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scmr - Page 9

  • Drogues et prohibition

    L'article publié dans Le Parisien d'hier nous annonçant l'ouverture de la Salle de Consommation à Moindre Risque (SCMR) pour novembre prochain ne dit pas grand-chose sur sa future installation prévue depuis des mois le long des voies de la gare du Nord en contrebas du boulevard de la Chapelle. Contrairement au Parisien, nous continuons à nommer ce local une "salle de conso" (cf. notre article du 23 juillet dernier) et non une "salle de shoot", qui en soi révèle le regard négatif qu'on porte sur cette expérience. Plus, nous continuons à informer. En témoigne la vidéo découverte sur la toile tout récemment.

    Cela nous vient du Canada ! Et c'est une interview qui remet les choses à leur place. Line Beauchesne est professeure titulaire au Département de criminologie de l'Université d'Ottawa. Elle étudie la prohibition depuis 20 ans. De cette politique des drogues, elle dresse trois constats : l'inutilité, la nuisance et le gaspillage. Inutile, d'abord, parce qu'interdire n'élimine aucunement l'accessibilité des produits illicites. Nuisible, ensuite, parce que la prohibition oblige l'argent à suivre la voie des marchés noirs ce qui renforce le pouvoir des mafias dont les réseaux sont maintenant mondialisés. Gaspillage, enfin, parce que 95 % des ressources publiques investies vont à la répression plutôt qu'au traitement et à la prévention. L'échec est donc total : éliminer la drogue est une utopie et les moyens mis de l'avant ne font qu'empirer la situation.

    "Ce qu'il faut comprendre, c'est que la prohibition des drogues n'a rien à voir avec des questions de santé publique". Le ton est donné et les explications argumentées suivent. La vidéo dure 53 minutes. Oui, c'est long. Mais ce n'est pas trop pour y voir clair en pensant au projet de la SCMR.

    Non, l'interdiction et la répression n'ont pas réglé le problème de la consommation de drogues. Ayons le courage de regarder cette question bien en face, abordons la d'une manière intelligente et pas en fonction de principes qui ne font qu'aggraver les choses.

     

    Le livre :

    Les drogues : les coûts cachés de la prohibition

    Par Line Beauchesne

  • Pas de pause estivale pour la Prévention et la Réduction des Risques !

    Dans la série de nos Cartes Postales de cet été 2013, en voici une nouvelle envoyée depuis les plages de la Gironde et axée "Santé et Prévention" !

    Le long week-end du 15 août est passé, mais les plages du sud-ouest sont en effet encore bien chargées.

    vacances,santé,prévention,réduction-risques,aides,vihSur l'un des parkings de ces plages, nous avons rencontré une équipe d'AIDES, première association en France luttant contre le VIH, le Sida et les hépatites virales, et fondée en 1984. 

    L'équipe locale, composée de 2 salariés et de 3 volontaires, était venue de l'antenne AIDES de Bordeaux, à la rencontre des vacanciers sur plusieurs sites de la région. A leur programme pendant cette semaine : 3 jours sur le site des plages du village du Porge, avec nuitées au camping, pour assurer une présence quasi continue en journée.


    AIDES, un acteur incontournable de la Réduction des Risques

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    Nous avons remarqué cette équipe d'AIDES Gironde tout d'abord par sa camionnette, installée sur le parking des plages, arborant le logo de l'association , avec la porte grande ouverte aux passants.

    Ce véhicule nous a donc fait penser à celui de l'association Gaïa Paris que nous avons l'habitude de voir stationner dans nos quartiers, dans le cadre de ses maraudes pour la prévention des risques liés à la toxicomanie, comme sur la photo ci-dessous prise un soir de juillet dernier devant la Gare de l'Est.

    vacances,santé,prévention,réduction-risques,aides,vihSur notre blog, nous avons déjà longuement parlé de Gaïa Paris, association fondée et soutenue par Médecins du Monde, qui gèrera la prochaine Salle de Consommation à Moindre Risque ("SCMR") dans le 10e. Nous y avons aussi largement exposé les raisons pour lesquelles nous soutenons l'ouverture d'une SCMR; elle nous paraît être la suite logique des politiques de réduction des risques mises en oeuvre en matière de toxicomanie. Il faut rappeler que ces programmes ont été initialement développés pour limiter la transmission des infections (VIH, hépatites VHC) chez les usagers-injecteurs de drogues, quand le Sida est apparu et a entraîné une très forte mortalité parmi eux.

    Contribuant à la politique de santé publique, les actions de terrain d'AIDES et de Gaïa Paris ont donc le même objectif. Dès lors, nous avons souhaité vous faire découvrir cette présence d'AIDES, dans un cadre local de prévention et réduction des risques, sur des lieux de vacances ou festifs — ici ce sont les plages, comme en Aquitaine, mais aussi dans des festivals et des lieux de rencontre — ou également de façon pérenne en milieu urbain dans les commerces fréquentés par les migrants, les quartiers/rues où sont localisés des usagers de drogue, les établissements pénitentiaires, etc.

    Les actions d'AIDES ciblent différentes populations, vulnérables (exposées au VIH et aux hépatites, telles les personnes homosexuelles, les femmes, les immigrants et étrangers, les consommateurs de produits psycho-actifs, les détenus) et le grand public.

    Ses missions sociales ne se limitent pas à la prévention, mais comprennent aussi des programmes d'accompagnement et de soutien (insertion sociale et amélioration des conditions de vie), des actions auprès des pouvoirs publics et des autorités de santé (via son plaidoyer pour la défense des malades et l'accès aux soins, etc.), et même un pôle de recherche, d'innovation et d'expérimentation. L'association AIDES met également son expérience, acquise sur le terrain en France depuis près de 30 ans, au service d'associations en Afrique.

    Nous ne pouvions donc pas rester indifférents à l'action d'AIDES, car cette association est fortement impliquée dans toutes les problématiques liées à la réduction des risques en matière de toxicomanie, sur les thématiques que nous avons plusieurs fois évoquées dans nos précédents articles. (voir nos articles sur le sujet)

    Par exemple, AIDES gère un certain nombre de Centres d'Accueil et d'Accompagnement à Réduction des Risques pour Usagers de Drogues ("CAARUD" qui sont des établissements médico-sociaux établis par le décret n°2005-1606 du 19 décembre 2005 et détaillés par la circulaire DGS n°2006-01 du 2 janvier 2006). A ce titre, AIDES a ouvert 2 CAARUD à Paris, dont un nouvel établissement au début de cette année dans le 2e arrondissement.


    AIDES ouvre un nouveau CAARUD à Paris - 2 par AIDES-association


    Par ailleurs, le 4 février dernier, AIDES a été co-signataire, aux côtés des autres acteurs du Réseau Français de Réduction des Risques (créé à l'initiative de Pierre Chappard en 2011), de Médecins du Monde et d'autres associations, d'un Communiqué de Presse demandant au Premier Ministre Jean-Marc Ayrault de tenir la promesse d'ouverture de Salles de Consommation à Moindre Risque expérimentales en France... Et, depuis lors, les choses avancent avec l'ouverture programmée de la première SCMR à l'automne prochain.     


    L'exemple concret d'action de proximité en matière de prévention sur les plages 

    Retour sur le littoral Aquitain, et sur cette action estivale spécifique qui a retenu notre attention... L'équipe d'AIDES s'est donc déployée à plusieurs endroits sur le vaste site de la plage.

    Sur le parking, la camionnette aux couleurs de l'association offre la possibilité d'un dépistage du VIH, rapide, anonyme et gratuit, au bout du doigt ("TROD" ou Test de dépistage Rapide à Orientation Diagnostique du VIH au bout du doigt, fiable à 3 mois après une exposition au risque, avec un résultat en moins de 30 minutes, que les militants d'AIDES peuvent officiellement pratiquer depuis l'arrêté du 9 novembre 2010).


    vacances,santé,prévention,réduction-risques,aides,vihUn peu plus loin, à l'entrée du chemin d'accès aux plages, une tente-pavillon est disposée et un militant est disponible, devant une table où sont présentés différentes documentations, des livrets d'information voire  du matériel de prévention. 

