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Rechercher : conseils de quartier

  • Toute l'Ile de France gratuitement le week end, mais...

    Le site de la Ville réserve parfois de bonnes nouvelles !

    Nous savions depuis toujours...(!) que les cartes réservées aux écoliers et étudiants, la carte Imagine'R, donnaient droit à la gratuité sur le réseau francilien les jours fériés et le week end. Mais il semble que cette offre s'étende à tous les porteurs d'un Pass Navigo depuis le 1er septembre. C'est ce qu'on appelle le dézonage, mesure qui a été entérinée par le conseil d'administarion du STIF le 11 juillet. Voici ce qu'on peut lire sur le site de la Mairie de Paris.

     

    Pass Navigo : l'Île-de-France s'offre à vous le week-end

     

    A compter de ce samedi 1er septembre, le pass Navigo sera en zone unique chaque week-end et tous les jours fériés. Aller partout en Île-de-France quel que soit son abonnement, c'est une petite révolution en marche et l'occasion rêvée de profiter de notre région.

     

    Train jouet

    Toutefois, certains déplorent la disparition des cartes Améthiste et Émeraude qui assuraient la gratuité des transports parisiens à certaines catégories d'usagers. Fini le coupon magnétique pour les personnes âgées ou handicapées. On rebat les cartes, avec un test sur Paris d'abord, à partir du 1er décembre, puis progressivement dans toute l'Île-de-France. Le Pass Navigo sera omniprésent. Une façon aussi de simplifier l'offre. Mais adieu la gratuité...

    Les tarifs sont déjà connus et consultables sur le site de la ville. On note toutefois un léger flou sur le tarif applicable aux personnes bénéficiaires de minima sociaux ou de la carte Paris Solidarité. La presse annonce 20 euros par an et Paris.fr la gratuité. Voici ce qu'on peut lire en bref : 

    Le Pass Navigo Émeraude-Améthyste couvre les zones 1 et 2 : il coûtera 20 euros par an pour les bénéficiaires de minima sociaux et 40 euros/an pour les usagers assujettis à un impôt inférieur ou égal à 2028 euros.

    Vous préférez un tableau ? C'est celui du site de la Ville, qui affiche clairement "gratuité".

    BénéficiairesNavigo  Emeraude Améthyste
    zones 1-2

    Anciens combattants et veuf(ve)s de guerre âgé(e)s de  65 ans et plus

    Gratuité
    Bénéficiaires d’un minimum social et/ou de Paris SolidaritéGratuité
    Usagers justifiant d’un montant d’impôt inférieur ou égal à 2 028 € (2 287 € en cas de renouvellement)40 €/an

    Le Pass Navigo Améthyste couvre les zones de 1 à 5  : il coûtera 159,89 euros pour les personnes soumises à un impôt inférieur à 992 euros, ainsi qu'aux anciens combattants et veufs-veuves de guerre ; il coûtera 240,64 euros pour les personnes soumises à un impôt inférieur à 2028 euros.

    BénéficiairesNavigo  Améthyste
    zones 1-5
    Usagers justifiant d’un montant d’impôt inférieur ou égal à 992 €159,89 €
    Usagers justifiant d’un montant d’impôt inférieur ou égal à 2 028 € (2 287 € en cas de renouvellement)240,64 €

    Anciens combattants et veuf(ve)s de guerre âgé(e)s de  65 ans et plus

    159,89 €

    Une autre bonne nouvelle : ces 2 nouveaux Pass Navigo permettront de bénéficier de la gratuité ou de tarifs avantageux dans les musées, piscines, parcs et jardins municipaux.

  • La prochaine restructuration du bureau de poste Paris Gare du Nord

    le recul annoncé de la mission de service public postal dans le 10e arrondissement, et des désagréments en perspective pour les clients des bureaux de poste voisins!

    Les rumeurs se confirment
    A en croire les nombreuses analyses qui foisonnent actuellement dans les différents médias, la Poste semble traverser une période difficile marquée par d’importantes turbulences sociales. Et les bureaux de poste du 10e arrondissement ne sont pas en reste, avec, semble-t-il, la restructuration annoncée de ses services, qui pourrait significativement et négativement impacter le niveau de qualité de ses prestations pour les habitants et ses usagers dans l’arrondissement.
    En bref, les difficultés de La Poste ne semblent pas sur le point de s’estomper; il n’est pas audacieux de dire qu’elles pourraient même s’accentuer dans un avenir proche au regard des changements évoqués au niveau local pour la structure et l’organisation des bureaux de poste du 10e arrondissement.

    paris,10e,RF,Féraud,Dreyfus,Poste,Gare-du-nordBien que la direction de La Poste n’ait jamais communiqué officiellement sur ce sujet, les changements envisagés concernent le bureau de poste de Paris Gare du Nord. Ce bureau de poste avait été inauguré en grandes pompes en avril 2010 après un investissement de 1.9 millions € pour son réaménagement et sa relocalisation au 8 rue de Dunkerque. Avec plus de 1800 usagers par jour, il est l’un des bureaux de poste les plus fréquentés de France, après celui de Paris Louvre.
    Avec les opérations de « banque sociale » (e.g. retrait d’espèces sur les livret A, et des prestations sociales : RSA, allocations familiales, indemnités de chômage, etc.) représentant environ 40 % de sa clientèle, ce bureau de poste Paris Gare du Nord a une véritable et importante mission sociale de proximité dans l’arrondissement. Par ailleurs, il traite le plus grand nombre de mandats Western Union en France, à l’image d’une part non négligeable de clientèle d’origine étrangère et de passage compte tenu de la localisation sur la Gare du Nord.
    D’une manière générale, la vocation sociale des services financiers postaux, comme un pan à part entière de sa mission de service public, ne doit pas être oubliée au titre des missions que doit remplir La Poste.

    La restructuration via les réductions de personnel
    Après une première réduction de moitié en 2011 (3 sur 6), les guichets financiers de Paris Gare du Nord seraient définitivement supprimés dans le cadre de ce nouveau projet de restructuration. L’objectif de la direction de La Poste est de privilégier l’utilisation des automates par la clientèle et de favoriser le mode de fonctionnement de ce bureau de poste en simple boutique. La raison invoquée par la direction régionale Paris Nord de La Poste pour cette restructuration et la fermeture définitive des guichets financiers : la récurrence des incivilités de type agressions verbales, voire physiques à l’égard des employés ou même entre usagers de ce bureau de poste. Le bureau de Paris Gare du Nord serait rattaché à celui de Paris Magenta, situé au square Alban Satragne à proximité de la Gare de l’Est. Ce rattachement organisationnel traduit en fait une fusion, visant à réduire l’effectif global de ces deux bureaux.

    Pour quels profits à terme ?
    Eu égard à la fréquentation déjà importante du bureau de poste Paris Magenta et de l’attente déjà longue pour accéder aux guichets, nous ne pouvons que craindre une augmentation des tensions éventuelles entre les usagers et les employés de la Poste et une détérioration des conditions de travail des employés des bureaux de postes à proximité (Paris Magenta, Paris Louis Blanc pour le 10e, et Paris Philippe de Girard, Paris La Goutte d’Or dans le 18e) sur lesquels la clientèle des opérations financières devrait se reporter pour ses retraits.
    Cette réduction de moyens s’accompagnera de facto par une dégradation de la satisfaction de la clientèle: il est donc peu probable que cette restructuration permette d’atteindre l’objectif initial affiché de réduction des incivilités à l’égard des employés de la Poste ou de réduction des tensions entre usagers.
    L’utilisation des automates entraînera la diminution des contacts directs avec la clientèle et se fera au détriment des missions sociales de La Poste, à l’égard notamment de la clientèle la plus modeste ou en difficulté, ou encore âgée, que l'utiilisation des automates déboussolent souvent.
     
    De La Poste à la Banque postale
    Cette tendance à l’automatisation des services financiers dans les bureaux de poste suit celle constatée images?q=tbn:ANd9GcT4rZvoHdVkNNgmDDm7SPFUfL_mpfL3W_gZLzIgAMN2E4FO3xiGZQdepuis longue date dans les banques commerciales. Ainsi, au sein du réseau parisien des agences BNP Paribas, il est devenu pratiquement impossible de trouver un guichet pour effectuer des retraits. L’argument invoqué est toujours celui de la sécurité, eu égard aux braquages des agences gérant des espèces. Mais plus généralement, avec cette automatisation, l’objectif des établissements bancaires est d’inciter leurs clients à souscrire à des bouquets de service forfaitaires «tout compris», comprenant la cotisation de la carte bancaire et d’autres fonctionnalités dont ils n’auront pas forcément l’utilité mais qui leur seront tout de même facturées. Le but est d’accroitre la rentabilité financière des activités de la banque de détail, avec, d’un côté, l’augmentation des revenus par client et, de l’autre côté, la réduction des coûts associés au maintien de la sécurité des guichets et à la baisse des coûts de personnels du fait de l’automatisation.

    Que reste-t-il du service public ? Les élus réagissent

    images?q=tbn:ANd9GcQ17bIlx_1TBduDpA5g-GmdSukChHAJrjw4nVogjFzQfJsE368mPour La Poste, cette logique accentuée de rentabilité porte cependant atteinte à sa mission de service public de proximité et à ses missions sociales. La direction cherche à réduire les contacts directs avec la clientèle. Cette tendance touche plus particulièrement le 10e arrondissement, où la direction a déjà réduit le niveau des prestations. Par exemple, à Paris Gare du Nord et Paris Magenta, le niveau de retrait autorisé aux guichets (sans préavis préalable de 72h) a déjà été plafonné à 1000 €, contre 1500 € auparavant, niveau pourtant maintenu dans la plupart des autres bureaux de poste parisiens. Avec la suppression des guichets financiers au bureau Paris Gare du Nord, la palette des prestations offertes par La Poste à ses clients fond à vue d'oeil. 

    Les représentants locaux et parisiens du syndicat CGT de La Poste ont révélé ce projet de restructuration aux élus du 10e arrondissement et aux autres acteurs de la vie locale (Conseils de Quartiers etc.) courant février 2012. La direction régionale Paris Nord de La Poste, quant à elle, n’avait pas jugé utile d’en informer les élus.

