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Rechercher : charte silence on fête

  • Conseil de quartier : un regard transversal

    Comme nous le faisons toujours, nous avions annoncé la réunion publique du conseil de quartier Goutte d'Or Château rouge, en soulignant que la toute nouvelle équipe d'animation — selon la terminologie proposée et acceptée — en profiterait pour se présenter aux habitants.

    A en juger par le nombre de participants mardi soir, à 19 heures, dans le préau de l'école Pierre Budin, nous n'avons pas su séduire, ou bien notre blog perd de "l'audimat" dans le 18e, ou encore le thème annoncé n'était pas assez attractif ! La salle n'était pas pleine. On y a croisé toutefois des visages connus. Ariel Lellouche, l'infatiguable animateur des réunions du conseil Goutte d'Or, a heureusement été tiré au sort parmi les candidats habitants, avec 7 autres, dont plus de la moitié étaient absents ou excusés. Les associations étaient représentées : elles ne sont plus que 5 à faire partie de l'équipe d'animation dans la nouvelle configuration. Amadou Sylla  (SOS Casamance), Michel  Tall (Bol d'Or), Sylvie  Rubé (Les Enfants de La Goutte d’Or) et  Philippe  Ferin (Espoir Goutte d’Or) se sont présentés et ont décrit rapidement leur engagement dans le quartier. Toutefois une ombre planait sur ces visages, car tous connaissaient le représentant de l'association La Table ouverte, Jean-Paul Edwigss, dont ils avaient appris le décès quelques jours plus tôt. Rachid Arar s'est chargé de prendre la relève avec tristesse. Une minute de silence a été observée à la mémoire du disparu et à celle de Noël Monnier, l'un des créateurs du 18e du mois qu'on ne présente pas dans la Goutte d'Or, décédé récemment.

    Dominique Lamy, ex-président du conseil de quartier et désormais promu "élu référent" avait hésité à venir. Fallait-il incarner dès la première séance la figure tutélaire de l'élu local, assis à la table, face au public, ou plutôt laisser libre le siège en question et insister sur l'autonomie totale dont les habitants pourraient jouir dorénavant ? Ariel Lellouche s'est fait l'interprète de ce questionnement de l'élu et a penché vers la seconde hypothèse tout en informant avec bienveillance que ce mardi, le Bataclan allait retentir des acclamations socialistes pour le lancement de la campagne d'Anne Hidalgo... On peut comprendre.

    Sans thème clairement indiqué, la salle avait du mal à sortir d'une certaine fraîcheur. Les efforts valeureux d'Ariel ont permis de proposer une méthode de travail, en petits groupes,  et de constituer des commissions avec, à la tête de chacune d'elles, un des membres de l'équipe d'animation. Elles sont au nombre de 7 : 

    - Commerce : animateur Moussa Niambele 

    - Propreté    : animatrice Geneviève Richy

    - Espace public et environnement  : Philippe Férin

    - Culture      :  Philippe Férin

    - Sécurité    : Michel Tall

    - Vivre ensemble, Mixité sociale, Parentalité : Sylvie Rubé

    - Education : Ariel Lellouche

    Quelques commentaires ont fusé de la salle, pour dire que nous n'étions pas nombreux et qu'il serait bon de ne pas trop se disperser... que certains sujets étaient transversaux et que la propreté, par exemple, se retrouvait autant dans l'espace public que dans le commerce... que l'éducation et la parentalité avaient beaucoup à voir ensemble....  C'est un bon début, puisque les personnes s'interrogent. Reste à savoir comment elles vont recruter suffisamment de bonnes volontés, c'est à dire de personnes disposant de loisirs assez généreusement pour s'investir dans des cercles de réflexion, de préparation d'événements, ou d'actions de revendication ou de communication ? On en revient souvent à ces pierres d'achoppement : à la constatation que les conditions de travail des personnes actives ne laissent pas beaucoup de temps libre, et que celui-ci peut être dédié à des moments de convivialité en famille plutôt qu'à des séances de brainstorming collectif avec les voisins plus ou moins proches. 

    A Action Barbès, nous avons une expérience singulière, puisque, par principe, notre association s'est inscrite dès le début des conseils de quartier dans les trois arrondissements qui entourent le carrefour Barbès. Nous avons donc participé à trois Conseils de quartiers distincts :

    - Trudaine Rochechouart dans le 9e, avec des membres de notre association tirés au sort dans le premier collectif (c'était alors son nom), puis dans le suivant au cours duquel nous avions réalisé le guide culturel de notre conseil de quartier (encore en ligne sur le site de la mairie du 9e). 

    - Lariboisière Saint-Vincent-de-Paul dans le 10e, où plusieurs de nos adhérents font partie, toujours et encore, de l'équipe d'animation depuis sa création.

    - Goutte d'Or Château rouge, auquel nous avons participé plusieurs fois en tant qu'association élue dans ce collège. 

    Seul des trois, le 18e avait opté pour une représentation des citoyens par collèges : habitants, associatifs, personnalités locales, groupes extra communautaires. A l'inverse, les 9e et 10e se cantonnaient à réunir, soit par tirage au sort, soit par élection à mainlevée, des personnes motivées qui se portent candidates à cette mission. Quant aux présidences, 9e et 18e ont longtemps mis à la tête des conseils de quartier un élu, quitte à ne pas lui donner tout à fait le même titre. Toutefois la parole de l'élu, sa place parmi les autres conseillers de quartier montraient assez clairement que la bride était lâche mais qu'elle était là, ne serait-ce que dans le choix des thèmes abordés, des personnes invitées... Parfois, l'assistance s'est réjouie de la présence de l'élu quand il s'est agi d'obtenir des réponses. Mais, dans le 10e, on n'a jamais voulu donner cette place prépondérante à l'élu. Au tout début des années 2000, la bataille a été rude pour faire passer la pilule. Comment la puissance publique dans sa légitimité souveraine pourrait-elle s'effacer à ce point devant une parole individuelle de citoyen lambda ? Elle l'a fait et continue à respecter cette configuration. Les équipes d'animation du 10e n'ont pas pris le pouvoir ! Elles ont survécu, en donnant une place et la parole aux élus quand des sujets nécessitent des réponses qu'eux seuls détiennent ou sont en mesure d'aller chercher. 

    Toutefois, la relève n'est pas facile, on tourne beaucoup avec les anciens, on peine à trouver du sang neuf. Parfois les envies sont grandes, on s'inscrit, et on n'a pas le temps... Oui, nous savons cela aussi. 

  • Commission Barbès-Chapelle, du bon travail en perspective

    L'ambiance studieuse et motivée qui a présidé à la première réunion de la Commission Barbès-Chapelle de notre association a débouché sur une note très positive, à savoir la revalorisation urbaine et la mise en lumière du patrimoine représenté par le viaduc du métro aérien. C'était le 10 décembre dernier.

    Loin de s'éterniser sur les dégâts que cause la présence des marchés sauvages, qu'ils soient de la misère ou du recel — comment trouver un autre nom aux petits trafics qui occupent à la nuit tombante la place Caplat-Charbonnière ? — la commission a opté pour la recherche de pistes innovantes qui pourraient transformer l'image du boulevard de la Chapelle entre Barbès et la place du même nom.

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    Certes il faut réfléchir au croisement de Tombouctou-Maubeuge avec le boulevard! On ne peut laisser les automobilistes qui font l'effort de louer une place chez Vinci Barbès-Rochechouart (104 bd de la Chapelle) perdre leur temps dans l'embouteillage qui régulièrement sature la place de la Chapelle. De ce fait ils y contribuent aussi par leur présence, alors que rien ne les y obligeait avant l'extension du marché sur une partie de ce barreau. Et pourquoi donc cette extension décidée sans plan tombouctou avec texte.jpgconcertation ? Si concertation il y a eu, elle n'est pas arrivée jusqu'à Action Barbès.

    C'est l'ensemble de cette partie à la croisée de plusieurs voies qu'il faut repenser. Les sens de circulation ont changé plusieurs fois en quelques années, sans qu'on en comprenne bien les motivations. La commission a promis de proposer une solution cohérente.

     

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    La place de la Chapelle elle-même est un nœud de trafic inextricable ! Matin et soir, la circulation y est impossible. Les changements de sens de certaines rues du quartier côté 18e, faits sans concertation avec la mairie du 10e, n'ont pas arrangé la situation, mais ont apporté un supplément de confort aux riverains desdites rues (y compris aux enfants des écoles proches), et une meilleure sécurité aux piétons. Quant à la place elle-même, elle est saturée à certaines heures. Réfléchissons à la réduction du flux automobile, détournons-le, limitons-le. Il y a un moment où les grands moyens sont nécessaires. Nous aimerions imiter l'avenue Jean-Jaurès... plutôt que le gymkhana actuel de la rue Marx-Dormoy. Des réflexions sont en cours. Des moyens existent. Attendons un peu les propositions de notre commission.

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    Pourquoi avons-nous encore deux voies de circulation sur le boulevard de la Chapelle entre Barbès et Chapelle ? Qui répond à cette question à la mairie ? L'accumulation de véhicules aux heures de pointe alimente le nœud de la place de la Chapelle, il n'est pas besoin d'être tacticien pour le comprendre. Avec ou sans marché alimentaire, il serait judicieux de réguler l'afflux de voitures. Impossible ! diront certains. Comment ? Mais voyez ce qui se passe le long du marché de Belleville deux fois par semaine ! N'a-t-on pas là aussi de nombreux commerçants, de nombreux camions et de non moins nombreux acheteurs ? Il n'y a pourtant qu'une voie de circulation, à côté de laquelle se trouve une piste cyclable protégée par un séparateur. On ne demande ni plus ni moins.

    Nous n'avons pas l'intention de vous exposer ici toutes les réflexions en cours, juste de vous donner quelques exemples sur le problème de la circulation. Mais la propreté est aussi au cœur du sujet, qu'elle soit des rues, des trottoirs ou à l'intérieur de la station de métro. De même, les occupations de l'espace public, comme nous l'évoquions plus haut, ne peuvent être passés sous silence. Il faut s'interroger sur l'action des forces de police, et savoir en quoi elles font avancer la sécurité pour les habitants.

    Mais il faut toutefois sérier les problèmes et s'attaquer de façon rationnelle à chacun d'eux. Il faut aussi avoir en tête que l'image d'un quartier joue en sa défaveur quand elle n'est pas bonne, décriée, mise en avant à chaque instant. La presse souvent a du mal à voir le positif dans ce bout de quartier qui est le nôtre et que nous aimons malgré ses travers, il faut l'y aider. L'espoir que l'ouverture du Louxor a fait naître ne doit pas retomber. A ce sujet, remarquons que ses mosaïques n'ont pas été dégradées, malgré les craintes que nous formulions pendant le chantier. C'est donc que le beau peut être respecté. A Barbès aussi. La brasserie à l'angle, de l'autre côté du Louxor, même si son chantier semble un peu endormi, va apporter également son lot de changements positifs. Les vendeurs de cigarettes ne s’assiéront pas à la terrasse ! Où iront-ils ? C'est une bonne question. Pour l'heure nous n'avons pas la réponse. Le retour d'un libraire en lieu et place de feu Virgin est une bonne chose également. Les vendeurs de textiles bradés auraient bien investi les lieux aussi.... sans la pression de la mairie du 18e sur le bailleur social.