    L'objectif est d'établir un contact avec les passants et différents types de public potentiel, puis échanger, informer, orienter (comme proposer un dépistage etc.) avec une approche toujours basée sur la confiance et la confidentialité, sans jugement, sans discours moralisateur, et dans le respect de l'identité de chacun, et ce, pour présenter toutes les possibilités permettant de réduire les risques et de protéger sa santé. 


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    Sur la plage également, deux ou trois militants sont bien visibles avec leur présence affichée par deux drapeaux plantés dans le sable et où figure le logo d'AIDES. Mais les militants présents ne restent pas statiques sur leurs serviettes, ils s'activent et vont au devant des estivants. 

    Le but est toujours de dialoguer avec ceux qui ne fréquentent pas les locaux associatifs ou communautaires, ceux qui ne se pensent pas être dans la cible de l'association ou ceux qui pensent se protéger suffisamment pour ne pas se considérer comme faisant partie des populations classiquement vulnérables.

    Et pour cela, les militants d'AIDES disposent de guides d'entretien individuel, qui leur permettent de "briser la glace" avec leurs interlocuteurs et d'amorcer un échange convivial sur des sujets variés et au choix de la personne interrogée (comme le principe des autotests de dépistage bientôt disponibles en France, ou des questions plus médicales telles la charge virale, des sujets sociétaux tels les discriminations, ou plus intimes, etc.). 

    Pour compléter le panel des possibilités d'échanges avec les vacanciers, les militants organisent à la sortie des plages un apéro-discussion en petit groupe entre 19h et 20h30 pour clore leur journée d'action sur la plage. Ces entretiens individuels et ces moments de prise de parole collective des estivants, avec une écoute de la part des militants, sont importants pour l'association AIDES : ils lui permettent de construire ces savoirs et ces savoir-faire, qui sont diffusés ensuite dans un objectif de partage d'expérience et d'information.

    Et comme l'association AIDES est marquée par un engagement très fort de plusieurs centaines de militants qui constituent son capital humain, nous nous devions de vous présenter les 5 militants qui nous ont fait découvrir leurs actions de prévention menées sur cette plage de la Gironde :

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    Sur la photo, de gauche à droite : Morgane, Anthony, Jean-Claude, Mathilde et Raphaël.

    L'engagement des militants sur le terrain est indispensable aux diverses actions menées par AIDES. A l'instar de la diversité des profils qui fait la réputation de l'association au niveau national, notre petite équipe d'Aides Gironde était constituée de 2 permanents (salariés) et 3 volontaires (bénévoles), avec des anciennetés d'engagement associatif variant entre 12 ans et quelques mois, et des modes de vie différents. A noter qu'avec cette variété de profils issus d'horizons divers, la formation (théorique et pratique) permet une transmission des connaissances parmi les militants pour assurer l'efficacité des missions et leur permettre de mieux s'impliquer.

    Un bel exemple d'engagement, au coeur de l'été, sur des questions qui ne nous ont pas laissés indifférents, et qui nous ont conduits à nous engager en faveur de l'ouverture de la Salle de Consommation à Moindre Risque dans nos quartiers (voir nos articles sur cette SCMR).  

  • Salle de Consommation : rencontres avec Rémi Féraud et Gaïa

    L'été est bien entamé mais nous continuons à nous informer sur le projet de salle de consommation à moindre risque (SCMR). Nous avions posté un article à propos de la manifestation du 6 juillet organisée par des riverains opposés au projet. 

     

    paris,10e,salle-de-conso,scmr,drogues,toxicomanie,rémi-féraudDepuis, le Maire du 10e, Rémi Féraud, a souhaité rencontrer Action Barbès au même titre qu'il a rencontré toutes les autres associations du quartier. C'était mardi 16 juillet dernier.

      

    Gaïa Paris.jpg

    Dans la même semaine, nous avons également rencontré l’association Gaïa Paris qui gèrera cette SCMR sur la base du cahier des charges en cours de finalisation par la Direction Générale de la Santé (DGS) et qui sera approuvé par la Haute Autorité de Santé (HAS).

     

    Le choix de l’implantation du n°39 boulevard de la Chapelle : 

    Initialement, il y avait deux possibilités envisagées pour l’emplacement.  

    • La 1ère concernait le site de l'hôpital Lariboisière avec une entrée indépendante au niveau des bâtiments des services techniques : le bâtiment existant déjà, cette solution aurait eu l’avantage de ne pas nécessiter de permis de construire. Mais cette solution n’a pas pu être retenue, car il aurait fallu réorganiser les services concernés, leur trouver une nouvelle localisation dans l’hôpital, et également isoler cette partie de l’hôpital du reste du site hospitalier, ce qui n’était techniquement pas réalisable.
    • La seconde reposait sur l’utilisation d’une emprise de la SNCF. Son président, Guillaume Pepy, a été saisi par Jean-Marc Ayrault sur cette question, et selon Rémi Féraud, la SNCF a vraiment « joué le jeu » en faisant des propositions cohérentes de lieux.
      • La 1ère proposition de la SNCF était une emprise rue de Maubeuge. Là aussi, solution retoquée : locaux très exigus, pas d’espace extérieur, alors que dans ce genre d’établissement médico-social, l'espace extérieur attenant permet de mieux gérer au mieux la frontière « dehors – dedans ». L’accès à l’espace proposé n’était pas suffisamment dégagé, avec une visibilité entravée sur la SCMR. Par ailleurs, les délais liés aux travaux auraient trop décalé sa date d’ouverture.
      • Le choix s’est donc porté sur la 2e proposition de la SNCF : un espace situé au n°39 boulevard de la Chapelle, avec un avis très consensuel sur l’emplacement retenu, partagé par l’association Gaïa Paris et la Police. L’emprise en question posait le moins de difficultés à la SNCF. Le terrain possède suffisamment d’espace extérieur pour gérer le « dehors – dedans » et éviter les tensions. La présence d’une grille, qui sera modifiée afin de permettre un accès séparé, assure également une vue dégagée sur les bâtiments, nécessaire à la Police.

    Le calendrier pour le début de la gestion de la SCMR par Gaïa Paris : 

    Le 8 juillet dernier, le Conseil de Paris a adopté le principe d’installation de la SCMR au 39 boulevard de la Chapelle et a autorisé le Maire de Paris à déposer la demande de permis de construire des futurs bâtiments. Son dépôt et son instruction devrait avoir lieu au cours de l’été. En outre, il peut s’écouler plusieurs mois avant que le recours des tiers ne soit totalement purgé.

     

    La SCMR étant un établissement médico-social, les bâtiments devront être validés par l’Agence Régionale de Santé (ARS).

     

    Dès la fin octobre ou le début novembre, l’association Gaïa Paris démarrera donc la gestion de la SCMR en utilisant les préfabriqués existants, soit une surface d’environ 70 m². Ce sera en quelque sorte la 1ère phase du projet, a minima, avec une montée en puissance après la construction du 2e bâtiment préfabriqué, permettant d’arriver à la taille nécessaire, estimée à 250 m² de surface intérieure. En rythme de croisière, sur cette surface, la SCMR comportera une salle d’accueil, une salle de consommation à moindre risque et une salle de repos / convivialité. Lors de cette 1ère étape, avant la construction des préfabriqués qui permettront la montée en charge, le repos s’effectuera dans la salle de consommation. Dès le début, le personnel de la SCMR sera au complet, soit 17 ETP (emploi temps plein) : en permanence 7 personnes (agents éducateurs, personnel infirmier et agent de sécurité) ; ce dispositif humain sera complété par la présence régulière (3 fois 4 h) d’un médecin, d’un assistant social et d'un médecin psychiatre. La présence de la courette, i.e. le parking avant l’accès aux bâtiments, est vraiment perçue par l’association Gaïa comme un point positif : elle permettra au personnel de la SCMR d’établir le contact avec les usagers, d’échanger avant l’arrivée dans la salle d’accueil. Les interrogations demeurent sur la durée requise pour l’obtention du permis de construire afin de compléter les bâtiments existants. 

