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Retour sur le conseil d'arrondissement du 10e : marchés illégaux

Nous évoquons ici le vœu présenté en pré-conseil par le Conseil de Quartier Louis Blanc - Aqueduc sur les marchés illégaux sous la ligne 2 du métro (voir ci-dessous l'intégralité du vœu) au dernier conseil d'arrondissement du 10e.

Sujet qui touche également d'autres quartiers du nord-est parisien comme Barbès. On sait que ces marchés de la misère se déplacent au gré des actions de police. C'est ainsi de Belleville à Barbès pour ce qui est de la ligne 2.

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Marché illégal sous la ligne de métro n°2

Avec l’aggravation de la crise, les marchés illégaux proposant des objets, généralement issus de la récupération, se sont développés, en particulier dans l’Est parisien. Ces marchés se traduisent par un envahissement de l’espace public (trottoirs, pistes cyclables…) par des vendeurs et un grand nombre d’acheteurs, hors de tout dispositif légal.

Le quartier de la Chapelle est confronté à l’un de ces marchés sauvages depuis maintenant plus d’un an qui s’implante, suite aux actions menées, chaque mercredi et samedi, le long de la ligne de métro 2, entre les stations La Chapelle et Stalingrad.

Si nous ne pouvons nier le dénuement des populations très précarisées qu’attirent ce marché, nous ne pouvons pas non plus, sous prétexte d’humanisme, fermer les yeux sur les problèmes de plus en plus importants que ce phénomène  génère pour le quartier:

- monceaux de déchets, plastiques, vêtements, qui affectent, par leur quantité, la salubrité de l’espace public, face à des services de propreté dépassés et dans l’incapacité de nettoyer les lieux efficacement et dans les temps ;

- heurts voire agressions par les « services d’ordre » mafieux qui profitent des démunis pour écouler des marchandises arrivant par véhicules utilitaires entiers, de manière organisée et aux antipodes d’un commerce « de survie » par des individus dans la détresse ;

- occupation des terre-pleins, des trottoirs, des pistes cyclables et débordement sur la chaussée de l’un des grands boulevards parisiens, au risque d’accidents.

 

De telles situations ne peuvent perdurer.

Dans un quartier où se cumulent un ensemble de difficultés, les habitants demandent que, sans attendre davantage, des mesures soient prises pour :

- empêcher l’installation régulière de ces marchés illégaux ;

- développer de véritables filières de recyclage, via les associations, afin de subvenir aux besoins des populations les plus démunies ;

- combattre et éliminer les réseaux qui imposent leur loi sur ces marchés et profitent de la misère des plus vulnérables.

 

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Les interventions des élus de la majorité furent à l'unisson :  

"Le territoire du sous viaduc est géré par le 18e. Tant en matière de propreté que de sécurité. Je connais bien la situation. Il y a des gens très pauvres mais aussi des organisateurs de ce marché. Je réinterpellerai le Procureur de la République et le Préfet à ce sujet" a précisé le maire du 10e.

Didier Le Reste (élu Front de Gauche) a souligné les difficultés rencontrées également par les agents du bureau de poste situé côté 18e et approuvé, au nom de son groupe, la démarche du maire.

La problématique sociale a aussi fait partie du débat. On a parlé d'une ressourcerie notamment. Mais Rémi Féraud ne croit  pas à la pertinence d'un "Carré de biffins".

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A Barbès, nous connaissons bien le problème. Il n'est pas toujours facile de jongler d'un arrondissement à l'autre. Donc, le nettoyage doit être fait par des équipes du 18e et, côté police, il faut une coordination entre les deux arrondissements. Quant à un marché de biffins, nous l'avions proposé voici plusieurs années à Daniel Vaillant alors maire du 18e. Il faisait à cette époque la même réponse que Rémi Féraud. Nous savons que c'est un problème complexe. Il suffit de connaitre la situation autour du Carré des biffins de la Porte Montmartre pour le comprendre.

Voir la réponse du Médiateur de la Ville de Paris aux riverains des Puces de Saint-Ouen au sujet des ventes à la sauvette. Elle est éloquente.

