Web
Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : les barrières du marché

  • Prévention, tranquillité, sécurité

    C'est le thème choisi par  Bertrand Delanoë, qui cette année pour la seconde fois présente son compte rendu annuel de mandat en déclinant des sujets importants pour la vie de la cité. Après le conseil de quartier Château Rouge-Goutte d'Or que nous décrivions ici même samedi 22, on peut penser que l'ambiance sera un peu houleuse à la mairie du 18e ce soir, à 18h30.

    BD 3 nov 2011 CR mandat.jpg

    Les élus du 18e connaissent bien les problèmes que rencontrent les habitants de certains quartiers du 18e. Nous pensons sincèrement qu'ils ne cherchent pas à détourner les yeux. La situation est complexe et relève de nombreuses approches. Les solutions ne sont pas immédiates.

    En revanche, nous estimons que dans une ville comme Paris, la séparation des pouvoirs de police et d'administration ne favorise pas l'analyse objective de la délinquance, de ses causes, de l'environnement social dans lequel elle prospère, de l'observation minutieuse des délits qui font exploser les bilans... Vous voulez un exemple ?

    Souvenez-vous des chiffres des vols à l'arraché, à la roulotte, avec violence ou non de la fin du mandat de Lionel Jospin, quand Daniel Vaillant justement était ministre de l'intérieur, au tout début de la mandature Delanoé comme maire de Paris. D'un côté, les élus de droite, leur candidat qui prétendait à un second mandat à la présidence de la République, les montraient du doigt aussi souvent que possible. Et ce n'était pas mentir. De l'aute côté, Vaillant pointait les vols de téléphones portables qui n'étaient pas encore marqués par les fabricants, donc difficiles à bloquer, etc. ceux qu'on ne volerait plus maintenant, les bons vieux portables qui faisaient à peine des photos... Et bien sûr la mise en place de la police de proximité qui facilitait le dépôt de plaintes. Aujourd'hui, Claude Guéant accuse les smart phone de faire monter les chiffres, affirmant par ailleurs que tout baigne... Le commissaire Clouzeau expliquait en conseil de quartier que téléphoner dans la rue avec un smart phone était comme agiter un billet de deux cents euros à bout de bras. "D'un autre côté, s'il faut se cacher pour téléphoner...," ont rétorqué des habitants. Idem pour les colliers en or, il faudrait ne plus les porter à l'extérieur, car ces vols là aussi font monter les chiffres de la criminalité. C'est certain. Mais ce n'est pas nouveau non plus, déjà dans la forêt de Bondy, à une autre époque.... et les bas-fonds parisiens ont aussi leur petite réputation. C'est le propre des statistiques de révéler des chiffres. Parfois, ils ne sont pas bons pour qui est aux mannettes.

    Une autre conséquence de ce pouvoir à deux têtes est la gestion des agents de surveillance de la Ville de Paris, les ASP, que la mairie finance mais dont le préfet a seul, ou à peu près, la maîtrise. Nous avons été surpris lors de la réunion publique de Goutte d'Or Château Rouge de constater combien sont nombreux les habitants qui ignorent cette disposition. Presque tous incriminent la mairie quand ils rencontrent des problèmes de sécurité dans leur quartier. Ils reprochent, par exemple, à leur maire les horaires trop limités des patrouilles de médiateurs de nuit qui ont été mises en oeuvre dans le 18e justement, par la Ville. Aux frais des contribuables parisiens naturellement, qui parallèlement participent au budget de l'état qui va à la police nationale, sensée faire régner la tranquillité dans notre capitale.

    A lire cette page du site de la Ville, pour savoir qui est responsable de quoi... :