    L'idée fondatrice de notre commission est bien de transformer le quartier en cessant de geindre et de dénoncer, ou de vouloir repousser les problèmes chez les voisins. Tentons de valoriser l'existant. Savez-vous notamment que le viaduc du métro aérien est classé ? Que pouvons-nous faire dès lors pour obtenir qu'il soit vu comme tel ? Qu'il soit entretenu et mis en valeur ? D'autres grandes transformations viendront perturber l'apparence du quartier dans quelques années : la construction d'un pavillon nouveau à Lariboisière et le déplacement de l'entrée des urgences. Voici des modifications qu'il faut anticiper et surtout prendre en compte.

    Nous vous tiendrons informés des résultats des travaux de notre commission, qui au vu de l'étendue du chantier a du pain sur la planche... Nous avons, pour être plus efficaces, créé des sous-commissions qui se répartissent les tâches. N'hésitez pas à nous faire part de vos idées dans les commentaires du blog, en n'utilisant pas cet espace toutefois comme un déversoir de tous vos reproches, car nous ne sommes qu'une association de quartier dont les pouvoirs sont ceux de l'imagination et de la bonne volonté.  

  • Bibliothèque de la Goutte d'Or : un chantier bien silencieux

    Nous nous posions des questions le 28 janvier 2012 (voir notre article) sur la réouverture, puis sur les travaux de la Bibliothèque de la Goutte d'Or; nous demandions aussi des réponses aux élus …. Silence radio. Nous en avons trouvées sur le site de Social Nec Mergitur, un site d'actualité politique, syndicale et culturelle animé par des agents de la Ville de Paris. Nous vous en proposons la lecture :  

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    Pourtant neuve, la bibliothèque Goutte d’Or est fermée pour au moins deux ans !

    Fermée depuis près d’un an, la bibliothèque Goutte d’or, située dans le 18e arrondissement de Paris, ne rouvrira pas ses portes au mois de juin, soit dans quelques jours, comme l’avait pourtant annoncé le « Journal Du Dimanche (lire ici). La réouverture est en effet repoussée à l'année prochaine, au mieux !  La raison ? Les travaux n’ont tout simplement….pas encore commencé !

    Pourtant l’annonce d’une réouverture prochaine était encore confirmée récemment par une affichette officielle de la Mairie de Paris.

    Du côté des usagers, c’est l’incompréhension. « C'est un temps bien long. Quels genres de travaux, quel genre de transformation va-t-on y faire qui justifie une mise à l'écart si longue ? » Se demande le site Action Barbes. « Si les élus du 18e lisent notre blog, nous aimerions qu'ils répondent à ces interrogations. Merci d'avance. » Concluent ils dépités.

    Que les habitants du quartier se  rassurent. Désormais la réouverture est programmée pour le 15 mars …2013, selon les dernières informations publiées par la Mairie de Paris.  «  Lors de sa réouverture, vous découvrirez un lieu plus confortable, plus convivial, avec des postes multimédias à votre disposition et un espace d’animation. » claironne la Ville de Paris dans un enthousiasme visiblement non feint. Elle oublie (volontairement ?) au passage que la bibliothèque était déjà (et largement) pourvue en postes multimédias !

    De plus, il est plutôt gênant de rendre une bibliothèque plus « conviviale » , plus « confortable » alors qu’elle a été inaugurée en… octobre 1999 et qu’elle a été, mais oui, rénovée en … 2003, comme le révèle le site officiel de la bibliothèque.

    Bref, cette bibliothèque vieille d’à peine douze ans et  rénovée il y a seulement huit ans doit être refaite pour être « conviviale ». C’est avec effarement qu’on apprend qu’à l’aube du 21ème siècle, la convivialité ne faisait pas partie du cahier des charges dans la construction d’un équipement culturel, il n’est jamais trop tard !

                                            goutte d'or 1

     Une chose est sûre, dès son origine ce bâtiment a été victime d’une mauvaise conception, puisque ces (longs) travaux ont pour but de permettre l’accessibilité aux personnes handicapées, de créer un local poubelle (mais oui), de traiter les façades et d’installer un système de ventilation. Le précédent système ayant la particularité de sauter quand il faisait chaud, mais aussi quand il faisait froid !! Les températures, mal récurent des bibliothèques parisiennes. (Pour le chaud lire ici, pour le froid, lire là)

    A noter également que ce bâtiment ne répondait pas non plus aux normes de sécurité (c’est pourquoi les pompiers du secteur donnaient régulièrement un avis défavorable) d’où l’installation d’un nouveau système d’alarme incendie et d’un accès conforme en cas d’évacuation.

    Ceci dit, la partie est loin d’être finie puisque, d’après nos informations, l’architecte et la Mairie de Paris sont en conflit sur une partie des réaménagements, et la situation parait suffisamment tendue pour que la Mairie de Paris envisage la création d’un comptoir de prêt pour cet été. Vue les délais, cela risque toutefois de rester à l’état de vœu pieux.

    En tout cas, cet épisode illustre le malaise qui touche les bibliothèques municipales parisiennes ces dernières années avec entre autres, les baisses massives de budgets d'acquisition ou les pannes à répétition  des systèmes informatiques

                                           Un comptoir de prêt à la Goutte d'Or, un voeu pieux  ?

                                 girard-copie-1

                                         " Mes frères, prions pour la bibliothèque Goutte d'Or ! "

    La mairie du 18e a-t-elle quelque chose à ajouter ? L'Hôtel de Ville peut-être ? Nous ne demandons pas mieux que de pouvoir publier toutes les explications que l'on voudra bien nous fournir.

  • Dernier coup de marteau à Drouot-Montmartre

    Le 4 novembre dernier, Action Barbès s’est rendu à l’hôtel des ventes Drouot-Montmartre, voir ce que proposent maître Morel dans la salle A et maître Morand dans la salle B, deux ventes dites "classiques".

    Il convient d’être matinal, huit heures trente, pour dès l’ouverture du rideau de fer, se dépêcher d’aller dans l’une ou l’autre salle, d’un coup d’œil rapide, expert ou instinctif, ce qui va être dispersé ce jour, et ce qu’on va "surveiller". Nous disposons de trente minutes pour ouvrir les panières à linge, regarder la signature des assiettes, feuilleter les toiles empilées contre les rebords, tester les fauteuils et les tiroirs des secrétaires, soupeser les bijoux… Rituel bien réglé, chacun se salue, s’échange un bibelot, ça se bouscule un peu sous l’œil du commissaire priseur, de ses assistants qui installent les ordinateurs sur l’estrade, et les garçons de salle qui s’efforcent de mettre un peu d’ordre. Eh oui ! nous ne sommes pas rue Drouot et ses seize salles, où chaque exposition, la veille, permet de regarder plus au calme ce que recèle les ventes du lendemain.  À Drouot-Montmartre, il faut faire vite !

    À neuf heures tapantes, le commissaire priseur et tout son staff ordonne à tout les acheteurs de passer derrière les tables qui séparent les acteurs des spectateurs-vendeurs. Ce cérémonial, ce jeu de rôles mêlant hommes et femmes de toutes origines, vous le connaissez, bien sûr. Sinon, c’est trop tard : ce 4 novembre, quand le dernier coup de marteau tombera, quand le dernier acheteur aura enlevé sa marchandise, les rideaux de fer tomberont définitivement sur Drouot-Montmartre. Ainsi en a décidé la SCI Drouot Immobilier - qui n’est pas rattachée à Drouot-Patrimoine, gestionnaire de Drouot-Richelieu, rue Drouot - situé dans le 9e arrondissement et qui est dévolu aux ventes habituelles. Dommage, c’était une belle activité dans le quartier de la Goutte d'Or. Un repaire à bonnes affaires dans un grand brassage social et commercial.

    Revenons tout de même à notre vente. Que voyons nous passer aujourd’hui ? Plateaux en métal argenté, tableaux, table à manger et chaises en acajou (sur laquelle des acheteurs cassent la croûte, en attendant que la table et ses chaises passent en vente !), des lustres d’hôtel,  trente livres de la collection Pléiade, des casiers pleins de verres, une TV écran plat "en l’état", un frigo - deux portes quand même -, des estampes "époque Amélie Poulain", une boite d’une dizaine de petites montres-gousset en or ; tout le monde s’approche …

    drouot,doudeauville,18e

    Les assistants font le va-et-vient entre les acheteurs et l’estrade "des ordinateurs", demandant un nom, donnant un ticket, prenant une carte bancaire. Le commissaire priseur connaît bon nombre des acheteurs "M. X, allons, 10 €, ça ne se refuse pas ! Bon, 5 €, adjugé", "Un Mac Book air, 200 €. En l’état. Ne venez pas me demander le mot de passe ou de le débloquer !". Il s’efforce en même temps de maintenir un minimum de calme, poussant de grands "Silence ! Et repassez derrière les tables, merci !", ordonnant à un petit malin  qui s’est infiltré du côté pro, pour voir un objet de plus près, de repasser immédiatement du côté public. Sévérité très bonhomme, bien sûr.

    Voilà, Drouot-Montmartre, ce nid à bonnes affaires installé rue Doudeauville, ce lieu sympathique et vivant à rendu l’âme.

    drouot,doudeauville,18e

    Deux questions se posent à nous : pourquoi ? et quoi à la place ?

    Elément de réponse à "pourquoi" : depuis quelques années, "notre Drouot", conçu au départ pour écouler la "drouille", c’est à dire le tout venant de peu de valeur, pas assez noble pour Drouot-Richelieu, était monté en gamme, proposant de belles et bonnes affaires, meubles, tableaux, etc. que l’on retrouvait fréquemment… aux Puces de Saint-Ouen. Dans le même temps, Drouot-Richelieu, sorte de club dont les membres sont soixante-dix maisons de ventes de Paris, ne se porte plus aussi bien. Beaucoup des seize salles sont irrégulièrement ouvertes, même en juin, période de pointe de ce commerce. Et surtout, bon nombre des plus grandes maisons de vente (Tajan, Piasa, Artcurial, Cornette de Saint Cyr…) ont ouvert leur propre salle des ventes, ne procédant à Drouot-Richelieu qu’a leurs ventes courantes… les mêmes ou presque maintenant qu’à Drouot-Montmartre ! 

    Quid du futur ? Il s’agit d’un espace privé, faisant partie d'une grande copropriété, même si les pouvoirs publics peuvent tenter d’influer sur le choix du commerce. Pas facile d'envisager ce grand espace, sans fenêtres, avec bien peu d’ouverture sur la rue Doudeauville, mais un espace de chargement rue d’Oran très pratique. Des indiscrétions nous laissent entendre qu'un magasin de meuble et qu'une grande surface de bricolage se sont mis sur les rangs, affaire à suivre...

  • Face à l'insécurité locale, un nouveau ”Cri d’alerte des habitants de la rue de la Goutte d’Or”

    La sécurité du secteur Barbès-Goutte d'Or sud s'est dégradée de manière alarmante depuis plus d'un an maintenant. Tous les habitants, commerçants et associations locales n'ont de cesse de tirer la sonnette d'alarme à ce propos (voir notre article du 2 septembre 2020), mais la préfecture, très satisfaite des "ses chiffres", reste totalement sourde à la détresse des habitants et s'obstine à nier la réalité de la situation qui ne fait que s'aggraver.

    L'épisode de la bibliothèque de la Goutte d'Or (voir notamment notre article du 17 décembre 2020) n'a malheureusement été q'un exemple parmi tant d'autres, et le déploiement de forces de police aux alentours immédiats de la bibliothèque à certes "calmé le jeu" sur quelques dizaines de mètres de rue, mais a surtout eu comme effet de reporter les trafics vers les rues voisines.

