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scmr - Page 6

  • Errare Humanum est, perseverare diabolicum

    Lors du dernier conseil d'arrondissement du 10e, les élus UMP de cet arrondissement, Déborah Pawlik en tête, ont déposé une demande d'adoption de voeu à propos du projet de salle de consommation à moindre risque (SCMR) prévu boulevard de La Chapelle.

    Il nous faut ici saluer la persévérance de Mme Pawlik et de ses amis à rejeter ce projet mais aussi hélas regretter la même persévérance dans l'erreur, erreur à propos de l'objet même du projet et erreur en en faisant un enjeu politicien.

    Notons d'abord une évolution dans la sémantique de l'UMP : on ne parle plus de "salle de shoot" mais de "salle d'injection supervisée". Peut-on y voir un progrès ?

    Ce qui est curieux chez Mme Pawlik et l'UMP à Paris en général, c'est qu'ils ne veulent absolument pas voir ce qu'est ce projet de SCMR. Partis dans leurs préoccupations à la fois morales et sécuritaires, leurs revendications sont plus proches de ce qu'ils voudraient y voir que de ce qu'est une SCMR en réalité. Inutile ici de rabâcher sans cesse la véritable nature du projet (voici un lien qui vous dit ce qu'il est). Mais cette espèce d'autisme de l'UMP à ce sujet fait que nous sommes de facto dans un dialogue de sourds.

    Prenons un simple exemple d'une erreur commise par l'UMP. Le 6ème considérant dit :

    "la politique de réduction des risques sanitaires instaurée à Paris par la mise à disposition notamment de matériels propres a permis déjà de réduire les risques liés à l'addiction" . Ce n'est pas l'addiction qui crée le risque ! A la limite on peut dire avec raison que cette addiction multiplie les risques, mais c'est bien l'injection, qu'elle soit liée à une addiction ou pas, qui crée le risque. Tout le raisonnement est à l'avenant.
     
    L'essentiel de nos remarques-critiques à propos du raisonnement de l'UMP sur ce projet est contenu dans notre réponse au voeu déposé lors de la précédente mandature et dans la lettre ouverte adressée à Mme Pawlik alors candidate lors de la campagne électorale des municipales 2014.

    Texte du voeu déposé par l'UMP au conseil d'arrondissement du 10e arrondissement de Paris le 30 juin 2014

     

    Et pour bien faire comprendre le projet à l'UMP, nous ne pouvons que réinsérer le petit film de présentation où tout est dit, ou presque !

     

  • Salle de conso : GAIA s'installe boulevard de La Chapelle

    L'association GAIA qui a été sélectionnée pour gérer la salle de consommation à moindre risque (SCMR) va pouvoir venir s'installer au 39 boulevard de La Chapelle mi-juillet. Mais attention, pas dans n'importe quelles conditions ! Explications.

    Mais d'abord, il faut préciser qui est GAIA ?

    GAIA est une association créée en 2006 suite à la loi de 2004 "Politique de Santé publique" traitant notamment de la prévention des risques liés à l'usage de drogues. Elle est une émanation de Médecins du Monde qui est en fait à l'origine de sa création. Elle en partage d'ailleurs les valeurs.

    Aujourd'hui, GAIA emploie 31 personnes soit 20 emplois équivalent temps plein pour un budget annuel de l'ordre de 2 millions d'€. Elle est financée presque exclusivement par la Caisse Primaire d'Assurance Maladie (la sécu) par le biais de l'Agence Régionale de Santé (ARS). Elle reçoit aussi quelques subventions du ministère de la Santé, de la mairie de Paris dans le cadre du projet de SCMR et également de Solidarité Sida. Outre ses salariés, GAIA travaille avec 25 bénévoles, qu'ils soient usagers de drogues ou non.

    L'activité de GAIA se compose de deux pôles. Le Centre de Soins et d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) et le Centre d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction des Risques pour les Usagers de Drogues (CAARUD). Les CSAPA ont pour mission d’assurer les actions de prévention et de soins auprès des personnes présentant des conduites à risques ou des dépendances en lien avec toutes les formes de drogues illicites, comme par exemple l’héroïne, la cocaïne ou le cannabis et licites comme l’alcool ou le tabac. Les CAARUD visent à réduire les risques et les dommages sanitaires ou sociaux liés à la prise de produits psychotropes. C'est cette activité là qui est concernée par le projet de SCMR.

