Devant le numéro 23 de la rue de Jessaint, au débouché de la rue Affre dans la Goutte d'Or, est installée une corbeille de rue. Jusque là rien d'inhabituel, si ce n'est la présence récurrente de sacs d'ordures ménagères entassés autour de ladite corbeille. Et par "récurrente", il faut comprendre "quotidienne" et ce depuis plusieurs années. De prime abord, on pourrait penser que les habitants de cet immeuble sont bien peu civils à ainsi abandonner leurs déchets dans l'espace public, qui plus est à quelques mètres du square Alain Bashung, risquant ainsi d'attirer des rats par ici.
Mais arrêtons là les spéculations et n'incriminons pas les habitants du 23 rue de Jessaint, qui, s'ils sont bien les auteurs de ces dépôts sauvages, sont les premières victimes de cette situation. En effet, en échangeant avec ces habitants, on apprend que dans cet immeuble appartenant à la Ville de Paris et géré par par un bailleur social, l'accès au local poubelles est fermé aux habitants, leur seule solution pour se débarrasser de leurs déchets étant des vide-ordures minuscules. Bien contre leur volonté - ils réclament depuis longtemps un local poubelles accessible dans leur immeuble - ils n'ont pas d'autre choix que de déposer leurs sacs d'ordures sur la voie publique : "Vous imaginez bien qu'on est pas ravi d'avoir un tas de poubelles devant chez soi" nous confiait, dépitée, une habitante de l'immeuble. Il faut noter que les sacs sont toujours correctement fermés et déposés "proprement", mais un dépôt sauvage en appelant d'autres, on constate que d'autres types de déchets (gravats, mobilier...) viennent souvent grossir le tas.
23 rue de Jessaint, juin 2020
Nous avons nous-même alerté les élus concernés du 18e sur ce sujet il y a plusieurs mois, mais rien n'y fait. Il n'y aurait pas de solution en vue avec les bailleurs sociaux (une solution proposée : poser ses ordures dans un immeuble voisin ! Qui consentirait à cela pour soi-même ?). Il faudrait donc accepter que la rue soit considérée comme un local poubelle possible. Une situation d'autant plus préoccupante qu'il semblerait que l'immeuble sis au numéro 53 de la rue de la Goutte d'Or et celui au 5-7 de la rue de la Charbonnière, toujours dans le quartier de la Goutte d'Or, connaissent des situations similaires.
On se demande donc ce qu'il faut faire pour que les règles élémentaires d'hygiène soient appliquées ici et que des travaux de mise en conformité soient entrepris dans les immeubles concernés - les bailleurs sociaux ont des budgets pour cela -, et que l'on respecte enfin les familles qui vivent dans ces immeubles, ainsi que les habitants du quartier qui voient leurs rues transformées en local poubelles ?
23 rue de Jessaint, août 2021