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  • Salle de consommation à moindre risque : entretien avec José Matos, chef de service chez Gaïa

    Cela fait quatre ans que la salle de consommation à moindre risque (SCMR) a ouvert ses portes rue Ambroise Paré à Paris (10e). Pour l’occasion, nous avons interrogé José Matos, chef de service chez Gaïa, responsable des maraudes autour de la SCMR. Cet entretien permet de faire le point sur les questions de drogues autour de la gare du Nord, mais également plus largement sur le Nord parisien, et aussi de démentir certaines fakenews sur le sujet.

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    Portail d'entrée de la SCMR rue Ambroise Paré, octobre 2020

     

    Action Barbès : Pouvez-vous nous préciser votre fonction à Gaïa et votre rôle au sein de de la SCMR ?

    José Matos : Je suis chef de service au Caarud*. Caarud qui est porteur de la salle de consommation. Nous sommes deux chefs de service à la salle,  Jamel Lazic qui est en charge de la gestion à l’intérieur de la salle, et moi qui suis en charge de l’extérieur, c’est-à-dire des maraudes, des opérations de ramassage de seringues et de l’antenne mobile qui tourne cinq jours sur sept actuellement.

     

    Pouvez-vous, en quelques mots, rappeler le fonctionnement et le but de la salle de consommation à moindre risque ?

    La salle de consommation à moindre risque a deux objectifs, le premier est un objectif de santé publique, c’est-à-dire de permettre à des personnes très précaires – soixante pour cent des usagers de la salle sont SDF ou en situation de très grande précarité – de pouvoir consommer dans des conditions d’hygiène et de sécurité satisfaisantes , d’éviter les overdoses, d’éviter les risques liés à la consommation de produits et à l’injection, et de créer du lien, d’entrer en contact avec une équipe médico-sociale.

    Le deuxième objectif est lui un objectif de tranquillité publique. La salle étant implantée dans un quartier qu’on appelle une "scène ouverte", c’est-à-dire un lieu où se vend, s’échange et se consomme de la drogue, l’idée est d’agir sur cette scène préexistante, en limitant au maximum la consommation dans la rue, dans les toilettes publiques, dans les parkings, dans les halls d’immeuble…

    Pour fonctionner correctement et être en conformité avec la loi, la salle de consommation emploie un médecin à temps plein, un psychiatre à mi-temps et douze infirmières et infirmiers. Cela dément les mensonges dits par une candidate à la mairie de Paris lors d’un débat télévisée, qui affirmait l’absence de personnel médical dans la salle. Pourtant la simple lecture du cahier des charges des SCMR [voir en ligne sur legifrance.gouv] aurait suffi pour avoir confirmation de cet impératif médical. Cette offre est complétée avec des partenariats avec des structures de soin, notamment l’hôpital Fernand Vidal. Nous avons également une permanence de la sécurité sociale une fois par semaine.

    On nous pose souvent la question du sevrage (qui n’est pas une finalité de la SCMR) pour les usagers. Il faut dire que la question du sevrage n’est pas simple, il est difficile à envisager d’emblée une sortie de l’addiction vers un sevrage, c’est le fruit d’un processus complexe. Il s’envisage dans un parcours individuel accompagné sur un temps long. La salle est un premier maillon, souvent celui d’un tout premier contact avec une structure médico-sociale.

     

    La période du confinement a vu la retour de consommations de drogues dans l’espace public, d’injections en particulier, comment la SCMR a fonctionné durant cette période ? A-t-elle repris depuis un fonctionnement normal, en terme de personnes accueillies et d’amplitude d’ouverture de la salle ?