    Le 21 février dernier, le maire du 10e, Rémi Féraud, a donc rencontré les représentants locaux de la CGT de La Poste. Puis il a  adressé, le 6 mars, une lettre au directeur territorial de La Poste Paris Nord, François Pain, pour lui faire part de ses craintes. Le maire lui a notamment indiqué que cette restructuration du bureau Paris Gare du Nord « porte préjudice au service public postal dans le 10e  » (notamment du fait de l’augmentation prévisible des temps d’attente aux guichets des bureaux de Paris Magenta et Louis Blanc) et lui a demandé de réexaminer ce projet envisagé.   

    Le 12 mars dernier, un voeu, reprenant les problématiques et les difficultés liées à cette restructuration, a été présenté par les élus communistes, Alain Lhostis et Marie-Thérèse Eychart, et adopté par le conseil d'arrondissement du 10e. Les élus ont à nouveau soulignés les impacts négatifs : atteinte à la mission sociale du bureau de poste Paris Gare du Nord très fréquenté, détérioration prévisible de l’accueil des clients dans les bureaux voisins et baisse de l’accessibilité des prestations du service public de proximité et de banque sociale, ne pouvant qu’exacerber à court et moyen terme ces incivilités que ce projet prétend pourtant réduire.

    Un malaise plus généralisé
    Cette réorganisation, susceptible de porter un coup aux missions locales de La Poste dans le 10e , est révélée dans un contexte très agité au sein du groupe La Poste au niveau national.
    A l’image de ces turbulences au sein de La Poste, l’ancienne Directrice des Ressources Humaines des Services Financiers et du Réseau Grand Public d’Ile-de-France, Astrid Herbert-Ravel, a récemment et publiquement dénoncé, à la mi-mars 2012, les moyens employés par la direction générale de La Poste pour faire évoluer la culture d’entreprise au sein du groupe postal dirigé par Jean-Paul Bailly.
    Par divers moyens très contestables (pressions, intimidation, brimades, privation de moyens, acharnement hiérarchique, et ce, « de façon exponentielle dans tous les métiers de La Poste, pour tous les échelons »), le harcèlement serait érigé, selon cette ancienne directrice RH, comme un « mode de management à part entière » au sein de La Poste, afin de réduire drastiquement son effectif et « moderniser » l’entreprise sans avoir recours à un plan social. Le syndicat CGT affirme ainsi que La Poste aurait supprimé 20 % de ses effectifs depuis 5 ans.
    Ces tensions et ce mal-être à La Poste sont très concrets, comme en témoignent les 3 récents suicides parmi ses employés, qui ont fait la une des médias. Ce malaise social a conduit son PDG, Jean-Paul Bailly, à annoncer le 19 mars dernier des « ajustements » dans les réorganisations en cours et « un grand dialogue pour améliorer la cohésion sociale ».

    Ces ajustements concerneront-ils aussi la réorganisation annoncée de ses activités financières dans le 10e arrondissement?
    Jean-Paul Bailly a toutefois exclu toute idée d’un moratoire ou d’une pause, prétextant que « l’adaptation de l’entreprise ne peut s’arrêter ». Il est évident que le statut de ces réorganisations devient un dossier politique dans le contexte actuel des élections présidentielles.
    En conséquence, ce projet touchant les services du bureau de Poste Paris Gare du Nord devient un dossier sensible pour le 10e. Dans tous les cas, il signifierait, pour les habitants du 10e et les usagers des bureaux de l’arrondissement, une diminution importante de la qualité des prestations et de l’accès à ce service public. Par ailleurs, l’inquiétude des employés de La Poste dans les bureaux concernés par la restructuration, au regard des conséquences d’un tel projet, reflète le climat social anxiogène et de crise qui ébranle le groupe postal.  

    Disparition des missions de service public, baisse de qualité des prestations : La Poste y perd son âme.

    Affaire à suivre !

    Et hasard de l'actualité : ce matin sur France Inter, Guillaume Erner consacrait son émission de 10h à 11h sur les malheurs de la Poste, pour être plus exact sur les malheurs des postiers qui ne reconnaissent plus le service public de proximité qu'ils aimaient. Ecoutez, c'est ici 

  • Histoire des rues de la Goutte d'Or : la rue Myrha

    Traditionnellement, le blog d’Action Barbès fait relâche pour l’été et quitte l’actualité de nos quartiers. Mais cette année durant la pause estivale, nous vous invitons à une promenade dans le temps à travers une série d’articles sur l’histoire des rues de la Goutte d’Or, ce quartier des faubourgs de Paris né dans la commune de La Chapelle.

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    Nous poursuivons notre exploration temporelle à travers les rues de la Goutte d'Or avec une des plus emblématiques du quartier : la rue Myrha.

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    La rue Myrha commence rue Stephenson et se termine 610 mètres plus loin, rue de Clignancourt, sa largeur varie de 10 à 12 mètres ; elle remonte et longe le versant Nord de l'ancienne Butte des Cinq Moulins pour aboutir sur le flanc Est de la Butte Montmartre. Elle est le fruit de la réunion de deux artères faubouriennes issues de lotissements privés spéculatifs entrepris sous la Monarchie de Juillet. Il faut donc remonter à la première moitié du 19ème siècle dans les communes de La Chapelle et de Montmartre pour voir naître ces deux rues qui formeront l'actuelle rue Myrha.

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    La rue Myrha depuis la rue de Clignancourt, vers 1900

     

    Vers la fin des années 1830, la partie Sud de l'actuel quartier de la Goutte d'Or, située entre les rues de la Goutte d'Or et de Jessaint et le boulevard de la Chapelle, alors territoire de la commune suburbaine de La Chapelle, est presque totalement lotie sur des initiatives privées. Les rues de la Charbonnière, de Chartres et Fleury ont vu le jour depuis une vingtaine d'années et sont largement bâties, mais elles ne seront baptisées officiellement et classées dans les voies municipales qu'en 1842. Ici s'étendent le hameau de la Goutte d'Or à l'Ouest et le hameau Saint-Ange à l'Est. Plus au Nord, la rue Doudeauville a été ouverte en 1826, entre la rue Marx Dormoy (alors Grande Rue à La Chapelle) et la rue des Poissonniers, et un nouveau chemin des Cinq Moulins est percé (une portion de l'actuelle rue Stephenson ; la rue de la Goutte d'Or a aussi été nommée chemin des Cinq Moulins, la rue de Polonceau également). Entre la partie lotie au Sud du territoire et la rue Doudeauville, il subsiste un dernier moulin de la Butte des Cinq Moulins et quelques constructions autour, mais au-delà de la rue Polonceau (alors rue des Couronnes) les terrains ne sont pas encore urbanisés, alors que la pression immobilière s'accentue. Plusieurs rues sont ouvertes, toujours sur des initiatives de spéculateurs privés. Ainsi, à la fin des années 1830 début des années 1840, plusieurs voies sont ouvertes : la rue d'Alger (rue Affre), la rue Cavé, la rue Ernestine, la rue des Gardes, la rue de Mazagran (rue Laghouat), la rue  d'Oran, qui seront municipalisées de 1841 à 1850. En 1839, messieurs Rouquairol et Flury ouvrent la rue Léon (tronçon entre les rues Myrha et Doudeauville) et la rue de Constantine (tronçon entre les rues Léon et des Poissonniers). La rue de Constantine est très vite prolongée et s'étire alors du chemin des Cinq Moulins (rue Stephenson) à l'Est jusqu'à à la rue des Poissonniers à l'Ouest. La voie est classée dans les voies municipales de La Chapelle par une ordonnance royale du 31 juillet 1841. Voilà ouverte la première partie de la future rue Myrha.

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    Rue de Constantine sur le plan Dufour, 1841 (avec quelques fautes)

     

    Le nom de Constantine, ville algérienne, fait référence à la récente conquête coloniale de l'Algérie. Dans ces années-là, la municipalité de La Chapelle a baptisé un bon nombre de ses rues pour célébrer les conquêtes coloniales françaises. Si certains noms ont été remplacés depuis, la plupart pour cause de doublon après l'annexion à Paris (rues d'Alger, de Mazagran...), il en subsiste plusieurs dans les quartiers de la Goutte d'Or et de la Chapelle : la rue de la Guadeloupe, la rue de la Louisiane, la rue de la Martinique, la rue d'Oran ou la rue de l'Olive. À cet égard, la rue de l'Olive mérite une petite digression. En effet, la rue de l'Olive s'est nommée rue l'Olive jusqu'en 2011, faisant référence à Charles Liénard de l'Olive (par convention, les particules n'apparaissent pas dans les noms de rue à Paris), colonisateur de la Guadeloupe. En 2011, le conseil municipal décide de renommer astucieusement la rue en lui ajoutant l'article "de", afin que désormais la rue ne célèbre plus un colon sanguinaire mais le plus sympathique fruit oléagineux. 

    Mais revenons à la rue Myrha, ou plutôt à la rue de Constantine. Nous avons vu que le coté Est de la rue des Poissonniers, sur la commune de La Chapelle, est à présent largement loti ou en cours de lotissement, du coté Ouest, sur la commune de Montmartre, le lotissement privé n'est pas en reste.

    Au débouché de la rue de Constantine, de l'autre coté de la rue des Poissonniers, la propriété du Château Rouge (en réalité une maison bourgeoise de briques rouges) s'étend sur la commune de Montmartre, entre les actuelles rues Christiani, de Clignancourt, Ramey, Doudeauville et des Poissonniers.  

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    À partir de 1844, l'arrivée du chemin de fer va accentuer la demande immobilière dans ce secteur. C'est cette année-là que le parc du Château Rouge va commencer à être loti et viabilisé à l'initiative des lotisseurs Frédéric Lévisse-Dubray et Charles-Henri Poulet-Langlet avec la société adjudicatrice Duseigneur & Cie. Ainsi, de nouvelles voies, que les deux promoteurs vont baptiser de leurs prénoms et noms, sont ouvertes : la rue Neuve des Poissonniers qui devient la rue Lévisse avant d'être absorbée par le percement du boulevard Barbès ; la rue du Château Rouge devenue la rue Poulet ; la rue Charles-Henri (premier nom de la partie de la rue Doudeauville entre la rue des Poissonniers et la rue de Clignancourt, qui se nommera ensuite rue Dejean avant de devenir une portion de la rue Doudeauville ; l'actuelle rue Dejean, percée plus tard, s'est d'abord appelée rue Neuve Dejean) ; la place du Phare qui devient celle du Château Rouge ; la partie de la rue de Clignancourt entre les rues Ramey et Marcadet ; et enfin la rue Frédéric qui est percée dans le prolongement de la rue de Constantine, depuis la rue des Poissonniers jusqu'à la rue de Clignancourt, voilà le deuxième tronçon qui constituera la rue Myrha.

