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Drogues, propreté, réduction des risques

Deux rendez-vous importants étaient organisés cette semaine dans le Nord du 10e, deux visites de terrain dont l’unique sujet était la propreté et la réduction des risques liés à la consommation de drogues sur la voie publique - scènes en plein air - risques aussi bien pour les riverains que pour les toxicomanes.

Le premier rendez-vous était lundi 19 mai au matin pour une marche exploratoire permettant de constater une situation qui a, semble-t-il, tendance à se dégrader. Nous vous en faisons un rapport complet tant les informations recueillies sont importantes et vous donneront, mieux que des commentaires, une assez bonne idée de ce qui se passe.

Visite propreté réduction des risques dans le 10e et le 18e - 19 mai 2014

Le point de rencontre était devant le parvis de l'église Saint-Vincent de Paul à 9h. Il y avait environ 25 personnes dont des membres de l’association Coordination Toxicomanie qui organisait la marche exploratoire, des membres de l’association GAIA, des membres de la Mission métropolitaine de Prévention des conduites à risques (ex-mission Toxicomanie de la Ville de Paris), des membres de la Direction de la Propreté et de l’Eau (DPE) du 18e, notamment les chefs de zone Goutte d’Or et La Chapelle, et du 9e-10e, des agents du SMASH, des membres de la Direction de la Prévention et de la Protection (DPP), l’association SAFE qui est le gestionnaire des distributeurs automatiques de kits santé pour les toxicomanes et bien sûr des élus des 10e et 18e arrondissements.

Premier arrêt devant la sanisette de la rue Ambroise Paré. Nous attendait un responsable de la société JCDecaux avec deux agents qui oeuvrent sur place dans le quartier.
La zone regroupe 14 sanisettes, celle de la rue Ambroise-Paré est au sommet du podium pour le nombre de seringues retrouvées, soit dans la sanisette même, soit dans les réceptacles de la partie technique à l'arrière. C'est après le week end qu'on en retrouve le plus. La moyenne jour s'établit autour de 70 !

JCDecaux verse une prime à ses agents qui travaillent sur cette zone, ils y restent environ un an, pas plus, et ensuite sont envoyés dans le 15e en général. Ils bénéficient d'une formation ad hoc pour le ramassage des seringues et ont un point de rappel des conduites à tenir tous les 15 jours. Il y a aussi passation des consignes d'un agent à l'autre lors des changements de zone.

Le groupe a emprunté ensuite la rue Guy Patin : Coordination Toxicomanie a expliqué que la rue était aussi touchée par les seringues usagées mais de façon plus aléatoire. Néanmoins, les agents de la Propreté doivent redoubler de vigilance pour les débusquer notamment à cause de toutes les emprises de l'hôpital, les grilles anti-intrusion, qui rendent la tâche difficile..

Deuxième halte sous le viaduc au milieu du terre-plein central. On est dans le 18e. Il y là aussi une sanisette qui est en train d'être nettoyée mais l'agent n’est pas au courant de la visite et ne comprend pas cette attention particulière de tous ces gens derrière lui ! La DPE décrit les problèmes que rencontrent ces agents, le marché, l'après-marché, l'occupation par la population du quartier qui a l'habitude de vivre à l'extérieur « plus qu’ailleurs »  (sic), l'occupation par les voitures, surtout le dimanche. A la remarque d’Action Barbès que les grilles sont rarement fermées, la DPE  répond qu'elle sont régulièrement forcées — on évoque aussi les marchés à la sauvette et les distributions de soupe populaire. Tout cela complique la tâche des agents et ne contribue pas à la propreté.

paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoTroisième arrêt, l'automate de kits de seringues stériles situé le long du mur de l’hôpital boulevard de La Chapelle. SAFE raconte son histoire, et celle de celui implanté rue de Maubeuge, leurs scores : 10 000 seringues distribuées par semaine, un kit contenant 2 seringues stériles. Depuis janvier il y a eu 30 jours de rupture d'approvisionnement des distributeurs ce qui signifie que la fourniture ne comble plus la demande, et qu'un usager qui ne trouve pas de kit là, en soirée ou dans la nuit, va avoir du mal à en trouver ailleurs. Il y a alors une nette augmentation du risque. 

paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoLe groupe a ensuite pris la rue de Maubeuge. A l'angle se trouve un bâtiment de la SNCF avec de nombreux recoins qui lui appartiennent et qu'elle ne nettoie pas régulièrement. Comme c'est privatif, le balayeur Ville de Paris qui passe ne pousse pas son balai... Toutes les grilles installées pour empêcher les gens de dormir là sont occupées par des bacs à plantes, truffées de cochonneries aussi. Ce manque d'entretien ne contribue pas à donner un aspect soigné de cette rue, même si par ailleurs les agents de la DPE 10e nettoient bien. C'est la limite de la coopération. Interrogée afin de savoir pourquoi la Ville ne nettoie pas tous ces recoins, directement, et ne facture-t-elle pas sa prestation à la SNCF, une élue du 10e répond que les propriétaires des lieux — la SNCF — sont responsables de leur entretien. Des rencontres régulières devront être mises à profit pour rappeler à la SNCF ses obligations. 