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  • Salle de conso : la presse n'est pas neutre

    La loi Santé sera présentée en Conseil des ministres prochainement. Cela sera suivi d'un débat au Parlement probablement début 2015. Le projet de loi comprendra un volet autorisant, à titre expérimental, la mise en place d'une salle de consommation à moindre risque (SCMR) pour les usagers de drogues. Il s'agit du projet situé au 39 boulevard de La Chapelle.

    Dans un article publié le 20 juin dernier (article payant), le quotidien Le Parisien s'est fait l'écho de cette nouvelle sous un jour particulier. Sous couvert d'une présentation qui se veut objective avec des informations néanmoins erronées (par exemple, l'article prétend que la SCMR recevra 100 à 150 toxicomanes par jour alors que le projet se limite à 80 à 100 personnes), ce journal fait la part belle aux opposants au projet, mentionnant le communiqué de presse de l'UMP et une association de quartier opposée au projet, reflet, d'après ce journal, de l'opinion des habitants du quartier.

    L'association Action Barbès ne peut que dénoncer ces informations qui font preuve d'un parti pris inconciliable avec la nécessaire neutralité de la presse. L'article fait preuve d'une très mauvaise connaissance du sujet, car, sans prétendre refléter l'avis des habitants du quartier dans leur ensemble, notre association s'est clairement déclarée favorable au projet de SCMR mais le quotidien Le Parisien ne s'en fait jamais l'écho. Connaitre le projet aurait été pour ce journal d'assister à la 90e rencontre du CRIPS lundi 16 juin au cours de laquelle le sujet a été traité de façon exhaustive. Mais de journaliste du Parisien, point ! Telle va l'information de nos jours.

  • Salle de conso : réduction des risques, perspectives

    Le Centre Régional de Prévention et d'Information sur le Sida (CRIPS) Ile de France organise à la mairie du 10e le lundi 16 juin prochain une réunion intitulée :

     

    Réduction des risques, regards critiques et perspectives.

    La salle de consommation de drogue à moindre risque (SCMR) aurait dû ouvrir ses portes en 2013 mais les aléas juridiques (avis du Conseil d'Etat) ont empêché le projet de se concrétiser. Faire le point, écouter les acteurs, dialoguer, voilà le but de cette journée d'information.

    L'association Action Barbès a été sollicitée pour intervenir lors de cette réunion. Nous y expliquerons notre soutien au projet et détaillerons les conditions dans lesquelles il nous parait indispensable que le projet voit le jour au 39, boulevard de La Chapelle.

    Voici un lien avec le programme de la journée.

    Nous ajoutons ici une courte vidéo d'une interview de la ministre de la Justice dont l'approche de la question nous parait très constructive.

     


    Christiane Taubira défend la salle de shoot à... par leparisien

  • Salle de conso : l'INSERM à l'enquête !

    L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) est l’équivalent du plus connu et non moins prestigieux Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), deux entités parmi d’autres qui font l’excellence française dans leurs domaines respectifs.


    La Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues Et les Conduites Addictives (MILDECA) a confié à l’INSERM le soin de mener une enquête afin d’étudier l’acceptabilité sociale des projets de salles de consommation à moindre risque (SCMR) prévues dans son programme 2014-2020. Notons que confier ce type de travail à l’INSERM est non seulement un gage de qualité mais aussi un gage d’indépendance vis à vis de la MILDECA et du ministère de la Santé.


    Cette enquête sociologique sera menée à Paris par une équipe du Cermes3 (Centre de Recherche sur la médecine, sciences, santé, santé mentale, société) dédiée dirigée par Marie Jauffret Roustide, sociologue, qui a déjà beaucoup travaillé sur le sujet de la réduction des risques liés à l’usage de drogues et aussi beaucoup publié sur ce sujet. A Paris, le travail de l’INSERM consiste à réaliser un état des lieux avant le lancement du projet du 39 boulevard de La Chapelle, puis d’en faire le suivi pendant plusieurs mois afin de voir comment les choses se passent. L’INSERM va interroger tous les acteurs impliqués dans le projet de SCMR et ils sont fort nombreux, y compris bien entendu les habitants puisqu’il s’agit d’étudier l’acceptabilité sociale d’une telle structure au sein du quartier.

