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Culture - Page 63

  • Concert ce soir rue Pierre l'Ermite : musique indienne

    De nouveau, de la musique près de chez vous, dans un cadre très agréable, au coeur de la Goutte d'Or, ce soir à 18h, chez Alban Caussé, 3,rue Pierre-l'Ermite.

    Annoncez-vous au 06 60 87 75 46 car si l'entrée est libre, elle reste dans la limite des places disponibles. Participation libre au profit de l'association ActionsTiersMonde. 

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    Pour débuter l'année, Alban Caussé propose un voyage au cœur de l'Inde et de sa musique avec les "frères Kawa" qui sont de passage à Paris. Originaires de l'Inde du nord (Jaipur), ils nous offrent une soirée exceptionnelle de Tablas et de Sarangui, instruments traditionnels. Issus d'une famille de musiciens depuis plusieurs générations, ils perpétuent la tradition de cette musique séculaire et de ses codes. C'est une occasion rare d'approcher cette musique et ses interprètes. Alban espère que vous serez plus que jamais curieux et nombreux à cette occasion.
    Cliquez ici pour une biographie plus complète des musiciens.
  • Sur les pas de Gervaise - suite

    A la suite de notre article sur Gervaise et la Goutte d'Or, un de nos adhérents et fidèle lecteur nous a écrit. Voici son message .... Nous le remercions pour ces pages relatives à la Goutte d'Or qu'il nous a fait connaître.

    « Les quelques lignes que je vous soumets (voir transcription ci-dessous) relatives à la rue de la Charbonnière et aux parages de celle-ci (jusqu'au boulevard de la Chapelle) donnent pourtant à voir une misère et des problèmes sociaux guère différents de l'évocation de Zola. Nous sommes pourtant vers 1910 et les auteurs (Léon et Maurice Bonneff, écrivains "prolétariens", auxquels je suis apparenté) enquêtent sur les ravages de l'acoolisme, y compris ce que nous appellerions l'"alcoolisme mondain". Ils dénoncent en particulier les cabaretiers, "mastroquets" et autres débiteurs de boissons, qui assujettissent leur clientèle ouvrière par l'alccol et la dette (ces enquêtes très détaillées ont paru sous le titre "Marchands de folie", Ed. Marcel Rivière & Cie, Paris, 1913, 186 p.).

    Les frères Bonneff (tous deux "morts au champ d'honneur", en 1914) sont les auteurs de nombreux articles journalistiques (dans La Depêche du Midi, l'Humanité de Jaurès, etc.) et d'enquêtes sur la classe ouvrière et les "métiers qui tuent", parues en volumes; également de romans et piécettes de théâtre. »

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    L'arrière-Boutique

    La rue de la Charbonnière commence boulevard de la Chapelle et se termine rue de la Goutte d'Or. La première partie, du n°1 au n°17 et du n°2 au 20, n'offre rien de remarquable. Mais dans la seconde section, le passant constate avec surprise que la grande majorité des maisons, pour ne pas dire toutes, sont occupées par des débits et des hôtels.

    Derrière les vitres, devant les comptoirs, des filles postées qui cognent au carreau pour appeler les passants. Jadis, les trottoirs étaient infestés par les malheureuses : une plainte des habitants eut pour effet de leur interdire le stationnement sur la voie publique. Alors les cafés les recueillirent et les arrières-boutiques servirent d'alcôves. Dans ce quartier populeux, à proximité des grandes voies qui mènent à Clignancourt, à la Villette, au faubourg Saint-Denis, aux deux gares, les louches débits attirent les jeunes ouvriers. Ils trinquent avec les filles, et, de même que le mastroquet des Halles, ne loge sa clientèle que si elle absorbe au préalable absinthe et cognac, le cabaretier proxénète n'abrite les amours des passants que s'ils payent une contribution en petits verres. Jour et nuit, la maison distribue l'alcool et les plaisirs frelatés.

