Dans l'épisode 1, nous avons surtout évoqué les données chiffrées indiquées dans le rapport sur la propreté (voir notre article du 30 janvier).
Sans entrer dans les détails, contentons nous de lister les problèmes relevés et les leviers d'action pour tenter de les résoudre. A savoir : l'organisation interne du service de la propreté, la coordination des services intervenant sur l'espace public, le partage entre la régie et les prestataires privés et le co-pilotage entre les mairies d'arrondissement et la mairie centrale. Ces questions sont revenues souvent lors des auditions peut-on lire dans le rapport, aussi bien de la part des syndicats que des élus de la majorité comme de l'opposition. Il faut savoir que depuis 2017, les maires d'arrondissement disposent d’une dotation d’investissement d’un montant global de 500 000 €, afin d’acheter des petits matériels de propreté. Un montant insuffisant d'après les élus. On précise aussi dans le rapport que les plans de propreté sont co-élaborés avec les maires qui parfois y associent les conseils de quartier.
Mais qu'a donc fait Action Barbès ?
On peut dire qu'Action Barbès s'y est collé depuis des années, on peut même dire depuis 2001 ! Nous étions à la présentation du plan propreté 2017 (voir article du 7 juillet) après ceux de 2016, 2015... bon, on s'arrêtera là, vous pourrez vous-même faire le décompte. Nous avons aussi participé à des marches exploratoires (dès le début du 1er mandat de Bertrand Delanoë), puis relayé les OCNA (opérations coordonnées de nettoyage approfondi), dans le 9e, dans le 10e et dans le 18e. On aurait envie de dire " tout ça pour ça ? ". Nous ne résistons pas non plus à l'envie d'évoquer les fameux pieds d'arbres du boulevard Magenta, par exemple, qui ont fait l'objet de tellement d'articles ! Une catastrophe.
Les adhérents de la 1ère heure se souviendront de la manifestation organisée en mai 2008 devant le Louxor et des cartes postales éditées pour l'occasion et envoyées à l'adjoint de l'époque, François Dagnaud. C'était la séquence nostalgie...
Des mesures étaient annoncées lors du Conseil de Paris le 27 mars 2017: "créations d'équipes transversales afin de faire émerger au sein des directions des habitudes de travail communes et coordonnées, intensification de la verbalisation, actions d'investigation, responsabilisation et prise d'initiative par les équipes de terrain, visites de terrain régulières avec des responsables de l'ensemble des services concernés (DPE, DEVE, DPSP, DVD) afin d'organiser des actions communes et CR aux maires et aux CQs. Ils seront équipés de smartphones et utiliseront "Dans ma rue" (une application de la ville dédiée au signalement des dysfonctionnements observés dans l'espace public). On pourra les reconnaitre avec leur chasuble orange. Seuls 15 secteurs seront concernés (voir ci-dessous):
En ce qui concerne l'utilisation des smartphones, il est regrettable que tous les agents n'en soient pas équipés pour renforcer leur efficacité. Nous en avions parlé dès la campagne municipale de 2014. Ce qui parait logique puisqu'on demande aux Parisiens d'utiliser l'application DansMaRue. Par exemple, un agent occupé à une tâche de balayage qui verrait un dépôt sauvage sur le trottoir serait en mesure de le signaler rapidement.
Autres pistes évoquées dans le rapport: " renforcement de la prévention, par des actions de communication et de sensibilisation, la participation citoyenne et la verbalisation pour lutter contre les incivilités".
Sept campagnes de sensibilisation ont été menées depuis 2002 mais sans aucune évaluation de leur impact sur les comportements. On pourrait dire, sans sourire, que l'évaluation se fait d'elle-même en constatant l'état de certaines rues et de certains secteurs où aucune amélioration n'a été constatée. A Barbès, rue de la Goutte d'or, rue de la Charbonnière, à Château rouge, dans le haut du faubourg Poissonnière etc..., ce sont toujours les mêmes constats. Alors, pas de nettoyage ? Bien sûr que si, il n'est pas question de le nier. Mais l'incivisme y règne en maître et ce ne sont pas principalement les habitants qui salissent. Reste alors la verbalisation enfin acceptée comme une possible piste depuis la création de la brigade des incivilités. Encore faudra t-il que les priorités soient clairement définies comme le souligne Mathieu Clouzeau, directeur de la DPSP.
