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  • Salle de Consommation : rencontres avec Rémi Féraud et Gaïa

    L'été est bien entamé mais nous continuons à nous informer sur le projet de salle de consommation à moindre risque (SCMR). Nous avions posté un article à propos de la manifestation du 6 juillet organisée par des riverains opposés au projet. 

     

    paris,10e,salle-de-conso,scmr,drogues,toxicomanie,rémi-féraudDepuis, le Maire du 10e, Rémi Féraud, a souhaité rencontrer Action Barbès au même titre qu'il a rencontré toutes les autres associations du quartier. C'était mardi 16 juillet dernier.

      

    Gaïa Paris.jpg

    Dans la même semaine, nous avons également rencontré l’association Gaïa Paris qui gèrera cette SCMR sur la base du cahier des charges en cours de finalisation par la Direction Générale de la Santé (DGS) et qui sera approuvé par la Haute Autorité de Santé (HAS).

     

    Le choix de l’implantation du n°39 boulevard de la Chapelle : 

    Initialement, il y avait deux possibilités envisagées pour l’emplacement.  

    • La 1ère concernait le site de l'hôpital Lariboisière avec une entrée indépendante au niveau des bâtiments des services techniques : le bâtiment existant déjà, cette solution aurait eu l’avantage de ne pas nécessiter de permis de construire. Mais cette solution n’a pas pu être retenue, car il aurait fallu réorganiser les services concernés, leur trouver une nouvelle localisation dans l’hôpital, et également isoler cette partie de l’hôpital du reste du site hospitalier, ce qui n’était techniquement pas réalisable.
    • La seconde reposait sur l’utilisation d’une emprise de la SNCF. Son président, Guillaume Pepy, a été saisi par Jean-Marc Ayrault sur cette question, et selon Rémi Féraud, la SNCF a vraiment « joué le jeu » en faisant des propositions cohérentes de lieux.
      • La 1ère proposition de la SNCF était une emprise rue de Maubeuge. Là aussi, solution retoquée : locaux très exigus, pas d’espace extérieur, alors que dans ce genre d’établissement médico-social, l'espace extérieur attenant permet de mieux gérer au mieux la frontière « dehors – dedans ». L’accès à l’espace proposé n’était pas suffisamment dégagé, avec une visibilité entravée sur la SCMR. Par ailleurs, les délais liés aux travaux auraient trop décalé sa date d’ouverture.
      • Le choix s’est donc porté sur la 2e proposition de la SNCF : un espace situé au n°39 boulevard de la Chapelle, avec un avis très consensuel sur l’emplacement retenu, partagé par l’association Gaïa Paris et la Police. L’emprise en question posait le moins de difficultés à la SNCF. Le terrain possède suffisamment d’espace extérieur pour gérer le « dehors – dedans » et éviter les tensions. La présence d’une grille, qui sera modifiée afin de permettre un accès séparé, assure également une vue dégagée sur les bâtiments, nécessaire à la Police.

    Le calendrier pour le début de la gestion de la SCMR par Gaïa Paris : 

    Le 8 juillet dernier, le Conseil de Paris a adopté le principe d’installation de la SCMR au 39 boulevard de la Chapelle et a autorisé le Maire de Paris à déposer la demande de permis de construire des futurs bâtiments. Son dépôt et son instruction devrait avoir lieu au cours de l’été. En outre, il peut s’écouler plusieurs mois avant que le recours des tiers ne soit totalement purgé.

     

    La SCMR étant un établissement médico-social, les bâtiments devront être validés par l’Agence Régionale de Santé (ARS).

     

    Dès la fin octobre ou le début novembre, l’association Gaïa Paris démarrera donc la gestion de la SCMR en utilisant les préfabriqués existants, soit une surface d’environ 70 m². Ce sera en quelque sorte la 1ère phase du projet, a minima, avec une montée en puissance après la construction du 2e bâtiment préfabriqué, permettant d’arriver à la taille nécessaire, estimée à 250 m² de surface intérieure. En rythme de croisière, sur cette surface, la SCMR comportera une salle d’accueil, une salle de consommation à moindre risque et une salle de repos / convivialité. Lors de cette 1ère étape, avant la construction des préfabriqués qui permettront la montée en charge, le repos s’effectuera dans la salle de consommation. Dès le début, le personnel de la SCMR sera au complet, soit 17 ETP (emploi temps plein) : en permanence 7 personnes (agents éducateurs, personnel infirmier et agent de sécurité) ; ce dispositif humain sera complété par la présence régulière (3 fois 4 h) d’un médecin, d’un assistant social et d'un médecin psychiatre. La présence de la courette, i.e. le parking avant l’accès aux bâtiments, est vraiment perçue par l’association Gaïa comme un point positif : elle permettra au personnel de la SCMR d’établir le contact avec les usagers, d’échanger avant l’arrivée dans la salle d’accueil. Les interrogations demeurent sur la durée requise pour l’obtention du permis de construire afin de compléter les bâtiments existants. 

     

    L’association Gaïa Paris estime le nombre d’usagers de drogues dans le nord-est parisien à 3000 dont 40 % sont à la rue. Toutefois, ces usagers se déplacent très peu entre le lieu où ils achètent leur dose et le lieu où il la consomme. La SCMR devrait pouvoir accueillir à terme 200 usagers. Elle ouvrira 7 jours sur 7, avec des horaires qui seront fixés entre 12-13h et 20h, et ajustés en liaison avec le Comité de Suivi qui sera mis en place.  

    Dès le début du projet, dans la phase de gestion a minima, le dispositif devra satisfaire aux normes sanitaires et de sécurité pour pouvoir ouvrir aux usagers. Dans la mesure où, dans un premier temps, la SCMR n’aura pas atteint sa capacité d’accueil maximale, le personnel exercera un effort supplémentaire sur l’accueil et les maraudes à l’extérieur du site dans les quartiers immédiats et limitrophes, d’où la nécessité de démarrer avec un effectif au complet.   

    Des rumeurs alimentent les conversations et sont diffusées dans certains articles de presse. Qu’en est-il vraiment ?

