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Rechercher : rue richomme

  • Voirie rue de Clignancourt

    Depuis les premiers jours de juin, la rue de Clignancourt est un peu perturbée par des travaux de voirie, chaussée et trottoirs.... De quoi s'agit-il ?

    La durée :

    Si tout va bien, la rue devrait retrouver une circulation fluide vers le 22 juillet.

    La situation :

    Le carrefour en question est celui formé par la rue de Clignancourt, par la rue Christiani (là où passe normalement la ligne de bus 85) et la rue Poulet, qui redescend vers Chateau rouge. (La rue Myrha est là aussi et témoigne qu'elle était déjà là avant l'ouverture du boulevard Barbès qu'elle traverse allègrement!)  C'est un carrefour problématique à tout point de vue, circulation des piétons et des voitures, sans oublier le bus. Notons que le carrefour suivant - Clignancourt, rue Ramey et rue Muller - n'est pas brillant non plus. Il est signalé par trois palmiers en plastique que l'association de quartier locale avait installé lors d'une fête très conviviale.... mais très demandeuse d'une prise en considération de ce carrefour dangereux, polluant, encombré, etc.

    Le détail :

    Il s'agit de réaliser un plateau surélevé sur la partie chaussée de ce carrefour. Le déplacement des piétons devrait être sécurisé par un trottoir élargi du côté des numéros pairs de la rue de Clignancourt, passant de 2,60 m à 4,20 m. Les passages piétons seront équipés de dalles en relief, dites podotactiles, pour faciliter le passage des personnes non voyantes. Des potelets lutteront contre le stationnement abusif sur les trorroirs. Des emplacements sont prévus pour les cycles, motorisés (12 places) et non motorisés (10 places), pour les livraisons (2 places au n° 36 et 37)

    Les nuisances temporaires :

    Plus de stationnement possible dans la zone des travaux pendant toute la durée du chantier.
    Mise en sens unique de la rue de Clignancourt entre les rues Christiani et Muller, le sens conservé étant de la rue Christiani vers la rue Muller (soit le sens de la montée ou de la sortie de Paris). La circulation arrivant par la rue Poulet est déviée par la rue Christiani (et retour bd Barbès), donc pas de tourner à droite dans la rue de Clignancourt. De même, impossible de s'échapper par la rue Myrha, temporairement.

    Le 85 est dévié par la rue Custine.

    Il se peut que nous observions un report de circulation vers le carrefour Barbès aux heures de sortie de Paris, à partir de 18 heures, car la rue de Clignancourt, à la suite de la rue de Rochechouart dans le 9e, sont des voies "sortantes", dont il est regrettable qu'elles aient été rendues plus étroites. On constate des embouteillages constants sur ces voies, alors qu'elles accueillent une ligne de bus, très empruntée, et aux horaires très irréguliers, du fait des "points noirs" qu'elle rencontre.

    Qui dit travaux, dit encombrements ! Comment faire autrement ? Donc, oui, il y aura jusu'au 22 juillet des perturbations. Il faudrait pouvoir éviter cet itinéraire.

     

  • Rue La Fayette en 1928

    Regardez bien les façades des immeubles qui surplombent cet entrelacs de véhicules ? Les reconnaissez-vous ? La perspective serait plus parlante si la photo était prise vraiment dans l'axe de la rue.... C'est la rue La Fayette au carrefour de la rue Cadet. On aperçoit même la bouche de métro Cadet surmontée de la structure d'Hector Guimard.

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    vue extraite du site de passionnés par les C4 Citroën

    On a beau trouvé la circulation dense ces temps-ci, les temps anciens ne montrent pas une fluidité remarquable. Au moins ce jour-là. En l'absence de pot catalytique, on n'ose à peine imaginer l'air que respiraient les riverains et les passants.

    Inutile d'y chercher une piste cyclable non plus.

     

     

  • Des ventes intéressantes rue des Gardes

    On l'a appelée un temps "rue de la mode", elle est redevenue la rue des Gardes au fil des années et elle continue avec talent à accueillir des créateurs.

    Dominique Pétris nous adresse cette invitation sur nos messageries privées, mais sans doute ne verra-t-elle pas d'inconvénient à vous montrer ses objets préférés :

    Je vous invite le
    JEUDI 14 ET VENDREDI 15 JUIN DE 15H À 20H
    AU 5, RUE DES GARDES 75018
    À redécouvrir mes sacs en cuir imprimés au tampon, laserisés...
    mes bijoux en nacre, terre de Djenné, oeuf d'autruche, perles années 30, perles vénitiennes, semi-précieuses...
    mes coussins en cuir imprimés au tampon.
    -20 et -30% sur tous les articles
    Une pochette en soie offerte pour tout achat.
    À bientôt
    Dominique Petris

  • Encore des changements rue de Compiègne

    Un an après les changements de circulation dans le secteur de la gare du Nord, la rue de Compiègne a retrouvé son sens unique. Les riverains avaient vivement protesté face aux incivilités des automobilistes qui ne respectaient pas l'obligation d'utiliser la dépose minute en sous-sol pourtant gratuite pendant 20 minutes. Il s'en suivait des concerts de klaxon insupportables. Nous avions participé à une réunion sur site en mars dernier (voir  articles du 23 mars et du 11 avril). Par la suite, mairie de Paris et SNCF ont planché pour tenter d'améliorer cette situation tendue. Malgré ces dernières modifications, quelque peu tardives si l’on considère les longs mois de nuisances induites par le sens unique, on peut se poser la question de la qualité des études préalables. A-t-on analysé les flux d’automobiles correctement?  A-t-on anticipé l’affluence par à-coups que génèrent les arrivées ou départs de train ? Le parking de la rue de Compiègne présentait-il tous les atouts d’une dépose-minute ? D’autres questions viennent à l’esprit mais, toutefois, nous nous félicitons que la mairie de Paris ait pris en compte le fort mécontentement des riverains et ait cherché des solutions. 

