Nous continuons notre série d’articles en nous penchant aujourd’hui sur le 9e.
Pour parler des questions spécifiques à cet arrondissement, nous avons rencontré Delphine Bürkli, Pauline Véron et Jonathan Sorel, respectivement têtes de liste UMP-UDI-MoDem, PS-PCF-PRG et EELV.
Comment regarder Barbès quand on est à la mairie du 9e, et en fait, le regarde-t-on ? comment comptez-vous travailler avec le 10e sur le nord-est de l'arrondissement ?
« Je suis à la Commission Culture au Conseil de Paris, j’ai pris le dossier Louxor, emblématique de la rénovation de Barbès. Je l’ai abordé sur un plan culturel. En 2008, après mon élection, l’aménagement du boulevard de Rochechouart avait déjà été réalisé donc pas de délibération sur ce sujet. J’aborde Barbès ponctuellement, par des vœux, des questions d’actualité, sur des sujets transversaux comme la propreté, la circulation, le tourisme, Barbès-Anvers, par exemple, les cars de tourisme qui sont un point noir depuis des années. Est-ce qu’on laisse entrer ces cars dans Paris qui sont des Costa Croisières à roulettes, polluants, avec des nuisances très fortes pour les riverains. Donc je l’ai (Barbès) abordé par ce côté-là. Je suis intervenue aussi il y a quelques mois sur les questions de mono activité Bd de Rochechouart » nous dit Delphine Bürkli.
Pauline Véron s’avance prudemment : « Quand on est au Conseil de Paris, on a une vision parisienne de tous les sujets, ce qui permet de pouvoir intégrer mieux les sujets qu'on aborde au niveau parisien. On a accès à l'ensemble des informations, et on peut en faire profiter l'arrondissement. On a aussi des réunions avec les différents adjoints au maire de Paris et on peut capter là aussi plein d'informations. Pendant deux jours, on en profite pour se voir entre conseillers ; ce sont souvent des occasions pour discuter avec Daniel Vaillant (18e) ou Rémi Féraud (10e), et parler de sujets communs, de façon informelle mais efficace ».
Les écologistes par la voix de Jonathan Sorel sont beaucoup plus concrets : « Avant tout, Barbès doit rester un quartier vivant, cosmopolite et ouvert. Nous sommes favorables à la création de véritables partenariats entre arrondissements pour travailler sur les zones frontalières. Ces dernières sont parfois délaissées car les équipes municipales ne s'en occupent pas et se défaussent sur leurs voisins. La rénovation de la Place de Clichy, que nous jugeons par exemple insatisfaisante, n'en est-elle pas une illustration ? »
Très rapidement, quelles sont vos priorités : logement, espaces verts, crèches, zones 30, …..
Ni la candidate PS ni la candidate UMP ne s’éternisent sur le sujet :......
« Sécurité et propreté » nous dit Delphine Bürkli. « Propreté : je veux privatiser la collecte des déchets comme dans le 10e et le 18e et que nos 149 agents de propreté soient concentrés sur leur cœur de métier, le nettoyage des rues » précise-t-elle.
Logement, familles, dynamisme économique, culture entre autres .... pour Pauline Véron.
Les écologistes qu’on a un peu moins entendu sur le sujet ces dernières semaines développent : « Dans cette campagne, nous avons mis en avant trois priorités, même s'il nous semble important d'avoir une action transversale sur tous les sujets.
1/ L'alimentation est un sujet prioritaire dans l'arrondissement. Pour les enfants, nous voulons généraliser le bio dans les cantines des écoles et des crèches. Par ailleurs, nous mangeons bien dans le 9e, mais à un coût élevé. Nous voulons donc rendre accessible à toutes et tous une alimentation de qualité, avec par exemple l'installation de halles alimentaires.