     

    « L’expérimentation serait faite au rabais » : FAUX

     

    La Ville de Paris prendra en charge le budget d’investissement pour la construction des locaux et la mise en place du dispositif. Le budget prévisionnel de fonctionnement, de l’ordre de 800 000 € par an sera pris en charge par l’Etat. Cette expérimentation de la SCMR ne traduit donc pas d’un désengagement de l’Etat. 

     

    Cette somme non négligeable doit permettre d’assurer un travail de qualité, à l’intérieur mais aussi à l’extérieur avec les maraudes pour gérer le « dehors ». Ce projet permettra de réduire les coûts financiers et sociaux des risques liés aux contaminations (hépatite C, VIH) et aux overdoses, que l’assurance-maladie doit déjà prendre en charge et dans des proportions plus importantes que le budget estimé du projet. 

     

    Car, comme le montrent les enquêtes récemment publiées au Canada, corroborées par l’étude de l’Inserm, la SCMR réduit les cas d'overdose. Certes, des opposants au projet ont trouvé des avis contraires et estiment que la surveillance médicale exercée dans la salle empêche l'overdose d'aller à son terme, expliquant ainsi la diminution de leur nombre. Et c'est aussi cela que l'on cherche dans l’installation de la SCMR.  

     

    La SCMR devrait faciliter les démarches de sevrage des usagers, en les re-socialisant, puis en les accompagnant vers des politiques de soins et les services d’addictologie hospitaliers. La mise en place de la SCMR réduira sur le long terme le coût financier lié aux conséquences sanitaires désastreuses de l’usage des drogues.

     

    Cette expérimentation se fera sur une durée de 3 ans, ce qui permettra la mise en place d’un suivi et son évaluation approfondie. 

      

    « La mise en place de la SCMR contribue ainsi à créer une zone de non-droit à proximité » : FAUX

      

    D’une part, le décret n°2005-1606 du 19.12.2005 relatif aux missions des Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues (« CAARUD ») sera modifié via le Conseil d’Etat afin de permettre cette expérimentation de la SCMR.

     

    D’autre part, une circulaire de politique pénale définira les règles et les modalités d’intervention de la Police à proximité de la salle, afin que les fonctionnaires de police puissent adapter leur comportement ; très concrètement, il sera ainsi toléré dans un certain périmètre que l'usager possède sur lui une petite quantité de produits (la « dose » destinée à sa propre consommation, et non pas à la revente) sans qu’il puisse être poursuivi pénalement. Cette quantité sera déterminée précisément afin de distinguer l’usager du trafiquant (ou le « dealer »). Généralement, la loi française interdit et pénalise la consommation de drogues, sanctionné d’une peine pouvant aller jusqu’à 1 an de prison et 3 750 € d’amende pour l’usager simple, et jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 € d’amende pour l’usager revendeur.

     

    « La SCMR aggravera l’insécurité » : FAUX 

     

    La Préfecture de Police annoncera prochainement le dispositif spécifique qui sera mis en place pour le quartier. A l’instar des Brigades Spécialisées de Terrain (« BST ») mises en place pour des interventions de proximité dans les quartiers sensibles, l’unité dédiée au quartier comprendra une vingtaine de policiers de terrain, qui couvrira le secteur situé  entre le carrefour Barbès, les rues autour de l’Hôpital Lariboisière, la Gare du Nord, et également la proximité immédiate côté 18e dans sa partie non couverte par les unités affectées à la Zone de Sécurité Prioritaire (« ZSP ») Barbès-Château-rouge. L’objectif est d’éviter ce que Rémi Féraud appelle l’effet « Trous de Gruyère », précisément ces zones de non-droit qui ne seraient pas contrôlées par des unités de police trop sectorialisées.

    En outre, les expériences existantes montrent que la zone de circulation des usagers de drogue fréquentant une salle de conso reste limitée à un rayon de 1,5 km autour de la salle. Nous sommes donc loin des scenarii de toxicomanes arrivant de toute l'Europe par la Gare du Nord, comme on avait pu l'entendre dans une des réunions à la mairie du 10e.  

    Plus généralement, comme l’a souligné le Maire du 10e, il n’y a pas de différence de nature entre la SCMR et les distributeurs de seringues stériles (dont se vante d’ailleurs Philippe Goujon, député-maire UMP du 15e arrondissement). L’approche du problème est seulement différente avec la SCMR : c’est une voie médiane pour renouer le dialogue avec les usagers de drogues. Selon lui, « ce projet n’est pas accepté par les personnes qui veulent qu’une porte soit ouverte ou fermée », et qui n'acceptent que la dichotomie « soit c’est autorisée, soit c’est interdit ».  


  • Salle de conso : quelques infos

    Nous continuons avec détermination la diffusion d'informations à propos du projet de salle de consommation à moindre risque (SCMR) prévu boulevard de La Chapelle. Notre souci n'est pas de faire la promotion d'une telle structure, les médecins et les associations sont bien plus compétents que nous à cet égard. Mais il ne faut pas non plus laisser le débat et la décision aux mains des seuls experts. Installer ou ne pas installer ce type d'établissement doit être une décision politique et donc à ce titre approuvée ou rejetée par les citoyens. Cela doit se faire en parfaite connaissance de cause aussi l'information prend-elle une importance primordiale. Nous vous avons déjà dit cela mais il n'est sans doute pas inutile de le rappeler encore une fois. En cliquant le mot/tag "SCMR" en bas de cet article, vous retrouvez en un clic tous les articles parus sur ce blog à ce sujet.

    paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoLa revue Tout Prévoir est un magazine réservé aux professionnels de la santé. Dans sa livraison de février 2014, elle publie un article assez complet et très pédagogique à propos des projets de SCMR en France. Vous pouvez le télécharger en cliquant sur la photo.

    Deux passages ont retenu notre attention car décrivant très bien les préoccupations d'Action Barbès :

    "Il est évident que les salles de consommation à moindre risque ne peuvent fonctionner que si leur implantation repose sur un consensus entre les autorités politiques et administratives, les acteurs locaux ainsi que les habitants du voisinage. De même, un accord doit pouvoir être trouvé avec la police pour définir une zone de neutralité entourant le site de la salle et permettant aux usagers de se présenter munis de leurs produits."