    Qu’entend-on par acceptabilité sociale d’une SCMR ?

    Un tel établissement n’est pas déconnecté de son environnement proche qui, à l’évidence, inter-agit sur celui-ci. Considérant les réticences, voire les peurs, liées à la drogue (trafics et violences associées par exemple), il est impératif d’écouter les riverains. Pour que les choses se passent dans de bonnes conditions, il est nécessaire d’apporter à ceux-ci des garanties afin qu’ils acceptent l’implantation d’une telle structure dans leur environnement quotidien. Ce sont ces peurs et réticences qui seront étudiées par l’INSERM, mais également ces conditions pour accepter le projet et également la façon dont il sera accepté dans le quartier. Toutes les associations impliquées dans le débat local sur les SCMR seront contactées par l’équipe de recherche, afin de comprendre les différentes positions sur le sujet. Des entretiens seront également réalisés auprès des habitants, des commerçants, des forces de police du quartier. Des observations ethnographiques seront également réalisées dans le quartier pour étudier la présence des usagers et de matériels d’injection dans l’espace public.

    Rencontre avec Action Barbès

    Une première rencontre entre l’INSERM et Action Barbès a eu lieu la semaine dernière. En effet, l’association s’est montrée dès le départ favorable au projet de SCMR et cela n’a pas échappé à l’INSERM qui souhaitait savoir pourquoi l’association a pris une telle position. Il a été rappelé qu’Action Barbès parle uniquement au nom de ses adhérents et ne saurait être considérée comme représentante des habitants du quartier dans leur ensemble. Ces choses là étant éclaircies, les attentes et les craintes ont été exprimées telles que nous les avons déjà plus ou moins publiées sur ce blog.

    Le projet de SCMR au 39 boulevard de La Chapelle attend pour être lancé que le contexte juridique soit fixé. Il semble que le gouvernement changera ce contexte à l’occasion d’une révision de la loi de Santé publique de 2005 qui permettrait de légaliser l’expérimentation SCMR. Mais le contexte politique est-il favorable .... ?

  • Drogues, propreté, réduction des risques

    Deux rendez-vous importants étaient organisés cette semaine dans le Nord du 10e, deux visites de terrain dont l’unique sujet était la propreté et la réduction des risques liés à la consommation de drogues sur la voie publique - scènes en plein air - risques aussi bien pour les riverains que pour les toxicomanes.

    Le premier rendez-vous était lundi 19 mai au matin pour une marche exploratoire permettant de constater une situation qui a, semble-t-il, tendance à se dégrader. Nous vous en faisons un rapport complet tant les informations recueillies sont importantes et vous donneront, mieux que des commentaires, une assez bonne idée de ce qui se passe.

    Visite propreté réduction des risques dans le 10e et le 18e - 19 mai 2014

    Le point de rencontre était devant le parvis de l'église Saint-Vincent de Paul à 9h. Il y avait environ 25 personnes dont des membres de l’association Coordination Toxicomanie qui organisait la marche exploratoire, des membres de l’association GAIA, des membres de la Mission métropolitaine de Prévention des conduites à risques (ex-mission Toxicomanie de la Ville de Paris), des membres de la Direction de la Propreté et de l’Eau (DPE) du 18e, notamment les chefs de zone Goutte d’Or et La Chapelle, et du 9e-10e, des agents du SMASH, des membres de la Direction de la Prévention et de la Protection (DPP), l’association SAFE qui est le gestionnaire des distributeurs automatiques de kits santé pour les toxicomanes et bien sûr des élus des 10e et 18e arrondissements.

    Premier arrêt devant la sanisette de la rue Ambroise Paré. Nous attendait un responsable de la société JCDecaux avec deux agents qui oeuvrent sur place dans le quartier.
    La zone regroupe 14 sanisettes, celle de la rue Ambroise-Paré est au sommet du podium pour le nombre de seringues retrouvées, soit dans la sanisette même, soit dans les réceptacles de la partie technique à l'arrière. C'est après le week end qu'on en retrouve le plus. La moyenne jour s'établit autour de 70 !

    JCDecaux verse une prime à ses agents qui travaillent sur cette zone, ils y restent environ un an, pas plus, et ensuite sont envoyés dans le 15e en général. Ils bénéficient d'une formation ad hoc pour le ramassage des seringues et ont un point de rappel des conduites à tenir tous les 15 jours. Il y a aussi passation des consignes d'un agent à l'autre lors des changements de zone.