    Et si parfois, nous constatons dernièrement une présence policière au carrefour Barbès-Rochechouart, haut lieu de revente de cigarettes de contrebande et surtout de deals en tous genres depuis plus de vingt ans, c'est essentiellement pour y faire... du contrôle routier !

    Las, cette fois c'est le conseil syndical d'une copropriété de la rue de la Goutte d'Or, toute proche du commissariat de police judiciaire situé dans cette rue, qui lance un appel au secours au Président de la République à travers un courrier qu'il lui adresse. Nous reproduisons ici ce courrier avec l'aimable autorisation du conseil syndical.

     

    Objet : Cri d’alerte des habitants de la rue de la Goutte d’Or

    Monsieur le Président de la République,

    Résidents d’un quartier dit "populaire" de la capitale depuis une quarantaine d’années, nous subissons avec une vive inquiétude la dégradation accélérée de notre environnement.

    Nous avions connu et signalé une situation déjà chaotique par bien des aspects, au cours des décennies écoulées (marché aux voleurs sous le métro aérien, prostitution, vente constante de tabac de contrebande).

    Nous espérions une amélioration et un soin attentif sur la durée à ce quartier parisien où nous avions plaisir à demeurer.

    Or, depuis 2016, la présence massive et quotidienne d’hommes qui investissent l’espace de la rue de la Goutte d’Or, les vols à la tire rue des Islettes, la récente rixe mortelle, les trafics multiples supposés, les destructions aux abords de la médiathèque génèrent insécurité et sentiment de malaise.

    Ces vandalismes, délits et incivilités s’imposent aux habitants du quartier comme "loi du milieu" et leur imposent de modifier leurs horaires, leurs trajets, en deux mots leur mode de vie. Une atmosphère "malsaine" s’instaure, indigne d’un lieu d’habitation ou d’un quartier à vivre en plein cœur de Paris !

    On traverse la rue de la Goutte d’Or, le "piéton de Paris" n’y musarde ni ne s’y attarde. On se sent sommé de préférer la prudence au plaisir de la promenade.

    Des associations, des commerçants, des résidents à titre individuel se sont maintes fois manifestés durant des années auprès des services municipaux et des élus sur ces problèmes récurrents, sans véritable résultat durable.

    Ainsi, sommes-nous scandalisés par l’impunité qui semble régner dans le quartier par rapport à des faits délictueux commis devant l’Hôtel de police et à proximité d’une crèche et d’une école maternelle et primaire.

    Vivons-nous dans une zone de non-droit, tolérée ou admise à quelques mètres de Montmartre ? Faudrait-il, dans un silence malsain, se contenter d’admettre l’inadmissible ? Certains habitants ayant atteint un état d’exaspération pensent partir, du moins ceux qui le peuvent, accentuant ainsi la ghettoïsation.

    Cela suffit ! Nous exigeons des pouvoirs publics que cette situation soit au plus vite assainie et demandons à nos élus d’intervenir avec fermeté pour que les résidents puissent aller et venir sans être gênés des présences menaçantes d’individus sans foi ni loi qui entravent leur liberté.

    Nous nous désolons de n’être ni entendus, ni soutenus et nous invitons les élus locaux, les parlementaires, et l’Etat à venir enfin nous rencontrer pour aborder avec lucidité la réalité de notre quartier et trouver, enfin, des solutions pérennes.

    Nous vous prions de croire Monsieur le Président à l’expression de nos sentiments républicains et vous adressons nos respectueuses salutations.

    Le Conseil Syndical

    Copie à :

    -    M. Jean Castex, Premier ministre ;
    -    M. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur ;
    -    Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté ;
    -    Mme Nadia Hai, ministre déléguée auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargée de la Ville ;
    -    Mme Anne Hidalgo, maire de Paris ;
    -    M. Eric Lejoindre, maire du 18ème arrondissement de Paris ;
    -    M. Nicolas Nordman, adjoint à la maire de Paris en charge de la prévention, de l'aide aux victimes, de la sécurité et de la police municipale ;
    -    M. Kevin Havet, adjoint au maire du 18ème arrondissement de Paris chargé de la sécurité, de la police municipale et de la vie nocturne ;
    -    Mme Danièle Obono, députée de la 17ème circonscription de Paris.

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    Présence policière aux abords de la bibliothèque de la Goutte d'Or

  • L’histoire du Louxor

    François Loyer est aujourd’hui Directeur de Recherche au CNRS mais il a été Vice Président de la Commission du Vieux Paris. Historien de grande notoriété, spécialiste de l’architecture parisienne des 19ème et 20ème siècles, son livre, Paris XIXème siècle, l’immeuble et la rue fait autorité.

    François Loyer a bien voulu se pencher sur le cas du Louxor. Dans un premier temps au titre de la Commission du Vieux Paris puis, plus récemment, pour le compte de l’association Action Barbès. Nous publions ici l’intégralité de la conférence qu’il a bien voulu donner lors de la dernière Assemblée Générale de cette association en septembre 2008.

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    Le Louxor, Palais du Cinéma

    Les plus anciens cinémas de Paris

    En 1906, l’avocat Edmond Benoit-Lévy inaugurait, sur les grands boulevards, la première des salles non foraines du cinéma. Lié à Charles Pathé, le rival de Gaumont, il était le promoteur d’un cinéma éducateur tourné vers les classes populaires. Bientôt, le développement spectaculaire de ce nouveau support allait en faire une des formes modernes de l’art : en témoigne la création, en 1908,....

     

     

    de l’éphémère « Société du Film d’Art »[1], placée sous la direction artistique du jeune Henri Lavedan (appelé à une grande destinée dans l’histoire de l’urbanisme). À la veille de la première guerre mondiale, existaient déjà plus de trois cents salles de cinéma en France (cent mille aux Etats-Unis !). Saluant la reconnaissance du Septième Art, le Guide Bleu de 1923 indique que Paris en possède désormais près de deux cents : la liste mentionne trente-six adresses, dont celle du « Louxor ». C’est dire la réussite foudroyante d’une industrie artistique appelée à un bel avenir.

     

    Il ne reste pratiquement plus rien aujourd’hui d’une telle flambée de constructions. Seuls quatre cinémas parisiens peuvent se prévaloir de l’ancienneté de leur origine : le Panthéon, 13 rue Victor Cousin, (ouvert en 1907, rénové en 1930) ; le Cinéma Palace, 42, boulevard de Bonne Nouvelle (1907, dans sa version de 1921), le Max Linder Panorama, 24 Boulevard Poissonnière (1912, rénové en 1957 et 2007) et le Latina, ancien cinéma de l’Hôtel de Ville (1913, reconstruit en 1995). Encore faut-il remarquer qu’aucun d’entre eux ne subsiste dans son état initial : seul le site s’en est maintenu, la construction ayant été rénovée à plusieurs reprises. Ils n’en constituent pas moins de précieux souvenirs d’une histoire en train de s’effacer sous nos yeux. Rappelons que le dernier cinéma d’avant 1914, le Ternes Palace, 7-9 rue Pierre-Demours, a été détruit il y a deux ans. Créé en 1911 par E. Benoit-Lévy, il était connu pour son toit ouvrant (qui inspirera l’illustre « Maison du Peuple » à Clichy, dans les années trente). Il faut se rabattre sur le Grand Rex (1931, par Auguste Bluysen et Maurice Dufrêne), la Pagode (une ancienne salle des fêtes, transformée en cinéma la même année), ou le Balzac (1935) pour trouver des souvenirs de l’entre-deux-guerres – le Paramount (1927), dans l’ancien théâtre du Vaudeville, ne subsistant qu’à l’état de fragments dans une succession de rénovations qui l’ont peu à peu défiguré.

     

    Tel qu’il nous est parvenu, Le Louxor (1921) apparaît donc comme l’un des plus anciens[2], sinon le plus ancien des cinémas de Paris – voire d’Europe. Cette rareté, correspondant à une période prestigieuse de la construction de salles de spectacle, donne à l’édifice un caractère d’autant plus exceptionnel qu’il n’a subi aucune modification depuis son abandon il y a trente ans. De ce point de vue, l’inscription des façades et toitures au titre des Monuments Historiques est notoirement insuffisante, s’agissant d’un « unicum » dans l’architecture parisienne (et d’une rareté, dans l’architecture européenne).

     

    Le Louxor

     

    « Palais du Cinéma », Le Louxor est une vaste salle - 1.200 places au total (le tiers aujourd’hui, au regard des normes de confort actuelles). La taille est sans comparaison avec les quelques centaines de sièges des cinémas d’avant-guerre[3]. Comme l’écrivait un contemporain, « les scénarios nouveaux et très adaptés au spectacle cinématographique par des metteurs en scène qui se sont révélés des maîtres, viennent de faire du cinéma un cinquième art, l’art muet. Son développement lui interdit désormais une installation précaire ; il lui faut un cadre digne de lui »[4]. Même si nous ne comptons plus tout à fait de la même façon aujourd’hui (et même si le cinéma a depuis longtemps conquis la parole), la spécificité du programme du cinéma de quartier est évidente à travers ces remarques. Et le même auteur de préciser : « il serait superflu de vouloir jouer à la grande architecture, le cinéma devant toujours garder son caractère populaire. Laissons les grandes ordonnances aux établissements des institutions d’Etats pour en souligner la puissance aux yeux du commun, mais restons dans des formes modernes, résultat du système de construction de notre époque dans lequel l’ornement ne viendra remplir qu’un rôle secondaire dans une place voulue mais non créée spécialement pour lui. » De ce point de vue, le Louxor est une remarquable réussite. Pour abondant que soit son décor extérieur de mosaïque, il est soumis à un rôle d’accompagnement, sans versatilité ni pittoresque.

    Salle en 1922.JPG

    L’architecture n’en est pas moins ambitieuse, ne serait-ce que par son échelle. L’auteur (un parisien d’origine levantine et de formation française) réalise une audacieuse construction en portiques de béton d’une grande légèreté, sur de simples semelles de fondation. On pense, en l’observant, au parti que retiendra deux ans plus tard Auguste Perret pour l’église du Raincy – dont Le Louxor est incontestablement le modèle[5] : l’ossature extérieure, les remplissages légers, le système de lanterneaux de ventilation sont communs aux deux édifices, ainsi que la géométrie d’un volume parallélépipédique tout en profondeur, au sol incliné[6]. Pour augmenter la capacité de la salle, deux grands balcons superposés exploitent l’importante hauteur sous plafond. L’architecte s’est inspiré de plusieurs salles de spectacle parisiennes – notamment, la salle Gaveau, transposée ici en ossature de béton. Les contraintes de la projection cinématographique le poussent à développer la superposition des places sur trois niveaux, en renonçant aux balcons enveloppants qui ne permettraient pas la vue frontale. Pour le reste, on est étonné de voir à quel point le traitement décoratif de la structure renvoie au travail de Perret pour le théâtre des Champs-Elysées : triomphe de l’ossature porteuse, système de claustra décoratifs, agencement du proscénium et de la fosse d’orchestre.