    "Les sociétés savantes, et le public, ont exprimé des réserves ou des mises en garde lors de réunions publiques ou d'enquêtes journalistiques. Elles reproduisent pour une part les arguments discutés lors de la mise en place des premières mesures de réduction des risques (création des CAARUD et des Centres d'Accueil et de soins ou CSAPA, vente libre des seringues, traitements de substitution par la méthadone ou le Subutex) L'expérience acquise au niveau européen a montré que ces débats se positivent en même temps qu'une information rassure les citoyens et que l'efficacité des salles devient reconnue. De fait, la diminution des contaminations par le VIH est remarquable, de même que l'amélioration de l'insertion sociale des usagers et la réduction de la fréquence des surdoses."
     
    Pour pondérer un peu ce qui est dit dans ce dernier passage, il nous semble que l'argument consistant à dire qu'une approbation de l'implantation d'une telle structure, à commencer par celle du voisinage le plus proche, viendra a posteriori lorsque l'établissement aura démontré son efficacité après son ouverture, n'est pas approprié. Un passage en force ne peut que créer des troubles tout à fait nuisibles au bon déroulement des opérations, à commencer par le refus des toxicomanes d'aller dans la salle par crainte d'un environnement hostile.
  • Salle de conso : chez nos amis canadiens

    A Ottawa, la municipalité refuse l'ouverture d'une salle d'injection médicalisée pour les toxicomanes, alors certains manifestent !

    Verrons-nous cela à Paris ?

     

     

    Et puisque nous sommes au Canada, restons-y !

    Le site de l'Institut National de Santé du Québec nous propose une définition toute canadienne de ce qu'ils appellent "la réduction des méfaits". Ce court article intitulé L'approche de la réduction des méfaits nous propose un description assez complète de ce qu'il convient de faire pour réduire ces "méfaits".

    Enfin, ICI Radio Canada à Montréal a annoncé en décembre 2013 l'ouverture de quatre salles d'injection supervisée.

     

  • Salle de conso : GAIA s'installe boulevard de La Chapelle

    L'association GAIA qui a été sélectionnée pour gérer la salle de consommation à moindre risque (SCMR) va pouvoir venir s'installer au 39 boulevard de La Chapelle mi-juillet. Mais attention, pas dans n'importe quelles conditions ! Explications.

    Mais d'abord, il faut préciser qui est GAIA ?

    GAIA est une association créée en 2006 suite à la loi de 2004 "Politique de Santé publique" traitant notamment de la prévention des risques liés à l'usage de drogues. Elle est une émanation de Médecins du Monde qui est en fait à l'origine de sa création. Elle en partage d'ailleurs les valeurs.

    Aujourd'hui, GAIA emploie 31 personnes soit 20 emplois équivalent temps plein pour un budget annuel de l'ordre de 2 millions d'€. Elle est financée presque exclusivement par la Caisse Primaire d'Assurance Maladie (la sécu) par le biais de l'Agence Régionale de Santé (ARS). Elle reçoit aussi quelques subventions du ministère de la Santé, de la mairie de Paris dans le cadre du projet de SCMR et également de Solidarité Sida. Outre ses salariés, GAIA travaille avec 25 bénévoles, qu'ils soient usagers de drogues ou non.

    L'activité de GAIA se compose de deux pôles. Le Centre de Soins et d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) et le Centre d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction des Risques pour les Usagers de Drogues (CAARUD). Les CSAPA ont pour mission d’assurer les actions de prévention et de soins auprès des personnes présentant des conduites à risques ou des dépendances en lien avec toutes les formes de drogues illicites, comme par exemple l’héroïne, la cocaïne ou le cannabis et licites comme l’alcool ou le tabac. Les CAARUD visent à réduire les risques et les dommages sanitaires ou sociaux liés à la prise de produits psychotropes. C'est cette activité là qui est concernée par le projet de SCMR.

    GAIA exerce ses activités CSAPA (addictologie) et CAARUD (prévention des risques) dans un établissement fixe situé avenue Parmentier dans le 11e arrondissement. Elle est aussi présente avec ses unités mobiles - des bus - les lundis, mercredis et vendredis après midi rue de Maubeuge, les lundis et jeudis soir gare de l’Est, Porte de la Chapelle, boulevards des Maréchaux et les jeudis après midi en maraudes dans le Sud de Paris

    Les activités de GAIA sont étroitement surveillées par de nombreuses autorités comme l'ARS ou l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS). Comme tout établissement médico-social (les maisons de retraite pour personnes âgées par exemple), GAIA reçoit les agréments nécessaires pour une durée de 7 ans avec des évaluations intermédiaires, soit menées en interne, soit externes et alors menées par des cabinets spécialisés.

    Elisabeth Avril est la Directrice de GAIA. Médecin généraliste, elle est elle-même issue de Médecins du Monde. Céline Debaulieu et Karim Touzani sont les deux responsables du projet de SCMR au sein de l'association.

    Depuis sa création en 2006, GAIA ne compte aucun incident dans ses actions de soins et de prévention. L'association est assurément un acteur sérieux tout à fait capable de mettre en oeuvre et d'opérer de façon très professionnelle un projet comme celui du 39 boulevard de La Chapelle

    Alors pourquoi l'association GAIA vient-elle s'installer boulevard de La Chapelle ?

    L'association est aujourd'hui installée dans des locaux de Médecins du Monde dans le 11e arrondissement et y est très à l'étroit. C'est le pôle CAARUD en charge de la SCMR  qui doit venir s'installer dans les deux Algeco situés sur le terrain de la SNCF au 39 boulevard de La Chapelle. Mais attention, l'installation ne se fait pas dans n'importe quelles conditions. GAIA pourra utiliser l'endroit uniquement pour ses activités administratives et garer ses 3 bus la nuit. Pas question de recevoir des toxicomanes, d'une façon ou d'une autre. C'est juste une affaire de logistique qui va permettre à GAIA de se rapprocher de son lieu d'activité dans le quartier à savoir derrière la gare du Nord rue de Maubeuge et de gagner du temps en lui permettant de laisser ses bus là la nuit au lieu d'aller les garer en grande banlieue.