     

    L’association Gaïa Paris estime le nombre d’usagers de drogues dans le nord-est parisien à 3000 dont 40 % sont à la rue. Toutefois, ces usagers se déplacent très peu entre le lieu où ils achètent leur dose et le lieu où il la consomme. La SCMR devrait pouvoir accueillir à terme 200 usagers. Elle ouvrira 7 jours sur 7, avec des horaires qui seront fixés entre 12-13h et 20h, et ajustés en liaison avec le Comité de Suivi qui sera mis en place.  

    Dès le début du projet, dans la phase de gestion a minima, le dispositif devra satisfaire aux normes sanitaires et de sécurité pour pouvoir ouvrir aux usagers. Dans la mesure où, dans un premier temps, la SCMR n’aura pas atteint sa capacité d’accueil maximale, le personnel exercera un effort supplémentaire sur l’accueil et les maraudes à l’extérieur du site dans les quartiers immédiats et limitrophes, d’où la nécessité de démarrer avec un effectif au complet.   

    Des rumeurs alimentent les conversations et sont diffusées dans certains articles de presse. Qu’en est-il vraiment ?

     

    « L’expérimentation serait faite au rabais » : FAUX

     

    La Ville de Paris prendra en charge le budget d’investissement pour la construction des locaux et la mise en place du dispositif. Le budget prévisionnel de fonctionnement, de l’ordre de 800 000 € par an sera pris en charge par l’Etat. Cette expérimentation de la SCMR ne traduit donc pas d’un désengagement de l’Etat. 

     

    Cette somme non négligeable doit permettre d’assurer un travail de qualité, à l’intérieur mais aussi à l’extérieur avec les maraudes pour gérer le « dehors ». Ce projet permettra de réduire les coûts financiers et sociaux des risques liés aux contaminations (hépatite C, VIH) et aux overdoses, que l’assurance-maladie doit déjà prendre en charge et dans des proportions plus importantes que le budget estimé du projet. 

     

    Car, comme le montrent les enquêtes récemment publiées au Canada, corroborées par l’étude de l’Inserm, la SCMR réduit les cas d'overdose. Certes, des opposants au projet ont trouvé des avis contraires et estiment que la surveillance médicale exercée dans la salle empêche l'overdose d'aller à son terme, expliquant ainsi la diminution de leur nombre. Et c'est aussi cela que l'on cherche dans l’installation de la SCMR.  

     

    La SCMR devrait faciliter les démarches de sevrage des usagers, en les re-socialisant, puis en les accompagnant vers des politiques de soins et les services d’addictologie hospitaliers. La mise en place de la SCMR réduira sur le long terme le coût financier lié aux conséquences sanitaires désastreuses de l’usage des drogues.

     

    Cette expérimentation se fera sur une durée de 3 ans, ce qui permettra la mise en place d’un suivi et son évaluation approfondie. 

      

    « La mise en place de la SCMR contribue ainsi à créer une zone de non-droit à proximité » : FAUX

      

    D’une part, le décret n°2005-1606 du 19.12.2005 relatif aux missions des Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues (« CAARUD ») sera modifié via le Conseil d’Etat afin de permettre cette expérimentation de la SCMR.

     

    D’autre part, une circulaire de politique pénale définira les règles et les modalités d’intervention de la Police à proximité de la salle, afin que les fonctionnaires de police puissent adapter leur comportement ; très concrètement, il sera ainsi toléré dans un certain périmètre que l'usager possède sur lui une petite quantité de produits (la « dose » destinée à sa propre consommation, et non pas à la revente) sans qu’il puisse être poursuivi pénalement. Cette quantité sera déterminée précisément afin de distinguer l’usager du trafiquant (ou le « dealer »). Généralement, la loi française interdit et pénalise la consommation de drogues, sanctionné d’une peine pouvant aller jusqu’à 1 an de prison et 3 750 € d’amende pour l’usager simple, et jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 € d’amende pour l’usager revendeur.

     

    « La SCMR aggravera l’insécurité » : FAUX 

     

    La Préfecture de Police annoncera prochainement le dispositif spécifique qui sera mis en place pour le quartier. A l’instar des Brigades Spécialisées de Terrain (« BST ») mises en place pour des interventions de proximité dans les quartiers sensibles, l’unité dédiée au quartier comprendra une vingtaine de policiers de terrain, qui couvrira le secteur situé  entre le carrefour Barbès, les rues autour de l’Hôpital Lariboisière, la Gare du Nord, et également la proximité immédiate côté 18e dans sa partie non couverte par les unités affectées à la Zone de Sécurité Prioritaire (« ZSP ») Barbès-Château-rouge. L’objectif est d’éviter ce que Rémi Féraud appelle l’effet « Trous de Gruyère », précisément ces zones de non-droit qui ne seraient pas contrôlées par des unités de police trop sectorialisées.

    En outre, les expériences existantes montrent que la zone de circulation des usagers de drogue fréquentant une salle de conso reste limitée à un rayon de 1,5 km autour de la salle. Nous sommes donc loin des scenarii de toxicomanes arrivant de toute l'Europe par la Gare du Nord, comme on avait pu l'entendre dans une des réunions à la mairie du 10e.  

    Plus généralement, comme l’a souligné le Maire du 10e, il n’y a pas de différence de nature entre la SCMR et les distributeurs de seringues stériles (dont se vante d’ailleurs Philippe Goujon, député-maire UMP du 15e arrondissement). L’approche du problème est seulement différente avec la SCMR : c’est une voie médiane pour renouer le dialogue avec les usagers de drogues. Selon lui, « ce projet n’est pas accepté par les personnes qui veulent qu’une porte soit ouverte ou fermée », et qui n'acceptent que la dichotomie « soit c’est autorisée, soit c’est interdit ».  


    Finalement, ce serait bien mépriser nos quartiers que d’y installer des automates de seringues, constater qu’ils fonctionnent à grande échelle, et ne pas aller au-delà en se satisfaisant de la situation très dégradée de ces quartiers, d'une part, et des mauvaises conditions de vie et de santé des usagers de drogues, d'autre part. La SCMR a donc pour but de tenter de sortir de ce statu quo inacceptable.     

     

    « La SCMR dévalorisera le quartier dans lequel elle est installée » : FAUX

     

    Le Maire du 10e travaillera conjointement avec les élus du 18e : Daniel Vaillant et Myriam El Khomri, afin d’améliorer le cadre de vie du boulevard et de la place de la Chapelle, notamment sur les aspects propreté et sécurité. Il compte également valoriser le Théâtre des Bouffes du Nord, bâtiment phare du quartier. Ses responsables n'ont d'ailleurs pas manifesté d'hostilité à l'égard du projet et sont résolument dans le dialogue. A cet égard, le contact est désormais établi entre les Bouffes du Nord et l’association Gaïa Paris.

     

    Rémi Féraud souligne qu’un premier pas a été fait en direction de la valorisation du quartier : l’évacuation des campements sous le viaduc, le déplacement de la distribution de la « soupe populaire » à la caserne Château-Landon, où les personnes peuvent désormais attendre et dîner à l'abri.

    " En outre, la SCMR devrait permettre de mettre fin à l’existence de la véritable « salle de shoot », celle qui se situait déjà dans les toilettes publiques du boulevard de la Chapelle et rue Ambroise Paré, si l’on considère les seringues qu’on pouvait y trouver. Je ne veux pas qu'on me reproche qu'un enfant s'est piqué avec une seringue abandonnée parce que j'aurais laissé les usagers de drogues dans la rue " a-t-il ajouté.

