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Rechercher : opération Barbès Respire

  • Vernissage chez les sculpteures Ange et Dam

    C'est toujours un plaisir de pousser la porte du petit atelier de la rue Labat (18e) des sculptrices Ange et Dam. Elles participeront comme chaque année aux Portes ouvertes d'Anvers aux Abbesses du 17 au 19 novembre. Mais si vous voulez découvrir les Recyclettes en avant première, le vernissage aura lieu le jeudi 16 novembre à partir de 18h avec la traditionnelle soupe indienne au 50, rue Labat.

    paris 18e, Paris, D'anvers aux Abbesses, art, portes-ouvertes

    Pour retrouver les informations sur les Portes ouvertes d'Anvers aux Abbesses, cliquez ici.

  • Budget participatif dans le 10e

    Les projets du Budget participatif 2017 sont en ligne, consultez-les !

    Nous allons y regarder de près et notamment, dans quelques jours, vous présenter  ceux du 18e où deux projets, soutenus par notre association, ont retenu l'attention de la commission de l'arrondissement.

    Aujourd'hui un regard sur les propositions faites dans le 10e...

    Cette année 25 projets, dont 8 en quartier populaire sont soumis au vote des parisiens, l’enveloppe du 10e arrondissement est de : 3 360 000 euros dont 1 436 000 euros pour les quartiers populaires. 

    N'oubliez pas : rendez-vous en septembre pour le vote !

    Comme nous, vous ne trouverez pas parmi ces 25 projets un cas spécifique à notre quartier. Le plus proche serait le projet n°10 dans la rubrique Culture et Patrimoine : il suggère une rénovation des belles grilles qui entourent l'église Saint Vincent de Paul et des réverbères éclairant le square Cavaillé-Coll. Toujours dans ce même square, l'association AJAM a proposé d'installer des équipements sportifs destinés à tout public, c'est le projet n°23 dans la rubrique Sports. 

    Pas de projet donc dans l'extrême nord de l'arrondissement, du côté de Barbès. Il est vrai que nous-mêmes n'avons pas coopéré lors de cette édition du budget participatif. La précédente (2015) ne nous avait pas été favorable, nos projets n'ayant pas passé la barre des commissions d'arrondissement et le projet de "promenade urbaine entre Barbès et Stalingrad", comme la restructuration à venir de l'hôpital Lariboisière, semblaient faire de l'ombre à toute autre transformation sur ce territoire. Pour mémoire, nous avions proposé une fresque sur l'enceinte nord de Lariboisière. Les autres projets relevaient du 18e. Parmi ces nombreuses soumissions, seul le projet de mieux éclairer le viaduc du métro aérien avait été retenu (voir ci-dessous), puis validé par les habitants. D'après nos dernières informations, il sera porté en partie par la RATP, qui abondera également le budget et étendra la proposition au-delà de ce que nous proposions.

    Votre projet a été retenu...; mettre en valeur le viaduc.jpg

     

  • Retour en photos sur la fête du 8 juillet à La Chapelle

    L'aventure de la Promenade Urbaine continue, qu'elle soit une line, civic ou pas, une ligne, de métro c'est sûr, c'est même sa caractéristique la plus évidente, ou une promenade bien française, il va falloir retrousser les manches pour en faire quelque chose de beau, festif, vivant, attractif pour tous, pas seulement pour les habitants de la Place, surtout si l'on veut que l'endroit retrouve le charme qu'il a perdu au cours des dernières années. 

    L'équipe des co-constructeurs, co-concepteurs, regroupés dans le collectif de l'Atelier d'architecture autogérée et chargée par la Mairie de Paris de mettre en marche le projet, a organisé une fête le samedi 8 juillet et depuis le week end dernier des photos de l'événement sont en ligne sur la page FaceBook du Civic Line.

    C'est l'occasion de connaître un peu mieux tous ceux qui proposent des activités ou des projets d'occupation de l'espace public innovants. Ils étaient là le 8 juillet. Et vous ? Peut-être pas.... alors regardons ensemble ce qu'ils proposaient. 

    Le Collectif4c a animé une disco-soupe à partir d’invendus. Ces habitants de la Goutte d’Or portent le projet d’ouverture d’un lieu constitué d’un café associatif et culturel et d’une cuisine de quartier. Grâce à leur triporteur, ils déplacent leur cuisine dans l’espace public lors des événements du quartier !

    place de la chapelle

    L'Institut des Cultures d'Islam est venu donner la recette du raz-el-hanout à tous ceux qui en rêvaient. Les odeurs de ce mélange nous ont fait voyager, on a pu découvrir les épices et échanger les recettes mais aussi plein d'autres choses !

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    Pour le bonheur des petits (et des grands), l'asso Etudes et Chantiers Ile-de-France a ramené son vélo-blender  (à tous ceux qui restent un peu dubitatifs sur ce terme, cliquez donc ici !) et on peut dire que ça a pédalé dur ! Leur atelier d’autoréparation de vélo a aussi eu un franc succès ! Dans le même genre, regardez ce que fait Solicycle qui oeuvre déjà dans Paris. En ce qui  concerne les cycles, nous sommes néanmoins très attristés par la placette Caplat-Charbonnière, un peu plus loin vers Barbès, où se concentrent les ventes de vélos volés, les essais se passent dans la rue Guy Patin... Ce sont bien évidemment des objets de recel, qui n'ont pas besoin de réparation car ils sont majoritairement en très bon état. Nous comptons plus que jamais sur la présence policière. Tâche difficile toutefois, car il faut savoir que le cycle non immatriculé est réputé être la propriété de celui qui l'enfourche, ou le détient, à preuve du contraire...  Un argument solide pour préférer rouler avec des vélos un peu moins rutilants et réparés par les ateliers solidaires, donc.

    Le blender nous parait plus gadget.... et surtout peu adapté à de petits appartements parisiens. Restons réalistes. Les robots ménagers ont encore de beaux jours devant eux.

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    Retour vers des temps anciens avec le Crieur des rues, un petit côté garde champêtre de nos anciennes vacances à la campagne. Une façon de donner la parole aux habitants d'un quartier, en notant leurs demandes, ou même leurs revendications, dans le but de les crier sur la place publique... A l'heure de l'internet à tous les étages, nous nous posons la question de l'utilité, mais tout ce qui peut recréer des liens entre les habitants peut avoir du sens. Donc pas de jugement trop rapide. C'était Ségolène Thuillart, Lecrieurpublic du 18e qui donnait la parole aux citoyens sous la forme d’un portrait chinois. 

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    Les Vergers Urbains ont proposé une initiation aux « bombes à graines » parfaites pour commencer à planter la promenade urbaine : on lance la bombe à un endroit adéquate, on attend et cela pousse tout seul ! Pas sûr que ça marche à tous les coups sur le bitume de la promenade urbaine ! Dans des bacs ou des jardinières alors ? Les bacs, à nouveau, sont l'occasion de déposer des tas de cochonneries. Nous sommes très réservés sur l'implantation de bacs qui seraient confiés aux bons soins des habitants. A suivre, à discuter...