    Le soir, la rue de la Charbonnière, qui dans Paris n'a pas sa pareille, devient le rendez-vous des malandrins. A la lueur d'une lampe à pétrole qui fume dans l'estaminet, on aperçoit les filles et leurs protecteurs. Le samedi les bals-musettes reçoivent leurs habitués. Et c'est là que parfois la police opère des arrestations. Il n'est point rare qu'au milieu d'une danse la salle soit envahie par les inspecteurs, qui imposent silence aux musiciens de l'orchestre, enjoignent aux assistants de lever les mains ­– ceci pour échapper aux agressions de la bande – et appréhendent les hommes dont ils ont le signalement. Dans ce quartier où le commerce des vins prédomine, ce ne sont point seulement les marchands de charbon, les hôteliers, les épiciers, les buralistes, qui vendent l'alcool en importante quantité, mais aussi les maîtres de lavoir, qui tiennent cantine. Ils ont la clientèle des ménagères, blanchisseuses et repasseuses qui choquent le petit verre d'alcool avec les couleurs de lessive. Le bon marché du produit : deux ou trois sous le verre d'eau-de-vie, favorise la consommation. Rues de la Goutte-d'Or, de Chartres, boulevard de la Chapelle, les estaminets ne sont pas rares qui ressemblent à ceux de la rue de la Charbonnière. Un loueur de voitures tient un débit pour les marchandes des quatre saisons. Le matin, quand elles viennent chercher leur véhicule, le soir, quand elles le remisent, elles peuvent déguster les apétitifs dans la maison. Et tous les comptes se règlent sur le zinc, devant des consommations variées.


    Dans le fac simile édité en 1978 par Hachette du Guide Parisien d'Adolphe Joanne (édition 1863), on peut lire la description un brin méprisante ci-après :

    Marchands de vin - Liquoristes

    Nous n'avons rien à dire des marchands de vin, sinon que leurs établissements ne sont guère fréquentés que par les ouvriers, les commissionnaires et les cochers. On comptait avant l'annexion (1860 ndlr), plus de 4000 cabaretiers et marchands de vin au détail; ce nombre c'est certainement accru dans une très forte proportion depuis l'agrandissement de Paris.

    Les liquoristes chez lesquels il n'est pas de très-bon goût d'entrer, vendent au détail des fruits à l'eau de vie, des liqueurs, de l'eau de vie, du rhum, de l'absinthe, etc. La principale maison de ce genre est celle de la Mère Moreaux, place de l'Ecole, 4.


  • Une conférence sur la peinture de Géricault à la mairie du 9e

    Nous recevons régulièrement de la part de 9e Histoire la liste des activités que l'association propose. Cette fois il s'agit de peinture et la conférence aura lieu demain à 18h30 dans la salle du conseil de la mairie du 9e. 

    Pour profiter dans les meilleures conditions de cette conférence, nous avons regardé sur la "toile" ce qui valait à ce peintre du 19e s. sa réputation, son originalité et le souvenir qu'il laisse dans les esprits. Sa mort à 32 ans (1791-1824), son talent lui aussi très précoce, sa vie tourmentée d'artiste romantique ne sont pas étrangers à son aura. 

    doc-346.jpgEn plus du Radeau de la Méduse, chacun associe au nom du peintre l'image de ce fier cavalier domptant sa monture, cabrée, les naseaux dilatés... c'est "L'Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant". Le voici :

    doc-345.jpg

     

     

     

     

     

     

    Lors du Salon de 1812, Géricault est âgé de vingt ans. La légende rapporte qu'un cheval de trait, cabré dans le poudroiement de la route de Saint-Germain, inspira le peintre. Il sait réunir dans une puissante unité ses diverses sources d'inspiration : l'Antiquité, Rubens, l'influence de son premier maître Carle Vernet, celle de Gros, tout en les conciliant et les vivifiant par l'expérience d'une vision personnelle. Après la mort de Géricault, l’œuvre est achetée par le duc d’Orléans.

    Une composition originale

    Un puissant cheval gris pommelé se cabre devant un obstacle, écumant de sueur, les yeux exorbités de peur, les naseaux dilatés d’excitation. Pour le cavalier, qui reste bien ferme en selle, impassible, Géricault a fait poser un de ses amis lieutenant des chasseurs à cheval, Alexandre Dieudonné. Le cadrage de la composition est très resserré : le cheval dessine une diagonale ascendante vers la droite et occupe toute la largeur du tableau. Le ciel se scinde en deux - le crépuscule et le feu - suivant la même oblique. La ligne d’horizon, placée très bas, renforce l’effet de relief et projette le sujet vers le spectateur. A gauche, un cavalier sonne la charge, tandis que le chasseur achève le signal en abaissant son sabre dans un violent mouvement de torsion. Il semble s’adresser à ses troupes et pourtant son regard se perd vers un point invisible.