    Les deux Algeco représentent une surface d'environ 70m2. Après un grand nettoyage et quelques aménagements, l'association pourra venir s'installer mi-juillet. Cela lui permettra de nouer un dialogue plus fréquent avec les riverains.

  • Errare Humanum est, perseverare diabolicum

    Lors du dernier conseil d'arrondissement du 10e, les élus UMP de cet arrondissement, Déborah Pawlik en tête, ont déposé une demande d'adoption de voeu à propos du projet de salle de consommation à moindre risque (SCMR) prévu boulevard de La Chapelle.

    Il nous faut ici saluer la persévérance de Mme Pawlik et de ses amis à rejeter ce projet mais aussi hélas regretter la même persévérance dans l'erreur, erreur à propos de l'objet même du projet et erreur en en faisant un enjeu politicien.

    Notons d'abord une évolution dans la sémantique de l'UMP : on ne parle plus de "salle de shoot" mais de "salle d'injection supervisée". Peut-on y voir un progrès ?

    Ce qui est curieux chez Mme Pawlik et l'UMP à Paris en général, c'est qu'ils ne veulent absolument pas voir ce qu'est ce projet de SCMR. Partis dans leurs préoccupations à la fois morales et sécuritaires, leurs revendications sont plus proches de ce qu'ils voudraient y voir que de ce qu'est une SCMR en réalité. Inutile ici de rabâcher sans cesse la véritable nature du projet (voici un lien qui vous dit ce qu'il est). Mais cette espèce d'autisme de l'UMP à ce sujet fait que nous sommes de facto dans un dialogue de sourds.

    Prenons un simple exemple d'une erreur commise par l'UMP. Le 6ème considérant dit :

    "la politique de réduction des risques sanitaires instaurée à Paris par la mise à disposition notamment de matériels propres a permis déjà de réduire les risques liés à l'addiction" . Ce n'est pas l'addiction qui crée le risque ! A la limite on peut dire avec raison que cette addiction multiplie les risques, mais c'est bien l'injection, qu'elle soit liée à une addiction ou pas, qui crée le risque. Tout le raisonnement est à l'avenant.
     
    L'essentiel de nos remarques-critiques à propos du raisonnement de l'UMP sur ce projet est contenu dans notre réponse au voeu déposé lors de la précédente mandature et dans la lettre ouverte adressée à Mme Pawlik alors candidate lors de la campagne électorale des municipales 2014.

    Texte du voeu déposé par l'UMP au conseil d'arrondissement du 10e arrondissement de Paris le 30 juin 2014

     

    Et pour bien faire comprendre le projet à l'UMP, nous ne pouvons que réinsérer le petit film de présentation où tout est dit, ou presque !

     

  • Salle de conso : la presse n'est pas neutre

    La loi Santé sera présentée en Conseil des ministres prochainement. Cela sera suivi d'un débat au Parlement probablement début 2015. Le projet de loi comprendra un volet autorisant, à titre expérimental, la mise en place d'une salle de consommation à moindre risque (SCMR) pour les usagers de drogues. Il s'agit du projet situé au 39 boulevard de La Chapelle.

    Dans un article publié le 20 juin dernier (article payant), le quotidien Le Parisien s'est fait l'écho de cette nouvelle sous un jour particulier. Sous couvert d'une présentation qui se veut objective avec des informations néanmoins erronées (par exemple, l'article prétend que la SCMR recevra 100 à 150 toxicomanes par jour alors que le projet se limite à 80 à 100 personnes), ce journal fait la part belle aux opposants au projet, mentionnant le communiqué de presse de l'UMP et une association de quartier opposée au projet, reflet, d'après ce journal, de l'opinion des habitants du quartier.

    L'association Action Barbès ne peut que dénoncer ces informations qui font preuve d'un parti pris inconciliable avec la nécessaire neutralité de la presse. L'article fait preuve d'une très mauvaise connaissance du sujet, car, sans prétendre refléter l'avis des habitants du quartier dans leur ensemble, notre association s'est clairement déclarée favorable au projet de SCMR mais le quotidien Le Parisien ne s'en fait jamais l'écho. Connaitre le projet aurait été pour ce journal d'assister à la 90e rencontre du CRIPS lundi 16 juin au cours de laquelle le sujet a été traité de façon exhaustive. Mais de journaliste du Parisien, point ! Telle va l'information de nos jours.

  • Salle de conso : quelques infos

    Communiquer, faire de la pédagogie à propos d'un sujet précis, c'est répéter, inlassablement répéter, non pas que les interlocuteurs (ici les lecteurs) soient stupides, mais entrer dans un sujet peu connu, voire même inconnu quand il s'agit de prévention des risques liés à la consommation de drogues, reste un apprentissage qui demande du temps.

    Revenons un instant sur les termes. "salle de shoot" ou "salle de consommation à moindre risque" ? Il est évident qu'en matière de communication, le premier terme est meilleur. Il décrit en deux mots ce que les opposants au projet souhaitent y voir mais qui n'est en rien la réalité. Personne ne peut douter que le mot "shoot" a ici une consonance péjorative. Le second terme est compliqué, chaque mot y a son importance et il a le mérite de décrire avec précision la nature même du projet. C'est cette expression que nous utilisons toujours avec sa désormais bien connue abréviation SCMR.

    Justement, qu'est-ce qu'une SCMR ? On vous l'a déjà présentée sous plusieurs formes mais nous venons de découvrir un article publié sur le site du Centre Régional d'Information et de Prévention contre le Sida (CRIPS) d'Ile de France qui décrit parfaitement bien le projet. Il s'intitule très sobrement Salle de consommation à moindre risque.

    Ceux qui voudraient approfondir le sujet pourront se référer à la revue SWAPS qui en 19 petites pages fait un point assez complet à propos de la réduction des risques. Il ne faut pas oublier de mentionner ici le grand succès de la politique française en la matière. Lancée dès 1989 et institutionnalisée en 2005 par une loi, la politique de prévention des risques en matière de consommation de drogues est hélas peu connue mais est une vraie réussite.