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  • Salle de conso : quelques infos

    Communiquer, faire de la pédagogie à propos d'un sujet précis, c'est répéter, inlassablement répéter, non pas que les interlocuteurs (ici les lecteurs) soient stupides, mais entrer dans un sujet peu connu, voire même inconnu quand il s'agit de prévention des risques liés à la consommation de drogues, reste un apprentissage qui demande du temps.

    Revenons un instant sur les termes. "salle de shoot" ou "salle de consommation à moindre risque" ? Il est évident qu'en matière de communication, le premier terme est meilleur. Il décrit en deux mots ce que les opposants au projet souhaitent y voir mais qui n'est en rien la réalité. Personne ne peut douter que le mot "shoot" a ici une consonance péjorative. Le second terme est compliqué, chaque mot y a son importance et il a le mérite de décrire avec précision la nature même du projet. C'est cette expression que nous utilisons toujours avec sa désormais bien connue abréviation SCMR.

    Justement, qu'est-ce qu'une SCMR ? On vous l'a déjà présentée sous plusieurs formes mais nous venons de découvrir un article publié sur le site du Centre Régional d'Information et de Prévention contre le Sida (CRIPS) d'Ile de France qui décrit parfaitement bien le projet. Il s'intitule très sobrement Salle de consommation à moindre risque.

    Ceux qui voudraient approfondir le sujet pourront se référer à la revue SWAPS qui en 19 petites pages fait un point assez complet à propos de la réduction des risques. Il ne faut pas oublier de mentionner ici le grand succès de la politique française en la matière. Lancée dès 1989 et institutionnalisée en 2005 par une loi, la politique de prévention des risques en matière de consommation de drogues est hélas peu connue mais est une vraie réussite.

    Et pour en rassurer quelques uns et pour en faire bisquer d'autres, voici une petite vidéo qui nous montre que fort heureusement il y a des gens favorables au projet, et certainement plus qu'on veut bien nous le dire.

     


    Micro-trottoir : Que pensez-vous des salles de... par telessonne

  • Salle de conso : chez nos amis canadiens

    A Ottawa, la municipalité refuse l'ouverture d'une salle d'injection médicalisée pour les toxicomanes, alors certains manifestent !

    Verrons-nous cela à Paris ?

     

     

    Et puisque nous sommes au Canada, restons-y !

    Le site de l'Institut National de Santé du Québec nous propose une définition toute canadienne de ce qu'ils appellent "la réduction des méfaits". Ce court article intitulé L'approche de la réduction des méfaits nous propose un description assez complète de ce qu'il convient de faire pour réduire ces "méfaits".

    Enfin, ICI Radio Canada à Montréal a annoncé en décembre 2013 l'ouverture de quatre salles d'injection supervisée.

     

  • Salle de conso : quelques infos

    Nous continuons avec détermination la diffusion d'informations à propos du projet de salle de consommation à moindre risque (SCMR) prévu boulevard de La Chapelle. Notre souci n'est pas de faire la promotion d'une telle structure, les médecins et les associations sont bien plus compétents que nous à cet égard. Mais il ne faut pas non plus laisser le débat et la décision aux mains des seuls experts. Installer ou ne pas installer ce type d'établissement doit être une décision politique et donc à ce titre approuvée ou rejetée par les citoyens. Cela doit se faire en parfaite connaissance de cause aussi l'information prend-elle une importance primordiale. Nous vous avons déjà dit cela mais il n'est sans doute pas inutile de le rappeler encore une fois. En cliquant le mot/tag "SCMR" en bas de cet article, vous retrouvez en un clic tous les articles parus sur ce blog à ce sujet.

    paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoLa revue Tout Prévoir est un magazine réservé aux professionnels de la santé. Dans sa livraison de février 2014, elle publie un article assez complet et très pédagogique à propos des projets de SCMR en France. Vous pouvez le télécharger en cliquant sur la photo.

    Deux passages ont retenu notre attention car décrivant très bien les préoccupations d'Action Barbès :

    "Il est évident que les salles de consommation à moindre risque ne peuvent fonctionner que si leur implantation repose sur un consensus entre les autorités politiques et administratives, les acteurs locaux ainsi que les habitants du voisinage. De même, un accord doit pouvoir être trouvé avec la police pour définir une zone de neutralité entourant le site de la salle et permettant aux usagers de se présenter munis de leurs produits."

