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Rechercher : projet Balcon vert

  • La vieillesse doit être un enjeu collectif

    Le dernier CICA dans le 10ème remontait à fin mai 2011 sur le thème de la propreté. Il avait attiré un large public qui ne s’est pas déplacé dans les mêmes proportions pour les séniors le 13 février.

    Mis à part quelques jeunes gens venus proposer des Ateliers d'initiation aux nouvelles technologies, le public était exclusivement dans la tranche d’âge concernée par la réunion. Plus ou moins vite nous serons tous rattrapés par le temps, pourtant… Ne faisons pas semblant de l’ignorer.

    La balle est dans notre camp

    Bernard Ennuyer, sociologue, que nous présentions brièvement dans notre article du 13 février, grand témoin de la réunion, a captivé la salle à tel point qu’après sa première intervention  les demandes de parole ont été bien timides. L’idée était bien de lancer des pistes, chercher à questionner, faire réfléchir, s’interroger ensemble sur des sujets simples : « A quoi passe-t-on son temps? Est-ce que c'est intelligent? A qui ça peut être utile? » «  Je suis moi-même un senior ! Doublé d’un marathonien. »

    La question essentielle reste bien : «  Comment pouvons-nous vivre demain égaux et différents ? » (un clin d’œil au livre d'Alain Touraine Pourrons-nous vivre ensemble. Égaux et différents.)

    Et Bernard Ennuyer de rappeler qu’« Il faut savoir que 90% des plus de 65 ans vont bien et iront bien jusqu'à la fin de leur vie. »  et que « Les seniors sont ceux qui inventent de nouveaux modes de vie, des initiatives pour recréer du lien. » Bel enthousiasme !

    La vieillesse : un enjeu collectif pour demain?

    Une question spécifique qu’on n’a pas voulu voir : la différence de genre.

    paris,seniors,solidarité,cica,dépendanceLes femmes  payent très cher leur longévité. On l’oublie souvent. Leurs retraites sont plus faibles que celles des hommes, leur isolement social plus grand et  leur état de santé se dégrade dans le grand âge.

    Pensons aussi aux différences de territoire, de milieu social. Pensons également aux différentes influences des religions et des philosophies autour de la conception de la vieillesse.

    Soignons l’information

    « Elle doit être accessible et compréhensible par tous. » Comment? Si on n'est pas capable de se faire comprendre, c’est qu’il y a problème dans la communication, problème de formulation, voire problème de support. Dans ce cas, la balle est dans notre camp, comme l'a martelé Bernard Ennuyer. L'information de base doit être claire pour tous et il faut être compréhensible pour faire participer le citoyen afin qu'il s’implique. »  Nous en savons quelque chose à Action Barbès !

    Les perspectives du bénévolat

    « Les seniors représentent plus de la moitié des bénévoles en France. Il faut le dire haut et fort ! Et il faut montrer ce dont on est capable.»  C'est une source de solidarité quasi inépuisable, qu’il faut promouvoir et exploiter, mais qui ne doit pas cacher les manques de solidarité imputables à la collectivité toute entière (budgets d’aides de toutes sortes en baisse ces dernières années).

    La dépendance : financement en rade

    paris,seniors,solidarité,cica,dépendanceB.Ennuyer a regretté la promesse non tenue de Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. En effet,  en mai 2009, le  président de la République avait annoncé un projet de loi  visant à créer un « cinquième risque » afin de prendre en charge la « dépendance ». Lors de la nomination de Roselyne Bachelot en novembre 2010, il réitérait sa volonté de promulguer une loi avant la fin 2011 et annonçait officiellement le lancement du débat sur la dépendanceLe 8 février 2011, il indiquait : « Le gouvernement élaborera son projet de réforme avant la fin de l’été prochain, en vue d’un examen par le Parlement à l’automne ». Projet tombé dans les oubliettes ! Mais projet très controversé aussi, car n'était-il pas question de confier au privé - ne parlait-on pas de risque ? - à des assurances privées donc, au moins dans le cadre d'un financement mixte, un marché important rentable et en pleine expansion.... Plus de projet. Autrement dit, tout reste à faire, car le marché des personnes âgées s’il rapporte beaucoup à certains, coûte très cher à de très nombreuses familles, multipliant les inégalités et les angoisses.

    Il faut renégocier le contrat social, c'est ce sur quoi il faut travailler. Comment le faire en tenant compte de nos différences ? Bernard Ennuyer a terminé en lançant un appel : C’est le challenge qui est devant nous et je vous invite à y travailler tous »

    Quelques chiffres pour cerner le dossier :

    Liliane Capelle, adjointe au maire de Paris, chargée des séniors et du lien intergénérationnel a donné quelques chiffres intéressants :
    420 000 Parisiens sont âgés de plus de 60 ans, ils représentent 20% de la population parisienne.
    Le budget que la Ville leur a consacré en 2009 : 452 millions d'€ et qu’elle a augmenté depuis.
    La mairie de Paris condamne le désengagement de l’état, les budgets en baisse.
    Un sujet grave : l’APA, l’allocation pour personne âgée.  Le coût annuel se monte à 128 millions d’euros, quand l'état doit à ce jour 800 millions...

    Malgré la vision dorée qu’on en a souvent de la capitale, c’est à Paris qu'on trouve le plus d'habitants pauvres dans toute l'Île-de-France, voire en France. Dans les départements, l'APA est compensée à hauteur de 30% environ, ici l’état ne compense qu’à hauteur de 6%... car il part du principe que Paris est une ville riche, ce qui n'est pas faux,  mais la péréquation devient fortement injuste.

    Autre coût lié à la vieillesse : la carte Émeraude coûte 50 millions au budget parisien, c'est beaucoup. Elles bénéficient aux personnes âgées de plus de 65 ans (ou de plus de 60 ans si elles sont reconnues inaptes au travail). Il s'agit de disposer d'un titre de transport leur permettant de voyager gratuitement sur l'ensemble du réseau RATP - SNCF, à Paris, voire en proche banlieue (zones 1 à 2).

    Dépendance : il existe peu d’établissements pour les personnes dépendantes dans le 10e, où la faiblesse du foncier disponible pose problème. Mais on construit ailleurs : 2 200 places seront créées d'ici à la fin de la mandature en 2014.

    Autre sujet évoqué qui a fait écho dans l’assistance : le cas des mutuelles, ponctionnées comme jamais, restera l'un des plus grands scandales du quinquennat qui s’achève. C'est une régression, socialement et humainement. La CAS (centre d'action sociale) va investir, a promis l’élue." La santé est un droit absolu et universel. Mais si l'état continue à se désengager, comme il l’a fait tout au long des dernières années, on ne pourra pas tout !"

    Les structures en place dans le 10e :

    1-      Le Conseil des Seniors  a trois missions:

    • vie quotidienne. On analyse les besoins et on propose des solutions
    • culture et convivialité
    • intergénérations (avec les crèches, les collèges, lycées)

    Il s'intègre au relais info familles tous les 15 jours le 2e  et 4e  mercredi du mois de 10h30 à 14h30.

    Des appartements intergénérationnels existent rue de Chabrol. Il s’agit d’une expérience d’habitat partagé. Des jeunes à faibles revenus et des personnes âgées isolées, ou bien des familles monoparentales peuvent partager un même logement en colocation. Ainsi qu’on peut le lire dans le rapport 2010 de l’association Habitat et Humanisme (page 15) : "une famille kurde, un étudiant, une jeune travailleuse et un sénior partagent en colocation un appartement de 190 m², rue de Chabrol, à quelques pas de la gare de l’Est. L’habitat partagé se veut respectueux de la vie et de l’autonomie de chacun. Cette démarche implique, de la part de ceux qui veulent vivre cette expérience, une volonté de participer au développement de relations intergénérationnelles dans un esprit d’attention mutuelle, de tolérance et de respect de l’intimité de chacun. Une bénévole de l’association, logée à proximité, veille à l’harmonie de la cohabitation. En avril 2011, un second appartement accueillera de nouveaux locataires, avec la même mixité générationnelle."

    2-      Le point émeraude se concentre sur l’information des aînés : accueillir, informer, conseiller, orienter les Parisiens âgés et leur famille. Le Département de Paris a mis en place des Centres Locaux d’Information et de Coordination gérontologique (les CLIC) sur l’ensemble du territoire parisien. Dédiés aux séniors et à leurs proches, ils peuvent aider à trouver une aide à domicile, renseigner sur les associations de l arrondissement, informer des droits, orienter vers des activités sportives adaptées ou sur des loisirs, ou encore dispenser des conseils utiles sur les maisons de retraite.

    Le 10e est bien doté en résidences logements mais Rémi Féraud, le maire du 10e, est intervenu pour préciser une règle : habiter le 10e ne donne pas priorité. Les établissements sont pour l'ensemble des Parisiens. Ils dépendent d'ailleurs du Conseil général. On reste vigilant : pas d'iniquité entre Parisiens selon leur arrondissement de résidence.

    Véronique Dubarry, adjointe au Maire de Paris chargée des personnes en situation de handicap, a fait remarquer en conclusion que l’information des personnes âgées participe de l’accessibilité. La loi de 2005 a donc permis de franchir une étape en faveur des séniors.

    Pour appronfondir, s'informer, se former...... on peut consulter le site de Paris.fr : Un cycle de conférences sur l’intergénérationnel sera proposé par le Centre d’action sociale de la Ville de Paris via l’Université Permanente de Paris , destinée aux seniors parisiens. Et ne pas oublier le rapport d'information récent de Marianne Dubois, députée, sur le genre et la dépendance, enregistré en novembre dernier à l'Assemblée Nationale. Une mine !

     

  • Le cinéma d'antan

    La Construction Moderne était un journal hebdomadaire dont la publication a commencé en 1885. En 1921, le journal décide de s'interesser au cinéma et publie deux articles faisant le point de la situation en parlant notamment de la construction d'un cinéma à Malakoff.