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    Auprès de la mairie de Paris, nous n'avons pas eu de succès avec notre demande de convertir la déchetterie en recyclerie, ou en ressourcerie, une de ces versions d'ateliers qui permettent de donner une seconde vie à des outils, des matériaux ou équipements usagés ou ayant perdu leur attrait tel quel. Le réemploi n’a pas de secrets pour La Débrouille Compagnie qui, ce samedi 8 juillet, a proposé un atelier de création d’objets décoratifs à partir de matériaux recyclés. Peut-être est-ce un atelier équipé d'outils utilisables sur place par les habitants qui serait le bienvenu, et pas seulement l'art et la manière de créer des objets décoratifs. L'utile est souvent prioritaire sur le décoratif.... Encore un sujet de débat. 

    Les associations du collectif étaient nombreuses sur place, et dans le square de Jessaint, accessible pour l'occasion. D'autres photos sont en ligne, n'hésitez pas à regarder et à cliquer sur les liens proposés qui vous en diront plus sur la personnalité des co-constructeurs. C'est là. 

  • Nos deux projets de la Goutte d'Or dans les projecteurs

    Avant le vote de septembre, revenons sur les deux projets portés par notre association dans le cadre des budgets participatifs

    le projet 10 dans le registre CADRE DE VIE

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    Le projet 16 dans le registre CULTURE et PATRIMOINE

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    Ces deux projets ont déjà été soumis à la commission en 2016, mais n'avaient pas recueilli suffisamment de suffrages des habitants pour passer le ligne en bonne position. 

    Au nom d'Action Barbès, nous avons donc remis l'ouvrage sur le métier avec l'expérience déjà acquise par le porteur du projet, également adhérent de notre association. 

    Le premier projet est "l'éclairage de l'église Saint Bernard",  ce monument historique emblématique du quartier et qui mérite une mise en valeur digne de cet édifice. Un projet qui séduit déjà de nombreux habitants qui soutiennent d'emblée cette idée.

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    Le projet de "Rue-jardin Richomme" consiste, lui, à créer un jardin ouvert sur l'espace public dans une rue qui ne compte pas moins de trois crèches et deux écoles et dans un quartier qui manque cruellement d'espaces verts. De nombreux parents d'élèves et riverains ont déjà dit leur motivation à soutenir cette idée. Nous avons récemment rencontré l'association La Goutte Verte, qui gère une petite parcelle dans cette rue, pour présenter ce projet. Les membres de cette association l'ont accueilli avec beaucoup d'enthousiasme, gageons que ce soit le présage d'un soutien encore plus massif. 

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    Nous reparlerons plus en détail de ces projets au moment de la mise au vote, prévu cette année du 13 septembre au 1er octobre.

     

  • En attendant la mer...

    Il parait que c'est le gros départ ce week end... alors, en attendant la mer, on s'amuse un peu. 

     

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    Trop mignons.... 

    Les premiers maillots de bain apparaissent vers 1850, en même temps qu’un intérêt croissant de l’aristocratie pour les bains de mer. D’abord très couvrants et peu adaptés à la nage à cause de leur encombrement et de leur poids une fois imbibés, les costumes de bain se transforment progressivement.

     

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    Au début du 20e siècle, le maillot de bain une pièce fait son apparition. Les progrès de l’industrie textile permettent de recourir aux matières élastiques qui adhèrent mieux au corps et facilitent les mouvements dans l’eau. C'est l'apparition des "3L" (Lycra ou élasthanne, Lurex et Latex). L’instauration des congés payés en 1936 démocratise l’accès à la plage et favorise la multiplication des maillots de bain, qui se raccourcissent et changent de forme.  

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    Le bikini, lui, fait son apparition en 1946 et doit son nom à un atoll du Pacifique, où avaient lieu des essais nucléaires. L’un de ses slogans était « première bombe an-atomique ». Puis....

     

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    ... en 1962, James Bond rencontra Ursula Andress.... un sacré coup de pouce pour les ventes de bikini.

    {L'idée de ce court historique du maillot de bain est venue de la saison, bien sûr, mais les compléments sont à rechercher sur le site d'un "certain regard". Allez-y, surfez en 1-pièce, 2-pièces ou moins...}

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    Bonnes vacances à tous !

  • Histoire des rues de la Goutte d'Or : la rue Marx Dormoy

    Traditionnellement, le blog d’Action Barbès fait relâche pour l’été et quitte l’actualité de nos quartiers. Mais cette année durant la pause estivale, nous vous invitons à une promenade dans le temps à travers une série d’articles sur l’histoire des rues de la Goutte d’Or, ce quartier des faubourgs de Paris né dans la commune de La Chapelle.

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    Nous commençons cette série avec la plus ancienne voie de ce secteur qui forme la frontière Est du quartier administratif de la Goutte d’Or, à savoir la rue Marx Dormoy. Cette rue n'est pas à proprement parler une rue de la Goutte d'Or, mais la connaissance de son histoire est essentielle pour mieux appréhender l'histoire des rues du quartier qui nous intéresse ici.

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    La rue Marx Dormoy est une voie du 18ème arrondissement qui commence place de la Chapelle pour finir 590 mètres plus loin, au carrefour qu’elle forme avec les rues de la Chapelle, Ordener, Philippe de Girard et Riquet. Elle a pris le nom de René Marx Dormoy par le décret du 7 juillet 1945 qui célèbre la mémoire du politicien français assassiné le 26 juillet 1941. Auparavant, cette rue constituait la première partie de la rue de la Chapelle. Mais nous reviendrons sur cet épisode pour commencer par ses origines.

     

    Les origines de cette voie remonte au moins au temps des Parisis, quand Paris n’était que Lutèce, petite ville éloignée de quelques kilomètres de là. En effet, la rue Marx Dormoy constitue l’un des tronçons d’une des plus anciennes voies encore existantes dans le territoire francilien. Cette route partait de Lutèce, de l’île de la cité, en direction du Nord, passant par le col situé entre la butte Montmartre et les buttes Chaumont (col situé rue de la Chapelle au niveau de l’église Saint-Denys de la Chapelle) et en passant par l’Estrée (Saint-Denis) pour rejoindre les villes du Nord. C’est cette route qui desservait la célèbre foire du Lendit, sise d’abord sur le village de La Chapelle et ensuite à Saint-Denis.