    "Les sociétés savantes, et le public, ont exprimé des réserves ou des mises en garde lors de réunions publiques ou d'enquêtes journalistiques. Elles reproduisent pour une part les arguments discutés lors de la mise en place des premières mesures de réduction des risques (création des CAARUD et des Centres d'Accueil et de soins ou CSAPA, vente libre des seringues, traitements de substitution par la méthadone ou le Subutex) L'expérience acquise au niveau européen a montré que ces débats se positivent en même temps qu'une information rassure les citoyens et que l'efficacité des salles devient reconnue. De fait, la diminution des contaminations par le VIH est remarquable, de même que l'amélioration de l'insertion sociale des usagers et la réduction de la fréquence des surdoses."
     
    Pour pondérer un peu ce qui est dit dans ce dernier passage, il nous semble que l'argument consistant à dire qu'une approbation de l'implantation d'une telle structure, à commencer par celle du voisinage le plus proche, viendra a posteriori lorsque l'établissement aura démontré son efficacité après son ouverture, n'est pas approprié. Un passage en force ne peut que créer des troubles tout à fait nuisibles au bon déroulement des opérations, à commencer par le refus des toxicomanes d'aller dans la salle par crainte d'un environnement hostile.
  • SCMR : éloignons nous de la politique politicienne

    Le projet de salle de consommation de drogues à moindres risques (SCMR) a plus fait l'objet de mauvaises invectives que de vrais débats au cours de la campagne électorale pour les municipales. Il est dommage qu'un tel sujet de société ne puisse pas se traiter dans un cadre plus apaisé, sans les arrière-pensées et les comportements idéologiques voire dogmatiques qui n'éclairent en rien les choses.

    Le sujet, quel est-il ? La consommation de drogues, notamment par voie injectable, induit un certain nombre de risques. Ces risques sont de deux natures. D'abord pour les personnes vivant à proximité des lieux de consommation de drogues. Il n'est pas utile ici de rappeler tous les problèmes de salles de shoot en plein air et des trafics associés, de seringues usagées trouvées dans la rue, problèmes auxquels les habitants des quartiers Lariboisière, Maubeuge, La Chapelle, Marx-Dormoy, Marcadet et Goutte d'Or sont confrontés. Il n'est pas utile non plus de rappeler les risques encourus par les toxicomanes eux-mêmes lors de la consommation de drogues. Nous avons déjà longuement traité ces questions sur ce blog.

    Partisans et opposants au projet de SCMR s'accordent au moins sur deux points. La question de ce qu'on peut appeler la "tranquillité" des quartiers doit être réglée d'une part, les toxicomanes doivent faire l'objet d'une attention particulière d'autre part. Partisans et opposants divergent sur les moyens.

    Aucune société humaine, jamais, n'a connu d'existence sans présence de drogues. On peut ou non le regretter mais c'est ainsi. Notre société n'y échappe pas et n'a aucune chance de régler cette question. Ce point-là doit être compris comme une donnée de base incontournable.

    Les combats menés contre les drogues et ses trafics, à l'instigation des Etats-Unis d'abord puis de l'ONU à partir des années 1960, n'ont donné que des résultats très partiels qui n'ont en rien empêché le développement de la consommation de drogues, la multiplication de l'offre en la matière et des trafics qui sont désormais à l'échelle mondiale et dont certains rapports disent qu'ils sont équivalents à l'économie du pétrole aujourd'hui. Voilà une deuxième donnée incontournable.

    C'est dans ce contexte général que nous devons aborder le projet de SCMR du 39 boulevard de La Chapelle. Il est, parmi de nombreux autres, un moyen d'aborder la toxicomanie et ses risques, une nouvelle approche qui n'est pas faite de l'unique couple interdiction/répression que nous avons connu jusqu'à maintenant et qui n'a donné que de mauvais résultats. Le sujet n'est pas de savoir si on accepte ou refuse la drogue, le sujet est de savoir si nous pouvons considérer cette drogue et les risques associés autrement que par des tabous moraux qui obscurcissent notre raisonnement.

