Photographie : Jean-Raphaël Bourge - AFP
biffins
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Les biffins par Marc Villard
Les anciens lecteurs du blog reconnaîtront peut-être ce nom d'un auteur que nous avions reçu, ou plutôt qui avait accepté de parler de ses dernières nouvelles à un petit cercle de nos adhérents. Vous découvrirez ici l'annonce d'une soirée littéraire en 2010 organisée par nos soins, dans un petit troquet, face au square Léon, La Goutte Rouge qui s'est métamorphosé depuis. Dommage que nous ayons abandonné ces soirées très conviviales. Conviviales, oui, et il faut ajouter plus satisfaisantes que les éternels débats sur la propreté… mais les temps sont ce qu’ils sont, et les priorités changent.Le dernier roman de Marc Villard a attiré notre regard, perché sur une pile de livres placée bien en vue, dans un Cultura très loin de Paris, où nous cherchions quelques « loisirs créatifs » pour occuper les enfants dignement. Le titre, Les biffins, sorti en janvier 2018 aux Editions Joëlle Losfeld, à lui seul nous a ramenés dare-dare à Barbès. L’auteur n’est pas étranger au quartier. Il le connaît et, plusieurs fois, il a évoqué nos rues, leurs activités, pas toujours très orthodoxes et les faunes qui les peuplent peuvent, avec un peu d’imagination, une trame crédible et le talent qui convient, remplir les pages d’un roman policier attrayant.Mais cette fois, plus que le crime dont on aimerait certes connaître l’auteur — parce que chez Marc Villard il y a toujours un mort voire plusieurs —, c’est plus la démarche d’une jeune femme qui tisse le suspense et la trame du roman. A la fois ses aspirations, son désir d’être active et solidaire, son besoin d’agir, bref ses déambulations dans le quartier entre le Carré des Biffins de la Porte Montmartre et Barbès vont nous montrer par l’intérieur les personnes que nous voyons autour de la station Barbès les jours de marché et les dessous de leur vie. On va comprendre la difficulté de l’association qui gère le Carré à faire respecter un semblant de règles. On imaginait bien que ce n’était pas rose. Là, Marc Villard nous fait entrer dans le cercle restreint de ceux qui vivent à côté, ou parmi eux. Le ton est toujours assez cru, enlevé, on ne s’ennuie pas, on n’a pas le temps de paresser…Pour les observateurs du quartier, vous reconnaîtrez l’évocation de l’incendie de la rue Myrha en 2015. Autre interrogation. Quand la fiction rencontre la réalité.... A vous de découvrir les pistes qu'imagine Marc Villard pour résoudre ce mystère. -
Ecoutons en direct les biffins et les chiffonniers
Après la réunion du 18 janvier avec le Préfet sur la situation à Barbès où nous avons notamment abordé les ventes sauvettes les jours de marché (voir notre article du 28 janvier), nous avons souhaité nous informer sur les biffins. Ainsi, nous avons rencontré le président de l’association Amélior, Samuel Lecoeur, accompagné de plusieurs représentants d’autres collectifs ou associations de biffins, Mohamed Zouari de Sauve Qui Peut, Martine de Rues Marchandes, et Sylvie Lewden de Aurore Carré des Biffins.
Après un bref historique de notre association depuis sa création, histoire de se connaître, un regard sur les dossiers que nous avons défendus, les succès avec le temps et la ténacité, nous avons aussi évoqué notre demande initiale de création d’un deuxième espace pour les Biffins, du côté de Barbès, pour résorber les sauvettes et prendre l’exemple du Carré des Biffins de la porte Montmartre crée en octobre 2009. Cette demande s’est faite lors d’un Comité de pilotage Barbès, une instance de concertation et d’observation des problématiques propres à Barbès, créée peu de temps avant, à notre demande et avec le soutien de Daniel Vaillant, alors maire du 18e. Mais nous avions essuyé un refus, au motif qu’on ne pouvait créer un second marché qui ne respecterait pas les règles du marché ordinaire de Barbès (inscription, carte de commerçants, taxes, TVA, etc.. )
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Au marché de Barbès : la valse des caddies
Il ne se passe pas une semaine sans qu'on écrive ou qu'on aborde Action Barbès dans la rue à propos des problèmes liés au marché sous le viaduc et ses extensions sauvages. Nous avons reçu de nombreux témoignages dont voici l'essentiel.
Pour les riverains usagers du métro, il est toujours très difficile, voire impossible, d'entrer ou de sortir de la station Barbès côté rue Guy Patin les jours de marché. Il faut plus que jouer des coudes à certains moments voire même renoncer. Nombreux sont ceux qui se voient obligés d'utiliser le grand escalier central et tant pis pour les personnes à mobilité réduite, les personnes âgées, celles accompagnées d'enfants, etc...
