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patrimoine - Page 3

  • Projet Louxor

    La mairie du 18ème et la Mission Cinéma de la Ville de Paris (MCVP) nous ont fait passer une soirée de lundi entièrement consacrée au Louxor !

    Dans le cadre de ses actions tournées vers le public et plus particulièrement vers les habitants et les associations du quartier Barbès, la MCVP et l'architecte chargé du projet, Philippe Pumain, ont organisé une visite du chantier à 17h lundi dernier. Une vingtaine de personnes se sont retrouvées là, majoritairement des membres d'associations qui suivent depuis longtemps le projet.

    Le chantier, malgré un peu de retard avoué par la MCVP, va bon train. Le gros oeuvre sera terminé fin 2011 et commenceront alors les travaux d'équipement (électricité, chauffage, ... enfin tous les fluides) ainsi que les travaux liés à l'isolation phonique et la décoration. Fin des travaux en décembre 2012 pour une ouverture au printemps 2013. Planning maintenu donc.

    Au sous-sol, les deux nouvelles salles reposent sur des micro-pieux profonds de 80m afin d'atteindre le sol dur. Les gradins des salles sont déjà en place. La salle moyenne (140 places) est assez en largeur et sera équipée d'une petite scène et d'une régie pour permettre à un petit orchestre, par exemple, de se produire. La petite salle (74 personnes) présente, elle, de belles proportions qui devraient en faire un endroit convivial.

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    paris,culture,cinéma,patrimoineAu rez-de-chaussée, il est encore difficile de se faire une idée de ce que sera la grande salle (ci-dessus). La structure métallique qui accueillera à la fois l'isolation phonique (la fameuse boite dans la boite) et les deux balcons suspendus est impressionnante. Cette structure métallique repose sur des boites à ressorts (ci-contre) qui empêchent la propagation des ondes et isolent ainsi le lieu phoniquement. Même procédé pour les deux salles en sous-sol.

    paris,culture,cinéma,patrimoineLa salle dite "d'exposition" est assez petite et peu commode du point de vue de l'accrochage éventuel,  (forme en trapèze avec beaucoup de coins), mais elle possède un certain charme grâce à des colonnettes recouvertes de mosaïques. A l'étage au-dessus, le "Café Club" qui pourra s'ouvrir à la belle saison sur la terrasse dominant le carrefour est prometteur, même s'il compte un peu moins de 40 m2, heureusement multipliés par deux par la terrasse.

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    Le débat, voire la polémique, à propos de la préservation du patrimoine est close. Mais la visite du chantier montre clairement que ce qu'il reste des décors d'origine sera enseveli. Il a été confirmé qu'ils seraient refaits au pochoir et d'ailleurs dans sa présentation, l'architecte Philippe Pumain parle désormais de rénovation et non plus de restauration. A noter aussi que les proportions originelles de la salle ne sont pas maintenues et que l'écran d'origine sera caché derrière un mur sur lequel viendra se placer un écran de même taille lui même caché par un écran géant tombant du plafond. C'est ce que le "métier" entend par écran polichinelle.

    L'extérieur fait l'objet de beaucoup d'attention car répertorié. Façades et toit !

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    Commençons par le toit, plafond de la grande salle, qui a été démonté puis sera remonté après l'installation de la pompe à chaleur, la "thermofrigopompe". En effet, le Louxor va bénéficier d'une technologie maintenant bien au point qui consiste à chauffer ou réfrigérer de l'eau pour la climatisation des salles. A quelques 70 m de profondeur se trouve une nappe phréatique dont l'eau est à température constante de 14°C. Cette eau sera utilisée pour chauffer l'établissement en hiver avec un apport de calories ou pour le rafraichir en été. L'énorme pompe à chaleur a été installée au dernier niveau par le toit nécessitant le démontage du plafond à caissons qui sera reconstruit à l'identique avec les pièces d'origine. C'est là l'intérêt du classement !

