de l'histoire du cinéma est une bonne chose, mais regarder en détails la situation actuelle des salles de cinéma anciennes à Paris (construites avant la Seconde Guerre Mondiale) est encore mieux.

    Une liste des établissements établie en 2001 par l'Atelier Parisien d'Urbanisme (APUR) recoupée avec des informations un peu plus récentes comme celles données par le site Ciné-Façades nous donne une idée assez juste de la situation actuelle des salles anciennes à Paris. Vous trouverez cette liste agrémentée de quelques commentaires pour chaque lieu à la fin de cet article. Notez que cette liste ne prétend nullement à l'exhaustivité. Il y aurait eu plus de 2000 cinémas à Paris avant 1940 ! Les salles mentionnées sont celles remarquées par l'APUR et encore en place en 2001.

    Notons déjà que sur les 81 établissements recensés, seulement 7 sont encore en fonction, et encore faut-il y inclure Le Trianon boulevard de Rochechouart qui n'est pas exclusivement un cinéma ou encore La Madeleine qui ne l'est plus depuis longtemps ....

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  • Le Louxor en 1920 ?

     

    Louxor Ecran 1922_colorise web.jpg

    Photo intérieure de la Grande salle, avec vue sur le cadre de scène et l'écran,

    Source : La construction moderne, mars 1922

     

    Un travail minutieux de recherche et la technologie moderne nous permettent d'avoir une meilleure idée de la salle du Louxor à son origine. Cette image ne propose pas une reconstitution scrupuleuse des décors, elle est l'illustration de ce qui a existé, de ce qui est encore là et de ce qui risque d'être détruit pour laisser place à une copie. La colorisation, réalisée avec les trois dominantes de couleur originelles, a pour but de montrer l'ambiance et les espaces de l'intérieur du Louxor au début des années 20.

    La photo en noir et blanc a été colorisée à dessein, dans des teintes bleues, or et sépia, très présentes, afin de restituer l'atmosphère de la salle d'origine.

    Les bleus sont dans le rideau en trompe-l'œil dont les festons ourlent le haut de l'écran, mais également dans le haut soubassement en faux marbre qui habille tout le premier registre de la salle, dans tous les décors. Les ors sont dans le rideau en trompe l'oeil, dans les motifs décoratifs des ébrasements. La couleur sépia est déclinée dans les hiéroglyphes ainsi que dans les décors.

    En-dessous de l'écran, il faut noter la présence d'une fosse d'orchestre très originale, semi-enterrée, et d'un petit plateau d'avant-scène.

    A noter : actuellement tout est en place.

    L'image colorisée montre, de toute évidence, que cela met l'espace en valeur. Le principe de colorisation est néanmoins un principe ancien qui a ses limites.

     

  • Réponse à Philippe Pumain

    Philippe Pumain est l'architecte désigné par la Ville de Paris, en charge de la rénovation du Louxor. Il a accordé il y a quelques semaines une longue interview à l'association Les Amis du Louxor (qui, à l'inverse d'Action Barbès, défend le projet tel que prévu par la mairie de Paris). Beaucoup de non-dits, d'imprécisions, d'omissions nous ont incités à demander à des spécialistes de commenter cette interview. Nous avons donc rencontré à cet effet Agnès Cailliau, architecte du patrimoine, diplômée de l'école de Chaillot et de l'ICCROM (Centre International d'Etudes pour la Conservation et la Restauration des Biens Culturels), François Loyer, historien de l'architecture, ancien directeur de l'Ecole de Chaillot, et Stéphane Ricout, architecte DPLG, spécialiste de l'architecture des salles de spectacle.

    ACTION LOUXOR (AL) : François Loyer, Philippe Pumain dit dans l'interview qu'un architecte du patrimoine suit le projet avec lui. Et parle de "restauration patrimoniale" et de  "restitution". Quelque chose nous met mal à l'aise dans les termes employés tout comme la place occupée par cet architecte du patrimoine. Quel est votre sentiment ?

    François Loyer (FL) : il y a pas mal de non dits dans ce que déclare Philippe Pumain, à propos de l'architecte du patrimoine associé au projet. D'abord il omet de dire que la mission de cet architecte est strictement limitée aux zones du Louxor inscrites aux Monuments Historiques, à savoir les façades et le toit. On a l'impression qu'il utilise la présence de l'architecte du patrimoine comme une caution. ...

     

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