Le 27 mars dernier, sur la placette à l'angle des rues de la Goutte d'or et Polonceau, c'est sous la pluie que s'est tenue la remise aux autorités de deux pétitions des commerçants et habitants à propos de la dégradation de la vie dans les quartiers de La Chapelle et de la Goutte d'Or. En effet, une pétition en ligne initiée par une habitante de la rue Affre et recueillant plus de 1500 signatures de riverains ainsi qu'une pétition "papier" initiée par Jacques Desse, un des Libraires Associés rue Pierre L'Ermite, recueillant, elle, plus de 250 signatures de commerçants et d'artisans du secteur et soutenue par la plupart des associations de quartier (dont Action Barbès) ont été remises solennellement aux responsables politiques et de la police.
Une fois n'est pas coutume, c'est en nombre que les élus se sont déplacés pour entendre les doléances des habitants et commerçants. Nous avons noté la présence, entre autres, de Éric Lejoindre (maire du 18e), Danièle Obono (députée de la 17e circonscription), Ian Brossat, Colombe Brossel, Carine Rolland, Sandrine Mees, Michel Neyreneuf, Loïc Lorenzini. Pour ce qui est du commerce, question essentielle s'il en est, Olivia Polski, adjointe d'Anne Hidalgo chargée de ce secteur, a fait une courte apparition, et beaucoup ont remarqué l'absence d'Afaf Gabelotaud, l'adjointe chargée du commerce dans le 18e arrondissement. Côté police, le commissaire divisionnaire Jacques Rigon et la commissaire du 18e, Valérie Goetz, étaient présents également. En soutien aux pétitionnaires, de nombreuses associations locales étaient représentées : SOS La Chapelle, Demain La Chapelle, Paris Macadam, Paris-Goutte d'Or, Cavé Goutte d'Or, La Goutte Verte, les Gouttes d’Or de la Mode et du Design, l'Échomusée, l'Union des commerçants de la Chapelle-Goutte d'Or, la Vie Dejean, la Salle Saint-Bruno, la Compagnie Gaby Sourire, et bien sûr Action Barbès.
Plusieurs prises de parole ont permis de redire le désarroi des habitants et commerçants des quartiers de La Chapelle et de la Goutte d'Or face à une insécurité allant en augmentant malgré les efforts de la préfecture sur ce secteur, redire aussi le sentiment d'abandon par les autorités municipales sur les questions d'aménagement de l'espace public et de propreté. Commerçants et habitants demandent donc une prise en charge globale, concertée et rompant avec les politiques du "coup par coup", afin que ce secteur de Paris redevienne un quartier agréable pour ses habitants et permette aux professionnels de mener leurs activités en toute sérénité. En effet, la dégradation du cadre de vie a atteint ces derniers mois un point inédit que les plus anciens n'ont pas souvenir d'avoir connu (recrudescence des ventes à la sauvette, scène de deal, "mineurs marocains", fermeture des squares, malpropreté...). Las d'être appréhendés comme des quartiers parias, habitants et acteurs de la Chapelle et de la Goutte d'Or réclament un traitement digne de Paris ; retenons la phrase conclusive de l'intervention de l'association Paris-Goutte d'Or : " Nous voulons être aussi bien traités que tout autre quartier parisien."
En réponse, Éric Lejoindre, qui est resté ensuite pour échanger longuement avec les commerçants et habitants présents, a distribué un courrier co-signé avec Anne Hidalgo que vous pouvez consulter ci-dessous. Il y est notamment évoqué la mise en place d'un plan "Tous mobilisés", comme récemment à Château Rouge, mais sur un secteur trop restreint à nos yeux, car limité aux rues de la Goutte d'Or, des Gardes et Polonceau.
Réponse d'Anne Hidalgo et Éric Lejoindre.pdf
Plus que jamais, la demande d'un changement rapide et profond de la physionomie de ces quartiers est très grande de la part des habitants et commerçants, la réponse et les moyens déployés par la ville doivent être à la hauteur des enjeux et des attentes bien légitimes et, malgré son absence à cette remise de pétitions que beaucoup ont déplorée, nous espérons que, au-delà des mots, la maire de Paris Anne Hidalgo saura faire des quartiers populaires du Nord parisien une réelle priorité pour les deux dernières années de son mandat.