    Des pouvoirs de police reconnus au Maire de Paris
    Pour  des raisons historiques mais aussi politiques, les auteurs des deux statuts de 1975 et 1982 n’avaient pas souhaité, dans un premier temps, transférer au profit du Maire de Paris, les attributions du Préfet de police définies dans l’arrêté des consuls du 12 messidor an VIII (1er juillet 1800).
    La loi du 29 décembre 1986 a modifié cette donne en reconnaissant au Maire de Paris un pouvoir de police en matière de salubrité sur la voie publique et la charge du maintien du bon ordre dans les foires et marchés.
    Par ailleurs, aux termes de la loi du 27 février 2002 (article L.2512-4 modifié du CGCT), le Maire de Paris dispose désormais d’une compétence générale pour tout ce qui relève de la circulation et du stationnement à Paris.
    Le Préfet de police exerce, pour sa part, une compétence d’attribution de trois ordres.
    1) « Pour tenir compte des conditions de circulation dans l’agglomération parisienne et en région Île-de-France », il reste compétent pour fixer les règles de circulation et de stationnement sur certains axes importants énumérés par le décret n° 2002-810 en date du 2 mai 2002 (ex : boulevard périphérique, voie Georges Pompidou, avenue des Champs-Elysées). Le maire de Paris est alors consulté sur tous les projets d’arrêtés pris par le préfet de police.
    2) « Pour des motifs d’ordre public ou liés à la sécurité des personnes et des biens ou pour assurer la protection du siège des institutions de la République et des représentations diplomatiques », il réglemente les conditions de circulation et de stationnement sur des portions de voies ou dans des périmètres définis par l’arrêté n° 2002-1076 du préfet de police, en date du 6 mai 2002, publié au BMO du 14 mai 2002 (ex : Ambassade des États-Unis, Île de la cité…).
    3) « En cas de manifestation de voie publique à caractère revendicatif, festif, sportif ou culturel », le préfet de police conserve la police de la circulation et du stationnement. Toutefois, les arrêtés adoptés à cet effet ont un caractère temporaire et sont pris après avis du maire de Paris.
    Pour assurer l’exécution et le respect des règles définies en matière de circulation et de stationnement, l’article L.2512-14 in fine du CGCT prévoit que des agents de la Ville de Paris pourront ainsi être placés sous l’autorité du Préfet. A cette fin, 400 agents de surveillance de Paris (ASP) ont été recrutés dès 2001. Aptes à dresser des contraventions pour toutes les infractions aux règles de la circulation, ils ont également pour mission de verbaliser dans le domaine de la propreté ou des nuisances sonores (article L.2512-16-1 du CGCT).

    Au risque d'abuser de votre temps de lecture pour ce jour, je voudrais encore vous proposer un extrait du t11_logo.gifrapport de la commission d'enquête n° 340 (2001-2002) du Sénat sur la délinquance des mineurs déposé le 27 juin 2002. Bien que datant de 2002, elle est très instructive et d'une étonnante actualité.

    Les victimes des mineurs sont souvent des mineurs (lien): Entendu par la commission d'enquête, M. Jean-Marie Petitclerc, éducateur spécialisé, s'est ainsi exprimé : « (...) On présente souvent les jeunes comme étant les acteurs, les facteurs, les auteurs de cette violence. N'oublions pas qu'ils en sont les premières victimes et que 80 % des actes de violence commis par les mineurs le sont à l'encontre d'autres mineurs ! Quatre faits sur cinq ! Autrement dit, dans notre pays, le climat de violence qui règne est ressenti quatre fois plus douloureusement par les mineurs que par les adultes...»

    Les mineurs délinquants sont souvent des victimes (lien): «...victimes de l'indifférence, de coups, de maltraitance et d'abus sexuels, les enfants reproduisent à l'extérieur ce qu'ils vivent chez eux. De nombreux délinquants ont ainsi, en même temps qu'un dossier de délinquance, un dossier d'assistance éducative tant leur vie, leur famille, est difficile et tant ils sont dans un mal-être qui entraîne un mal-faire », déclare Mme Marie-France Ponelle, responsable de l'antenne des mineurs du barreau de Paris.

    Une surdélinquance des jeunes issus de l'émigration : (le rapport du Sénat osait cette affirmation, rarement repris par les responsables de façon aussi ouverte : lien) ces jeunes cumulent certains facteurs associés à la délinquance : une plus faible supervision parentale, une résidence plus fréquente dans le parc HLM hors centre-ville, un niveau de revenu et de scolarisation faible des parents, un absentéisme scolaire plus élevé, explique le sociologue auditionné, Sébastian Roché, qui a conduit en 2000 une enquête sur le sujet.

    La déclaration de M. Malek Boutih, président de SOS racisme à l'époque, entendu également devant la commission d'enquête, pourrait être actuelle, plus de dix ans après :

    « Beaucoup de raisons expliquent pourquoi il y a plus de « bronzés » que de blancs dans les centres de jeunes détenus, mais ce ne sont pas des éléments culturels ; ce ne sont pas des sourates du Coran ni leurs parents qui les poussent. Il faut même faire très attention dans les discours lorsqu'on insiste sur la responsabilité des parents. Que se passe-t-il lorsqu'on a des parents très sévères dans le quartier ? En dernier ressort, quand ils n'en peuvent plus, ils mettent le gosse à la porte, donc à la rue. (...)