    Alors quels changements ?

    Côté signalétique, la ville a répondu aux demandes. Les panneaux sont visibles et précisent clairement  l'obligation d'utiliser le parking Effia pour la dépose minute et rendent plus menaçante la vidéo verbalisation pour les récalcitrants. Preuve par l'image ci-dessous:

    paris,paris 10e,gare du nord,rue de compiègne

    Des kakemonos ont été accrochés mais avec le vent, ils s'enroulent autour du support. Le maire du 10e nous a informés qu'ils seraient mieux fixés prochainement.

    paris,paris 10e,gare du nord,rue de compiègne

    Par ailleurs, des potelets seront placés le long du parvis de la gare du Nord afin d'éviter les voitures qui stationnent sur la chaussée, en fait sur le parvis, car tout étant au même niveau, la tentation est grande. Elle le sera encore davantage après la dépose de toutes les palissades actuelles. 

    Espérons maintenant que la vidéo verbalisation sera active. Les automobilistes sont décidément bien irrespectueux comme en témoigne la photo ci-dessous prise la semaine dernière.

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    Pourtant, dans de nombreuses villes en régions, on est bien content d'avoir une dépose gratuite à proximité de la gare. Paris serait-il une exception?

    Nous ne manquerons de poursuivre nos observations de terrain en attendant le résultat des ces nouveaux aménagements, dont les échos ne tarderont pas à arriver à nos oreilles attentives... ^_^ qui en douterait ?

  • Vide grenier rue Ramey

     

    Organisé chaque année par l'association Clignensemble, le prochain vide grenier des rues  Ramey et Clignancourt aura lieu le dimanche 11 septembre. Une idée de balade pour les lève-tôt.

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    L'an passé, l'édition 2015 avait eu un franc succès un 13 septembre. Voulez-vous en avoir un petit avant-gout (image empruntée au site de Montmartre Addict).

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  • Pourquoi pas quelques arbres rue Marcadet ?

    On ne va pas vous annoncer cette bonne nouvelle par un " La forêt avance ! " Ce serait excessif. Toutefois quelques arbres de plus dans ce quartier très fréquenté, très dense, c'est franchement une bonne nouvelle. 

    Situons le tronçon touché par cette "végétalisation" de l'espace public : celui limité par le boulevard Barbès et la rue des Poissonniers. 

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    La rue Marcadet vue ici depuis le boulevard Barbès.

     

    Une réunion s'est tenue récemment pour présenter le projet envisagé et mis sur plan par la section territoriale de voirie du 18e. La rue Marcadet est limitée a une seule voie de circulation mais  les trottoirs ne sont pas très larges. On y a  maintenu du stationnement de chaque côté. L'idée est de redonner un peu d'espace aux piétons en réduisant celui occupé par les voitures tout en conservant des stationnements, notamment sur le côté impair de la voie. De l'autre côté apparaitront des lincoln (des aires de stationnement inclus dans les trottoirs). On passe aussi à l'étape suivante en introduisant des plantations d'arbres. Une façon d'agrémenter le passage des cyclistes qui sont autorisés à prendre cette voie en contresens — comme dans toutes les voies où la vitesse est limitée à 30. 

    La proposition consiste à planter 6 arbres, sur le trottoir des numéros pairs, à savoir devant les immeubles des n° 40, 46, 48, 50bis 54 et 56. Le choix des emplacements n'est pas anodin puisqu'il doit impérativement tenir compte de la présence en sous-sol des concessions de la Ville, conduites d'eau, de gaz, des fournisseurs d'énergie, de téléphonie, etc... le gruyère habituel parisien ! Sans oublier le tout-à-l'égout...

    Nous avons pu obtenir les plans que voici : 

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  • La rue comme local poubelles...

    Devant le numéro 23 de la rue de Jessaint, au débouché de la rue Affre dans la Goutte d'Or, est installée une corbeille de rue. Jusque là rien d'inhabituel, si ce n'est la présence récurrente de sacs d'ordures ménagères entassés autour de ladite corbeille. Et par "récurrente", il faut comprendre "quotidienne" et ce depuis plusieurs années. De prime abord, on pourrait penser que les habitants de cet immeuble sont bien peu civils à ainsi abandonner leurs déchets dans l'espace public, qui plus est à quelques mètres du square Alain Bashung, risquant ainsi d'attirer des rats par ici.

    Mais arrêtons là les spéculations et n'incriminons pas les habitants du 23 rue de Jessaint, qui, s'ils sont bien les auteurs de ces dépôts sauvages, sont les premières victimes de cette situation. En effet, en échangeant avec ces habitants, on apprend que dans cet immeuble appartenant à la Ville de Paris et géré par par un bailleur social, l'accès au local poubelles est fermé aux habitants, leur seule solution pour se débarrasser de leurs déchets étant des vide-ordures minuscules. Bien contre leur volonté - ils réclament depuis longtemps un local poubelles accessible dans leur immeuble - ils n'ont pas d'autre choix que de déposer leurs sacs d'ordures sur la voie publique : "Vous imaginez bien qu'on est pas ravi d'avoir un tas de poubelles devant chez soi" nous confiait, dépitée, une habitante de l'immeuble. Il faut noter que les sacs sont toujours correctement fermés et déposés "proprement", mais un dépôt sauvage en appelant d'autres, on constate que d'autres types de déchets (gravats, mobilier...) viennent souvent grossir le tas.