     

     

    « La SCMR a en fait pour but de cacher les toxicomanes et non de les soigner. Pour les soigner, elle devrait être implantée dans l’enceinte de l’hôpital » : FAUX

     

    La problématique est plus complexe que cette première affirmation, relativement trop simpliste pour refléter la réalité. La SCMR permet aux usagers de drogues d’être moins stressés pour  la prise de leur dose. Moins de stress conduit à des comportements moins agressifs. Plutôt que « cacher », la SCMR offre à l'usager de drogues un lieu serein où on peut lui rappeler les règles du « dehors », i.e. les règles de la société. La drogue reste interdite, les seringues doivent être déposées dans des lieux sécurisés et non plus abandonnées dans l'espace public. On offre ainsi un cadre pour un échange pacifié avec l’usager de drogues, afin de le faire progresser vers un éventuel sevrage s'il se sent prêt, ou, tout au moins, vers une pratique moins risquée pour lui et son entourage, en le convaincant de ne pas contaminer ses semblables par un manque de précautions. C'est l’objectif de la politique de réduction des risques dans la SCMR.  

     

    En matière de soins, des centres d’addictologie existent déjà dans des services spécialisés, comme à l’hôpital Fernand-Widal. Ils répondent à des démarches de sevrage, de désintoxication, aurait-on encore dit il n'y a pas très longtemps. Dans le cas de la SCMR, elle s'adresse à des personnes très précarisées, malmenées par la vie, malmenées par les drogues, sans doute pas encore capables d'envisager l'avenir sans drogue, mais peut-être pas pour toujours. Ces personnes ne souhaitent pas encore s’inscrire volontairement dans des démarches de sevrage. L’objectif du personnel travaillant au sein de la SCMR est de commencer à parler, échanger, créer un lien même s’il reste fragile, pour aborder la sortie de la drogue. Ici, le parallèle avec l'alcool s’impose. L'alcool n'est pas interdit et pourtant l'ivresse extrême plonge dans le coma, des personnes en meurent par centaines tous les ans via diverses pathologies. Le médecin va soigner le cancer du foie, réanimer un sujet tombé dans un coma éthylique mais c'est un médecin psychiatre qui traitera l'addiction, éventuellement… si le patient fait la démarche de le consulter. Pour l’usager de drogues, c'est le même schéma. Les médecins soignent les personnes soucieuses de leur santé, "réparent" les accidentés, colmatent les blessures... mais ne peuvent en aucun cas accompagner une pratique nuisible à l'individu. 

     

    On comprend aisément que le travail du personnel de la SCMR ne peut s'inscrire dans le cadre d'un hôpital: les usagers de drogues réfutent l'idée qu’ils puissent relever de la médecine, au moins dans un premier temps.

    La SCMR est un compromis dans l'attente d'une évolution de l’usager de drogues vers la prise de conscience, qui n’est peut-être pas possible, ou pas encore possible. A terme, cette politique de réduction des risques doit encourager l'accès aux soins, mais si la SCMR avait dès le départ une étiquette médicale, elle manquerait son objectif initial. 

    A cet égard, le Maire du 10e rappelle d’ailleurs les propos du Professeur Frank Bellivier, responsable du service de médecine addictologique de l’hôpital Fernand-Widal : « On ne peut soigner les malades que s’ils sont vivants »… Et naturellement, l’hôpital Fernand-Widal sera un partenaire privilégié pour les démarches de sevrage que certains usagers de drogues pourraient souhaiter entreprendre.  

     

    « La SCMR distribuera de la drogue, encouragera la consommation des drogues injectables » : FAUX

     

    La SCMR sera réservée aux consommateurs injecteurs, qui viendront avec leur « dose » de consommation, et ne ciblera donc pas les usagers de cannabis (le « shit ») ou de « crack ». Son objectif est de lutter contre les hépatites virales (C essentiellement, et dans une plus grande proportion que le VIH), éviter les contaminations et veiller à l’état sanitaire des usagers de drogues. Les expériences à l'étranger démontrent que les SCMR n’encouragent pas la consommation de drogue. Or, en France, un des pays où la politique de lutte contre les drogues est la plus répressive, avec pénalisation de l’usager simple, la consommation nationale de drogues n'a cessé d'augmenter : la France est très mal classée et se situe dans les pays les plus consommateurs de stupéfiants.

     

     

    Et la suite : Comité de Suivi et évaluation de l’expérimentation SCMR….

     

    Préalablement à la mise en place d’un Comité de Suivi, le Maire du 10e réunira les riverains et les différentes associations afin de faire un point sur le projet à la rentrée, son avancement et les différentes annonces qui auront été faites (Préfecture de Police etc.).

     

    Le Comité de Suivi se tiendra une fois par mois, du moins au démarrage de l'expérimentation et comprendra des représentants de Gaïa Paris, la Préfecture de Police, la SNCF, la mairie du 10e, les riverains du 37-39 boulevard de la Chapelle, Les Bouffes du Nord, les deux Conseils de Quartier (Lariboisière – Saint-Vincent-de-Paul et Louis Blanc – Aqueduc) et les associations Action Barbès et Vivre Gares du Nord et de l’Est.

    L’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) mènera une évaluation scientifique, qui couvrira :

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    • l’expérimentation elle-même avec l’évolution des infections et des pratiques à risque (avec une évaluation de l’impact sur les usagers, via une comparaison entre ceux qui fréquentent la SCMR et ceux qui ne peuvent pas la fréquenter, e.g. à Bordeaux, Marseille),
    • l’acceptation sociale (de manière générale grâce à  des enquêtes téléphoniques, et spécifiquement dans le quartier via des questionnaires),
    • les nuisances subies (en termes de matériel laissé à l’abandon dans l’espace public, d’interpellations policières).

     

    Cette évaluation sera réalisée en deux temps : une première partie en septembre avant le démarrage, puis la seconde partie après 1-2 ans. A l’issue de la durée des 3 ans, le Comité de Suivi et l’Inserm tireront les conclusions de cette expérimentation.          

     

    Globalement, nous retenons une réelle volonté de discrétion et de travail en profondeur dans le cadre de cette expérimentation sur 3 ans. L’objectif n’est pas de s’afficher de manière trop visible, comme à Genève où la SCMR est en vert flashy devant la gare (cf. photo ci-dessous).

     

    SCMR, Salle-de-consommation 

    Le Maire du 10e a insisté sur les deux conditions préalables, nécessaires à la réussite du projet : d’une part, une équipe en nombre suffisant dans le cadre d’un projet financé, et d’autre part, un dispositif efficace de policiers sur le secteur, afin de prévenir toute conséquence négative sur l'environnement.

     

    Nous sommes convaincus que la volonté de l’exécutif, les moyens mis à disposition et les compétences de l’équipe qui travaillera dans cette SCMR, sont bien réunis et contribueront au succès d’une expérimentation qui a sa place dans nos quartiers.

     

  • Salle de consommation: manif clairsemée

    Une soixantaine de personnes groupées devant les Bouffes du nord ont manifesté hier matin contre l'implantation de la future salle de consommation au 39, boulevard de La Chapelle, au niveau des voies de la gare du Nord.

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    On a entendu des slogans "salle de shoot au rabais; le maire est satisfait" ou encore "Dealers en liesse, habitants en détresse". Dans les quelques échanges que nous avons pu avoir avec certains participants, une fois de plus nous avons entendu les mêmes réflexions : il n'y a pas eu de concertation ni d'information, pourquoi ne pas installer la SCMR dans l'hôpital ?, pourquoi pas là où il n'y a pas d’habitation ?  pourquoi pas ailleurs ? C'est justement ce dernier argument qui devient insupportable. Ailleurs ? Donc, chez le voisin. Lorsque le lieu d'implantation était supposé rue de Maubeuge, nous n'avons pas vu les habitants du 37 et du 39 boulevard de la Chapelle se déplacer à la mairie pour participer aux deux réunions consacrées au sujet. Ils auraient pu entendre des opinions diverses, écouter les professionnels de la réduction des risques.  
    Souhaitons que le comité de suivi se mette rapidement en place pour échanger dans un climat plus serein. 

     

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    A la réflexion, et en observant la mobilisation relativement limitée d'hier, nous ne sommes pas certains que les membres de l'association Parents contre la drogue qui a porté plainte contre X, avec en ligne de mire certains membres du gouvernement, se soient déplacés pour manifester au côté de ces quelques dizaines de riverains. 