    « Par ailleurs, dans les familles d'immigrés, les enfants prennent très vite le pouvoir. Déjà, d'une manière générale en France, le rapport au savoir a tendance à s'inverser en raison des modifications technologiques, des nouveaux rapports urbains, et les jeunes générations ont parfois une meilleure connaissance que leurs parents de la société. Alors, chez les immigrés, imaginez !...

    « Je n'ai pas envie que les enfants d'immigrés, qui constituent ce que j'appelle la nouvelle génération de Français, deviennent les noirs américains de notre société, qui ne soient bons qu'à faire du sport ou des films et, pour le reste, passage par la case « prison ». Je sais que la vie est dure, que la société est dure, qu'il y a beaucoup d'injustice. Mais je ne crois pas que les comportements de violence aident à s'en sortir. A l'inverse, ces comportements structurent, organisent la violence et l'implantent définitivement dans la société ».

    L'intégralité du rapport est accessible ici.

  • Château Rouge, ça bouge...

    Le 11 janvier dernier, se tenait à l'Institut des Cultures d'Islam rue Léon une réunion organisée à l'initiative de l'Hôtel de ville sur les problématiques rencontrées sur le secteur Dejean-Château Rouge. Cette rencontre, qui fait suite à celle de décembre dernier en présence d’Anne Hidalgo,  a réuni des représentants du cabinet de la maire de Paris, Michel Neyreneuf et Sandrine Mees (conseillers du 18e), les services de la ville (Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection -DPSP-, Services de propreté et de la voirie, Équipe de Développement Local), l'agence Ville Ouverte, des représentants associatifs (La Vie Dejean, Action Barbès) et quelques habitants.

    Dans un premier temps, la parole a été donnée aux représentants de l'Hôtel de ville pour présenter la méthode et le calendrier de l'opération de reconquête de l'espace public sur le secteur Dejean-Château Rouge. L'idée est faire travailler assez rapidement et de concert l'ensemble des services de la ville concernés, en concertation avec les commerçants, les associations et les habitants du secteur. La mise en œuvre de cette approche participative est pilotée par une agence de concertation « Ville Ouverte » (ville-ouverte.com) avec l'appui de l'Équipe de Développement Local (EDL). Pour sa part, L’EDL mène des rencontres avec les commerçants ; une première rencontre a eu lieu le 14 décembre dernier mais pour un secteur limité à la rue Dejean pour l’instant. Des groupes thématiques doivent se mettre en place avec les associations et habitants pour faire émerger des propositions. L’ensemble de ces groupes et les commerçants vont se rencontrer le 6 février prochain pour faire remonter les premières actions /aménagements à mener. Une nouvelle réunion avec Anne Hidalgo est prévue mi-février. L'Hôtel de ville souligne que, dès à présent, un effort est mené par la DPSP notamment avec l’arrivée des nouveaux effectifs. Des aménagements seront assez vite entrepris, par exemple avec l'implantation de bacs végétalisés et il est proposé que ces plantations soient aménagées avec la participation des habitants. Nous avons souligné qu'il faut veiller à ce que l’entretien et le nettoyage soient réguliers pour ne pas donner un sentiment d’abandon, et l’expérience montre que s’il est nécessaire que l’entretien soit régulier pour que cela fonctionne, on ne peut pas se reposer uniquement sur les particuliers pour l'assurer.

    Dans un second temps, la parole a été donnée aux associations et habitants pour une série de remarques et de questions. Les premières remarques ont d'emblée pointé la sous représentation des associations et des habitants (seulement 7 personnes sur la trentaine présente à la réunion), il est répondu que la rapidité d'organisation de cette réunion n'a pas permis de faire venir plus de personnes mais que Ville Ouverte va élargir la base d'habitants consultés, notamment par une présence sur l’espace public pour prendre des contacts directement avec les riverains. Les habitants et commerçants du secteur intéressés à participer à cette concertation sont invités à prendre contact avec l'agence Ville Ouverte en envoyant un mail à cette adresse : tousmobilises@chateaurouge.info