2/ Le logement est une priorité dans le 9e comme dans tout Paris. Depuis des années la hausse des loyers et la spéculation immobilière ont créé de fait un droit de vivre à Paris. Pour les écologistes ce n'est pas un hasard mais le résultat de mauvais choix politiques effectués par la majorité sortante qui a donné la priorité, pour des raisons fiscales, aux bureaux au dépend des logements et des espaces verts. Paris est une des villes les plus denses du monde, avec peu de place. Il faut donner la priorité sur le logement dans chaque opération d’aménagement. Paris ne doit pas devenir une centrifugeuse qui exclut les plus défavorisés, et le 9e doit conserver sa diversité.
Pour cela, une action spécifique dans le 9e devra être réalisée sur la conversion de bureaux vides en logement. Très nombreux dans le 9e, notamment dans des bâtiments haussmanniens facilement convertibles, ces bureaux vides sont à la fois une aberration et une solution pour soulager la pression foncière et résoudre la crise du mal-logement à Paris. Pour cela, une série de mesures peuvent être prises, à commencer par l'augmentation de contraintes fiscales.
3/ L'enfance ; Le 9e est un village accueillant pour les enfants. Il doit l'être encore plus, avec l’augmentation de l'offre en crèche, mais pas seulement. Nous voulons également mieux aménager l'espace public pour qu'ils puissent y circuler et y jouer en toute sécurité. Cela passe, par exemple, par la piétonisation des rues et effectivement par la généralisation des zones 30.
Une des menaces qui pèse le plus sur l'enfance dans nos quartiers est la pollution de l'air. Nous souhaitons en effet favoriser les déplacements doux, mais à terme interdire les véhicules polluants dans Paris pour en faire une zone écologique de basses émissions.
Le logement dans le 9e reste un souci majeur. Nouvelle sociologie et proportion de logements sociaux encore faible dans le 9e sont-ils compatibles ?
« En complément de la réponse précédente, nous tenons à préciser que nous faisons nôtre l'objectif de 30% de logements sociaux arrêté par la nouvelle loi de Cécile Duflot. Certes nous héritons d'une situation passée et il n'y a pas beaucoup de place dans notre arrondissement. Mais nous devons poursuivre l'effort de construction de logements sociaux afin de ne pas faire de nos quartiers des musées uniformes qui excluent les moins favorisées et les rejettent vers les périphéries » précise Joathan Sorel.
« Dans les logements sociaux, il y a aussi de la classe moyenne ! » annonce Pauline Véron. « Il y a 3 types de logements sociaux et on mixte chaque fois qu'on en fait, disons, 25% des plus aidés, 50% d'intermédiaires et 25% des plus chers. Il y a le PLAI qui est vraiment social, le PLUS et le PLS, qui sont tous les deux des types de logements intermédiaires. Il y aussi un Plus ++ parce qu'en fonction du financement des logements, ils sont dans une catégorie ou une autre. Nous, dans le 9e, quand on est arrivé, il n'y avait que 2% de logements sociaux qui étaient tous en PLS ; on s'est dit, on va faire un truc qui soit à peu près 60% en intermédiaires. Le PLAI est le plus demandé dans le 9e. Quand on achète un immeuble, qui est vendu par son propriétaire en totalité, il est déjà habité.... (sinon on achète des bureaux, on les transforme, on fait la répartition qu'on veut, et on crée en totalité du logement social). Mais quand on achète un immeuble d’habitation, il y a déjà des gens dedans, on les protège déjà d'une vente à la découpe. Cela maintient aussi des classes moyennes un peu supérieures qui seraient peut-être parties en cas de vente à un privé. Dans le 9e, il y a eu beaucoup de personnes qui sont restées par ce biais.
Il faut savoir que la ville n’achète pas au-dessus de 6000€ du m2, travaux compris. Donc, on ne fait pas monter les prix, on n'alimente pas la spéculation comme on nous le reproche souvent.