    Vous pouvez lire la suite sur le site du Louvre en cliquant ici. 

    Géricault fait sa première entrée au Salon de 1812 avec cette œuvre. A défaut d’un triomphe, il est néanmoins remarqué pour son originalité et sa puissance d’exécution et récompensé d’une médaille d’or. 

    Le conférencier s'attachera particulierement à analyser et faire découvrir le cheval dans l'oeuvre de Géricault. il s'agit de Jean-François BELHOSTE, ingénieur centralien, historien des techniques et directeur d'études à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes (4° section) qui est passionné par cette question.

  • Lecture - Parlons de Zola

    zola.jpgLa lecture de certains romans d'Emile Zola nous plonge dans l'ambiance du quartier de la Goutte d'Or, 18e (L'assommoir) ou celle des proches Grands Boulevards et du passage des Panoramas, 9e et 2e (Nana). Zola lui même a passé les dernières années de sa vie au 21bis, rue de Bruxelles, à deux pas de la place de Clichy.

    Juin 1908. Voilà cent quatre ans que les cendres d’Emile Zola ont été transportées du cimetière de Montmartre au Panthéon. S’il nous fallait une raison pour rendre hommage à Zola, ce serait bien sûr à cause du 21bis, rue de Bruxelles, là où il a vécu et là où il mourut en 1902. Mais de raison, il en est une bien supérieure, exprimée par Anatole France lors des obsèques de l’écrivain : « Il fut un moment de la conscience humaine ».

    Professeur de littérature française à la Sorbonne nouvelle et spécialiste de Zola, Alain Pagès a publié aux éditions Lucien Souny « Emile Zola : de J’accuse au Panthéon ». C’est un gros livre (400 pages) très érudit mais qui se lit très facilement. Alain Pagès nous y raconte Zola dans les derniers mois de sa vie, de novembre 1897 à septembre 1902, de son engagement dans l’affaire Dreyfus à sa mort. Le tout est complété par quelques révélations sur les causes du décès de l’auteur de L'assommoir sous forme d’une enquête presque policière et un rappel des conditions de son transfert au Panthéon en 1908, Georges Clémenceau étant alors Président du Conseil.

    L’affaire Dreyfus – l’Affaire – (1894/1905) est une période particulièrement importante dans l’histoire de notre pays et celle de la République en particulier. Le livre d’Alain Pagès ne nous raconte pas l’Affaire, mais nous la fait vivre dans sa phase la plus cruciale (1898/1899) à travers l’engagement de Zola que nous suivons presque pas à pas : novembre/décembre 1897 et sa brouille avec Le Figaro ; janvier 1898  l’écriture, au 21bis, rue de Bruxelles, de la «Lettre au Président de la République» qui deviendra «J’accuse…» dans l’Aurore du 13 janvier ; puis son procès et son exil d’un an en Angleterre. Alain Pagès ne se contente pas de nous expliquer ce que furent les raisons de l’engagement de Zola aux côtés d’Alfred Dreyfus, mais il nous conte aussi ce qui, finalement, est peut être le plus admirable chez Zola outre sa quête de vérité et de justice, à savoir la remise en cause complète de son existence même, lui l’écrivain mille fois reconnu et aux succès littéraires indéniables. Il nous raconte sa vie privée, son quotidien presque et aussi les insultes, les menaces tout comme les encouragements reçus. Ce n’est pas le moindre mérite du livre que de nous faire vivre l’Affaire dans les coulisses de Zola si on veut bien nous passer cette expression : les méandres de sa pensée, le comportement de ses amis et plus généralement du camp dreyfusard mais aussi les attaques par presse interposée, via notamment l’odieux La Libre Parole de Drumont et ses propos antisémites et xénophobes.

    La mort d’Emile Zola en 1902 reste un mystère. Si la thèse officielle de l’accident est contestable, toutes les hypothèses émises suite aux différentes confidences faites avec le temps par certains témoins restent sans preuve. Alain Pagès, on le sent, a bien une préférence pour l’idée qui consiste à dire que Zola a été tué par un membre de la Ligue des Patriotes (mouvement nationaliste) qui aurait bouché le conduit de cheminée de la chambre de l’écrivain et ainsi créé les conditions de son intoxication, les preuves manquent. Mais sa petite enquête quasi-policière ne manque pas d’intérêt.