    paris 18e,paris,commerces,chateau rouge,ventes-à-la-sauvette,propreté

    Les habitants ont dit leur lassitude de voir défiler les expérimentations et les interventions de la ville depuis des années sans qu’une amélioration se fasse réellement sentir. Beaucoup de remarques ont porté sur les difficultés de la vie au quotidien pour les habitants de ce secteur. Il a été soulevé la question des commerçants dont la plupart de la clientèle vient de l'extérieur du quartier et du peu d'intérêt qu'ils portent à la qualité de vie du quartier ; des riverains ont évoqué la complicité active de certains commerçants avec les vendeurs à la sauvette ; beaucoup se demandent comment travailler avec eux. Il a été également rappelé que lors de la dernière tentative de réaménagement de la rue Dejean, les commerçants avaient fait preuve d’une opposition farouche à tout changement, défendant leur pré carré.

    Du côté sécurité, il a été demandé que le champ d'action de la Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection (DPSP) soit plus étendu dans le temps, le soir et le week-end en particulier. La DPSP et la préfecture travailleront en ce sens et de concert a répondu la ville. Plusieurs habitants s'inquiètent du développement de la prostitution de rue, de jour comme de nuit, qui entraîne beaucoup d’intrusions et d'effractions dans les immeubles et les parkings. Ils ont rappelé qu’il faut agir avant tout sur les réseaux qui organisent cette activité et "tiennent" les rues. Plus généralement, les habitants ont donc demandé de faire appliquer la loi, plutôt que de chercher de nouvelles méthodes. Une demande entendue par les élus : "il est important et nécessaire de faire respecter la loi mais il faut aussi agir sur d’autres leviers pour faire perdre les vieilles habitudes".

    Michel Neyreneuf est intervenu pour demander que l’on précise le secteur concerné et a proposé un élargissement du périmètre qui pourrait descendre jusqu'à la rue Marcadet.

    Des habitants ont également proposé que soient menées des actions positives afin de montrer ce qui va bien dans le quartier ; les habitants veulent aussi une meilleure image de leur quartier.

    La position d'Action Barbès

    Nous avons rappelé que le secteur de Château Rouge est un centre d’attractivité commerciale à vocation régionale mais totalement sous-dimensionné pour absorber une partie de l'activité commerciale qui s'y développe, celle du commerce de gros et demi-gros. Les locaux sont souvent trop petits pour l’activité de gros et demi-gros qu’ils abritent et les rues saturées de véhicules de clients, notamment le week-end. Le projet du "Marché des Cinq continents" étant tombé dans l’oubli, cette activité ne sera pas déplacée et il faut donc aborder l’amélioration du cadre de vie du quartier en intégrant cette problématique. Si le commerce est libre, il faut aussi savoir le réguler et en l'occurrence ne pas favoriser ici le développement du commerce de gros. Restreindre l’accès automobile qui participe aux nuisances subies (stationnement anarchique, en double-file ou sur les passages piétons, pour chargement…) est une piste à renforcer sachant que le quartier est très bien desservi par les transports en commun. Au-delà du bien être des riverains, c’est aussi un pas vers le respect des accords de Paris sur le climat. Et un autre pas dans ceux d’Anne Hidalgo pour améliorer l’air que respirent les Parisiens. Il faut aussi être ferme avec les commerçants quant à l’usage qu’ils font de l’espace public : des containers de poubelle et des palettes de produits sont entreposés à longueur de journée sur les trottoirs considérés comme des annexes de boutiques trop étroites. L’idée de mettre à disposition des compacteurs de cartons pour les professionnels, idée qui a été évoquée lors de la première réunion, nous semble contre-productive. En effet,  si un commerçant veut établir une activité de gros, il est dans son bon droit, mais c’est à lui seul de veiller à trouver un local adéquat avec un local poubelles suffisant et correspondant aux besoins de son activité, et non à la ville de pallier ces manques. Il ne s'agit évidemment pas de transformer Château Rouge, de changer son identité à laquelle les habitants sont très attachés, mais de pouvoir y vivre et y circuler comme dans n'importe quel autre quartier de Paris.

  • ZSP élargie: c'est parti!

    Une très longue réunion menée par le chef de district Jacques Rigon s'est tenue lundi 5 février au commissariat du 20e  dans le cadre de l'opération Barbès Respire (voir notre article du 8 janvier). Adieu Barbès-Chapelle Respire, il faudra désormais écrire ZSP élargie.