     

     

    Un intérieur miraculeusement préservé

     

    Pour autant, est-ce vraiment un cinéma ? A l’époque où se formalise la typologie des salles de projection, la référence au théâtre est encore très présente. Le cinéma muet l’impose : la projection est associée à un accompagnement musical qui justifie la fosse d’orchestre – on n’est pas loin du théâtre de variété ou de l’opéra comique. Cachée par de grands claustras de part et d’autre de l’écran (ce dernier pouvant être occulté par un rideau de scène – toujours en place dans les combles), un étroit volume en hauteur accueille le souffleur, chargé du bruitage et de l’accompagnement parlé. Tout cela fait du Louxor une salle de spectacle ouverte aussi bien à des performances musicales qu’à des conférences ou des débats[7], voire à des spectacles de variété ou de mime sur la petite scène devant l’écran. Soulignons à quel point la conservation de ces dispositifs est devenue rare, donnant à l’édifice un caractère exceptionnel dans l’histoire des cinémas de quartier.

     

    La transformation de la salle en boîte de nuit, à moindres frais, a laissé la quasi-totalité du décor intérieur en place. Derrière l’habillage en moquette, les stucs marbre en ton bleu lapis lazzuli sont toujours là, de même que les grands motifs d’inspiration minœnne des peintures murales. Les décors de staff ont été préservés et l’on garde la trace des luminaires électriques. Une restauration en est entièrement possible, sachant que l’ensemble du dispositif spatial de la salle et de ses accès est toujours en place, avec tous les éléments d’origine. Au total, ce n’est pas un squelette ou une enveloppe qui sont parvenus jusqu’à nous, mais bien la salle entière, y compris son décor[8]. Un tel exemple est unique. Il ne donne pas seulement le souvenir d’une des premières grandes salles de cinéma construites en France, il en donne toute la matérialité, qui n’attend qu’une remise en état pour reprendre vie. L’extrême rareté des témoignages de l’architecture des débuts du septième art justifie qu’une attention toute particulière soit portée à la conservation, la restauration et la mise en valeur de ce bâtiment[9], depuis longtemps identifié comme un exemple majeur dans ce domaine à Paris.

    3. Louxor Ecran 1922.jpg
    Scène, fosse d'orchestre et écran en 1922

     

    Un projet de « façadisme »

     

    La proposition faite par la Ville de Paris va en sens inverse. Tirant parti de la protection partielle, uniquement conservatoire, prise il y a vingt ans pour les façades et toitures du bâtiment, elle ignore délibérément l’intérêt des intérieurs redécouverts depuis 2003 sous le décor de la fin des années 1970. Pour introduire un programme de cinéma d’art et d’essai, sur le modèle des multiplexes de la dernière génération, elle est amenée à détruire les fondations pour creuser deux salles souterraines – on perd au passage la structure des grandes semelles traversant les anciens sous-sols voûtés hérités des constructions du début du XIXe siècle. Les règles de sécurité pour l’accès à ces nouvelles salles obligent ensuite à rogner la grande salle de cinéma, tant du côté de l’entrée que du côté de l’écran – détruisant au passage proscénium, fosse d’orchestre et cage du souffleur. Enfin, il faut isoler : les stucs et le décor d’origine disparaissent sous l’épaisse croûte d’un habillage isolant sur lequel sera imité, avec plus ou moins de bonheur, le décor disparu à cet occasion[10]. Toutes les proportions de la salle en seront bouleversées. Mais ce n’est pas le pire : afin d’éviter la transmission des vibrations de la musique électro-acoustique dans la structure, on scie les deux balcons, qui seront détruits puis reconstruits. Que restera-t-il de la salle après ces interventions ? Plus grand-chose, assurément !

     

    Restauration ou réhabilitation ? Derrière ces deux mots, en apparence synonymes, se cache l’enjeu des projets actuels. Pour les habitants, la sauvegarde du Louxor entraîne sa conservation et sa remise en état – autrement dit, sa « restauration » au sens des Monuments historiques. La protection dont il bénéficie au titre de l’Etat (inscription MH) comme au titre de la Ville (« Protection Ville de Paris » dans le cadre du P.L.U.) leur donne à croire que ce sera la voie retenue. Pour la Ville, il s’agit de tout autre chose : l’ambition est de créer un équipement culturel nouveau, « centre dédié au cinéma et aux musiques nouvelles du « Sud » dans l’ancien cinéma du Louxor »[11]. Le souci majeur de la mission Cinéma du Secrétariat général de la Ville est « de répondre à l’objectif avancé d’équilibre financier de financement et d’exploitation » : « Les simulations des conditions d’exploitation et de fonctionnement (fréquentation, recettes prévisibles et dépenses de fonctionnement) incitent à constituer une offre diversifiée sur le site qui comprendrait au moins 3 salles de projection de jauges décroissantes. » En d’autres termes (et sans langue de bois), il s’agit de créer un multiplexe composé d’« au moins » trois salles. Contrairement aux affirmations de la délibération du Conseil de Paris, il ne s’agit donc pas « de conjuguer la restauration du bâtiment le « Louxor » en valorisant son patrimoine architectural et culturel avec la préservation de l’activité cinématographique », mais d’inclure un équipement nouveau dans un bâtiment ancien, quitte à le transformer radicalement à l’intérieur.

     

    Est-ce comme cela qu’on protège le patrimoine ? Certainement pas ! La règle d’or de la protection est de rechercher un programme adapté à l’édifice et non l’inverse[12]. On peut transformer une cathédrale en grenier à foin, mais pas en faire un blockhaus, sauf à la noyer sous des masses de béton… De la même manière, la seule façon de conserver à un cinéma l’authenticité de sa structure et de son décor serait de trouver une affection adaptée à ses caractéristiques. L’idée qui vient aussitôt à l’esprit est d’exploiter la polyvalence de cette salle, mi-cinéma, mi-théâtre (et un peu salle de concert ou de conférences) pour y implanter des activités allant de la projection de films muets à la variété ou au café-théâtre en passant par les conférences, cours et débats[13]… Passer en force, imposer à l’édifice des transformations irréversibles pour y entrer au chausse-pied un programme inadapté à sa conservation n’est pas seulement une erreur, c’est un crime au plan patrimonial. On n’imaginerait pas de repeindre la Joconde, de l’agrandir ou de la diminuer pour correspondre à une quelconque image, au motif qu’elle trouverait ainsi son utilité économique. C’est pourtant bien ce que l’on ose proposer en la circonstance : dénaturer un édifice, au nom de la rentabilité. La Ville de Paris a déjà sur la conscience le théâtre de la Gaieté Lyrique, honteusement démolie pour en faire un parc d’attraction aussitôt en faillite. Va-t-elle recommencer avec le Louxor ? Les majorités changent, mais pas les pratiques !

     

    Pour tout dire, la Ville de Paris manifeste une singulière incompétence en matière de conservation du patrimoine. Elle semble ignorer les règles de la Charte de Venise, promulguée par l’Unesco il y a près d’un demi-siècle, et s’obstine à maltraiter le patrimoine en fonction de ses besoins immédiats. Lorsqu’il s’agit d’un édifice d’intérêt majeur, comme Le Louxor, l’incompétence tourne au scandale. Il est indispensable que cela soit dit et compris. Car le patrimoine est une ressource rare, d’autant plus rare qu’elle n’est pas renouvelable : un édifice altéré ne pourra plus jamais être ce qu’il était auparavant, quelque argent qu’on y mette. Toute intervention se doit d’être réversible, respectueuse de l’intégrité de l’édifice. Mais peut-être la Ville de Paris ignore-t-elle la notion de patrimoine ?

     

    Cléopâtre

     

    Nous avons laissé de côté le style néo-égyptien, pour le moins inattendu, de cet édifice du début des années vingt[14]. Pourquoi diable avoir choisi l’Egypte plutôt que Rome, l’Antiquité que la Renaissance ou le règne de Louis XVI – alors fort en vogue dans les édifices de spectacle ? Il y a une raison à cela : à n’en pas douter, le bien nommé Louxor renvoie à l’un des films-cultes du cinéma muet. Il s’agit de Cleopatra tourné en 1917 pour la compagnie Fox par J. Gordon Edwards. Non seulement, c’est l’un de ces longs métrages (il dure 125 minutes) qui ont marqué la naissance du cinéma en tant qu’art, après la période des courts documentaires issus de la photographie ; mais ce fut l’un des plus prestigieux, avec un budget d’un demi-million de dollars et plus de deux mille participants. Dans cette veine du « péplum » à l’antique, il aura peu de concurrents avant les années cinquante. Enfin et surtout, le film a été marqué par la participation d’une des premières grandes stars du cinéma, la new-yorkaise Theda Bara, qui inaugure le règne des vamps. « Cleopatra » a été le plus grand de ses succès.

     

    Lorsque le film arrive en France, l’année de l’Armistice, l’industrie française du cinéma a beaucoup perdu de sa superbe. Les années de guerre ont interrompu toute activité et il faudra attendre encore un peu pour que Max Linder relance son entreprise. Les investisseurs américains profitent de ce vide pour importer en Europe un cinéma populaire, dont les stéréotypes laissent une

  • Municipales 2014 : dans le 10e

    Comme nous vous l’avons annoncé samedi dernier, nous commençons aujourd’hui notre série de trois articles consacrés aux trois arrondissements qui nous concernent, à savoir les 9e, 10e et 18e.

    Nous commençons aujourd’hui par le 10e.

    Pour parler des questions spécifiques à cet arrondissement, nous avons rencontré Déborah Pawlik,  Rémi Féraud, et  Anne Souyris, respectivement tête de liste UMP-UDI-MoDem, PS-PCF-PRG et EELV.

     

    • Salle de consommation de drogues à moindre risque (SCMR)

    paris,municipales-2014S’il y a un sujet sur lequel les oppositions sont frontales, c’est bien celui là. « Je vais vous répondre très clairement. Il y a des sujets sur lesquels nous ne pouvons pas nous retrouver » commence Déborah Pawlik en introduction de sa réponse à notre question. « Mais en revanche il y a un sujet sur lequel, je pense on se rejoint, c’est qu’il faut faire quelque chose par rapport à la question de la drogue dans nos arrondissements. Le 10e en priorité mais aussi sur les arrondissements limitrophes. J’ai une position extrêmement pragmatique qui a été caricaturée. C’est le jeu de la politique » continue-t-elle. Et de préciser sa pensée « La toxicomanie est accident de vie, cela peut arriver à tout le monde. Les toxicomanes, pour moi, n’ont pas besoin d’être enfoncés. Le problème  avec cette SCMR, c’est qu’on ne les aide absolument pas à sortir de leur dépendance en leur permettant d’aller se droguer dans cette salle.  Je suis moi-même allée les rencontrer. Ils nous disent que pour eux c’est difficile à assumer que, quand ils vont arriver dans cette salle il faut montrer patte blanche, on va prendre leur identité. C’est difficile à accepter » ajoute-t-elle. Sur l’impact local d’une telle structure, les propos de la tête de liste UMP sont tout aussi clairs : « Le boulot d’un maire c’est que la population vive dans des conditions qui soient sécurisées ? Je ne comprends pas qu’il puisse y avoir une zone de non droit. Si vous avez une SCMR, vous aurez forcément des dealers à côté, ou alors il y a des choses que je n’ai pas comprises. C’est un circuit économique qui est réel ». Et d’ajouter « C’est ce qui se passe dans les pays étrangers. Il y a donc des zones d’ombre donc le projet est inenvisageable : ce n’est pas la solution pour les toxicomanes, ce n’est pas non plus le message que j’ai envie d’envoyer à la société, à mes enfants " il y a un lieu où vous pourrez aller vous droguer" ». Elle précise ensuite ses propositions « Il faut lancer une concertation, avec les riverains, les commerçants sont concernés, ils sont inquiets, avec des experts de toutes tendances, une diversité d’avis pour construire ensemble une solution. Cela concerne tous les arrondissements de Paris mais il faut que le 10e en prenne sa part à cause de la présence de la Gare du Nord. C’est un lieu prédisposé à l’arrivée des stupéfiants. Installation d’une structure en dur avec les inconvénients liés mais dans l’hôpital Lariboisière et une structure mobile de manière à ce que les riverains ne stigmatisent pas les toxicomanes. Différente de la structure mobile de GAIA dont l’efficacité n’est pas prouvée sinon on n’aurait pas proposé cette salle de shoot ».

    paris,municipales-2014Rémi Féraud préfère lui insister sur l’impact dans le quartier de cette SCMR, considérant que « le travail de pédagogie a été fait, au maximum et au mieux de ce qui pouvait être fait ». « Je ne veux pas remettre le débat sur le tapis si la loi n’a pas changé » précise-t-il.  Pour lui, « seule l’ouverture de la salle peut calmer les inquiétudes ». « Les gens ont l’impression qu’on amène chez eux un problème qui n’existait pas. Il n’y a pas d’opposition de principe au projet, il n’y a que de l’effet NIMBY. J’essaie de rassurer les gens ».