    Ensuite les façades. Le granito d'origine a pas mal souffert avec le temps , les enduits et les peintures qui l'ont recouvert et les différents travaux au cours des années (pour l'installation de l'éclairage public par exemple). C'est une difficulté a reconnu l'architecte, la façade côté boulevard de Magenta semblant poser plus de problèmes que la façade côté Chapelle. Sans état d'âme, les mosaîques qui menaçaient les piétons par des chutes intempestives ont été simplement purgées dans les années cinquante sur toute la frise du boulevard de La Chapelle. Elles sont fabriquées au plus proche des couleurs d'origine, parfois impossibles à reproduire, puis assemblées en atelier. Les mosaïques du porche vont être, elles, vraiment restaurées, au sens strict du terme et le vestibule d'entrée à l'angle des boulevards va retrouver sa place d'origine, c'est à dire qu'il sera ouvert aux passants.

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    A 19h se tenait le même lundi au centre Barbara une réunion d'information pour les habitants  du quartier, organisée par la Mission cinéma et les élus du 18e arrondissement. Rien de bien nouveau  - pour nous et pour vous qui lisez souvent notre blog - y a été annoncé, si ce n'est que la phase de préqualification des exploitants potentiels était terminée et que début 2012 un cahier des charges précis serait remis aux candidats sélectionnés. La procédure est "étanche", a insisté Michel Gomez, Délégué général de la MCVP, c'est à dire que la MCVP ne dira rien, ni de ceux qui ont remis un dossier pour la préqualification, ni de ceux qui seront autorisés à répondre au cahier des charges. La MCVP suit scrupuleusement les règles, on ne peut pas le lui reprocher, mais cette "étanchéité" se rapproche dangereusement d'une opacité un peu regrettable quand même. Mais encore une fois, n'en faisons pas paris,culture,cinéma,patrimoinereproche à la MCVP.

    La réunion a permis à Action Barbès de s'enquérir des dispositions que la Ville de Paris allait prendre pour faire en sorte que le projet du Louxor s'intègre bien dans le tissu urbain. Cela passe par la voirie, la station de métro et bien sûr le devenir de l'ex magasin Vano. Notre association a déjà pris, à plusieurs reprises, contact avec les élus du 18e pour souligner la saleté qu'accentuent les palissades de Vano (celles-ci sont indispensables pour prévenir tout accident sur la voirie), mais également le caractère dangereux de l'absence de trottoir pour les piétons, qui cohabitent difficilement avec les cyclistes sur une piste sur-occupée. La situation atteint son paroxisme les jours de marché, comme l'ont indiqué plusieurs personnes dans la salle.

    paris,vano,piste,conflits-piétons-deux-roues,cinéma,patrimoineCet environnement perturbé n'est pas favorable à la fréquentation d'un cinéma qui devra accueillir quelque cinq cents spectateurs plusieurs fois par jour. Nous souhaitons pour ces raisons que bien en amont de son ouverture les problèmes de voirie soient abordés entre les arrondissements qui l'entourent et avec les moyens appropriés. L'étroitesse du trottoir, la présence de l'abri bus et d'une piste cyclable près de la future entrée, par exemple, doivent être analysées. Il reste plus d'une année. Il faut exploiter ce temps au mieux. Quant au devenir du site de Vano, sur lequel un premier projet de reprise par KFC avait été jusqu'à l'obtention d'un permis de construire, il semble maintenant abandonné. Eric Lejoindre, premier adjoint de Daniel Vaillant, maire du 18e, a clairement dit que la mairie de l'arrondissement était entrée en contact avec le propriétaire. Nous nous prenons à rêver que tout est possible.... le retour d'une grande brasserie au pied d'un immeuble d'habitations ? Humm... c'est bientôt Noël.

  • Le Louxor : visite du chantier

    La Mission Cinéma de la Ville de Paris (MCVP) organise le lundi 21 novembre une visite du chantier du Louxor. Quelques membres de l'association Action Barbès feront la visite puis participeront à la réunion organisée au Centre Barbara par la même MCVP.

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    Si vous avez des questions - voire des préoccupations - merci de nous en faire part à actionbarbes9@club-internet.fr, nous ferons le relais.

    Et vous aurez droit à un compte-rendu, bien sûr.