     

    Dans le numéro du 26 mars 1922, la revue décide d’illustrer ces articles sur la construction cinématographique par deux planches qui sont les seules photographies que nous ayons de la salle du Louxor de cette époque et que nous connaissons. Il s’agit de la salle avec la vue de l’écran, et celle du plafond. Un petit texte évoque le lieu et l’architecte de cet édifice :

    « Parmi les cinémas récents, la richesse et l’originalité du Louxor, construit par M. Zipcy, architecte à Paris, à l’angle des boulevards de la Chapelle et Barbès, ont été fort remarquées. Nous sommes heureux de publier la façade et deux vues intérieures de ce bel établissement. »

     

    3. Louxor Ecran 1922.jpg

    Salle en 1922.JPG

     
    Voici les articles de La Construction Moderne.
     

    25 décembre 1921 - Page 97

    On sait le développement extraordinaire pris par le cinéma dont la diffusion et l’attraction font songer à cette puissance que le siècle précédent a vu grandir et qu’est la presse. Spécialement au point de vue architectural, en quelques années s’est construit un nombre considérable de salles destinées à la projection animée et ni nous a semblé qu’on pouvait maintenant essayer de dégager les directives rationnelles qui doivent présider à la construction d’un cinéma.

    M. Vergnes, architecte à Paris, a bien voulu se charger de cette mise au point pour laquelle il était particulièrement qualifié comme architecte de plus de vingt salles de cinéma et comme architecte conseil technique du syndicat des Directeurs cinématographiques.

    Pour illustrer le premier article de notre collaborateur nous publions planches 49 à 52 le dossier de son œuvre la plus récente : le Family-Cinéma à Malakoff.

    Un certain aspect de grandeur résulte de la sobriété du style et de la simplicité des lignes, en harmonie avec la destination de l’édifice qui s’adresse à une clientèle modeste. La décoration intérieure, sobre, mais de bon goût est conçue dans la même idée. Quelques détails de ferronnerie et de menuiserie enfin montreront dans les planches de nos prochains numéros avec quel soin et quelle recherche on peut étudier même si le programme fixé exclut une installation luxueuse.

    NDLR

    L’architecture

    Après avoir pris naissance en public dans les sous sols du Grand-Café, il y a 25 ans, lors de la présentation des premières projections de photos animées obtenues par les frères Lumière inventeurs incontestés maintenant de la cinématographie, le cinéma fut à son début nomade. Accaparé par les forains il put conquérir la popularité dans toutes les villes ou bourgades de France, puis il passa les frontières, mais, comme tous les nomades, il n’eut d’autre abri à ses débuts que la tente avec l’écran volant et une cabine démontable. Puis il commença à se fixer, trouva des hangars, des garages, des remises, des salles de café dans lesquelles il devint une attraction. Regardons ensemble l’aspect de l’une de ces premières salles de spectacles ; il est lamentable : le sol est de terre battue ou constitué d’un plancher délabré, les murs sont sales et lézardés.

     

    Comme siège : des bancs ainsi que dans les plus modestes salles d’école. Un écran de toile presque blanche tendu sur châssis et pendu au fond de la salle. A l’autre extrémité sur des tréteaux, une boite en fer à l’échelle humaine et démontable sert de cabine de projection. L’appareil sur des bases fragiles projette une image tremblante. Au mur, comme décoration, quelques étiquettes : W.C. défense de fumer, puis quelques affiches ; lithographies aux couleurs voyantes ou veules donnant une note décorative. On étouffe dans cette salle, pourquoi ? Toutes les ouvertures ont été calfeutrées pour empêcher l’introduction de la lumière nuisible à la projection. Comme la réalité. Mais le coup de feu part trop tôt ou trop tard, la vaisselle casse avec un bruit métallique trop prononcé, et dans le tonnerre on reconnaît trop la porcelaine. Toutes les erreurs du début ont été petit à petit mises au point ; le spectacle cinématographique rentre carrément dans les mœurs. Son succès va grandissant auprès du public. On commence alors à utiliser des salles de théâtre, ou des salles destinées à des représentations théâtrales, mais un grand nombre d’entre elles ne peuvent recevoir des spectateurs à certaines places, vu la mauvaise ou la non-visibilité de l’écran. On ne peut que difficilement placer la cabine à projection. Nous sommes déjà loin des premières installations décrites tout à l’heure, mais ce n’est pas le rêve. Il gravit maintenant un échelon de plus. Les plus grands artistes de théâtre se mettent à interpréter les chefs d’œuvre de la littérature. Les scénarios  nouveaux et très adaptés au spectacle cinématographique par des metteurs en scène qui se sont révélés des maîtres, viennent faire du cinéma un cinquième art, l’art muet. Son développement lui interdit désormais une installation précaire ; il lui faut un cadre digne de lui. Les salles vont être désormais construites spécialement pour lui. Et c’est un programme nouveau qui s’offre au constructeur, à l’architecte. Et ce programme, ce sont les besoins même du cinéma qui l’ont tracé, car il y a un côté technique de la cinématographie qui est à la base de la conception des salles qui lui  sont destinées.  La visibilité complète de l’écran de toutes les places est une obligation absolue. Le nombre des spectateurs devant être porté au maximum afin que le prix des places soit minime et que le cinéma garde son caractère populaire, se pose impérieusement le problème des larges circulations et des évacuations rapides. Les spectateurs sont facilement sujets à panique au cinéma, vu la fausse réputation faite à celui-ci de créer plus que tout autre spectacle un danger d’incendie. Le nombre des spectateurs a posé aussi un autre problème, celui de la ventilation et de l’aération pour des milliers de personnes placées dans une salle dans laquelle la lumière extérieure ne doit pas pénétrer et gêner la projection et de laquelle le son ne doit pas être gênant pour le voisinage. Et puis, chose bien plus importante encore : le public est devenu difficile. Nous sommes à une époque où le confortable, le luxe dans le plaisir sont devenus des nécessités. Il faut que chacun soir confortablement assis à son aise et qu’il ne soit nullement gêne par les gens placés en avant ou à côté de lui, qu’il n’ait ni trop froid, ni trop chaud, et qu’il ne soit pas placé dans un courant d’air. Toutes ces exigences sont très naturelles, mais posent au constructeur autant de problèmes. Pour le chauffage, ou la ventilation, mêmes problèmes difficiles et délicats afin d’arriver juste à point pour satisfaire une clientèle variée. Nous allons donc énoncer en termes beaucoup plus brefs les nécessités du programme, lequel d’ailleurs doit satisfaire à des ordonnances ou à des règlement de police et d’administration.

    E. Vernes

     

    1er janvier 1922 - page 108

    Comme il n’y avait pas de théâtre à Malakoff ni dans les pays avoisinants, nous avons prévu une scène avec tous ses services accessoires pour pouvoir donner des représentations théâtrales comportant un répertoire d’opérette et même d’opéra-comique. La forme allongée du terrain, le petit côté étant sur une des places principales du pays, imposait l’entrée en bout, la scène étant à l’autre extrémité contre un mur mitoyen. Les services de la scène étaient ainsi rendus commodes puisqu’ils venaient en façade le long de la rue latérale. Les artistes avaient leur loge au sous-sol éclairée et aérée sur rue, leur entrée spéciale se trouvant à proximité. Tous les services de la scène et de l’orchestre étaient ainsi rendus indépendants.

    Le public du rez-de-chaussée qui était entré par la place pouvait s’évacuer en secours sur la façade latérale, celui de la galerie sortait directement par des portes spéciales à la base des escaliers d’accès. Ce système d’évacuation se rapproche le plus possible de ce qui est théoriquement le plus désirable, puisque chaque catégorie de public peut entrer ou sortir sans mélange. Pour d’entrée des spectateurs, il a été prévu pour tout le rez-de-chaussée un contrôle unique placé dans un tambour central ; les portes latérales donnant dans le hall ne servant qu’à la sortie. Les portes d’accès dans la salle et sur le tambour sont placées latéralement afin que la lumière à l’ouverture des portes ne vienne pas jeter un reflet sur l’écran et que le courant d’air ne frappe pas les derniers spectateurs directement dans le dos. Les escaliers latéraux conduisant à la galerie servent l’un pour la première catégorie de places, l’autre pour la deuxième. Lela visibilité. La scène restant au niveau de la rue pour la commodité des décors, chars ou animaux. terrain était du côté de l’entrée déjà affouillé. Pour profiter de cette excavation, nous avons prévu au sous-sol un bar et des lavabos, mais pour que trop enterrées les surfaces de ventilation ne risquent pas d’être insuffisantes, nous avons surélevé le porche d’entrée sur élévation permettant, en outre, d’obtenir une plus grande pente dans la salle facilitant

    Nous nous sommes préoccupés ensuite de la plus importante des questions dans une salle de représentation cinématographique, celle de la position de la cabine pour obtenir la meilleure des projections. Nous l’avons mise à la hauteur du centre de l’écran afin que le faisceau des rayons lumineux soit perpendiculaire à l’écran, le résultat étant une image non déformée qui constitue le but à atteindre pour une projection type.

