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Parlons des Verts

On l’a déjà maintes fois répété dans ces colonnes, l’enjeu environnemental est crucial pour notre avenir. Il ne s’agit pas là de dramatiser la chose mais de faire en sorte que chacun prenne conscience que si rien ne change, l’avenir de notre planète deviendra incertain. Et comme nous sommes de ceux qui pensent que la politique joue encore un rôle essentiel, la place d’un parti comme Les Verts ne peut pas laisser indifférent. Analyser les raisons de leur perte d’influence – certains plus sévères parleront d’échec - dans une ville comme Paris devient un passage quasi-obligé.

Pour Les Verts à Paris, les lendemains d’élection sont moroses. De 17 Conseillers, il n’en reste que 9 ! Ce ne sont pas les quelques postes d’adjoints au Maire avec des délégations non pas mineures mais enfin pas primordiales, à l’exception peut-être de celle touchant le développement durable, qui consolent. Dans le 9ème, plus qu’un seul représentant au Conseil d’arrondissement contre trois entre 2001 et 2008 ! Reflet de leur perte en voix, à Paris en général comme dans notre arrondissement en particulier.

Les raisons de la perte d’influence des Verts sont de deux natures.

La première est la prise en compte des questions dites « environnementales » par les partis politiques traditionnels. Enfin, dans les discours des partis politiques. Du « Grenelle de l’environnement » aux résultats encore incertains promu par le gouvernement aux déclarations du Parti Socialiste sur la nécessité d’un développement durable, on reste dans des déclarations d’intention encore très générales qui ont certes le bénéfice de faire en sorte que l’approche environnementale soit transversale aux problèmes, c'est-à-dire partout, mais avec des résultats encore hypothétiques. Dans ce contexte, Les Verts ont été dépossédés d’un sujet qui leur était jusqu’à maintenant spécifique et n’ont pas su s’adapter à cette nouvelle donne. Disons pour leur défense que, contrairement aux Verts allemands par  exemple, Les Verts français ont néanmoins développer un discours qui n’est pas uniquement écologiste mais aussi social. Cela n’a pas suffit à Paris. Leur perte d’influence signifie-t-elle que les parisiens ont en 2008 un souci écologique inférieur à ce qu’il était en 2001 ? Probablement pas, mais le discours souvent brouillon des Verts, le fait que d’autres parlent d’écologie, la personnalité controversée de certains de ses leaders n’ont pas aidé, sans oublier les déclarations peu sympathiques de leurs « alliés » socialistes, cerise sur le gâteau.

Les Verts traversent donc, tant à Paris qu’au niveau national d’ailleurs, un problème politique non seulement de positionnement – il n’y a plus de spécificité écologique dans « l’offre » politique - mais aussi de contenu programmatique qui reste assez faible sur beaucoup de points.

La deuxième raison de la perte d’influence des Verts à Paris touche à la stratégie choisie par Denis Baupin et ses amis pour les élections de mars 2008 et aussi aux relations entretenues avec la Parti Socialiste et Bertrand Delanoë en particulier.

Vouloir connaître sa véritable influence en comptant ses partisans demeure une approche profondément démocratique, cela n’est pas contestable, mais c’est peu dire qu’elle est à la fois naïve et risquée. C’est celle choisie, reconnaissons le avec courage, par Denis Baupin et ses colistiers. Fiers de leurs résultats à Paris, c'est-à-dire de l’influence qu’ils ont eue sur l’équipe Delanoë entre 2001 et 2008, Les Verts, d’une part, ont minimisé la récupération possible par les socialistes de leurs actions et, d’autre part,  se sont illusionnés sur la capacité des parisiens à clairement discerner ce qui leur était dû, ce dont les Verts étaient directement à l’origine. Les épisodes du PLU, du projet controversé des logements pour infirmiers prévus dans le 16ème et autres qui ont amené Les Verts à se désolidariser des socialistes au sein du Conseil de Paris ont contribué à brouiller l’image. A cela sont venus s’ajouter les péripéties de la campagne – le sinistre épisode de la « fumette » à la Maire du 2ème par exemple – et Les Verts se sont retrouvés dans la nasse sans bien comprendre ce qu’il leur arrivait. Naïveté sympathique mais pas politique pour deux sous.