  • Louxor : intox désintox

    paris,culture,patrimoine,louxor,cinémaLa nouvelle formule du quotidien Libération contient régulièrement une rubrique « Intox-Désintox ». Elle permet de relativiser certains propos d’hommes politiques qui souvent font un usage très abusif de certaines informations. Cette rubrique a un réel succès et Libération en a fait un blog.

    C’est avec cette approche que nous avons lu avec attention l’article quel traitement pour les décors peints du Louxor ? publié par l’association Les Amis du Louxor.

    François Loyer, historien d’art et d’architecture renommé, défenseur dès la première heure de la sauvegarde du Louxor dans son état d’origine, a bien voulu faire cette lecture critique avec nous. C'est aussi une occasion (et une leçon !) pour bien comprendre ce qu'est un défenseur du patrimoine.

    Plusieurs présupposés faits par Claire Bergeaud dans cette interview sont tout à fait critiquables, nous dit François Loyer.

    Lire la suite

  • Journées du patrimoine ce week end

    paris,patrimoine,cultureLes journées du patrimoine tenues le week-end dernier nous invitent à regarder plus en détails certaines choses. On était bien curieux de le voir, cet hôtel qui a si souvent été mis à l'honneur par les "communicants" de la mairie du 9e... Quel hôtel ? mais l'ancien hôtel particulier des Wendel, rue de Clichy.

    La rue de Clichy d'abord. N'en doutons pas, la rue de Clichy fait bien partie de notre patrimoine. "Cette rue est sur l'emplacement d'un très ancien chemin qui conduisait de la rue des Bons-Enfänts (au Palais Royal ndlr) à une bifurcation (station de métro La Fourche) où il se divisait en deux branches allant respectivement aux villages de Clichy et de Saint-Ouen." nous dit J. Hillaret dans son Connaissance du Vieux Paris (Editions Princesse). On trouvera beaucoup d'informations à propos de la rue de Clichy sur la page que Wikipédia lui consacre.

    Anecdotes moins connues, c'est là, dans le Tivoli du bas de la rue de Clichy, à l'emplacement actuel de l'église de la Trinité, que Marie-Antoinette emmena se promener ses deux enfants (Marie Thérèse et Louis) la veille de la fuite à Varennes, donc le 20 juin 1791, pour donner le change aux Révolutionnaires. Et c'est toujours rue de Clichy que la voiture emportant le Roi, la Reine, leurs deux enfants, Mme Elisabeth soeur du Roi, passa. "A six heures du soir, le cocher allemand de Fersen, Balthasar Sapel, sortit la grande berline noire de chez le carrossier pour la mener rue de Clichy chez un riche Anglais" nous dit l'historien Timothy Tackett dans Le Roi s'enfuit (Editions La Découverte). A noter que cet Anglais, M. Crawfort, était l'amant de la baronne de Korff, identité utilisée pour le passeport de Marie Antoinette, mais aussi que la femme de ce M. Crawfort était la maîtresse du beau Suédois Axel de Fersen. Plus loin Timothy Tackett nous dit :"Il était alors minuit et demi, une heure plus tard que prévu. Alors que la famille s'embrassait et s'installait dans la petite voiture, Fersen prit les rênes avec Malden à l'arrière comme valet de coche, et se mit en route lentement pour ne pas attirer l'attention. Au lieu d'aller directement à la barrière Saint Martin, il passa par la rue de Clichy et s'assura que la berline n'y était plus." Au grand étonnement du Roi qui connaissait bien Paris.

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    Le W des Wendel sur la façade de l'hôtel particulier

    Au 10 rue de Clichy se tient donc l'hôtel Wendel ou de Wendel, les deux expressions sont utilisées. La famille de Wendel est d'ancienne noblesse et l'hôtel particulier "construit en 1864 par l'architecte Storez" nous dit le dépliant édité par la mairie du 9e, est en cette fin de 19è siècle le lieu où réside Charles de Wendel et là où il meurt le 15 avril 1870 (source Wikipédia).