Les vendeurs se déplacent et changent en fonction de la présence policière. Les trottoirs le long du métro des deux côtés sont régulièrement occupés. Dans le 10e, le fait est plus récent et sans doute dû à l'impossibilité de s'installer rue Guy Patin depuis plusieurs semaines. Lorsque le nombre de policiers est important, les vendeurs se dispersent aux alentours et attendent près de leur caddie. Ainsi, mercredi dernier, en début de soirée, des groupes de femmes avec de très grands sacs et des caddies attendaient rue de Tombouctou et sur le pont de chemin de fer jusque vers le 39 boulevard de la Chapelle. Trois cars de CRS stationnaient rue de Maubeuge, trois autres rue Guy Patin. Ceci explique cela.
Deux photos qui illustrent le problème:
Crédit photo Jeanne Caussé
Samedi matin plusieurs témoins ont permis de reconstituer la journée. 8h30 : occupation des deux cotés du métro - 10h30 idem - 13h opération de police (filmée) sur le boulevard de La Chapelle après le Louxor. Arrivée de trois véhicules stationnés rue Guy Patin vers 15h - 17h30 présence de policiers dans le métro et sous le viaduc. L'installation sous le viaduc n'a toujours pas pu se faire le soir. Seules quelques personnes ont bravé la nuit et le froid et sont encore là après 22h. Par contre, "le marché aux voleurs" battait son plein place de la Charbonnière et dans le prolongement boulevard de la Chapelle, comme chaque soir.
Des adhérents d'Action Barbès du 18e ont participé il y a peu à une rencontre avec Myriam El Khomri, élue de cet arrondissement chargée de la sécurité, et Nelson Bouard, commissaire divisionnaire du 18e. Action Barbès participera également à une réunion sur site avec des riverains de la rue Guy Patin et le maire du 10e jeudi 18 décembre. La plupart d'entre-eux semblent satisfaits d'avoir récupéré des trottoirs dans cette rue et de ne plus avoir d'attroupements devant les immeubles ou côté hôpital Lariboisière. Mais est-il satisfaisant d'avoir repoussé les vendeurs à quelques dizaines de mètres ? Pas pour Action Barbès, en tout cas ! Le problème reste entier en ce qui concerne l’occupation de l'espace public, la misère et les trafics qui inévitablement s'y greffent .
C'est à un étrange et triste ballet auquel on assiste : toute la matinée, des habitants du quartier arrivent avec leur caddie vide pour les remplir de fruits et légumes pendant que d'autres espèrent vider les leurs !
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Jours de marché rue Guy Patin : Rémi Féraud rencontre les riverains
A la demande d'habitants du 7 rue Guy Patin, le maire du 10e et son directeur de cabinet William Todeschini s'étaient déplacés pour les rencontrer au pied de leur immeuble mercredi 3 avril en fin d'après-midi.
L'occupation des trottoirs de cette rue, les jours de marché, commence à devenir problématique à tel point qu'à certaines heures de la journée il est difficile de les emprunter, voire de sortir ou entrer dans les immeubles côté impair. La situation a très largement empiré depuis septembre dernier, nous l'avons déjà largement commentée.
Beaucoup plus de « biffins », mais surtout il semble que ce marché parallèle se structure: organisateurs, guetteurs, placiers, un réseau qui semble vouloir profiter de la misère.
Rappelons que la Zone de sécurité prioritaire du 18e ne comprend pas la rue Patin dans son périmètre, même si des CRS postés près de là sont intervenus quelquefois.
Quelle est la position de la mairie?
Rémi Féraud veut éviter que la rue Guy-Patin soit « l'angle mort de l'action publique ». Il trouve intolérable que les habitants ne puissent rentrer chez eux et fait des demandes répétées à la Préfecture de police. Il constate qu'il y a plus de policiers le samedi. Il soutient l'idée de Myriam El Khomery, adjointe au maire de Paris chargée de la sécurité, telle qu'elle l'a présentée lors de la réunion sur la Salle de consommation à moindre risque (le 27 mars dernier, voir notre article), à savoir la mise en place d'une brigade spécialisée de terrain (BST). Une telle brigade était intervenue à Belleville il y a 2 ans avec des résultats probants.
BST : de quoi s'agit-il?C'est une brigade permanente de terrain composée d'une vingtaine de policiers, ce qui lui permet de bien connaître le quartier, les habitants, les commerçants et donc d'être plus efficace que des Compagnies républicaines (CRS) dont les membres changent régulièrement.
En attendant cette création hypothétique, le maire incite les habitants à envoyer leurs témoignages, ce qui aidera à faire intervenir les forces de police.