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  • Salle de consommation en vue

    Réunion publique le 11 juin à 19h à la mairie du 10e

    Après la réunion houleuse du 27 mars à la mairie du 10e à laquelle nous avions participé, nous devrions en savoir un peu plus. Le lieu est désormais connu. Les questions sur l'organisation, la présence et le rôle de la police, la mise en place du comité de suivi...

    A ne pas manquer donc !

    Voici le communiqué de presse de la MAIRIE DE PARIS publié le 30/05/2013
     
    La future salle de consommation à moindre risque sera implantée au 39 boulevard de la Chapelle (10e). Situé sur un terrain appartenant à la SNCF, ce lieu permettra de répondre à la nécessité d’un accueil des usagers de drogue dans ce quartier, avec pour objectif de réduire les risques sanitaires et diminuer les nuisances sur l’espace public.
     
    Choisi en accord avec Rémi Féraud, maire du 10e arrondissement, la Préfecture de Police et la SNCF, ainsi qu'avec l'association Gaïa, qui gérera la salle, cet emplacement, isolé des habitations et des écoles du quartier, respecte les souhaits exprimés par les riverains, tout en répondant aux impératifs de sécurité et de santé publique.
     
    La délibération relative au dépôt du permis de construire pour la future salle de consommation à moindre risque sera examinée à l’occasion du Conseil de Paris, le 8 juillet prochain. Cette expérimentation fera l’objet d’une évaluation rigoureuse tant sur le plan sanitaire que sur celui de la sécurité. Conformément aux engagements de la Ville de Paris, les riverains seront associés au comité de suivi qui évaluera les bénéfices apportés par cette salle en termes de tranquillité publique.
     
    Une réunion publique de concertation aura lieu à la mairie du 10e arrondissement le mardi 11 juin à 19h afin de faire un point d'étape.
     
    Paris.fr
  • Une notoriété au-delà des fortifications

    Pour qui veut se documenter sur la salle de consommation à moindre risque (SCMR) il est difficile d'échapper à notre blog d'Action Barbès. Surtout si vous précisez à Barbès ! Testez votre moteur de recherche.

    C'est ainsi que nous avons été contactés par deux étudiantes de l'Ecole des Hautes Études en Santé Publique de Rennes (EHESP). L'une dans le cursus des inspecteurs de l'assistance publique et la seconde dans celui des directeurs d'établissement. Le sujet était d'identifier les freins et les leviers à la mise en place des centres d'injection surveillés (CIS) — une autre expression pour nos salles de consommation à moindre risque —, les enjeux du débat, les principaux obstacles. La presse ayant relaté la position de notre association, mais aussi celle des opposants au projet, comme Vivre Gares du Nord et Est, elles sont venues se faire leur propre idée du débat. 

    Lors de la mise en place de la concertation par la mairie et des réunions informelles tenues dans des cafés du quartier, un documentariste a filmé les débats pour en faire un film de synthèse qui présenterait la situation. 

    Mais où en est-il le débat à ce propos ? Passé le temps des oppositions frontales, de la "consultation" bon enfant des 300 personnes venues déposer leur NON dans l'urne de Monsieur Federbusch le 14 avril dernier... silence radio.

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    On attend de trouver un lieu. Véritable quête du graal ! Entre le refus d'un pied d'immeuble, promesse du maire, et la proposition d'un algéco relégué sous le métro aérien... on n'en sait pas beaucoup plus. Des négociations, voire des tractations, seraient en cours entre la SNCF, un poids lourd du quartier au niveau du bâti, et le Ministère de la Santé associé à la Ville de Paris. Pire que pour l'élection d'un pape, aucune rumeur ne sort des cabinets officiels. Pas de fumées ni grises, ni blanches ne sont sorties des bureaux où se rencontrent — nous l'espérons ! — les responsables du dossier et ceux de la SNCF. Il est vrai que cette dernière a abandonné les locomotives à charbon... 

    Pour information :

    L’EHESP forme les cadres supérieurs de la santé publique au niveau national et international et propose des diplômes de master, d’ingénieur, de doctorat et d’établissement. L’École délivre ainsi des formations de haut niveau qui permettent à ses élèves et étudiants d’accéder à des fonctions de management dans le secteur de la santé, du sanitaire, du social et du médico-social. L’EHESP est aussi une plateforme pour l’enseignement et la recherche en santé publique avec 6 départements d’enseignement et de recherche, 1 laboratoire de recherche en environnement et santé, 6 centres de recherche interdisciplinaires transversaux.

    Pour plus de détails, visitez leur site --> http://www.sorbonne-paris-cite.fr/index.php/fr/formation

  • CSPDA, un mot clé : partenariats

    La dernière réunion du conseil de sécurité et de prévention de la délinquance du 10e arrondissement (CSPDA) remontait à décembre 2011. Vous y trouverez tous les détails pour la bonne compréhension de ce dispositif.

    Rappelons que se réunissent lors de ce comité, élus, représentants de la justice, de la police et de l'éducation nationale. Y sont invités principalement les responsables d'association de prévention et les conseils de quartier. C'était le 5 avril dernier.

    Bilan 2012

    Des nouveautés

    Réorganisation de la DPP (direction de la prévention et de la protection des Parisiens), création de deux ZSP (zone de sécurité prioritaire) à Paris (dans les 18e et 19e) avec le 10e pris « en sandwich » pour reprendre l'expression du commissaire Grinstein. Des aspects positifs mais aussi négatifs notamment avec des reports sur les zones « frontières ». Mise en place de la vidéo surveillance.

    Les problèmes traités (mais pas tous résolus)

    Immeubles Grange aux belles, rue du Château Landon, prostitution sur le secteur Belleville, SDF en plus grand nombre. Le secteur Gare du nord bénéficie désormais de forces supplétives (3 opérations par jour dont une la nuit). Le secteur Patin-Paré-bd de la Chapelle n'a pas été cité. Gageons qu'il le sera sur le bilan 2013. 

    Perspectives

    Pour 2013, un autre dispositif est en préparation pour cet été près du canal Saint-Martin afin de limiter au mieux les nuisances subies par les riverains aux beaux jours. Sans oublier le projet d'expérimentation d'une salle de consommation à moindre risque (SCMR) bien sûr!

    Qu'a fait la police ?

    Passons sur les chiffres indiqués par M. Grinstein : des pourcentages de faits constatés, de faits élucidés...; il faudrait avoir un ensemble de données précises pour se faire une idée. Les cambriolages, en baisse en 2012 sont repartis à la hausse cette année. On a traité 800 affaires de stupéfiants (dans les secteurs Strasbourg-Saint-Denis et Lariboisière), 200 interpellations pour raccolage. La BRP (brigade de répression du proxénétisme) oeuvre pour démanteler les réseaux de prostitution. Deux ans ont été nécessaires pour en démanteler un à Belleville. Pour autant, d'autres femmes continuent à arriver du sud-est de la Chine.

    images?q=tbn:ANd9GcQE0eWtorXRfcrb0s5q5nxJZMROMKYTHey0lLRJb4elEs10wPHFDQDans le quartier Château d'eau, la mono activité (salon de coiffures) génère de la petite délinquance comme des ventes à la sauvette, du trafic de stupéfiants. La situation s'est améliorée mais le commissaire espère faire mieux en 2013 avec davantage d'interventions.

    Autre objectif pour 2013 : faire disparaître les occupations illicites d'immeubles. En ce qui concerne notre quartier, il reconnaît que les forces de police du 10e sont insuffisantes les jours de marché. «  On ne peut pas gérer ».

    Et du côté du Parquet ?

    La procureure Françoise Guyot est plutôt satisfaite du taux de réponses pénales sur l'arrondissement (majeurs et mineurs) : il avoisine les 92%. «  Une réponse pénale doit toujours être donnée — a minima par un rappel à la loi ». Par ordre d'importance : vols, dégradations, violences, stupéfiants. Tolérance zéro en ce qui concerne les violences faites aux femmes.