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    23 rue de Jessaint, juin 2020

    Nous avons nous-même alerté les élus concernés du 18e sur ce sujet il y a plusieurs mois, mais rien n'y fait. Il n'y aurait pas de solution en vue avec les bailleurs sociaux (une solution proposée : poser ses ordures dans un immeuble voisin ! Qui consentirait à cela pour soi-même ?). Il faudrait donc accepter que la rue soit considérée comme un local poubelle possible. Une situation d'autant plus préoccupante qu'il semblerait que l'immeuble sis au numéro 53 de la rue de la Goutte d'Or et celui au 5-7 de la rue de la Charbonnière, toujours dans le quartier de la Goutte d'Or, connaissent des situations similaires.

    On se demande donc ce qu'il faut faire pour que les règles élémentaires d'hygiène soient appliquées ici et que des travaux de mise en conformité soient entrepris dans les immeubles concernés - les bailleurs sociaux ont des budgets pour cela -, et que l'on respecte enfin les familles qui vivent dans ces immeubles, ainsi que les habitants du quartier qui voient leurs rues transformées en local poubelles ? 

    poubelles,immeuble,propreté,18e

    23 rue de Jessaint, août 2021

  • Ça chauffe rue Rochechouart !

    Entre la photo en N&B prise en 1919, le 12 avril, et la saisie d’écran de Google Streetview de juillet 2020, il y a un point commun.

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    L’horloger est toujours un horloger ! Mais que faisait tout ce monde devant la vitrine de l’horlogerie Femina ? 

    La foule devant l'immeuble pendant une perquisition de la police au domicile de Landru 76 rue Rochechouart.jpg

    En effet, il y avait un monde fou dans la rue ce jour-là, ce matin-là, devrait-on dire, car selon toutes vraisemblances, la foule a eu vent de l’arrestation du tueur en série Henri Désiré Landru à son dernier domicile, au 76 de la rue de Rochechouart dans le 9e arrondissement. Les arrestations avaient lieu à six heures du matin. Rien n’a vraiment changé à vrai dire, quand la police a localisé le lieu de résidence, voire la planque, d’un malfaiteur à qui elle souhaite "passer les bracelets" ! 

    C’est un des premiers tueurs en série de l’histoire de la criminalité en France, connu notamment pour avoir fait disparaitre les corps de ses victimes à l'aide d'une cuisinière à bois (ce n'était pas rue de Rochechouart). Onze victimes à son actif, des centaines d’articles dans la presse pour suivre l'affaire, deux films, Landru (1963) de CLaude Chabrol avec Charles Denner, et Désiré Landru (2005) de Pierre Boutron avec Patrick Tilmsit.

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    Par ailleurs, les écrits sont fournis et nombreux sur la vie et les crimes de cet homme, qui a fini guillotiné en février 1922 à l’entrée de la prison de Versailles, au terme d’une instruction qui avait duré deux ans et demi. Il n’est qu’à taper Landru sur un moteur de recherche pour s’en convaincre et connaître tous les détails si la curiosité vous titille… Et si vous voulez passer voir l'immeuble de la rue Rochechouart, il faudra patienter un peu car il est actuellement caché par un échafaudage pour cause de ravalement.

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    Une autre vue d’époque (1920) grâce à l’agence Meurisse, spécialisée dans le reportage photographique de 1909 à 1937.

  • Histoire des rues de la Goutte d'Or : la rue Marx Dormoy

    Traditionnellement, le blog d’Action Barbès fait relâche pour l’été et quitte l’actualité de nos quartiers. Mais cette année durant la pause estivale, nous vous invitons à une promenade dans le temps à travers une série d’articles sur l’histoire des rues de la Goutte d’Or, ce quartier des faubourgs de Paris né dans la commune de La Chapelle.

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    Nous commençons cette série avec la plus ancienne voie de ce secteur qui forme la frontière Est du quartier administratif de la Goutte d’Or, à savoir la rue Marx Dormoy. Cette rue n'est pas à proprement parler une rue de la Goutte d'Or, mais la connaissance de son histoire est essentielle pour mieux appréhender l'histoire des rues du quartier qui nous intéresse ici.

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    La rue Marx Dormoy est une voie du 18ème arrondissement qui commence place de la Chapelle pour finir 590 mètres plus loin, au carrefour qu’elle forme avec les rues de la Chapelle, Ordener, Philippe de Girard et Riquet. Elle a pris le nom de René Marx Dormoy par le décret du 7 juillet 1945 qui célèbre la mémoire du politicien français assassiné le 26 juillet 1941. Auparavant, cette rue constituait la première partie de la rue de la Chapelle. Mais nous reviendrons sur cet épisode pour commencer par ses origines.

     

    Les origines de cette voie remonte au moins au temps des Parisis, quand Paris n’était que Lutèce, petite ville éloignée de quelques kilomètres de là. En effet, la rue Marx Dormoy constitue l’un des tronçons d’une des plus anciennes voies encore existantes dans le territoire francilien. Cette route partait de Lutèce, de l’île de la cité, en direction du Nord, passant par le col situé entre la butte Montmartre et les buttes Chaumont (col situé rue de la Chapelle au niveau de l’église Saint-Denys de la Chapelle) et en passant par l’Estrée (Saint-Denis) pour rejoindre les villes du Nord. C’est cette route qui desservait la célèbre foire du Lendit, sise d’abord sur le village de La Chapelle et ensuite à Saint-Denis.