Pour terminer sur une note plus positive, la conférence de programmation des équipements — réunion cadre de la Mairie de Paris avec les maires d'arrondissement, la maire de Paris et l'adjoint aux finances — a confirmé l'inscription budgétaire pour la promenade urbaine entre Barbès et Stalingrad (et on l'espère au-delà) pour un montant de 8 millions d'Euros.

 

Commentaires

  • La phrase "Les interventions des élus de la majorité furent à l'unisson" m'étonne un peu car mon intervention n'allaient pas dans le sens de celles des autres groupes. Le groupe écologiste proposait bien un maintien (ou déplacement sur une zone plus sécurisée) et un encadrement de l'activité (contrôle des marchandises, nettoyage de l'espace, attribution des places, suivi social des marchands...).

    Léa Vasa,
    Adjointe au maire du 10e
    chargée de l'économie sociale et solidaire, du développement durable, dui suivi du Plan climat énergie et du handicap

  • Il est intéressant de relire vos articles sur ce problème depuis 2011 (voir par exemple le voeu du Conseil de Paris en 2012 : http://actionbarbes.blogspirit.com/archive/2012/11/01/les-marches-de-barbes-au-conseil-de-paris.html ). Intéressant ou désespérant.

    Je me souviens également des tous débuts du marché sauvage de Barbès, il n'y a pas si longtemps, quand un petit groupe de femmes revendaient des produits distribués par la banque alimentaire. Groupe qui a très rapidement grossi au fil des semaines, au point de bloquer l'accès au métro côté Guy Patin. Des riverains et Action Barbès avaient alerté les pouvoirs publics, qui s'étaient engagés à s'occuper sérieusement du problème...

    "Pour stopper un incendie, il faut un verre d'eau la première seconde, un seau la première minute, une tonne d'eau au-delà de 10 minutes". Nous avons largement dépassé les 10 minutes, mais les autorités en sont encore à chercher un seau...

    Or, sauf improbable miracle économique, la précarité va augmenter à l'avenir, le nombre de migrants livrés à eux-mêmes va s'accroître, comme celui des sans-abris, et l'emprise des réseaux mafieux qui occupent cet espace abandonné par la République ne pourra qu'être de plus en plus forte. La situation n'est pas transitoire : c'est un phénomène durable et important qui est train de s'installer.

    On sait aussi que ce problème, typique des grandes villes du tiers-monde, concerne de nombreux quartiers de Paris : Porte de Bagnolet, Ménilmontant, Porte de Vanves, Porte Montmartre, Château-Rouge... Au rythme où vont les choses, d'autres marchés sauvages vont forcément apparaître (embryons Porte de Clignancourt, rue Marx Dormoy...).

    Au lieu de mettre la poussière sous le tapis, en repoussant les vendeurs dans l'arrondissement ou la commune voisine - jusqu'à ce qu'ils reviennent encore plus nombreux -, au lieu de donner des coups d'épée dans l'eau qui ne règlent rien et sont même contre-productifs, il faudrait donc une politique globale, claire, et énergique (rêvons un peu...).

    Peut-être existe-t-il des rapports ou des analyses sur ces marchés dans d'autres villes (de France, d'Europe et d'Afrique), qui aideraient à mieux appréhender le problème ? Il serait également intéressant de remettre en perspective historique le marché sauvage de Barbès, puisqu'on sait qu'il existait déjà, sous une forme plus modeste mais dans les mêmes lieux, avant la "rénovation" du quartier, dans les années 1980. De même, on ne peut dissocier les marchés illégaux et le problème des vendeurs dits à la sauvette qui squattent massivement les lieux les plus touristiques de Paris.

    L'enjeu peut se résumer en une question : à qui appartiendra, demain, l'espace public parisien - en dehors des quartiers résidentiels "bourgeois" -, et qui y fera la loi ?

  • Bonsoir,

    Nous adhérons à ce billet, et aux commentaires précédents.

    La vente à la sauvette est un délit passible de 6 mois d’emprisonnement et de 3 750 € d’amende.