La SNCF a fait une demande à GAIA pour que le bus et l'automate de la rue de Maubeuge soient déplacés, un peu plus loin. L’argument avancé est qu’ils se trouvent sur le chemin de nombreux clients de la SNCF qui circulent entre la gare et la consigne, et qu’il y aurait eu des agressions, ce serait anxiogène. Mais en fait, personne n'a eu d'échos de quelconques agressions sur des voyageurs. La police du 10e soutient cette demande. L'Hôpital, interrogé par nos soins, reste vigilant sur le lieu choisi ou probable, et pour tout dire, circonspect. 

Quatrième halte, toujours sous le viaduc au carrefour Tombouctou, près de la station Vélib’. C'est le SMASH (Service Municipal d’Actions de Salubrité et d’Hygiène) et la DPE 18e Chapelle qui brossent le tableau. Les points de concentration des seringues sont dans le square de Jessaint, autour et derrière les palissades du terre plein central au-dessus des voies, sans qu'on sache vraiment si elles sont jetées par dessus ou si les usagers s'injectent derrière. Le point de vue évolue en fonction des observations de GAIA et de la DPE-SMASH. D'autres nuisances sont décrites, les points urine, comme le 28 place de La Chapelle, malgré une sanisette sur la place. Coordination Toxicomanie cherche à favoriser des actions spécifiques, avec les habitants, hors conseil de quartier, grâce à l'énergie de quelques uns d'entre eux. La présence de rats  est confirmée, malgré les dispositifs imaginés par le SMASH. Les agents de la déchèterie continuent à s'en plaindre. Le SMASH dénonce aussi la distribution de pain sur la passerelle.  Le square a été fermé plusieurs fois. Coordination Toxicomanie précise que les habitués du quartier ne sont pas tous usagers de drogue, notamment les gens qui se réunissent dans le square ou autour des grilles. Mais ils sont souvent "pisseurs". La DPE Chapelle précise que les agents ne sont pas gâtés à certains endroits et que s'ils comprennent que les SDF sont des très précaires, il n'est pas facile de nettoyer urine et excréments en permanence, c'est la cas sous le viaduc à la sortie du carrefour Tombouctou.

paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoDernière halte, l'espace derrière la gare où se trouve la fresque London Olympiques. La peinture se fane un peu, quelques écritures dessus, là aussi il faudrait un peu d'entretien de la part de la SNCF. Un point positif, le récupérateur de seringues fait bien son office, et les électriciens de la gare qui faisaient usage de leur droit de retrait régulièrement, parce qu'ils ont leur local tout proche, ne le font plus. Néanmoins on retrouve entre l'arrière des murs peints en fresque et la façade de la gare de nombreuses seringues. Un lavage venait d'être fait, le jet avait repoussé les seringues sous les fenêtres dans un espace protégé par les fameuses grilles, on en comptait une bonne trentaine. Présence aussi d'un homme d'âge moyen, SDF, dormant dans le coin : contacté, il dit qu'il "fait le ménage" et jette les seringues là (sans protection !), il écrit en lettres capitales sur les murs peints de la fresque des demandes bien senties pour que les toxicomanes ne laissent par leurs cochonneries dans le coin (il utilise un autre terme !). Cet espace entre façade de la gare et muret peint est devenu le seul endroit un peu en retrait où l'usager peut pratiquer son injection, caché des rondes de police. Ca peut prendre entre 2-3 minutes et 20 minutes quand la veine est peu apparente ou abîmée par les nombreuses injections.

A la fin de cet itinéraire, alors que nous étions moins nombreux, une discussion moins officielle a permis de comprendre que la Brigade Spécialisée de terrain (BST) n’était pas composée de gentils policiers compréhensifs et bien formés au contact avec le monde de la toxicomanie. Ils ont des consignes afin de sanctuariser l'espace derrière la gare. L'atmosphère s'en ressent côté usagers de drogues. 

A plusieurs reprises, l'ensemble des participants s'est déclaré très favorable à l'ouverture de la SCMR.

Stands d’information de la mairie de Paris

Après la marche exploratoire de lundi matin, Coordination Toxicomanie et la DPE, en association pour la 3e année consécutive, ont installé deux stands d’information mercredi 21 et vendredi 23, l’un à la sortie Guy-Patin de la station Barbès-Rochechouart et l’autre rue Ambroise-Paré devant l’hôpital Lariboisière, angle rue Saint-Vincent de Paul.

paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoL’idée est de diffuser de l’information aux riverains pour mieux les sensibiliser aux problèmes du quartier, notamment en ce qui concerne la présence des toxicomanes et les risques liés à la présence des seringues usagées. Mais l'idée est aussi de montrer aux usagers de drogue eux-mêmes quels sont les bons comportements à adopter pour ne pas mettre en danger les autres habitants  via les seringues abandonnées. 

Un court questionnaire pouvait être rempli afin de voir quelle perception les riverains ou passants ont de ces questions et beaucoup de documentations étaient mises à disposition.

Commentaires

  • Un article autrement plus documenté que les quelques lignes du Parisien qui plus est contient des imprécisions. Sur place, il ne s'agissait pas de bénévoles mais de salariés de différentes associations ainsi que des agents de la propreté.

  • @Martine : Merci à vous de votre lecture attentive du Parisien, dont on se demande où et comment ils se procurent leurs informations. Nous imaginons bien tous les acteurs de terrain passer du temps dans le quartier juste pour occuper leurs loisirs !! Ils sont souvent passionnés par leur métier, mais de là à travailler pour la gloire.... Question subsidiaire : les journalistes du Parisien sont-ils aussi des bénévoles ???

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