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    Beaucoup plus tard, sous l’Ancien Régime, cette voie a gardé une grande importance, notamment dans la vie des rois de France. En effet, la route de Paris à Saint-Denis (actuellement les rues Marx Dormoy et de la Chapelle et l’avenue du Président Wilson à Saint-Denis) était jalonnée de huit montjoies dont trois sur le parcours de l’actuelle rue Marx Dormoy. Une montjoie est un socle de pierre surmonté d’une croix destinée à la dévotion. Les "montjoies du Lendit" faisaient elles-mêmes référence à "La Montjoie", nom d'un monticule de guet qui était situé sur l’actuelle Plaine Saint-Denis, celle-là même qui était évoquée dans le cri de guerre des Capétiens:  « Montjoie Saint-Denis ! »

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    Les montjoies du Lendit et la basilique Saint-denis

     

    C’est par cette voie que les rois de France passaient pour entrer à Paris après leur sacre, en faisant une halte au clos Saint-Lazare voisin (le plus grand clos de Paris, situé dans l'actuel 10ème arrondissement) qui marquait l’entrée de Paris, entrée qui sera matérialisée ensuite par la barrière Saint-Denis (appelée également "barrière de La Chapelle", aujourd’hui place de la Chapelle). Le dernier roi à emprunter cette rue pour entrer à Paris fut Louis XVIII en 1815 (voir gravure ci-dessous), une célébration alors très contestée car très symboliquement marquée comme un retour à l'Ancien Régime. À la mort du roi, la dépouille royale prenait le chemin inverse pour rejoindre la basilique de Saint-Denis où se trouvent les sépultures des rois de France, marquant des arrêts à chaque montjoie.

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    Entrée solennelle de Louis XVIII dans la ville de Paris à la barrière Saint-denis le 9 mai 1815

     

    La portion de cette route entre Paris et le village de La Chapelle, bordée d'habitations dès le 17ème siècle (qui correspond donc à l’actuelle rue Marx Dormoy), se nommait "Faubourg de Gloire". Mais c’est seulement à la Révolution et la création des communes qu’elle fut placée dans le giron de La Chapelle ainsi que le territoire qui deviendra le sud des quartiers de la Goutte d’Or et de la Chapelle et qui dépendait de paroisses parisiennes jusque-là. Au début du 19ème siècle, l’ensemble de l’artère pris le nom de Grande Rue, de l’actuelle place de la Chapelle jusqu’à l’avenue du Président Wilson à Saint-Denis, alors en partie chapelloise. 

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    Le faubourg de Gloire (rue Marx Dormoy) en 1814

     

    En 1860, lors de l’annexion des communes faubouriennes à Paris, la commune de La Chapelle fut absorbée par la capitale, le Nord de son territoire, au-delà des fortifications de Thiers (aujourd’hui le périphérique) étant redistribué entre Saint-Denis, Saint-Ouen et Aubervilliers. La Grande Rue est classée dans les voies parisiennes par le décret du 23 mai 1863 et devient officiellement la « rue de la Chapelle » en 1867.

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    L'ancienne mairie de la Chapelle à l'angle de la rue Doudeauvile, carte postale vers 1900

     

    À l'angle de la rue Doudeauville se dressait la mairie de la commune de La Chapelle, remplacée aujourd'hui par le collège Marx Dormoy. Au moment de l'annexion des communes suburbaines de Paris en 1860, le 18ème arrondissement a été créé sur les anciennes municipalités de Montmartre et la Chapelle, il a été question un temps que la mairie de La Chapelle devienne celle du nouvel arrondissement, projet abandonné comme on le sait. 

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    "Vue générale de la Rue de la Chapelle" (actuellement place de la Chapelle et rue Marx Dormoy), vers 1910

     

    Et enfin, c’est donc en 1945 que la rue est divisée en deux portions, la première partie prenant le nom de rue Marx Dormoy, telle que nous la connaissons aujourd'hui.

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    Barricade rue de la Chapelle (rue Marx Dormoy) pendant La Commune, le 19 mars 1871

     

     

     à venir : la rue des Poissonniers

  • Histoire des rues de la Goutte d'Or : la rue des Poissonniers

    Traditionnellement, le blog d’Action Barbès fait relâche pour l’été et quitte l’actualité de nos quartiers. Mais cette année durant la pause estivale, nous vous invitons à une promenade dans le temps à travers une série d’articles sur l’histoire des rues de la Goutte d’Or, ce quartier des faubourgs de Paris né dans la commune de La Chapelle.

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    Après la rue Marx Dormoy, nous continuons notre série sur l’histoire de rues de la Goutte d’Or avec la rue des Poissonniers.

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    La rue des Poissonniers marque la frontière Ouest du quartier administratif de la Goutte d’Or. D’une douzaine de mètres de large, la rue des Poissonniers commence au 26 boulevard Barbès pour finir 1420 mètres plus loin, boulevard Ney. 

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    La rue des Poissonniers à l'angle de la rue d'Oran, vers 1900

     

    La rue des Poissonniers est une voie ancienne qui passe par le col situé entre la Butte Montmartre à l’Ouest et la Butte des Couronnes (ou Butte des Cinq Moulins, la colline où s’est développé le quartier de la Goutte d’Or) à l’Est ; certains y voient un ancien chemin gaulois mais rien ne permet de l’attester avant le 12ème siècle. Son nom à conservé la mémoire de son usage premier, celui de route du poisson arrivant du Nord, de Dieppe en particulier, jusqu’aux halles de Paris. Ce dernier tronçon commençait à l’ancien port de Saint-Denis et poursuivait sur un axe passant par les actuelles rue du Faubourg Poissonnière, rue Poissonnière, rue des Petits Carreaux et rue Montorgueil. Cette activité va cesser complètement à l'arrivée du chemin de fer vers les années 1840. 