    Le 9ème arrondissement de Paris présente deux caractéristiques qui le singularisent un peu par rapport aux autres arrondissements : sa population y est en forte croissance depuis une dizaine d'années et la quantité d'espaces libres y est proche de zéro. La municipalité actuelle saisit donc toutes les opportunités qui se présentent pour acquérir des lieux afin d'y installer des logements sociaux (moins de 5% du parc immobilier dans cet arrondissement), des crèches et des écoles car qui dit augmentation de la population, dit enfants. C'est dans ce contexte que l'hôtel de Wendel a été acheté en 2002 par la Ville de Paris pour y installer une école. Le projet n'allait pas de soi : comment concilier le respect du patrimoine et la création d'une école dans un même endroit ? Laurent Chabas, premier adjoint au maire du 9e en charge du projet nous explique la chose :


    Renovation de l'hôtel de Wendel par ParisNeuvieme

     

    "Le coût total de cette réhabiliation/création est de 12 millions d€, soit 2 millions de moins que le budget initialement prévu" dit avec fierté Laurent Chabas. Reconnaissons que le projet est bien réussi.

    L'hôtel de Wendel, construit donc en 1856, soit avant la construction de l'église de la Trinité (1861-1867), fait partie de ces demeures cossues, mais sans ostentation, de cette fin de 19e siècle. La vogue du retour aux styles fin 18e imposée par l'impératrice Eugénie, très nostalgique des époques Louis XV et Louis XVI, n'a pas manqué d'influencer l'architecture et le décor mais on y trouve un mélange de styles curieux allant d'Henri II pour la chambre de Monsieur, au style un peu Rocaille cher à la Pompadour dans le grand salon sans oublier le style Renaissance des voutes du passage des cochers à l'entrée. Décrite ainsi, la chose peut paraitre hétérogène mais finalement l'ensemble n'est pas laid.

    La rénovation entreprise par la Ville de Paris est de qualité. Les contraintes imposées à l'architecte relevaient du défi puisque le lieu doit respecter les règles modernes (accueil du public, des handicapés, environnement, etc ...) et bien sûr préserver le patrimoine historique. De plus, c'est une rénovation soignée. On a poussé le détail jusqu'à réinstaller des pavés en bois dans le passage des cochers (moins bruyants que les pavés en pierre), on a très bien étudié la circulation des personnes pour que les enfants puissent aller des salles de classe aux salons historiques, on a étudié l'acoustique et installer des panneaux spéciaux qui absorbent le son, on a étudié la lumière et les couleurs pour les salles de classe, etc. .. Dans le grand salon, on a fait appel à un artiste photographe qui a installé au plafond une grande photo de feuillage, donnant à la pièce beaucoup d'allure. Voici quelques photos.

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    Le Grand Salon mélange les genres : trumeau Grand Siècle (Louis XIV)
    mais dessus des portes style Rocaille (Louis XV) et plafond moderne


    Avec cette réalisation, le 9e arrondissement a désormais trois hôtels particuliers à la disposition du public : la mairie rue Drouot, la bibliothèque Chaptal rue Chaptal et l'école de la rue de Clichy.

  • Les serres d'Auteuil toujours en danger

    paris,patrimoine,auteuilNous vous avons parlé en février dernier du problème posé par l’extension du stage Roland Garros tel qu’il a été accepté par la Ville de Paris. Maintenant que l'édition 2011 du tournoi est passée, les choses sérieuses vont commencer et l’association SOS Paris se mobilise, n’entendant pas, à juste titre, laisser faire les choses sans manifester son opposition.

    Mais que pèse une petite association devant tant d’intérêts, devant les structures qui les représentent, à commencer par la Fédération Française de Tennis et la Ville de Paris. Action Barbès en sait quelque chose suite à son combat pour sauver le Louxor. Aussi SOS Paris a besoin de nous. L’association lance une souscription et Action Barbès diffuse cette information bien volontiers.

    Est-il utile de préciser qu'en matière de sauvegarde du patrimoine,  notre approche n’est en rien conservatrice. Nous savons comme tout le monde que les choses doivent évoluer, changer, mais encore faut il que cela se fasse, n’ayons pas peur des mots, de façon intelligente.