    La démarche n'est pas facile. Il faut pour le citoyen se faire une opinion, c'est-à-dire s'informer sans pour autant tomber dans la seule gouvernance des experts, qui certes ont leur mot à dire mais qui ne peuvent pas être les seuls à faire bouger les marques de notre société, tel est en tout cas le fonctionnement de notre démocratie.

    Notre société numérique nous donne une chance extraordinaire de partager les informations via internet. Il faut donc l'utiliser pour approfondir le sujet. Action Barbès modestement s'y essaie et nous mettons en ligne une nouvelle rubrique dans la colonne de droite de ce blog avec de nombreux liens qui aident à la compréhension de cette question. Cette rubrique est intitulée "SCMR Info". Nous avons aussi l'intention de programmer des débats contradictoires sur le sujet, si possible dépassionnés, afin d'aider chacun à regarder ce projet de SCMR avec le recul nécessaire. Nous vous en reparlerons sous peu, nous ne voulons pas traiter le sujet dans la précipitation.

  • Drogues et Zone de Sécurité Prioritaire (ZSP)

    Nous avons reçu plusieurs demandes de nous intéresser, de façon globale, à une zone que nous  fréquentons très peu, au moins pour ce qui concerne le bureau de notre association, et qui sans nous rebuter, n'est pas dans nos priorités. La demande s'étant renouvelée, nous prêtons désormais attention aux informations qui en émanent ou qui la concernent, tel cet article lu dans le Parisien lundi 17 mars.

    On y apprend deux choses ce lundi-là :

    - Le préfet de police, Bernard Boucaut, accepte la demande du maire du 18e d'étendre l'action de la ZSP aux stations de métro du quartier y compris quand elles ne sont pas directement dans le périmètre défini à l'origine. Sont concernées par cette décision les stations Marcadet-Poissonniers, Jules-Joffrin, Château-Rouge, Barbès-Rochechouart, Simplon et Lamarck-Caulaincourt (des stations des lignes 4 et 12)

    - la RATP prend la mesure du problème et s'adjoint l'aide d'une association spécialisée dans l'approche de la toxicomanie, à savoir Coordination Toxicomanies (CT). Elle crée une brigade formée par CT et composée d'agents volontaires, qui se rapprocheront des toxicomanes présents dans le métro, notamment sur les quais des stations pré-citées, et les orienteront vers des structures aptes à traiter leurs addictions.

    On ne peut que se réjouir que la demande de Daniel Vaillant ait abouti à cette opération.....

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  • Ciné-Débat : L’Histoire de la Réduction des Risques

    Comprendre l'utilité de l'installation d'une salle de consommation de drogues à moindres risques (SCMR) au 39, boulevard de La Chapelle n'est pas chose évidente. Aussi s'informer est nécessaire.


    La Petite Boutique des Horreurs du Comptoir Général et l’Association Française pour la Réduction des Risques liés aux usages de drogues nous proposent, après la projection du documentaire « La réduction des risques en France – Partie 1 l’Histoire » de débattre avec des représentants des usagers de drogues, des médecins et des acteurs de la société civile, qui se sont battu pour imposer la politique de « Réduction des Risques » liés aux usages des drogues. Ce sera demain:

     

    Lundi 24 Mars à 18h30

    au Comptoir Général - 80, quai de Jemmapes à Paris Xe

     

    Dans les années 80 une guerre victorieuse a été menée dans l’indifférence générale. Cette guerre c’est celle menée par la politique de réduction des risques contre le virus du sida qui décimait une catégorie de population très stigmatisée : les injecteurs d’héroïne.

    Aujourd’hui cette histoire appartient au passé au point que l’on oublie la virulence des débats qui opposaient partisans et adversaires de la méthadone et du subutex. Une histoire qui est aussi celle d’une société tétanisée par les mots de toxicomanie, d’homosexualité et d’immigration et là on est toujours dans l’actualité. Si la substitution ou la fourniture de seringues stériles appartiennent aujourd’hui à la panoplie classique de l’intervention en addictologie, il n’en est pas de même des salles de consommation à moindres risques et les débats récents qui ont accompagné la loi Taubira sur le Mariage pour Tous, montrent que l’épidémie de sida a découvert des plaies toujours à vif dans la société française.

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    Teaser - La RdR en France - Tome 1 Histoire par AFRdR