    Nous avons donc été amenés à mettre cette cabine dans un entresol au-dessus des entrées et au-dessous de la galerie. Cet entresol que nous pourrions presque appeler entrepont est un  véritable poste de commandement. Au centre : la cabine aérée et ventilée par deux cheminées à double enveloppe (ciment armé et métal) allant jusqu’a la toiture. Cette cabine construite en ciment est absolument incombustible, par conséquent. A droite de la cabine, les services électriques : convertisseur transformant le courant alternatif en courant continu, groupe pour la recharge des accumulateurs, tableau de commande pour l’éclairage de la salle, réserve des films. De l’autre côté de la cabine : le bureau du directeur qui, de sa place, par trois ouvertures, peut surveiller l’entrée de la salle ou causer avec l’opérateur. Il a à proximité le tableau électrique de commande générale, le poste téléphonique interurbain et le poste intérieur qui lui permet de communiquer avec la scène, le chef d’orchestre et les caissières. Ce poste de direction à cheval entre le rez-de-chaussée et la galerie est commode pour le contact avec les deux catégories de public. En outre, au même étage se trouvent un lavabo pour l’opérateur et une pièce spéciale pour la réserve des tickets et des affiches. Une autre préoccupation est maintenant celle de la visibilité de la projection.

    Nous avons d’abord déterminé les dimensions de l’écran, vu la longueur de la salle nous lui avons donné 6 mètres de largeur sur 4 m 70 de hauteur. Il est ainsi proportionné avec la salle et serait même presque trop grand pour les premiers rangs de spectateurs.

    Si nous n’avons pas de déformation dans la projection, nous n’en avons aucune par vision oblique, car sur une cinquantaine de spectateurs qui voient sous un angle de 30° au maximum, les 1 350 autres le voient de face. La pente du sol et la hauteur des gradins font que les spectateurs placés en avant ne gênent en rien la visibilité. L’absence de point d’appui dans la salle rend encore cette visibilité plus parfaite. Nous passons ensuite à l’étude de l’acoustique puisque les représentations cinématographiques sont toujours accompagnées d’auditions musicales qui doivent mettre le public dans l’ambiance ; nous savons, en outre, que le film parlant absolument au point grâce aux efforts de M. Gaumont va être prochainement vulgarisé lorsque le prix de revient sera accessible aux exploitants.

    Pour favoriser l’émission des ondes sonores, nous avons évité les saillies. Un pan coupé entre la partie verticale des murs et la partie horizontale du plafond évite l’angle nuisible à la propagation des ondes sonores. La saillie du balcon est réduite à un minimum qui ne gêne en rien les spectateurs placés au-dessous et pendant les représentations théâtrales avec une émission normale, la voix porte facilement à 30 mètres. Afin d’obtenir le meilleur rendement de l’orchestre, nous l’avons mis dans une fosse à double parement formant véritable boite de résonance. Le dessous du proscénium est incurvé et constitué par une surface élastique en contreplaqué qui remplit le double but d’abat-son et d’abat-jour puisqu’il renvoie les sons dans la salle et empêche les rayons lumineux de l’orchestre de nuire à la projection. Vient maintenant la question de l’éclairage : en façade nous l’avons voulu rutilant ; une rampe accuse au haut de la corniche le motif principal de la façade. Le porche d’entrée est éclairé par trois groupes de lumière venant du plafond, mais le motif principal d’éclairage est constitué par deux lampadaires portant deux grandes vasques éclairées sur la périphérie et au centre desquels deux feux rouges tamisés par un globe donnent l’impression de flammes. Les vitraux placés en haut du porche sont aussi éclairés par la lumière du hall intérieur. Au fur et à mesure que l’on pénètre dans l’établissement, l’intensité de la lumière devient décroissante. Dans le hall cinq points lumineux suffisent. Dans le tambour de contrôle précédent immédiatement la salle : une seule lampe. L’œil s’habitue progressivement à la salle demi-obscure dans laquelle a lieu la projection. Dans cette salle même l’éclairage est bleuté, l’indication de sortie est sur feux rouges. Tous les points lumineux sont placés de la façon la plus judicieuse pour être utiles sans être nuisibles. Pendant les entractes, la lumière vient progressivement au moyen de résistances afin que la rétine ne subisse pas de choc qui amènerait fatalement une douleur, car l’œil pendant les représentations cinématographiques est suffisamment fatigué par le spectacle qui est sur le principe de la persistance de l’image rétinienne. Nous n’avons pas installé l’éclairage par reflet qui est le plus parfait, car il est d’un prix de revient trop fort pour un établissement à petit rendement ; Mais nous n’avons mis aucun point lumineux sur les murs latéraux ; tout l’éclairage vient des plafonds, il est volontairement peu intensif puisqu’il est obtenu par 28 lampes au maximum dont 4 sont fort suffisantes en temps normal. Cette lumière venant du point le plus haut est très douce à l’œil car elle vient d’ampoules dépolies. La question de l’aération, et de la ventilation est une des plus délicates dans un cinéma car il faut faire des ouvertures par lesquelles le cube d’air sera renouvelé une fois et demi par heure, cette aération faite à très faible allure afin d’éviter les courants d’air. Si l’air doit facilement circuler par ces ouvertures, le son par contre ne doit pas sortir pour ne pas gêner le voisinage et la lumière extérieure ne doit pas non plus pouvoir rentrer afin de ne pas venir gêner par des reflets la lumière de la projection. Nous avons prévu un grand lanterneau central muni sur tout son périmètre de persiennes à lames mobiles et à fermetures hermétiques qui permettent par des manœuvres indépendantes, à côté droit ou côté gauche, de régler les ouvertures à volonté et suivant la direction du vent. Le plafond en staff placé à 3 mètres au-dessous et sans ouverture dans la partie centrale protège les spectateurs des coups de froid venant du haut. L’introduction de l’air dans l’inter plafond a lieu sur les faces latérales au moyen d’ouvertures fermant à guillotine. Les pans coupés du plafond dont nous avons parlé au sujet de l’acoustique sont ajourés. L’air chaud vicié et les fumées viennent s’emmagasiner dans les pans coupés entre la plafond et la toiture et le courant d’air établi entre les ouvertures latérales et le lanterneau les chasse dans le sens déterminé par le vent : cet entraînement faisant l’office d’un giffard qui extrait en même temps l’air de la salle. Pour compléter la ventilation au sommet de l’amphithéâtre, 4 ouvertures ventilent le point et ont, en outre, l’avantage d’éclairer pendant le jour la partie haute de l’établissement pour le nettoyage, tandis que 7 petites ouvertures dissimulés dans le haut lambris l’éclairent dans la hauteur du rez-de-chaussée. Le chauffage est assuré par une installation de radiateurs avec circulation de vapeur à basse pression. Le chauffage de la scène et des services de la scène est intensif, vu les spectacles donnés à notre époque ou le demi-nu est en faveur. Les services de chauffage sont placés en sous sol, la réserve de charbon venant directement en façade pour les facilités d’approvisionnement.

    L’étude des sièges a attiré toute notre attention, car il faut dans un établissement populaire qu’ils soient d’une grande solidité. La carcasse en fer plat est trop flexible du fait même de la forme donnée au fer. Nous avons préféré celle à fer à T passant en double T dans les endroits qui reçoivent le maximum d’effort. Les assemblages sont faits au chalumeau oxhydrique au lieu d’être rivés ou vissés et l’étoffe a été volontairement choisie en panne au poil ras pour être plus résistante. La position de ces sièges établie suivant le règlement de la Préfecture de police permet une circulation commode et une évacuation rapide.

    Nous terminons par la décoration qui a été recherchée simple vu la modicité des crédits et que nous avons concentré dans un haut soubassement qui relie la galerie au rez-de-chaussée. L’ouverture de la scène est en proportion avec l’écran et toutes les lignes en accusent encore la proportion par une parallélisme voulu des verticales et des horizontales. Les deux gorges successives reliées par un plan placé en avant de l’écran sont là pour faire ressortir la projection. Ces gorges et toute la décoration surmontant le proscénium étant de tons plus soutenus pour mieux faire apparaître par contraste l’éclat de l’image. La partie haute de la salle est de tonalité claire afin que l’obscurité ne soit pas complète, car l’œil se fatigue moins dans une salle très légèrement éclairée et la circulation pendant la projection en est facilitée pour le spectateur qui va trouver sa place. La police même de la salle est rendue plus commode, la projection n’en souffre pas puisqu’elle est encadrée d’une décoration sombre comme nous l’avons décrit plus haut.

    Nous terminerons cet exposé en disant que le porche d’entré e été largement ouvert pour abriter les spectateurs dans leur attente à l’heure d’ouverture, que les marches utiles pour l’accès lui donnent un caractère plus ouvert, cette façade semblant ainsi mieux attirer la clientèle ; que les panneaux d’affiches placés en façade et à droite du pan coupé retiennent l’attention du passant ; que le guichet de location placé à l’extrémité permet le fonctionnement de ce service sans que le public rentre à l’intérieur tandis que les caisses ordinaires placées dans le hall desservent à droite et à gauche le rez-de-chaussée et la galerie.

    Le cinéma étant un genre de spectacle éminemment moderne, non seulement parce que sa découverte ne remonte qu’à quelques années, mais surtout parce qu’il répond à des goûts, à des besoins, à des curiosités que n’avaient pas nos ancêtres, le cadre dans lequel il est présenté ne doit-il pas aussi répondre à ces goûts-là, à cette façon de voir de nos contemporains, à ce besoin de confortable aussi que ne connaissaient pas les siècles précédents.

    Le système de structure est moderne lui aussi : galerie en ciment armé, murs latéraux en pans de ciment armé, charpente métallique. Aspect général sobre, car il serait superflu de vouloir jouer à la grande architecture, le cinéma devant toujours garder son caractère populaire. Laissons les grandes ordonnances aux établissements des institutions d’Etats pour en souligner la puissance aux yeux du commun, mais restons dans des formes modernes, résultat du système de construction de notre époque dans lequel l’ornement ne viendra remplir qu’un rôle secondaire dans une place voulue mais non créée spécialement pour lui.

    E. Vergnes

     

    Pour la réalisation de cet établissement [ à Malakoff ], j’ai fait appel à la collaboration de

    M. Azam, décorateur,

    M. Binet, sculpteur,

    M. Schenck, ferronnier,

    La Maison Durnerin et Lefort, pour la structure en ciment armé.