    Et pour en rassurer quelques uns et pour en faire bisquer d'autres, voici une petite vidéo qui nous montre que fort heureusement il y a des gens favorables au projet, et certainement plus qu'on veut bien nous le dire.

     


    Micro-trottoir : Que pensez-vous des salles de... par telessonne

  • Salle de conso : réduction des risques, perspectives

    Le Centre Régional de Prévention et d'Information sur le Sida (CRIPS) Ile de France organise à la mairie du 10e le lundi 16 juin prochain une réunion intitulée :

     

    Réduction des risques, regards critiques et perspectives.

    La salle de consommation de drogue à moindre risque (SCMR) aurait dû ouvrir ses portes en 2013 mais les aléas juridiques (avis du Conseil d'Etat) ont empêché le projet de se concrétiser. Faire le point, écouter les acteurs, dialoguer, voilà le but de cette journée d'information.

    L'association Action Barbès a été sollicitée pour intervenir lors de cette réunion. Nous y expliquerons notre soutien au projet et détaillerons les conditions dans lesquelles il nous parait indispensable que le projet voit le jour au 39, boulevard de La Chapelle.

    Voici un lien avec le programme de la journée.

    Nous ajoutons ici une courte vidéo d'une interview de la ministre de la Justice dont l'approche de la question nous parait très constructive.

     


    Christiane Taubira défend la salle de shoot à... par leparisien

  • Salle de conso : l'INSERM à l'enquête !

    L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) est l’équivalent du plus connu et non moins prestigieux Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), deux entités parmi d’autres qui font l’excellence française dans leurs domaines respectifs.


    La Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues Et les Conduites Addictives (MILDECA) a confié à l’INSERM le soin de mener une enquête afin d’étudier l’acceptabilité sociale des projets de salles de consommation à moindre risque (SCMR) prévues dans son programme 2014-2020. Notons que confier ce type de travail à l’INSERM est non seulement un gage de qualité mais aussi un gage d’indépendance vis à vis de la MILDECA et du ministère de la Santé.


    Cette enquête sociologique sera menée à Paris par une équipe du Cermes3 (Centre de Recherche sur la médecine, sciences, santé, santé mentale, société) dédiée dirigée par Marie Jauffret Roustide, sociologue, qui a déjà beaucoup travaillé sur le sujet de la réduction des risques liés à l’usage de drogues et aussi beaucoup publié sur ce sujet. A Paris, le travail de l’INSERM consiste à réaliser un état des lieux avant le lancement du projet du 39 boulevard de La Chapelle, puis d’en faire le suivi pendant plusieurs mois afin de voir comment les choses se passent. L’INSERM va interroger tous les acteurs impliqués dans le projet de SCMR et ils sont fort nombreux, y compris bien entendu les habitants puisqu’il s’agit d’étudier l’acceptabilité sociale d’une telle structure au sein du quartier.

    Qu’entend-on par acceptabilité sociale d’une SCMR ?

    Un tel établissement n’est pas déconnecté de son environnement proche qui, à l’évidence, inter-agit sur celui-ci. Considérant les réticences, voire les peurs, liées à la drogue (trafics et violences associées par exemple), il est impératif d’écouter les riverains. Pour que les choses se passent dans de bonnes conditions, il est nécessaire d’apporter à ceux-ci des garanties afin qu’ils acceptent l’implantation d’une telle structure dans leur environnement quotidien. Ce sont ces peurs et réticences qui seront étudiées par l’INSERM, mais également ces conditions pour accepter le projet et également la façon dont il sera accepté dans le quartier. Toutes les associations impliquées dans le débat local sur les SCMR seront contactées par l’équipe de recherche, afin de comprendre les différentes positions sur le sujet. Des entretiens seront également réalisés auprès des habitants, des commerçants, des forces de police du quartier. Des observations ethnographiques seront également réalisées dans le quartier pour étudier la présence des usagers et de matériels d’injection dans l’espace public.

    Rencontre avec Action Barbès

    Une première rencontre entre l’INSERM et Action Barbès a eu lieu la semaine dernière. En effet, l’association s’est montrée dès le départ favorable au projet de SCMR et cela n’a pas échappé à l’INSERM qui souhaitait savoir pourquoi l’association a pris une telle position. Il a été rappelé qu’Action Barbès parle uniquement au nom de ses adhérents et ne saurait être considérée comme représentante des habitants du quartier dans leur ensemble. Ces choses là étant éclaircies, les attentes et les craintes ont été exprimées telles que nous les avons déjà plus ou moins publiées sur ce blog.

    Le projet de SCMR au 39 boulevard de La Chapelle attend pour être lancé que le contexte juridique soit fixé. Il semble que le gouvernement changera ce contexte à l’occasion d’une révision de la loi de Santé publique de 2005 qui permettrait de légaliser l’expérimentation SCMR. Mais le contexte politique est-il favorable .... ?

  • Drogues, propreté, réduction des risques

    Deux rendez-vous importants étaient organisés cette semaine dans le Nord du 10e, deux visites de terrain dont l’unique sujet était la propreté et la réduction des risques liés à la consommation de drogues sur la voie publique - scènes en plein air - risques aussi bien pour les riverains que pour les toxicomanes.

    Le premier rendez-vous était lundi 19 mai au matin pour une marche exploratoire permettant de constater une situation qui a, semble-t-il, tendance à se dégrader. Nous vous en faisons un rapport complet tant les informations recueillies sont importantes et vous donneront, mieux que des commentaires, une assez bonne idée de ce qui se passe.

    Visite propreté réduction des risques dans le 10e et le 18e - 19 mai 2014

    Le point de rencontre était devant le parvis de l'église Saint-Vincent de Paul à 9h. Il y avait environ 25 personnes dont des membres de l’association Coordination Toxicomanie qui organisait la marche exploratoire, des membres de l’association GAIA, des membres de la Mission métropolitaine de Prévention des conduites à risques (ex-mission Toxicomanie de la Ville de Paris), des membres de la Direction de la Propreté et de l’Eau (DPE) du 18e, notamment les chefs de zone Goutte d’Or et La Chapelle, et du 9e-10e, des agents du SMASH, des membres de la Direction de la Prévention et de la Protection (DPP), l’association SAFE qui est le gestionnaire des distributeurs automatiques de kits santé pour les toxicomanes et bien sûr des élus des 10e et 18e arrondissements.