    Un constat inquiétant et partagé

    Principal du collège Grange aux belles, Daniel Bonneton déplore une hausse importante des incivilités et ce à l'intérieur même du collège. En conséquence, le nombre de conseils de discipline a augmenté. Un partenariat est en place avec la MPC (la Mission de prévention et de communication qui intervient dans les écoles) et des éducateurs spécialisés, mais il faudra aller plus loin. On pense à un lieu d'accueil pour les "décrocheurs" et à un travail à faire au niveau de la parentalité.

    «Jeunes livrés à eux mêmes et déscolarisés, sans perspectives, pas de stages, pas d'emplois, de plus en plus en demande d'accompagnement scolaire, addictions de plus en plus précoces... Beaucoup veulent mettre à mal l'institution. C'est un constat de dégradation évident » : voilà quelques propos des responsables de l'AJAM (aux jeunes amis du Marais) et d'ARC 75, associations de prévention spécialisée.

    Alexandra Cordebard, adjointe au maire du 10e, ajoutera un mot sur l'accompagnement très déficitaire des parents, d'où la nécessité d'utiliser les tissus associatifs pour les rencontrer. La Ville soutiendra les partenariats.

    Une demande du Conseil de quartier Louis Blanc Aqueduc

    Porte-parole du Conseil de quartier, Jean-Pierre Leroux réitère les demandes d'intervention sur le stationnement abusif, les non déclarations de travaux et le travail dissimulé pour de nombreux commerces du secteur. « Malgré tous les signalements envoyés au Parquet, rien n'a bougé. On ne voit pas d'évolution. »

    Rémi Féraud ne le contredira pas « il y a des infractions massives aux règles de l'urbanisme et une détermination à ne pas les respecter de la part des commerçants. Les interventions ne sont pas suffisantes. » Il demande une mise en priorité par le Parquet car, si on a eu une volonté des commerçants à Château d'eau qui ont permis une amélioration de la situation, ce n'est pas le cas à Louis Blanc.

    Des inquiétudes

    La réforme annoncée de la Politique de la Ville risque de diminuer les moyens alloués actuellement. Or le dispositif en place dans le 18e, dans le cadre de la ZSP, qui consiste à interdire la présence des prostituées à la suite de plusieurs interpellations, donne des résultats positifs : on pourrait s'en inspirer. Mais la suppression du délit de racolage va poser problème.

    En ce qui concerne le secteur Gare du Nord-Barbès, une note d'espoir : l'ouverture de la Salle de consommation (SCMR) devrait permettre d'obtenir des effectifs supplémentaires.

    _/_/_/ Pour élargir le périmètre, sachez qu'un Conseil de sécurité d'arrondissement a eu lieu dans le même cadre dans le 9e le 30 janvier dernier, et qu'un bilan des actions menées dans le cadre du constat local de sécurité est consultable en ligne : cliquez ici

  • SCMR : Billet d'une présidente un peu choquée par tant d'animosité

     

    scmr,toxicomanie,démocratie-localeLa réunion du 27 mars à la mairie du 10e, réunion publique d'information sur les salles d'injection, a fait l'objet de multiples articles et reportages dans les médias. Rappelons que si les journalistes s'étaient déplacés en si grand nombre ce mercredi-là, c'est bien le fait que la ministre Marisol Touraine avait décidé d'une seule expérimentation en France, ce que nous regrettons en passant. Quelques uns se sont contentés de reprendre la dépêche AFP. D'autres, assez nombreux, ont mis en avant les oppositions laissant croire que la salle était comme un seul homme arc-boutée contre le projet. Certes, on a écrit par ci par là que des riverains favorables avaient pu s'exprimer, mais ce n'est pas ce qui va rester dans les esprits.

    Comme le commentait Rémi Féraud après les débats, faisant preuve de sa détermination : « Si on est déjà à 50-50, c'est bien ! ».

    Rien de surprenant à ce que les opposants à un projet — quel que soit le projet — se mobilisent plus aisément que ses partisans. Nous nous sommes retrouvés parmi les premiers, les opposants donc, à occuper le devant de la salle, et les propos entendus nous ont procuré un vrai malaise. Empêcher l'expression d'autrui, se mettre à crier lorsque le maire ou un participant prenait la parole en faveur du projet... Nous avons entendu des propos inacceptables de la part d'un groupe de personnes qui, de toute évidence, ne souhaitaient pas dialoguer. Attirant ainsi micros et caméras sur eux. Des scènes et des propos qui font vendre du papier ou font grimper l'audimat...

    Mais qu'en retiendra le grand public ? « On n'en veut pas ! »

    Des infos qu'on ne retrouve pas dans les médias

    « Vous êtes nuls ! » « Vous n'êtes pas impartial. » « Quelle prétention ! » « Pourquoi ne pas mettre la salle dans le 16e ? » Voilà un échantillonnage des exclamations entendues notamment lors de l'intervention de Sylvie Wievorka, coordinatrice du projet pour la Ville, lorsqu'elle a dit qu'elle ne doutait pas que les riverains valideraient le projet.

    Mis en place tout récemment, le Comité de pilotage est présidé conjointement par Jean-Marie Le Guen, adjoint au maire de Paris chargé de la santé, et Myriam El Khomery, également adjointe au maire de Paris, chargée de la sécurité. Il réunit les mairies concernées par le sujet (10e-18e-19e), la Préfecture de police, l'Agence régionale de santé (ARS), la DPP (Direction Prévention et Protection), la DASES (Direction de l'action sociale, de l'enfance et de la santé), les associations Gaïa et Coordination Toxicomanies, la MILDT, Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.

     Quatre réunions en tout

    Les deux premières ont déjà eu lieu : l'une pour la mise en forme et l'autre pour la présentation du projet par Gaïa.

    Viendront ensuite une réunion avec les acteurs Police/Justice, puis une dernière à laquelle seront conviées les associations de quartier.

    Sylvie Wievorka a aussi évoqué la possibilité d'inviter des responsables de la salle de Luxembourg-ville pour illustrer ce qui se fait ailleurs en Europe. Il serait question d'en ouvrir une seconde à Esch-sur-Alzette, deuxième ville du Luxembourg à une vingtaine de kilomètres de la capitale, proche de la frontière française (voir l'info sur RTL ici). C'était un des souhaits exprimés par Action Barbès lors de l'intervention de sa représentante.

    Nous avons apprécié l'intervention de Myriam El Khomery que nous connaissons bien pour son franc parler : «  Il faut réduire les nuisances en direction des habitants » a-t-elle martelé. Comme les participants, elle a regretté l'absence du commissaire du 10e et du Parquet, mais l'a expliqué aussi, car le cadrage juridique du projet n'étant pas encore finalisé, il leur aurait été difficile, en effet, de donner des réponses au public, notamment sur le périmètre d'intervention des forces de police. 

    « Nous ne voulons pas d'une zone de non droit; nous souhaitons un renforcement des effectifs de police autour de la gare du Nord — Serait-ce le début d'une annonce timide et sous entendue de la future 3e ZSP demandée par le maire de Paris ?  Il faut des policiers avertis et fidélisés sur le site, des personnes qui connaissent le quartier et les commerçants ». Elle a terminé son intervention en rappelant la suppression de 400 policiers pendant la présidence de Nicolas Sarkozy sous les huées de nos voisins opposants. Mais elle ne s'est pas laissée impressionnée et n'a pas hésité à hausser le ton.

    Peut-être aurait-il fallu insister davantage sur le caractère expérimental du projet : 3 ans ! Et conclure par une clause de revoyure avec les habitants, puisque les exemples étrangers ont montré que les premiers à s'opposer à un démantèlement des salles une fois opérationnelles sont les habitants eux-mêmes. 