     

  • Abords des Gares : Circulez, y'a rien à voir... Enfin, pas encore !

    Depuis la tentative avortée d'un aménagement concerté des abords de la Gare de l'Est (voir notre article de juin 2011: "Abords de la Gare de l'Est : le projet ambitieux est enterré"), nous suivons la situation aux abords des gares du 10e avec une attention particulière.

    Aussi avions-nous publié un article de fond en mars dernier ("Les abords des gares: un enjeu majeur de la prochaine mandature dans le 10e?") pour détailler et analyser les engagements des différents candidats aux élections municipales de mars 2014. Rappelons en effet qu'il y a un an, nous lancions notre opération "Une Carte Postale pour le quartier des abords de la Gare de l'Est" pour sensibiliser ces candidats à la nécessité de repenser les aménagements de voirie et les déplacements à proximité immédiate de la Gare de l'Est.

    A peine quelques mois suivant les élections, nous avons découvert, courant juin, un nouvel aménagement de voirie, a minima, situé à l'angle de la rue du 8 mai 1945 et de la rue d'Alsace.

    Aussi, suite à notre découverte de ce semblant d'aménagement, revenons-nous naturellement, à la fin de cet article, sur les engagements pris par nos élus pour la rénovation des abords des gares, et sur la question du calendrier de leur réalisation au cours de cette nouvelle mandature municipale qui a déjà commencé depuis 6 mois!

    Le nouvel aménagement, objet de nos interrogations 

    La situation de la chaussée avant ce nouvel aménagement:

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    Quelques temps après - notre constat: une nouvelle "oreillette" signalée par un marquage au sol en blanc et cerclée de balises blanches, est apparue sur la chaussée entre la rue d'Alsace et l'entrée du parking "P1 Alsace" EFFIA (souterrain, sous la Gare de l'Est, ouvert en janvier 2012, après 2 ans de travaux). 

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    Face à notre interrogation, la réponse de l’Élue à la Mairie du 10e

    Surpris de ne pas avoir eu une information préalable de la part de la Mairie du 10e dans le cadre d'une concertation et d'une réflexion d'ensemble (pour des raisons évidentes, notamment de coûts et de cohérence!) que nous souhaitons (cf. nos nombreux articles sur ce sujet sur ce blog), nous avons contacté et interrogé Elise Fajgeles, adjointe au maire du 10e chargée des transports, de l'espace public et de la propreté.

    L’élue n'était pas au courant de cet aménagement. Après consultation des services techniques de la Ville (dans le jargon de Paris: la Section Territoriale de Voirie ou STV), Elise Fajgeles nous a adressé le jour-même cette réponse:    

     
    "La société EFFIA [NDLR: l'opérateur du Parking souterrain] s'est rapprochée de la STV en juin 2013 pour trouver des solutions de visibilité et de sécurisation de leurs entrées de parking rue du faubourg Saint-Martin (NDLR: 2e parking d'EFFIA: Parking P2 Saint-Martin) et rue d'Alsace (NDLR: Parking P1 Alsace).
    La solution proposée par la STV coté faubourg Saint-Martin demandait un aménagement trop important et qui n'a pas été réalisé. En revanche, l'aménagement Alsace - 8 mai 45 a été accepté et financé par EFFIA (pour un montant de 2365 euros TTC).
    Cette oreillette permet que l'entrée au parking soit plus visible pour les usagers et que la traversée piétonne soit plus souvent dégagée. En effet, les cars (et bus RATP) qui stationnent maintenant après l'oreillette avaient jusqu'à présent tendance à stationner en travers sur le passage piéton. 
    Pour répondre à la demande d'EFFIA, il était important de trouver une solution légère et réversible (et je le rappelle entièrement financé par eux) pour ne préjuger en rien de l'aménagement que nous souhaitons tous aux abords de la Gare de l'Est. En effet, on voit bien sur les photos que si les deux objectifs sont remplis (meilleure visibilité de l'entrée du parking et protection du passage piéton), le stationnement des cars et autobus reste désorganisé." 

     

    En dépit de cet aménagement, constat d'un désordre persistant sur la voie publique

    Sur la photo ci-dessous, on peut constater le stationnement illicite d'un véhicule le long de ce nouvel aménagement sur la chaussée. Par ailleurs, la nature ayant horreur du vide, des deux-roues motorisés ont trouvé, dans l'îlot créé par cet aménagement, un parfait refuge pour leur stationnement: 

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    Certes, notre élue nous l'a dit judicieusement: "le stationnement des cars et autobus reste désorganisé". L'expression employée par Elise Fajgeles est assurément un doux euphémisme, et ne reflète pas la réalité chaotique sur la chaussée. En effet, elle est régulièrement et abusivement occupée par les autocars et les véhicules se servant de l'espace public comme d'une aire de stationnement pour récupérer ou faire descendre leurs passagers.

    Cette nouvelle oreillette aménagée ne gêne donc en rien leur stationnement illicite sur la voie publique, comme le montrent ces photos:  

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    On peut toujours constater des double-files, sans que ces infractions soient sanctionnées: 

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    Et ces désordres sont même parfois causés par des triple-files d'autocars stationnant sur la chaussée:  

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    Face à cette occupation illicite et récurrente de la chaussée, nous devons donc réfléchir à une meilleure utilisation de cet espace public, comme par exemple la végétalisation du lieu... Et nous devons enfin chercher des solutions alternatives à l'entrée des cars de tourisme dans Paris, puisque leur stationnement pose problème où qu'ils se trouvent. Là encore, déplacer le problème n'est pas la solution! 

     

    Et dans tout ça, qu'en est-il des engagements pris par nos élus? Quel horizon pour les aménagements durables, promis pour les abords inter-quartiers de la Gare de l'Est?

    Rappelons que le projet d'aménagement des abords de la Gare de l'Est n'a pas vu le jour lors de la précédente mandature 2008-2014, en dépit d'avoir été présenté dans le programme de la majorité municipale en mars 2008 (prenant en compte sa nouvelle dimension internationale avec l'arrivée du TGV Est Européen depuis juin 2007), à part la réalisation de quelques travaux limités de voirie.

    Nous voilà donc 6 mois après l'élection de la nouvelle équipe municipale dans le 10e, toujours autour de son maire Rémi Féraud: où en sommes-nous suite aux dernières promesses de campagne?

    Soulignons que le programme 2014-2020 de la majorité d'Anne Hidalgo comporte "la création de liaisons entre les gares par des systèmes de transports innovants" (sous la forme de tramways ou de bus "à haut niveau de service", qui adopteraient une technologie innovante permettant une nouvelle offre de transport plus performante et non polluante)Nul doute que la mise en oeuvre de ces nouvelles liaisons intergares (cf. le tracé en pointillé en jaune sur la carte ci-dessous) modifiera la structure de la circulation dans les quartiers aux abords des 2 gares du 10e.

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    Source: Le Parisien ("L'extension des lignes de tram en bonne voie", 17.04.2014) 

     

    Or la Ville de Paris (via l'adjoint de la maire de Paris, Christophe Najdovski, chargé des transports, de la voirie, des déplacements et de l'espace public) vient tout juste (avant l'été dernier) de lancer les études pour ces nouvelles liaisons de transports en commun (cf. délibération du Conseil de Paris lors des séances du 19 & 20 mai 2014).

    La mise en oeuvre d'un aménagement inter-quartiers aux abords de la Gare de l'Est ne pourra avoir lieu qu'après l'insertion de ces nouvelles liaisons. Notons que la réalisation de ces liaisons est évidemment sous réserve de financement - condition sine qua non qui, rappelons-le, avait conduit à l'enterrement en 2010 du projet d'aménagement des abords de la Gare de l'Est.      

    Une affaire à suivre donc, mais qui ne devrait pas évoluer rapidement, malgré les désordres actuels et l'environnement dégradé des abords inter-quartiers de la Gare de l'Est ! 

    En conclusion, si l'on voit bien que nous ne pouvons pas espérer que l'équipe municipale du maire du 10e progresse à court terme sur ses engagements d'aménagement, nous sommes toutefois en droit d'attendre des mesures de la mairie du 10e et des services de la Préfecture de Police afin que ces derniers portent une attention particulière à ce secteur des abords des gares et sanctionnent les infractions relatives au stationnement illicite, notamment de la part des autocars.

  • Histoire de Lariboisière : 1. Le clos Saint-Lazare

    L'hôpital Lariboisière est actuellement en train de connaître de grands changements avec le lancement du "Nouveau Lariboisière" qui va bouleverser à terme la physionomie de cet établissement hospitalier parisien situé au Nord du dixième arrondissement à quelques mètres du carrefour Barbès, ainsi que du quartier qui l'entoure. À cette occasion, nous consacrons une série estivale d'articles consacrés à l'histoire de l'hôpital Lariboisière en s'intéressant particulièrement aux bâtiments et à leur environnement urbain.

    1. Le clos Saint-Lazare
    2. Le Versailles de la misère
    3. 1848 : La République chasse Louis-Philippe
    4. Une comtesse remplace la République
    5. Évolutions, extensions, rénovations...

    ______________

     

    Dans ce premier volet, nous nous penchons sur le territoire qui va accueillir le futur hôpital Lariboisière, dont la construction commencera en 1846 et qui sera inauguré en 1854. Pour ce faire, il nous faut remonter au début du dix-neuvième siècle.

    Durant la première moitié du dix-neuvième siècle, Paris vit une véritable révolution industrielle et le développement considérable d'ateliers, usines et autres  fabriques provoque un exode rural massif et une explosion de la population parisienne ; la capitale compte environ 550 000 habitants vers 1800 pour atteindre le million d'habitants dans les années 1840. Face à cette explosion démographique, l'offre hospitalière s'avère rapidement insuffisante, particulièrement rive droite qui ne compte alors que deux établissements hospitaliers d'importance (Beaujon et Saint-Louis). 