    Premier arrêt devant la sanisette de la rue Ambroise Paré. Nous attendait un responsable de la société JCDecaux avec deux agents qui oeuvrent sur place dans le quartier.
    La zone regroupe 14 sanisettes, celle de la rue Ambroise-Paré est au sommet du podium pour le nombre de seringues retrouvées, soit dans la sanisette même, soit dans les réceptacles de la partie technique à l'arrière. C'est après le week end qu'on en retrouve le plus. La moyenne jour s'établit autour de 70 !

    JCDecaux verse une prime à ses agents qui travaillent sur cette zone, ils y restent environ un an, pas plus, et ensuite sont envoyés dans le 15e en général. Ils bénéficient d'une formation ad hoc pour le ramassage des seringues et ont un point de rappel des conduites à tenir tous les 15 jours. Il y a aussi passation des consignes d'un agent à l'autre lors des changements de zone.

    Le groupe a emprunté ensuite la rue Guy Patin : Coordination Toxicomanie a expliqué que la rue était aussi touchée par les seringues usagées mais de façon plus aléatoire. Néanmoins, les agents de la Propreté doivent redoubler de vigilance pour les débusquer notamment à cause de toutes les emprises de l'hôpital, les grilles anti-intrusion, qui rendent la tâche difficile..

    Deuxième halte sous le viaduc au milieu du terre-plein central. On est dans le 18e. Il y là aussi une sanisette qui est en train d'être nettoyée mais l'agent n’est pas au courant de la visite et ne comprend pas cette attention particulière de tous ces gens derrière lui ! La DPE décrit les problèmes que rencontrent ces agents, le marché, l'après-marché, l'occupation par la population du quartier qui a l'habitude de vivre à l'extérieur « plus qu’ailleurs »  (sic), l'occupation par les voitures, surtout le dimanche. A la remarque d’Action Barbès que les grilles sont rarement fermées, la DPE  répond qu'elle sont régulièrement forcées — on évoque aussi les marchés à la sauvette et les distributions de soupe populaire. Tout cela complique la tâche des agents et ne contribue pas à la propreté.

    paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoTroisième arrêt, l'automate de kits de seringues stériles situé le long du mur de l’hôpital boulevard de La Chapelle. SAFE raconte son histoire, et celle de celui implanté rue de Maubeuge, leurs scores : 10 000 seringues distribuées par semaine, un kit contenant 2 seringues stériles. Depuis janvier il y a eu 30 jours de rupture d'approvisionnement des distributeurs ce qui signifie que la fourniture ne comble plus la demande, et qu'un usager qui ne trouve pas de kit là, en soirée ou dans la nuit, va avoir du mal à en trouver ailleurs. Il y a alors une nette augmentation du risque. 

    paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoLe groupe a ensuite pris la rue de Maubeuge. A l'angle se trouve un bâtiment de la SNCF avec de nombreux recoins qui lui appartiennent et qu'elle ne nettoie pas régulièrement. Comme c'est privatif, le balayeur Ville de Paris qui passe ne pousse pas son balai... Toutes les grilles installées pour empêcher les gens de dormir là sont occupées par des bacs à plantes, truffées de cochonneries aussi. Ce manque d'entretien ne contribue pas à donner un aspect soigné de cette rue, même si par ailleurs les agents de la DPE 10e nettoient bien. C'est la limite de la coopération. Interrogée afin de savoir pourquoi la Ville ne nettoie pas tous ces recoins, directement, et ne facture-t-elle pas sa prestation à la SNCF, une élue du 10e répond que les propriétaires des lieux — la SNCF — sont responsables de leur entretien. Des rencontres régulières devront être mises à profit pour rappeler à la SNCF ses obligations. 

    La SNCF a fait une demande à GAIA pour que le bus et l'automate de la rue de Maubeuge soient déplacés, un peu plus loin. L’argument avancé est qu’ils se trouvent sur le chemin de nombreux clients de la SNCF qui circulent entre la gare et la consigne, et qu’il y aurait eu des agressions, ce serait anxiogène. Mais en fait, personne n'a eu d'échos de quelconques agressions sur des voyageurs. La police du 10e soutient cette demande. L'Hôpital, interrogé par nos soins, reste vigilant sur le lieu choisi ou probable, et pour tout dire, circonspect. 

    Quatrième halte, toujours sous le viaduc au carrefour Tombouctou, près de la station Vélib’. C'est le SMASH (Service Municipal d’Actions de Salubrité et d’Hygiène) et la DPE 18e Chapelle qui brossent le tableau. Les points de concentration des seringues sont dans le square de Jessaint, autour et derrière les palissades du terre plein central au-dessus des voies, sans qu'on sache vraiment si elles sont jetées par dessus ou si les usagers s'injectent derrière. Le point de vue évolue en fonction des observations de GAIA et de la DPE-SMASH. D'autres nuisances sont décrites, les points urine, comme le 28 place de La Chapelle, malgré une sanisette sur la place. Coordination Toxicomanie cherche à favoriser des actions spécifiques, avec les habitants, hors conseil de quartier, grâce à l'énergie de quelques uns d'entre eux. La présence de rats  est confirmée, malgré les dispositifs imaginés par le SMASH. Les agents de la déchèterie continuent à s'en plaindre. Le SMASH dénonce aussi la distribution de pain sur la passerelle.  Le square a été fermé plusieurs fois. Coordination Toxicomanie précise que les habitués du quartier ne sont pas tous usagers de drogue, notamment les gens qui se réunissent dans le square ou autour des grilles. Mais ils sont souvent "pisseurs". La DPE Chapelle précise que les agents ne sont pas gâtés à certains endroits et que s'ils comprennent que les SDF sont des très précaires, il n'est pas facile de nettoyer urine et excréments en permanence, c'est la cas sous le viaduc à la sortie du carrefour Tombouctou.

    paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoDernière halte, l'espace derrière la gare où se trouve la fresque London Olympiques. La peinture se fane un peu, quelques écritures dessus, là aussi il faudrait un peu d'entretien de la part de la SNCF. Un point positif, le récupérateur de seringues fait bien son office, et les électriciens de la gare qui faisaient usage de leur droit de retrait régulièrement, parce qu'ils ont leur local tout proche, ne le font plus. Néanmoins on retrouve entre l'arrière des murs peints en fresque et la façade de la gare de nombreuses seringues. Un lavage venait d'être fait, le jet avait repoussé les seringues sous les fenêtres dans un espace protégé par les fameuses grilles, on en comptait une bonne trentaine. Présence aussi d'un homme d'âge moyen, SDF, dormant dans le coin : contacté, il dit qu'il "fait le ménage" et jette les seringues là (sans protection !), il écrit en lettres capitales sur les murs peints de la fresque des demandes bien senties pour que les toxicomanes ne laissent par leurs cochonneries dans le coin (il utilise un autre terme !). Cet espace entre façade de la gare et muret peint est devenu le seul endroit un peu en retrait où l'usager peut pratiquer son injection, caché des rondes de police. Ca peut prendre entre 2-3 minutes et 20 minutes quand la veine est peu apparente ou abîmée par les nombreuses injections.

    A la fin de cet itinéraire, alors que nous étions moins nombreux, une discussion moins officielle a permis de comprendre que la Brigade Spécialisée de terrain (BST) n’était pas composée de gentils policiers compréhensifs et bien formés au contact avec le monde de la toxicomanie. Ils ont des consignes afin de sanctuariser l'espace derrière la gare. L'atmosphère s'en ressent côté usagers de drogues. 

    A plusieurs reprises, l'ensemble des participants s'est déclaré très favorable à l'ouverture de la SCMR.

    Stands d’information de la mairie de Paris

    Après la marche exploratoire de lundi matin, Coordination Toxicomanie et la DPE, en association pour la 3e année consécutive, ont installé deux stands d’information mercredi 21 et vendredi 23, l’un à la sortie Guy-Patin de la station Barbès-Rochechouart et l’autre rue Ambroise-Paré devant l’hôpital Lariboisière, angle rue Saint-Vincent de Paul.

    paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoL’idée est de diffuser de l’information aux riverains pour mieux les sensibiliser aux problèmes du quartier, notamment en ce qui concerne la présence des toxicomanes et les risques liés à la présence des seringues usagées. Mais l'idée est aussi de montrer aux usagers de drogue eux-mêmes quels sont les bons comportements à adopter pour ne pas mettre en danger les autres habitants  via les seringues abandonnées. 

    Un court questionnaire pouvait être rempli afin de voir quelle perception les riverains ou passants ont de ces questions et beaucoup de documentations étaient mises à disposition.

  • Les salles de consommation à moindre risque de retour au Conseil de Paris

    Vous savez que c'est un sujet qui nous tient à coeur. Plusieurs fois déjà, nous avons écrit des articles en faveur de l'expérimentation des salles de consommation à moindre risque, qui existent dans plusieurs pays d'Europe. En France, la loi les interdit. Le gouvernement Fillon s'était opposé catégoriquement à porter le débat sur la place publique, y compris après les déclarations de Roselyne Bachelot, alors ministre de la santé, et elle-même favorable à une expérimentation. Les salles de conso, là où elles existent, ont montré qu'elles peuvent apporter un apaisement dans les relations entre riverains et toxicomanes et surtout une amélioration du suivi des personnes sous l'emprise de drogues. Elles conduisent aussi à une réduction des risques de transmission des hépatites virales et du VIH.

    paris,conseil-de-paris,voeu,alain-lhostis,scmr,salle-de-consommation-à-moindres-risques,toxicomanie,préventionDes voix autorisées se sont élevées souvent, parmi elles le Prix Nobel de médecine, Françoise Barré-Sinoussi (photo ci-contre en août 2010), l'INSERM, les leaders des associations militantes, l'association Elus, santé publique,territoire, les Verts et d'autres, pour défendre la création de salles de consommation, mais jusque là elles n'ont pas pu convaincre les autorités de passer à la réalisation. 

    De loin en loin, des médecins invitent à des colloques pour remettre la prévention sur le devant de la scène. Des politiques le font aussi, moins souvent. Ces jours-ci, le sujet est revenu sous les projecteurs : la presse du 9 octobre relatait le projet d'expérimentation présenté par les associations Médecins du Monde et Gaïa (voir article du Parisien, et celui de Métro). Plus près de chez nous, Alain Lhostis, conseiller de Paris du groupe communiste et conseiller du 10e, a organisé un débat sur le sujet au Point Ephémère, avec Marie Debrus (Vice-Présidente de l’AFR), Pierre Chappard paris,conseil-de-paris,voeu,alain-lhostis,scmr,salle-de-consommation-à-moindres-risques,toxicomanie,prévention(Coordinateur du Réseau Français de Réduction des Risques, ancien co-président d’Act Up) et Emmanuel Hirsch (Professeur d’éthique médicale). Si la ministre des affaires sociales et de la santé du gouvernement Ayrault a déclaré récemment qu'elle prendrait rapidement des mesures réglementaires qui permettent l'ouverture des salles de consommation, avec le dépôt d'un voeu en Conseil de Paris, Alain Lhostis souhaite accélèrer la procédure, car il y a urgence. 

    Son cabinet nous a transmis le texte du voeu qui, nous l'espérons, recevra l'aval du Conseil de Paris. 

    Conseil de Paris

    Séances des 15 et 16 Octobre 2012

    Vœu présenté par Alain Lhostis au nom du groupe communiste et élus du parti de gauche relatif à l’ouverture et l’expérimentation d’une salle de consommation à moindres risques à Paris

    Dans sa séance du 19 octobre 2011, le Conseil de Paris, sur proposition du Maire de Paris, a adopté un vœu relatif aux salles de consommations à moindres risques pour les usagers de drogues.