    Si les écologistes sont d’accord sur le principe d’une SCMR, Anne Souyris déclare « Nous, on pense qu’il y aurait du avoir une concertation préalable beaucoup plus importante que ce qui a été fait. En particulier avec les associations de riverains qui ont quand même beaucoup évolué dans le temps et donc cela montre que plus il y a de la concertation, plus on peut, même sur des sujets aussi délicats que celui là, arriver à instaurer les choses ». Et de conclure « Concrètement cela veut dire qu’il faut faire de la pédagogie en amont du projet. Souvent le PS ne croit pas beaucoup à la concertation préalable et ils le font une fois qu’ils ont décidé quelque chose. Il faut prendre les choses très en  amont pour éviter les effets NIMBY par exemple. Donc, oui à la SCMR, oui à la pédagogie et la prochaine fois le préparer en amont ».

     

    • Logement

    « Sujet fort, prégnant, qui nécessite une vision d’ensemble » attaque Déborah Pawlik. « Le souci est que Paris a totalement chassé les classes moyennes de l’intérieur de la capitale. Elles sont parties en banlieue. Dès lors que vous avez un deuxième enfant qui arrive quand vous habitez le 10e, et bien vous partez. On atteint des loyers très hauts, un trois pièces qui fait 70m², c’est a minima 1800€ » continue-t-elle. « Le principal problème du logement social aujourd’hui est l’absence totale de rotation. 5.4% de rotation par an. Quand les enfants sont partis, il n’est pas normal que vous continuiez à occuper un quatre pièces. Il faut faire tourner le parc immobilier, construire un parc intermédiaire. Quand vous avez du tout privé et du tout social, il manque un chaînon ». « Dans notre projet parisien il y a deux choses très importantes. Le premier est la transparence. Aujourd’hui on est incapable de savoir comment sont attribués les logements sociaux. Il faut remettre le Parisien au cœur de l’attribution des logements sociaux. Pour les critères d’éligibilité, il n’est pas normal qu’une infirmière de Lariboisière qui finit le soir à 22h et reprend le lendemain à 7h doive faire 2 heures de transport en commun parce qu’elle n’a pas les moyens de se loger à Paris. Idem pour les personnels de crèche, … ça c’est le deuxième point » conclut-elle.

    A propos des logements sociaux et en terme de bilan de sa mandature, Rémi Féraud indique « Les 13.5% de logements sociaux annoncés sont ceux financés, les 12% sont les logements livrés ». « Le droit de préemption reste notre approche même si ce n’est pas notre seule approche. On va continuer à acheter des immeubles en vente comme celui de la rue Saint-Vincent-de-Paul. Dans ce quartier, si on veut faire du logement social, c’est bien en achetant des immeubles existant. Ça peut être de la préemption, ça peut être du rachat à l’amiable. Le compte foncier de la Ville le permet. Aujourd’hui nous sommes à 7000 logements sociaux par an à Paris. L’objectif d’Anne Hidalgo est 10 000 avec des partenaires privés qui accepteraient de construire du logement intermédiaire moins cher. On aurait un parc institutionnel privé, un peu plus cher que le logement social. Cela pourrait représenter un tiers des logements à créer. C’est une disposition concrète pour la classe moyenne. Des logements un peu en dessous de 20€ le m² ». Et de conclure « Le logement social est là pour compenser la montée des prix due à la boboïsation ».

    paris,municipales-2014Sur le sujet des logements, Anne Souyris est mordante « A chaque fois qu’on fait du logement social, ce n’est pas du logement social au sens strict, c’est du logement intermédiaire. Le logement social est fait pour les gens qui ont un petit salaire et qui sont obligés de partir. C’est aujourd’hui 80% des demandes or il n’y a même pas 20% qui sont faits pour eux. Il y a 80% de demandes qui sont très sociales et il y a à peine 20% de logements très "social". Il faudrait arriver à faire rejoindre les deux bouts pour parler de mixité sociale, sinon, ce n’est pas vrai ». Elle précise « On n’est pas pour la construction mais l’achat en milieu diffus du parc privé. Plutôt que de faire de grands paquebots, il faut acheter dans l’habitat existant et aussi participer au parc locatif privé. Il faut prendre garde à ne pas augmenter la densité et remplir les dents creuses où on pourrait mettre un peu de verdure.

    Il y a aussi toute la question des bureaux vides qui se pose. La politique de la Ville de Paris qui a été de faire des bureaux qui sont restés vides et cela créé de la pénurie de logements. Il y a là aussi une inversion à faire, du logement là où il y a du bureau vide ».

     

    • Marché des biffins ou « marché de la misère » sous le viaduc du métro

    Si cet espace sous le métro aérien est formellement sous la responsabilité du 18e arrondissement, il est clair que l’impact sur le 10e n’est pas négligeable. Aussi avons-nous interrogé les candidats sur ce sujet sensible.

    « C’est un sujet préoccupant depuis plusieurs années, trois ans ? Oui, trois ans.

    Sur ce marché il y a plusieurs problèmes. Le premier et c’est un problème que l’on rencontre dans d’autres endroits du 10e, c’est la vente à la sauvette. Sur cette question là il faut être ferme, y mettre les moyens policiers nécessaires pour la verbalisation » commence Déborah Pawlik. Elle ajoute « La vente à la sauvette est ce qui dégrade un environnement économique. Il est important de préserver les commerçants qui se battent pour leur quotidien ».

    Rémi Féraud semble plus fataliste à court terme et dit qu’une action de fond sur le long terme pourrait être une solution « Il n’y a pas de solution. Je ne crois pas à l’installation d’un marché de biffins organisé dans le quartier. On n’a pas l’espace pour cela. Ces marchés de la misère sont organisés avec des réseaux et il faut lutter contre ces réseaux. Il faut que dans le quartier se créé un groupe local contre la délinquance, le Parquet est mobilisé. J’ai demandé que la lutte contre les réseaux soit dans la priorité de ces groupes ».

    A contrario, l’écologiste Anne Souyris déclare « Sur le 10e il devrait y avoir plusieurs espaces avec une réglementation pour des personnes qui vendent des choses ». Elle précise « Il faut mettre en place plusieurs emplacements déjà dans Paris et peut être en première couronne comme à Porte de Vanves. Ce qui fait qu’aujourd’hui ça ne marche pas, c’est qu’il n’y a que le carré dans le 18e. Plus il y a non gestion, plus ça se complexifie. Donc déjà ayons une approche plus large : mettons en place plusieurs espaces en même temps ce qui permettra d’absorber deux ou trois mille vendeurs sur Ile de France, et il peut y avoir plusieurs types de gestion : celui du 18e, des endroits plus autogérés, on peut ainsi calmer un peu le phénomène. Quoiqu’il en soit, il faut des règles. Ça va être sur la nature de la marchandise, marchandise volée, alimentation. Il doit y avoir des contrôles. Il faut accepter que c’est une économie de la survie ».

     

    • Démocratie locale – conseils de quartier

    Comment relancer la dynamique des Conseils de Quartier (CQs) qui semble s’essouffler ? Telle est la question.

    « Il faut refaire des riverains des acteurs de leur arrondissement » commence Déborah Pawlik. « Les CQs étaient faits pour inclure les habitants dans la vie locale. Très bien. Le problème c’est que ces CQs  sont des mini instances de la municipalité. Pour moi, aujourd’hui, les CQs sont trop copie conforme de la municipalité. L’espace d’expression est réduit. Dans notre projet, les conseils de quartier ne seront pas partisans. Des gens de gauche doivent pouvoir être à la tête de CQ.

    Les gens se réinvestiront dans leur quartier s’il y a une information simple. Les CQs ne doivent pas être des relais des faits et gestes de la municipalité. C’est de la vie de quartier ».

    Rémi Féraud semble partager notre point de vue et précise « On a la même impression. On n’a pas d’idée miracle. La crise à partir de 2008 a joué négativement sur la démocratie locale, les gens se replient sur des enjeux personnels. Je l’ai ressenti comme cela. Les gens ont du mal à s’inscrire dans des projets qui prennent du temps. On a l’impression parfois que venir au CQ ne sert à rien. Et puis il y a des équipes d’animation qui savent plus ou moins faire participer les autres .Quand il y a un projet majeur, les gens viennent (Louxor, place de la République). Il y a des effets de lassitude.

    Anne Hidalgo veut faire des CQs un partenaire des contrats locaux de sécurité, du suivi de l’évaluation de la propreté. Il faut que les gens viennent aux CQs pas seulement avec l’idée de râler. Comme l’équipe municipale sera un peu plus étoffée, l’idée est d’avoir un référent par quartier avec un meilleur suivi ».

    Il n’est pas surprenant qu’Anne Souyris ne partage pas l’avis de Déborah Pawlik à propos de l’indépendance des CQs, tant les écologistes ont été en pointe lors de leur mise en place dans le 10e. Elle déclare « Dans le 10e s’est maintenue une dynamique due à une charte importante, bien faite, qui fait qu’il y a une autonomie des CQs. Il y a malgré tout des efforts à faire, en particulier, que les CQs puissent avoir un budget propre utilisable. Les actuels budgets ne sont pas utilisables. Souvent cet argent reste non dépensé. Il faut que les CQs soient porteurs de projets sur les quartiers. Ils doivent aussi être beaucoup plus consultés, demander leur avis sur les projets, et pas seulement a posteriori comme cela s’est fait jusqu’à maintenant. On défend l’idée d’un budget participatif, que les CQs soient porteurs d’une partie des budgets de la ville. Enfin, faire le bilan des bonnes pratiques. Les CQs doivent être des vrais partenaires avec les institutions. Il faut les voir comme de vrais experts de l’usage de la ville. Reconnaître leur expertise.

    La loi de 2002 qui instaure les CQs est en rupture avec l’histoire démocratique française. Les habitants n’avaient pas d’expérience. Chacun a appris. On se retrouve au bout de 10 ans avec un essoufflement. La responsabilité des élus est énorme parce qu’ils n’y ont jamais cru. Est-ce qu’on peut reprocher aux habitants de faire ce qu’ils savaient faire ? Ils n’avaient pas le langage, pas les moyens de s’impliquer.  On est à la fin d’un premier cycle ».