     

    Du choix d'un emplacement

    Dès 1818, on évoque la possibilité de créer un grand hôpital au Nord de la ville, mais cette idée commence à prendre réellement forme à partir de 1839. Le projet parle alors de l'hôpital du Nord, tout premier nom de l'hôpital Lariboisière. Il s'agit de construire un établissement modèle, répondant aux plans envisagés dès la fin du dix-huitième siècle par l'Académie des Sciences, qui doit permettre de délester l'Hôtel-Dieu vétuste et saturé.

    Paris n'a pas encore les dimensions que nous lui connaissons aujourd'hui, ses frontières s'arrêtant alors aux boulevards extérieurs (ceux de l’ancienne enceinte des Fermiers généraux), il faudra attendre 1860 et l'annexion des communes limitrophes (Montmartre, La Chapelle, Charonne...) pour que Paris connaisse peu ou prou ses dimensions actuelles. L'essor industriel et l'explosion démographique qui l'accompagne provoquent une vague de construction dans la capitale, l'offre foncière va s'amoindrissant. Le futur hôpital du Nord organisé en pavillons nécessite une vaste parcelle pour y être bâti, une parcelle qui, pour des raisons d’hygiène, doit également pourvoir être isolée des autres îlots par des rues. Cette configuration n'est pas si courante et bien vite le choix de la partie Nord de l'ancien clos Saint-Lazare, située sous l'actuel boulevard de la Chapelle, terrains appartenant à la ville, s'impose pour y établir le nouveau grand hôpital parisien.

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    L'ancien clos Saint-Lazare sur le cadastre parisien, 1810-1836

     

    Brève histoire du clos Saint-Lazare 

    Le clos Saint-Lazare a été le plus grand clos (ou enclos) religieux de Paris. Initialement établi en dehors de la ville, il occupait les terrains compris entre les actuels rue de Paradis au Sud, de la rue du faubourg Saint-Denis à l'Est, du boulevard de la Chapelle au Nord et de la rue du faubourg Poissonnière et du haut du boulevard de Magenta à l'Ouest, pour une superficie d'environ 52 hectares avant son démantèlement à la Révolution française. La majeure partie des bâtiments se trouvaient au Sud du clos. La perte des archives ne nous permet pas de connaître la date exacte de création de ce clos, mais il est mentionné dès le début du douzième siècle. Le clos Saint-Lazare est d'abord une léproserie placée sous la protection de Saint-lazare (ou Saint-Ladre), le saint patron des lépreux au moyen-âge. Sa superficie est alors de 32 hectares (92 arpents de Paris).

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    Le clos Saint-Lazare sur le Plan Jaillot, 1775 

     

    La lèpre devenant rare à Paris, au dix-septième siècle, la léproserie n'a plus guère de raison d'exister et Vincent de Paul et la Congrégation de la mission, les Lazaristes, prennent possession du clos Saint-Lazare qu'ils occuperont jusqu'à la Révolution française. La nuit du 12 au 13 juillet 1789, la veille de la prise de la Bastille, Saint-Lazare est pillé et saccagé par des révolutionnaires cherchant nourriture et armes, ils n'y trouveront que du grain mais pas d'armes.

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    "Pillage de la Maison de St Lazare ; lundi 13 juillet 1789"

     

    La fin des ordres religieux décrétée par la Convention va dissoudre l'ordre des Lazaristes et le clos Saint-Lazare, tout du moins ses bâtiments, va devenir une prison dès 1794 : les terrains nus du clos sont voués à être urbanisés. La maison Saint-Lazare devient propriété du département de Paris en 1811.

    La partie de terrain qui nous intéresse, celle qui va accueillir l'hôpital Lariboisière, même si elle faisait partie du clos Saint-Lazare, elle n'y était pas incluse à proprement parler, plus précisément, elle n'était pas dans l'enceinte du clos mais la jouxtait du coté Nord.

    En effet, les Lazaristes avaient développé le domaine jusqu'au niveau des rues de Jessaint et de la Goutte d'Or, et avaient même acquis quelques parcelles de terre au-delà. D'ailleurs, ces deux rues ont été percées par les Lazaristes eux-mêmes (voir notre article de l'an dernier sur ce sujet). Dans cette partie hors du clos, le séminaire Saint-Charles a été construit en 1644 sur l'actuel n°203 de la rue du faubourg Saint-Denis, la plus grande partie à l'Ouest gardant un caractère agricole après avoir abrité quelques carrières de gypse. De 1784 à 1790, ces terrains sont traversés par l'enceinte des Fermiers généraux qui entoure Paris et la nouvelle promenade plantée qui l'accompagne et qui deviendra les boulevards extérieurs actuels, le boulevard de la Chapelle à cet endroit.

    Sur le plan de 1750 ci-dessous, on peut voir le tracé (post-scriptum) du futur mur d'enceinte et du boulevard entre le chemin des Poissonniers (rue du Faubourg Poissonnière) à l'Est et la rue du Faubourg de Gloire (rue du Faubourg Saint-Denis et rue Marx Dormoy). On peut également y observer le nouvel alignement projeté des rues de Jessaint et de la Goutte d'Or, les Lazaristes n'ayant pas respecté l'obligation d'un tracé rectiligne qui leur avait été faite quand on les autorisa à percer cette voie ; en bas on voit le mur du clos et sur le haut du plan, le chemin de desserte des moulins qui correspond à l'actuelle rue Polonceau. Jusqu'à la Révolution, les terrains allant du mur Nord de l'enclos jusqu'à la rue Marcadet dépendaient de la paroisse de Saint-Laurent, donc de Paris, à partir de 1790 les terrains situés au Nord de l'actuel boulevard de la Chapelle font partie de la commune de La Chapelle Saint-Denis et ceux au Sud de la commune de Paris.

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    "Plan du chemin de St Charles aux moulins des Couronnes et des environs sur le faubourg de Gloire" , 1750

     

    La fin du clos Saint-Lazare 

    L'urbanisation et le lotissement du clos commencent dès le début du dix-neuvième siècle, particulièrement avec la vente de terrains à des spéculateurs privés en 1821 et 1827. De nouvelles rues sont ouvertes, notamment en 1827 la rue de l'Abattoir qui deviendra la rue de Dunkerque et la rue du Nord qui sera absorbée par le percement du boulevard de Magenta en 1855, et les constructions commencent à fleurir. Parmi celles-ci, il faut remarquer quelques constructions monumentales comme l'église Saint-Vincent de Paul, érigée de 1824 à 1844, mais surtout la gare du Nord inaugurée en juin 1846 qu'on implante au Nord-Est de l'ancien domaine des Lazaristes.  

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    "Embellissements de Paris. Percement du boulevard de Magenta"

     

    L'emplacement pour le nouvel hôpital parisien, l'hôpital du Nord, est donc choisi. Il s'agit de la parcelle tout au Nord de l'ancien clos Saint-Lazare, située entre la nouvelle rue du Delta prolongée, devenue rue Ambroise-Paré depuis (comme nous le savons, la jonction entre la rue du Delta et son prolongement n'a jamais été faite), et le chemin de ronde qui longe le mur des Fermiers généraux. L'hôpital Nord prend la place du projet de prolongement de la rue Saint-Vincent de Paul. 

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    Extrait du cadastre parisien, 1830-1850

     

    Dès 1838-1839 le projet se concrétise un peu plus, mais il faudra attendre 1846 pour que les travaux débutent et qu'enfin l'hôpital modèle puisse voir le jour.

     

    à suivre...

  • ”Paul Meurice et Victor Hugo, les allumeurs d’étoiles”

    Parler brièvement de Victor Hugo est presque impossible. Comment aborder le romancier, le poète, le dramaturge, le dessinateur, le journaliste, l’homme politique, le rebelle, l’exilé, le romantique …. en quelques mots ? Il nous faut rester modeste devant un tel personnage. Notre arrondissement nous donne quand même l’opportunité de parler de Hugo et de le regarder dans son environnement familier puisqu’il y passa quelques années de sa vie.Paul Meurice (1818-1905) est lui moins connu que le grand Victor. Dans les années 1830, il fut le collaborateur de George Sand, d’Alexandre Dumas. Suite à la Révolution de 1848, il créé le quotidien « L’événement » de tendance « hugolienne » nous précise Bernard Vassor. L’arrivée au pouvoir du Prince Napoléon et le coup d’Etat de Décembre qui en fait l’Empereur Napoléon III mettent fin au projet mais en 1869 Paul Meurice se relance dans l’aventure de la presse en créant « Le Rappel », autre quotidien auquel collabora également le fils de Victor Hugo, Charles.Mais Paul Meurice fut surtout et avant tout le proche de Victor Hugo. Editeur de ses œuvres, adaptateur de ses romans pour le théâtre, metteur en scène de ses pièces, collectionneur infatigable de ses dessins, il fut l’ami bien sûr mais aussi « l’appui et le conseil » nous dit Sheila Gaudon, Professeur Emérite à la Wesleyan University (USA) dans le recueil de correspondance entre Hugo et Meurice qu’elle a publié.medium_paul_meurice.jpgmedium_victor_hugo.jpgPaul Meurice voua sa vie à Hugo. Une dévotion sans faille qui aboutit en 1903 à la création du musée de la place des Vosges.A l’occasion du centenaire de la mort de Paul Meurice, la Société des Amis de Victor Hugo et l’Université Paris III Sorbonne Nouvelle organisent une série de manifestations culturelles – Paul Meurice & Victor Hugo, les allumeurs d’étoiles - pour présenter les relations et l’œuvre commune de Hugo et de Meurice.A la fois Meurice et Hugo vécurent dans notre arrondissement de nombreuses années. Avenue Frochot pour le premier, et disons un peu partout dans l’arrondissement pour le second ! Dans le cadre des journées « les allumeurs d’étoiles », une promenade littéraire sur les traces de Paul Meurice et de Victor Hugo dans le 9ème est organisée le Samedi 17 Septembre prochain. Commentée par Bernard Vassor, il s’agira d’une « ballade » à la rencontre des différents lieux du 9ème entre l’avenue Frochot, la rue de la Tour d’Auvergne, la rue des Martyrs, etc. où le souvenir des deux hommes restent vivant, qu’ils aient été des lieux de travail ou de résidence.Paris Neuvième vous propose cette promenade.Rendez vous :Samedi 17 Septembre à 15h30à la librairie « L’Atelier 9 »59, rue des Martyrs (place Lino Ventura)Métro Pigalle – bus 67Il fera beau, c’est commandé mais prenez de bonnes chaussures. Une virée dans l’univers de Hugo le jour de la fête du patrimoine.