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    Le Chemin des Poissonniers sur le plan Roussel de 1730 (le carré rouge figure la position actuelle du carrefour Barbès)

     

    Cette rue a connu de nombreux changements de noms par le passé. Sa plus ancienne dénomination connue est chemin de la Marée et date de 1307, puis le toponyme évolue en chemin de la Marre (1514) et dérive en chemin Puquetière (1661). Sur certains plans, on la retrouve aussi sous le nom de chemin d’Epinay, Chemin des PoissonnièresChemin de Saint-Denis ou encore chemin vers la Franciade (La Franciade était le nom de Saint-Denis pendant la Révolution, La Chapelle Saint-Denis s'appelait Chapelle Franciade). Ensuite, la voie prend le nom de "chemin des Poissonniers". Elle est nommée rue de la Barrière Poissonnière sur un plan de 1837, pour finir par être baptisée par son nom actuel de rue des Poissonniers durant la première moitié du 19e siècle, mais seulement pour la partie comprise entre le boulevard de la Chapelle et la rue Marcadet, le surplus gardant le nom de chemin des Poissonniers. La voie est classée dans les voies parisiennes en 1863 et prend le nom de rue des Poissonniers dans sa totalité.

     

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    La barrière Poissonnière en 1819 (peinture de Palaiseau)

     

    Jusqu’à l’annexion des communes suburbaines à Paris en 1860, la rue des Poissonniers marquait la frontière entre les paroisses, puis les communes, de Montmartre et la Chapelle Saint-Denis. La rue des Poissonniers était une voie d’entrée du Nord de Paris et qui s’arrêtait donc à l’entrée de la ville, à la barrière Poissonnière.

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    Médaille commémorative de la pose de la première pierre du bâtiment de l'octroi de la barrière Poissonnière, le 25 août 1824

     

    La Barrière Poissonnière était une porte secondaire du Nord de la capitale, ouverte sur le Mur des Fermiers généraux entre la barrière Saint-Denis et la barrière de Rochechouart. D’abord nommée barrière Sainte-Anne à sa construction en 1645, la rue du faubourg Poissonnière s’appelant auparavant "rue Sainte-Anne", cette barrière pris également le nom de barrière du Télégraphe, en référence au télégraphe des frères Chappe qui marquait alors le sommet de la Butte Montmartre, avant de prendre le nom de barrière Poissonnière jusqu’à sa destruction en 1860 lors de la suppression du mur des Fermiers généraux et la création des boulevards sur son tracé. La villa Poissonnière, petite voie privée du quartier, ouverte en 1841, tient son nom de sa proximité avec cette barrière. 

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    "Prise de la Barrière Poissonnière par la Garde nationale en 1848", tableau d'Eugène Bazin

     

    Après l'annexion de Montmartre et de La Chapelle en 1860, la rue des Poissonniers a gardé son caractère frontalier, partageant depuis les quartiers administratifs de Clignancourt et de la Goutte d'Or. Frontière dont la rue des Poissonniers a cédé un peu de terrain au boulevard Barbès (première partie du boulevard Ornano à sa création) créé pour prolonger le boulevard Magenta et qui l'a amputé d'un petit tronçon à son percement en 1863.  

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    La barrière Poissonnière avant sa destruction en 1860

     

    En jouxtant une barrière de Paris, la rue des Poissonniers bénéficie d’une position favorable au développement d’auberges et de cabarets, car situés « hors les murs » ces établissements échappaient aux taxes parisiennes et la surveillance policière y était beaucoup plus relâchée. Cet environnement favorise aussi le développement d’une prostitution beaucoup moins contrôlée que dans les murs de la ville. Bon nombre de livreurs et de mareyeurs s’arrêtaient dans ces cabarets avant d’entrer à Paris pour y boire et manger à un coût moindre, on y croisait également des malfrats trouvant là un refuge discret ainsi que des bourgeois sortis de la ville pour s’encanailler à bons frais. L'activité, prostitutionnelle notamment, va perdurer longtemps après la destruction du mur.

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    La rue des Poissonniers au croisement avec la rue Myrha, vers 1900

     

    Mais si la rue des Poissonniers a abrité une activité de cabaretiers, elle a vu également se développer une activité industrielle dès le 18e siècle avec l’installation d’une importante nitrière artificielle à l’angle de la rue de la Goutte d’Or. Une nitrière, ou salpêtrière, était destinée à la fabrication du salpêtre, en l'occurrence pour fabriquer de la poudre à canon. Pour se faire, il fallait laisser décanter dans de grands bassins du plâtre avec de l'urine et des excréments d'humains et d'animaux dans de grand bassins durant de longs mois, la réaction chimique provoquant la formation de salpêtre. Les moulins de la Butte des Couronnes voisins alimentaient la nitrière en plâtre qui était extrait dans les carrières environnantes.

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    La Nitrière artificielle des Cinq Moulins sur la plan Verniquet (1795)

     

    Parmi les différentes industries présentes, signalons les plus remarquables, comme les forges des établissements Pauwel, qui seront remplacés par les ateliers de la Compagnie générale des omnibus, qui s’étendaient sur un terrain sur lequel on percera plus tard les rues de Suez et de Panama en 1884, ou encore les ateliers et les entrepôts ferroviaires au-delà de la rue Marcadet.

