D’où vient l’impression que quelque chose ne fonctionne pas dans les Conseils de quartier dans notre arrondissement ? Mercredi 18 juin se tenait salle Rossini la réunion plénière des 5 Conseils de quartier du 9ème. Peu de monde – au maximum 100 personnes – pour cette réunion de « reprise de contact » comme l’a définie sur ce blog il y a quelques jours Amina Bécheur, Conseillère d’arrondissement en charge, entre autres, de la Démocratie locale. L’ordre du jour comprenait 3 volets : présentation des objectifs de l’exécutif municipal en matière de Démocratie locale pour la nouvelle mandature, bilan de l’activité des Conseils pour 2007/2008 et révision de la charte.
Jacques Bravo, Maire du 9e, et Amina Becheur, Conseillère d'arrondissement en charge de la Démocratie locale ont présidé la réunion
Dans un discours introductif assez court, Jacques Bravo, Maire du 9ème, a dit la manière dont il voyait les choses. « Les citoyens sont au cœur des sujets qui les concernent » a-t-il affirmé. Si les citoyens demandent des choses à la Mairie, « la Mairie a des choses à demander aux citoyens » a t-il encore déclaré. Il souhaite que les sujets traités par les Conseils de quartier dépassent le cadre de notre arrondissement pour éventuellement avoir une influence sur l’Hôtel de Ville et c’est pourquoi il donnera « la priorité aux propositions ayant reçu le label Conseil de quartier ».
Amina Bécheur, quant à elle, a rappelé le cadre du travail dans lequel s’inscrivaient les Conseils de quartier. Les prochains Conseils se tiendront en septembre ou octobre, avec comme mode opératoire la charte révisée qui servira de règle du jeu dans les relations entre les Conseils et la Mairie, les élus. Elle place la mission des Conseils dans la perspective de ce qui est prévu par l’Hôtel de Ville en matière de Démocratie locale. Une charte parisienne de la participation est un objectif fixé par le nouvel adjoint au Maire de Paris en charge du sujet, Amou Bouakkaz. Cette charte est supposée définir les grands principes et la charte des quartiers devra être en cohérence avec celle-ci. Amina Bécheur insiste sur l’importance de la mise en place de commissions transversales, en charge de sujets spécifiques, comme la voirie, le patrimoine, la solidarité, etc. … Ce processus a été initié au sein du CICA avec les associations. Elle insiste aussi sur la nécessité de faire fonctionner en cohérence, si ce n’est ensemble, les instances liées à la vie de la Démocratie locale que sont le Conseil de la Jeunesse, le Conseil des Sages, les Conseils de quartier et le Conseil des Résidents Etrangers non communautaires à créer.
Les collectifs de proposition ont ensuite présenté longuement leurs réalisations 2007/2008.
De gauche à droite : le rapporteur du collectif La Fayette Richer et celui de Clichy Trinité
D’où vient donc l’impression que quelque chose ne fonctionne pas ?
Les 100 participants à cette réunion sont à peu près le nombre moyen de participants à chacune des sessions des 5 Conseils de quartier durant l’année, qu’il nous faut quand même ramener au potentiel, certes théorique, du nombre de participants maximum à ces Conseils, soit le nombre d’inscrits sur les listes électorales du 9ème plus les gens qui y travaillent soit environ 40 000 personnes. N’y aurait-il que 10% de ce potentiel mobilisés, soit 4000 personnes, nos 100 participants ne représentent que 2,5% de cet échantillon. C’est extrêmement faible et pose clairement la question de la représentativité des Conseils, c'est-à-dire la validité des avis et recommandations émis par ceux-ci.
La manière d’aborder le sujet par les élus est contradictoire. Le discours est extrêmement ouvert, plein de bonnes intentions, quoique flou. Mais la pratique s’avère moins libérale. Le mode de désignation des Collectifs de propositions est fixé par la Mairie. Les dates de réunion des Conseils également. La révision de la charte devra nécessairement s’inscrire dans les objectifs fixés par l’Hôtel de Ville pour le projet de charte parisienne. Le maintien des élus référant qui deviendraient élus délégués, omniprésents, semble là pour encadrer, limiter, les marges de manœuvre des collectifs et donc des Conseils. Jusqu’aux comptes-rendus qui sont écrits par un(e) chargé(e) de mission de la Mairie ! Sans parler de la confusion sémantique qui semble régner rue Drouot comme à l’Hôtel de ville entre information, consultation et concertation !