  • La controverse du Louxor suite

    Camera Egyptica web.jpgLe blog d’Action Barbès vous a informés fin février de l’intérêt porté par des étudiants de l’Institut de Sciences Politiques de Paris (Sciences Po) à la controverse née du projet de réhabilitation du Louxor tel que lancé par la mairie de Paris.

    A peine trois mois après avoir rencontré tous les acteurs de cette controverse, nos étudiants ont publié le résultat de leurs travaux par le biais d’un site web « Louxor, palais du cinéma ».

    Tant sur la forme que sur le fond, le travail est remarquable. On en n’attend pas moins d’étudiants censés faire partie de l’élite et sans doute appelés à de hautes responsabilités. Mais disons le tout net, il est quand même rassurant de constater que dans notre monde où tout va souvent trop vite et où les avis sont parfois trop abruptement exprimés et souvent mal étayés, quelques-uns prennent le temps de mener une réflexion approfondie sur nos modes de fonctionnement,  car c’est bien de cela dont il s’agit en réalité.

    Bien sûr, de petites erreurs se sont glissées dans ce travail. Inutile d’insister sur des détails qui ne changent rien au fond de la question.

    Le projet Louxor continue mais une phase essentielle s’est terminée avec le début des travaux. Même si le combat d’Action Barbès pour sauvegarder le Louxor dans son état originel a été perdu, celui-ci a quand même permis de dégager une idée force : l’incompréhension voire la méconnaissance de certains du mot patrimoine. Au mieux, le terme fait l’objet d’une interprétation à géométrie variable en fonction des intérêts du moment. Les récentes polémiques à propos des serres d’Auteuil ou de l’hôtel de la Marine place de la Concorde nous le montrent clairement.

    Lisez attentivement le site « Louxor, palais du cinéma ». Tout y est traité avec honnêteté et talent.

  • Les journées européennes du patrimoine

    Journees patrimoines 2010.jpgLes journées européennes du patrimoine se déroulent aujourd'hui et demain. C'est la 27ème édition. Toutes les infos sur le site du ministère de la Culture.

    Paris n'est pas en reste et le site de la Ville nous donne beaucoup d'informations sur le sujet. Cliquez ici.

    Si le 9ème arrondissement nous propose le très classique musée de la vie romantique toujours plaisant à visiter , le 10ème brille par son absence quoi que la visite de la gare du Nord et de sa façade restaurée ne manque pas d'intérêt (voir l'article d'hier sur ce blog) et le 18ème nous propose des visites qui sont très attirantes.

     

    Bonnes visites !

  • La loi et le patrimoine -3-

    Patrimoine --- suite de notre article du 18 août et fin  ---

    « Le respect public doit entourer particulièrement les objets nationaux qui, n’étant à personne, sont la propriété de tous L’abbé Grégoire. 1794.

    La dérive à craindre

    L’absence de solidarité entre les monuments — actuellement, les plus rentables font vivre les autres grâce à la péréquation des moyens financiers, à travers l’action de l’état — laisse craindre qu’elle conduise à terme, d’une part, à la vente des plus alléchants d’entre eux, qui, une fois acquis par le secteur privé, seront transformés en unités marchandes (restaurants, hôtels, salles de spectacles), et d’autre part, à l’abandon plus ou moins assumé des plus fragiles. Propriété de tous à l’origine, certains seraient réhabilités pour le profit de quelques uns. Il y aurait indubitablement perte pour le patrimoine commun, historique, mais aussi culturel, national au sens de ce qui soutend la fierté et l’appartenance à un territoire.