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    Le domaine du Château Rouge sur l'Atlas Jacoubet de 1936

     

    Les terrains sont découpés en petites parcelles vendues nues ou bâties. Quelques immeubles construits à la période de cette première urbanisation (1844-1847) sont encore visibles dans le quartier, comme le 4 rue des Poissonniers/18 boulevard Barbès ou le 46 boulevard Barbès, tous deux surélevés depuis.

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    La rue Frédéric sur le plan cadastral de Montmartre (1830-1850)

     

    En 1847, ces voies nouvelles sont classées dans le domaine public par une ordonnance royale du 31 mars. Amputé de son parc, le Château Rouge accueille le bal éponyme. Le 10 juillet de cette année, il héberge le premier "Banquet réformiste" de la "Campagne des banquets", des réunions politiques qui finiront par déclencher la révolution de 1848 qui renverse le dernier souverain français, Louis-Philippe 1er, et institue la Deuxième République. Lors de de cette révolution de février 1848, le maire de Montmartre, le monarchiste Alexandre Biron, dont la fille unique de dix-huit ans est décédée un mois plus tôt, est destitué et quitte la vie politique.

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    La rue Frédéric est ensuite renommée rue Myrha. La date de changement de dénomination n'est pas connue, la première attestation historique du nom de rue Myrha date de septembre 1849. Officiellement, Myrha est le prénom de la fille de l'ancien maire Biron à qui la commune de Montmartre aurait rendu hommage. Certains commentateurs contestent cette attribution, et, en effet, plusieurs éléments viennent troubler cette certitude officielle : d'une part, il est plutôt étonnant que le conseil municipal républicain qui dirige alors Montmartre veuille rendre hommage à la fille de celui dont ils ont précipité la chute quelques mois plus tôt, d'autre part, dans les archives, le seul prénom de la fille de Biron que l'on puisse trouver est Marie, et non Myrha. Il serait nécessaire de pousser plus avant les recherches pour vérifier les origines de ce baptême. Qu'il fût celui de la fille de Biron ou non, l'origine du prénom Myrha vient du personnage de la mythologie grecque, la mère incestueuse d'Adonis. Au 19e siècle, le nom de la rue se retrouve écrit sous différentes formes : Myrha, Myrrha, Myrra, Mirrha ou encore Mirha.

    En 1860, lors de l'annexion des communes suburbaines à la capitale, ces deux rues deviennent parisiennes (officiellement par un décret de 1863), toutes deux dans le nouveau 18ème arrondissement, la rue Myrha dans le quartier administratif de Clignancourt et la rue de Constantine dans celui de la Goutte d'Or. Le percement du boulevard Barbès (initialement boulevard Magenta prolongé, puis première partie du boulevard Ornano jusqu'en 1882), entrepris à partir de 1863, va amputer la rue Myrha de quelques numéros.

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    Les rues Frédéric et de Constantine sur un plan édité en 1866

     

    En 1868, à la faveur d'une réorganisation des noms de voies du Paris nouvellement agrandi, la rue Myrha et la rue de Constantine sont fusionnées pour n'en former qu'une. L'artère prend le nom de rue Myrha, l'autre rue homonyme dans le 7ème arrondissement emportant le nom de Constantine, voilà notre rue Myrha à présent entière.

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    La rue Myrha depuis la rue des Poissonniers, vers 1900

     

    Une trace de cette fusion est encore visible aujourd'hui au 72 rue Myrha. Cette adresse était le début de la rue Frédéric, puis rue Myrha, à Montmartre, le numéro 2 de la rue. Au moment de la réunion des deux tronçons, l'ancienne rue Myrha a été re-numérotée. Le numéro 2 de l'ancienne rue Myrha à Montmartre devient le numéro 72 de la nouvelle rue Myrha à Paris. Le chambranle de la porte d'entrée porte encore les deux numéros, le chiffre 2 bien gravé dans la pierre témoignant de son passé montmartrois.

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    Entrée du 2 rue Myrha à Montmartre / 72 rue Myrha à Paris

     

    Au début du 20ème siècle, un projet de prolongement de la rue Myrha à l'Est par l'intermédiaire d'une passerelle devait voir le jour. Ce passage piéton devait passer sous le porche de l'immeuble faisant face à la rue Myrha, au 36 rue de Stephenson, enjamber les voies de chemin de fer du Nord sur une passerelle et rejoindre la rue Marx Dormoy par la cité de la Chapelle. Jugée non-prioritaire par les édiles parisiennes de l'époque, l'idée a été finalement abandonnée. La rue Myrha resta donc dans les proportions que nous lui connaissons aujourd'hui.

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    La rue Myrha vue depuis la rue Stephenson, vers 1900

     

    Avant de quitter la rue Myrha, remontons-la une dernière fois en s'arrêtant à quelques adresses empreintes d'histoire.

    • N°5 : Bel immeuble locatif de style Louis-Philippe datant du début des années 1840, en cours de restauration/transformation.

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    • N°36 : Ancien cinéma l'Artistic Myrha Palace (puis Myrha Palace) ouvert de 1912 à 1978. Il devient ensuite l'Église du Nazaréen, fermée récemment.

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    • N° 47 : Emplacement du Bal Adrien, connu pour avoir été un lieu de rendez-vous de la pègre du début du 20ème siècle : les Apaches.

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    • N°63 : Pendant la Commune de Paris,le 23 mai 1871, Jaroslaw Dombrowski est tué devant le numéro 63 de la rue Myrha.

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    • N°76 : Résidence du docteur Dupas. Le 16 novembre 1867 se tient une réunion d'un groupe de l’Association Internationale des Travailleurs, réunissant notamment : Jean Roulier, Victorine Brocher-Rouchy, Léo Fränkel, Auguste Vermorel et Charles Delescluze.

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    • N°80 : Après la Commune, Eugène Pottier se cache à cette adresse. Il y écrit le poème "L'internationale" qui sera mis en musique par Pierre Degeyter. L'Internationale est née rue Myrha.

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    • N°84 : Ateliers d'Adolphe Sax l'inventeur du saxophone, de 1910 à 1929. Son établissement sera racheté par la société Selmer qui fera fonctionner ses ateliers ici jusqu'en 1981. 

  • Réaménagement des Grands Boulevards : 1ère réunion de concertation

    Nous avons annoncé cette première réunion de concertation  ici même (voir article du 29 mars) et en délégation, Action Barbès, s’est rendu sur place. La Ville a choisi le Gymnase Jean Verdier, situé dans le 10e arrondissement, non loin  de la place de la République, pour accueillir les quelques 200 personnes, riverains, commerçants, représentants d'associations, venus entendre les urbanistes parisiens.

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    Les services de la ville avaient préparé une présentation (en ligne prochainement sur le site de la mairie du 10e) avec de nombreuses photos pour illustrer le projet, dont on nous dit bien qu’il n’est qu’au stade de la proposition, puisque la concertation ne fait que commencer, et que, Annick Lepetit le dit elle-même, les habitants et les usagers des quartiers longeant les Grands Boulevards, sont les meilleurs experts.

    Pour répondre aux questions et remarques du public, les maires des 2, 3, 9, 10  arrondissements et Annick Lepetit, adjointe au maire de Paris chargée de la voirie et des transports. Concernés par ce vaste projet de mise à double sens de cinq  boulevards – Saint-Martin, Saint-Denis, Bonne Nouvelle, Poissonnière, Montmartre -, la Préfecture de police et la RATP, l’agence de développement de Paris, avaient également  leur représentant.

    Quelques chiffres et spécificités

    C’est un axe de 1700 mètres du carrefour Richelieu- Drouot à la place de la République ;
    Des boulevards de largeur variable : Saint-Martin 12,50 à 17 m, Saint-Denis 14 à 15 m, Bonne Nouvelle 16 à 17 m, Poissonnière 15,50 à 17 m, et Montmartre 15 m, source de problèmes évidents ;
    Bordés par des zones 30 et de nombreux équipements culturels ;
    Les traversées piétonnes varient de 12,50 à 17m selon les endroits.
    On relève la présence de 3 lignes de bus (20-39-48) et de 5 stations de métro.
    Pour le stationnement, il faut tenir compte des 7 stations de taxis.
    De 119 places de stationnement VL (véhicules légers) dont 17 aires de livraisons et de 23 mètres linéaires de stationnement pour les deux-roues.
    Les débits moyens de circulation automobile aux heures de pointe varient le matin de 1100 véhicules/h à 1800 le soir.
    C’est un axe accidentogène en raison de la vitesse excessive et des fréquents changements de file et cela pour plus de 50% des accidents mettant en cause des deux- roues motorisés. Une vraie autoroute urbaine...

    Qu'est ce qui devrait changer? Que dit le projet ?

    Dans le sens Est-Ouest, soit de République vers Opéra, le projet propose un couloir de bus ouvert aux vélos de 3,50 m et 2 files de circulation automobile.

    Dans le sens contraire, Ouest-Est, il propose une file de stationnement, sur la rive Sud, une bande cyclable de 1,50 m bordée d’un zèbrage peint au sol de 70 cm et une seule voie de circulation, dont on comprend qu’elle a pour but de soulager l’axe Quatre-septembre- Réaumur.

    Par ailleurs, seront créés 22 refuges au centre de la chaussée pour les piétons (comme sur le boulevard de Magenta), des stationnements en lincoln sur certains tronçons et un traitement spécifique en entrée et sortie des quartiers en zone 30 km/h, enfin des itinéraires cyclables sécurisés. A cette question des pistes cyclables, certains ne voient pas d’un bon œil le passage de la piste cyclable par la rue René Boulanger, car cette solution, voire ce détour, cassera la continuité de la piste ou, au moins, sa lisibilité. Il semble pourtant difficile de faire autrement étant donné l’étroitesse de la chaussée du boulevard Saint-Martin, très encaissé à cet endroit.

    « On fera aussi le ménage dans le mobilier urbain » affirme la Direction de la Voirie et des Dépalcements.