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    Beaucoup plus tard, sous l’Ancien Régime, cette voie a gardé une grande importance, notamment dans la vie des rois de France. En effet, la route de Paris à Saint-Denis (actuellement les rues Marx Dormoy et de la Chapelle et l’avenue du Président Wilson à Saint-Denis) était jalonnée de huit montjoies dont trois sur le parcours de l’actuelle rue Marx Dormoy. Une montjoie est un socle de pierre surmonté d’une croix destinée à la dévotion. Les "montjoies du Lendit" faisaient elles-mêmes référence à "La Montjoie", nom d'un monticule de guet qui était situé sur l’actuelle Plaine Saint-Denis, celle-là même qui était évoquée dans le cri de guerre des Capétiens:  « Montjoie Saint-Denis ! »

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    Les montjoies du Lendit et la basilique Saint-denis

     

    C’est par cette voie que les rois de France passaient pour entrer à Paris après leur sacre, en faisant une halte au clos Saint-Lazare voisin (le plus grand clos de Paris, situé dans l'actuel 10ème arrondissement) qui marquait l’entrée de Paris, entrée qui sera matérialisée ensuite par la barrière Saint-Denis (appelée également "barrière de La Chapelle", aujourd’hui place de la Chapelle). Le dernier roi à emprunter cette rue pour entrer à Paris fut Louis XVIII en 1815 (voir gravure ci-dessous), une célébration alors très contestée car très symboliquement marquée comme un retour à l'Ancien Régime. À la mort du roi, la dépouille royale prenait le chemin inverse pour rejoindre la basilique de Saint-Denis où se trouvent les sépultures des rois de France, marquant des arrêts à chaque montjoie.

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    Entrée solennelle de Louis XVIII dans la ville de Paris à la barrière Saint-denis le 9 mai 1815

     

    La portion de cette route entre Paris et le village de La Chapelle, bordée d'habitations dès le 17ème siècle (qui correspond donc à l’actuelle rue Marx Dormoy), se nommait "Faubourg de Gloire". Mais c’est seulement à la Révolution et la création des communes qu’elle fut placée dans le giron de La Chapelle ainsi que le territoire qui deviendra le sud des quartiers de la Goutte d’Or et de la Chapelle et qui dépendait de paroisses parisiennes jusque-là. Au début du 19ème siècle, l’ensemble de l’artère pris le nom de Grande Rue, de l’actuelle place de la Chapelle jusqu’à l’avenue du Président Wilson à Saint-Denis, alors en partie chapelloise. 

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    Le faubourg de Gloire (rue Marx Dormoy) en 1814

     

    En 1860, lors de l’annexion des communes faubouriennes à Paris, la commune de La Chapelle fut absorbée par la capitale, le Nord de son territoire, au-delà des fortifications de Thiers (aujourd’hui le périphérique) étant redistribué entre Saint-Denis, Saint-Ouen et Aubervilliers. La Grande Rue est classée dans les voies parisiennes par le décret du 23 mai 1863 et devient officiellement la « rue de la Chapelle » en 1867.

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    L'ancienne mairie de la Chapelle à l'angle de la rue Doudeauvile, carte postale vers 1900

     

    À l'angle de la rue Doudeauville se dressait la mairie de la commune de La Chapelle, remplacée aujourd'hui par le collège Marx Dormoy. Au moment de l'annexion des communes suburbaines de Paris en 1860, le 18ème arrondissement a été créé sur les anciennes municipalités de Montmartre et la Chapelle, il a été question un temps que la mairie de La Chapelle devienne celle du nouvel arrondissement, projet abandonné comme on le sait. 

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    "Vue générale de la Rue de la Chapelle" (actuellement place de la Chapelle et rue Marx Dormoy), vers 1910

     

    Et enfin, c’est donc en 1945 que la rue est divisée en deux portions, la première partie prenant le nom de rue Marx Dormoy, telle que nous la connaissons aujourd'hui.

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    Barricade rue de la Chapelle (rue Marx Dormoy) pendant La Commune, le 19 mars 1871

     

     

     à venir : la rue des Poissonniers

  • La présence des mineurs isolés inquiète les autorités

    Vous êtes nombreux à avoir vu des jeunes garçons marocains depuis le début de l’année dans notre quartier, sans attache, dormant dans les autolib’ ou dans les laveries, vivant de rapines ça et là. Partis un temps, puis revenus récemment, certains semblent très agités, voire dangereux comme en témoignent certains signalements. La situation est préoccupante, et le maire du 18e a jugé nécessaire de faire publier cette communication sur le site de la mairie. Nous ne faisons que le reprendre ici pour votre information. Pour être tout à fait complet, il faut ajouter que le conseil des ministres du 12 juillet s'était déjà saisi du sujet, et s'inquiétait du nombre croissant des mineurs isolés, ou non-accompagnés, selon le terme officiel, comme du fonctionnement peu satisfaisant des dispositifs déjà existants pour en assurer la répartition sur l'ensemble du territoire. Voir plus bas, dans la suite de l'article.

    Voici le flash d'information de la mairie du 18e : 

     

    SITUATION DES MINEURS MAROCAINS

    Début 2017, des mineurs marocains, passés par l’Espagne sont arrivés à Paris, notamment dans les quartiers de la Goutte d’Or et de La Chapelle dans le 18e arrondissement, mais également dans les 10e  et 19e. Ce phénomène qui se retrouve dans d’autres grandes villes d’Europe ne serait pas lié à des réseaux mais à des départs volontaires d’enfants des rues.

    Eric LEJOINDRE, Maire du 18e, a immédiatement saisi toutes les autorités nécessaires à la compréhension de cette situation inédite. La Ville de Paris a coordonné le travail de l’ensemble des acteurs : services sociaux et sanitaires, Justice, Police mais aussi autorités consulaires du Maroc. Cette situation inédite a demandé à chacun un travail considérable. Quelques semaines plus tard, après des prises en charge de la plupart de ces mineurs dans des lieux dédiés, les enfants ne se trouvaient plus ni dans l’espace public, ni ne cherchaient plus à être accueillis dans les structures ad hoc. Les réponses que nous avions apportées ont donc porté leur fruit.

    Pourtant, depuis quelques semaines, nous faisons face à une nouvelle arrivée de mineurs dans la rue, pour beaucoup dans le square Alain Bashung. Tous les acteurs, extrêmement vigilants depuis l’hiver dernier, ont pu immédiatement se remettre au travail avec les jeunes.

    Leur situation a évolué depuis mars : leur état de santé est inquiétant, leurs actes de violences sont plus nombreux et des jeunes filles sont désormais présentes.

    Nous avons donc immédiatement engagé de nombreuses actions pour faire face à cette situation nouvelle :

    • Maraudes quotidiennes des associations

    • Ouverture dans les tous prochains jours d’un lieu d’accueil de jour

    • Recherche d’un lieu d’accueil de nuit

    • Lien avec le 119 pour information et rapidité des signalements

    • Dispositifs d’urgence en lien avec le Parquet pour éloigner les jeunes filles

    En outre, la question a été posée de faire fermer temporairement le square Bashung. Après réflexion et consultation, nous avons décidé de le maintenir ouvert. En effet, une fermeture du square risquait d’avoir pour seule conséquence un report et une dispersion de ces enfants, rendant leur suivi et le travail social engagé plus difficile encore.