  • Salle de conso : d'abord s'informer sur la toxicomanie

    Sur la réunion de mercredi dernier, tout a été dit dans la presse, avec plus ou moins de justesse. Toutefois elle a su rendre l'ambiance houleuse qui régnait dans la salle des fêtes de la mairie du 10e et des craintes, souvent infondées, des peurs et des fantasmes (toute l'Europe de la toxicomanie fondrait sur la Gare du Nord ! par exemple) de certains habitants. Nous n'y reviendrons donc pas tout de suite, mais la semaine prochaine, le temps que les esprits se calment. Voici quelques liens vers des articles parus hier : France Info ; Libération ; Le Monde ; L'ExpressLe Figaro ; le JDDRMC (vous pouvez switcher rapidement la pub!) qui vous fourniront un résumé des débats. Une courte vidéo sur le site de BFM traduit l'ambiance.... vivante. Enfin M6 Info se concentre sur les atouts de l'expérimentation.

    Les associations de riverains réclament plus d'information, plus de concertation au maire du 10e, en oubliant un peu que chaque fois qu'ils en ont formulé la demande, ils ont été reçus par ledit maire, en l'occurence Rémi Féraud. Les habitants du quartier situé entre la gare du Nord et l'hôpital Lariboisière, c'est à dire quelques rues du 10e, ont les moyens de s'informer par eux-mêmes plutôt que d'avoir recours aux sempiternelles communications alarmistes qui effraient les plus timorés et ne recueillent que haussements d'épaules de la part des personnes informées. Informées parce qu'elles se sont penchées sur le problème. Car, oui, il y a bien un problème et il n'est que trop temps de lui trouver des solutions. L'une des solutions est l'ouverture d'une salle de consommation surveillée, là où se concentrent les usagers de drogue. Plusieurs salles seraient un avantage pour ne pas concentrer la demande. Les habitants opposés à la salle seraient peut-être moins dans le refus si le projet prévoyait plusieurs ouvertures simutanées. 

     

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    Le boulevard de Magenta la nuit, entre Barbès et la rue Ambroise Paré. 

    Commencer par l'information. 

    En quoi la toxicomanie est-elle un problème de santé publique ?

    En premier lieu, parce qu'elle met en danger les usagers de drogue. On nous dira que personne ne les oblige à en user. Vrai. Mais on soigne bien le cancer des poumons d'un gros fumeur... L'usage de la drogue, des drogues, associé souvent à l'usage de l'alcool, peut conduire à une précarisation des usagers, par la perte de ses repères, perte d'un emploi, perte des revenus, perte d'un toit, rupture familiale, descente aux enfers assurée. Dans notre quartier, on constate régulièrement cette précarisation bien visible de personnes de tout âge, de tout sexe.

    En second lieu, l'usage de drogue injectable comporte des risques de contamination par les maladies qui se transmettent par le sang, pour les usagers eux-mêmes, si les seringues sont réutilisées. Toute la campagne de réduction des risques faite dans la décennie précédente en fournissant massivement des seringues stériles avait pour but de limiter la transmission du sida et des hépatites, entre autres pathologies infectieuses. Mais le but était aussi de prévenir les conséquences des pratiques d'injection (abcès) et les conséquences du mode de vie (désocialisation, malnutrition, manque d'hygiène, isolement). Réduire les risques également pour les non-usagers si les seringues sont abandonnées sur l'espace public (blessure involontaire des personnels de nettoyage, enfants)

    La France n'a pas été la seule à développer cette politique de lutte contre les drogues. Les institutions chargées de cette mission sont en constante relation avec les organismes internationaux et partagent les résultats de leurs enquêtes nationales. Les principaux acteurs de cette lutte contre les drogues en France sont 

    - La Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT), chargée de coordonner l’action du Gouvernement dans le domaine de la prévention, la prise en charge sanitaire et sociale, la répression, la formation, la communication, la recherche et les échanges internationaux ; 
    - Le Ministère de la santé, et plus particulièrement la Direction générale de la santé (DGS) qui prépare et met en œuvre la politique de santé publique en matière d’addictions ; 
    - L’Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES) chargé de mettre en œuvre les politiques de prévention et d’éducation pour la santé. 

    Observer la situation

    Le monde des drogues n'est pas figé, il est au contraire en constante évolution. La législation a bien du mal à suivre. Et l'interdiction pure et simple des stupéfiants  risque de déplacer le problème tant la création de nouveaux produits de synthèse (NPS) est inventive... et leur mise sur le marché rapide. L'information dispensée et mise en ligne par les pouvoirs publics, même si elle est très lue par le grand public, parce bien faite dans un cadre de prévention et de vulgarisation des connaissances, est très vite obsolète. drogues_et_dependances_02.jpgLa brochure intitulée "Drogues et dépendances" édité par l'INPES, réédité en mars 2007, reste un vulgarisateur de qualité mais doit être complétée régulièrement tant l'arrivée de nouveaux produits stupéfiants (NPS) est inquiétante et rapide, tant les chiffres de consommation évoluent vite. La vente de substances psychotropes par internet ne facilite pas la tâche des autorités chargées d'en endiguer la consommation. L'éradiquer est pure utopie. Reste à l'encadrer. 

     

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    Pour compléter l'information de chacun, il existe une publication récente (janvier 2013) sur le site de l'OFDT intitulé "Nouveaux produits de synthèse et Internet", téléchargeable gratuitementen ligne.

    L'objectif de ce numéro de Tendances est de faire un état des lieux des connaissances sur le sujet : l'offre, les profils des usagers, les modes de consommation, les conséquences sanitaires et les questions sur leur législation. Cela dans un contexte où le nombre de ces substances ne cesse de s'accroître tant en Europe qu'en France.

     Télécharger le Tendances (fichier PDF, 304 Ko)

     

    • paris,10e,drogues,toxicomanies,scmr,prévention Les professionnels aussi se posent des questions et cherchent à les résoudre. Ainsi la Fédération Addiction en partenariat avec le Réseau Français de la Réduction des risques organise-t-elle le 3 avril prochain le deuxième séminaire de la RDR sur le thème "Construire des espaces de consommations". On est ici au coeur de notre problème local. C'est un moment de travail prévu pour et par les professionnels, un moment d'échange et d'élaboration d'un cadre pour la construction de possibles espaces de consommation au sein des structures. Le fil rouge est le suivant : Quels sont les problématiques que vous rencontrez dans vos structures ? Quels cadres juridiques pour penser l'espace de consommation ? Quelles questions sanitaires . Quelle construction possible avec les acteurs politiques ?

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    Le parvis de la Gare du Nord. 

  • Réunion publique ce soir à la mairie...

    et débat sur l'expérimentation d'une salle de consommation à moindre risque. 

    Cliquez sur le lien ou sur le fac simile, pour lire la lettre de Rémi Féraud qui vous y invite. (format de lecture)

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    Certaines associations de riverains se sont manifestées contre ce projet, et malgré plusieurs entretiens avec le maire du 10e, plusieurs réunions sur le sujet sur place ou à la mairie, elles persistent dans le rejet de cette expérimentation.


  • Salle de consommation à moindre risque : enfin des réunions

    Gaïa. C'est le nom d'une association dont le nom vous est peut-être encore inconnu. La presse a pourtant parlé de leur action dans le cadre de la réduction des risques de transmission du sida et de l'hépatite, quand à plusieurs reprises a été évoquée au Conseil de Paris la prochaine expérimentation d'une salle de consommation à moindre risque (SCMR). Ou bien il vous est arrivé de croiser leur camion, stationné plusieurs fois par semaine dans la rue de Maubeuge, et dans plusieurs autres lieux de Paris.  

    Où et quand ?

    L’antenne mobile du CAARUD (Centre d’Accueil, d’Accompagnement et de Réduction des risques pour Usagers de Drogues) circule à Paris :

    - Les lundis, mercredis et vendredis après midi : Rue Ambroise Paré - Maubeuge
    - les lundis et jeudis soir : Gare de l’est, Porte de la Chapelle, boulevards des Maréchaux 
    - Les jeudis après midi : maraudes dans le sud de Paris

    Le lieu fixe du CAARUD, situé au 62bis, avenue Parmentier 75011 Paris, est ouvert  Lundi-mardi-jeudi-Vendredi, de 10h à 13h et de 14h à 18h; Mercredi de 14h à 18h

    De quoi s'agit-il ? 