Il faut aussi parler de la « commercialité » d'un immeuble. Dans les quartiers qui sont déficitaires en logements, on a une politique adaptée pour qu'il y ait moins de bureaux et plus de logements. Comme cela, il est possible de revendre la « destination bureau » ailleurs dans Paris, par exemple, dans le 20e où ils veulent réintroduire des bureaux. On a créé un marché immatériel de commercialité, de destinations. Il y a peu de temps c'était réduit à l'arrondissement, mais le périmètre a été élargi à une zone qui est identifiée sur le PLU. Du coup, quand la Ville de Paris rachète des bureaux à l’État, cela lui donne le droit de faire du bureau ailleurs, ou de revendre à quelqu'un qui est dans le cas inverse. On vend donc ces droits à changement de destinations. Il y a des personnes intéressées et un marché privé, où la ville revend ses mètres carrés de bureaux. De plus, le logement social donne droit à une prime par rapport à des habitations autres, ce qui baisse le prix de revient pour la Ville.
Sur le logement social, Anne Hidalgo propose un nouveau dispositif, en dissociant le prix du foncier du prix de la construction ou de la transformation. La Ville de Paris dit à un investisseur « Je suis propriétaire de foncier dans Paris, je vous le loue avec un bail emphytéotique de 50 ans, à un prix intéressant, vous construisez ou vous réhabilitez, et vous vous engagez à ce que les locataires bénéficient d'un prix situé entre le prix du marché et le prix du logement social. » Ce qui favorise le maintien des classes moyennes. C'est un pacte pour le logement présenté aux promoteurs, cet hiver, au congrès de la FNAIM. Intérêt pour eux, car ils sont bloqués dans leur investissements par les prix devenus trop élevés. Il y a un potentiel pour eux et la ville fait des économies, car cela revient moins cher pour elle que de construire.
Delphine Bürkli quant à elle déclare : « Comment conserver les classes intermédiaires, moyennes ? Je suis moi-même locataire et je connais la difficulté de se loger. Il faut bien gagner sa vie pour vivre dans le 9e arrondissement !
Il est essentiel de maintenir une population mixte dans les arrondissements. C’est ce qui fait la vie. Le 9e s’est beaucoup embourgeoisé. Quand on voit les commerces rue des Martyrs, un billet de 50€ ne suffit pas à faire ses courses. Soit on est riche et on peut rester, soit on est pauvre mais très aidé et donc on peut aussi rester, mais entre les deux... cela devient problématique. Il y a une proposition de NKM entre le prix du bâti et le prix du foncier. Par exemple, dans le projet immobilier de l’avenue Trudaine, on a mélangé du public et du privé. En clair, on va mettre du logement social sur le même palier que du logement privé. Le prix pour le logement social est de l’ordre de 3000-4000€ du m2 et sur le logement privé on peut aller jusqu’à 17 000 € ! Le promoteur compense ses pertes sur le social en augmentant le prix pour le privé. Donc, dans ce contexte, comment maintient-on une classe moyenne dans ce quartier ? «
Certaines rues présentent traditionnellement une mono-activité qui n'est pas gênante, rue Victor Massé pour la musique, ou comme c'était le cas des bars à hôtesse rue Frochot, en revanche, la diversité des commerces rue des Martyrs ou de Rochechouart semble nécessaire. Quel est l'équilibre, et par quel moyen ? En complément, quelle est votre position sur le travail dominical ? Et pour rester dans la mono-activité, les salons de massage, qui ne sont ni plus ni moins que des lieux de prostitution, se sont multipliés au cours de la mandature dans certaines rues (Condorcet, Rodier, Maubeuge, Dunkerque), comment voyez-vous les moyens d'en limiter le nombre, voire de les fermer ?