    Ainsi, l’engagement de la Ville de Paris comme de la Mairie du 18e, avec l’ensemble des acteurs concernés est totale pour gérer cette situation inédite et d’une exceptionnelle gravité. Comme en début d’année, ce travail partenarial a été engagé au plus vite et au mieux dans l’intérêt tant des enfants que des riverains.

    On peut lire sur le site de la Vie Publique 

    Mineurs non-accompagnés : améliorer leur prise en charge

    le 19 07 2017

    Le nombre de mineurs non-accompagnés (MNA, désignés auparavant "mineurs isolés étrangers") présents sur le territoire français est en forte augmentation. En 2010, les conseils départementaux prenaient en charge 4 000 MNA, 13 000 en décembre 2016 et leur nombre pourrait dépasser 25 000 à la fin de l’année 2017. Ces enfants en situation de danger, à 70 % originaires d’Afrique, et leur prise en charge par les départements font l’objet d’un rapport d’information du Sénat présenté le 28 juin 2017 par Elisabeth Doineau et Jean-Pierre Godefroy.

    Des dispositifs d’évaluation et de répartition jugés lacunaires

    Depuis 2013, un dispositif de répartition des MNA entre départements a été instauré. Mais l’augmentation continue des arrivées porte les capacités d’accueil des départements à saturation.

    La période d’évaluation et de mise à l’abri, principalement dans des établissements hôteliers, cristallise l’essentiel des difficultés rencontrées par les départements. Une autre série de difficultés intervient, une fois que la minorité a été établie, avec le mécanisme de répartition sur le territoire national des MNA évalués et leur accompagnement socio-éducatif par les services de la protection de l’enfance. Les rapporteurs constatent ainsi des lacunes de nature à gravement précariser les MNA une fois passés leurs 18 ans.

    Un coût excessif à la charge des départements

    Les rapporteurs soulignent également que les coûts imposés pour les départements lors de la phase d’évaluation de la minorité sont “très supérieurs” à la compensation accordée par l’État, qui ne couvre que 10% du total. Enfin, la coordination de tous les acteurs concernés par la prise en charge des MNA - conseil départemental, services de l’État, Éducation nationale, autorité judiciaire - montre souvent des lacunes préjudiciables à ces publics.

    Les principales recommandations de la mission d’information

    Le rapport propose plusieurs réformes de l’accueil des MNA qui visent deux objectifs principaux :

    • redéfinir l’organisation de la mise à l’abri afin d’en alléger la charge pour les conseils départementaux, en confiant l’évaluation des MNA à des plateformes interdépartementales ou régionales ;
    • fluidifier le plus possible le parcours des MNA admis à l’aide sociale à l’enfance, avec une systématisation des mesures de tutelle, un effort accru en matière de formation professionnelle et des directives claires en matière de délivrance de titres de séjour aux MNA.

    Lors du conseil des ministres du 12 juillet 2017, le Gouvernement a prévu l’élaboration d’un plan d’action visant à améliorer l’accueil des mineurs non-accompagnés en concertation avec les conseils départementaux.

  • Histoire des rues de la Goutte d'Or : la rue des Poissonniers

    Traditionnellement, le blog d’Action Barbès fait relâche pour l’été et quitte l’actualité de nos quartiers. Mais cette année durant la pause estivale, nous vous invitons à une promenade dans le temps à travers une série d’articles sur l’histoire des rues de la Goutte d’Or, ce quartier des faubourgs de Paris né dans la commune de La Chapelle.

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    Après la rue Marx Dormoy, nous continuons notre série sur l’histoire de rues de la Goutte d’Or avec la rue des Poissonniers.

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    La rue des Poissonniers marque la frontière Ouest du quartier administratif de la Goutte d’Or. D’une douzaine de mètres de large, la rue des Poissonniers commence au 26 boulevard Barbès pour finir 1420 mètres plus loin, boulevard Ney. 

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    La rue des Poissonniers à l'angle de la rue d'Oran, vers 1900

     

    La rue des Poissonniers est une voie ancienne qui passe par le col situé entre la Butte Montmartre à l’Ouest et la Butte des Couronnes (ou Butte des Cinq Moulins, la colline où s’est développé le quartier de la Goutte d’Or) à l’Est ; certains y voient un ancien chemin gaulois mais rien ne permet de l’attester avant le 12ème siècle. Son nom à conservé la mémoire de son usage premier, celui de route du poisson arrivant du Nord, de Dieppe en particulier, jusqu’aux halles de Paris. Ce dernier tronçon commençait à l’ancien port de Saint-Denis et poursuivait sur un axe passant par les actuelles rue du Faubourg Poissonnière, rue Poissonnière, rue des Petits Carreaux et rue Montorgueil. Cette activité va cesser complètement à l'arrivée du chemin de fer vers les années 1840. 

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    Le Chemin des Poissonniers sur le plan Roussel de 1730 (le carré rouge figure la position actuelle du carrefour Barbès)

     

    Cette rue a connu de nombreux changements de noms par le passé. Sa plus ancienne dénomination connue est chemin de la Marée et date de 1307, puis le toponyme évolue en chemin de la Marre (1514) et dérive en chemin Puquetière (1661). Sur certains plans, on la retrouve aussi sous le nom de chemin d’Epinay, Chemin des PoissonnièresChemin de Saint-Denis ou encore chemin vers la Franciade (La Franciade était le nom de Saint-Denis pendant la Révolution, La Chapelle Saint-Denis s'appelait Chapelle Franciade). Ensuite, la voie prend le nom de "chemin des Poissonniers". Elle est nommée rue de la Barrière Poissonnière sur un plan de 1837, pour finir par être baptisée par son nom actuel de rue des Poissonniers durant la première moitié du 19e siècle, mais seulement pour la partie comprise entre le boulevard de la Chapelle et la rue Marcadet, le surplus gardant le nom de chemin des Poissonniers. La voie est classée dans les voies parisiennes en 1863 et prend le nom de rue des Poissonniers dans sa totalité.

     

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    La barrière Poissonnière en 1819 (peinture de Palaiseau)

     

    Jusqu’à l’annexion des communes suburbaines à Paris en 1860, la rue des Poissonniers marquait la frontière entre les paroisses, puis les communes, de Montmartre et la Chapelle Saint-Denis. La rue des Poissonniers était une voie d’entrée du Nord de Paris et qui s’arrêtait donc à l’entrée de la ville, à la barrière Poissonnière.