Reconnaissons que les citoyens n’ont pas non plus une attitude très claire. Leur manque d’engagement, la non prise en mains de l’outil Conseil de quartier pour diverses raisons, gênent le processus, voire le bloquent. Le fait que ce soit des militants politiques - ce qui ne serait leur être reproché bien entendu – qui la plupart du temps intègrent les collectifs de propositions n’arrange pas les choses. Sur les quatre rapporteurs d’activités des collectifs qui ont pris la parole au cours de la réunion du 18, quatre sont des militants ! Ce n’est faire de procès d’intention à personne que de dire que cela peut en gêner certains. Enfin, last but not least, la nature des sujets traités par les Conseils de quartier sont certainement la cause de ce non engagement. Tant que ceux-ci se contenteront d’être de simples comités des fêtes locales, il y a fort à parier que nombre d’habitants ne souhaiteront pas s’y investir.
Alors échec de la Démocratie participative ? Anesthésie de celle-ci par des élus préoccupés de conserver les quelques prérogatives qu’ils ont encore et qu’ils ne veulent pas voir entamer par les habitants ? Immaturité démocratique de la population, voire irresponsabilité ? Le chemin va être long. La Démocratie représentative a mis presque deux siècles pour s’installer, restons optimistes.
Commentaires
Cher Didier,
Nous avons là notre différence d'appréciation habituelle sur les conseils de quartier. Fondamentalement, elle vient de ce que vous craignez une frilosité des élus face à une dilution de leurs pouvoir. Je crois au contraire que les élus d'arrondissement ont en réalité un pouvoir proche de zéro, et ne sauraient craindre de déléguer ce qu'ils ne possèdent pas. Coincés entre des services centraux qui ont, disons une certaine culture d'indépendance, et une articulation politique à faire entre les arrondissements et la ville, ils ont d'autant plus de mal qu'une bonne part débarque sans rien connaitre des subtilités administratives et sans pouvoir s'y consacrer à plein temps. Les élus d'arrondissement sont surtout des "facilitateurs", à part sur quelques dossiers qu'ils ont bien en main.
Pour moi, le problème majeur des Conseils de quartier est double: ils ont par nature un pouvoir limité (plus encore que celui des élus municipaux, autant dire qu'il ne reste pas grand'chose) et ils souffrent d'une absence de mobilisation de la population. Si les militants lâchaient l'affaire, en toute honnêteté je ne sais pas si la structure survivrait.
Toute idée pour dynamiser est bonne à prendre mais se limiter à faire des procès d'intention ne fait pas avancer le schmilblick.
Tonio, là où vous voyez procès d'intention je vois constat !
Apprécier les "pouvoirs" des Conseillers d'arrondissement est fonction du repère que l'on choisit ! Il est vrai que ceux ci en ont très peu pour les sujets touchant la ville de Paris mais si je regarde la question en fonction des sujets abordés par les Conseils de quartier, cela change. Qu'un ou une élu(e) ait une idée bien précise sur le possible reaménagement de telle rue ou de telle place dans le quartier peut changer la donne !
Nous sommes d'accord sur le peu d'engagement des citoyens et pour le regretter sans doute. Mais nous sommes dans l'histoire de l'oeuf et de la poule. L'engagement de ceux ci ne se fera que le jour où ils auront l'impression d'une réelle efficacité des Conseils et le jour où leur participation ne servira plus de caution à l'exécutif de quelque bord politique qu'il soit - en un mot la récupération. Nous n'avons franchi aucun de ces stades hélas.
A Tonio :
"Si les militants lâchaient l'affaire, en toute honnêteté je ne sais pas si la structure survivrait."
Elle survit bien dans certains quartiers où les militants sont certes nombreux mais pas majoritaires. Chez nous dans le 9e, vous dites vous même que sans eux, il n'y aurait pas de CQ. Pourquoi dans ce cas, conserver cette structure ? Elle ne remplit pas la fonction que la municipalité a voulu qu'elle ait, même si la mission est plus belle sur le papier que dans la réalité (je pense aux limites de compétences dont vous parliez). En un mot, c'est du bluff, une coquille creuse, un simulacre d'échange avec des habitants absents, parce qu'ils ne sont pas intéressés à ce qu'on leur propose.