    Parlant des Juifs et de l’antisémitisme, Alain Pagès cite dans son livre une phrase de Zola comme nous aimerions en lire une sous la plume d’un de nos intellectuels contemporains ou bien l’entendre à la télévision pour être plus moderne : « Je parle d’eux bien tranquillement, car je ne les aime ni ne les hais. Je n’ai parmi eux aucun ami qui soit près de mon cœur. Ils sont pour moi des hommes, et cela suffit .»

    Zola Alain Pages.JPG

    Emile Zola - De J'accuse au Panthéon

    Alain Pagès

    Editions Lucien Souny

    21€ 

  • Coup de projecteur sur une exposition dans le 12e

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    Une de nos plus anciennes adhérentes lève le voile sur son travail de création, et expose dans une galerie du 12e. Certes un peu loin de Barbès, mais le déplacement en vaut la peine. Les bijoux de Yamina Lounici sont des créations uniques. Les techniques varient selon l'objet créé : soit par découpe, forgeage, perçage, cintrage, emboutissage - tout cela énoncé dans le désordre - à partir de plané ; soit pour des structures très complexes, l'artiste part d'une fonte grossière en cire perdue qu'il modifie à la fraise après coulée du métal. L'artiste est à la base aussi un artisan, cette description très succincte de la procédure de création le montre bien. 

    De plus, et là c'est une découverte pour nous, elle expose dans une galerie d'art que détient la Sémaest. Sémaest ? Vous vous souvenez sans doute de notre article du 22 octobre dans lequel nous relations les acquisitions de cette société d'économie mixte de la Ville de Paris qui lutte par ce biais contre la mono-activité dans certains quartiers, et contre la désertification commerciale dans d'autres...  

    Un vernissage, à 18 heures, aura lieu le 22 janvier à la Galerie Sémaest 57, avenue Daumesnil, dans le 12e. C'est ce magifique lieu connu sous le nom de Viaduc des Arts. Sept créateurs y présenteront leurs oeuvres et leurs matières. Réservez une heure en soirée ce mardi-là. Les créateurs ont besoin d'être admirés, encouragés, plus encore en période de crise, quand le vent mauvais décapite les budgets de la culture et de l'art en général. L'art ne coûte rien tant qu'on ne veut pas posséder l'objet. Profitez-en.

    Yamina Lounici (bijoux) : lounici.y@free.fr ou 06 83 33 64 98 pour tout renseignement.

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  • L'envol des algécos au carrefour Barbès

    Dernière minute : des photos nous parviennent directement du site du Louxor. Le démantellement des algécos qui flanquaient la façade nord du Louxor est en cours. 

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    là plutôt Tati (coin gauche inférieur), et ci-dessous le Sacré-Coeur (coin droit inférieur)
    dans le ciel bleu gris parisien.

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  • Sur les pas de Gervaise

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    L'assommoir - source Paris Bistrot.com

    Dans son roman L'assommoir, Emile Zola nous raconte le quartier de la Goutte d'Or en cette seconde moitié du 19ème siècle.

    L'histoire de Gervaise est très bien résumée dans la fiche que Wikipédia lui consacre, aussi nous n'y reviendrons pas. Pour ceux qui habitent ce quartier, c'est la description de la Goutte d'Or telle qu'elle était à cette époque qui est intéressante.

    Paru en 1876, le roman de Zola se déroule quelques années plus tôt. Dater le début du roman est assez facile puisque Coupeau, le mari de Gervaise, est ouvrier zingueur sur le chantier de construction de l'hôpital Lariboisière, soit aux environs de 1850, l'hôpital ayant été construit entre 1848 et 1853.

    La date de fin du roman est plus difficile à déterminer mais Zola nous laisse quand même quelques indices. Le percement des boulevards Ornano (pas encore Barbès à cette date) et de Magenta vient modifier le quartier où Gervaise vit son malheur. Nous sommes donc après 1860. A la fin du roman, Gervaise essaie de se prostituer sur le boulevard de Rochechouart au niveau de l'abattoir de Montmartre en démolition. Nous sommes donc vers les années 1865/67, la construction de l'actuel lycée Jacques Decour ayant débuté en 1867. C'était encore à l'époque le collège Rollin.