     

    Deux autres sujets très importants ont aussi fait l’objet d’échanges avec les candidats.

    Il s’agit en premier lieu de la rénovation du boulevard de La Chapelle sous le viaduc du métro aérien qui pourrait devenir une "promenade urbaine" de Barbès à Stalingrad. Action Barbès a déjà beaucoup travaillé sur le sujet par le biais d’une commission formée par certains de ses adhérents et spécialement dédiée au sujet.

    Il s’agit, en deuxième lieu, du projet de réaménagement des abords de la Gare de l’Est et du quartier des deux gares en général.

    Ces deux sujets feront l’objet d’articles séparés.

  • Marché Barbès : une situation qui n'est plus tolérable !

    Cf. Article dans Le Parisien : " Le marché de Barbès est devenu « ingérable » "

     

    Rappelez-vous. On s'était un peu fâché début novembre devant l'absence de réponse de la mairie du 18e au sujet de la placette Charbonnière et surtout du marché Barbès. Voir ici notre article du 3 novembre 2015 (et dans les commentaires la réponse du maire Eric Lejoindre). Nous l'avions ensuite rencontré en présence de Rémi Féraud, maire du 10e, pour échanger sur ces problématiques.

    Afaf Gabelotaud, adjointe chargée du commerce dans le 18e, s'était engagée à nous recevoir. Ce fut chose faite le 22 janvier dernier. Au fil de l'entretien, nous avons compris pourquoi ce rendez-vous avait tant tardé. Et le dépit de l'élue face à une gestion déficiente et manifestement opaque était perceptible.

    Retour sur 2015  

    Dans le cadre du projet de Promenade Urbaine (PU), il nous paraissait évident qu'une réflexion devait être menée sur le marché. Pourquoi ? Parce que le marché dysfonctionne et nous le répétons depuis des années dans le blog et à chaque réunion quand l'occasion s'en présente : l'état sanitaire n'est pas satisfaisant ; l'état de l'espace voué au marché n'est pas propre à l'arrivée des marchands, déchets, dépôts variés, odeurs d'urine, etc. ; il n'est pas propre non plus après le marché et le passage des agents de la Propreté de Paris (DPE), palettes et cageots restant sur le sol voire dans les rues adjacentes ; présence de marchés illicites lors du marché, aux abords, autour de la station, dans les rues adjacentes, et après le marché au gré des mouvements de la police ; salissures nombreuses après le départ de ces marchés illicites ; pas de verbalisation des marchands qui ne respectent pas le règlement ; stationnement des camions sur les trottoirs avec dommages aux séparateurs des pistes cyclables ; entrave au cheminement piéton ; livraisons nocturnes non permises ; stationnement anarchique des clients en voiture, en 2e file, non verbalisé ; débords de certains stands ne respectant pas les limites du marché ; etc, etc.... Oui, la liste est longue !

    20160203_004853 - Version 2.jpg
    Promenade sous le viaduc entre les palettes de fruits et légumes autour de minuit

    Jusque là, les réunions d'échange avec l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur) et la Direction de la Voirie et des Déplacements (DVD) n'avaient intéressé que le tronçon compris entre la rue de Tombouctou et la station Stalingrad. Le tronçon précédent... compliqué, nous disait-on.

    A notre demande, l'association avait été reçue à la Direction de la Prévention et de la Protection (DPP) à l'hôtel de ville, en présence de deux responsables de la Direction du développement économique, de l'emploi et de l'enseignement supérieur (DDEEES) en juillet de l'année dernière. Nous souhaitions notamment une réduction du nombre de stands pour éviter les camions sur le trottoir le long de l'hôpital, une gestion moins anarchique de l'ensemble, pour faire court. Nous apprenions alors qu'un nouveau cahier des charges venait d'être rédigé dans le cadre d'un appel d'offre pour la désignation de nouveaux délégataires (dont on nous disait en passant qu'ils ne se bousculaient pas pour postuler). On en prenait pour 4 ans, le temps de la délégation ! Autant dire que notre idée d'espace convivial au centre du marché, un aménagement proposé dans le cadre du budget participatif 2015, ne pouvait être mis en place ! Pas même discuté ou analysé...

    On nous confirmait aussi qu'il n'y avait quasiment aucune verbalisation des commerçants malgré les nombreuses infractions à la législation. Sans parler des ventes à la sauvette dans l'allée centrale gérée tant bien que mal par des agents de la DPP (aux dires des clients du marché, plutôt mal que bien). Heureusement, ce jour-là, c'était l'été, il y avait un beau soleil...

    Ces informations n'avaient pas fait l'objet d'un article à l'époque. Nous attendions d'en savoir un peu plus et espérions naïvement que la situation évoluerait dans le bon sens.

    Le point sur la situation actuelle   

    Côté entretien du lieu, nous n'avons pas manqué de signaler les palettes qui trainent régulièrement après le marché, et parfois dans les rues avoisinantes, les bannes en plastique que l'on retrouve adossées à l'un ou l'autre des piliers du métro. Pourtant de la responsabilité du gestionnaire... Ou non ? Ce sont bien ses services qui les mettent en place les veilles de marché et les reprennent ensuite.

    Toutefois, la discussion a surtout porté sur la complexité de fonctionnement de ces marchés et plus particulièrement de celui-ci.

    Le nouveau cahier des charges a été établi peu après les élections municipales. Dans ce cadre, les mairies d'arrondissement sont consultées mais la décision est prise par les services de l'Hôtel de Ville. Pourquoi cette fois une communication si difficile ? Pendant huit mois, le poste de la Direction des marchés n'a pas été pourvu ! Forcément, communiquer devenait mission impossible. On peut déplorer aussi que les services n'optent pas pour davantage de concertation en amont avec notamment les conseils de quartier ou associations, a minima, pour recueillir des informations qui pourraient s'avérer précieuses. Démocratie participative ignorée ? Elle existe pourtant, nous l'avons rencontrée lors de nos réunions avec l'Apur. Alors, est-ce une question de Services ? Oui chez les uns, et non chez les autres ? Ce serait donc plutôt une question de personnes....

    Que fait le nouveau gestionnaire ? — nous apprenons que l'ancien (le groupe Dadoun) a été reconduit... Étonnement. C'est lui qui est chargé de recruter les placiers — ici aussi le même que précédemment est reconduit... Stupéfaction — et sa mission s'étend au choix des commerçants. A ce stade, nous n'avons plus beaucoup d'illusions sur une évolution positive. Le processus est celui-ci : le gestionnaire gère et verse une redevance à la Ville qui ne garde que l'abonnement et le désabonnement des commerçants sans les avoir choisis. En clair, la Ville donne le macaron : elle valide un choix fait par un autre, sans maitriser aucun critère de sélection.

    On comprend bien que les dysfonctionnements résultent d'une mauvaise gestion. Volontaire ou pas. On peut s'interroger.

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    Des palettes fraîchement déchargées derrière des bannes du marché destinées à couvrir les stands...

     

    Il règne sur ces marchés une forme d'opacité, situation probablement pas unique dans la capitale, et peut-être même ailleurs qu'à Paris. On apprend au cours de la conversation que le placier reçoit un smic comme salaire. Peut-on raisonnablement penser qu'un placier, qui doit être là dès 5h du matin jusqu'au moins 14h30, dans des conditions parfois difficiles, accepte d'être payé au smic ? Pourtant, beaucoup sont là depuis de nombreuses années. Là encore, on s'interroge.

    Des questions légitimes 

    Plus la rencontre se prolonge, plus nous apprenons de détails sur l'organisation du marché, et plus le nombre de questions qui nous viennent à l'esprit s'accroit :

    Pourquoi est-il impossible de verbaliser les commerçants qui n'appliquent pas la législation malgré les signalements du délégataire ?

    Pourquoi est-il impossible de réduire le nombre de stands ?

    Pourquoi certains camions non autorisés — car trop gros tonnage — continuent-ils allègrement à être tolérés ?

    Pourquoi les camions qui stationnent sur le trottoir et la piste cyclable ne font-ils pas l'objet de procès verbaux ?

    Pourquoi des caristes répartissent-ils en toute tranquillité un nombre important de palettes déchargées de camions de plus de 20 tonnes en pleine nuit (23h30 – 1h du matin environ), prenant les bannes des stands pour occulter et protéger la marchandise d'éventuels vols (de leur propre aveu) ?

    Pourquoi la ville a-t-elle laissé la situation se dégrader ainsi à Barbès ???

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    Les transpalettes fonctionnent en toute tranquillité.

     

    Chacun se fera son idée. Mais personne ne nous empêchera de penser que le marché est source de pratiques pas très orthodoxes.

    Prochaine étape : une réunion avec Action Barbès, les élus concernés, la DDEEES, la Police et le délégataire annoncée par Afaf Gabelotaud.

    Cependant, comme il apparait que les décisions appartiennent à l'Hôtel de Ville, nous avons demandé un rendez-vous à Olivia Polski à qui nous avions déjà envoyé nos observations l'an dernier. Pas de réponse à ce jour malgré notre relance.

    Le marché Barbès intéresse-t-il l'Hôtel de Ville ? Sera-t-il vraiment possible de voir le projet de promenade urbaine aboutir si le tronçon Barbès-Tombouctou n'est pas sérieusement traité ? Y aurait-il quelque part un blocage qui expliquerait le silence persistant de l’Hôtel de Ville sur le sujet ?
     
  • le cinéma en France en 2008

    Puisque le projet de la Ville de Paris concernant le Louxor est, pour le moment encore, un cinéma Art & Essai, il n'est pas inintéressant de regarder la situation du cinéma en France pour se faire une idée de la viabilité du projet.

    Il ne faut pas tarir d'éloges concernant le site web du Centre National de la Cinématographie qui nous a servi de source !

    Le bilan 2008 du Centre National de la Cinématographie (CNC) a été publié en mai 2009. Nous nous référons à ce rapport pour observer et commenter l'évolution du film d'auteurs recommandés A&E en termes de fréquentation des salles, selon la formule consacrée, puisque celles-ci doivent répondre à certains critères assez stricts pour obtenir cette appellation.

    Nota : les films sont recommandés A&E par le CNC, mais les salles ne peuvent prétendre à cette dénomination qu'en respectant certains critères leur permettant d'obtenir certaines subventions de fonctionnement et même d'investissement. Notons que les films recommandés A&E ne sont pas projetés dans les seules salles A&E. En revanche, les salles A&E ne peuvent pas programmer tout ce qu'elles souhaitent, elles doivent respecter des quotas de films A&E, en fonction du nombre d'écrans et de projections par semaine. Faute de quoi elles pourraient perdre leur distinction, ... et leurs subventions ! Nous y reviendrons.

    Le cinéma en général

    Progression de la fréquentation totale (+6,7%) : avec 189,71  millions de billets vendus en 2008, les entrées en salles progressent de 6,7% par rapport à 2007, sans toutefois atteindre le chiffre record de 2004 à 195,7 millions d'entrées. Remarquons que les 10 films les plus vus représentent 31,6% des entrées et que les 100 premiers (sur un total de 555) représentent 81.4% du total des entrées. Ce qui signifie que 18% des films sortis en 2008 totalisent plus de 80% des spectateurs, proportions stables par rapport aux années précédentes mais qui montrent très bien l'effet de concentration.