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    Sur le chemin de l'usine, vue sur la rue des Poissonniers depuis la rue Marcadet, vers 1910

     

    Durant la seconde moitié du 19e siècle, une industrie s’est particulièrement développée le long de la rue des Poissonniers : la manufacture de pianos. Le facteur Pleyel a débuté sont activité de fabrication avec une usine à Montmartre, rue des Portes Blanches (qui débouche sur la rue des Poissonniers), et à sa suite, plusieurs facteurs de pianos s’installèrent rue des Poissonniers, comme le facteur A. Bord qui fut un des plus gros fabricants de pianos au monde en son temps. Mais dans ce quartier, la facture de pianos se limitait à la fabrication, la commercialisation se concentrant dans l'actuel 9ème arrondissement.

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    Au cours du 20e siècle, l'activité industrielle de la rue des Poissonniers s'est peu à peu éteinte pour laisser place à une vocation d'habitation et commerciale que nous lui connaissons aujourd'hui.

     

    à suivre : la rue de la Goutte d'Or

  • Histoire des rues de la Goutte d'Or : la rue Myrha

    Traditionnellement, le blog d’Action Barbès fait relâche pour l’été et quitte l’actualité de nos quartiers. Mais cette année durant la pause estivale, nous vous invitons à une promenade dans le temps à travers une série d’articles sur l’histoire des rues de la Goutte d’Or, ce quartier des faubourgs de Paris né dans la commune de La Chapelle.

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    Nous poursuivons notre exploration temporelle à travers les rues de la Goutte d'Or avec une des plus emblématiques du quartier : la rue Myrha.

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    La rue Myrha commence rue Stephenson et se termine 610 mètres plus loin, rue de Clignancourt, sa largeur varie de 10 à 12 mètres ; elle remonte et longe le versant Nord de l'ancienne Butte des Cinq Moulins pour aboutir sur le flanc Est de la Butte Montmartre. Elle est le fruit de la réunion de deux artères faubouriennes issues de lotissements privés spéculatifs entrepris sous la Monarchie de Juillet. Il faut donc remonter à la première moitié du 19ème siècle dans les communes de La Chapelle et de Montmartre pour voir naître ces deux rues qui formeront l'actuelle rue Myrha.

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    La rue Myrha depuis la rue de Clignancourt, vers 1900

     

    Vers la fin des années 1830, la partie Sud de l'actuel quartier de la Goutte d'Or, située entre les rues de la Goutte d'Or et de Jessaint et le boulevard de la Chapelle, alors territoire de la commune suburbaine de La Chapelle, est presque totalement lotie sur des initiatives privées. Les rues de la Charbonnière, de Chartres et Fleury ont vu le jour depuis une vingtaine d'années et sont largement bâties, mais elles ne seront baptisées officiellement et classées dans les voies municipales qu'en 1842. Ici s'étendent le hameau de la Goutte d'Or à l'Ouest et le hameau Saint-Ange à l'Est. Plus au Nord, la rue Doudeauville a été ouverte en 1826, entre la rue Marx Dormoy (alors Grande Rue à La Chapelle) et la rue des Poissonniers, et un nouveau chemin des Cinq Moulins est percé (une portion de l'actuelle rue Stephenson ; la rue de la Goutte d'Or a aussi été nommée chemin des Cinq Moulins, la rue de Polonceau également). Entre la partie lotie au Sud du territoire et la rue Doudeauville, il subsiste un dernier moulin de la Butte des Cinq Moulins et quelques constructions autour, mais au-delà de la rue Polonceau (alors rue des Couronnes) les terrains ne sont pas encore urbanisés, alors que la pression immobilière s'accentue. Plusieurs rues sont ouvertes, toujours sur des initiatives de spéculateurs privés. Ainsi, à la fin des années 1830 début des années 1840, plusieurs voies sont ouvertes : la rue d'Alger (rue Affre), la rue Cavé, la rue Ernestine, la rue des Gardes, la rue de Mazagran (rue Laghouat), la rue  d'Oran, qui seront municipalisées de 1841 à 1850. En 1839, messieurs Rouquairol et Flury ouvrent la rue Léon (tronçon entre les rues Myrha et Doudeauville) et la rue de Constantine (tronçon entre les rues Léon et des Poissonniers). La rue de Constantine est très vite prolongée et s'étire alors du chemin des Cinq Moulins (rue Stephenson) à l'Est jusqu'à à la rue des Poissonniers à l'Ouest. La voie est classée dans les voies municipales de La Chapelle par une ordonnance royale du 31 juillet 1841. Voilà ouverte la première partie de la future rue Myrha.

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    Rue de Constantine sur le plan Dufour, 1841 (avec quelques fautes)

     

    Le nom de Constantine, ville algérienne, fait référence à la récente conquête coloniale de l'Algérie. Dans ces années-là, la municipalité de La Chapelle a baptisé un bon nombre de ses rues pour célébrer les conquêtes coloniales françaises. Si certains noms ont été remplacés depuis, la plupart pour cause de doublon après l'annexion à Paris (rues d'Alger, de Mazagran...), il en subsiste plusieurs dans les quartiers de la Goutte d'Or et de la Chapelle : la rue de la Guadeloupe, la rue de la Louisiane, la rue de la Martinique, la rue d'Oran ou la rue de l'Olive. À cet égard, la rue de l'Olive mérite une petite digression. En effet, la rue de l'Olive s'est nommée rue l'Olive jusqu'en 2011, faisant référence à Charles Liénard de l'Olive (par convention, les particules n'apparaissent pas dans les noms de rue à Paris), colonisateur de la Guadeloupe. En 2011, le conseil municipal décide de renommer astucieusement la rue en lui ajoutant l'article "de", afin que désormais la rue ne célèbre plus un colon sanguinaire mais le plus sympathique fruit oléagineux. 