    Notons que ces dates sont assez cohérentes avec l'histoire de Gervaise qui se déroule sur environ 20 ans et notons aussi que Zola ne fait aucune mention de l'église Saint-Bernard construite pourtant en 1858.

    Le lieu du roman est un périmètre qu'il faut regarder sur un plan de Paris de 1850. Le plan fait par Emile Zola lui même apporte un complément.

    Plan Goutte d Or 1850.JPG

    Plan du quartier en 1850

    Plan Goutte d Or  Zola.JPG

    Plan du quartier établi par Emile Zola

    Le plan dessiné par Zola limite un peu le périmètre car Gervaise va aussi jusqu'à la rue Marcadet. Disons que du Sud au Nord et de l'Est à l'Ouest, Gervaise va du boulevard de la Chapelle à la rue Marcadet, du pont enjambant la voie ferrée à la rue de Clignancourt.

    Au début du roman, Gervaise, qui vient d'arriver de Plassans* - ville imaginaire inventée par Zola mais dont la ressemblance avec Aix-en-Provence est forte - habite à l'hôtel Boncoeur qui se trouve "sur le boulevard de La Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière". La situation exacte est difficile à établir mais Zola précise "Elle (Gervaise) regardait à droite du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants". L'hôtel ne devait donc pas être très loin de l'actuel carrefour Barbès. Zola soignait beaucoup tous les détails de ses romans. On peut néanmoins ici s'interroger sur la possibilité de voir les abattoirs à partir du carrefour Barbès. Certes ni le métro ni quelques hautes maisons n'existaient, mais pour une fois qu'on peut peut-être prendre Zola en défaut,il est amusant de se poser la question.

    Une fois quittée par Lantier, son amant avec lequel elle est venue de Plassans et qui lui a fait deux enfants (rappelons que Gervaise n'a que 17 ans lorsqu'elle arrive à Paris, le décor est planté) et mangées toutes ses économies, elle s'installe avec Coupeau, son mari, rue Neuve de la Goutte d'Or, l'actuelle rue des Islettes. Elle y habite un modeste logement au premier étage d'une petite maison située non loin du carrefour avec la rue de la Goutte d'Or, au numéro 12, disent certains. Elle est blanchisseuse, travaille pour Mme Fauconnier et va au lavoir qui se trouve juste devant chez elle. C'est là l'origine du nom donné à la placette de la rue des Islettes place de l'Assommoir, en hommage à Emile Zola. Cette appellation fait appel au titre du roman, mais l'Assommoir était en fait un café, un marchand de vins, lieu de rendez-vous des soûlards du quartier, tenu par le Père Colombe, et qui se trouvait au carrefour du boulevard de La Chapelle et de la rue des Poissonniers (carrefour Barbès actuel).

    Quelques années plus tard, Gervaise qui rêve de s'installer à son compte, emprunte 500 Francs à son amoureux transis et muet, Goujet, grand gaillard blond, forgeron de son état, qui habite sur le même palier avec sa vieille mère. Elle s'installe alors avec sa famille désormais agrandie par une petite fille, Anna dite Nana, autre héroïne de Zola, dans une boutique de la rue de la Goutte d'Or. "C'était une boutique très propre, juste dans la grande maison où ils rêvaient d'habiter autrefois."

    Où est-elle cette maison et comment est-elle ?

    "Cependant, ils s'étaient (Gervaise et Coupeau, son mari) engagés d'une centaine de pas rue de la Goutte d'Or, lorsqu'il s'arrêta , levant les yeux, disant : Voilà la maison ... Moi, je suis né plus loin, au 22". Elle est donc en haut de la rue de la Goutte d'Or et probablement située non loin de l'ancien carrefour avec la rue des Poissonniers. (Rappelons ici que le boulevard Barbès n'est pas encore tracé et que la rue des Poissonniers descend plus bas vers le Sud, revoir le plan de 1850 plus haut)

    "C'est grand comme une caserne, là-dedans !" Cinq étages sur rue nous dit Zola, alignant chacun quinze fenêtres aux persiennes en ruine. En bas, quatre boutiques. A droite de la grande entrée avec porche, une salle de gargotte crasseuse, à gauche un charbonnier, un mercier et une marchande de parapluies. C'est la boutique du mercier que Gervaise va reprendre et transformer en blanchisserie. A l'intérieur, dans la cour, les façades ont six étages en quatre parties formant un vaste carré. Toute la misère de Paris est concentrée là."Il y a trois cents locataires".