    Le confinement a eu un impact très important sur la salle. Nous avons décidé de maintenir la salle ouverte pour accueillir des usagers, mais pour ce faire il a fallu d’abord penser à protéger le personnel de la salle, et aussi les personnes qui fréquentent la salle. Sachant que la salle était à un niveau initial de 300 à 400 passages par jour habituellement, avec une ouverture le matin depuis octobre 2019, nous ne pouvions pas ouvrir sans opérer des changements : nous avons réduit le nombre de postes "d’injection" d’abord à quatre (au lieu de douze habituellement) puis à six, pour laisser un poste libre entre chaque personne, afin de pouvoir garantir la mise en place des gestes barrières pour tous. L’espace "d’inhalation" a lui été complètement fermé (six postes), les locaux ne permettant pas une aération suffisante pour que les personnes soient suffisamment en sécurité vis-à-vis de la Covid. Ces mesures ont considérablement réduit notre capacité d’accueil, limitant alors celle-ci à quatre-vingt passages maximum par jour. Aujourd’hui, avec six postes d’injection et toujours aucun poste d’inhalation, la salle actuellement ne peut accueillir qu’une centaine de passages par jour en moyenne.

     

    Quels sont les retours des habitants et riverains durant cette période et depuis, les signalements ont-ils augmenté ?

    Oui, forcément, ces personnes qui consomment des drogues n’ont pas arrêté avec le confinement, elles n’ont simplement pas pu venir le faire dans la salle, donc l’ont fait dehors comme avant. Nous avons maintenu des sorties quotidiennes pour ramasser les seringues laissées dans l’espace public et rencontrer les usagers dans le quartier. On a eu des appels de riverains auxquels on a tous répondu, environ trois par jour. Pour des intrusions dans des immeubles par exemple, on s’est déplacé systématiquement pour rencontrer l’usager, lui demander de sortir et faire un point sur sa situation. C’est vrai que cette période était très compliquée pour ces usages, n’ayant pas de solution alternative – nous sommes toujours la seule salle de consommation pour toute l’Ile-de-France. C’est vrai aussi que durant le confinement il y a eu plus d’appels, plus de matériel ramassé dehors : on a vu un retour des consommations à l’extérieur.

    D’une manière générale il faut dire que la situation autour de la salle n’est pas aussi pacifiée qu’on le souhaiterait et nous comprenons les exigences des riverains qui aspirent à une légitime tranquillité publique dans leur quartier. L’ouverture d’autres salles serait une solution forte pour améliorer les choses, mais il faut encore plus de travail de prévention vers les usagers, et aussi une plus grande présence policière.

     

    Quand on habite dans le secteur autour de la SCMR et qu’on est le témoin d’une scène d’injection dans l’espace public ou dans un hall d’immeuble, comment réagir ? Que doit-on faire (et ne pas faire) ? Qui doit-on appeler ?

    On peut nous appeler, nous avons une ligne dédiée aux riverains [tel : 07 62 49 93 45] qui est ouverte de 9 h à 21 h du lundi au vendredi et actuellement de 13 h à 21 h le week-end. On essaie de répondre et d’intervenir immédiatement, mais il arrive parfois que nous soyons déjà en intervention ailleurs.

    En dehors de ces horaires, mais aussi pendant, on peut appeler la police [tel : 17 / mail : ecoute10@interieur.gouv.fr]. C’est même le premier recours, car nous n’avons pas de moyens de coercition, seule la police peut contraindre une personne à quitter un lieu. Notre rôle est celui de la médiation, nous allons discuter, tenter de convaincre la personne de partir d’elle-même.

    On peut éventuellement aller soi-même parler avec la personne consommant de la drogue (à éviter en pleine injection), en restant poli (en vouvoyant la personne par exemple), en expliquant que sa présence est gênante et pose problème à cet endroit (cage d’escalier…). Généralement la plupart des usagers de drogue vont obtempérer et partir, ils cherchent plutôt à se cacher et éviter les situations de conflit. Dans le cas contraire il ne faut pas insister et appeler la police.

    J’en profite pour faire une mise au point sur la circulaire de politique pénale [Circulaire du 13 juillet 2016] et les fausses nouvelles répandues à ce sujet par des opposants à la salle. Il faut donc réaffirmer que la police est libre d’intervenir partout autour de la salle, devant la salle, et elle le fait, même à l’intérieur de la salle si besoin ! Le secteur n'est pas une zone de non-droit. La seule et unique exception est faite pour les usagers contrôlés à proximité qui sont autorisés à détenir une petite quantité de produit pour venir à la salle (NDLR : un usager doit présenter une dose de produit stupéfiant à consommer à l’entrée de la salle pour y rentrer, cela évite le deal à l’intérieur ; la salle ne fournit aucun produit stupéfiant ni produit de substitution). Une personne contrôlée par la police à proximité de la SCMR avec une grande quantité de produits est automatiquement arrêtée et emmenée en garde à vue, puis ensuite déférée au Parquet.