    Ce vœu rappelle que dans le cadre de la politique de réduction des risques, de tels lieux dans lesquels les usagers de drogues peuvent consommer des produits qu’ils apportent, sous la surveillance de personnels qualifiés, ont fait leurs preuves en Allemagne, en Espagne, au Pays-Bas, au Canada par exemple.

    Ces salles permettent de réduire les risques sanitaires, offrent un contact médical, social et psychologique et sont un atout pour la sureté publique et la tranquillité des habitants en ville.

    Le Conseil de Paris a donc, dans ces conditions, voté favorablement pour l’ouverture d’au moins une salle de consommation à moindres risques dans le Nord Est de la capitale.

    Le Conseil d’arrondissement du 10e s’est prononcé à plusieurs reprises favorablement à l’examen de la possibilité d’une installation de ce type dans un quartier du 10e.

    La Ministre de la Santé a déclaré, il y a déjà plusieurs semaines, que le décret permettant ces premières installations dans les villes candidates était quasiment rédigé.

    Les associations de réduction des risques renouvellent l’urgence de prendre la décision d’installation de telles salles dans le cadre des 4e rencontres nationales de réduction des risques qui se tiendront les 25 et 26 octobre prochains. Les associations d’aide aux usagers de drogues et les associations de quartiers du 10e l’ont fait avec beaucoup d’engagement à l’occasion d’une récente réunion qui les a rassemblées à l’initiative de l’auteur du vœu.

    Dans ces conditions, sur proposition d’Alain Lhostis au nom du groupe communiste et élus du parti de gauche, le Conseil de Paris demande :

    - que le Maire de Paris s’adresse à la Ministre de la Santé pour une publication de ce décret sans délai

    - que le Maire de Paris créé dès à présent les conditions d’une mise en place d’un premier lieu expérimental en organisant la concertation avec les habitants du Nord-Est parisien et la préfiguration d’une telle création avec les associations de prévention des risques.


    Toujours sur le même sujet, le maire du 10e, Rémi Féraud organisait mercredi soir, le 10, en mairie une réunion de travail, à la fois pour répondre à l'inquiétude, pour ne pas dire exaspération, des riverains des rues Ambroise-Paré et Saint-Vincent de Paul, principalement, et également pour présenter les associations qui tout au long de l'année font un travail de médiation et de prévention auprès des usagers de drogues. Ils ne sont pas toujours visibles pour les habitants, néanmoins leur présence fait progresser la situation. Comme l'ont exprimé différents intervenants, les programmes de réduction des risques ont fait reculer les épidémies de sida et de maladies virales qui transitaient par les seringues à usage multiple, de même que les interventions des associations permettent aux toxicomanes prêts à raccrocher de le faire. Un pas déterminant pour pacifier ce secteur très restreint mais grande source d'inquiétude pour les habitants et leurs enfants sera la création d'une salle de consommation à moindre risque. Les expérimentations sont encourageantes, ne tardons pas.

  • Les SCMR, plus d'info

    Dans les commentaires récents écrits à propos d'un de nos articles sur les salles de consommation (le 18 février), un lecteur nous a adressé un lien vers le site Calaméo qui mérite d'être repris. 

    La brochure qui y est présentée s'adresse au grand public, mais plus particulièrement aux personnes confrontées, dans leur activité professionnelle, à des difficultés occasionnées par certains consommateurs de drogues.

    A notre avis, elle peut également venir en aide aux personnes qui font les mêmes rencontres que les professionnels, dans leur quartier, simplement parce que dans ce quartier, les usagers de drogues sont nombreux. Cliquez sur le lien ci-dessous pour en savoir plus. 

    Qui s'y frotte, ne s'y pique pas forcément

    Certains de nos lecteurs vont penser que nous faisons trop de place à ce thème dans notre blog. Trop de place, non. Mais une vraie place, oui. Et oui, nous avons décidé de traiter le sujet souvent. Au risque de déplaire. Nous assumons. Nous estimons que le problème a été très longtemps minimisé, au détriment des riverains, d'un côté, que l'on a laissés seuls s'arranger avec les conséquences de la consommation de drogues à ciel ouvert, et de l'autre côté, au détriment des usagers de drogues qui sont des personnes à la dérive, jeunes ou vieux, et dans notre quartier, particulièrement précarisés. Notre société ne pourra pas éradiquer le problème de l'addiction aux drogues, pas plus qu'une autre société qui choisirait d'être plus répressive, mais elle ne doit plus l'ignorer. Nous soutenons l'expérimentation d'une salle de consommation à moindre risque et oeuvrons pour que les habitants du quartier comprennent et acceptent qu'elle puisse figurer le début d'une solution.

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    la rue de Maubeuge dans sa partie située entre la gare du Nord et l'hôpital Lariboisière

    La semaine dernière, nous avons rencontré la coordinatrice de la future salle de consommation, Céline Debeaulieu. Elle appartient à l'association Gaïa qui a construit le projet depuis l'été dernier et n'attendait que le décret gouvernemental pour se lancer dans l'expérimentation. Le maire du 10e, Rémi Féraud a plusieurs fois déclaré qu'il était favorable à l'ouverture d'un tel équipement dans son arrondissement, avec l'assentiment du maire de Paris. Reste toutefois à trouver le lieu le plus adapté : proche des utilisateurs, les usagers de drogues, le moins gênant possible pour les riverains. La salle ne sera donc pas située au pied d'un immeuble du quartier. Les pourparlers vont bon en train entre la mairie et les institutionnels qui possèdent des locaux ou des emprises entre la gare du nord et l'hôpital Lariboisière. Nous attendons la suite. Notre interlocutrice a promis de nous avertir. Elle semblait optimiste.

    Nous regrettons cependant que la mairie ne multiplie pas les réunions autour de cette ouverture prochaine. Pour ne pas effrayer les habitants, ne pas inquiéter ceux-ci ou ceux-là, plus ou moins proches de tel site ou de tel autre pressenti... aucune information n'est donnée. Quel résultat peut-on en attendre ? Un mécontentement quasiment certain. Si la concertation commence au moment où le lieu aura été trouvé, il ne s'agira plus d'une concertation mais d'une information. Une fois de plus, les habitants auront l'impression d'être mis devant le fait accompli.