    Un entretien coûteux pour une collectivité terrritoriale

    Dès 2008, lors du vote de la première loi qui offrait une série de 176 monuments nationaux au choix des collectivités, les élus avaient déjà manifesté leurs craintes. Ils n’ont pas toujours les moyens de l’entretien que suppose un monument historique, dont par ailleurs ils sont fiers au même titre que leurs concitoyens. Parallèlement, ils sont  confrontés aux obligations juridico-techniques auxquels ledit monument les contraint, de même que tout le bâti existant dans un périmètre de 500 mètres. Ajoutez à celles-ci les mesures indispensables d’accessibilité et de sécurité. Un casse-tête qui en refroidit beaucoup. Jusqu’à faire craindre la perspective de classements de monuments plus récents qui sont implantés dans des zones très urbanisées, mais pas forcément très respectueuses des contraintes liées au patrimoine (par exemple, les bâtiments des années 1930-1950 construits par André Lurçat situés dans les banlieues ouvrières).

    Le transfert partiel ou total au secteur marchand

    Après le transfert aux collectivités locales, la loi autoriserait la vente, sous certaines conditions, notamment après un délai de vingt ans. Confier au privé, ou au marché, ce qui revient au même, tout ou partie de la conservation de nos monuments comporte des risques qu’on ne mesure pas bien au début. On peut penser qu’il vaut mieux accepter le financement d’un mécène (disons d’un mécène dans un premier temps) que de grever le budget de l’état ou de la collectivité sur le territoire de laquelle s’élève le monument. Pas si sûr. Pas sans garde-fou toutefois. Voyez l’exemple de Venise et ses immenses bâches publicitaires, que relate cet article récent de Rue89. Assez navrant… Près de chez nous, pensez également à la réfection du bâtiment administratif de la SNCF, qui longe la station de taxis, près de la gare du Nord. Il n’y a pas si longtemps il disparaissait sous une grande bâche multicolore. Le nom de l’annonceur était assez discret et l’ensemble finalement assez joli. Mais qui en décide ? N’est-on pas là dans le périmètre d’un édifice classé ? Ces bâches immenses, les nouvelles techniques d'impression numérique grand format aidant, font leur apparition discrète sur des immeubles en réfection. Imaginons qu’elles se multiplient. Et elles se multiplient. Il suffit de visiter les sites des professionnels de cette activité. Les afficheurs sont toujours en recherche de nouvelles surfaces pour leurs clients annonceurs. Les emplacements nobles, très en vue, étant les plus prisés… on peut raisonnablement avoir des craintes. Ne pas confondre avec la bâche décorative qui cache un échafaudage et qui porte la marque de celui qui assume le ravalement... bien que... à terme ?

    Cela mérite réflexion dans tous les cas.

    Une dernière indication sur ce sujet : la revue de presse, très complète, des articles de novembre-décembre 2009, au moment des débats, se trouve sur le blog de Benoît de Sagazan, hébergé par Le Pelerin Magazine, d'un clic ici.

    Vous y découvrirez aussi sans quitter votre fauteuil une courte vidéo, postée quotidiennement, sur un site du patrimoine mondial de l'humanité.


  • Chantier Louxor : ça pousse.

     

    Si vous êtes partis en vacances au début du mois, vous risquez de trouver des changements en rentrant. Particulièrement si vous allez au marché de La Chapelle, ou si vous préférez au marché de Barbès, mercredi ou samedi prochain.

    Nous en étions restés juste avant le 15 août à la présence d'une grue et de grands portiques bleus. Mais voyez vous-même comme la perspective a changé. L'installation s'est faite ce vendredi, avec des interruptions de la circulation sur le boulevard de La Chapelle, certes momentanées, mais occasionnant des perturbations non négligeables. Les automobilistes, non prévenus, étaient décontenancés par l'impossibilité de continuer leur route. Piégés aussi car il faut bien dire qu'une fois arrivés au carrefour Barbès, il n'existe guère de solutions rapides pour aller au carrefour suivant, La Chapelle. Les ouvriers faisaient leur travail au mieux. Un responsable du chantier a indiqué qu'une autorisation préfectorale avait bien été délivrée; en effet, elle était apposée sur le grillage. Nous regrettons seulement qu'une indication n'ait pas été mise en amont, ou bien qu'un policier n'ait pas été détaché pour mettre un peu d'huile dans ces grandes manoeuvres.

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    Les piétons, quant à eux, étaient priés de traverser et de longer la station de métro, une précaution louable. Même si le cheminement sur le trottoir côté station n'a rien d'une promenade de santé, tant les odeurs d'urine sont asphyxiantes en été.

