« Longtemps, longtemps, longtemps
Après que les poètes ont disparu
Leurs chansons courent encore dans les rues
………. »
L'âme des poètes
Charles Trenet
Aimé Césaire est en terre depuis dimanche. La presse n’a pas mieux traité cette personnalité que le journaliste sportif commentateur de matchs de football décédé 10 jours plus tôt. Ce fut un ramassis de lieux communs, parlant de négritude, de Martinique, faisant lire à quelque artiste de théâtre deux ou trois vers du poète. La cérémonie organisée en hommage avant son inhumation a été l’objet d’une tentative de récupération politique assez scandaleuse, pas à la hauteur de l’importance du personnage. Il y a fort à parier que reposant maintenant dans son île, Aimé Césaire ne fasse plus l’objet que de publications savantes et que la presse ne s’en préoccupe plus. Voilà notre époque et c’est bien triste.
Parler d’Aimé Césaire sur ce blog est assez évident car il fut le combattant de la Liberté pour ces frères « Nègres » et à ce titre indissociable de Victor Schoelcher dont le souvenir est encore vivant dans le 9ème arrondissement.
Le plus beau texte d’Aimé Césaire n’est pas un poème mais son introduction intitulée Victor Schoelcher et l’abolition de l’esclavage aux textes du même Schoelcher traitant de l’esclavage et de la colonisation. Et Césaire n’y fait pas dans la demi-mesure.
Qu’on en juge :
« On aurait peine à imaginer ce qu’a pu être pour les Nègres des Antilles la terrible époque qui va du 17ème siècle au 19ème …….. Que l’on se représente Auschwitz et Dachau, Ravensbrück et Mauthausen, mais le tout à l’échelle immense – celle des siècles, celle des continents - l’Amérique transformée en "univers concentrationnaire" ….
L’admirable est que le Nègre ait tenu.
Beaucoup mouraient. Les autres tenaient.
Comment ?
Par la bonté nègre qui fait que l’un fortifia l’autre.
Par l’imagination nègre qui toujours leur présenta, à portée de main, la liberté.
Par l’amour de la vie, et l’humour nègre qui les rendit supérieurs à leur condition et toujours juges de leurs maîtres »
Lire le texte complet dans :
Victor Schoelcher - Esclavage et colonisation
Introduction par Aimé Césaire
Les sources du débat
PUF – 15€
Victor Schoelcher
&
Aimé Césaire