     

    Depuis plusieurs mois, on observe l’arrivée de nouvelles personnes en errance autour de la gare du Nord, principalement des fumeurs de crack apparemment, notamment dans la "cour des taxis" de la gare, proche de la salle de consommation. Cette présence est-elle liée à la SCMR ? Interfère-t-elle avec le fonctionnement de la salle ?

    Cette présence n’est pas liée à la SCMR. Il faut rappeler que la scène ouverte de toxicomanie autour de la gare existe bien avant l’implantation de la salle, et c’est d’ailleurs pour cela qu’elle a été positionnée à cet endroit. C’est bien la gare du Nord qui attire ces personnes, la cour des taxis ayant un rôle de "place du village" dans cette scène ouverte. Les importantes évacuations de la Porte de La Chapelle et de la Porte d’Aubervilliers ont entrainé une pression très forte du côté de Stalingrad et du jardin d’Eole, mais aussi vers la gare. Il faut dire aussi que certaines personnes ont des "interdictions de territoire", la justice leur ordonnant de ne pas paraitre dans certains arrondissements comme les 18e et 19e arrondissements, et donc se rabattent sur le 10e. Nous voyons également de nouvelles personnes, notamment avec notre antenne mobile, Porte de la Chapelle, Porte d’Aubervilliers et au jardin d’Eole, et là c’est lié à la précarité qui grandit avec la crise de la Covid. Ces personnes viennent d’un peu partout, de Paris, de proche banlieue ou de la Grande Couronne, ou même de province, Paris ayant toujours eu un pouvoir d’attraction en matière de drogues. On voit depuis longtemps, des personnes venir à Paris pour un mois ou deux et puis repartir en province.

     

    Q : Plus généralement, le Nord parisien connait actuellement un phénomène inquiétant de consommation de crack qui semble encore s’étendre. Votre métier fait que vous connaissez bien la situation de la consommation de drogues sur le Nord de Paris. Pensez-vous que seul le démantèlement de la "colline du Crack" porte de la Chapelle en soit à l’origine, ou constatez-vous l’arrivée de nouveaux usagers de drogues ? Le cas échéant, est-ce que ces personnes répondent à un profil particulier ?

    C’est évidemment multi-factoriel, mais il est vrai que l’évacuation de la "colline  du Crack" Porte de la Chapelle, qui était devenue un lieu hors de contrôle, a dispersé les centaines personnes qui y gravitaient. Cela a eu principalement un impact sur Stalingrad et le jardin d’Eole mais aussi en Seine-Saint-Denis.

    C’est un des facteurs, mais il y en a d’autres, comme l’arrivée des migrants parmi les usagers de crack. Phénomène d’abord marginal il y a encore deux ans, la proximité de ces personnes à la rue (migrants et usagers de crack) a créé des échanges entre eux et il est moins rare aujourd’hui de voir certains migrants sans hébergement tomber dans la consommation de crack.

    Il y a également de nouveaux consommateurs qui sont des personnes à la situation économique précaire (intérimaires, intermittents du spectacle…) et qui ont "flanché" notamment avec le confinement et la crise économique. Ce phénomène accompagne chaque crise économique.

    Un autre facteur est la médiatisation, le sujet ayant eu une grande couverture médiatique, cela a un effet de "publicité". On peut rencontrer des personnes nous disant avoir vu un reportage à la télé et du coup être venues "voir sur place comment cela se passe !"

     

    Q : Il est question d’ouvrir des salles de consommation et de repos à destination de ces consommateurs de crack dont le comportement peut être parfois dangereux, pour eux-mêmes mais aussi leur environnement. Est-ce qu’il s’agirait de salle de même type que la SCMR de la rue Ambroise Paré (qui n’accueille pas de consommateurs de crack NDLR), ou de dispositifs spécifiques ? Autrement dit, est-ce que la politique de "réduction des risques**" (RDR) est la même pour les "injecteurs" que pour les fumeurs de crack ?