    Entrées (millions)

    1998

    1999

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    les 10 premiers

    67,70

    47,24

    49,72

    51,63

    58,56

    46,41

    51,00

    42,11

    50,64

    49,59

    55,51

    les 20 premiers

    90,20

    65,62

    72,11

    78,68

    83,77

    68,63

    75,27

    64,35

    73,67

    68,69

    75,66

    les 30 premiers

    103,05

    77,99

    87,69

    98,10

    98,34

    82,94

    91,98

    80,06

    88,72

    82,75

    89,97

    les 100 premiers

    141,33

    121,02

    129,34

    146,93

    143,73

    133,02

    150,78

    133,32

    141,57

    127,66

    142,91

    Tous les films sortis en 2008

    154,43

    138,31

    149,46

    168,53

    164,50

    159,00

    180,89

    160,64

    175,10

    160,35

    175,44

    Tous les films exploités en 2008

    170,60

    153,61

    165,76

    187,45

    184,41

    173,46

    195,69

    175,48

    188,79

    177,87

    189,71

    Avec plus de 20 millions d'entrées en 2008, « Bienvenue chez les Ch'tis » est un phénomène remarquable qui « perturbe » néanmoins la statistique.

    Le cinéma Art & Essai

    Au cours de l'année dernière, 301 films sur 555 films sortis ont obtenu la recommandation A&E, soit plus de la moitié des films projetés sur les écrans, proportion stable sur la décennie.

    Années

    1998

    1999

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    films A&E

    241

    53%

    300

    56%

    306

    58%

    296

    59%

    278

    57%

    301

    59%

    345

    68%

    332

    60%

    331

    56%

    315

    55%

    301

    54%

    autres films

    214

    234

    226

    208

    209

    208

    214

    218

    258

    258

    254

    Total

    455

    534

    532

    504

    487

    509

    559

    550

    589

    573

    555

    Par contre, la fréquentation des salles A&E  ne représente que 21.2% du total des entrées.

    Entrées (millions)

    1998

    1999

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    recommandés Art et Essai

    37,82

    39,23

    48,28

    51,02

    46,75

    43,41

    47,27

    60,55

    48,22

    33,88

    40,34

    autres films

    132,78

    114,38

    117,48

    136,43

    137,66

    130,05

    148,42

    114,93

    140,57

    144,00

    149,37

    Total

    170,60

    153,61

    165,76

    187,45

    184,41

    173,46

    195,69

    175,48

    188,79

    177,87

    189,71

    Néanmoins, 2008 est une année encourageante pour le cinéma classé A&E, puisque les entrées font un bond de 19,1% par rapport à 2007 et leur part de marché franchit le seuil des 20% s'établissant à 21,2% contre 19% en 2007. En ce qui concerne leurs origines, 8 films recommandés A&E franchissent la barre du million d'entrées : 4 films américains, 3 films français et 1 film espagnol (Vicky Christina Barcelona 1,85 million). Cette recommandation favorise toujours les films français, 45% des entrées dans cette catégorie concernent des films français, mais baisse par rapport à 2007 (53,9%)

    Notons enfin la différence entre Paris et les Régions où l'embellie  a été plus marquée, notamment dans les villes de moins de 100 000 habitants, qui cumulent presque 55 millions d'entrées, un chiffre jamais atteint depuis vingt ans. On attribue ces données au succès invraisemblable des Ch'tis (plus de 20 millions d'entrées et largement en zones semi-rurales). A Paris, c'est moins la fête, puisque le nombre d'entrées s'établit à 26,7 millions (28,10 en moyenne annuelle sur les 5 dernières années), soit une part de marché de 14,1%, la plus faible depuis dix ans.

  • Le Trianon, un nouveau lieu « tendance » ?

    Deuxième partie de l'entretien avec Guy Balensi, directeur du Théâtre Le Trianon, sur le boulevard de Rochechouart

    Attentifs aux informations qui laissaient entendre un changement de direction à la tête du théâtre Le Trianon, deux des membres du conseil d'administration d'Action Barbès, Brigitte Faure et Claude Louis, ont été reçus par Guy Balensi. Il leur a raconté ce que représente pour lui ce lieu, les bons moments, ses souvenirs, la traversée d'une partie du 20e siècle avec des hauts et des bas, et l'avenir de la salle.


    Les spectacles qui ont bien marché, qui lui ont laissé de bons souvenirs

    Les Caramels Fous, Higelin chante Trénet, plusieurs spectacles de cirques : le cirque Eloize (Ndl: Magique ! je me souviens de l'eau qui ruisselait sur scène, du rideau rouge transformé en cordes à nœuds), le cirque Archaos, le cirque Coche...

    Ainsi que le Festival de Tango, la Nuit de la Baguetterie, les mémorables 'Retour de Flamme' de Serge Bromberg (Lobster Films) qui nous projetait ses trésors, des films muets courts, récemment retrouvés et restaurés.

    Les Tréteaux Lyriques (qui avaient lieu auparavant dans le cadre bourgeois du TBB à Boulogne Billancourt).

    Opération montée par la SPEDIDAM depuis 1992, les Nuits des Musiciens, retransmises par FR3, ont attiré un nouveau public  et des musiciens, des interprètes prestigieux :  Claude Nougaro, Bireli Lagrene, Patrice Caratini, Charles Aznavour il y a deux ans.

    Et Carla Bruni, qui partie pour y chanter une semaine, est restée trois semaines dans cette salle qu'elle avait elle-même choisie. Elle laisse le souvenir d'une 'grande pro, pas prise de tête' : « entourée par 4 musiciens, dont Louis Bertignac, elle s'en est vraiment bien sortie ».

     

    P1000819-.JPG

     

    Le lieu fut aussi un décor pour de nombreux films ; Guy Balensi évoque quelques tournages dont il se souvient :

    Les Misérables du 20e siècle de Claude Lelouch (1995) ; Un Sac de Billes de Jacques Doillon (1975); Grand Bonheur de Hervé Le Roux (1993) ; Le Roi de Paris de Dominique Maillet, avec Philippe Noiret (1995) ; Le Créateur d'Albert Dupontel, (1999) pour une bonne partie tourné dans cette salle. The Dancer (1995) et Danny The Dog (2005), deux productions de Luc Besson qui a été séduit par le lieu, au point de concevoir une séquence écrite sur mesure.

    Des défilés de mode s'y sont déroulés : Jean-Paul Gaultier et Montana, avant que le Caroussel du Louvre n'ouvre (ooops).

    Les spectacles, qu'il a accueillis ou coproduits, auront touché tous les publics, à un moment ou à un autre, de Lorenzaccio au Hip-Hop, à Fame et Sharleen Spiteri (ex-chanteuse de Texas).

     

    Guy Balensi insiste sur le fait qu'il n'y a pas de recette pour la réussite, il est bien placé pour l'affirmer : souvenir d'une fête pour Amélie Poulain au cours de laquelle Jean-Pierre Jeunet lui confiait : 'à un million de spectateurs  j'étais content, alors là, à huit millions...

    Hair qui semblait un bon pari a perdu de l'argent : les frais pour monter un spectacle sont lourds et difficiles à amortir.

    Le Trianon rentrait quelquefois en coproduction parmi les partenaires du financement des spectacles. (cf. les deux tarifs proposés aux Tréteaux, à moins de 6000 entrées, et à plus...Guy Balensi lui-même a été étonné du succès.)

    P1000829 entrée.JPG

    Pour entretenir ce lieu historique, il n'est pas aidé (par la Ville ou l'Etat)

    L'inscription au titre des monuments historiques intervient en 1982, pour la façade, la salle et le hall. Ne pas confondre avec le 'classement' qui est pratiqué pour des biens qui tomberont un jour dans l'escarcelle de l'État, précise Guy Balensi.

    La servitude qui accompagne l'inscription est que les travaux sont surveillés par les Architectes des Bâtiments de France Ils imposent leurs techniques de restauration dans les règles de l'art (intégristes, hum, hum!, à cheval sur les détails, becs de gaz et verrières) ainsi que leurs prestataires. Les travaux ont alors tendance à coûter quatre fois plus cher, la subvention de 20% du montant des travaux ne compense pas le surcoût : pour la rénovation de la façade, Guy Balensi avait un devis aux environs de 200 000 euros, l'entreprise 'recommandée' par l'architecte demandait 800 000 euros...

    Il connait bien les limites de la salle : on lui a proposé de racheter les murs, mais il a décliné, le prix était trop élevé.Quand les huit héritiers de André Carrus, successeur de Albert Chauvin ont mis en vente tout le pâté de maisons dont ils étaient (sont ?) encore les propriétaires, proposant à chaque occupant de racheter ses murs, aucun n'a relevé l'offre.

     

    Et à l'avenir ?

    L'exploitation s'est terminée fin février avec Fame, la comédie musicale.

    P1000826 Fame.JPG

     

    Guy Balensi prévoit six mois de gros travaux : la fosse d'orchestre doit disparaître, les fauteuils seront changés, amovibles ou escamotables pour rentrer dans le sol. Pour une réouverture à la rentrée de ce « nouveau  Trianon », qui devrait être plutôt orienté 'concerts'...

    A-t'il envie de continuer à s'occuper du Trianon ? On le lui a proposé, mais non, il ne croit pas aux choix de spécialiser l'activité. Il a des projets d'écriture. Peut-être aussi de continuer sur les traces de son grand père dont la première passion était la chasse et les chiens de chasse. [Sur Montmartre, ce sera difficile sans doute...]

    Monsieur Balensi s'intéresse à l'avenir du Louxor, qui, nous dit-il, avait été acheté par Jules Ouaki, le fondateur de l'enseigne Tati, pour éviter qu'un concurrent ne l'achète et s'y installe. Il n'est pas convaincu par « la boite dans la boite ».

    Il brille par sa connaissance de l'histoire du quartier : une colle à Claude Louis ? - Savez-vous pourquoi le cirque Médrano a été si vite détruit ? Claude sait, mais ne bronche pas. - La Famille Bouglione en était propriétaire, et quand ils ont eu vent de la rumeur d'une inscription à l'inventaire, ils ont déposé le permis de démolir et de construire en urgence, boulevard Morland, pour ne pas se retrouver avec un bien invendable sur les bras et la « boule » n'a pas tardé. Le quartier a été envahi de souris !

    Et pour conclure, il nous donnait rendez-vous pour le lundi 15 février, à 20 heures. Doushka Esposito est une jeune chanteuse qu'il accueille 'pour rien' : « ma vocation est aussi d'aider les artistes ». Et là, on sent que Claude a un pincement au cœur...que sera le Trianon de demain ?

    Merci à nos reporters. Pour l'avenir du Trianon, nous allons attendre un peu mais nous scruterons pour en savoir plus au fil du temps.

     

  • Le plan de renforcement de propreté de la Ville : une blague ? Non.

    On pouvait lire il n'y a pas si longtemps dans une communication municipale 

    En 2017, 100 agents de nettoyage supplémentaires ont été recrutés

    Cette action fait partie d’une série de mesures adoptées pour un Paris plus propre. Soumises au Conseil de Paris 
le 27 mars, elles complètent le Plan 
de renforcement de la propreté. 

    Bien bien bien. Nous louons ce nouvel effort de la Ville, mais nous aimerions pouvoir le constater sur place, dans nos rues, devant nos immeubles, en bref, dans notre quartier. Or, il suffit de publier dans ce blog un article sur la propreté pour que des commentaires incendiaires affluent. Il y a donc problème. Il reste à comprendre le problème, et à l'analyser.