    Notons que les pieds d'arbres seront traités en stabilisé avec grilles ! Ce que nous demandions dès le début des plantations sur le boulevard de Magenta, Rémi Féraud ayant lui même reconnu l'échec de ces plantations lors de la réunion du comité de pilotage du 17 mars dernier, à l’Hôtel de Ville.

    La concertation continuera avec les différents partenaires de la ville concernés, les associations et les conseils de quartier jusqu'en juillet de cette année. Puis mi 2012, on passera aux études et aux marchés publics avec un début des travaux prévu pour l’été 2012 et la livraison au printemps 2013 en même temps que la place de la République.

    Un projet plutôt bien accueilli

    Les associations de commerçants et de salles de spectacles approuvent le principe du réaménagement mais insistent sur la nécessité de bien écouter les riverains;

    Des inquiétudes nombreuses se manifestent sur la question des reports de circulation dans les rues limitrophes, voire même sur les artères qui ne sont pas dans la toute proximité… comme la rue de Paradis. La DVD déclare que des études sont faites pour anticiper tous les problèmes de report.

    D’autres craignent pour les cyclistes dans l'axe O/E et dénoncent le manque de continuité du cheminement de l’axe E/O. Des interventions posent la question des étalages et terrasses : les commerçants devront respecter le nouveau règlement de la Ville (l'association Droits du piéton insiste pour que les maires d'arrondissement soient très précis dans l'élaboration des Chartes, sensées être plus efficaces sur le respect du règlement). D’autres enfin s’inquiètent de la suppression prévue des potelets qui risque d'entrainer un stationnement anarchique sur les trottoirs.

     Et des propositions

    Jacques Boutault, maire du 2e, demande qu'on permute la file de stationnement avec la bande cyclable pour les vélos, les cyclistes seront mieux protégés (ordre existant sur le bd de La Chapelle près des Bouffes du Nord). Il souhaite, comme la RATP, qu’on crée un couloir de bus en continu, ce qui n'est pas le cas dans le projet actuel. Il préconise aussi d’implanter de nouvelles stations Vélib et des parkings vélos, qui sont les moyens de transport citadins à favoriser. Et quid des autocars de tourisme nombreux sur cet axe ?

    Jacques Bravo quant à lui a déclaré qu’il serait vigilant pour les tourne à gauche et pour que soit préservée la tranquillité du quartier vert du Faubourg Montmartre. Il demande également un calendrier précis des tranches de travaux.

    annick-aide-inauguration-sociale-enfance-4.jpgAnnick Lepetit le répète, il n'y aura pas d'expérimentation. « Cela ne sert à rien de mettre des barrières partout pendant six mois…. Et il ne s'agit pas seulement d'un réaménagement de la circulation mais bien d'un aménagement urbain. »

    Si nous partageons son point de vue, nous ne sommes pas d'accord avec elle lorsqu'elle affirme que la piste cyclable, seulement matérialisée par une bande zébrée au sol, sera respectée par les automobilistes qui en ont désormais l'habitude. Les utilisateurs de vélos le savent bien : elle sera empruntée par les deux-roues motorisés au premier encombrement et occupée par les automobilistes en mal de stationnement.  Nous votons pour la solution préconisée par Jacques Boutault et l’inversion de l’ordre des files sur la rive sud du boulevard. La protection des cyclistes est indispensable. De plus, nous savons que les verbalisations sont trop rares et donc pas dissuasives.

    Affaire à suivre dans les arrondissements. Dans le 10e, une prochaine réunion devrait se tenir en mai d'après Elise Fagjeles élue du 10e chargée des déplacements.

     

  • ”24 heures chrono” aux urgences de Lariboisière ou comment se gère la pénurie...

    paris,lariboisière,urgences,hôpitauxLundi, 21 heures. Beaucoup de jeunes et moins jeunes rue Ambroise Paré à la recherche d'une « dose ». On en voit régulièrement venir demander des jetons (ce sont ces jetons qui permettent d'obtenir un kit avec seringue dans les automates situés rue de Maubeuge et boulevard de la Chapelle.) à la personne qui inscrit les « candidats » aux urgences.  Le hall d'accueil  est plutôt calme à cette heure. L'agacement est pourtant déjà présent chez certains qui trouvent qu'on ne va pas assez vite. Heureusement, l'agent d'accueil est imposant et ne se laisse pas (ou plus) impressionner. Le ton monte lorsqu'un inscrit parti manger à l'extérieur s'entend dire qu'il a passé son tour, comme on dit. On l'a appelé, il n'était plus là. Alors, il faut reprendre l'inscription à zéro. Une alternative ? On lui conseille de se rendre sur l'hôpital de Saint Denis où il y aurait moins d'attente. Bon. Il décide de rester mais ne cessera de protester toute la soirée.

    paris,lariboisière,urgences,hôpitauxLa salle d'attente est pleine à craquer. Impossible de trouver deux chaises côte à côte. On est déjà content de pouvoir s'asseoir dans un coin. Sur un brancard, un homme ronfle fortement comme un bienheureux. On se doute qu'il « cuve ». Ce sera vite confirmé lorsqu'il tentera de mettre ses chaussures, puis de se lever, ce qui se soldera par une chute spectaculaire ! Relevé par les infirmières appelées à la rescousse qui peineront à le rallonger. Plus tard, on aura droit pendant deux heures, à un mélange de chansons paillardes, de grossièretés et parfois de propos qui feront sourire le public  : « C'est la faute à Sarkozy la m....... ! Moi je vais être président de la République et j'aimerai tout lemonde. Le Premier Ministre fabriquera des billets, c'est facile de fabriquer des billets, et on les donnera à tous ».

    Il est déjà 23 heures. Certains ont réussi à s'allonger pour dormir. D'autres s'énervent, vont régulièrement interroger la première blouse blanche, ou verte, qui passe. Sans succès d'ailleurs. Personne n'a le temps de répondre. Plus personne ne se laisse distraire, par habitude sans doute. Beaucoup ne comprennent pas cette attente. Certains ne sont  pas trop malades et sont un peu dans la « comedia del arte ».

    Une demi-heure plus tard, la personne que j'accompagne est prise en charge. Je reste dans la salle d'attente, ce que ne font pas de nombreux accompagnants qui ne cessent d'entrer et sortir de la salle de soins, malgré le panneau d'interdiction, bien visible. Le personnel médical laisse faire, semble indifférent à ce flot continu et n'a surtout pas le temps. Parfois, un infirmier ou une infirmière se fâche et interdit l'accès. Mais comme il n'y a aucun vigile à cet endroit-là, comment faire respecter le règlement ? On entre donc « comme dans un moulin ». Pas très rassurant...

    1 heure du matin, on est déjà mardi : la salle s'est vidée. Arrivent encore des personnes alcoolisées bruyantes. On entend tout ce qui se dit à l'accueil. Forcément puisque les bureaux sont de simples box sans plafond. Les anecdotes pleuvent !

    Je suis autorisée à entrer dans la salle de soins. Pas assez de box pour tous les patients en attente d'examen ou de résultats d'examen. On assiste à un véritable ballet de brancards et de porte perfusion qui doivent être sans cesse déplacés. En tout et pour tout il y a trois chaises pour tous les accompagnants au chevet d'un malade. Là aussi, de l'énervement. Il faut parfois menacer de faire venir le vigile ou la police pour espérer un peu de calme. En fait, le patient ne comprend pas l'attente. Il ne comprend pas pourquoi on s'occupe plutôt de celui-ci que de celle-là. Il y a pourtant bien une organisation dans le service et heureusement ! Mais ce qui manque c'est la personne qui pourrait rassurer, écouter, expliquer, limiter les tensions et les angoisses. Tout simplement. Bon. Tout simplement, d'accord. Mais il en faut les moyens.

    Tout au long de la journée, au fil des reprises de travail, le personnel trouve des petits moments de répit pour se souhaiter la bonne année, se faire la bise et manger un chocolat. On est en plein dans la période des voeux.

    paris,lariboisière,urgences,hôpitauxPour tuer le  temps, le temps de celui qui attend, on ne peut qu'observer la vie autour de soi. Des personnes âgées complètement perdues qui ne veulent pas rentrer chez elles, qui ne comprennent pas ce qu'on leur explique, beaucoup d'étrangers avec qui il n'est pas aisé de communiquer, des sans domicile fixe, des personnes atteintes de troubles psychiatriques, des patients qui sortent d'un box les fesses à l'air... On ne s'ennuie pas. On s'inquiète.

    La journée s'est écoulée. Il est 19 heures, presque le tour du cadran entre ces deux salles, celles de l'accueil et celle des soins. On nous annonce enfin une place pour le scanner. Il faudra encore attendre les résultats puis une ambulance pour être transféré dans un autre hôpital parisien qui gèrera la pathologie. Ouf ! Il est 23h30.

    Un conseil : ne soyez pas seul quand vous devrez vous rendre aux urgences. Le personnel soignant ne pourra pas vous aider à aller aux toilettes avec votre porte perfusion, relever ou abaisser le dossier de votre brancard, remettre un drap, apporter un verre d'eau, réconforter. Pas question ici de mauvaise volonté ou d'indifférence. Mais il y a tellement d'autres gestes à accomplir. On tente de leur demander, mais... on a des scrupules à insister. Aussi pour trouver un peu de réconfort, ceux qui sont seuls se penchent vers leur voisin d'infortune. On échange ses craintes, ses petites misères qui seront, on l'espère, passagères, comme dit la chanson.

    Passagères les misères peut-être, mais la pénurie de moyens, moins sûr.

    Il y a bien urgence comme nous le disions dans notre article du 10 décembre, à la suite de la réunion d'information sur les restructurations de l'Assistance Publique.

  • La réaction d'Olga Trostiansky après la démission de Xavier Emmanuelli

    Nous ne voulions pas laisser le dossier du Samu social, dont l'état est très préoccupant, inquiétant, aussi inquiétant que le nombre des personnes obligées de vivre dans la rue, sans nous rapprocher d'Olga Trostiansky, élue du 10e mais aussi adjointe au Maire de Paris, chargée du lourd dossier de la solidarité, de la famille et de la lutte contre l'exclusion. On est là au coeur du problème. La toute première des exclusions n'est-elle pas d'être privé d'un toit, d'un lieu de vie ? 