Quid du paiement des PV? C'est une question que nous avons posée à plusieurs reprises, notamment lorsque la DPE 18e nous avait autorisée, il y a quelques années, à suivre une équipe d'inspecteurs. Ces derniers ne peuvent pas le savoir, ils n'ont aucun retour et on peut se demander si ce n'est pas démotivant. Nous avons aussi demandé que le nombre de verbalisations soit connu des citoyens et pas seulement pour l'arrondissement mais par quartier et par catégorie d'infractions. Nous reprenons ici l'intervention du maire du 19e, François Dagnaud, que nous partageons: « Nous savons mesurer le nombre de verbalisations mais je ne sais pas si nous savons combien sont effectivement payées. Je pense que la crédibilité de la dissuasion recherchée passe aussi par là mais ce paramètre n’est pas entre nos mains. Il ne s’agit pas d’un problème intra-municipal mais cela reste un souci. Aujourd’hui, nous savons dire combien de procès-verbaux sont dressés sans que personne ne sache dire combien sont réglés ».
Les fameuses préconisations
On en dénombre 45. Nous en avons sélectionnées quelques unes qui nous intéressent plus particulièrement:
- adapter la communication à la variété des publics,
- améliorer l'efficacité des corbeilles de rue (nombre, lieux, couleur des sacs),
- intégrer un véritable cendrier sur les corbeilles de rue, plus visible que l’actuel éteignoir (point que nous avions soulevé),
Pour les comportements inciviques
- utiliser la vidéo-verbalisation pour lutter contre les dépôts sauvages, notamment les gravats laissés par les entreprises, en liaison avec les divisions territoriales,
- renforcer les contrôles de la Ville sur la tenue des chantiers, les emprises sur l'espace public et la remise en état de la voirie,
- renforcer les moyens juridiques de lutte contre l’affichage sauvage et les graffitis pour mieux sanctionner leurs auteurs, dépénaliser les amendes de propreté et permettre à Paris d’en relever le montant notamment en cas de récidive, (ce qui nécessitera des évolutions législatives),
- prendre un arrêté municipal pour verbaliser les entreprises n’ayant pas installé de cendriers en quantité suffisante ou n’ayant pas procédé au nettoiement du trottoir à proximité de leur établissement.
Coordination et interventions sur l'espace public
- Doter chaque arrondissement d’un coordinateur des services techniques, nommé en accord avec le maire d’arrondissement, chargé de coordonner l’action locale de la DPE, de la DEVE et de la DVD ainsi que celles des autres acteurs de l’espace public sur les sujets de propreté. Il sera en particulier chargé de synchroniser les opérations de ramassage de sacs de propreté entre les agents chargés du nettoiement et ceux de la RATP ou encore de rappeler au titulaire du permis de végétaliser ses obligations d’entretien et de nettoyage.
- Confier à la DPE la responsabilité de l’entretien des pieds d’arbres, en lui donnant les moyens mécaniques pour réaliser cette tâche (aspirateurs dédiés).
Moyens matériels
- Accélérer le déploiement de terminaux intelligents pour tous les agents afin que les anomalies puissent être immédiatement relevées, transmises et traitées sans attendre leur retour à l’atelier.
Impossible de résumer un tel rapport et difficile de faire des choix entre les informations qu'il fournit. Nous précisons qu'il ne s'agit pas ici du rapport de 14 pages réalisé à la suite des "conférences citoyennes" pour un coût de 224 580€, dont on a beaucoup parlé dans la presse la semaine dernière.
Pour rappel, nous pourrons vous envoyer le rapport complet sur simple demande à notre adresse mail action.barbes@gmail.com
Commentaires
Merci Action Barbés pour votre travail, vis-à-vis d'amélioration de conditions de propreté dans notre arrondissement. Hélas, on avance très lentement et insuffisamment. Le kiosque abandonné, la saleté aux alentours du métro Barbes et les graffitis par tout sont désolants. Sans une résilience comme le votre, le carrefour Barbés sera une zone encore plus infréquentable.
A propos du carrefour Barbès évoqué dans le commentaire de @Maria, et pour ne pas être trop négatif en ce début d'année, je suis allée voir dans les éditions des bulletins d'information qu'Action Barbès publiait entre 2002 et 2011. Un sujet revenait très souvent, la circulation. Les concerts d'avertisseurs étaient une donnée incontournable pour les habitants autour du carrefour, les imbrications de véhicules insolubles, devant Tati, ou au débouché des bd de Rochechouart ou de La Chapelle. C'est une des caractéristiques de ce carrefour qui a quasiment disparu.
On a oublié aussi l'état déplorable du Louxor, dans sa version abandonnée, et les amas de déchets en tous genres qui ont servi de devanture pendant deux longues années devant les ruines de Vanoprix. (dans la rubrique recherche, taper VANO pour en remonter l'histoire et la transformation en Brasserie Barbès)
Quant aux vendeurs de cigarettes, ils sont toujours là...
Les marchés de la misère ont gagné du terrain, malgré les efforts des services de la Préfecture de police, pour circonscrire leur présence.
Mais ne perdons pas l'espoir de temps meilleurs. Et plus propres !
http://actionbarbes.blogspirit.com/media/02/01/1680504396.jpg (un souvenir ...)