  • Ca bouge rue des Martyrs !

    La rue des Martyrs n’est pas seulement une voie historique traversant du Sud au Nord notre arrondissement. C’est un lieu de vie où les commerces de proximité foisonnent encore malgré les profonds changements des dernières années. Refaite à neuf, elle présente aujourd’hui un visage convivial digne de celle d’un village, au coeur même de la capitale.

     

    La nouvelle association des commerçants de la rue des Martyrs créée en Avril 2005 et appelée tout simplement « Rue des Martyrs » est en place sous la présidence d’une jeune femme dynamique et d’une équipe motivée. Elle est maintenant opérationnelle et sa première réunion s’est tenue le 13 Septembre. Une quarantaine de commerçants y ont participé.

     

    En ce qui concerne les projets, le but affiché par l’association est clairement d’animer le quartier, de maintenir l’ambiance conviviale de la rue pour le bénéfice commun des clients et des commerces.

     

    Les préoccupations et les idées ne manquent pas.

     

    Les questions de sécurité, de circulation, d’éclairage, celles liées au développement des commerces de proximité, de mise en valeur de ceux-ci auprès de la clientèle, sont parmi les plus importantes. Deux points précis sont à revoir avec la Mairie.

    En haut de la rue, le rétrécissement de la voie et le fait que deux zones de livraison soient en vis-à-vis provoquent des embouteillages, notamment en empêchant le bus 67 et les camions de passer. Un réaménagement de cette petite portion de rue va être demandée.

    L’éclairage public est jugé insuffisant par les commerçants. Il est vrai que les nouveaux lampadaires installés sont jolis et bien dans le style parisien mais ils diffusent une lumière blafarde, peu compatible avec les exigences des commerces. Il semble que la Mairie ait vu le problème. Notons, au passage, qu’un bon éclairage est aussi un élément de sécurité important.

     

    Pour fêter la fin des travaux, les commerçants de la rue des Martyrs ont décidé d’organiser une gande fête. Celle-ci se tiendra le Samedi 24 Septembre avec pour point culminant un défilé dans la rue précédé d'un concert de tambours brésiliens, bien dans l'esprit de l'année du Brésil en France. Le défilé présentera les nouvelles collections des boutiques de la rue, les mannequins seront coiffés, maquillés et fleuris par les commerces du quartier. Le défilé aura lieu de 15h à 16h dans toute la rue des Martyrs. Les commerçants participeront à la fête et organiseront qui des dégustations qui des animations dans leurs magasins. Le thème sera "j'aime ma rue, je participe à son renouveau".

     

    Par ailleurs, les traditionnelles illuminations de Noël prendront cette année une importance particulière. Même si rien de concret n’a été encore décidé, le principe en est retenu et devrait donc permettre à l’association « Rue des Martyrs » d’organiser une deuxième fête la même année.

     

    Alors, si vous n’avez rien de spécial le 24, n’hésitez pas à venir faire un tour dans « notre petit village », on vous y attend avec chaleur et gentillesse.

  • Conseil d’arrondissement

    Un Conseil d’arrondissement dense et convivial, une fois n’est pas coutume, s’est tenu hier. A noter aussi que pour une fois, presque tous les élus étaient présents (2 absents seulement). Passons les sujets en revue suivant l’ordre du jour.

     

    Dans les informations préalables, le Maire rappelle le lancement de la « votation citoyenne », consultation informelle organisée par la Mairie de Paris afin de permettre aux Parisiens de s’exprimer sur le fait de savoir si ils sont partisans ou non de donner le droit de vote aux étrangers non ressortissants de l’UE aux élections locales. Les conditions d’organisation de cette consultation ont fait l’objet de remarques de la part de Pierre Lellouche, qui ne s’oppose pas au projet de donner le droit de vote aux étrangers pour les élections locales, mais qui fait remarquer que la manière dont se déroule cette « votation » va probablement entacher son résultat, rien que par le fait qu’aucun contrôle ne soit mis en place. Le Maire rappelle lui que ce scrutin n’a aucune valeur juridique et ne donnera que des indications.

     

    La bonne nouvelle de ce Conseil est l’unanimité des élus pour lancer les opérations de réaménagement du 26 rue Chaptal. Il s’agit de la création d’une bibliothèque, médiathèque et d’une halte garderie de 30 places sur un espace de 1900 m² acheté à l’Etat par la Ville de Paris. C’est un investissement lourd (environ 7 millions d’€) pour la réhabilitation de deux corps de bâtiment dont l’ancien hôtel de Serigny, séparés par une cour de 400 m². Les travaux devraient commencer en Mars 2006 pour 14 mois. L’opération entre dans le cadre du rééquilibrage vers le Nord des équipements de l’arrondissement qui verra ainsi dans un périmètre assez petit voisiner le Musée de la Vie Romantique, l’école de la rue Chaptal, le théâtre d’IVT et cette nouvelle bibliothèque halte garderie.

     

    Autre bonne nouvelle, l’accord des élus pour la réalisation de 17 logements sociaux au 11 rue Cadet sur 1500 m² qui viendront terminer l’opération lancée au 9 avec la création d’une petite cour ouverte au public.

     

    Sur proposition de P. Cohen Seat, élu communiste de l’arrondissement, le Conseil a adopté un Vœu qui sera soumis au Conseil de Paris suite au conflit social né de la liquidation de la société gérant les stands placés sur les trottoirs devant les Galeries Lafayette. Il s’agit de demander à la Ville de faire faire à l’inspection du travail une enquête sur les conditions de réembauche de certains salariés de la société concessionnaire car il semble que les anciens délégués du personnel appartenant au syndicat CGT aient fait l’objet d’une discrimination.

     

    Corine Barlis, Première Adjointe au Maire, a fait le point sur l’organisation du Téléthon 2005 dans le 9ème. Pour l’ensemble de l’arrondissement, le montant des sommes recueillies est de 12 500€. Le Maire et P. Lellouche ont rendu hommage au travail réalisé.

  • Compte Rendu de mandat du Maire de Paris

    Quelle curieuse réunion que celle qui s’est tenue hier soir salle Rossini pour la dernière réunion 2005 de compte rendu de mandat de B. Delanoë ! La salle était pourtant bien pleine, le public avait l’air motivé mais restait néanmoins calme.

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    Le Maire de Paris est un formidable communicant. Il sait être tour à tour drôle, incisif, moqueur, parler comme tout le monde. Bref, il sait tenir une salle. Mais dans sa forme, ce type de réunion reste assez spécial.

     

    D’abord et bien que le Maire vienne rencontrer ses administrés, on réserve les deux premiers rangs de la salle pour les élus en tout genre, sorte de cordon sanitaire. S’y ajoutent quelques Directeurs des Services centraux de la Ville.

     

    Le Maire est venu avec quelques adjoints. Hier, Anne Hidalgo, Pénélope Komitès, Denis Baupin. Ceux-ci papotent dans leur coin et ont l’air de beaucoup s’ennuyer.

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    Le Maire fait un petit discours introductif sans véritable structure passant allègrement des logements sociaux aux pistes cyclables en passant par les crèches, les JO et les immeubles insalubres. Il est en forme et stimulé par la présence de Pierre Lellouche, aussi émaille t-il son propos de quelques piques très politiciennes au deuxième degré.

     

    Le pire est à venir. On donne la parole à la salle et là on fait la queue devant deux micros pour poser sa question. Une salve de 20 en premier, puis 20 autres ! Le Maire prend des notes. Il faut aussi noter que les participants ne sont pas tous de notre arrondissement. Pas de problème. Mais il semble que certains soient des habitués en vont de réunions en réunions toujours avec les mêmes questions.

     

    Sur le fond, rien. Le Maire ne dit pas ce qui va ou ce qui ne va pas, ses projets à court et moyen terme. Le Maire dit nous avons fait mieux que les précédents. Cela semble lui suffire. On lui parle de sécurité, il répond c’est la faute de la police qui n’est pas sous sa responsabilité. On lui parle des crèches, ce n’est pas de sa faute si tant de retard a été pris sous l’ancienne mandature en ce domaine. On lui parle des JO, ce n’est pas de sa faute si toutes les voix des pays de l’ex-Europe de l’Est ont manqué à Paris au sein du CIO (suivez mon regard vers l’Elysée et les propos de J. Chirac concernant la Pologne).

     

    B. Delanoë parle de son mandat en regardant dans un rétroviseur.

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    N’accablons pas le Maire. Reconnaissons qu’il y a une part de vrai dans ses propos mais après cinq ans de mandature, l’argument du passé n’est pas vraiment convaincant. Chacun sait bien que tout n’est pas possible, chacun comprend que les difficultés sont grandes. Mais cette manière de se défausser des problèmes sur les autres est pénible.

     

    En vérité, c’est la Démocratie qui est perdante dans cette affaire. Un dialogue direct entre le Maire et les Parisiens est souhaitable. Mais sous cette forme, on ne peut ressentir que de la frustration.