    Xavier Emmanuelli dans l'interview accordée à Charlie Hebdo dans son numéro de mercredi, met en cause la "gueguerre" que se livrent l'Etat et la Mairie en ces termes :"c'est comme dans le dessin animé de Tex Avery, tout le monde se refile le bâton de dynamite avant qu'il pète. On est dans le "c'est pas moi, c'est toi" : c'est du ressort de l'Etat, non, c'est celui de la mairie. Ils se tirent dans les pattes, ils n'ont pas les mêmes objectifs, c'est à celui qui ne paiera pas ou, au contraire, qui se dira le plus généreux...."

    Nous avons donc demandé à Mme Trostiansky si elle percevait ce que le fondateur du Samu social appelle la verticalité des services d'aide, à savoir le social parle au social, pas à la psychiatrie, ni à la médecine, ni à l'économie. On s'oriente vers un abandon de l'hébergement d'urgence, alors qu' "un homme qui a fait vingt ans de rue, qui n'a connu que le stress, l'alcool, le mépris, s'enferme dans une autre définition de l'être." Il souligne que "L'urgence sociale est une notion transversale qui demande d'abord une définition médico-psycho-sociale que tout le monde n'est pas prêt à assumer."

    Les politiques de terrain que sont les élus locaux sont confrontés aux pétitions des habitants, aux rejets, à l'égoïsme ambiant... On sent Xavier Emmanuelli ulcéré par le regard fuyant que nous portons sur la pauvreté. Personne ne veut de centre d'hébergement à côté de chez soi. "Les gens sont à l'abandon. Ils font partie du mobilier urbain et c'est seulement en hiver qu'on s'en souvient. On met des tentes, on trouve des figurants, après on démonte les tentes, mais les figurants restent. Les gens peuvent crever, c'est dans le scénario de la pauvreté." Connaissez-vous dans vos fonctions le type de rejet qu'évoque Xavier Emmanuelli ? Est-ce difficile de convaincre ?

    Olga Trostiansky : Globalement, les Parisiens sont solidaires et manifestent concrètement leur solidarité. Ce n'est pas pour rien que le Samu social a été créé à Paris par Xavier Emmanuelli.  Nous avons choisi de répondre très directement aux craintes ou aux peurs lorsqu'elles se manifestent. Ainsi, la fédération nationale des associations de réinsertion sociale, missionnée par la Ville va à la rencontre des conseils de quartiers qui s'interrogent sur les sans abris, les associations gestionnaires de centre viennent également souvent expliquer leur projet aux voisins avant l'ouverture. Les centres d'hébergement rencontrent lors de leur construction les mêmes difficultés que les immeubles de logements sociaux ou les nouveaux équipements !

    AB : La précarité est devenue une donnée constante. Le nombre des sans logis n'a cessé de s'accroître ces dernières années. Faut-il en effet trouver des solutions différentes ? Et surtout ne faut-il pas les adapter aux besoins ? Une famille expulsée de son logement pour défaut de paiement de son loyer n'a pas les mêmes besoins qu'un jeune migrant sans toit. Pour elle, le projet de Benoist Apparu peut sembler adapté.  Reste à connaître précisément les besoins. Pour l'instant, ce qu'on constate c'est beaucoup de monde à la rue. Qu'en pensez-vous ? Le logement selon le projet gouvernemental peut-il être une autre réponse à la précarité ? au moins épauler ceux qui ne relèvent pas d'aides d'urgence plus lourdes ?

    Olga Trostiansky : Il existe en effet une pluralité de situations chez les personnes sans logement : certains peuvent très rapidement occuper un logement, d'autres ont besoin d'un soutien quotidien car ils rencontrent des grandes difficultés. Il ne faut pas oublier également que les droits ne sont pas les mêmes : sans régularité du séjour, l'accès au logement social n'est pas possible. C'est une palette de solutions qui doit être déployée : le Gouvernement a choisi de supprimer des places d'urgence, pour les familles, pour les malades du SIDA, elles n'ont pas été  remplacées par des logements.

    AB : On oublie de parler des travailleurs pauvres dans ce dossier. Certains SDF travaillent et dorment  malgré tout à la belle étoile. Les prix astronomiques des loyers parisiens, que beaucoup de salariés ne peuvent pas régler, surtout s'ils se retrouvent explusés pour x raisons, ne jouent-ils pas un rôle dans le nombre croissant des personnes à la rue ?  Le logement social aura du mal à résorber le nombre de demandeurs.

    Olga Trostiansky : C'est la raison pour laquelle Bertrand Delanoë a demandé au Premier Ministre un dispositif d'encadrement des loyers et plaide sans cesse pour que des logements sociaux soient construits dans toute l'Ile de France. Certaines communes ne se sont pas mises en situation d'offrir 20% de logements sociaux sur leur territoire et préfèrent payer des amendes. Le déficit de logements sociaux sur la région est un facteur d'exclusion non négligeable, même s'il n'est pas le seul.
  • Barbès, une situation qui n'en finit pas de se dégrader

    Il y a environ un an nous nous réunissions, quelques membres du conseil d'administration de notre association, à la Brasserie Barbès autour d’une table ronde (tout un symbole !) avec les maires des 10e et 18e arrondissements pour faire le point sur nos problématiques locales.

    De quelles problématiques s’agissait-il ? Des ventes de cigarettes autour de la station, du marché aux voleurs de la placette Charbonnière, des ventes sauvette très présentes les jours de marché non seulement autour de la station, mais dans les rues environnantes et sous le viaduc du boulevard de La Chapelle en fonction de la présence et des mouvements des policiers, et puis la saleté qui s’en suit, les vêtements épars au sol, les cartons et les guenilles qui servent de support et d’étal, enfin les périodes sans passage des agents de la Propreté, simplement parce qu’ils ont déjà nettoyé le matin, ou qu’ils ne peuvent passer le jet à cause des attroupements qui ne se dispersent pas…

     Toutes choses que vous, riverains proches du Carrefour Barbès....

    .... connaissez parfaitement. Vous êtes nombreux à nous envoyer des photos prises de vos fenêtres. Votre lassitude, votre agacement, voire votre exaspération augmentent avec le temps. 

    De notre côté, nous multiplions les signalements depuis longtemps, mais depuis quelques mois, il faudrait le faire quotidiennement. Auprès de qui ? Aux services quand il s’agit de propreté, de signaler des dépôts sauvages, des points d’incrustation d’urine, des angles de rue ou des recoins devenus décharges usuelles… Au commissariat bien sûr via la Mission Prévention. Aux élus, quand la situation devient insupportable et que même le passage pour entrer chez soi est un problème, que recevoir des amies pour le thé ou pour dîner s’avère compliqué car elles n’osent pas traverser la barrière d'hommes qui tiennent le mur et le portail ! Cela vous paraît exagéré ? Pourtant c’est ce que nous entendons de la part de nos adhérents qui habitent le boulevard Barbès. On a toujours vécu plus ou moins dans la foule à Barbès, et quand on décide de vivre ici, c’est qu’on n’en souffre pas. La mixité sociale ici est un concept concret. On sait depuis toujours que les appartements du boulevard abritent majoritairement des familles plutôt aisées (les appartements sur rue sont grands, les immeubles souvent haussmanniens), certes, elles sont aussi bien intégrées dans leur quartier dit « populaire ». C’est là que nous nous inquiétons car ces familles ce sont aussi nos adhérents, et nous les connaissons bien. Ils ont été nos meilleurs soutiens quand il s’agissait de convaincre Bertrand Delanoë que le rachat du Louxor et sa réhabilitation pouvaient être une chance pour l’image du quartier, que l’implantation d’une brasserie à la place de "feu Vano » allait dans le même sens. Or, ces habitants-là lancent un cri d’alerte et disent « On n’en peut plus! ». Qui les entend ? 

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    La zone zébrée rouge est l'emprise du chantier, on imagine le report de tous les vendeurs installés sur l'espace public

    Nous avons donc renouvelé notre demande auprès des édiles locales et souhaitons les rencontrer sur place, comme l’an passé, pour leur expliquer que trop c’est trop. La goutte qui fait déborder le vase, précisément au Carrefour Barbès, c’est la fermeture de la station Château-Rouge en mai dernier (et pour 14 mois !). Le summum a été atteint dans l’été, le mois du Ramadan aidant, l’occupation des trottoirs était arrivée à son maximum et les habitants continuaient à subir…   Ici même, dans le blog, nous nous étions alarmés de cette fermeture pour travaux et du peu d’anticipation des reports probables des usagers du métro sur Barbès-Rochechouart. Et bien évidemment du report des vendeurs de produits variés qui profitent du passage de flux humains impressionnants, concentrés actuellement sur une étroite bande de bitume, entre la brasserie, la tranchée pour raccordement au réseau de gaz, les emprises des échafaudages et la chaussée. Les boutiques de téléphonie situées sur les premiers numéros du boulevard Barbès ont déjà été rappelées à l’ordre pour avoir sous-loué des stands, qui empiètent sur le trottoir, et utilisé des micros. Imaginez en plus de la foule, les nuisances sonores liées aux harangues par micro toute la journée ! Nous ne savons pas évaluer le nombre de personnes qui entrent et sortent de la station Barbès par jour, mais il est facile de comprendre que cette intense fréquentation attire les appétits commerciaux. Téléphonie mais aussi toutes les ventes illicites, trafic en tout genre y compris. Ironie de la situation, la seule limite est l’étroitesse des lieux.

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    Nous sommes allés boire un café récemment à la Brasserie pour observer sur site les passages et les flux, et également les dégâts sur l’environnement, car objectivement, l’intensité du passage crée mécaniquement une malpropreté, d’une part, et d’autre part, cette intensité du passage empêche les agents de la DPE de nettoyer. Comment imaginer traiter les lieux dans cette foule ? Dégâts sur l’environnement et dégâts également sur l’image du quartier qui se bonifiait avec les efforts des uns et des autres, Louxor en tête, mais pas seulement : Tati a amélioré considérablement ses vitrines et rompu avec son image de soldeur bas de gamme, la brasserie attire une nouvelle clientèle (actuellement un peu désarçonnée et qui pourrait à terme être tentée de déserter le lieu) et l'implantation de FootLocker… un renouveau de Barbès acclamé par la presse il n’y a pas si longtemps. 