    Comme nous l'écrit le Médiateur de la Ville de Paris, "Je note que la création d'un "carré des biffins", destiné à limiter l'étendue de ce phénomène, n'a pas eu l'effet escompté".
    Quand on sait que la gestion des 100 emplacements sous le pont du périphérique à la Porte Montmartre par une association coûte 300 000 € par an depuis 2009, on se demande bien pourquoi la mairie persiste sur cette fausse bonne idée.

    Pour bien mettre les choses en perspective, voici ce que représente la vente à la sauvette Porte Montmartre (ces éléments proviennent de la ville de Paris et de Saint-Ouen) :
    - entre 500 et 1 000 vendeurs quotidiens (et 2 à 3 fois plus de clients)
    - entre 2 et 4 tonnes de déchets enlevés au bulldozer chaque mardi matin sur une rue de 300 mètres
    - plus de 470 litres d'urine déversés sur les 50 premiers mètres d'une rue de St Ouen (les riverains depuis ont bataillé ferme pour obtenir la pose d'un urinoir de 374 litres plein chaque lundi soir)

    Une question d'égalité entre Parisiens se pose : pourquoi une telle pollution de l'espace public est acceptable à la Porte Montmartre, à Barbès ou à Château Rouge, alors qu'elle ne serait pas tolérée une poignée d'heures Place des Vosges ou à la Concorde ?

    Cordialement
    Voisins des Puces
    https://www.facebook.com/voisinsdespuces

  • Le "carré des biffins" paraît être un exemple parfait de fausse bonne idée, qui confond générosité et efficacité, et dont les effets sont finalement à l'opposé de l'objectif initial.

    La légalité et la moralité de cette organisation de l'illégalité sont pour le moins douteuses :

    - La loi française stipule que toute activité commerciale doit être déclarée et donner lieu au paiement d'impôts et de taxes. En organisant un marché de personnes qui exercent un commerce -même modeste-, non déclaré, les pouvoirs publics se rendent complices d'une fraude qui pourrait être sévèrement sanctionnée, entre autres par le fisc et l'Urssaf. C'est aussi une rupture du principe fondamental de l'égalité des citoyens devant la loi.

    - C'est une injustice, tant par rapport aux personnes défavorisées qui n'ont pas accès à un telle zone de "hors-droit" (et sont donc à la merci d'amendes, de saisies de marchandises, etc.), que par rapport aux petits commerçants à très faibles revenus, qui sont extrêmement nombreux.

    Exemple : aux Puces, il y a des brocanteurs très âgés qui survivent avec quelques centaines d'euros par mois (retraite minimum ou inférieure au minimum vieillesse, plus de petites ventes), mais qui eux doivent payer de lourdes charges sociales (RSI), des taxes locales (CFE), et sont soumises à des règlementations parfois contraignantes (livre de police, etc.).

    Comme toujours, de telles dérogations au droit commun sont des aveux de faiblesse ou d'impuissance (on se débarrasse du problème en accordant des privilèges - privata lex -), et finissent toujours par être contre-productives (exemple des "niches fiscales").

    * "Le ius commune (en français : « droit commun ») désigne l'ensemble des règles qui s'appliquent de façon générale à un territoire donné. Il s'oppose ainsi au ius singulare qui est un droit spécial pour certains groupes de la population..."

  • Les commentaires de JD sont très enrichissants, et réalistes, mais me désespèrent aussi.
    Dans quelles villes ou quel pays a-t-on réussi à endiguer ces phénomènes qu'entrainent la misère et la précarité d'un grand nombre de personnes ? D'accord avec vous, la situation n'est pas près de s'améliorer. Nous aurons, à Action Barbès, encore l'occasion d'écrire sur les sauvettes et les marchés illégaux, malheureusement. Qui a des solutions ? même coûteuses...

  • Merci pour le compliment Lise. Nous savons tous qu'il n'y a pas de solution miracle, que la tâche des décideurs n'est pas facile du tout, mais il est peut-être possible d'avoir une attitude constructive.

    Il me semble que toute politique ou action publique qui ne part pas d'une analyse aussi objective, lucide et modeste que possible, est vouée à l'échec. C'est de l'esbroufe, de l'illusionnisme, qui ne sert qu'à distraire le bon peuple et à flatter l'égo des responsables, qui se donnent l'impression d'agir.