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    Médaille commémorative de la pose de la première pierre du bâtiment de l'octroi de la barrière Poissonnière, le 25 août 1824

     

    La Barrière Poissonnière était une porte secondaire du Nord de la capitale, ouverte sur le Mur des Fermiers généraux entre la barrière Saint-Denis et la barrière de Rochechouart. D’abord nommée barrière Sainte-Anne à sa construction en 1645, la rue du faubourg Poissonnière s’appelant auparavant "rue Sainte-Anne", cette barrière pris également le nom de barrière du Télégraphe, en référence au télégraphe des frères Chappe qui marquait alors le sommet de la Butte Montmartre, avant de prendre le nom de barrière Poissonnière jusqu’à sa destruction en 1860 lors de la suppression du mur des Fermiers généraux et la création des boulevards sur son tracé. La villa Poissonnière, petite voie privée du quartier, ouverte en 1841, tient son nom de sa proximité avec cette barrière. 

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    "Prise de la Barrière Poissonnière par la Garde nationale en 1848", tableau d'Eugène Bazin

     

    Après l'annexion de Montmartre et de La Chapelle en 1860, la rue des Poissonniers a gardé son caractère frontalier, partageant depuis les quartiers administratifs de Clignancourt et de la Goutte d'Or. Frontière dont la rue des Poissonniers a cédé un peu de terrain au boulevard Barbès (première partie du boulevard Ornano à sa création) créé pour prolonger le boulevard Magenta et qui l'a amputé d'un petit tronçon à son percement en 1863.  

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    La barrière Poissonnière avant sa destruction en 1860

     

    En jouxtant une barrière de Paris, la rue des Poissonniers bénéficie d’une position favorable au développement d’auberges et de cabarets, car situés « hors les murs » ces établissements échappaient aux taxes parisiennes et la surveillance policière y était beaucoup plus relâchée. Cet environnement favorise aussi le développement d’une prostitution beaucoup moins contrôlée que dans les murs de la ville. Bon nombre de livreurs et de mareyeurs s’arrêtaient dans ces cabarets avant d’entrer à Paris pour y boire et manger à un coût moindre, on y croisait également des malfrats trouvant là un refuge discret ainsi que des bourgeois sortis de la ville pour s’encanailler à bons frais. L'activité, prostitutionnelle notamment, va perdurer longtemps après la destruction du mur.

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    La rue des Poissonniers au croisement avec la rue Myrha, vers 1900

     

    Mais si la rue des Poissonniers a abrité une activité de cabaretiers, elle a vu également se développer une activité industrielle dès le 18e siècle avec l’installation d’une importante nitrière artificielle à l’angle de la rue de la Goutte d’Or. Une nitrière, ou salpêtrière, était destinée à la fabrication du salpêtre, en l'occurrence pour fabriquer de la poudre à canon. Pour se faire, il fallait laisser décanter dans de grands bassins du plâtre avec de l'urine et des excréments d'humains et d'animaux dans de grand bassins durant de longs mois, la réaction chimique provoquant la formation de salpêtre. Les moulins de la Butte des Couronnes voisins alimentaient la nitrière en plâtre qui était extrait dans les carrières environnantes.

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    La Nitrière artificielle des Cinq Moulins sur la plan Verniquet (1795)

     

    Parmi les différentes industries présentes, signalons les plus remarquables, comme les forges des établissements Pauwel, qui seront remplacés par les ateliers de la Compagnie générale des omnibus, qui s’étendaient sur un terrain sur lequel on percera plus tard les rues de Suez et de Panama en 1884, ou encore les ateliers et les entrepôts ferroviaires au-delà de la rue Marcadet.

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    Sur le chemin de l'usine, vue sur la rue des Poissonniers depuis la rue Marcadet, vers 1910

     

    Durant la seconde moitié du 19e siècle, une industrie s’est particulièrement développée le long de la rue des Poissonniers : la manufacture de pianos. Le facteur Pleyel a débuté sont activité de fabrication avec une usine à Montmartre, rue des Portes Blanches (qui débouche sur la rue des Poissonniers), et à sa suite, plusieurs facteurs de pianos s’installèrent rue des Poissonniers, comme le facteur A. Bord qui fut un des plus gros fabricants de pianos au monde en son temps. Mais dans ce quartier, la facture de pianos se limitait à la fabrication, la commercialisation se concentrant dans l'actuel 9ème arrondissement.

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    Au cours du 20e siècle, l'activité industrielle de la rue des Poissonniers s'est peu à peu éteinte pour laisser place à une vocation d'habitation et commerciale que nous lui connaissons aujourd'hui.

     

    à suivre : la rue de la Goutte d'Or

  • Du jardin partagé à la disparition de bonnes terres de cultures en Ile-de-France

    Le titre n'est pas clair, mais la position de la Ville de Paris non plus. 

    Quelle ne fut pas notre surprise d'apprendre que Paris soutient le projet EuropaCity sur le territoire de Gonesse au nord de Paris ! Ce sont des terres cultivables et cultivées dont les exploitants sont expulsés pour laisser la place à un grand complexe commercial et de loisirs ... On marche sur la tête, là, non ? 

    Ecoutez ce court reportage diffusé sur France Culture : 

     

    En effet, la maire de Paris s'est montrée à maintes reprises comme la cheffe de file d'un mouvement militant pour la lutte contre le réchauffement climatique. Grâce à une communication massive, les mesures que l'on connaît depuis le début de la mandature d'Anne Hidalgo sont les constructions à haute qualité environnementale, les toits végétalisés, la création de jardins partagés là où ils sont possibles, la végétalisation tous azimuts (souvenez vous du "Madame le maire je veux du Vert"...ou quelque chose d'approchant !), le réaménagement des places parisiennes  en privilégiant la nature, la refonte des voies de circulation en réduisant la place de la voiture au profit des piétons et cyclistes, jusqu'à la reconquête des voies sur berges. Des projets louables. 

    Dans la même orientation politique de la Ville, Anne Hidalgo a souhaité le retour à un approvisionnement de proximité pour ce qui est de notre alimentation, idéalement via l'agriculture biologique, au moins l'agriculture raisonnée et de proximité. 

    Mais, Madame la Maire, nous vous interpelons sur le sujet : Paris n'est pas une île au milieu de rien ! Ce n'est pas juste quelques voies de circulation neutralisées qui vont fondamentalement modifier l'air que nous respirons, ni quelques pauvres parcelles entre deux immeubles laissées aux herbes folles qui vont améliorer l'air et nettoyer nos poumons encrassés ! Ces actions vont dans le bon sens, mais à condition  de ne pas être contredites par d'autres. Comment pouvez-vous soutenir un projet comme l'EuropaCity — et même, selon certains, participer financièrement à son élaboration, peut-être en cédant les terres que la Ville possèdent dans le triangle de Gonesse ? Les jardins partagés et les fermes urbaines promises ne vont en aucune façon nourrir la population parisienne... Quant à la proximité des approvisionnements, quoi de mieux que les terres agricoles d'Ile de France ? 