    Mais revenons à la rue Myrha, ou plutôt à la rue de Constantine. Nous avons vu que le coté Est de la rue des Poissonniers, sur la commune de La Chapelle, est à présent largement loti ou en cours de lotissement, du coté Ouest, sur la commune de Montmartre, le lotissement privé n'est pas en reste.

    Au débouché de la rue de Constantine, de l'autre coté de la rue des Poissonniers, la propriété du Château Rouge (en réalité une maison bourgeoise de briques rouges) s'étend sur la commune de Montmartre, entre les actuelles rues Christiani, de Clignancourt, Ramey, Doudeauville et des Poissonniers.  

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    À partir de 1844, l'arrivée du chemin de fer va accentuer la demande immobilière dans ce secteur. C'est cette année-là que le parc du Château Rouge va commencer à être loti et viabilisé à l'initiative des lotisseurs Frédéric Lévisse-Dubray et Charles-Henri Poulet-Langlet avec la société adjudicatrice Duseigneur & Cie. Ainsi, de nouvelles voies, que les deux promoteurs vont baptiser de leurs prénoms et noms, sont ouvertes : la rue Neuve des Poissonniers qui devient la rue Lévisse avant d'être absorbée par le percement du boulevard Barbès ; la rue du Château Rouge devenue la rue Poulet ; la rue Charles-Henri (premier nom de la partie de la rue Doudeauville entre la rue des Poissonniers et la rue de Clignancourt, qui se nommera ensuite rue Dejean avant de devenir une portion de la rue Doudeauville ; l'actuelle rue Dejean, percée plus tard, s'est d'abord appelée rue Neuve Dejean) ; la place du Phare qui devient celle du Château Rouge ; la partie de la rue de Clignancourt entre les rues Ramey et Marcadet ; et enfin la rue Frédéric qui est percée dans le prolongement de la rue de Constantine, depuis la rue des Poissonniers jusqu'à la rue de Clignancourt, voilà le deuxième tronçon qui constituera la rue Myrha.

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    Le domaine du Château Rouge sur l'Atlas Jacoubet de 1936

     

    Les terrains sont découpés en petites parcelles vendues nues ou bâties. Quelques immeubles construits à la période de cette première urbanisation (1844-1847) sont encore visibles dans le quartier, comme le 4 rue des Poissonniers/18 boulevard Barbès ou le 46 boulevard Barbès, tous deux surélevés depuis.

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    La rue Frédéric sur le plan cadastral de Montmartre (1830-1850)

     

    En 1847, ces voies nouvelles sont classées dans le domaine public par une ordonnance royale du 31 mars. Amputé de son parc, le Château Rouge accueille le bal éponyme. Le 10 juillet de cette année, il héberge le premier "Banquet réformiste" de la "Campagne des banquets", des réunions politiques qui finiront par déclencher la révolution de 1848 qui renverse le dernier souverain français, Louis-Philippe 1er, et institue la Deuxième République. Lors de de cette révolution de février 1848, le maire de Montmartre, le monarchiste Alexandre Biron, dont la fille unique de dix-huit ans est décédée un mois plus tôt, est destitué et quitte la vie politique.

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    La rue Frédéric est ensuite renommée rue Myrha. La date de changement de dénomination n'est pas connue, la première attestation historique du nom de rue Myrha date de septembre 1849. Officiellement, Myrha est le prénom de la fille de l'ancien maire Biron à qui la commune de Montmartre aurait rendu hommage. Certains commentateurs contestent cette attribution, et, en effet, plusieurs éléments viennent troubler cette certitude officielle : d'une part, il est plutôt étonnant que le conseil municipal républicain qui dirige alors Montmartre veuille rendre hommage à la fille de celui dont ils ont précipité la chute quelques mois plus tôt, d'autre part, dans les archives, le seul prénom de la fille de Biron que l'on puisse trouver est Marie, et non Myrha. Il serait nécessaire de pousser plus avant les recherches pour vérifier les origines de ce baptême. Qu'il fût celui de la fille de Biron ou non, l'origine du prénom Myrha vient du personnage de la mythologie grecque, la mère incestueuse d'Adonis. Au 19e siècle, le nom de la rue se retrouve écrit sous différentes formes : Myrha, Myrrha, Myrra, Mirrha ou encore Mirha.

    En 1860, lors de l'annexion des communes suburbaines à la capitale, ces deux rues deviennent parisiennes (officiellement par un décret de 1863), toutes deux dans le nouveau 18ème arrondissement, la rue Myrha dans le quartier administratif de Clignancourt et la rue de Constantine dans celui de la Goutte d'Or. Le percement du boulevard Barbès (initialement boulevard Magenta prolongé, puis première partie du boulevard Ornano jusqu'en 1882), entrepris à partir de 1863, va amputer la rue Myrha de quelques numéros.

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    Les rues Frédéric et de Constantine sur un plan édité en 1866

     

    En 1868, à la faveur d'une réorganisation des noms de voies du Paris nouvellement agrandi, la rue Myrha et la rue de Constantine sont fusionnées pour n'en former qu'une. L'artère prend le nom de rue Myrha, l'autre rue homonyme dans le 7ème arrondissement emportant le nom de Constantine, voilà notre rue Myrha à présent entière.

