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Une première étude sur les biffins

C'est à la demande de la Région Ile de France que la Mipes* a réalisé une étude sur la localisation des lieux de vente des biffins et sur leurs conditions de vie. Etude dont les observations ont eu lieu pendant 5 mois entre juillet et novembre 2011. Nous savons dans notre quartier que la situation a évolué rapidement et que les résultats de l'étude en question sont forcément en décalage. Mais il en est ainsi de toutes les études de terrain.

Une importante cartographie illustre les propos des chercheurs. Pas inintéressant donc.

Dans le préambule, on rappelle la finalité du dispositif : « mieux connaître cette population, afin de faire émerger des préconisations pour une meilleure intégration et une meilleure reconnaissance sociale de la population des biffins ».

Il s'agit justement des biffins et pas des vendeurs à la sauvette. Cependant ces deux groupes coexistent sur les mêmes lieux de vente. Ils sont donc comptabilisés dans l'étude.

Dans Paris, les 11e, 14e, 17e, 18e et 20e arrondissements sont concernés par cette activité et représentent 27,5% des lieux de vente de la région. Fin 2011, on chiffrait à 5% leur présence près du marché Barbès (86 vendeurs identifiés pour 3 passages consécutifs). Un chiffre qui serait évidemment plus important aujourd'hui.

On peut lire : « Le site de Barbès présente une population mixte de biffins et de vendeurs à la sauvette, très mobile et réactive, les jours de marché forain. Ils font l'objet de poursuites policières régulières, plus particulièrement depuis le mois d'octobre 2011. Le marché est fréquenté par une population populaire et en partie issue de l'immigration, mais aussi par des clients de passage à la station de métro très fréquentée qui se situe à proximité. De surcroît, le marché légal de Barbès apporte un supplément de passage opportun. »

Sur les vendeurs et les produits vendus, quelques précisions chiffrées :

- Plus d'1/3 de femmes

- Présence significative de jeunes

- Part de vente de vêtements usagers de 40%, et près de 30% d'aliments périssables .

Sans oublier les vendeurs de cigarettes …

paris,rue-ambroise-paré,vendeurs-sauvette
Angle des rues Ambroise-Paré et Guy-Patin, derrière l'hôpital Lariboisière.

Nous avons extrait de cette étude la définition du biffin, un groupe de personnes qui a toujours existé dans les périodes de crise et de grande misère, particulièrement. Au 19e s., Montmartre avait un quartier appélé le maquis connu pour ses masures et ses petites gens, dont beaucoup de biffins de l'époque.

"Comme les brocanteurs, les biffins sont autant des récupérateurs-vendeurs que des revendeurs. Ils passent une partie de leur activité à dénicher des objets qu’ils remettront en vente sur les mêmes marchés. Nous pourrions alors définir le biffin comme une personne en situation de faibles ressources assumant une gestion de l’incertitude en ayant comme activité complémentaire ou principale le recyclage d’objets et matériaux usuels usagés et abandonnés. Il propose à la vente des objets présentés à terre, exposés sur une bâche. "

*MIPES : mission d'information sur la pauvreté et l'exclusion sociale en Ile-de-France

Commentaires

  • Ils vont être contents les brocanteurs qu'on les compare à des biffins !
    La novlangue triomphe aussi : biffin, c'est tout simplement chiffonnier non ?
    Concernant le maquis de Montmartre, l'excellent "La vie secrète de Montamarte" de Philippe Meliot paru chez Omnibus et dont la couverure est justement une photo de ce maquis, ne dit pas la même chose.

  • Une rapide recherche dans le livre de Ph. Melliot m'oblige à corriger mon précédent message. Il y est écrit : "La population du maquis ne se limitait pas à ces apprentis fermiers, on y croisant aussi de nombreux petits métiers bien parisiens : chiffonniers, rempaillleurs de chaises, marchands de quatre-saisons,ferrailleurs, marchands de peaux de lapins ..."

  • Merci Didier pour le repenti, et la précision des commentaires. A la décharge de Mipes sur la définition du biffin, que tu contestes, celle-ci précise que le biffin récupère, parfois répare des objets abandonnés (décharges, poubelles, encombrants sur les trottoirs), alors que le broc' en général reprend à bas prix des objets usagers, souvent en lots, débarrasse des caves, passe après une succession modeste. Il reprend des objets variés dont il pense qu'une fois "rénovés" ils trouveront un acheteur. La hiérarchie est subtile mais il me semble que le Mipes ne fait pas l'amalgame.
    J'aime les noms de petits métiers énumérés dans le livre sur Montmartre, des noms de métiers que les moins de vingt ans.... L'auteur aurait pu parler aussi du vitrier, du rémouleur, du rétameur.. Et puisque nous en sommes à citer nos références littéraires, je livre mes sources : Les petits métiers de Paris, de Jean-Michel Le Corfec, Editions Sud Ouest. 2008. On trouve dans ce livre 56 petits métiers avec illustrations et description des activités. Pourquoi "petit" pour ces métiers ? par rapport aux professions nobles... Pensons aux expressions populaires : Il n'y a pas de sot métier ! puis, métier de crève la faim... Tous ces petits métiers permettaient aux couches populaires tout juste de survivre. Ils ont disparu, remplacés par la débrouille, par les "petits boulots", qu'on appelle même plus "petits métiers", car ils exigent à peine un savoir faire.
    Quand, en été, on voit des vendeuses de canettes de soda dans des bassines d'eau fraîche, on n'est pas loin du petit métier du XIXe siècle.

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