    Une salle de consommation est forcément adaptée à une situation donnée. Par exemple, la SCMR de Paris n’est pas pensée comme la SCMR de Strasbourg, cette ville ne connaissant pas de scène ouverte comme à Paris, les enjeux étant différents, même s’il y a un fond commun. Le modèle qui devra se mettre en place à d’autres endroits pour répondre à la problématique du crack devra forcément s’adapter à la consommation du crack. Ce serait l’inverse de ce qui se pratique à la SCMR de la gare du Nord, c’est-à-dire beaucoup de postes d’inhalation et moins de postes d’injection.

    Ce qu’il me semble indispensable, c’est que cela soit associé à des salles de repos, notamment la journée quand il n’y pas de lieux d’accueil pour les personnes en errance (les accueils de jour ne permettent pas de dormir).

    Mais au-delà de ces dispositifs, l’hébergement reste primordial. D’ailleurs, pendant le confinement nous avons offert des hébergements hôteliers à beaucoup de personnes, les plus fragiles. Aujourd’hui nous hébergeons environ soixante-dix personnes en hôtel. Cela permet de ramener les personnes vers des consommations plus raisonnées. La plupart des usagers baissent leur consommation et vont moins sur les scènes ouvertes lorsqu’ils sont hébergés dans des conditions décentes. D’une manière générale, même si ces personnes ne sortent pas de la consommation de drogues, elles "vont mieux", consomment moins et adoptent des comportements moins agressifs.

    Les horaires également doivent être adaptés pour correspondre à une demande spécifique. Comme nous nous sommes adaptés aux horaires des usagers à la SCMR de la gare du Nord, il faudra s’adapter aux horaires qui sont ceux des usagers de crack.

     

    Propos recueillis par téléphone le 25 octobre 2020.

     

    * CAARUD : Centres d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction de risques pour Usagers de Drogues, créés par la loi de santé publique 2004-806 du 9 août 2004 qui institutionnalise la politique de réduction des risques (RDR).

    ** Réduction des risques (RDR) : la politique de réduction des risques liés à la toxicomanie a été institutionnalisée en France par la loi de santé publique 2004-806 du 9 août 2004. Cette approche privilégie la prévention et les soins afin de limiter les risques sanitaires et sociaux liés à l'usage de drogues.

     

    Plaquette de présentation de la SCMR

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  • "Dans les têtes de Stéphane Blanquet": exposition à la Halle Saint-Pierre

    Addendum : une exposition à retrouver dès la fin du confinement.

     

    La Halle Saint-Pierre vous invite jusqu'en juillet 2021 a plonger dans l'univers onirique de l'artiste Stéphane Blanquet.

    Cette exposition se déroule en deux temps. D'abord, du 5 septembre 2020 au 30 juillet 2021, vous retrouvez au rez-de-chaussée de la Halle, une exposition évolutive, où tous les quatre mois, Stéphane Blanquet présente de nouvelles œuvres – installations, œuvres peu montrées, tapisseries, totems, de nouvelles têtes. Dans un second temps, à partir de 11 janvier 2021, l’exposition s’agrandit, Stéphane Blanquet investit l’espace à l’étage avec une cinquantaine d’artistes du monde entier – peintres, collagistes, dessinateurs... 

    De plus, durant cette année entière d’exposition, Stéphane Blanquet éditera un hebdomadaire, La Tranchée Racine, excroissance graphique, en couleurs, de exposition, présentant les œuvres de près de cinq-cents artistes du monde entier.

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    C'est où ?

    Halle Saint-Pierre, 2 rue Ronsard, Paris 18e

    C'est quand ?

    Jusqu'au 31 juillet 2021

  • "Le Rosfelder", une nouvelle table rue Myrha

    Un nouveau restaurant va allumer ses fourneaux au 8 rue Myrha : Le Rosfelder.