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    La rue Myrha depuis la rue des Poissonniers, vers 1900

     

    Une trace de cette fusion est encore visible aujourd'hui au 72 rue Myrha. Cette adresse était le début de la rue Frédéric, puis rue Myrha, à Montmartre, le numéro 2 de la rue. Au moment de la réunion des deux tronçons, l'ancienne rue Myrha a été re-numérotée. Le numéro 2 de l'ancienne rue Myrha à Montmartre devient le numéro 72 de la nouvelle rue Myrha à Paris. Le chambranle de la porte d'entrée porte encore les deux numéros, le chiffre 2 bien gravé dans la pierre témoignant de son passé montmartrois.

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    Entrée du 2 rue Myrha à Montmartre / 72 rue Myrha à Paris

     

    Au début du 20ème siècle, un projet de prolongement de la rue Myrha à l'Est par l'intermédiaire d'une passerelle devait voir le jour. Ce passage piéton devait passer sous le porche de l'immeuble faisant face à la rue Myrha, au 36 rue de Stephenson, enjamber les voies de chemin de fer du Nord sur une passerelle et rejoindre la rue Marx Dormoy par la cité de la Chapelle. Jugée non-prioritaire par les édiles parisiennes de l'époque, l'idée a été finalement abandonnée. La rue Myrha resta donc dans les proportions que nous lui connaissons aujourd'hui.

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    La rue Myrha vue depuis la rue Stephenson, vers 1900

     

    Avant de quitter la rue Myrha, remontons-la une dernière fois en s'arrêtant à quelques adresses empreintes d'histoire.

    • N°5 : Bel immeuble locatif de style Louis-Philippe datant du début des années 1840, en cours de restauration/transformation.

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    • N°36 : Ancien cinéma l'Artistic Myrha Palace (puis Myrha Palace) ouvert de 1912 à 1978. Il devient ensuite l'Église du Nazaréen, fermée récemment.

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    • N° 47 : Emplacement du Bal Adrien, connu pour avoir été un lieu de rendez-vous de la pègre du début du 20ème siècle : les Apaches.

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    • N°63 : Pendant la Commune de Paris,le 23 mai 1871, Jaroslaw Dombrowski est tué devant le numéro 63 de la rue Myrha.

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    • N°76 : Résidence du docteur Dupas. Le 16 novembre 1867 se tient une réunion d'un groupe de l’Association Internationale des Travailleurs, réunissant notamment : Jean Roulier, Victorine Brocher-Rouchy, Léo Fränkel, Auguste Vermorel et Charles Delescluze.

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    • N°80 : Après la Commune, Eugène Pottier se cache à cette adresse. Il y écrit le poème "L'internationale" qui sera mis en musique par Pierre Degeyter. L'Internationale est née rue Myrha.

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    • N°84 : Ateliers d'Adolphe Sax l'inventeur du saxophone, de 1910 à 1929. Son établissement sera racheté par la société Selmer qui fera fonctionner ses ateliers ici jusqu'en 1981. 

  • Manifestation de soutien rue Turgot

    Samedi 27 s’est déroulée une manifestation de soutien à Khaled Hammani devant l’école de la rue Turgot. Initiée par la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves du 9ème, avec le soutien actif de la Ligue des Droits de l’Homme et de la Mairie du 9ème, cette manifestation, qui a regroupé environ 200 personnes, voulait exprimer la solidarité des habitants du quartier à ce ressortissant tunisien.

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    Quelle est la situation ? Arrivé en France il y a dix ans, Khaled Hammani est père de deux enfants (3 et 6 ans dont le plus âgé scolarisé à l’école de la rue Turgot) vit dans le quartier Trudaine Rochechouart. Arrêté lors d’un simple contrôle d’identité, sa situation irrégulière lui a valu une décision de reconduite à la frontière par la Préfecture de Police, décision confirmée le 22 janvier par le Tribunal Administratif. Placé dans un centre, il fut remis en liberté par un Juge des Libertés car présentant des garanties de représentation, charge à lui de se présenter au commissariat de police du 9ème tous les jours. Son recours devant la Cour d’Appel Administrative de la décision du Tribunal n’étant pas suspensive de la peine, venir « pointer » au commissariat signifie en fait pour lui une seconde arrestation et l’application immédiate de reconduite à la frontière le séparant ainsi de sa famille. Il vit donc aujourd’hui dans la clandestinité en attendant la décision de la Cour d’Appel qui n’interviendra pas avant plusieurs semaines. Le Tribunal n’a pas encore publié les motivations de sa décision de reconduite à la frontière et le fera dans les prochains jours. Comme cela arrive le plus fréquemment, il y a fort à parier que la décision du Tribunal s’appuie sur le manque de justificatifs attestant de son installation en France.

    La Cour d’Appel rejugeant l’affaire au fond, la FCPE et la Mairie du 9ème se sont mobilisées. Le Maire de l’arrondissement a écrit au Préfet de Police de Paris, lui a permis de trouver un avocat pour traiter son dossier. La FCPE quant à elle fait circuler une pétition de soutien. Au-delà des divergences qui peuvent exister sur un sujet sensible, nous sommes ici confrontés à un drame humain, d’enfants nés en France qui seront français à leur majorité et qui risquent d’être  séparés de leur père. On ne peut pas rester insensible à cette situation. Si vous souhaitez participer à la pétition, vous pouvez la télécharger sur ce blog et après l’avoir signée, la déposer dans la boite aux lettres de la FCPE à l’école de la rue Turgot.