Le tableau ne se présente pas comme on pouvait penser qu’il se présenterait ! Au seuil de vraiment entrer dans la campagne (juste après les Fêtes), les partis politiques et les têtes de listes (nous allions dire « têtes de gondoles ») s’activent pour se mettre, selon eux, dans la meilleure position possible.
Un élément pourtant est venu perturber toute cette agitation « microcosmique » comme aurait dit Raymond Barre, et il est d’importance : le désamour, dont le Parti Socialiste (PS) est l’objet et pense qu’il pourrait être l’objet d’un vote sanction en 2014, ne profite pas à l’UMP qui patauge dans ses conflits internes mais profite au Front National. Pour le coup, chaque parti de gouvernement rameute à tout va pour essayer d’établir un rapport de force qui lui serait favorable au soir du 1er tour des élections. C’est oublier que voilà plus de 10 ans Paris est tombé à gauche, y est resté et que la situation nationale y a peu d’impact aux municipales.
Mais peu importe ! Chacun essaie d’attirer à lui ce qu’il peut.
Aussi voit-on une Anne faire un pont d’or aux communistes, signer un accord inespéré avec et pour un microscopique Parti Radical de Gauche (PRG), placer dans ses listes des personnalités dites « d’ouverture » même si beaucoup d’entre elles sont soit déjà encartées au PS soit de simples candidatures de personnes déjà élues.
Aussi voit-on une Nathalie chercher désespérément un accord avec le Centre, recruter des personnes cataloguées à gauche, faire feu de tout bois avec des arguments souvent limite.
Tous ces tripatouillages et combines entre amis n’honorent pas ceux qui les pratiquent et font une victime, la Démocratie, par simple dégoût des électeurs devant ce tableau. La chose n’est certes pas nouvelle mais prend aujourd’hui des proportions inquiétantes. « Sauver son fauteuil » semble être le véritable mot d’ordre.
Nos arrondissements préférés, 9e, 10e et 18e, n’échappent pas à la fièvre électoraliste ambiante. Qu’on en juge.
Dans le 9e, à gauche, on nous présente Thierry Cazaux comme candidat « d’ouverture » alors qu’il est déjà conseiller d’arrondissement depuis 2008 et proche de la mairie depuis bien avant son élection. Alexandra Lion, ex-présidente d’une fédération de parents d’élèves, certes du 9e, mais très proche du PS peut-elle être raisonnablement considérée comme une « ouverture » ? A droite, Christian Saint-Etienne (UDI), actuel élu du 5e, avait choisi le 9e pour se présenter non seulement à la mairie du 9e mais aussi à celle de Paris, change d’avis et va se présenter dans le 11e pour plus sûrement être élu.
Dans le 10e, on frôle la caricature ! Acquis à la gauche depuis longtemps, c’est là que les places sont les plus sûres à obtenir. Aussi voit-on débarquer un ancien syndicaliste CGT, Didier Le Reste, et l’actuelle ministre déléguée à la Francophonie, Yamina Bengugui, venue de son 20e, les deux parachutés là on ne sait ni pourquoi ni comment ? Sans compter que les beaux discours sur le non-cumul des mandats semblent bien vite oubliés concernant Mme Benguigui.
Le 18e n’est pas lui non plus épargné. Michel Neyreneuf, présenté lui aussi comme candidat « d’ouverture » par la gauche est en fait déjà un élu de cet arrondissement. Pour la droite, on a débauché Elisabeth Boyer, ancienne conseillère régionale du Val d’Oise et toujours conseillère municipale….. à Saint-Leu-La-Forêt, toujours Val d’Oise, s’il faut en croire le site web de la mairie de cette charmante bourgade. Mais la prise semble bonne puisque la Dame est une ancienne du PRG.
Dans l’apathie générale dans laquelle semblent se trouver les électeurs, les risques pris avec ces manœuvres sont certes limités. Seule peut-être la droite dans le 9e pourrait pâtir du retrait de la liste centriste, nombre d’électeurs de cette tendance n’étant sans doute pas prêts à voter pour l’UMP et son indiscutable droitisation (F. Bayrou a frôlé les 11% au premier tour de la présidentielle de 2012 dans le 9e).
Pour ne pas peindre un tableau trop noir, reconnaissons que les principaux candidats dans nos trois arrondissements ont une présence locale indiscutable. Que ce soit Pauline Véron (PS) ou Delphine Burkli (UMP) dans le 9e, Rémi Féraud (PS) dans le 10e, Eric Lejoindre (PS) ou Pierre-Yves Bournazel (UMP) dans le 18e, tous connaissent bien leur arrondissement.
A suivre.