    Pour échanger sur les avancées de ce dispositif, les représentants d'associations et de collectifs ne seront désormais plus seuls autour de la table. En effet, pour cette 1ère rencontre de l'année 2018, étaient présents les commissaires des 10e et 18e Damien Vallot et Valérie Goetz, un représentant du cabinet du préfet, des policiers chargés des cellules d'écoute mises en place récemment. Et côté ville, S. Bribard élu du 10e, A. Thini-Villerel chargé de mission au cabinet du maire du 18e, C. Bourguet du cabinet de Colombe Brossel et C. Lever-Matraja responsable de la DPSP 18e.

    L'association Vivre Gare du Nord et Est et le collectif Tranquillité Myrha ont désormais rejoint SOS La Chapelle, Demain La Chapelle, le Collectif Barbès, La Vie Dejean et Action Barbès autour de la table.

    Petit historique de la mise en place du dispositif

    C'est en janvier 2017 que tout a commencé après plusieurs interpellations des pouvoirs publics et des élus par des habitants du secteur Barbès réunis en collectif. Action Barbès avait rencontré les maires du 10e et 18e puis relayé un courrier à envoyer au préfet. La conjonction de ces actions avait alors abouti à deux réunions avec le préfet à la mairie du 18e. Le chef de district Jacques Rigon a organisé rapidement des réunions avec notre association et SOS Chapelle, puis Demain La Chapelle pour représenter le secteur Chapelle de chaque côté du viaduc. Le cercle s'est donc depuis considérablement élargi.

    Côté préfecture, il s'agissait d'être plus efficace, donc de réduire un empilement de dispositifs mis en place de part et d'autre de "l'épine dorsale" du boulevard de la Chapelle. Nous savions que les choses avançaient mais il fallait donner du temps au temps. Depuis le 22 janvier de cette année, il existe un seul dispositif : une zone de sécurité prioritaire (déjà présente côté 18e) élargie 10-18 et qui couvre l'intégralité du bassin déjà évoqué dans nos articles précédents.

     

    Capture d’écran 2018-02-06 à 14.58.27.png

     

    Détails du dispositif

    Comme on le voit sur la carte ci-dessus, la zone est significativement étendue avec 4 quartiers définis : Barbès-Goutte d'or ; Scmr-Lariboisière-Gare du nord ; Château rouge-Doudeauville-Marcadet ; Chapelle-Dormoy-Pajol pour obtenir un maillage complet  et éviter les phénomènes de reports ; une zone pilotée par le chef de district. Le périmètre est ainsi délimité par le boulevard Barbès à l'ouest, les rues Ordener et Riquet au nord, les rues Pajol et Philippe de Girard à l'est et la rue La Fayette au sud.

    Pour une meilleure efficacité, J. Rigon a insisté sur l'importance de ce qu'il nomme "une police de contact" qui devra être sur les points névralgiques du secteur (une vingtaine identifiée). C'est aussi un dispositif spécifique d'écoute et d'échange avec un gradé référent par secteur qui se fera connaitre auprès de la population. Par ailleurs, deux référents (un par commissariat) peuvent déjà être contactés par mail. Ils assurent le lien avec les référents de secteur. (voir ci-dessous)

     

    Capture d’écran 2018-02-06 à 18.07.08.png

    Enfin, dernier élément du dispositif, les associations participeront à une réunion mensuelle, comme celle du 5 février, avant chaque grande réunion opérationnelle, cette dernière étant réservée aux institutionnels et élus. C'est une première à Paris et sans doute sur le territoire. Certes, Action Barbès a le souvenir d'avoir été conviée à assister à ces réunions, par deux fois, après la mise en place de la ZSP en 2012. Mais il s'agissait alors essentiellement d'écouter. Puis, assez vite, le lien avec les habitants et les associations s'est rompu à notre grand regret.

    Lors de ces réunions à venir, les résultats obtenus seront toujours communiqués et ils seront complétés par un point sur l'évolution de la délinquance par quartier.

    Les actions communes avec la DPSP seront amplifiées pour les incivilités, le stationnement, les commerces.

    Par ailleurs, les commissaires ont rappelé le dispositif "réserve citoyenne" créé en janvier 2017. Plus d'informations, ici.

    La parole aux associations

    L'amélioration sur le secteur Château-rouge et particulièrement la rue Dejean a fait consensus. C'est moins convaincant pour la rue des Poissonniers où les ventes sauvette alimentaire laissent les trottoirs sales. La nécessité de contrôler certains commerces, particulièrement en matière d'hygiène, semble s'imposer. Du mieux aussi rue Myrha mais surtout en journée ; les nuisances nocturnes n'ont pas cessé.