    Le Centre d’Accueil, d’Accompagnement et de Réduction des risques pour Usagers de Drogues (CAARUD) est un programme anonyme et gratuit issu du programme d’échange de seringues de Médecins du Monde créé en 1989. Il est géré depuis 2006 par l’association Gaïa-Paris.

    Il s'adresse aux usagers de drogues actifs qui souhaitent se procurer du matériel stérile et à usage personnel (seringues, aiguilles, kits de base, filtres stériles), recueillir des conseils pour une consommation à moindre risque, ou bénéficier d'un accompagnement social, d'une orientation.

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    Une salle de consommation supervisée à Vancouver (Canada)

    Notre quartier est pressenti pour y localiser une salle d'injection. Le maire du 10e, Rémi Féraud, n'a jamais caché qu'il y était favorable. Le maire de Paris l'a suivi dans son intention et jusqu'à ces dernières semaines, on attendait la décision du gouvernement de publier un décret qui autoriserait cette expérimentation. C'est fait. Nous avons publié ici même le communiqué du maire de Paris saluant cette action.

    Il reste toutefois à trouver la bonne adresse. Rappelons que les politiques se sont engagés à ne pas implanter la salle au pied d'un immeuble d'habitations, pour ne pas soulever une vague de protestations. L'un des avantages reconnus de la "salle de conso" est  - et cela s'est vérifié dans les pays qui en ont adopté le principe - de limiter l'abandon des seringues dans l'espace public. Abandon qui n'est pas toujours le fait d'un manque de respect d'autrui de la part des toxicomanes mais souvent lié au stress d'une prise en milieu ouvert, lié à la crainte d'être interrompu, pris sur le fait par la police. Un autre avantage est d'éviter les injections à ciel ouvert, dans les cages d'escalier, les recoins, ou encore les sanisettes : des situations qui inquiètent les riverains, les mettent mal à l'aise tout à fait légitimement. C'est pour ces raisons que Rémi Féraud souhaite que la salle soit située au plus près des usagers de drogues, nombreux aux environs de la gare du Nord et de l'hôpital Lariboisière. Autant pour eux que pour la tranquillité des riverains.

    Nous avons demandé plusieurs fois à la mairie qu'elle diffuse une plus large information sur les salles de consommation à destination des habitants du quartier. Chaque réunion du conseil de quartier Lariboisière au cours de laquelle le sujet a été abordé, a démontré que malgré les nombreux articles et documentaires sur le sujet, les habitants étaient très ignorants en la matière. Il ne faut pas minimiser ce que la drogue véhicule comme crainte, peur et angoisse. Beaucoup de toxicomanes déambulent dans le quartier et les plus précaires sont les plus voyants. Toutefois, les distributeurs de seringues, les deux implantés dans le quartier, se vident quotidiennement de quelques centaines de kits et nous ne repérons pas tous les usagers qui s'y fournissent. Pourquoi ? Parce qu'ils ressemblent souvent à "Monsieur-tout-le-monde". Le consommateur de drogues n'est pas seulement un jeune mal coiffé, tenant un chien en laisse et bizarrement accoutré ! Mais c'est celui-là qu'il convient d'aider et de tenter de sortir à la fois de son addiction et de sa précarité.

    Prenons le mal à bras-le-corps et regardons la situation en face, pour une fois.

    Le 4 mars, Gaïa et Coordination Toxicomanies - que nous avions invitée à notre assemblée générale en 2010 - se sont lancées dans l'information des habitants, courageusement, sans attendre que le lieu d'implantation soit défini. Leurs responsables avaient convié au débat les associations Vivre gares du Nord et Est, et  des riverains de la place Franz Liszt. Le Parisien du lendemain a rendu compte de façon assez partielle des débats, oubliant notamment de signaler notre présence et donc l'opinion favarable de certains habitants du quartier. Rien d'étonnant quand on n'assiste pas soi-même à la réunion... 

    Un réalisateur de documentaire, Jean-Michel Vennemani, a été autorisé à filmer les débats pour un film de 52 minutes pour France 2 qui montrera l'avant, les débats autour de l'ouverture et l'après quand la salle sera ouverte. Un travail de fond donc. Où toutes les opinions, toutes les sensibilités devraient figurer. 

    Nous nous félicitons que Rémi Féraud invite le 27 mars, à 19 heures, riverains et acteurs de terrain à la mairie du 10e, pour permettre toutes les questions. Nous souhaitions cette réunion publique dans notre article du 2 mars déjà. Aura-t-il trouvé d'ici là un lieu qui satisfasse toutes les parties ? 

  • Les SCMR, plus d'info

    Dans les commentaires récents écrits à propos d'un de nos articles sur les salles de consommation (le 18 février), un lecteur nous a adressé un lien vers le site Calaméo qui mérite d'être repris. 

    La brochure qui y est présentée s'adresse au grand public, mais plus particulièrement aux personnes confrontées, dans leur activité professionnelle, à des difficultés occasionnées par certains consommateurs de drogues.

    A notre avis, elle peut également venir en aide aux personnes qui font les mêmes rencontres que les professionnels, dans leur quartier, simplement parce que dans ce quartier, les usagers de drogues sont nombreux. Cliquez sur le lien ci-dessous pour en savoir plus. 

    Qui s'y frotte, ne s'y pique pas forcément

    Certains de nos lecteurs vont penser que nous faisons trop de place à ce thème dans notre blog. Trop de place, non. Mais une vraie place, oui. Et oui, nous avons décidé de traiter le sujet souvent. Au risque de déplaire. Nous assumons. Nous estimons que le problème a été très longtemps minimisé, au détriment des riverains, d'un côté, que l'on a laissés seuls s'arranger avec les conséquences de la consommation de drogues à ciel ouvert, et de l'autre côté, au détriment des usagers de drogues qui sont des personnes à la dérive, jeunes ou vieux, et dans notre quartier, particulièrement précarisés. Notre société ne pourra pas éradiquer le problème de l'addiction aux drogues, pas plus qu'une autre société qui choisirait d'être plus répressive, mais elle ne doit plus l'ignorer. Nous soutenons l'expérimentation d'une salle de consommation à moindre risque et oeuvrons pour que les habitants du quartier comprennent et acceptent qu'elle puisse figurer le début d'une solution.

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    la rue de Maubeuge dans sa partie située entre la gare du Nord et l'hôpital Lariboisière

    La semaine dernière, nous avons rencontré la coordinatrice de la future salle de consommation, Céline Debeaulieu. Elle appartient à l'association Gaïa qui a construit le projet depuis l'été dernier et n'attendait que le décret gouvernemental pour se lancer dans l'expérimentation. Le maire du 10e, Rémi Féraud a plusieurs fois déclaré qu'il était favorable à l'ouverture d'un tel équipement dans son arrondissement, avec l'assentiment du maire de Paris. Reste toutefois à trouver le lieu le plus adapté : proche des utilisateurs, les usagers de drogues, le moins gênant possible pour les riverains. La salle ne sera donc pas située au pied d'un immeuble du quartier. Les pourparlers vont bon en train entre la mairie et les institutionnels qui possèdent des locaux ou des emprises entre la gare du nord et l'hôpital Lariboisière. Nous attendons la suite. Notre interlocutrice a promis de nous avertir. Elle semblait optimiste.

    Nous regrettons cependant que la mairie ne multiplie pas les réunions autour de cette ouverture prochaine. Pour ne pas effrayer les habitants, ne pas inquiéter ceux-ci ou ceux-là, plus ou moins proches de tel site ou de tel autre pressenti... aucune information n'est donnée. Quel résultat peut-on en attendre ? Un mécontentement quasiment certain. Si la concertation commence au moment où le lieu aura été trouvé, il ne s'agira plus d'une concertation mais d'une information. Une fois de plus, les habitants auront l'impression d'être mis devant le fait accompli.