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    Cette situation va-t-elle perdurer jusqu’à la réouverture de la station Château-rouge ? C’est une vraie question. Les habitants incriminent les élus, dénoncent l’incapacité des services de police à faire respecter l’ordre, les agents de la Propreté à laisser un espace public correct. La folie serait de se dire qu’avec le temps tout va rentrer dans l’ordre, ce ne sont que quelques mois difficiles. L’exaspération a monté doucement, elle est là, il faut la traiter. Faute de quoi… On ne veut pas rappeler des exemples récents.

  • Brigade de lutte contre les incivilités : quels changements pour nos arrondissements?

    La Brigade de lutte contre les incivilités, vous en avez forcément entendu parler tant la Ville a communiqué sur le sujet depuis la rentrée. Dire qu'elle est attendue comme le messie serait un peu excessif mais nous savons que les habitants du quartier espèrent qu'elle va inverser la tendance.

    Alors, nous avons voulu en savoir plus et le mieux était de s'adresser directement au responsable de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP - nouvelle entité qui regroupe cette brigade), Matthieu Clouzeau.

    Une nécessaire réorganisation des services

    Comment être plus efficace ? C'est la question que la Ville s'est posée l'an passé. Elle a ainsi décidé de réunir plusieurs services municipaux sous une seule et même direction pour agir contre les incivilités. Tout d'abord, la Direction de la prévention et de la protection (ancienne DPP) auxquels viennent s'ajouter des agents de la Direction de la propreté et de l'environnement (DPE) et de la Direction de espaces verts et de l'environnement (DEVE).

    Les effectifs vont donc passer de 1000 (actuelle DPP) à 1900 agents (tous en uniforme) en regroupant les agents qui avaient déjà un pouvoir de verbalisation. Pour être précis, 700 agents arrivent d'autres services, il y a donc 200 personnes en création nette de postes. A savoir, certains postes sont transformés en inspecteurs de sécurité et à la fin de la mise en place de tout le dispositif, on comptera une augmentation de 47% de ce corps.

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    Des horaires élargis

    Indispensable car on le sait bien, les contrevenants ne font pas de pause ! Il faut donc disposer d'une force de frappe à tout moment. Une unité sera présente le soir, de 16h à minuit et le week-end. Elle passe de 50 à 100.

    Un meilleur maillage du territoire

    On passera de 6 à 10 secteurs avec des changements dans nos 3 arrondissements autour du carrefour Barbès.

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    Ainsi, les 8e, 9e et 10e seront regroupés en une seule circonscription, ce qui nécessite de trouver des locaux plus grands et mieux adaptés. Le nombre d'agents y restera identique mais ils géreront un territoire d'action plus petit. La Ville est sur la piste d'un local mais rien n'est encore définitif et nous ne vous dévoilerons donc pas le lieu. Le 18e, étant donné la superficie de l'arrondissement et les problèmes qu'on y connaît, bénéficiera d'une circonscription tout à lui dédiée (il est avec le 9e pour le moment) et conservera son local actuel à Marcadet. Vous l'avez compris, il faudra patienter encore quelques mois. L'actuelle responsable de la circonscription (Circo'Nord), Coralie Lever-Matraja, restera en place. Elle était présente lors du rendez-vous à l'Hôtel de Ville et nous a déjà invités à lui rendre visite dans ses locaux. 

    Des exemples d'organisation modifiée

    Les agents de la DEVE ont parfois des difficultés à fermer les parcs et jardins lorsqu'ils sont seuls, certains "promeneurs" se montrant peu pressés de quitter les lieux. Ainsi dans les espaces verts, (notamment dans le square Léon et le jardin d'Eole, dans le 18e), des inspecteurs de la sécurité prendront le relais. Autre atout, ils seront prochainement équipés de vélos électriques pour réduire le temps de déplacement. En ce qui concerne la sécurité des points écoles (traversées de rues pour les enfants), la quasi-totalité est assurée par la DPSP.

    Des changements à venir avec la réforme du statut de Paris

    Actuellement, les Agents de surveillance de la Ville de Paris (ASP) sont sous la responsabilité de la préfecture de police mais payés par la Ville de Paris. Le concours d'inspecteur de la sécurité est depuis peu ouvert aux ASP qui souhaitent rejoindre la DPSP, une centaine a déjà franchi le pas. A terme, lorsque cette réforme sera effective — et pour cela, il faudra qu'elle soit votée au parlement, elle est déjà en débat au Sénat ce mois-ci —, les 1600 ASP rejoindront la DPSP pour lutter contre les incivilités, agir sur la circulation de proximité, veiller au respect des zones piétonnes, et verbaliser le stationnement gênant. Voilà un dernier point qui serait intéressant, on pense par exemple au non-respect de la zone piétonne boulevard de Denain ou encore de la dépose-minute rue de Compiègne mais aussi au stationnement sous le viaduc du métro aérien. On s'arrêtera là, la liste serait trop longue... Les agents de la brigade des nuisances sonores actuellement en poste à la Préfecture de police seraient eux aussi invités à rejoindre la Ville. Il faudra attendre avril 2017, sans doute, pour savoir si ces changements se feront. Reste à l'espérer ! Autre réforme possible : la Maire de Paris a récemment communiqué sur le stationnement qu'elle souhaite privatiser. D'autres villes en Europe ont déjà opté pour ce principe. Affaire à suivre donc, et si vous n'avez pas tout compris, Matthieu Clouzeau sera présent au prochain conseil de quartier Lariboisière-Saint Vincent-de-Paul qui aura lieu le 15 novembre, à l'école de la rue de Belzunce.

  • Avenir de l'hôpital Lariboisière : le projet se précise

    Notre dernière rencontre avec Christian Nicolas, Directeur de Lariboisière et Marcel Grau, Secrétaire Général, remontait à avril dernier. Il s'agissait essentiellement de faire un point sur la future restructuration du site Widal-Lariboisière. Voir ici.

    Depuis, un vœu présenté en conseil d'arrondissement du 10e par le groupe communiste en octobre dernier alertait sur des modifications possibles du projet et plus particulièrement sur des Services actuellement à Widal qui ne seraient pas transférés à Lariboisière. Ce qui était pourtant acté par l'AP-HP jusque là.

    Nous avons voulu en savoir plus. Nos interlocuteurs nous ont réservé un très bon accueil et n'ont pas compté leur temps. Nous les en remercions.

     

    Alors que s'est-il passé depuis l'arrivée de Martin Hirsch, Directeur Général de l'AP-HP ?

    Le dossier déposé en mars dernier ne satisfaisait pas Martin Hirsch qui craignait que celui-ci ne soit pas validé en commission ministérielle. Il fallait que le projet soit plus efficace : d'une part que le schéma directeur immobilier soit meilleur, d'autre part qu'il y ait une cohérence médicale avec les sites Beaujon-Bichat. En juillet, le directeur de l'AP-HP a tranché et a précisé comment les différents services seraient répartis sur les deux sites : Hôpital Nord 1 (nouveau Lariboisière) et Hôpital Nord 2 (nouveau Bichat-Beaujon - voir l'article de MetroNews paru le 4 décembre et celui du Parisien du 5 décembre). Proposition validée par l'Agence Régionale de Santé.

    Lariboisière gardera ses pôles de neurosciences, locomoteur, rhumatologie, et bien sûr, les Urgences, pôle renforcé avec les services indispensables à une prise en charge (cardiologie, médecine interne, gastro, chirurgie viscérale).

    Quelques chiffres sur les urgences : 70 000 non spécialisées par an, 10 000 ORL, 10 000 céphalées sans compter la maternité. Sur une année, il ne vous reste plus qu'à prendre une calculette pour comprendre les attentes qui peuvent parfois paraître longues.

    Beaujon-Bichat (pôle qui sera déplacé très probablement au-delà du périphérique dans une optique Grand Paris) gardera aussi son Service d'Urgences et les axes digestif, infectieux, cardio-thoracique.

     

    Alors qu'est ce qui diffère du projet précédent?

    L'aspect financier a évidemment un rôle crucial. On est sur un investissement d'environ 290 m€. Pas une bagatelle par les temps qui courent! L'Etat participera au maximum à hauteur de 30% soit environ 100m€. A l'AP-HP de trouver le reste (auto-financement, emprunt, vente de terrains). C'est pourquoi le site de Fernand Widal a vocation à être vendu intégralement. Mais ça, on le savait déjà. Le site de Lariboisière envisage de libérer entièrement la zone Ouest pour récupérer des fonds dans le cadre d'une opération immobilière. La maternité ira dans le nouveau bâtiment (angle Maubeuge, bd de la Chapelle), ce qui permettra notamment de moderniser le service (actuellement beaucoup de chambres doubles et pas de douche dans toutes les chambres). La rhumatologie qui donne sur la rue Guy Patin rejoindra elle aussi la nouvelle construction de 40 000 m2 sur 5 étages. La crèche actuellement à l'angle Patin-Chapelle sera conservée mais déplacée. L'unité de recherche (Michel Servet) pourrait être accueillie dans les deux peignes proches de la rue Paré.

    Les 8 "peignes", classés, seront dédiés à l'Est à l'ambulatoire, à l'Ouest plutôt à la Recherche et au tertiaire (services).

    Autre point qui diffère de ce qui était annoncé : le non transfert de l'intégralité des services de Fernand Widal.

    Pour faire simple, la gériatrie : soins de longue durée, de suite et de rééducation soit 138 lits au total. Une piste possible de réimplantation pourrait être sur le site de Bichat. A cette condition, la mairie de Paris n'y est pas opposée. C'est indispensable car la plupart des patients viennent des 10e, 18e et 19e arrondissements.

    Pour la future cession de la parcelle Ouest (côté rue Guy Patin), l'AP-HP va demander une modification du PLU dans le cadre de ce qui vient d'être lancé par la mairie de Paris. Rémi Féraud, maire du 10e, a déjà précisé qu'il devra y avoir un quota de logement social sur la parcelle libérée.

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    Le calendrier

    On est sur un projet de 10 ans. La commission ministérielle doit l'examiner en décembre pour une réponse possible en avril 2015 et indiquer à ce moment le montant de la subvention de l'Etat. On prévoit la démolition des vieux bâtiments à l'Est fin 2017, la construction fin 2018 pour une ouverture début 2021. Compter ensuite deux années pour réaménager les "peignes" Est. On peut espérer un transfert des Services de Fernand Widal en 2024. A partir de là, on pourra libérer et vendre la partie Ouest.