    Sur le boulevard Barbès, on note un peu moins d'intrusions dans les halls d'immeubles, en revanche la sortie du métro est toujours très problématique avec les trop nombreux vendeurs de cigarettes et des vols à la tire fréquents. Aucune nouvelle du côté de la mairie sur une réouverture ou un déplacement du kiosque.

    Des mineurs isolés sont pris en charge quotidiennement par le centre d’action sociale protestant (CASP) mais d'autres seraient arrivés (voir notre article du 14 décembre). On les retrouve souvent le soir rue des Islettes où des agressions ont eu lieu.

    Du côté de la placette Polonceau, un peu moins d'occupation liée au trafic de drogue depuis peu. La commissaire du 18e précise que de nombreuses opérations ont été menées ainsi que des fermetures de commerces avec le risque que les trafics se déplacent alors dans les halls d'immeuble ou même dans des logements. Rien n'est simple et donc pas de solution miracle à attendre.

    Du côté des occupations et dégradations des Autolib, il y a du mieux rues de Sofia et Guy Patin. Le résultat probable de l'action menée conjointement par la police et la société, a précisé J. Rigon. Les véhicules sont mieux sécurisés et les policiers ont désormais des badges pour fermer d'éventuelles voitures restées ouvertes.

    Pour le marché, nous sommes nombreux à constater les ventes illicites dans l'allée centrale. L'absence d'agents de la DPSP est déplorée le samedi. C. Lever-Matraja en a bien conscience. Elle précise qu'elle dispose de deux équipages le mercredi mais qu'il faut faire appel au volontariat pour le samedi. Or, chaque 1er dimanche du mois, les agents vont  sécuriser la piétonnisation des Champs Elysées, donc pour Barbès, la veille....

    Les ventes sauvette sont aussi nombreuses sur le pont de Jessaint et sur le bouievard de la Chapelle entre la rue de Tombouctou et la place de la Chapelle. Les services de propreté passant le matin, les trottoirs restent dans un état de malpropreté jusqu'au lendemain. Les horaires de passage seraient à revoir mais pour cette question, la balle est dans le camp de la mairie. Le "pont aux pigeons", passerelle située entre le boulevard et la rue de Jessaint, lui aussi lieu de vente très fréquenté, est dans un état épouvantable. La possible fermeture de cet espace (vraiment petit) a été plusieurs fois évoquée et là encore, on attend toujours une action des élus.

    Du côté de la Chapelle, la présence policière est visible mais beaucoup de problèmes restent à régler, notamment en matière de commerces. Un renfort par la DPSP a été demandé par l'association SOS La Chapelle.

    Enfin, le secteur Gare du Nord et les abords de la salle de consommation bénéficient de la nouvelle ZSP. Attendons un peu pour en observer les effets positifs.

    Nous connaissons depuis la semaine dernière les villes qui vont bénéficier de la nouvelle police de sécurité du quotidien. Le secteur de la ZSP élargie sera concerné à partir de janvier 2019; ce sera l'unique secteur parisien choisi.

    Pour rappel, un arrêté anti-alcool a permis tout récemment d'étendre la zone concernée dans le 18e, sachant qu'un tel dispositif existe également côté 10e.

    Capture d’écran 2018-02-07 à 18.22.26.png

  • Louxor : Interview

    Action Louxor (AL) : Fabienne Chevallier, vous êtes énarque, docteur en histoire de l'art et habilitée à diriger les recherches, spécialiste de l'architecture et du patrimoine pour les XIX et XXème siècles en Europe. On trouvera votre impressionnant CV sur le site de DOCOMOMO France. Vous avez signé notre pétition contre le projet actuel de réhabilitation du Louxor. Avant de parler plus directement du Louxor lui-même, quelques questions à propos du patrimoine. Nous venons de vivre les 19 et 20 septembre les Journées Européennes du Patrimoine.  Quelle importance accordez-vous à cette action de sensibilisation du public ?

    Fabienne Chevallier (FC) : C'est d'abord une image, mais c'est évident quand on y réfléchit : bien connaître le patrimoine environnant le lieu où l'on vit est un facteur d'enracinement. Cela aide à se construire. On peut s'intégrer dans l'histoire de ce patrimoine et se situer par rapport à ceux qui y ont vécu : ainsi, on est moins seul face à son destin. Je pense que l'idée de construire sa propre « filiation » grâce aux occasions de découverte offertes par les Journées du Patrimoine, c'est très important.