La question est de savoir pourquoi ? Là je rejoins Didier. Les habitants, les personnes qui s'impliquent dans la vie des quartiers, dans les associations, pourraient trouver leur place dans ce cadre, à condition de pas avoir l'impression de n'être que des faire valoir. S'ils donnent de leur temps pour l'intérêt général, encore faut-il qu'ils soient écoutés, pas obligatoirement suivis par l'autorité municipale (d'accord avec la légitimité des représentants élus!), mais au moins entendus suffisamment en amont des projets de tous ordres, pour que leur parole, leur avis, leur connaissance fine du quartier aient une chance de percer, et parfois d'éviter des erreurs.
Essayez au moins de venir nombreux au dîner de samedi soir (28/06) le long du square d'Anvers. Le CQ vous invite... il y aura de la musique!
"Les collectifs de proposition ont ensuite présenté longuement leurs réalisations 2007/2008."
Pouvons-nous avoir une idée des réalisations des CQ du IX ? Ou connaître le site qui les répertorie, sur le portail de la mairie, peut-être ? Je m'impliquerai volontiers dans les efforts de ces groupes d'habitants, mais je me sens un peu démuni... je ne fais pas partie des heureux inscrits sur la liste des habitués. Je rate en général la date, car l'information me parvient "après la bataille".
Merci de votre aide.
André : vous trouverez pas mal d'information sur le site de la mairie du 9e à la rubrique Conseils de quartier. Voici un lien :
http://www.mairie9.paris.fr/mairie9/jsp/site/Portal.jsp?page_id=20
Bonjour,
Je suis membre du collectif Lafayette-Richer, et j''ai quelques remarques sur ces différents échanges, un peu plus sombres que la réalité quand même !
Tout d'abord sur le succès de certaines actions, puis sur la marge de manoeuvre donnée par l'équipe municipale, et enfin, les motivations des participants aux collectifs :
- le succès de la fête de quartier Lafayette Richer organisée chaque année au mois de juin, qui rassemble environ 200 personnes, et également des autres manifestations festives de l'arrondissement, montre bien l'intérêt des habitants pour ce genre de rencontres conviviales, informelles qui offrent un moment d'échange, tranquille , ouvert à tous, en toute liberté : et, là, nous avons une participation bien plus grande qu'aux réunions de conseils de quartiers, et c'est très positif !
- de même , cette année, la visite des sites , comme l'Eglise Sainte Eugène, le théâtre de l'UCJG, et des passages Jouffroy et Verdeau a rencontré un grand succès , et a été très appréciée
Ces actions sont maintenant bien identifiées par les habitants , et appréciées, et les différents animateurs de collectifs ont à coeur de les poursuivre, et de les diversifier.
- concernant les interventions de la Mairie , par exemple, le fait que les compte-rendus soient rédigés par une chargée de mission de la mairie n'est pas imposé, mais a bien été demandé par un membre du collectif, tout simplement pour une raison de temps (très consommateur : depuis la prise de note en réunion, jusqu'à la rédaction, et la validation par l'équipe du collectif). Depuis que je suis membre du collectif Lafayette-Richer, les dates des réunions du Conseil de Quartier ont été fixées d'un commun accord, avec notre élue référente. Il en va de même, pour l'ordre du jour de ces réunions, et des différentes actions que nous avons organisées, ou sur lesquelles nous avons travaillé.
- l'aspect militant : tous les membres actifs des collectifs d'animation ne sont pas militants ou adhérents à une organisation politique : certains sont simplement des citoyens qui souhaitent faire bouger un peu les choses, faire en sorte, justement ,que la vie citoyenne ne soit pas uniquement l'affaire d'un parti politique, mais de chaque citoyen qui le souhaite, bref , la démocratie participative.
Certes, c'est difficile à mettre en place, mais ça bouge !
Puisque je suis le rapporteur du CdQ Clichy Trinité, voici les grandes lignes de notre programme à venir.
Le conseil de quartier CT a mis en place deux projets depuis quelques mois :
- le marché aux fleurs de la place de budapest, ainsi qu'une exposition photo
- une apres midi "inaugurale" de la Mediatheque Chaptal à travers une manifestation dédiée au livre et à la jeunesse.
Par ailleurs, nous avons deux autres projets à amorcer :
- un pique nique musical intergénérationnel place adolphe max
- la mise en valeur de la place pigalle (mur de publicité, terre plein couvert de motos...)