    A noter qu'actuellement on rénove le service des Urgences qui en a bien besoin et qui ne pouvait attendre. Les travaux sont en phase finale.

     

    Et la salle d'injection supervisée ?

    Le Directeur de Lariboisière nous avait indiqué plusieurs fois son refus de voir la salle de consommation de drogues à moindre risque (SCMR) installée au sein de l'hôpital. Il est vrai que cela n'a pas beaucoup de sens, les toxicomanes étant rebutés à l'idée d'aller à l'hôpital pour se "shooter". Mais le Directeur a procédé à plusieurs études pour examiner la possibilité d'installer la SCMR sur une emprise de terrain de Lariboisière, clairement isolée néanmoins de l'hôpital. L'idée court également chez GAIA, l'association qui va gérer la SCMR mais il faut bien voir que libérer de l'espace dans le cadre du projet de restructuration est extrêmement difficile et qu'on se heurte, et c'est là le principal écueil, à un problème de planning, la SCMR devant théoriquement ouvrir ses portes fin 2015 début 2016, peu avant le début des travaux !

     

    En guise de conclusion

    Tel qu'il nous a été présenté, le projet de restructuration de l'hôpital Lariboisière, inclus dans le grand projet d'Hôpital Nord, semble être cohérent. La construction d'un bâtiment ultra-moderne garantira à la fois qualité des soins et qualité du séjour des malades. S'il est vrai que les 138 lits de gériatrie ne seront pas transférés à Lariboisière, comme prévu initialement, ils resteront bien dans le Nord de Paris sur le site de Bichat, pas très loin donc. Il faut néanmoins remarquer qu’un comité de défense de Lariboisière-Fernand Widal s’est constitué et appelle à un rassemblement mercredi 10 décembre (tract téléchargeable ici). Il est  compréhensible que les salariés concernés par un possible déplacement soient inquiets. Affaire à suivre de ce côté-là donc.

    Pour les riverains, il faudra suivre avec attention l'opération immobilière prévue le long de la rue Guy Patin, mais il n'y a pas urgence, c'est pour dans 10 ans au bas mot.

  • Rénovation de la station Chateau Rouge : les travaux se précisent

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    Dans la continuité du conseil de quartier Goutte d'Or du 25 juin 2014 au cours duquel la RATP a présenté un point d'avancement sur le projet de rénovation de la station Château Rouge (cf. notre article du 14 octobre dernier), un comité de suivi a été organisé à la mairie du 18e le mercredi 19 novembre. Il est à noter que ce projet, initialement dénommé "agrandissement et rénovation de la station Château Rouge" s'appelle à présent "Désaturation et rénovation de la station Château Rouge".

    Au cours de cette réunion, la RATP a tout d'abord présenté la configuration quasiment définitive prévue de la station, approfondie par rapport aux éléments présentés lors de la réunion du 27 février 2013 (dossier de présentation complet), avec la localisation définitive de la nouvelle sortie qui sera créée à l'ouest du boulevard Barbès, face à la boulangerie. Suite aux échanges avec les services de la voirie, cette nouvelle sortie, dont l'implantation précise s'est avérée très complexe en raison de la présence d'une importante conduite d'eau en sous sol, permettra le maintien de la fontaine Wallace et de la piste cyclable (toutes les deux légèrement déplacées).

     

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    En ce qui concerne la station proprement dite, la RATP a confirmé le triplement de la surface de la salle d'accueil et l'amélioration de la ligne de contrôle (augmentation du nombre d'entrées et de sorties et création de passages élargis).

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    Il y aura augmentation du nombre de portillons, ceux-ci seront de nouvelle génération (similaires aux portillons en cours d'installation à la station Châtelet-Les Halles dans le cadre du projet de rénovation du pôle transport), sans tourniquet.

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    Les travaux comprendront également une rénovation complète de la station, en lien avec l'opération de renouveau de l'ensemble du réseau "un métro plus beau" qui intégrera l'installation de portes palières pour améliorer la sécurité et pour anticiper l'automatisation prévue de la ligne 4 à l'horizon 2022 (comme cela a été effectué pour la ligne 1).

    Le coût total de l'opération, validé par le Syndicat des Transports d'Ile de France (STIF), est estimé à 15 millions d'euros.

    Le permis de construire correspondant à cette extension a été déposé en septembre 2014 pour une délivrance prévue dans 6 mois (délai réglementaire) et les premiers appels d'offres concernant les travaux de génie civil ont déjà été lancés avec remise des offres prévue pour le 1er décembre 2014.

    La RATP a ensuite présenté le calendrier prévu des travaux,  à présent bien défini :

    - mai et juin 2015 : réalisation des travaux préparatoires au niveau du carrefour pour permettre la réalisation des travaux et l'aménagement des installations de chantier
    - juillet 2015 : démarrage des travaux proprement dits pour une durée de 26 mois (avec maintien de la station en service les 12 premiers mois)
    - juin 2016 : fermeture complète de la station
    - août 2017 : réouverture de la statue agrandie et rénovée


    Ces travaux seront réalisés en plusieurs phases successives afin de limiter l'impact sur les usagers du métro d'une part et sur la circulation générale du boulevard Barbès dont la largeur au droit des travaux sera réduite d'autre part. En particulier, à la demande de la Préfecture de Police, les travaux seront réalisés de telle sorte à maintenir quasiment en permanence deux voies Sud-Nord (vers la porte de Clignancourt). Pour cette raison, les travaux de génie civil les plus conséquents, (création de l'extension de la salle d'accueil sous le boulevard Barbès via une tranchée ouverte), qui impliqueront la réduction à une voie dans chaque sens du boulevard, auront lieu en juillet et août 2015.

    Suite aux échanges avec les Services de la voirie et de la Préfecture de Police, il est prévu l'installation des cantonnements de chantier — six bungalows comprenant un étage — à l'entrée de la rue Poulet (au niveau de la place de livraison), avec des installations de chantier variables en fonction des phases de travaux.

    En raison des travaux, la piste cyclable sera neutralisée dans les deux sens et certains équipements seront déposés (fontaine Wallace dès le début des travaux, kiosque à partir de fin 2015) avec réinstallation prévue à la fin du chantier. En particulier, il est prévu de réinstaller le kiosque en le tournant vers la station de métro. Sur ce sujet, il a été abordé l'opportunité de réfléchir à une nouvelle implantation permettant de limiter les conflits avec la piste cyclable.
    En réponse aux participants de la réunion qui s'inquiétaient de la saleté importante à craindre au niveau des emprises de chantier, la RATP a précisé avoir intégré un budget important pour le gardiennage en dehors des horaires de travaux ainsi qu'un nettoyage renforcé des emprises de chantier.
    Par ailleurs, la RATP a prévu la mise en œuvre de dispositifs de communication spécifiques pendant les travaux (via un boitage régulier, informations sur le site internet, etc...) et un dispositif d'accompagnement au début des travaux pour faire face aux flux supplémentaires attendus sur les stations proches (et notamment la station Barbès-Rochechouart). Il a été précisé l'importance de prévoir un dispositif adapté et conséquent  pour effectivement absorber ces reports de flux.

    En raison de l'importance de ces travaux, il est prévu l'organisation d'une réunion de présentation dédiée spécifiquement aux commerces, en complément des comités de suivi réguliers auxquels Action Barbès participera.

  • Marisol Touraine s'est saisie de la question

    Le 10 octobre dernier, une réunion de travail et d'information a eu lieu à la mairie du 10e, en présence du maire Rémi Féraud, et à son intitiative, pour répondre au mécontentement sourd des habitants des rues coincées entre la gare du Nord et l'hôpital Laribosière. Le 10e a un passé de militant en faveur de l'accueil et de l'aide aux usagers de drogues. Ignorer la toxicomanie n'est plus possible. La chasser plus loin par peur et par méconnaissance n'est plus acceptable. Les temps ont changé, les mentalités aussi.

    Et pourtant... souvenons-nous de la levée de boucliers par des habitants et leurs associations dans deux cas qui ont marqué l'arrondissement : les draps aux fenêtres rue Beaurepaire pour protester contre l'ouverture d'un centre d'accueil de toxicomanes (Libération du 13 octobre 1998; Le Parisien du 8 novembre 2003). La "boutique" a ouvert le 20 avril 1998; elle a subi les manifestations, le harcèlement devant sa porte, la menace d'une délocalisation vers... la Gare du Nord. Mais quelque 10 ans plus tard, les nouveaux arrivants ne la remarquent même pas. (La boutique est devenue CAARUD -centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues-, doublée d'une consultation pour les jeunes usagers de drogues et est gérée par l'association Charonne, 9 rue Beaurepaire, 75010 Paris, 01 53 38 96 20).

    Plus près de chez nous, à l'angle du faubourg Poissonnière et de la rue de Maubeuge, au 75 précisément, au début des années 2000 deux projets se sont succédés, l'un devait voir ouvrir le second sleep-in de Paris, un centre d'accueil géré par l'association Drogues International. Les comptes-rendus des pré-conseils d'arrondissement dans lesquels pouvaient déjà s'exprimer les associations, sont encore disponibles en ligne et on y trouve la réponse de la Direction des affaires sanitaires et sociales à l'ancien maire du 10e, Tony Dreyfus, au sujet de l'occupation du 75 rue de Maubeuge :

    "Comme vous le savez, l'Union économique et sociale Alliance Immobilière a acquis au 75 rue de Maubeuge des locaux initialement destinés à la création d'un deuxième Sleep-in à Paris.
    Ce projet étant aujourd'hui abandonné à votre demande compte tenu du contexte très sensible du dossier, ces locaux se trouvent pour l'instant sans utilisation.
    Vous m'avez fait connaître que vous ne seriez pas opposé à l'installation d'une autre structure sociale dès lors qu'elle ne s'adresserait pas à un public toxicomane.
    Mes collaborateurs ont déjà évoqué avec les vôtres la possibilité d'implantation à cette adresse de 30 lits d'hébergement médicalisé au profit de personnes sans domicile fixe dont l'état de santé requiert des soins sans pour autant qu'elles relèvent d'une hospitalisation.
    Cette solution aurait l'avantage, à mon sens, de ne procurer aucune inquiétude dans le voisinage : les personnes hébergées seraient prises en charge 24h/24, pour des séjours de quelques jours à quelques semaines, les flux d'entrées et de sorties seraient donc étalés et peu visibles." [... ]

    dWv2EMjg6msDtYhNaFBNVjl72eJkfbmt4t8yenImKBVaiQDB_Rd1H6kmuBWtceBJNotre association avait à l'époque été sollicitée par les habitants du quartier et comme modérateur nous avions réussi à organiser plusieurs réunions sur cette ouverture qui suscitait peur et indignation. 
    Depuis cette date, nous sommes restés sensibles aux problèmes locaux liés aux drogues et à la perception qu'en ont les habitants. Paris compte certes un grand nombre d'usagers de drogues et le 10e, avec ses gares, lieu traditionnel de rencontres, est en première ligne. Mais d'autres villes en France sont confrontées aux mêmes problématiques et cherchent des solutions. Après les avancées que l'on doit aux CAARUD pour la distribution et la récupération de seringues, il est temps de se montrer moins frileux et de procéder à l'expérimentation des salles d'injection supervisée comme on l'entend dans le reportage fait en Auvergne, par RFI il y a quelques jours. Ecoutez.
     