    AL : Tout le monde n'est pas familier avec cette notion de patrimoine. Pourriez-vous nous en donner une définition rapide ?

    FC : Il y a eu des significations variées dans l'histoire depuis la Révolution française. On a d'abord considéré les « monuments » comme un patrimoine c'est-à-dire, en fait, les édifices qui avaient trait à l'histoire officielle de la nation, de ses grands hommes, des fondateurs des villes. Pour des raisons qui sont particulières au contexte français, les édifices religieux ont acquis une grande importance à partir du régime de la Restauration. Des personnages comme Prosper Mérimée, dès la Monarchie de Juillet, ont pu agir pour sauver des édifices comme l'église abbatiale de Conques, qui tombait en ruines. À cette époque, à cause des ravages de la Révolution française, l'idée de patrimoine était liée à celle d'un sauvetage d'édifices menacés. C'est beaucoup plus tard, au XXème siècle, que la notion de patrimoine s'est élargie : .....

    .... d'abord, quand on a commencé à classer des bâtiments qui ne relevaient plus seulement de l'histoire officielle, mais de l'histoire des personnes privées, comme les premières villas Art Nouveau classées, puis les maisons modernes comme la villa Savoye par Le Corbusier. On a admis des types de patrimoines très variés, et notamment des bâtiments industriels. Un autre phénomène qui montre l'évolution de la notion, c'est qu'on classe maintenant des édifices qui sont relativement récents (qui ont une quarantaine d'années d'ancienneté), ce qui était impensable au XIXème siècle. Enfin, on classe aujourd'hui des édifices qui ne sont pas menacés, ce qui n'était pas la pratique au XIXème siècle. Ceci étant, c'est une garantie pour l'avenir car cela installe le bâtiment dans un statut qui le protège si des menaces surviennent. Aujourd'hui en fait, le seul problème est d'éviter que la notion se dilue dans un tout-patrimonial qui banalise notre environnement. Mais c'est un fait du XXIème siècle, qu'un historien comme Aloïs Riegl avait bien pressenti.

    AL : Quels sont les critères qui font qu'un édifice a un intérêt patrimonial ?

    FC : Plusieurs. Il faut revenir aux « fondamentaux » qui ont été posés au XIXème siècle. Il y a la valeur artistique, celle qui fait qu'une œuvre suscite l'admiration et le «jugement canonique », c'est-à-dire le jugement des connaisseurs qui peuvent comparer l'édifice avec d'autres et mettre en relief ce qu'il a de particulièrement remarquable. Il y a la valeur historique, qui se démarque parfois de la première, qui fait que l'édifice fait partie intégrante de l'histoire au sens large. Le Palais de Versailles, par exemple, relève des deux valeurs.  Il y a enfin une valeur de document, celle qui fait du bâtiment le témoin d'un phénomène social. Les grands ensembles, par exemple, que certains veulent englober dans le patrimoine, sont les témoins du phénomène de construction de logements accélérée qui a accompagné les Trente Glorieuses, après la Deuxième Guerre mondiale. La maison de Jean Monnet à Bazoches-sur-Guyonne, est un autre exemple d'édifice ayant une forte connotation de document, document pour l'histoire européenne ici puisque Jean Monnet a été un grand acteur de la construction de l'Europe. Dans cette même petite ville, par hasard, existe aussi un autre patrimoine, la villa du marchand d'art Louis Carré construite par Alvar Aalto : c'est un bâtiment du XXème siècle remarquable pour sa seule valeur artistique.  Aujourd'hui, la valeur de document prend beaucoup d'importance, mais il faut je pense la prendre en compte en la pondérant avec la valeur artistique. Sinon on renonce à ce qui fait l'essence du patrimoine. Tout édifice est un document de quelque chose.

    AL : Rapprochons nous un peu du Louxor. Le cinéma des années  d'après Première guerre mondiale a connu un essor extraordinaire. Pourriez-vous nous dire pourquoi cet essor a été populaire et quel impact il a eu non seulement sur les films mais aussi sur les édifices qu'on appelle désormais « cinémas » ?