Enfin, et tel qu'énoncé à la réunion plenniere, des sujets comme l'exclusion et la solidarité (Place de Budapest) et la circulation (Place de Clichy et Place de la Trinité) doivent être au coeur de notre action dès la rentrée. Le problème de la Place de la Trinité (d'Estienne d'Orves pour être
exact) est considérable puisqu'il impacte sur des lignes de bus ratp, une station de taxi, des sens de circulations qui dépassent notre arrondissement... Et cela renvoie
1) à la mobilisation des citoyens, indispensables pour avoir de la voix
2) au faible pouvoir des élus et des CdQ, que l'on peut améliorer à travers des sollicitations pertinentes et percutentes.
Je trouve votre constat juste Didier mais trop pessimiste. De l'extension de la ligne 67 en soirées, dimanche et fêtes, à la rénovation de certaines rues de l'arrondissement en passant par les balades patrimoniales, les CdQ ont fait preuve aussi de diversité, d'imagination et d'écoute.
Après tout, on paie les pots cassés. La démocratie locale, ou participative, cela va prendre du temps à se mettre en place dans l'esprit de nos concitoyens. Il faut juste persévérer.
Merci Vincy. Il est vrai que je suis peut être un peu pressé !
Je réitère ici la proposition que j'ai maintes fois faite aux Conseils de quartier : ce blog vous est ouvert ! Si vous souhaitez faire circuler de l'info comme vous le faites dans ce commentaire.
La vie démocratique n'est pas un long fleuve tranquille !
j'admets que j'y suis allé un peu fort en réponse à Didier. Disons simplement que l'hypothèse selon laquelle ce sont les élus qui combattent les conseils de quartiers me semble fausse. Mettre en place un système qui fonctionne avec des habitants relativement peu impliqué et des administrations centrales qui de toute manière sont très lourdes à faire bouger est difficile pour des élus qui font ça en dehors de leur temps de travail. Je ne crois pas à l'hypothèse du sabotage, bien au contraire, être soutenu par la CQ est sans aucun doute un point supplémentaire face à l'administration pour défendre son dossier.
Pour répondre à la question d'André, voici ce que j'ai pu dire sur les réalisations et projets en tant que rapporteur du CdQ La Fayette Richer :
Réalisations :
-Pose de bacs rue Sainte Cécile en novembre 2007 pour végètaliser un peu mieux l’espace.
-Participation à l’inauguration des aménagements de la rue Cadet (vin chaud+ animations de rue) le 15 décembre 2007. Concertation avec l’association des commerçants et de riverains pour la pose de bacs le long de la rue .
-Visite de Drouot pour les riverains du quartier en février, avec le concours de Drouot Formation (reconduction de ce qui a été fait l’année précédente).
-Organisation de la fête de quartier du 14 juin plus ambitieuse qu’en 2007 (parcours découverte l’après midi avec le soutien de 9ème histoire, suivi du traditionnel pique nique et d’un spectacle musical).
Projets :
-Organisation d’un vide grenier à l’automne rue Sainte Cécile
-Reconduire le principe du vin chaud avant Noël rue Cadet, en association avec les commerçants de la rue.
-Participer aux aménagements pour les jeunes dans le nouvel espace de la cour Cadet.
-Organiser une visite du Conservatoire National sur le modèle des visites de Drouot (en association avec 9ème histoire ?). Contact pris avec le directeur technique.
-Essayer d’associer le Conservatoire à la prochaine fête de quartier (spectacle ?).
-Proposer une action comme une expo photos sur le 9e, le long du square Montholon, en concertation avec Trudaine Rochechouart.
Nous pensons qu'il est possible de faire bouger les choses sur le plan de la vie locale et le rôle du collectif d’animation ne se réduit pas à la seule organisation de la fête annuelle de quartier !
Il nous semble qu’il faut essayer d’impliquer davantage les habitants par des sujets qui les préoccupent et qui touchent à la vie quotidienne (propreté, circulation, stationnement, cadre de vie) ou des sujets à caractère social (Aide aux SDF, aux jeunes, aux séniors).
C'est ce travail de concertation entre le collectif d’animation, le conseil de quartier et les élus qui doit être encore développé.
Plus nous serons nombreux, plus nous serons efficaces, alors participez !