    Nous comprenons l'opposition des habitants de ce territoire, déjà très encombré d'équipements bruyants, aéroport compris, qui s'arcboutent contre ce projet destructeur et multiplient les recours. 

    Pour connaître les tenants et les aboutissants de ce dossier, nous vous proposons la lecture de quelques articles de journaux, de toutes tendances, pour vous forger votre propre opinion. 

    Petite revue de presse sur le sujet :  

    - d'abord le site du projet avec beaucoup d'infos mais émanant des promoteurs, donc forcément un peu orientées : ici

    - le 5 novembre 2014 : Le Figaro Immo Un autre grand projet contesté 

    - Le 26 décembre 2015 : La Tribune Un projet privé accélérateur du GRAND PARIS ?

    - le 13 septembre 2016: L'Express Le projet fou de mégacomplexe commercial près de Paris (en images)

    - le 12 janvier 2017 : Les Echos : Europacity modifie son projet 

    - le 21 mai 2017 Mobilisation contre le megaprojet Europacity dans le Val d’Oise

     

    L'argument décisif, comme toujours ce sont les emplois... mais leur chiffre varie et reste au bout du compte à l'état de promesse, or, comme on sait, les promesses n'engagent que ceux qui y croient. On trouve dans les blogs publiés par Mediapart en juin 2016 un bilan détaillé de ces déclarations relatives à l'emploi, revues à la baisse, mais qui selon l'auteur J.LORTHIOIS restent en grande partie excessives. C'est ici, à lire absolument. Toutes les références figurent en annexe du document. 

     

    Pour quelques images, vous pouvez aussi regarder le reportage vidéo de France Info sur sa page FaceBook : La fin de la terre ?? 

     

  • Histoire des rues de la Goutte d'Or : la rue de la Goutte d'or

    Traditionnellement, le blog d’Action Barbès fait relâche pour l’été et quitte l’actualité de nos quartiers. Mais cette année durant la pause estivale, nous vous invitons à une promenade dans le temps à travers une série d’articles sur l’histoire des rues de la Goutte d’Or, ce quartier des faubourgs de Paris né dans la commune de La Chapelle.

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    Après avoir évoqué les rues Marx Dormoy et des Poissonniers,  nous allons aborder à présent la rue qui les a reliées et qui a donné son nom au quartier : la rue de la Goutte d'Or.
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    Il faut remonter au début du 18e siècle pour trouver les origines de la rue de la Goutte d'Or, ainsi que de la rue de Jessaint, les deux rues n'en formant qu'une à leur création. Le secteur géographique, alors nommé canton des Couronnes, qui la voit naître, compris entre le chemin des Poissonniers (rue des Poissonniers) à l'Ouest, la rue Marcadet au Nord,le Faubourg de Gloire (rue Marx Dormoy) à l'Est et l'Enclos Saint-Lazare au Sud, et qui correspond à l'actuel quartier de la Goutte d'Or, est un territoire hors de Paris mais qui dépend de la paroisse parisienne de Saint-Laurent. Après la Révolution, ce territoire est rattaché à la paroisse de Chapelle Saint-Denis devenue une commune.

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    Une partie du canton des Couronnes sur le plan Jouvin, 1672

     

    La colline qui se dresse là se nomme Butte des Couronnes ou Butte des Cinq Moulins en références aux moulins à plâtre qui s'alignent sur sa crête le long de l'actuelle rue Polonceau. Au Sud de ces moulins, les terres appartiennent aux religieux de Saint-Lazare. Ces Messieurs de Saint-Lazare obtiennent du prévôt de Paris le droit d'ouvrir une nouvelle voie sur ces terrains, un chemin qui connectera le faubourg de Gloire (rue Marx Dormoy) au chemin des Poissonniers (rue des Poissonniers). La voie est ouverte vers 1720, commençant au dessus du séminaire Saint-Charles à l'Est, pour aboutir sur le chemin des Poissonniers, avec un léger décalage avec le chemin qui s'achève en face et qui descend de la chaussée de Clignancourt (rue de Clignancourt) jusqu'au chemin des Poissonniers (l'actuelle rue Christiani).

    Il s'avère que contrairement aux termes de l'accord donné aux religieux, le tracé du chemin n'est pas rectiligne mais suit le relief sinueux du flanc Sud de la butte des Couronnes. Il est donc fait obligation aux religieux de Saint-Lazare de rectifier la trajectoire ; les travaux sont exécutés vers 1750 (le chemin rectifié apparait sur un plan de 1757), la voie prend alors la configuration que nous lui connaissons aujourd'hui. 

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    "Plan du chemin de St. Charles aux moulins des Couronnes et des environs sur le faub. de Gloire" 1750. Le tracé correctif se superpose au chemin sinueux

     

    La voie nouvellement ouverte n'a pas de dénomination officielle, elle prend différents noms selon les époques. Elle est nommée chemin de Saint-Charles aux moulins des Couronnes  en 1750,  chemin de traverse de celui des Poissonniers au faubourg de Gloire vers 1780, chemin neuf du chemin des Poissonniers à la Chaussée Saint-Denis en 1780, ou encore chemin des Cinq Moulins sur le plan Verniquet en 1790 (l'actuelle rue Polonceau s'est également appelée chemin des Cinq Moulins et le premier nom de la rue Stephenson était rue des Cinq Moulins).  

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    "carte du terrier de la maison Saint-Lazare", 1780 

     

    Très vite après le percement de ce nouveau chemin, une auberge s'installe à l'angle Nord du croisement de la nouvelle voie et du chemin des Poissonniers ; l'emplacement à ce carrefour est  commercialement un choix judicieux, en effet, on est ici sur un axe passant, à deux pas d'une entrée de Paris et non loin de l'activité des moulins et des carrières de gypse environnantes. Cet établissement prend pour enseigne "À la Goutte d'Or" en souvenir d'une vigne à ce nom qui exista dans les environs.

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    L'auberge à l'enseigne à la Goutte d'Or sur le plan Turgot de 1739

    Il faut faire ici une petite digression pour préciser l'origine de ce nom de Goutte d'Or. La tradition locale imagine une butte des Couronnes couverte de vignes produisant un vin si fameux qu'on l'offrit aux rois de France et qui aurait donc servi à nommer ce territoire. Mais s'il a bien existé une vigne dite de la Goutte d'Or sise le long de l'actuelle rue des Poissonniers, peut-être même à l'emplacement de l'auberge éponyme, sa localisation exacte n'est pas formellement établie, pas plus que la production d'un vin célèbre n'est attestée à cet endroit. En fait, cette croyance vient d'une histoire un peu "bricolée" par l'historien amateur Firmin Leclerc et publiée en 1888. L'auteur n'y cite aucune source, y fait des rapprochements chronologiquement douteux et de nombreuses approximations. Cette historiette plaisante est ensuite largement reprise dans la presse pour finir par être reconnue comme une histoire plus ou moins officielle, mais plusieurs historiens sérieux de l'époque l'ont d'emblée qualifiée de légende. Ce qui est certain, c'est que si ce nom de Goutte d'Or a bien servi à dénommer un lieu-dit et une vigne dans ce coin, il n'a jamais désigné l'ensemble de ce territoire connu comme le canton des Couronnes et rien n'atteste de la présence de vignes sur une étendue aussi vaste que la butte des Couronnes. 