Organiser la vente ?
Pourquoi ne pas permettre aux vendeurs de s'installer légalement sous le viaduc, après le marché, encadrés par une association ? « A Saint-Ouen, où des biffins bénéficient d'une carte les autorisant à vendre, il se crée à côté du marché licite, un autre marché de type “marché aux voleurs“ et on n'évitera pas le même phénomène à Barbès » a expliqué Rémi Féraud. C'est pourquoi il n'y est pas favorable.
Il a demandé des passages plus fréquents des services de la Propreté le jeudi et le dimanche très tôt, soit le lendemain du marché quand l'espace public porte encore les traces très visibles des ventes à la sauvette.
Nous aurons l'occasion de revenir sur le sujet puisque nous participerons la semaine prochaine à une réunion du Comité de suivi Barbès à l'Hôtel de Ville en présence de tous les services de la ville actifs sur le terrain, de la préfecture de police et de quelques autres... Nous sommes toutefois bien conscients d'être à la croisée des chemins, conscients aussi que le marché a toute vocation à se ritualiser, se massifier, et se répéter, peut-être pas tous les jours de la semaine, car la clientèle est aussi celle du marché officiel de Barbès connu pour avoir les meilleurs prix de Paris (tout comme TATI!) Mais qui sait ?
--> Pour mémoire : dans le blog, nous vous avons présenté la BRT dès février 2011 quand celle de Belleville, la seule sur Paris, a été créée. Un mois plus tard, en comité de pilotage Barbès, notre proposition d'un second carré aux biffins avait été rejetée.
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Une première étude sur les biffins
C'est à la demande de la Région Ile de France que la Mipes* a réalisé une étude sur la localisation des lieux de vente des biffins et sur leurs conditions de vie. Etude dont les observations ont eu lieu pendant 5 mois entre juillet et novembre 2011. Nous savons dans notre quartier que la situation a évolué rapidement et que les résultats de l'étude en question sont forcément en décalage. Mais il en est ainsi de toutes les études de terrain.
Une importante cartographie illustre les propos des chercheurs. Pas inintéressant donc.
Dans le préambule, on rappelle la finalité du dispositif : « mieux connaître cette population, afin de faire émerger des préconisations pour une meilleure intégration et une meilleure reconnaissance sociale de la population des biffins ».
Il s'agit justement des biffins et pas des vendeurs à la sauvette. Cependant ces deux groupes coexistent sur les mêmes lieux de vente. Ils sont donc comptabilisés dans l'étude.
Dans Paris, les 11e, 14e, 17e, 18e et 20e arrondissements sont concernés par cette activité et représentent 27,5% des lieux de vente de la région. Fin 2011, on chiffrait à 5% leur présence près du marché Barbès (86 vendeurs identifiés pour 3 passages consécutifs). Un chiffre qui serait évidemment plus important aujourd'hui.
On peut lire : « Le site de Barbès présente une population mixte de biffins et de vendeurs à la sauvette, très mobile et réactive, les jours de marché forain. Ils font l'objet de poursuites policières régulières, plus particulièrement depuis le mois d'octobre 2011. Le marché est fréquenté par une population populaire et en partie issue de l'immigration, mais aussi par des clients de passage à la station de métro très fréquentée qui se situe à proximité. De surcroît, le marché légal de Barbès apporte un supplément de passage opportun. »
Sur les vendeurs et les produits vendus, quelques précisions chiffrées :
- Plus d'1/3 de femmes
- Présence significative de jeunes
- Part de vente de vêtements usagers de 40%, et près de 30% d'aliments périssables .
Sans oublier les vendeurs de cigarettes …
Angle des rues Ambroise-Paré et Guy-Patin, derrière l'hôpital Lariboisière.Nous avons extrait de cette étude la définition du biffin, un groupe de personnes qui a toujours existé dans les périodes de crise et de grande misère, particulièrement. Au 19e s., Montmartre avait un quartier appélé le maquis connu pour ses masures et ses petites gens, dont beaucoup de biffins de l'époque.
"Comme les brocanteurs, les biffins sont autant des récupérateurs-vendeurs que des revendeurs. Ils passent une partie de leur activité à dénicher des objets qu’ils remettront en vente sur les mêmes marchés. Nous pourrions alors définir le biffin comme une personne en situation de faibles ressources assumant une gestion de l’incertitude en ayant comme activité complémentaire ou principale le recyclage d’objets et matériaux usuels usagés et abandonnés. Il propose à la vente des objets présentés à terre, exposés sur une bâche. "
*MIPES : mission d'information sur la pauvreté et l'exclusion sociale en Ile-de-France