    18e,goutte-d-or,rosfelder,myrha,restaurantL'adresse affiche "Lalande & Collin" en façade, nom de l'ancienne fabrique de boutons qui était installée ici, et dont la copropriété a soigneusement conservé et restauré le nom pour garder une trace du passé industriel de l'immeuble. Avant Lalande & Collin, ici était installés depuis 1895 les Etablissements Préfer  des frères Alfred et Marcel Rosfelder (grossiste en fournitures pour cycles et automobiles, devenu Préfer-Lecomte en 1938). Vous savez à présent de quoi s'inspire le nom du restaurant.

    Si l'adresse n'est plus industrieuse, elle est toujours consacrée au travail, puisque le bâtiment sur cour  — jolie construction des ateliers Eiffel — et le local sur rue accueillent La Manufacture, un grand espace de coworking et de supports aux jeunes entreprises. C'est dans ce cadre que s'ouvre Le Rosfelder, un café-restaurant qui vient participer à l'animation du bas de la rue Myrha.

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    Le bâtiment sur cour (photo La Manufacture)

     

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    Le Rosfelder ouvre ses portes ce mercredi 28 octobre  pour offrir une dégustation libre aux gourmands, de 12 h à  14 h et de  18 h à  20 h. Vous contribuerez ainsi à composer la future carte du restaurant. Cet événement sera animé par l’équipe de la Manufacture accompagné de la cheffe Djamila (l'inscription est par ici).

    Evidemment, toutes les précautions sont prises pour assurer un accueil qui respecte au mieux les règles sanitaires (n'oubliez pas votre masque !).

     

     

    Le Rosfelder

    Bar restaurant

    8 rue Myrha, Paris 18e

     

  • Maïwenn présente son dernier film, "ADN", au Louxor

    Ce mercredi 28 octobre, le Louxor accueille la réalisatrice Maïwenn, qui vient présenter son dernier film, ADN, avec Louis Garrel, Fanny Ardant et  Marine Vacth à l'écran. A noter : la séance est programmée à 18 h 45 pour permettre a chacun de suivre la séance et de pouvoir rentrer tranquillement chez soi avant le couvre-feu. La Louxor a d'ailleurs changé les horaires de sa programmation, avec une "dernière séance" à 19 h. Une programmation que vous pouvez consulter sur son site.

    Le film : Au sein d'une famille aux rapports compliqués et aux rancœurs nombreuses, la mort du grand-père va déclencher une tempête familiale et une profonde crise identitaire chez Neige, sa petite-fille. Dès lors, elle va vouloir comprendre et connaître son ADN.

    "Avant de tourner ce film j'étais très obsédée par des questions identitaires, d'où je venais, que représentait l'Algérie pour moi, au quotidien mais aussi dans mon âme intérieure, ces questions-là m'obsédaient jusqu'au point de m'empêcher de dormir, donc j'ai étudié sur mes origines, de façon boulimique, je n'étais jamais rassasiée."
    Maïwenn - Dossier de presse

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    C'est où ?

    Le Louxor,  170 boulevard de Magenta, Paris 10e

    C'est quand ?

    Mercredi 28 octobre 2020, à 18 h 45

  • Rénovation du secteur Boris Vian-Goutte d'Or : la concertation en échec

    Cela fait cinq ans déjà que la municipalité a lancé le chantier de réhabilitation du secteur comprenant le début de la rue de la Goutte d'Or, le haut de la rue Boris Vian et le terrain de sport, et les premiers travaux sont à présents imminents (ce projet faisait partie du programme électoral de 2014 d'Eric Lejoindre, il aurait dû être achevé à la fin de la dernière mandature). On pourrait se réjouir de la mise en oeuvre de ce projet de rénovation urbaine, tant ce secteur du quartier de la Goutte d'Or pâtit d'une rénovation pour le moins loupée (nous relations déjà le très mauvais état de ce secteur en 2014 (voir notre article du 25 février 2014), mais la faiblesse de la concertation pour ce dossier a conduit à un résultat qui ne satisfait pas les attentes des habitants.