    C'est donc par cette auberge, assez fameuse pour devenir un repère topographique, que le nom de Goutte d'Or va se diffuser jusqu'à baptiser la rue éponyme. Tout d'abord pour nommer le petit hameau qui se développe autour d'elle au début du 19e siècle sur l'ancienne nitrière artificielle voisine, dans un quadrilatère formé actuellement par les boulevards Barbès et de la Chapelle et les rues de la Goutte d'Or et des Islettes. C'est en 1814 sur le cadastre napoléonien que pour la première fois le hameau est nommé hameau de la Goutte d'Or sur un plan.

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    Le hameau de la Goutte d'Or sur l'atlas de Jacoubet (édité de 1827 à 1839)

     

    Le chemin prend ensuite le nom de Chemin du hameau de la Goutte d'Or. En 1828, la totalité de la voie est officiellement nommée rue de la Goutte d'Or. C'est à cette période que les rues du quartier commencent à être viabilisées et pavées. En 1834, elle est divisée en deux parties par une délibération du conseil municipal de la commune de La Chapelle, la première partie prenant le nom de rue de Jessaint en hommage à Adrien-Sébastien Bourgeois de Jessaint, sous-préfet de Saint-Denis (département de la Seine).

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    Le rue de Jessaint vers 1900, en direction de la place de la Chapelle

     

    La rue de la Goutte d'Or gagne quelques mètres lors du percement du boulevard Barbès (boulevard Ornano à son ouverture) entre 1863 et 1867, pour atteindre ses dimensions actuelles de 395 mètres de longueur pour 10 mètres de largeur.

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    Le rue de la Goutte d'Or vers 1900, on distingue à droite le débouché de la rue des Islettes

     

    Lors de l'annexion des faubourgs parisiens en 1860, les communes de Montmartre et La Chapelle constituent le 18e arrondissement, dit "des Buttes Montmartre", il est divisé en quatre quartiers administratifs dont l'un prend le nom de la Goutte d'Or. C'est ce baptême administratif qui va consacrer le nom de Goutte d'Or pour désigner plus largement l'ancien canton des Couronnes et finalement le quartier de la Goutte d'Or comme nous le désignons aujourd'hui, c'est à dire la moitié Sud du quartier administratif.

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    Nous terminerons cette promenade historique en évoquant une autre rue de la Goutte d'Or qui a existé dans les environs mais qui a fini par sombrer dans l'oubli : la petite rue de la Goutte d'Or à Montmartre. 

    Nous avons vu dans l'article qui lui est consacré que la rue des Poissonniers était la frontière entre les communes de Montmartre et la Chapelle Saint-Denis avant leur annexion à Paris en 1860. Au début du 19e siècle le hameau de la Goutte d'Or se développe du coté Est de la rue des Poissonniers sur la commune de La Chapelle et de l'autre coté, sur la commune de Montmartre, s'étend un hameau que l'on nomme la France Nouvelle, un nom qui répond en miroir au quartier voisin de la Nouvelle France qui se situe sur la partie Nord de l'actuel 9e arrondissement. Ces deux petits hameaux s'étendent alors sur un territoire qui recouvre aujourd'hui le territoire informel qu'on nomme "Barbès". Dans la France Nouvelle, à l'angle du boulevard Rochechouart (alors boulevard des Poissonniers) et de la rue des Poissonniers (aujourd'hui boulevard Barbès) se niche la place Belhomme (voir plan ci-dessous). Deux petites rues d'une vingtaine de mètres mettent en communication la place Belhomme et la rue des Poissonniers, l'une au Sud-Est de la place qui se nomme rue de la France Nouvelle et l'autre au Nord-Est qui porte le nom de... rue de la Goutte d'Or ! L'usage la consacre sous le nom de petite rue de la Goutte d'Or ou passage de la Goutte d'Or (l'actuelle rue Francis Carco s'est aussi nommée passage de la Goutte d'Or), certainement pour la différencier de sa voisine. Ces deux ruelles ainsi que la place Belhomme ont été supprimées par le percement du boulevard Barbès.

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    Plan de 1866, la bande orange montre la projection du futur boulevard Barbès en cours de percement

     

    Il a donc existé une autre rue de la Goutte d'Or proche de quelques dizaines de mètres de la seule que nous connaissons aujourd'hui. Mais cette petite rue n'ayant existé que quelques décennies à l'ombre de sa célèbre voisine homonyme et sa petitesse faisant que même sur les plans du cadastre de Montmartre on ne prenne pas le soin de la nommer, font qu'on a fini par oublier l'existence d'une petite rue de la Goutte d'Or

     

  • AirBnB, gros business, petits impôts.... la Ville pas contente !

    Nous vous recommandons un article paru dans Le Parisien ces jours-ci, au cas où vous l'auriez manqué.

    C'est là ! dans le Parisien du 11 août. 

    Il nous concerne quasiment tous, car qui n'a pas croisé, un jour ou l'autre, sous le porche de son immeuble ou dans un couloir devant la batterie des boites aux lettres, un couple un peu hagard cherchant à comprendre quelle était la bonne porte, voire même le bon étage. Cette description est celle des touristes qui louent pour le week end — ou plus — un petit studio sympathique, bien placé, chambre au calme (pour la suite voir le site de AirBnB)... mais bien sûr, contrairement à l'hôtel de l'Europe ou Central, ledit studio ne dispose pas d'une enseigne qui le rend bien visible et plus facile à trouver. 

    Ce sont rien moins que 300 plates-formes en ligne qui proposent la location d'hébergements pour touristes, et dans ce nombre, AirBnB se taille la part du lion, puisqu'à elle seule elle totaliserait 60 000 annonces, rien qu'à Paris. On peut comprendre l'énervement de l'adjoint parisien au logement qui depuis 2014 bataille pour créer de nouveaux logements sociaux, parfois de haute lutte contre des riverains peu enclins à les accepter dans leur environnement protégé (voir les manoeuvres de M Goasguen dans son 16e), quand il constate la mise à l'écart de milliers de logements qui non seulement sortent du parc des logements loués à l'année, via un bail locatif classique, mais aussi renchérissent le niveau des loyers parisiens. En effet, il est devenu plus rentable de louer à la semaine ou au week end, à des touristes qui sont heureux de trouver à se loger moins cher qu'à l'hôtel. Moins de services, bien sûr, mais on se débrouille. 