Pauline Véron « Pour moi la mono-activité, c'est quand il y a concentration sur un secteur, une rue ou un périmètre bien défini, et qu'elle se fait au détriment de commerces de proximité, dont les riverains ont besoin. Si c'est dans un quartier de bureau, c'est moins gênant. Ca le devient s'il y a des riverains qui ont besoin de commerces de proximité pour leur quotidien .… Une mono activité qui ne gêne personne, on ne va pas intervenir dessus. Ici ça fonctionne bien (rue Victor Massé ndlr), le monde entier vient ici, ce n’est pas un commerce qui pose des difficultés (commerce des instruments de musique ndlr). Mais en revanche à Pigalle, dans la rue Frochot, rue Fontaine, rue de Douai ..…. On avait fait faire une étude en 2011 par la SEMAEST pour demander si on était dans une tendance à la mono-activité ou de problème de diversité commerciale. La mono-activité devient problématique quand elle commence à faire disparaître les autres commerces, comme cela a été le cas rue Sedaine, dans le 11e. Rue Popincourt aussi. A Pigalle, la SEMAEST en 2011 a dit non, pas de mono-activité parce qu'il y avait de la diversité commerciale, la mono-activité n'était pas problématique. Mais depuis un an et demi, c'est en train de changer. Je leur ai demandé de re-regarder à nouveau car il y a une accélération, des bars ont ouvert et on commence à voir disparaître les autres commerces. La SEMAEST, la Ville de Paris, l’adjoint en charge du Commerce ont dit OK : j'ai donc fait voté un voeu et obtenu au conseil de Paris du mois de décembre un amendement budgétaire de 2 millions d'€ pour l'intervention rapide de la SEMAEST et pouvoir acheter des pieds d'immeuble. Pour commencer.
La SEMAEST achète les murs, parce que la législation actuelle ne nous permet pas de préempter les baux commerciaux. Contrairement à ce que dit Delphine Bürkli. Il y a la loi Pinel qui est en cours de discussion... Il y a une loi antérieure qui a été votée mais il n'y a pas eu les décrets d'application. Et donc cela ne nous permet pas de préempter les baux. Mais la loi Pinel devrait nous aider sur le sujet. On peut revenir aussi dans un cercle vertueux quand on réinstalle un, deux commerces différents, on marque un coup d'arrêt. (Ce fut le cas pour Vélib, pour entraîner les habitants à acheter leur propre vélo.)
Sur les salons de massage, ce n'est pas que dans le 9e. Rue Rodier il y a 5-6 ans, c'était une rue déserte du point de vue des commerces, je crois que les propriétaires se laissaient tenter par un repreneur plutôt que de voir leur local non loué. Même si l'activité n'était pas claire... Mais quand on remet de la vitalité commerciale dans un endroit, les salons de massage ont plus de mal à s'installer.
On a mis en place dès 2001 un contrat local de sécurité et on l'a renforcé en 2008 avec une fiche « prostitution ». Donc on a un plan d'action dans ce cadre, sachant que ce sont des sujets qui ne relèvent pas du commissariat local mais de la brigade de répression du proxénétisme (BRP), au niveau de la Préfecture de Police. Les enquêtes ne sont pas menées par le 9e, c'est la BRP qui remonte les filières. Il y a des procédures légales par le droit du travail, du travail dissimulé, par le fisc, car on ne peut pas s'attaquer directement aux prostituées, elles sont souvent elles-mêmes victimes de ces réseaux. On s'attaque aux proxénètes, un certain nombre de salons de massage ont d'ailleurs été fermés. Assez régulièrement, chaque année un ou deux gérants tombent. D'autres ré-ouvrent... mais ce qu'on a mis en place c'est une sensibilisation des propriétaires de ces baux : attention, votre bail est payé par des gérants qui gagnent de l'argent avec la prostitution et vous pourriez être inquiétés à ce titre. Réunions et courriers ont été mis en place. Je crois que cette dissuasion peut être efficace. Ce n'est pas anodin ! J'imagine que s'ils acceptent, c'est que le montant des loyers est attractif et leur fait oublier le risque... mais cette sensibilisation peut aider ».