    Il fallait bien que ces équipements atterrissent à leur emplacement. Voilà qui est fait. Le tout est impressionnant, il en rend notre station de métro toute modeste, malgré son grand âge, plus de cent ans. Quant au Louxor, il disparaît presque.

    Nous espérons que des mesures seront prises pour prévenir le flux routier, au moins l'organiser, lors des chargements ou déchargements de grande importance. Il s'agissait bien cette fois d'un convoi exceptionnel.

  • La loi et le patrimoine -2-

    Patrimoine --- la suite de notre article du 12 août  ---

    Un espoir : les propositions de la Commission de la culture du Sénat pour éviter la braderie du patrimoine

    Peut-on voir dans la mobilisation de la Commission de la culture du Sénat un espoir de revenir sur l’article 52 de la loi de finances 2010 ? Rien n’est moins sûr, même si les dix propositions formulées relèvent d’une prise en compte des risques que cette loi fait courir à notre patrimoine et que les sénateurs ont découverts bien tardivement. A moins qu’ils aient été sensibles à certains scandales qui ont agité le microcosme (vente annoncée de l’Hôtel de la Marine, à Paris), sensibles aux difficultés rencontrées par les collectivités locales pour connaître l’état du bien convoité et les conditions financières de son entretien dans la durée, sensibles au démantèlement du domaine public et à l’absence de politique cohérente au niveau national…

    On est toutefois en droit de se demander si le Centre des monuments nationaux aura les moyens de ses ambitions, dans une période où les budgets ne vont guère à la culture, encore moins au patrimoine. Les propos de sa présidente, Isabelle Lemesle, sonnent comme un vœu pieu : « Je me réjouis tout particulièrement des propositions qui sont faites en matière de dévolution aux collectivités locales : elles apportent des garanties importantes  et prennent toute  la mesure de l’enjeu. » S’il ne parvient pas à faire entériner ces dix mesures de précaution, ne verrons-nous pas d’ici quelques années tel parc, cédé indépendamment du château qu’il mettait en valeur, se couvrir de pavillons Kaufmann and Broad autour d’un golf émergeant sous les jets d’eau brumisée, ou tels communs, plus vendables que la vieille bâtisse aux toitures inquiétantes, vendus en effet pour alléger la charge de l’ensemble ?  Il y a loin du projet touristique doté de son flux d’estivants,  censés revitaliser un territoire, à la gestion économique et équilibrée d’un projet réfléchi, qui devrait offrir un mieux culturel et social, aussi bien aux éventuels touristes qu’aux populations locales, et cela dans la durée.

    Les collectivités territoriales seront peut-être moins enclines à acheter, même pour « pas cher », qu’il n’y paraît. Les transferts de charges de l’état aux régions sont passées par là. Là aussi les caisses sont plus ou moins vides…

    Il existe encore beaucoup de châteaux, qui ne sont pas propriété publique. Avis aux amateurs argentés : un échantillon sur le site de ce professionnel, où nous avons trouvé ce château du XVIIIe s. , situé en Gironde.

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  • Louxor : grue boulevard de La Chapelle

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    Profitant d'une relative tranquillité dans le carrefour, les ouvriers s'affairent aux abords du chantier du Louxor. Voyez vous-même l'implantation d'un premier portique qui, selon nous, devrait accueillir les installations de chantier, algéco ou modules analogues. Notre photographe sur place nous tient informés de la progression du chantier. A suivre.

     

    Nous notons pourtant une bizarrerie dans la communication de la Ville.

    En effet, l'affiche placardée au-dessus de l'entrée principale émane de la direction du patrimoine et précise en toutes lettres sous la rubrique Nature des travaux autorisés : réhabilitation d'un bâtiment de R+4 étages sur 2 niveaux de sous-sol à usage de cinéma avec restauration des menuiseries, ravalement des façades, démolition et reconstruction de plancher, à tous les niveaux, sur un immeuble concerné par une inscription à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en date du 05 octobre 1981. Et clame dans la partie orange avec un certain sang froid : Le patrimoine, c'est capital. Oui, on peut le dire comme cela.