    Il nous semble bien que l'équipe municipale ait capté que les problèmes de malpropreté commençaient sérieusement à échauffer les esprits dans certains quartiers. Preuve en est la réunion organisée rapidement début juillet à l'hôtel de ville, réunion à laquelle Action Barbès était conviée. Nous espérons que c'est cette compréhension et non la venue des JO en 2024 qui est à l'origine de ce regain d'intérêt pour la propreté...

    La propreté était un des objectifs prioritaires de la maire de Paris dans ses thèmes de campagne en 2014. Pour l'instant, nous n'avons pas encore vu les résultats. Mais Mao Peninou (adjoint chargé de la propreté) y travaille, et la communication de la Ville nous assure qu'elle veut mieux associer les citoyens à la définition des objectifs  (on pourrait sans perdre énormément de temps en concertation, ici même, les donner : des rues propres, des corbeilles de rue vidées qui ne déborderaient pas, des sacs de la RATP qui ne joncheraient pas les rues en dehors des heures de collecte, des porches d'immeuble qui ne sentiraient pas l'urine, les quais des canaux parisiens sans ordures et canettes toute la nuit et au petit matin, des commerçants qui respecteraient les horaires de collecte et les bacs qui leur sont alloués, etc...) ; qu'elle veut renforcer les moyens et moderniser l'action des services municipaux (hum, fallait-il attendre trois ans pour ce faire??) et cerise sur le gâteau : elle veut aussi mobiliser tous les acteurs publics et privés qui peuvent agir.... Qui seraient-ils donc ces acteurs publics et privés ? Nous craignons un peu une application de plus, lancée à grand renfort de pub et de communication, telle DansMaRue qui ne s'adresse en réalité qu'aux particuliers qui auront la bonté de signaler un énième matelas crasseux qui depuis deux jours se prélasse sur le trottoir, ou le bidet plus lavabo qui font obstacle aux poussettes pourtant légitimes sur ce même trottoir !

    Capture d’écran 2017-08-22 à 16.02.18.jpg

    Autant mettre un cataplasme sur une jambe de bois.

    Des trois mesures qui sont mises en avant pour trouver LE remède à la saleté de Paris, au moins dans certains quartiers, sans doute est-ce la réorganisation des services qui fera le plus sensation. Mais, ne nous trompons pas, il est question de « moderniser l'action des services », pas de les réorganiser. Or, manifestement, il y a des manques ou du laisser-aller. Nous ne disons pas que la tâche est simple, ou que les agents ne font pas leur travail, certains peut-être moins bien que d'autres, comme dans tous les métiers. Ils font surtout ce qu'on leur dit de faire. Aux heures où on leur dit de le faire. Dans les voies qu'on leur désigne. Alors, quoi ? Pourquoi une situation aussi difficile au niveau de la propreté de nos voies ? 

    Paris n'est pas la seule ville à haute densité de population, à haute fréquentation touristique, à forte présence étrangère... allez, osons le dire, parmi les habitants, chacun n'a pas les mêmes références de la propreté environnementale. Ce que le jeune cadre parisien moyen voit comme sale ou inacceptable passe inaperçu aux yeux d'une famille malienne ou ivoirienne, ou magyar, ou ukrainienne fraichement débarquée... C'est insupportable de devoir donner des noms de pays ainsi, nous nous en excusons, auprès d'eux en premier... mais vous voyez tous que les habitudes des uns et des autres différent, surtout dans l'espace public. Les Français ont été taxés de sales pendant des décennies par leurs voisins européens, alors que leurs rues étaient plutôt bien entretenues, mais notre consommation nationale de savon ou de brosses à dent laissait transparaître des manques d'hygiène. Il ne faut pas tout confondre. Donc pas de réaction offusquée ! On n'a pas tous les mêmes critères quand il s'agit d'environnement et d'espace public.

    Dans certains quartiers, qui subissent des passages intenses de populations, qu'elles sortent du métro, qu'elles s'installent dans l'espace public — sans autorisation — pour y mener leurs activités de vente, qu'elles y passent la nuit pour faire la fête... le résultat est un agglomérat de saleté qui nécessiterait plus souvent un lavage à grande eau, avec enlèvement de tous les papiers, tous les cartons, et pas un jet qui contourne les obstacles ! L'heure de ce lavage efficace est à adapter à chaque fois, obligatoirement. La vente de légumes exotiques de la rue des Poissonniers n'est pas l'heure de la fiesta des quais du Canal Saint-Martin. Tout comme les heures de ventes à la sauvette de la place de La Chapelle ne sont pas interchangeables avec celles du marché aux biffins de la Porte Montmartre. Mais tous ces désordres, aussi désordres soient-ils, ont des horaires, propres à chaque activité.

    Deux solutions dès lors. Soit on frappe très fort, et l'on verbalise sérieusement qui ne respecte pas les normes de propreté locales, celles de la Ville de Paris en l'occurence, et on le fait savoir ; soit on adapte les moyens et la façon de nettoyer des services de propreté de la Ville, au type de salissure et de salissants, à leurs horaires et à leur fréquence. Ce qui ne se fera pas sans un peu d'imagination et d'efficacité. Là encore, associer étroitement les citoyens à un plan « Paris Propre » s'apparente à une vaste blague ; en effet, les seuls touchés par ces vœux pieux sont les Parisiens qui se sentent déjà citoyens, mais en aucune manière les autres. C'est à dire ceux qui jettent leurs canettes après consommation, les cornets de frites ou de kebab et le reste. Quant aux plates-formes de communication type « Paris fais toi belle », même avec de nouveaux outils... croyez-vous vraiment, Madame la Maire, qu'elles vont devenir le livre de chevet du pollueur ordinaire de la rue parisienne ?

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    En revanche, oui, nous, les citoyens, nous pourrions peut-être lancer une souscription genre crowdfunding (financement participatif) pour acheter ou rassembler des tapettes à souris et à rats. A moins de découvrir un nouveau Till l'Espiègle comme dans les contes germaniques...

    En 2017, le Conseil de Paris a créé une commission propreté qui procède à des auditions depuis le mois de mai. Action Barbès sera auditionnée le 1er septembre par les élus de cette commission et s'attachera à nommer et décrire les problèmes de notre quartier, d'une part et à faire quelques propositions, d'autre part.

    Pour quelques chiffres supplémentaires sur les moyens de la Ville en mat!ère de propreté, nous vous conseillons la lecture du bulletin municipal n°61 du printemps. Voici le lien. 

  • Un projet de rénovation du square d'Anvers soumis à concertation

    Le conseil de quartier Anvers Montholon (9e) s'est réuni en session plénière, c'est à dire avec tous les habitants de ce quartier qui souhaitaient y participer, mardi 7 avril dernier. C'était la première fois que ce conseil de quartier se réunissait en séance publique depuis l'élection du nouvel exécutif de l'arrondissement élu en mars 2014*.

    La réunion n'a pas dérogé à la tendance actuelle telle que nous vous l'avons dépeinte dans un article récent : il y avait peu de monde (une petite quarantaine). Pourtant le sujet principal au menu était porteur, il s'agissait du réaménagement du square d'Anvers. Il est bien difficile de dire ce qui se passe à ce niveau là. Refus de s'intéresser au collectif, rejet du politique, lassitude devant une situation qui vous échappe, ... beaucoup d'hypothèses peuvent être émises. L'actuelle mairie UMP du 9e ne se comporte pas différemment des anciens élus socialistes à cet égard. Il n'est certes pas illégitime que la maire soit présente au conseil de quartier mais en faire un relai de communication de son action n'est pas exactement le but de ce type de réunion. Membre du bureau de ce conseil de quartier, Action Barbès va veiller à ce qu'un équilibre plus conforme à ce que nous pensons être l'esprit de ce dispositif se mette en place, notamment dans la répartition du temps de parole entre mairie et bureau.

    * nous faisons abstraction de la première séance formelle conjointe avec deux autres conseils de quartier du 9e à propos du budget participatif et qui était une figure imposée.

     

    Réaménagement du square d'Anvers

    Les derniers travaux faits dans le square d'Anvers ...

    ... datant du milieu des années 2000 n'ont pas donné entièrement satisfaction. Il est vrai que le square d'Anvers présente une configuration très particulière avec le parking Vinci en dessous et sa très grande fréquentation par des enfants de tous les âges dans un espace assez limité.

    La mairie du 9e a décidé une rénovation complète du square en demandant aux Services de la Ville de Paris, notamment la Direction des Espaces Verts et de l'Environnement (DEVE) de lui soumettre un projet favorisant la végétalisation du lieu, permettant à chaque catégorie de visiteurs (enfants, ados, adultes et personnes âgées) d'y trouver son compte, sans oublier que le projet devra respecter le passage pompier le long du lycée Jacques Decour et passer enfin sous les fourches caudines de l'Architecte des Bâtiments de France. Joli défi, presque la quadrature du cercle.

    Comme à leur habitude, les Services de la Ville ont fait du bon travail et ont soumis au conseil de quartier deux propositions sur lesquelles des avis étaient demandés.

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    Les contraintes sont telles que les deux variantes ne différent qu'à la marge, vous pouvez vous en rendre compte vous-même en agrandissant les illustrations en cliquant dessus.

    Le vrai débat a porté sur trois questions importantes résumées dans l'illustration ci-après

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    Agrandissement de l'aire de jeux par suppression des bancs : le conseil a rapidement évacué la question de la suppression des bancs qui sont absolument nécessaires aux adultes surveillant les plus petits dans cette aire de jeux. Par contre, l'agrandissement de cet espace lui-même a été demandé et les Services devront se pencher sur le sujet, l'idée étant de réduire la concentration de personnes dans cet espace assez petit.

    Zone d'agrès sportifs : pour ne pas oublier les ados et les adultes, le conseil de quartier prendra à sa charge dans le cadre de son budget d'investissement 2015 l'achat d'agrès sportifs. Le choix de ceux-ci sera fait en fonction de la place disponible (probablement 4 appareils) en équilibrant entre travail des jambes, des bras, du dos et des abdos. L'assemblée a approuvé cette proposition.

    Déplacement de l'aire à ballons : afin de gagner de la place et de permettre l'installation de jeux supplémentaires pour les petits mais aussi une table de ping pong et un babyfoot pour les plus grands, le démontage de l'aire à ballons située au Nord du square était proposée. Ce démontage étant conditionné par la réinstallation de l'équipement sur le boulevard de Rochechouart. L'assemblée a longuement délibéré sur ce point. Considérant la très forte fréquentation de cette aire de jeux par des personnes de tous les âges de façon continue dans la journée et aussi le fait que la réinstaller sur le boulevard n'était franchement pas une bonne idée, d'autant qu'elle dépendait d'un accord du 18e, le maintien de l'aire à ballons dans le square a été votée à une très large majorité (28 pour le maintien contre 5 pour son déplacement).

    Les derniers ajustements seront décidés par le bureau du conseil de quartier, avec la mairie bien entendu, lorsque les Services auront retouché le projet suite à cette réunion. Les travaux sont prévus pour fin 2015 début 2016, donc un square d'Anvers tout neuf pour le printemps prochain. Le coût total est de 300 000€.

     

    Autres sujets à l'ordre du jour

    D'autres sujets étaient à l'ordre du jour et ne faisaient pas vraiment l'objet de débats. La lecture de la présentation vous donnera toutes les informations.

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     Cliquer sur l'image pour télécharger la présentation fichier PDF

     

    Deux dates à retenir :

    - 23 mai : grand nettoyage de l'avenue Trudaine et alentour

    - 13 & 14 juin : fête de quartier au square Montholon