    Il me semble que tout recul sur les principes fondamentaux est une erreur, une défaite qui se paie ensuite au centuple. On ne fabrique pas de la justice en admettant l'injustice, pas plus qu'on ne créée de la richesse en ruinant les peuples. Quand on dispense une partie de la population des règles et obligations communes, on ne l'intègre pas, on l'exclut de la collectivité, et de fait on l'invite à adhérer à d'autres règles, d'autres valeurs, à appartenir à une autre communauté, en marge.

    Je pense que le premier service que l'on puisse rendre aux personnes en situation précaire, c'est qu'ils soient soumis aux mêmes règles que les autres, même si à court terme cela paraît injuste ou dur.

    A propos, il me semble qu'il n'y a pas de marchés sauvages aux USA, malgré une situation sociale comparable ? Est-ce qu'il en existe en Allemagne ? (Je l'ignore, mais il serait intéressant de savoir comment les autorités allemandes gèrent ce genre de situation).

    Une vidéo, étonnante pour nous, sur la répression du commerce illégal dans les rues de Belfast, avec la télévision annonçant des arrestations de vendeurs à la sauvette (!) : https://www.youtube.com/watch?v=s_Ykg3LUYug

  • Les commentaires ci dessus sont intéressants et je partage l'avis de Lise pour ceux de JD.
    Si nous voulons regarder la question avec un certain recul, il me semble que nous pourrions être d'accord sur un certain nombre de points :
    -la répression ne résoudra en rien le problème tant l'exemplarité de la peine ne signifie plus rien dans notre société
    - ne pas vouloir reconnaître comme certains semblent le faire que la cause de cette situation est économique empêche d'appréhender la situation correctement. Pense t-on sérieusement que les vendeurs "illégaux" ont ça dans leur ADN ?
    -il faut constater que la tendance de l'époque peut se résumer helas à : fort avec les faibles et faible avec les forts. Pourquoi les marchés de la misère sont ils autant condamnés alors que l'evasion fiscale d'une toute autre importance est devenue un sport national ? Pourqoui penser comme le fait JD qu'on ne fait pas de la justice avec de l'injustice, de la richesse avec de la pauvreté alors que les Bernard Arnault, Vincent Bollore et autres en sont le parfait exemple ?

    Bref, si nous voulons traiter notre question, c'est aux inégalités sociales auxquelles il faut s' attaquer et nous n"en prenons pas le chemin. C'est pourquoi, comme Lise, je désespéré.

  • Des inégalités sociales il y en a toujours eu, et il y en aura toujours. Donc dire qu'il faut "résoudre" la pauvreté dans le monde pour enfin résoudre la vente à la sauvette à Paris est illusoire.

    Les pouvoirs publics doivent se saisir réellement de la question en commençant par expliquer aux Parisiens qu'ils ont compris qu'il y avait un problème, et proposer des solutions. Ils ont été élus pour ça. Car il ne faut pas renverser les rôles : les riverains (et les professionnels) paient des impôts, subissent malgré tout des nuisances insupportables, et il faudrait par-dessus tout faire des propositions ? C'est la triple peine. Chacun doit jouer son rôle. Nous quantifions les nuisances, charge aux interlocuteurs compétents et responsable de faire leur job, accessoirement de faire respecter la loi dans un espace où tout est permis.

    A la Porte Montmartre (nous parlons de ce que nous connaissons) il n'y a que des souris, et pas de chat. Pas de répression revient à tolérer, donc à légaliser la vente à la sauvette. Et l'effet boule de neige agit : des réseaux très organisés vident désormais leurs utilitaires d'objets à la provenance douteuse. D'ailleurs sur ce point l'Association Aurore écrivait à propos de la vente à la sauvette "Il s’agit d’une activité marchande de revente d’objets de contrefaçon, provenant de recel et de « piratages »".
    A défaut de régler le problème, la répression permettra au moins d'expliquer et de sanctionner ce qui est illégal...

  • Tout à fait d'accord avec JD

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