     

    Une concertation déconcertante

    Il faut reprendre l'historique de ce dossier pour constater que c'est bien sur le volet de la concertation que la bât blesse. Nous allons évoquer seulement les grandes lignes de cet historique, tant il serait fastidieux de recenser ici toutes les péripéties de ce dossier.

    Cela a commencé avec l'agence qui était missionnée (AA Feraru) par la Mairie pour mener une concertation préalable avec les habitants et les acteurs du quartiers. Ce travail a alors consisté d'abord en une série de rencontres individuelles, un peu déconcertantes, où chacun devait notamment exprimer ses sentiments et sensations (!) autour de ce secteur, il y a eu ensuite des réunions publiques de travail en commun, mais qui dans les faits se sont révélées de vrais fiascos (souvenons-nous par exemple de cette réunion sur le TEP - nous y étions -, sous la pluie, avec moins de dix participants !), faute de communication notamment. Il y a eu aussi des "marches exploratoires" qui ont permis au moins de lister les points noirs bien connus des habitants. 

    La première grande réunion de présentation du projet de rénovation urbaine a eu lieu le 22 novembre 2016 au Centre Barbara (voir notre article du 29 novembre 2016). Il a alors été présenté un projet avec plusieurs principes d'aménagement, à savoir : avancée des vitrines des commerces aux colonnes de la rue de la Goutte d'Or, déplacement de la portion de la rue Boris Vian (entre Goutte d'Or et Polonceau) dans l'alignement de l'escalier de la première partie de la rue (entre Charbonnière/Chartres et Goutte d'Or), la couverture du TEP, la création d'un local commercial à l'angle de la rue de la Goutte d'Or et de la place Polonceau (future place Remitti) et la création d'un nouveau bâtiment sur l'emplacement de la rue Boris Vian déplacée.

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    Une des vues du projet présenté en 2016

    Il nous faut évoquer également l'opération "Tous mobilisés Goutte d'Or Sud" en 2018 (voir nos articles du 30 avril 2018, du 16 mai 2018, du 6 juin 2018 et celui du 25 juin 2018) qui englobe le secteur concerné et qui n'a rien donné de concluant, à part quelques micros aménagements de voirie, les problèmes essentiels qui avaient alors été soulevés sont malheureusement toujours d'actualité.

    Depuis le dossier ne semblait pas avancer, à part quelques réunions publiques, toujours en petits groupes et "sans grand formalisme", pour le dire poliment, et portant uniquement sur des détails d'aménagement. En tout cas, il n'y a jamais eu de réunion collective pour débattre sur le fond des aménagements envisagés. A l'heure ou l'on se gargarise de participation citoyenne à tout va, il est peut-être bon de rappeler que l'acte essentiel de la démocratie participative est la délibération des citoyens, et non leur simple consultation, surtout lorsque cette dernière est totalement fragmentée, ne permettant pas les échanges horizontaux.

    D'ailleurs, le commissaire enquêteur chargé de ce projet a fait ce constat de défaut de concertation, appelant à relancer justement cette concertation pour la validation du projet. La Mairie a bien mis en oeuvre ce complément de concertation, mais cela s'est limité à des rencontres individuelles entre habitants ou associations et les élus, les échanges se cantonnant à valider ou pas les points du projet tel que présenté auparavant. Plusieurs associations et des habitants ont tenté d'interférer avec cette concertation et faire évoluer le projet, en vain.

     

    Un projet déconcertant

    La dernière réunion publique en date sur ce projet est une réunion d'information, qui paradoxalement, si elle a été annoncée à la dernière minute (nous avons appris sa programmation trois jours avant sa tenue par un mailing de la Mairie du 18e), a réuni tout de même une centaine d'habitants au gymnase de la Goutte d'Or, le 9 octobre dernier. Nous avons pu constater l'absence du maire pourtant annoncé (une erreur de communication nous a-t-on dit) et surtout que beaucoup des habitants présents découvraient le projet pour la première fois ! D'ailleurs plusieurs voix se sont élevées pour déplorer n'avoir pas pu s'exprimer sur ce projet faute d'en avoir eu connaissance.