    Reportage France du 22 octobre 2012 Les Centres de consommation à moindre risque (02:36)
     
    Les structures sont nombreuses. Gérées par le milieu associatif le plus souvent, elles s'adressent aux personnes victimes d'addiction, avec ou sans produit, drogues, alcools, jeux, et aussi à l'entourage des usagers, qu'on oublie parfois. L'addiction peut mener à la précarisation et à l'errance, il existe donc aussi des structures d'accueil et d'hébergement, peu en comparaison des besoins. 
    La liste est accessible sur le site de drogues-info-service et sur celui de la Ville de Paris. Ici aussi en détail pour toute l'Ile-de-France.
     
    2012-10-03T100821Z_326105498_PM1E8A30XKL01_RTRMADP_3_FRANCE_0.JPGMarisol Touraine est favorable aux salles de consommation d'ici à fin 2012. Sa récente déclaration l'atteste.

    La ministre de la santé, Marisol Touraine, a indiqué dimanche 21 octobre sur BFMTV qu'elle espérait lancer " avant la fin de l'année " l'expérimentation des salles de consommation de drogue. Mme Touraine a précisé que plusieurs municipalités " de droite comme de gauche " étaient déjà " prêtes à s'engager " pour accueillir ces structures. La semaine dernière, Médecins du monde et l'association Gaïa-Paris ont présenté un projet de salle de consommation de drogue à Paris. Les salles de consommation supervisées, appelées aussi " salles de shoot " ou " d'injection ", permettent aux toxicomanes de consommer leurs propres produits sous supervision de personnels de santé. Illégales en France, elle existent déjà dans plusieurs pays, dont la Suisse et l'Allemagne. - (AFP.) 

    Ne tardez pas, Madame la Ministre, il y a urgence. 
  • Le vote à des sans cervelle, immatures, influençables ? On revient de loin !

    LA CITOYENNETÉ POLITIQUE DES FEMMES
    le vote et l'éligibilité des femmes...
    ... vers la parité

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    LE VOTE ET L'ÉLIGIBILITÉ DES FEMMES ....


    CONTRE LE VOTE DES FEMMES : Petite ANTHOLOGIE...

    CONTRE LE VOTE DES FEMMES : Petite ANTHOLOGIE...


    LES FEMMES NE PEUVENT PRENDRE UNE PART INTELLIGENTE
    À LA CONDUITE DES AFFAIRES PUBLIQUES

          « En vain prétend-on que l'égalité civile accordée à la femme a pour corollaire nécessaire son émancipation politique. C'est méconnaître absolument le rôle de la femme dans l'humanité. Destinée à la maternité, faite pour la vie de famille, la dignité de sa situation sera d'autant plus grande qu'elle n'ira point la compromettre dans les luttes du forum et dans les hasards de la vie publique. Elle oublierait fatalement ses devoirs de mère et ses devoirs d'épouse, si elle abandonnait le foyer pour courir à la tribune. Elle n'y apporterait pas d'ailleurs la modération de langage et la netteté des conceptions, qui sont indispensables dans les usages parlementaires. D'autre part, elle introduirait dans la famille un élément de dissolution, qui lui ferait perdre la légitime influence qu'exerce sur le père de famille la femme respectable, qui est l'honneur de la maison. Nulle part le rôle de la femme ne fut mieux compris qu'à Rome ; vénérée et vénérable dans la vie privée, la matrone romaine n'était rien dans la vie publique et jamais elle ne songea à compromettre la majesté du foyer domestique dans la tourbe des comices. Ces moeurs, heureusement, sont encore les nôtres et la condamnation de la théorie que nous combattons est celle que prononce tous les jours l'immense majorité des femmes.

    On a donc parfaitement raison d'exclure de la vie politique les femmes et les personnes qui, par leur peu de maturité d'esprit, ne peuvent prendre une part intelligente à la conduite des affaires publiques. Il est encore fort juste d'en chasser tous ceux qui s'en sont rendus indignes, en manquant gravement à leurs devoirs sociaux et qui ont été frappés d'une condamnation d'une certaine gravité ».

    Extrait de la thèse d'Émile Morlot (1884) : « De la capacité électorale »

    Morlot (1859 - 1907) sera par la suite maître des requêtes au Conseil d'État et député radical de l'Aisne de 1896 à 1907.

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    LES MAINS DES FEMMES NE SONT PAS FAITES POUR VOTER

    « Les mains des femmes sont-elles bien faites pour le pugilat de l'arène publique ? Plus que pour manier le bulletin de vote, les mains de femmes sont faites pour être baisées, baisées dévotement quand ce sont celles des mères, amoureusement quand ce sont celles des femmes et des fiancées : ... Séduire et être mère, c'est pour cela qu'est faite la femme ».

    Alexandre Bérard.

    Rapport du Sénateur sur plusieurs propositions de loi tendant à accorder aux femmes l'électorat et l'éligibilité.

    (Rapport n ° 561, annexé au procès-verbal de la séance du Sénat du 3 octobre 1919).

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    LES FEMMES ENCORE PLUS INAPTES QUE LES HOMMES À VOTER

    « La moyenne des hommes et des femmes sont également incapables de juger actuellement des choses politiques. Elles dépassent infiniment leurs capacités d'attention et de compréhension.

    ... Les femmes étant encore plus livrées que les hommes aux forces émotives seront emportées plus massivement encore par ces vastes ondes... La masse électorale nouvelle en s'ajoutant à l'ancienne ne fera qu'amplifier les vibrations de l'opinion régnante ».

    Romain Rolland.

    « Le nouveau monde » - 1925.

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    LE VOTE DES FEMMES, C'EST L'AVENTURE

    « Nous sommes disposés à accorder aux femmes tout ce que leur sexe a le droit de demander, mais en dehors de la politique (...). Donner le droit de vote aux femmes, c'est l'aventure, le saut dans l'inconnu, et nous avons le devoir de ne pas nous précipiter dans cette aventure.

    Ayons le courage de rester nous-mêmes. Nous avons remonté d'autres courants que le féminisme. Nous avons remonté le courant du boulangisme, le courant du nationalisme et toutes les fois que la République a été en péril c'est le Sénat qui l'a sauvée ».

    Armand Calmel.

    Sénat, séance du 5 juillet 1932, p. 1104-1105.

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    JUSQU'À LA FIN : LE SUFFRAGE FÉMININ EST DANGEREUX

    « II est établi qu'en temps normal les femmes sont déjà plus nombreuses que les hommes. Que sera-ce à un moment où les prisonniers et les déportés ne seront pas encore rentrés. Quels que soient les mérites des femmes, est-il bien indiqué de remplacer le suffrage masculin par le suffrage féminin ? ».

    Paul Giacobbi.

    Assemblée consultative d'Alger, mars 1944.

    ____

     

    Ce florilège antiféministe recueille des déclarations ou écrits d'hommes politiques, députés et sénateurs, de droite et de gauche, de 1881 à 1944. S'y ajoute un texte d'un non parlementaire, l'écrivain Romain Rolland. On mesure à cet entassement de stéréotypes quel courant contraire la « cause des femmes » avait à remonter sous la IIIe République, et on comprend mieux pourquoi elle n'y est pas parvenue.

    Le refus du suffrage féminin repose sur un double argumentaire à peu près immuable, et sereinement contradictoire :

    1. Les femmes valent mieux que les « luttes du forum » où elles compromettraient leur dignité fondamentale d'épouses et de gardiennes du foyer familial. C'est le thème de la « meilleure part », dont la longue carrière se poursuit, dans un domaine non politique.

    2. Les femmes, différentes, immatures, influençables, inférieures, ne peuvent prendre une part intelligente et autonome à la vie publique.

    La spécificité des femmes est donc invoquée deux fois, positivement et négativement, pour justifier qu'elles restent privées des droits politiques.

    La position de Romain Rolland, qui n'est pas marginale, appelle un commentaire distinct. Il s'en prend au suffrage universel dans son principe, qu'il soit celui des hommes ou celui des femmes. On touche peut-être ici à une cause profonde du retard français. Le suffrage féminin a été longtemps, et peut-être reste encore, la cible avouable de tous ceux qui n'avaient pas pris leur parti du suffrage universel tout court, instauré dès 1848, mais n'osaient l'attaquer de front, parce qu'il était devenu un droit acquis. « N'ajoutons pas le suffrage des incompétences à celui des incompétents », répondait en substance le philosophe Alfred Fouillée, en 1910, à la question : « Les femmes doivent-elles voter ? ». Romain Rolland ne dit pas autre chose. « Le retard français s'explique (...) par une sorte de réaction compensatrice à la précocité de la conquête du suffrage masculin » a écrit Pierre Rosanvallon. On voit resurgir « sous les espèces féminines le vieux thème de la prématurité du suffrage ».

    (Pierre Rosanvallon, Le sacre du citoyen, Histoire du suffrage universel en France, Gallimard, 1992, p. 411).

    Cette petite anthologie est extraite du site de l'Assemblée nationale, voir ici

    Et se souvenir de ce que disait Yvette Roudy en 1982... déjà, sur les discriminations professionnelles que subissaient les femmes. Elle explique la nécessité d'une loi. Trente plus tard, tout n'est pas encore au point.

    PUIS SUIVRA LE PROJET ANTI SEXISTE