Les 100 participants à cette réunion sont à peu près le nombre moyen de participants à chacune des sessions des 5 Conseils de quartier durant l’année, qu’il nous faut quand même ramener au potentiel, certes théorique, du nombre de participants maximum à ces Conseils, soit le nombre d’inscrits sur les listes électorales du 9ème plus les gens qui y travaillent soit environ 40 000 personnes. N’y aurait-il que 10% de ce potentiel mobilisés, soit 4000 personnes, nos 100 participants ne représentent que 2,5% de cet échantillon. C’est extrêmement faible et pose clairement la question de la représentativité des Conseils, c'est-à-dire la validité des avis et recommandations émis par ceux-ci.
La manière d’aborder le sujet par les élus est contradictoire. Le discours est extrêmement ouvert, plein de bonnes intentions, quoique flou. Mais la pratique s’avère moins libérale. Le mode de désignation des Collectifs de propositions est fixé par la Mairie. Les dates de réunion des Conseils également. La révision de la charte devra nécessairement s’inscrire dans les objectifs fixés par l’Hôtel de Ville pour le projet de charte parisienne. Le maintien des élus référant qui deviendraient élus délégués, omniprésents, semble là pour encadrer, limiter, les marges de manœuvre des collectifs et donc des Conseils. Jusqu’aux comptes-rendus qui sont écrits par un(e) chargé(e) de mission de la Mairie ! Sans parler de la confusion sémantique qui semble régner rue Drouot comme à l’Hôtel de ville entre information, consultation et concertation !
Reconnaissons que les citoyens n’ont pas non plus une attitude très claire. Leur manque d’engagement, la non prise en mains de l’outil Conseil de quartier pour diverses raisons, gênent le processus, voire le bloquent. Le fait que ce soit des militants politiques - ce qui ne serait leur être reproché bien entendu – qui la plupart du temps intègrent les collectifs de propositions n’arrange pas les choses. Sur les quatre rapporteurs d’activités des collectifs qui ont pris la parole au cours de la réunion du 18, quatre sont des militants ! Ce n’est faire de procès d’intention à personne que de dire que cela peut en gêner certains. Enfin, last but not least, la nature des sujets traités par les Conseils de quartier sont certainement la cause de ce non engagement. Tant que ceux-ci se contenteront d’être de simples comités des fêtes locales, il y a fort à parier que nombre d’habitants ne souhaiteront pas s’y investir.
Alors échec de la Démocratie participative ? Anesthésie de celle-ci par des élus préoccupés de conserver les quelques prérogatives qu’ils ont encore et qu’ils ne veulent pas voir entamer par les habitants ? Immaturité démocratique de la population, voire irresponsabilité ? Le chemin va être long. La Démocratie représentative a mis presque deux siècles pour s’installer, restons optimistes.
D’où vient l’impression que quelque chose ne fonctionne pas dans les Conseils de quartier dans notre arrondissement ? Mercredi 18 juin se tenait salle Rossini la réunion plénière des 5 Conseils de quartier du 9ème. Peu de monde – au maximum 100 personnes – pour cette réunion de « reprise de contact » comme l’a définie sur ce blog il y a quelques jours Amina Bécheur, Conseillère d’arrondissement en charge, entre autres, de la Démocratie locale. L’ordre du jour comprenait 3 volets : présentation des objectifs de l’exécutif municipal en matière de Démocratie locale pour la nouvelle mandature, bilan de l’activité des Conseils pour 2007/2008 et révision de la charte.
Jacques Bravo, Maire du 9e, et Amina Becheur, Conseillère d'arrondissement en charge de la Démocratie locale ont présidé la réunion
Dans un discours introductif assez court, Jacques Bravo, Maire du 9ème, a dit la manière dont il voyait les choses. « Les citoyens sont au cœur des sujets qui les concernent » a-t-il affirmé. Si les citoyens demandent des choses à la Mairie, « la Mairie a des choses à demander aux citoyens » a t-il encore déclaré. Il souhaite que les sujets traités par les Conseils de quartier dépassent le cadre de notre arrondissement pour éventuellement avoir une influence sur l’Hôtel de Ville et c’est pourquoi il donnera « la priorité aux propositions ayant reçu le label Conseil de quartier ».
Amina Bécheur, quant à elle, a rappelé le cadre du travail dans lequel s’inscrivaient les Conseils de quartier. Les prochains Conseils se tiendront en septembre ou octobre, avec comme mode opératoire la charte révisée qui servira de règle du jeu dans les relations entre les Conseils et la Mairie, les élus. Elle place la mission des Conseils dans la perspective de ce qui est prévu par l’Hôtel de Ville en matière de Démocratie locale. Une charte parisienne de la participation est un objectif fixé par le nouvel adjoint au Maire de Paris en charge du sujet, Amou Bouakkaz. Cette charte est supposée définir les grands principes et la charte des quartiers devra être en cohérence avec celle-ci. Amina Bécheur insiste sur l’importance de la mise en place de commissions transversales, en charge de sujets spécifiques, comme la voirie, le patrimoine, la solidarité, etc. … Ce processus a été initié au sein du CICA avec les associations. Elle insiste aussi sur la nécessité de faire fonctionner en cohérence, si ce n’est ensemble, les instances liées à la vie de la Démocratie locale que sont le Conseil de la Jeunesse, le Conseil des Sages, les Conseils de quartier et le Conseil des Résidents Etrangers non communautaires à créer.
Les collectifs de proposition ont ensuite présenté longuement leurs réalisations 2007/2008.
De gauche à droite : le rapporteur du collectif La Fayette Richer et celui de Clichy Trinité
D’où vient donc l’impression que quelque chose ne fonctionne pas ?