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    Heureux hasard sans doute, la rue Boris Vian bénéficie d'un nettoiement spécial à grande eaux juste avant le début de la réunion du 9 octobre 2020

    Cette réunion "d'information" ne nous a finalement pas informé de grand chose. Le permis de construire étant déjà déposé et le financement bouclé, il n'y avait de toute façon pas grand chose à discuter. On nous a tout de même présenté les grandes lignes du projet,  à  savoir les mêmes qu'en 2016 : avancée des vitrines des commerces aux colonnes de la rue de la Goutte d'Or, déplacement de la portion de la rue Boris Vian (entre Goutte d'Or et Polonceau) dans l'alignement de l'escalier de la première partie de la rue (entre Charbonnière/Chartres et Goutte d'Or), la couverture du TEP, et la création d'un local commercial à l'angle de la rue de la Goutte d'Or et de la place Polonceau. Seule la création d'un nouveau bâtiment sur l'emplacement de la rue Boris Vian déplacée pourrait être encore contestée. Quand ? Comment ? Nous ne le savons pas. On nous a tout de même dit, sans rire, que si la salle était unanime, le projet pourrait être tout simplement annulé et revu pour une livraison dans dix ans.

    Pour le reste, rien n'a été présenté aux habitants, aucun détail de réalisation ni même un calendrier des travaux. Les quelques diapos projetées étaient de toute manière difficilement visibles sur le mur rayé du gymnase (il faut dire que les problèmes de projection dans les réunions publiques sont devenus un véritable running gag dans le 18e). La salle a largement exprimé son incompréhension quant aux méthodes de la Mairie sur le suivi de ce projet.

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    Tribune d'élus sur fond de projection floue (Anne-Claire Boux, Mario Gonzales, Maya Akkari et Fanny Benard). Réunion du 9 octobre 2020 au gymnase de la Goutte d'Or

    Pour ajouter à la confusion, une incertitude a été pointée par la Mairie sur le devenir du parking situé sous le TEP qui n'est toujours pas déterminé, parlant même d'une éventuelle suppression. Pourtant voilà un sujet qui n'a pas d'équivoque pour les habitants qui ont tous exprimé leur volonté de maintenir ce parking, que ce soit durant la pseudo-concertation et ou au cours de cette réunion "d'information". Et au moment où la Ville annonce la suppression de cinquante pour cent des places de parking en surface, il serait étonnant qu'on supprime un parking sous-terrain, alors que ce genre d'équipement est la condition indispensable pour mettre en oeuvre ce plan de suppression.

    Même si tout n'est pas forcément contestable dans les réalisations à venir, un projet de cette envergure aurait tout de même mérité d'être mené autrement en termes de concertation, surtout avec une phase préparatoire sur un temps aussi long.

     

    Travaux surprise !

    Si la réunion du 9 octobre 2020 n'a pas permis d'avoir de détails sur le calendrier des travaux, on a pu en savoir plus depuis... avec un mail "flash info" (?) de la Mairie du 18e, en date du 16 octobre, qui annonce le début du chantier le 26 octobre, soit juste dix jours après ! Nous reproduisons ci-dessous le corps de ce court mail et le visuel qui l'accompagne :

    "Les travaux d'aménagement de la rue Boris Vian, de la rue de la Goutte d'Or
    et du Terrain d'Education Physique (TEP) démarrent !

    Début des travaux le 26 octobre 2020

    La première phase de travaux de démolition durera jusqu'en janvier 2021. A partir de février 2021, une seconde phase de travaux de réaménagement interviendra et se poursuivra jusqu'au printemps 2022.

    Le terrain de sport (TEP) sera fermé durant toute la période de travaux. Sa réouverture est prévue pour l'été 2022. Le gymnase, sera fermé environ 2 mois au printemps 2021, et restera ouvert durant le reste des travaux.

    La rue de la Goutte d'Or (de la rue des Gardes jusqu'à la place Remitti) sera fermée à la circulation des véhicules durant 3 jours au démarrage du chantier pour la mise en place des installations de chantier.

    Des informations complémentaires arriveront très prochainement."

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    Si le dossier trainait en longueur jusque là, les choses semblent se précipiter à présent. Pour couper court à toute forme de contestation, faute de vraie concertation ?