Certains dans le camp Delanoë se réjouissent que cet allié « turbulent » soit réduit à des proportions plus raisonnables. Pourtant, il n’est pas contestable que les militants socialistes, eux, soient favorables à cette alliance et l’ont indirectement imposée à Bertrand Delanoë à défaut d’un partenariat avec le MoDem dont ils ne voulaient pas. Avec moins de 10% des voix exprimées, Les Verts ont certes perdu en influence mais ont gagné en représentatité, leur score antérieur apparaissant assez artificiel. On peut le voir comme une leçon de démocratie ou comme un échec.

Commentaires

  • C'est étonnant, sur la cause de leur gadin, il y'a une possibilité que tu n'envisages pas: le désaccord avec leurs options politiques. Il est fort possible que les citoyens soient pour une forme plus light de politique écologique que ce que proposent les verts, et qu'ils fassent confiance au PS pour fournir ce socle moins ambitieux. La politique de circulation voitures, par exemple, a été largement imputée aux verts pour ce qui est perçu comme des excès. Mis à part la personnalité des leaders et les épisodes un peu brouillons, il me semble que les verts ont courageusement voulu se compter sur leur projet, et que ce projet a été repoussé par les électeurs.

  • Vous avez narré les raisons de l’échec des « Verts » aux municipales. Il y eu évidemment des péripéties locales :
    - un bilan mitigé mal compris en matière de déplacements (les Verts ne sont pas les seuls responsables, mais D. Baupin était chargé des transports), imposé sans contre partie (augmentation de l’offre de transports collectifs) et vécu (à juste titre) comme des contraintes fortes,
    - un programme pour la prochaine mandature municipal audacieux mais, décalé économiquement,
    - un chef de file iconoclaste, jamais avare de déclarations provocatrices.
    Bref, tous les ingrédients étaient réunis pour un obtenir score de moitié inférieur à la dernière mandature.
    Les raisons de l’échec des « Verts » sont –elles vraiment localisées à l’intra-muros ?
    Depuis quelques années le « Vert » est à la mode en tout cas, la couleur fait la une des actualités : mangez vert ! Roulez vert, Construisez vert ! A tel point que les principaux générateurs de pollution, les pétroliers et marques automobiles, ont promu l'écologie au rang de premier argument de marketing !
    L'environnement est désormais une valeur fondamentale dans la communication mercantile. L'écologie n'est plus ressentie comme dans les années 70/80 comme un combat propre aux nostalgiques de la lampe à huile ou de la carriole hippomobile. A partir de ces constats compris par tous, les écologistes en France sont incapables de coucher sur le papier un programme qui ne serait perçu aux yeux de la population comme, débouchant sur une « catastrophe » économique et sociale.
    Les « verts » considèrent encore que, les aspects écologiques et environnementaux constituaient la condition essentielle de voter pour eux .Or, cette condition aujourd’hui n’est plus suffisante pour attirer l’électeur soucieux de sa « qualité de vie ». Les échecs sont récurrents : élection présidentielle (1,59% des voix) difficulté à acquérir les parrainages, élections législatives et, les municipales (exception N. Mamère et D.Voynet élue avec les voix de droite !)
    Quel avenir pour le mouvement « Verts » ?
    Sans parti de masse, les écologistes seront tributaires d’alliances avec les traditionnels partis de gauche. Ils doivent réfléchir sur une stratégie qui combine questions sociales et écologiques dont les objectifs sont : que produire ? Comment produire ?
    Faute de remise en cause globale, l'environnement relèvera toujours du principe de précaution ! Les différentes associations de la mouvance verte en seront réduites à faire des « coups médiatiques » permettant une prise de conscience du niveau de pollution dans les villes , du réchauffement climatique, de la nocivité des « OGN », de la conservation de la biodiversité, etc..
    C’est peut être le philosophe Jean-Pierre Dupuy, qui décrit notre défi: « notre mélange unique de libertés, de mieux vivre et de progrès qui s'est construit pendant quatre siècles est sommé de changer en vingt ans à peine. L'être humain n'est tout simplement pas conçu pour s'adapter à une telle situation. Nous atteignons nos propres limites. Les glaces fondent, le niveau des mers s'apprête à monter, mais avouons-le: nous nous en foutons. Nous n'avons pas envie d'entendre ce discours-là.»

