E. Combes et A. Briand
La laïcité est au cœur de l’actualité depuis déjà quelque temps. Mais de quoi parle t-on exactement ?
Nous sommes dans la semaine de l’exact centenaire (9 Décembre) de la signature du Décret d'application de la fameuse Loi dite de "Séparation" votée en Juillet 1905 et donc l’occasion est bonne pour nous pencher sur le sujet. Paris Neuvième vous propose plusieurs possibilités.
Un film.
La Chaîne Parlementaire (LCP) Assemblée Nationale diffusée sur le câble, le satellite et par TNT nous propose ce soir Mercredi à 20h30 un film dont tout le monde a dit grand bien : La Séparation. Tourné au sein même du Palais Bourbon, il fait appel à de grands acteurs de notre époque pour nous restituer l’éloquence des hommes politiques d’alors (P. Arditi, C. Rich, J.C Drouot, P. Santini, etc.)
Une conférence.
Le Grand Orient de France et la Mairie du 9ème ont eu la bonne idée d’organiser une conférence intitulée "Laïcité, où en sommes nous ?" le Lundi 12 Décembre à 20h30 salle Rossini à la Mairie du 9ème, 6 rue Drouot. En complément, l’association Laïcité & République, proche du Parti Radical de Gauche, organise à cette occasion une exposition historique au même endroit.
Un site web.
Surtout ne pas manquer le site web de l'Assemblée Nationale et son dossier spécial Commémoration. Outre beaucoup d'informations, vous pourrez y consulter les textes des débats.
Des livres et des articles.
Beaucoup de livres ont été écrits sur le sujet. Nous vous suggérons :
. le classique "Que sais-je ? Histoire de la laïcité française" PUF
. le non moins classique "La République Radicale 1898-1914" collection Points Histoire au Seuil
. le très complet "L’invention de la Démocratie 1789-1914" de S. Bernstein et M. Winock – collection Histoire de la France politique au Seuil
. enfin un bon article dans le magazine L’Histoire "1905, une loi d’apaisement ?"
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Opinion
Comment parler de la Loi de 1905 dite "de Séparation" entre les Eglises et l'Etat ?
Paris Neuvième le fait, non pour étaler sa science, mais pour rappeler quelques éléments que ni les hommes politiques ni les journalistes ne mentionnent à l'approche de la célébration de son centenaire.
Il est important de se souvenir que la Loi de 1905 fut certes l'aboutissement d'un processus engagé en 1789, mais surtout une Loi de circonstance, l'anticléricalisme étant, suite aux élections de 1904, pratiquement le seul dénominateur commun à la classe politique radicale de l'époque alors au pouvoir. En fin stratège, le Petit Père Combes, comme il est d'usage de le nommer, a joué cette carte pour re-souder sa majorité comme on dirait aujourd'hui.
La Loi fut préparée et appliquée dans un climat de très grande tension. Rupture des relations diplomatiques avec le Vatican, émeutes en 1906 lors des inventaires des biens de l'Eglise, transfert massif d'élèves d'un enseignement confessionnel à l'enseignement public. La Loi, pour l'époque, était extrêmement sévère avec l'Eglise, lui interdisant beaucoup de choses comme le droit d'enseigner et de maintenir certaines communautés régulières. Il fallait que le ressentiment des Français fut bien fort vis à vis de cette Eglise là pour en arriver à ces extrémités. Certes l'Eglise avait vécu le choc des années 1789-93 mais un certain calme instauré suite à la signature du Concordat entre le Pape et Napoléon lui permit de préparer sa revanche sous la Restauration et de maintenir son influence sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire.
Malgré quelques aménagements, notamment en ce qui concerne l'enseignement, les principes généraux de la Loi restent d'actualité, tout en faisant remarquer que la France demeure aujourd'hui un cas spécial en Europe à cet égard.
Terminons en disant que l'actuel Ministre de l'Intérieur a voulu à toute force mettre en place un Comité Consultatif des Musulmans de France mais n'a rendu service ni à la France ni aux Musulmans. La Loi décrit les relations que l'Etat doit avoir avec les organisations religieuses, elle ne dit pas comment ces organisations religieuses doivent être organisées. Mieux aurait été de laisser les Musulmans de France s'organiser eux mêmes à l'instar de ce que les Juifs ont fait avec le Consistoire.