    Certaines activités hôtelières ainsi cachées ont fait l'objet de redressements assez cuisants ! Pas de panique non plus, si vous louez de façon temporaire votre appartement à des touristes, vous ne tomberez pas sous le coup de la loi immédiatement : on vous laisse 120 jours pour le faire.  

    Nous serons attentifs dès l'automne et observerons les résultats de cette nouvelle politique, que nous attendons depuis plusieurs années.

     

     

  • Attribution probable et contestée d’un local angle Myrha/Affre

    La mairie du 18e dispose d’une commission baptisée « Pieds d’immeubles ». Elle se réunit régulièrement et délibère sur les attributions des locaux vacants, ou à livrer dans les mois à venir dans l’arrondissement, par un bailleur social. (Faut-il préciser que la Ville n'a aucune influence sur le type de commerce que peut accepter une copropriété ou un bailleur privé ? Liberté du commerce oblige... )

    Nous recevons tout aussi régulièrement le compte rendu des délibérations et des débats au sein de cette instance. La dernière réunion a eu lieu le 26 juin et a examiné la liste des locaux actuellement vides et ceux qui seront livrés prochainement.

    A propos, qui siège dans cette commission ? D'après nos sources, on y retrouve les représentants de

    • la Mairie du 18e
    • des services de la Ville de Paris (DDCT, DDEEES, DU)
    • l’ensemble des bailleurs sociaux
    • la Chambre du Commerce et de l’Industrie de Paris
    • la Chambre des Métiers et de l’Artisanat
    • des conseils de quartier
    • des associations de commerçants

    En plus des activités de cette commission, la Goutte d'Or bénéficie d'un cadre structuré en faveur de la revitalisation du commerce depuis janvier 2016 (présentation en présence de Olivia Polski à la mairie du 18e).

    Le quartier de la Goutte d'Or bénéficie donc depuis l'an passé d'un regard bienveillant des autorités municipales en vue de favoriser le commerce et la diversité commerciale. On parle ici du Contrat de revitalisation artisanale et commerciale. Les objectifs affichés sont nombreux et les enjeux de taille : comment développer des animations commerciales et requalifier les façades des locaux commerciaux, sans une mobilisation intense des commerçants eux-mêmes, des bailleurs et du nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU)? Il faut pour cela aussi poursuivre l'implantation de commerces de proximité adaptés aux besoins des habitants et ouverts à tous. Là, une concertation bien menée et authentique peut aider. A son niveau, la commission Pieds d'immeubles contribue normalement à cette approche, en recensant les locaux vides et en préconisant les attributions. 
     
    Toutefois, une préconisation que semble appuyer la commission Pieds d'immeubles ne nous paraît pas judicieuse et surtout en décalage avec les objectifs du contrat de revitalisation du quartier. En effet, à l'angle des rues Myrha et Affre surgira bientôt un immeuble de l'architecte Louis Téqui commandé par Batigère, un bailleur social déjà bien implanté dans ces rues (Myrha 16-18, 40 et 55) qui a obtenu en 2012 le marché de construction d'une quinzaine de logements. La livraison a été un peu retardée mais les travaux avancent, et l'on devrait en voir la fin en 2018. Nous avons lu à plusieurs reprises que le local commercial dont disposera cet immeuble pourrait être attribué à l'Association des Professionnels de la Mode et du Design de la Goutte d'Or. 

    Qui sont-ils ?

    L’association « les Gouttes d’Or de la Mode et du Design » a pour vocation de favoriser le développement économique des filières textile – mode – design dans le quartier de la Goutte d’Or ; elle regroupe aujourd’hui 27 professionnels.

    Ce réseau d’entrepreneurs met l’accent sur la coopération entre les acteurs locaux (PME, entrepreneurs individuels, collectivités locales et associations...) au service du développement économique de la Goutte d’Or (une coopérative d’artisans créée en 2014 « la Fabrique », l’événement «LUX »...).

    Pour l'instant, nous savons que rien n'est décidé et l'on nous répondra que le quartier est déjà marqué par la présence des créateurs de mode, aussi l'implantation de leur représentant n'est pas insensée. Sans doute, mais pourquoi au coin des rues Affre et Myrha, quand les créateurs et leurs locaux sont concentrés rue des Gardes ? N'y-a-t-il pas plus près ? Si la demande de visibilité de cette association est bien légitime, en revanche, son implantation à cet endroit nous laisse dubitatifs.
     
    Il nous semble que ce local à l'angle des rues Affre et Myrha est idéalement situé pour accueillir une activité commerciale et répondrait parfaitement aux attentes et aux besoins des habitants. C'est également l'avis de bon nombre de commerçants riverains qui réclament à cet endroit une densification de l'offre commerciale, promise lors de leur installation. Soulignons encore que l'attractivité commerciale d'une rue tient à la diversité de l'offre mais également à sa relative concentration qui crée une animation propice à l'activité marchande, un rôle qu'un local associatif ne remplit pas, bien au contraire. De plus, et ce n'est pas un moindre argument, il serait fort étonnant de ne pas voir s'installer une activité commerciale dans un local précisément aménagé dans ce but. En effet, lors des différentes discussions menées par l'association Cavé-Goutte d'Or avec Batigère, échanges cordiaux auxquels nous avons été conviés et portant sur la construction contestée de ce bâtiment, il a été affirmé par l'aménageur qu'il était essentiel que le local créé en pied d'immeuble soit d'une surface suffisamment importante pour qu'un commerce y soit installé. Une exigence émanant de la SEMAEST et des édiles municipales. Or, on nous annonce en toute incohérence l'arrivée d'une association dans ce local.

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    Le futur commerce à l'angle Affre/Myrha sur le projet de l'architecte L. Téqui

     
    Nous profitons de l'occasion pour saluer la justesse, et en conséquence la réussite des installations favorisées par la mairie jusque-là, nous pensons notamment à la boulangerie Tembely, la librairie La Régulière ou encore la cantine Le Myrha. Cela même si nous devons également déplorer quelques attributions plus hasardeuses à des commerçants qui ne respectent pas la destination du local attribué, comme ce marchand de poissons surgelés déguisé en primeur ou cet atelier de couture qui feint d'être une mercerie. Nous comptons sur les élus du 18e pour faire cette fois le bon choix. 
     
    Pour finir, et montrer que cette préoccupation ne passe pas inaperçue dans la presse, Le Parisien écrivait récemment : "La ville de Paris et les bailleurs sociaux vont booster et soutenir l’implantation de commerces et d’artisans en bas des cités, particulièrement dans les rues abandonnées, dans les quartiers les plus fragiles, ceux qui sont classés « politique de la ville ». En toile de fond de ce projet, il y a aussi la lutte contre la délinquance… " Nous prenons bonne note...