  • Tonio, il est clair que les partis politiques traditionnels ont bien compris que si ils devaient parler environnement, il fallait le faire de façon light pour ne pas effaroucher l'électeur ! Le pire est que cela fonctionne puisqu'aussi bien le PS que l'UMP tiennent un discours très en deçà de ce qu'il faut faire mais très recevable par les citoyens qui n'ont pas envie d'entendre un certain nombre de choses comme par exemple que 80% de l'espace public de Paris est occupé par les voitures ou que les transports individuels sont une des causses les plus importantes de pollution ! Il n'y a donc pas désaccord mais une forme d'autisme des électeurs concernant les sujets écolos. "le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté" dit la chanson !

  • 4 élus « Verts » comme adjoints au Maire de Paris, c’est légèrement plus que la traduction de leur score du 1er tour.
    Au-delà du nombre d’adjoints, la fonction est importante.
    - Denis Baupin: développement durable, à l'environnement et au plan climat. Pour cette fonction, le chef de file « Verts » déclare dans le Parisien du 4 avril dernier : « ma délégation n’a de sens que si elle repose sur de vrais moyens transversaux. Pas question de me retrouver à brasser du vent ! »
    - Véronique Dubarry : personnes en situation de handicap
    - Fabienne Giboudeaux : espaces verts
    - Christophe Najdovski : petite enfance
    Plus de fonction stratégique, mais, avec 9 élus au conseil de Paris, les « Verts » ont un groupe et continuent de bénéficier de voiture de fonction et divers avantages. Il y a pire comme situation !

  • Bernard, sauf votre respect, nous parlons politique, pas intendance ! -)

  • Je regrette également une certaine myopie qui peut conduire à voter Chirac pour réduire la fracture sociale ou Sarko pour augmenter le pouvoir d'achat. Mais enfin, là nous causons réellement politique, les péripéties de la campagne sont secondaires dans un tel résultat.

  • @Didier
    Intendance ? Ensemble des tâches économiques de la Ville
    Lorsque l'intendance ne suit pas, le groupe ne vit pas longtemps
    J’aborde bien des questions politiques. Sans groupe au conseil de Paris par d’existence politique.
    Pour constituer un groupe il faut 5 élus minimum. Le classement des « Verts » sur les listes de 2ème tour « Paris un temps d’avance » a été parfaitement ajusté pour que ceux-ci aient au moins 5 élus.
    La constitution d’un groupe permet également d’attribution d’un carrosse et autres avantages dévolus à ce groupe.
    Je ne vois en quoi cela est de l’intendance ?
    Demandez à G. Sarre ce qu’il pense de l’intendance. Le patron du MRC a piqué une colère faute de pouvoir constituer un groupe suite au départ (provisoire) de Mme Christienne.

    Certes tout cela n’est pas stratégique. Les fonctions sont plus importantes. Vous avez constaté que les « Verts » ont des strapontins y compris le poste de D. Baupin. Ce dernier, ne souhaite pas « brasser du vent » . Dans le cas où, il constate qu’il se transfrome en "éolienne", le chef de file démissionnera-t-il ?
    C’est peut être l’intendance qui le fera rester !

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