    Gervaise - entree immeuble rue de la Goutte d'Or.JPG
    Le porche d'entrée de l'immeuble de la rue de la Goutte d'Or
    vu par René Clément dans son film Gervaise - à gauche, Suzy Delair

    C'est là que Gervaise vivra les meilleures années de sa vie dans sa blanchisserie, puis les pires dans le petit logement insalubre loué lorsqu'elle sera obligée de quitter la boutique. Elle y mourra dans un trou à rat, sous un escalier, alcoolique, abandonnée de tous.

    Au-delà du grand roman social, le roman de Zola nous permet de revoir le Paris de cette époque. Il en reste encore quelques traces.

    * L'assommoir fait partie de la saga des Rougon-Macquart. Gervaise est une Macquart, élevée dans la misère et dans l'alcool à Plassans, ville d'origine des Rougon et des Macquart. Sa fille Nana fera l'objet d'un autre roman de la saga. Son fils ainé sera un des personnages de Germinal.

  • Le Chat : une apparition à la station Barbès

    On dit que le chat a sept vies, celui de Thoma Vuille en a beaucoup plus. Il apparaît sur des murs voués à la démolition, ou sur des supports éphémères, palissades, panneaux à repeindre, etc. Nous avions déjà fait un article sur ce graffeur amoureux du félin domestique en mars 2011. Son chat a l'air plutôt sympathique. Pas de ceux qui griffent. Dans la Goutte d'Or, il s'étendait au soleil sur fond de ciel bleu, sur le pignon d'un petit immeuble aujourd'hui démoli et remplacé.

    Récemment le greffier mignon a fait son apparition sur le quai de la station Barbès-Rochechouart. Etait-il sous les affiches qu'on venait de décoller, ou bien l'artiste est-il passé par là profitant de cette absence de publicité temporaire ? 

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    Photo Amélie Muller le 11 décembre 2012

  • L'église Saint-Bernard protégée par sa récente inscription à l'inventaire des monuments historiques

    Voici une brève lue dans Le Parisien du 15 décembre dernier par un de nos lecteurs que nous remercions de l'avoir fait suivre. Il pense que ce classement permettra un suivi plus précis des permis de construire délivrés à proximité. Souhaitons qu'il en soit ainsi.

     

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    " XVIIIe. L’église Saint-Bernard de la Chapelle — dont la porte avait été fracturée à coups de hache à l’aube du 23 août 1996 par des CRS venus évacuer les 300 sans-papiers réfugiés à l’intérieur depuis deux mois — vient d’être inscrite à l’Inventaire des monuments historiques par le préfet de la région Ile-de-, Daniel Canepa, dans un arrêté du 26 novembre.

    P1050529.jpgIl considère que cette église, située à la Goutte-d’Or, au 6 bis, rue Saint-Luc, « présente, du point de vue de l’histoire et de l’art, un intérêt suffisant pour en rendre désirable la préservation en raison de ses qualités architecturales et stylistiques ». La protection de ce lieu de culte, œuvre de l’architecte Auguste-Joseph Magne et dont la première pierre fut posée le 10 août 1858, inclut « la grille de pourtour et les emmarchements du parvis. "

    Une église de facture classique, néo gothique pour le moins, datant du milieu du 19e siècle avait-elle tous les prérequis pour figurer à l'ISMH ? Pourquoi pas. Consulté sur cette question, Didier Rykner fondateur de la Tribune de l'Art nous a écrit "qu'un bâtiment n'a pas besoin d'être en état critique pour être classé ou inscrit". En effet, il est même préférable de ne pas attendre le travail destructeur du temps. "La seule condition est que le bâtiment présente un intérêt du point de vue de l'art et de l'histoire. Il est évident que c'est le cas de l'église Saint-Bernard, donc son inscription est un minimum." M. Rykner souligne encore qu'il s'agit bien d'une inscription et non d'un classement. 

