Si la mise en place des Conseils de quartier en 2001 est effectivement à mettre au crédit de la municipalité, il est clair que l’expérience montre que cette mise en place ne s’est pas faite dans de bonnes conditions. Du découpage géographique de notre arrondissement dont chacun voit bien qu’il est très artificiel (pourquoi un Conseil Provence Opéra pour un quartier où il y a fort peu de personnes et un Conseil Clichy Trinité regroupant deux quartiers très peuplés si différents ?) au manque de concertation (on a voulu faire passer des séances d’information pour des séances de concertation) en passant par l’encadrement de ces Conseils par des élus référant omniprésents maîtrisant jusqu’à l’ordre du jour des réunions, il n’a pas fallu longtemps pour que la fréquentation des Conseils devienne marginale, donc leur représentativité contestable et les comités les animant sans aucune motivation. Réduits à de simples comités des fêtes de quartier, les Conseils de quartier n’ont pas été à la hauteur des attentes des habitants. De nombreux exemples très récents nous prouvent que les intentions de la municipalité réélue en mars restent dans la lignée des habitudes antérieures : le projet de réaménagement de la rue de Rochechouart dont les travaux seront lancés en juillet n’a fait l’objet d’aucune concertation avec le Conseil de quartier concerné ni d’ailleurs celui de la place Turgot. Les travaux en cours rue Victor Massé pas plus à notre connaissance, malgré des pétitions qui ont circulé il y a quelques mois, signe de la mobilisation des habitants. Les questions sérieuses de sécurité qui ont fait l’objet de nombreuses interpellations sont restées sans réponse efficace. Il suffit par ailleurs de discuter un peu avec d’anciens membres de collectifs d’animation pour comprendre leur découragement. Sans parler de l’espèce de noyautage des comités d’animation à des fins soit partisanes, soit personnelles.
Le 18 juin prochain se tiendra une réunion plénière des Conseils de quartier et sera l’occasion pour les habitants de notre arrondissement de se mobiliser en faveur d’un exercice réellement démocratique de nos Conseils de quartier. Il est clair que sans une mobilisation forte, nos élus ne seront pas tentés de faire beaucoup d’efforts, l’expérience 2001-2008 nous le prouve.
Nous vivons une période de grande instabilité sociale qui engendre beaucoup de problèmes notamment un « vivre ensemble » de plus en plus difficile. Les questions de sécurité bien sûr, mais aussi celles de la plus simple incivilité sont devenues quotidiennes. Il n’est bien sûr pas question de rendre le Maire de Paris ni celui du 9e responsables de cette situation mais, peut être, le bon fonctionnement d’instances comme les Conseils de quartier, parmi d’autres, peut nous aider à en résoudre quelques-uns. C’est ce bon fonctionnement que nous devons demander et obtenir, conformément aux promesses faites.
Il y a les discours et il y a les actes. Considérer les uns et les autres en ce qui concerne les Conseils de quartier, c’est comprendre, qu’à bien des égards, nos élus ont un problème avec ceux-ci.
Examinons d’abord les discours.
La mise en place des Conseils de quartier dans le 9ème après les élections de 2001 ouvrait une ère nouvelle nous disait la municipalité qui venait d’être élue. Beaucoup de choses ont été écrites sur la question. Inutile d’y revenir. On voulait faire de nos Conseils de quartier des organes de concertation, d’animation, des lieux d’expression démocratique. Sept ans plus tard, il faut croire que les choses n’avaient guère changé puisque les promesses électorales sur le sujet n’ont pas manqué lors de la campagne des municipales 2008 : « Une "Charte de la participation parisienne" sera élaborée dès le début de la mandature, en synergie avec les mairies d’arrondissement, les représentants des conseils de quartiers et du monde associatif, puis soumise au vote des élus du Conseil de Paris. Par cette Charte, les mairies d’arrondissements et la Ville s’engageront vis-à-vis des Parisiens sur des modalités et des règles de concertation précises; pour les conseils de quartier, cette charte arrêtera des principes communs sur leur composition – la plus ouverte possible – et leur renouvellement régulier, les sujets sur lesquels leur consultation deviendra incontournable, la maîtrise de leur ordre du jour, le suivi de leurs demandes. » Source : page 34 du fascicule Paris, un temps d’avance – projet 2008-2014. Ou encore : « Associer les Conseils de quartier à la définition des priorités d’investissements localisés » Source : page 9 du fascicule le 9e, un temps d’avance avec Jacques Bravo. Promesses électorales qui résonnent, en creux, comme un aveu d’échec.