  • Municipales 2008 : au Parti Socialiste

    Troisième sur la liste des 41 candidats sur la liste emmenée par Daniel Vaillant dans le 18ème – cet arrondissement compte 200 000 habitants et envoie 14 personnes au Conseil de Paris et compte 41 Conseillers d’arrondissement – c’est tout logiquement que Bertrand Delanoë a lancé sa campagne depuis le gymnase Ronsard situé au pied de la butte Montmartre, dans le 18ème arrondissement donc. Beaucoup de monde pour ce premier meeting, présence de socialistes de tous les genres, des plus anciens comme Lionel Jospin ou Claude Estier aux plus récents comme Bruno Julliard, ex-Président de l’UNEF et candidat dans le 13ème. Présence aussi des socialistes du 9ème avec à leur tête Jacques Bravo.

    Bertrand Delanoë a dévoilé son programme dimanche lors d’une conférence de presse et vous pouvez télécharger ce document sur son site. Ce document de près de 70 pages a aussi été imprimé et est largement diffusé lors des réunions publiques. Il en tiendra 20 – une par arrondissement – d’ici la fin février et le tout se terminera par un grand meeting au Zénith début mars.

    Logement, solidarité, transport, environnement mais aussi innovation, démocratie et culture sont au programme 2008-2014 intitulé « Paris, un temps d’avance …. ». Nous aurons l’occasion d’y revenir lorsque l’ensemble des candidats auront fait leurs propositions.

    Il y a de l’ambivalence dans le discours de l’actuel Maire de Paris. D’un côté, une certaine autosatisfaction pour ce qui a été réalisé depuis 2001 jugé à l’aune des réalisations des mandatures précédentes : en gros nous avons fait mieux que ceux d’avant donc nous sommes meilleurs. C’est le côté agaçant du discours. De l’autre côté, il n’est pas contestable qu’il y a une volonté si ce n’est une vision pour un Paris plus juste socialement, plus dynamique économiquement, plus ouvert dans le cadre du projet Paris métropole, plus rayonnant sur le plan international et donc une certaine modestie devant ce défi. C’est son aspect sympathique.

    Notons aussi que Bertrand Delanoë semble mal à l’aise dans sa position de favori à l’inverse de ce qui s’est passé en 2001 où sa position de challenger lui a sans doute donné du dynamisme. Il exprime aujourd’hui ce malaise en parlant « d’incertitude » sur le résultat des élections et de la nécessaire mobilisation autour des listes socialistes. Il avait d’ailleurs déjà exprimé cette « incertitude » au cours de l’émission Ripostes sur France 5 dimanche en parlant des arrondissements clé que sont pour lui les 4ème, 9ème, 12ème et 14ème.

    Enfin, il n’est plus contestable que Bertrand Delanoë est un excellent orateur, que sa gestuelle aux accents parfois mitterrandiens, que son verbe à la fois de gauche mais aussi rassembleur, font mouche auprès d’un public, certes convaincu d’avance, mais qui ne cache pas son plaisir. Les quelques extraits filmés ci-après en sont une espèce de preuve.
  • Point de vue

    Je veux également que les jeunes et les étudiants trouvent leur place dans l’arrondissement, qu’ils puissent s’y exprimer, y habiter décemment, qu’ils aient accès aux infrastructures culturelles et sportives (piscines, gymnase, conservatoire, …) avec des horaires adaptés à leur mode de vie.

    Je créerai un « pass culture » jeunes qui leur permet d’accéder aux musées, théâtres, salles de spectacle de l’arrondissement, à des conditions préférentielles. Ces jeunes s’exprimeront aussi grâce à l’ouverture de la Fondation d’Art contemporain que nous installerons rue Blanche (expositions d’œuvres d’artistes locaux, système de bourses aux jeunes artistes, enseignements artistiques, …).

    Priorité sera donnée aussi aux seniors, qui ont été les grands oubliés de la Municipalité sortante. Il s’agira de les aider à rester le plus longtemps possible dans leur domicile dans des conditions décentes, et leur permettre de rester dans leur arrondissement, en ouvrant un établissement d’accueil pour personnes âgées dépendantes.

    Je n’oublie pas le drame de la canicule en 2003. Le nombre de décès a été très élevé à Paris - près de 1.500 personnes ont perdu la vie ! Il est inacceptable que ces personnes soient décédées du fait de leur isolement ; cela nous oblige à trouver des solutions. Il est important de recréer du lien social, pour rompre avec l’isolement de nos aînés : développer des activités associatives, des conférences à la Mairie, à l’image de ce qui existe dans les villes moyennes de province.

    Et pour les seniors les plus actifs, encourager le bénévolat car ils devraient plus souvent transmettre leurs acquis et leurs valeurs à des plus jeunes (soutien scolaire à partir de la « Maison 9 » par exemple).

    Je mettrai aussi en place une permanence téléphonique « Allo Mairie » où l’équipe municipale pourra prendre en compte directement les requêtes des habitants.

     

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    Vivre ou mourir dans le 9e : comment vivre chaque âge dans l'arrondissement ?

    par Delphine Burkli - UMP27ce2860ba4e71c156e0c31f5a0a9921.jpg

     

     

     

     

     

    C’est une chance de vivre dans le 9e arrondissement. Je veux que chacun puisse y trouver sa place et s'y épanouir.

     

    Mon engagement est d’offrir de véritables services aux habitants du 9e en donnant notamment la priorité aux crèches et gardes d’enfants et tout ce qui permet aujourd’hui à un jeune couple ou à une famille monoparentale, à la suite d’une séparation, d’un divorce ou d’un décès, de pouvoir vivre normalement. Nous avons le projet d’ouvrir la  « Maison 9 » maison dédiée aux mères isolées et familles monoparentales avec un système de garde d’enfants à horaires décalés, du soutien scolaire, des échanges ados-parents, un accompagnement de la parentalité.

  • Barbès, quartier pilote!

    - Pilote ? En quoi ?

    - En matière de propreté. Ce n’est pas une  blague, c’est l’adjoint au maire de Paris qui le dit !

    En effet, après le rassemblement organisé par l’association ACTION BARBES, le samedi 17 mai, à l’angle des boulevards de Magenta et de la Chapelle, François Dagnaud, adjoint de Bertrand Delanoë, en charge de la Propreté de Paris, a pris sa plume et a écrit aux habitants.

    Action Barbès loin de l’oublier malgré sa récente nomination à ce poste, l’avait invité à faire le déplacement et à observer de visu l’état de l’endroit. C’est ce qu’on fait les maires des 9e et 10e arrondissements et Laurent Chabas, 1er adjoint du 9e, qui a, sur le sujet, des idées tranchées qu’il expose dans une vidéo tournée sur place.

    François Dagnaud n’est pas venu mais il a écrit le 26 mai. Il reconnaît que « la situation actuelle n’est ni partout ni toujours satisfaisante », et « qu’il reste des progrès à réaliser ».

    Il approuve la démarche de l'association qui tend « à sensibiliser sur la préservation du patrimoine commun que constitue l’espace public ». Cette convergence des points de vue pourra-t-elle déboucher sur la large campagne de communication sur l’hygiène et le civisme, que nous préconisons ?

    Ce que nous savions déjà est confirmé par l’adjoint au maire, à savoir que nous aurons bientôt une nouvelle génération de sanisettes. Le nombre en sera accru et la localisation révisée. Nous souhaitons que cette révision se fasse en accord avec les demandes des habitants qui possèdent sur ce point une expertise non négligeable.

    Un point du courrier nous réjouit particulièrement : la collaboration active de la RATP est souhaitée, voire exigée. L'assocaition s'est usée à la réclamer en vain. François Dagnaud semble appuyer notre vision : le traitement des abords de la station ne se fera pas sans une étroite coopération entre la Ville et la RATP !

    Le maire adjoint conclut en invitant notre association à participer à un travail commun entre les différents acteurs locaux, les services de la ville, les commissariats et la RATP, n’hésitant pas à envisager de mener à Barbès des opérations locales renforcées et coordonnées, en vue d’en faire, pourquoi pas, un lieu pilote dans ce type d’expérience.

    Plus localement, lors du Conseil d’arrondissement du 19 mai dernier, Laurent Chabas a précisé qu'un nouveau contrat d'objectifs était en cours d'élaboration. En est-t-il de même dans les autres arrondissements ? Ne serait-ce pas l'occasion d'associer habitants, conseils de quartier et associations à la réflexion, surtout si on réfléchit à une "décentralisation", comme le relatait Le Parisien le 9 mai ?

    Dans le cadre d'une décentralisation, un projet pourrait voir le jour : nommer une personne dans chaque arrondissement qui serait chargée de coordonner le nettoyage. Qu'en est-il ?


    Pilote, pilote ? Oui, bien sûr, mais propre, surtout !

     

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    Quand le ciel lave à haute pression...

  • Louxor : Interview

    Action Louxor (AL) : Fabienne Chevallier, vous êtes énarque, docteur en histoire de l'art et habilitée à diriger les recherches, spécialiste de l'architecture et du patrimoine pour les XIX et XXème siècles en Europe. On trouvera votre impressionnant CV sur le site de DOCOMOMO France. Vous avez signé notre pétition contre le projet actuel de réhabilitation du Louxor. Avant de parler plus directement du Louxor lui-même, quelques questions à propos du patrimoine. Nous venons de vivre les 19 et 20 septembre les Journées Européennes du Patrimoine.  Quelle importance accordez-vous à cette action de sensibilisation du public ?

