Deux raisons expliquant la défaite émergent nettement lorsqu’on analyse la situation.
La première est la complète inadaptation du positionnement, du discours tenu et des propositions faites aux habitants du 9ème. Au-delà des traditionnels sujets de mécontentement que sont la propreté, la sécurité, la circulation automobile et son corollaire le stationnement, etc. …, arrêtons-nous sur un comportement et deux propositions qui niaient tellement l’évidence que chacun pouvait s’interroger sur les capacités de certains membres de l’UMP à bien appréhender la situation dans notre arrondissement.
Pensant que le 9ème était gagnable, le comportement, et même le discours, de l’équipe Burkli tout au long de la campagne a été de sous estimer voir de nier le courant de sympathie réel qui existait pour le Maire sortant Jacques Bravo, présentant ce dernier comme un homme « fatigué », échappant à ses responsabilités en les reportant sur les autres. Outre ce que cela a de désagréable, chacun a bien vu ce que ce comportement avait d’irréel et d’exagéré.
Deux propositions qui ont été constamment martelées par les candidats UMP relevaient elles plutôt du comique.
La première concerne la question du logement : répéter sans cesse qu’il fallait construire des logements neufs dans le 9ème pour les classes moyennes était incompréhensible pour les habitants. Chacun constate tous les jours les conditions réelles de l’immobilier dans le 9ème, chacun peut voir sans faire de gros efforts que la place pour construire des bâtiments neufs n’est pas ce qu’il y a de plus évident à trouver ! Et utiliser l’argument du PLU et de ses contraintes qu’il conviendrait de desserrer pour y arriver n’a convaincu personne.
La seconde idée étonnante consistait à nous proposer de développer encore le tourisme dans l’arrondissement ! L’opéra Garnier, les Grands Boulevards, les grands magasins, l’Olympia, Drouot, Pigalle, les théâtres, les restaurants, le musée Grévin et celui de la vie romantique, même la rue des Martyrs, etc. etc. … ce ne sont pas les touristes qui manquent dans le 9ème – personne ne s’en plaint – et ce ne sont pas non plus les hôtels qui font défaut. Alors dans ce contexte, venir sérieusement nous proposer « une politique touristique » spécifique au 9ème était assez comique et manquait vraiment de sérieux.
La seconde raison de la défaite tient à l’organisation et au fonctionnement de l’UMP. Choisir Delphine Burkli n’était certes pas un choix stupide : la jeune femme est sympathique, intelligente et ceux qui suivent les affaires municipales savent que non seulement elle est réellement implantée dans le 9ème mais qu’elle sait être efficace quand elle est en situation. Mais l’environnement dans lequel sa candidature a été lancée n’était pas bon. Qui ne voit que malgré les apparences et les discours, la fracture au sein de l’UMP ex-RPR n’est toujours pas refermée à Paris ? Comment expliquer qu’il ait fallu « importer », « parachuter » des colistiers comme Roger Auque où Claire Gibault dans des places prépondérantes au détriment de personnalités « locales » ? Qui comprend cette attitude adoptée par l’UMP de rejet systématique de ce qu’a réalisé Bertrand Delanoë à Paris et Jacques Bravo dans le 9ème, dans un discours souvent passéiste et parfois discriminant ? Le 9ème n’a pas lui connu de dissidents mais les cas du 8ème ou du 15ème sont significatifs de l’état de l’UMP à Paris à cet égard.
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La question est maintenant de savoir comment l’UMP et ses élus vont se comporter ? Il n’est pas douteux que Delphine Burkli, élue Conseillère de Paris, non seulement siègera mais sera une Conseillère d’arrondissement d’opposition active dans le 9ème. Quant aux deux autres élus, à savoir Roger Auque et Claire Gibault, siègeront-ils au Conseil d’arrondissement ? M. Auque voyage beaucoup, partage sa vie entre le Moyen Orient et le 18ème où il réside. Mme Gibault reste députée européenne et ne réside pas dans le 9ème. Et disons le, voilà une position, Conseiller d’arrondissement, qui probablement ne leur convient guère ayant espéré plus.
Le bon fonctionnement de la démocratie impose l’existence d’une opposition structurée, vivante, porteuse d’une réelle alternative. L’échec de l’UMP dans sa reconquête de Paris lors des dernières élections municipales pose à la capitale le problème de ce bon fonctionnement démocratique et l’étude de cet échec n’est pas inutile, notamment pour mieux comprendre ce qui risque de se dérouler au sein de l’UMP, ou plutôt au sein de l’opposition, à Paris dans les prochains mois.
Soyons clairs, l’échec de l’UMP à Paris est en apparence relatif. Pour paraphraser son slogan de campagne, Françoise de Panafieu a su préserver « l’essentiel », c'est-à-dire ne pas céder à Bertrand Delanoë un des huit arrondissements détenus par la droite. Mais à bien des égards les apparences sont trompeuses. Qui ne voit d’ailleurs que l’échec de la droite à Paris est plus celui de l’UMP que celui de Mme de Panafieu ? Comment un parti qui avait fait le grand chelem en 1989, récupérant alors les 20 mairies d’arrondissements, a-t-il pu tomber là où il est en moins de 20 ans ? Les changements sociologiques dans la capitale n’expliquent pas tout ! A certains égards, la situation actuelle de l’UMP dans le 9ème reflète assez bien celle de ce parti dans Paris, analyser l’échec de la liste Burkli donne des indications sur les raisons de l’échec de l’UMP à Paris en général.