    A l'automne, nous avions noté que les abords de l'église bénéficiait d'aménagements de voirie, rue Saint-Luc notamment. Bonne prémonition !

    ^)^

    Au-delà du patrimoine, cette église a son histoire, une histoire plus récente et moins esthétique. Elle date de l'été 1996 quand les forces de l'ordre ont donné l'assaut pour déloger des dizaines de familles africaines sans papiers qui s'y étaient réfugiées avec parmi elles, une dizaine de grévistes de la faim. L'INA conserve la mémoire de cette histoire récente : 

    (17 mai 1995 - 2 juin 1997 : Gouvernement Alain Juppé )

  • En dernière minute, la newsletter de la Mission cinéma

    Nous avons profité de la désignation officielle de l'exploitant du Louxor hier en Conseil de Paris pour publier dès aujourd'hui les informations que chacun, dans le quartier, attendait. La Mission Cinéma a fait de même et publie sa dernière newsletter, tombée dans notre messagerie il y a quelques heures.

    Vous la verrez en cliquant ici

  • Les écrans d'Emmaüs, des projections gratuites

    Nous avions été invités à l'inauguration du centre Louvel-Tessier en avril dernier. C'est pourquoi nous sommes très heureux de vous en donner des nouvelles, elles sont ici culturelles : c'est un nouveau ciné-club !

    L’espace culturel du centre d’hébergement Louvel-Tessier dans le 10ème arrondissement inaugure un ciné-club mensuel tous les 1ers mercredis du mois à 20h30.

    Mercredi 5 décembre 2012 :
    « The Visitor » de Thomas McCarthy

    Professeur d’économie dans une université du Connecticut, Walter Vale, la soixantaine, a perdu son goût pour l’enseignement et mène désormais une vie routinière. Il tente de combler le vide de son existence en apprenant le piano, mais sans grand succès…
    Lorsque l’université l’envoie à Manhattan pour assister à une conférence, Walter constate qu’un jeune couple s’est installé dans l’appartement qu’il possède là-bas : victimes d’une escroquerie immobilière, Tarek, d’origine syrienne, et sa petite amie sénégalaise Zainab n’ont nulle part ailleurs où aller.
    D’abord un rien réticent, Walter accepte de laisser les deux jeunes gens habiter avec lui. Touché par sa gentillesse, Tarek, musicien doué, insiste pour lui apprendre à jouer du djembe. Peu à peu, Walter retrouve une certaine joie de vivre et découvre le milieu des clubs de jazz et des passionnés de percussions.
  • Une promenade romantique, demain, cela vous tente ?

    9e Histoire nous communique l'invitation suivante : 
     
    images?q=tbn:ANd9GcQr8ro2n4DWtCdrrNUxf_iHa6JHBuAsh5sXhSgVALeJoU9GFfHnNous avons le plaisir de vous informer qu'une promenade guidée par Thierry Cazaux aura lieu dans le quartier de la Nouvelle France le samedi 1er Décembre, à partir de 15 heures. Cette promenade se déroulera sur les traces du Paris Romantique à la recherche des témoignages toujours vivants du romantisme.
    Départ à 15 heures précises de la Librairie NORDEST 34 bis, rue de Dunkerque 75010. Cette promenade sera suivie de la signature du livre de Thierry Cazaux "Paris Romantique" autour d'une collation.
    Pensez à prendre une petite laine.... Avant 1763, la Nouvelle France désignait l'ensemble "des territoires de l'Amérique du Nord sous administration française. Dans sa plus grande dimension, avant le Traité d'Utrecht (1713), la Nouvelle-France comprenait cinq colonies possédant, chacune, une administration propre : le Canada, l'Acadie, la Baie d'Hudson, Terre-Neuve, la Louisiane. " Gageons qu'il fera moins froid demain dans le faubourg Poissonnière qu'au bord de l'Hudson.

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    voir la suite du dossier sur le site du Ministère de la Cultur

    Notre Nouvelle France locale est l'autre nom du faubourg Poissonnière, dont il reste sous la même désignation la Caserne de la Nouvelle France, située au sud de la rue La Fayette et qui héberge trois compagnies de la Garde républicaine.

    Bonne promenage à tous.