    Sauf que  la conservation du patrimoine, à nos yeux, exclut les destructions qui vont avoir lieu et qui sont annoncées en toutes lettres : on restaure les menuiseries, mais on démolit les planchers. Et pas mal de choses en sus. On ne fera pas une fois de plus ici la liste. Il s'agit bien d'une réhabilitation et non d'une restauration, même si la Mairie de Paris l'affiche sur la marquise.

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    La Mairie de Paris restaure le Louxor, dixit la DPA.

     

    Le patrimoine, c'est capital.

    Le dossier peut être consulté sur rendez-vous à la Ville de Paris, Direction de l'Urbanisme, sous-direction du Permis de construire et du Paysage de rue. Pôle accueil et service à l'usager, 17, boulevard Morland, 75181 Paris, cedex 04. Téléphone : 01 42 76 32 34

  • La loi et le patrimoine -1-

    Patrimoine

    Toujours dans le cadre des lectures d’été guidées par le hasard, nous voici à jeter un regard intéressé mais inquiet à l’article 52 de la loi de finances de 2010. Elle concerne le patrimoine, qui a été au cœur de toutes nos actions pour la sauvegarde du Louxor.

    C’était à l’occasion d’un vote du Sénat en première lecture en novembre 2009 que la presse s’était fait l’écho de l’article en question. De quoi s’agit-il ? De brader le patrimoine national, s’exclament certains, de redonner la priorité à une gestion locale et de proximité en transférant la propriété des biens nationaux aux collectivités territoriales qui en feront la demande, plaident les autres.

    Il semble que la tentative de Jean-Jacques Aillagon en 2003 d’ouvrir une voie au transfert des monuments historiques, protégés par une inscription nationale, aux collectivités locales n’ait pas été assez bien comprise, ou appréciée (loi du 13 août 2004). Le résultat est que la liste des 176 monuments nationaux déclarés aptes à devenir la propriété des communes ou des régions, ne s’est réduite que de moitié environ. L’actuel gouvernement a donc décidé d’aller plus loin, malgré les protestations des protecteurs du patrimoine, et d’alléger les contraintes qui encadraient ces cessions.

    Que représente l’abandon de ces contraintes ?

    Contrairement à celle de 2004, la loi, votée à l’Assemblée nationale, autorisait désormais le transfert partiel des monuments historiques propriétés de l’état, ainsi que des parties mobilières de ceux-ci. Au Sénat, une intervention de Jack Ralite permettait toutefois l’adoption d’un amendement maintenant l’obligation de conserver le bien dans son intégralité : on échappe ainsi au démantèlement prévisible. En revanche, les sénateurs ont repoussé l’interdiction, objet d’un autre amendement, de vendre à un privé la propriété acquise. Avant une éventuelle revente, seul est imposé un délai de vingt ans, pendant lequel le ministère de la Culture doit être consulté. Une définition bien floue, et donc un garde-fou bien aléatoire, quand le gouvernement cherche à se défaire de ses charges, les caisses vides dictant leur loi. De manière triviale, on pourrait dire que l’Etat vend les bijoux de famille. Cela ressemble à L’affaire Saint Fiacre de Simenon.

    Il n’y a plus de catalogue. Plus de liste limitée à un certain nombre de biens. Non. Tous sont logés à la même enseigne, soit 1750 monuments nationaux d’après La Croix du 29 novembre 2009. Un exemple ? La forteresse de Salses est, parait-il, convoitée par le président du Conseil régional de Languedoc-Roussillon...

    Le débat au Sénat aura toutefois permis de revenir sur la décision ultime octroyée au préfet. C’est finalement le ministre de la Culture qui donnera un accord définitif de cession, lui qui n’avait pas été choqué par la méthode…


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    Un site contemporain du Louxor dans le 13e arrondissment de Paris : la piscine de la Butte aux Cailles, construite entre 1922 et 1924, est classée à l'inventaire  des Monuments historiques, depuis 1990.