    Fabienne Chevallier (FC) : C'est d'abord une image, mais c'est évident quand on y réfléchit : bien connaître le patrimoine environnant le lieu où l'on vit est un facteur d'enracinement. Cela aide à se construire. On peut s'intégrer dans l'histoire de ce patrimoine et se situer par rapport à ceux qui y ont vécu : ainsi, on est moins seul face à son destin. Je pense que l'idée de construire sa propre « filiation » grâce aux occasions de découverte offertes par les Journées du Patrimoine, c'est très important.

    AL : Tout le monde n'est pas familier avec cette notion de patrimoine. Pourriez-vous nous en donner une définition rapide ?

    FC : Il y a eu des significations variées dans l'histoire depuis la Révolution française. On a d'abord considéré les « monuments » comme un patrimoine c'est-à-dire, en fait, les édifices qui avaient trait à l'histoire officielle de la nation, de ses grands hommes, des fondateurs des villes. Pour des raisons qui sont particulières au contexte français, les édifices religieux ont acquis une grande importance à partir du régime de la Restauration. Des personnages comme Prosper Mérimée, dès la Monarchie de Juillet, ont pu agir pour sauver des édifices comme l'église abbatiale de Conques, qui tombait en ruines. À cette époque, à cause des ravages de la Révolution française, l'idée de patrimoine était liée à celle d'un sauvetage d'édifices menacés. C'est beaucoup plus tard, au XXème siècle, que la notion de patrimoine s'est élargie : .....

    .... d'abord, quand on a commencé à classer des bâtiments qui ne relevaient plus seulement de l'histoire officielle, mais de l'histoire des personnes privées, comme les premières villas Art Nouveau classées, puis les maisons modernes comme la villa Savoye par Le Corbusier. On a admis des types de patrimoines très variés, et notamment des bâtiments industriels. Un autre phénomène qui montre l'évolution de la notion, c'est qu'on classe maintenant des édifices qui sont relativement récents (qui ont une quarantaine d'années d'ancienneté), ce qui était impensable au XIXème siècle. Enfin, on classe aujourd'hui des édifices qui ne sont pas menacés, ce qui n'était pas la pratique au XIXème siècle. Ceci étant, c'est une garantie pour l'avenir car cela installe le bâtiment dans un statut qui le protège si des menaces surviennent. Aujourd'hui en fait, le seul problème est d'éviter que la notion se dilue dans un tout-patrimonial qui banalise notre environnement. Mais c'est un fait du XXIème siècle, qu'un historien comme Aloïs Riegl avait bien pressenti.

    AL : Quels sont les critères qui font qu'un édifice a un intérêt patrimonial ?

    FC : Plusieurs. Il faut revenir aux « fondamentaux » qui ont été posés au XIXème siècle. Il y a la valeur artistique, celle qui fait qu'une œuvre suscite l'admiration et le «jugement canonique », c'est-à-dire le jugement des connaisseurs qui peuvent comparer l'édifice avec d'autres et mettre en relief ce qu'il a de particulièrement remarquable. Il y a la valeur historique, qui se démarque parfois de la première, qui fait que l'édifice fait partie intégrante de l'histoire au sens large. Le Palais de Versailles, par exemple, relève des deux valeurs.  Il y a enfin une valeur de document, celle qui fait du bâtiment le témoin d'un phénomène social. Les grands ensembles, par exemple, que certains veulent englober dans le patrimoine, sont les témoins du phénomène de construction de logements accélérée qui a accompagné les Trente Glorieuses, après la Deuxième Guerre mondiale. La maison de Jean Monnet à Bazoches-sur-Guyonne, est un autre exemple d'édifice ayant une forte connotation de document, document pour l'histoire européenne ici puisque Jean Monnet a été un grand acteur de la construction de l'Europe. Dans cette même petite ville, par hasard, existe aussi un autre patrimoine, la villa du marchand d'art Louis Carré construite par Alvar Aalto : c'est un bâtiment du XXème siècle remarquable pour sa seule valeur artistique.  Aujourd'hui, la valeur de document prend beaucoup d'importance, mais il faut je pense la prendre en compte en la pondérant avec la valeur artistique. Sinon on renonce à ce qui fait l'essence du patrimoine. Tout édifice est un document de quelque chose.

    AL : Rapprochons nous un peu du Louxor. Le cinéma des années  d'après Première guerre mondiale a connu un essor extraordinaire. Pourriez-vous nous dire pourquoi cet essor a été populaire et quel impact il a eu non seulement sur les films mais aussi sur les édifices qu'on appelle désormais « cinémas » ?

    FC : Le phénomène naît en fait dès avant la Première Guerre mondiale, mais on se souvient aujourd'hui de l'apogée de cette époque, qui est l'entre-deux-guerres . Après le sport de masse, on a assisté dans ces années-là à une explosion de la culture de masse. Pour cela, il fallait des équipements collectifs. À Paris comme ailleurs, pendant l'entre-deux-guerres, l'équipement phare des sports de masse était la piscine, et l'équivalent pour la culture de masse était le cinéma. C'est l'adhésion des classes populaires qui a créé le phénomène de masse. Elles ont adhéré parce que c'était un loisir qui restait bon marché à côté d'autres sorties plus chères comme le théâtre. Les investisseurs privés ou les entreprises comme Gaumont et Pathé voulaient elles-mêmes avoir une clientèle de masse, et elles s'en sont donné les moyens. Elles voulaient contribuer à leur manière à un projet d'éducation populaire, une notion qui était toujours très vivace à cette époque. Le fait de montrer des séquences d'actualité avant les films attirait certainement le public. C'était le moyen d'avoir accès à l'histoire contemporaine, d'ouvrir son univers, de voir quelle était la situation dans les autres pays européens. La construction de cinémas a été le reflet des ambitions de l'industrie et du succès rencontré auprès du public populaire : d'après François Loyer, il en existait près de 200 à Paris, recensés dans le Guide Bleu de 1923. Mais la construction de cinémas était un phénomène qui existait dans toutes les capitales européennes.

    AL : Que pourriez vous nous dire de l'architecture de ces années folles, du début de l'utilisation du béton comme c'est le cas au Louxor ? Connaissiez-vous Henri Zipcy, son architecte ?

    FC : C'est une utilisation audacieuse du béton, utilisé pour l'ossature porteuse sous la forme de portiques légers, qui reposent sur des semelles de fondations. Le béton est un matériau moderne dont les premières formes font leur apparition dans l'architecture, en France, dès le XIXème siècle avec un certain nombre d'inventeurs et d'hommes d'affaires comme Vicat et, à la fin du siècle, Hennebique qui met au point le béton armé (c'est-à-dire le béton renforcé par une armature en acier). Ce qu'il y a de nouveau, juste avant la Première Guerre mondiale, c'est l'utilisation du béton apparent, chez Auguste Perret. C'est capital car le béton n'a plus besoin d'être caché, il acquiert ses lettres de noblesse, comme la pierre. On peut montrer le béton apparent en façade, et aussi les structures porteuses en béton, sans les envelopper derrière un revêtement en pierre ou en bois : c'est l'un des critères de ce que l'on appelle la « modernité » architecturale, c'est-à-dire en somme employer les matériaux nouveaux de son époque en mettant en valeur leur beauté brute. Henri Zipcy n'est pas un architecte connu, en dehors du Louxor. Mais le Louxor mérite qu'on s'y arrête.

    AL : Les investigations menées dans le Louxor ces dernières années ont montré que non seulement la structure de la salle mais aussi les décors « néo-égyptisants » étaient encore en place. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi la sauvegarde de ce patrimoine est importante pour vous ? Est-ce parce que le Louxor est le dernier cinéma de cette époque encore en place à Paris ? Est-ce parce qu'il est le témoin de l'histoire sociale de cette époque ?

    FC : Ces décors sont très importants. En France, quand on parle de cette époque, on croit souvent que la modernité dont je viens de parler doit s'accompagner d'une sobriété de la décoration. Comme si décorer, c'était contraire à la modernité. En France, on a été très marqué par la modernité « streamline », une modernité toute blanche et sans décor. La réalité des années 20 est plus diverse et on a l'exemple en Europe d'autres pays qui, pour des raisons culturelles, prennent en compte d'autres formes de modernité. Les décors égyptisants du Louxor sont une rareté en France. Ce qui est rare, et fait pour moi du Louxor un patrimoine remarquable, c'est l'alliance de la modernité architecturale (avec le béton, les lanterneaux, les façades côté rue très sobres parce qu'elles ne « trichent » pas avec la fonction du bâtiment, en essayant de le faire passer pour ce qu'il n'est pas) et de ces décors néo-égyptiens. L'emploi de décors néo-antiques dans la modernité est quelque chose d'important. Je relève dans le pays du nord deux exemples remarquables, s'agissant de cinémas construits dans les années 20 : le cinéma Skandia par Erik Gunnar Asplund à Stockholm (1924) et, à la fin des années 20, un palais du cinéma à Turku, en Finlande, par Alvar Aalto. Dans les deux cas, les architectes ont recréé des décors néo-pompéiens. En fait, au Louxor comme au cinéma Skandia, l'emploi de décors néo-antiques, ou néo-égyptiens, était un message qui signifiait que cette culture de masse appréhendait aussi le langage de l'Antiquité et des anciennes civilisations, en l'adaptant au goût du jour.

    AL : Quels reproches majeurs faites-vous au projet de réhabilitation du Louxor tel que prévu par la Ville de Paris et l'architecte Philippe Pumain aujourd'hui ?

    FC : Toucher à la structure constructive du Louxor, c'est altérer ce patrimoine. Il faut faire l'effort de sauvegarder ses décors. Il faut enfin trouver une adaptation du bâtiment qui respecte l'authenticité du bâtiment, c'est-à-dire ce à quoi il était employé à l'origine. Il est évident que la combinaison, propre au Louxor, de diverses formes de spectacle, allant du cinéma au spectacle vivant, est une dimension qui devrait inspirer le projet de réhabilitation architecturale.