« J’ai commencé depuis longtemps la lutte contre la mono-activité pour ce qui concerne les salons de massages esthétiques » commence Delphine Bürkli. « Ce sont des lieux de prostitution. Ce type d’établissement devant les écoles, cela fait bizarre. La loi Dutreil donne aux mairies la possibilité de préempter les baux commerciaux. La ville de Paris n’a pas utilisé cette possibilité. Or c’est quelque chose qui nous coûterait moins cher que d’acheter des fonds. J’entends depuis le mois de décembre le PS vouloir racheter mais c’est au moment où il y avait des choses à vendre, il y a deux ou trois ans, qu’il fallait s’occuper de l’avenir du quartier. A l’approche des élections, ils ont débloqué 2 millions € pour installer des boulangeries, charcuteries et autres commerces de bouche. Deux millions d’€, je ne vois pas ce qu’on peut faire compte tenu du prix du m2 et puis pour l’instant, il n’y a pas grand chose à vendre. La loi de revitalisation du commerce introduit VitalQuartier pour les municipalités. La ville de Paris s’est dotée de ce dispositif qui est bon. Le 9e arrondissement n’a jamais eu le droit d’être dans ce dispositif. Il n’est pas éligible encore aujourd’hui. Il y a eu une demande en 2008 qui n’a pas été acceptée.
Ce qui m’inquiète, ce sont les commerces qui créent des nuisances. Il faut savoir conjuguer la tranquillité des gens avec le développement économique d’un quartier. C’est très bien que les bars puissent se développer, cela apporte de la gaité, de la jeunesse, mais cela doit se faire aux normes et que les gens ne subissent pas les nuisances.
En ce qui concerne les salons de massage, je suis inquiète. J’étais rue de Provence avant hier, je vois l’évolution avec les Chinois qui s’installent et dans quelques mois, cela va devenir un réel problème. Il y a un peu de tout mais aussi des salons de massages. Ce qui peut les rendre sensibles, c’est toucher au porte monnaie. Il faut qu’il y ait une véritable action pour fermer ces lieux. Il y a une loi en France pour cela. Je ne vois pas pourquoi les riverains de Rodier ou de la Tour d’Auvergne doivent subir cela ».
Les écologistes sont plus tranchants : « Quelle que soit l'activité, nous souhaitons favoriser deux choses » dit Jonathan Sorel. La proximité : il faut privilégier l’installation de commerces de proximité, facteurs de lien social. L'émergence de l'économie collaborative : le 9e et Barbès peuvent devenir des lieux de développement de l'économie collaborative et d'invention de nouvelles manières de produire et d'échanger. Pourquoi ne pas installer une accorderie, sur le modèle de ce qui s'est fait dans le 19e, afin de permettre des échanges de services non marchands ? Une heure de cours de musique en échange d'une heure de cours de droit par exemple...
D'autre part, il y a des tendances dans le commerce, par exemple, il y a 10 ans, les salons de coiffures franchisés ont fait florès, maintenant ce sont les commerces de bouche (chocolaterie par ex) qui ont le vent en poupe. Cette mode correspond à un retour de la qualité dans l’alimentation que nous soutenons.
Pour le commerce de proximité et pour sa diversité, il nous semble néanmoins important de réguler l’installation des banques aux angles de rue. Tout le monde est conscient que l’angle de rue est une excellente exposition pour un commerce mais lorsque cet angle est occupé par une banque et lorsque a priori il y a 3 banques sur une place, cela me semble un facteur annihilant pour la place et sa fréquentation.
Concernant le travail dominical, nous ne souhaitons pas que notre arrondissement se transforme en un supermarché géant. Tout le monde a droit à un jour de repos où on peut faire autre chose que consommer des biens matériels ; et cette journée il vaut mieux qu’elle soit commune à tous, pourquoi ? parce que cela fait sens pour la société, cela représente un socle commun et permet d’organiser les différ