    FC : Le phénomène naît en fait dès avant la Première Guerre mondiale, mais on se souvient aujourd'hui de l'apogée de cette époque, qui est l'entre-deux-guerres . Après le sport de masse, on a assisté dans ces années-là à une explosion de la culture de masse. Pour cela, il fallait des équipements collectifs. À Paris comme ailleurs, pendant l'entre-deux-guerres, l'équipement phare des sports de masse était la piscine, et l'équivalent pour la culture de masse était le cinéma. C'est l'adhésion des classes populaires qui a créé le phénomène de masse. Elles ont adhéré parce que c'était un loisir qui restait bon marché à côté d'autres sorties plus chères comme le théâtre. Les investisseurs privés ou les entreprises comme Gaumont et Pathé voulaient elles-mêmes avoir une clientèle de masse, et elles s'en sont donné les moyens. Elles voulaient contribuer à leur manière à un projet d'éducation populaire, une notion qui était toujours très vivace à cette époque. Le fait de montrer des séquences d'actualité avant les films attirait certainement le public. C'était le moyen d'avoir accès à l'histoire contemporaine, d'ouvrir son univers, de voir quelle était la situation dans les autres pays européens. La construction de cinémas a été le reflet des ambitions de l'industrie et du succès rencontré auprès du public populaire : d'après François Loyer, il en existait près de 200 à Paris, recensés dans le Guide Bleu de 1923. Mais la construction de cinémas était un phénomène qui existait dans toutes les capitales européennes.

    AL : Que pourriez vous nous dire de l'architecture de ces années folles, du début de l'utilisation du béton comme c'est le cas au Louxor ? Connaissiez-vous Henri Zipcy, son architecte ?

    FC : C'est une utilisation audacieuse du béton, utilisé pour l'ossature porteuse sous la forme de portiques légers, qui reposent sur des semelles de fondations. Le béton est un matériau moderne dont les premières formes font leur apparition dans l'architecture, en France, dès le XIXème siècle avec un certain nombre d'inventeurs et d'hommes d'affaires comme Vicat et, à la fin du siècle, Hennebique qui met au point le béton armé (c'est-à-dire le béton renforcé par une armature en acier). Ce qu'il y a de nouveau, juste avant la Première Guerre mondiale, c'est l'utilisation du béton apparent, chez Auguste Perret. C'est capital car le béton n'a plus besoin d'être caché, il acquiert ses lettres de noblesse, comme la pierre. On peut montrer le béton apparent en façade, et aussi les structures porteuses en béton, sans les envelopper derrière un revêtement en pierre ou en bois : c'est l'un des critères de ce que l'on appelle la « modernité » architecturale, c'est-à-dire en somme employer les matériaux nouveaux de son époque en mettant en valeur leur beauté brute. Henri Zipcy n'est pas un architecte connu, en dehors du Louxor. Mais le Louxor mérite qu'on s'y arrête.

    AL : Les investigations menées dans le Louxor ces dernières années ont montré que non seulement la structure de la salle mais aussi les décors « néo-égyptisants » étaient encore en place. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi la sauvegarde de ce patrimoine est importante pour vous ? Est-ce parce que le Louxor est le dernier cinéma de cette époque encore en place à Paris ? Est-ce parce qu'il est le témoin de l'histoire sociale de cette époque ?

    FC : Ces décors sont très importants. En France, quand on parle de cette époque, on croit souvent que la modernité dont je viens de parler doit s'accompagner d'une sobriété de la décoration. Comme si décorer, c'était contraire à la modernité. En France, on a été très marqué par la modernité « streamline », une modernité toute blanche et sans décor. La réalité des années 20 est plus diverse et on a l'exemple en Europe d'autres pays qui, pour des raisons culturelles, prennent en compte d'autres formes de modernité. Les décors égyptisants du Louxor sont une rareté en France. Ce qui est rare, et fait pour moi du Louxor un patrimoine remarquable, c'est l'alliance de la modernité architecturale (avec le béton, les lanterneaux, les façades côté rue très sobres parce qu'elles ne « trichent » pas avec la fonction du bâtiment, en essayant de le faire passer pour ce qu'il n'est pas) et de ces décors néo-égyptiens. L'emploi de décors néo-antiques dans la modernité est quelque chose d'important. Je relève dans le pays du nord deux exemples remarquables, s'agissant de cinémas construits dans les années 20 : le cinéma Skandia par Erik Gunnar Asplund à Stockholm (1924) et, à la fin des années 20, un palais du cinéma à Turku, en Finlande, par Alvar Aalto. Dans les deux cas, les architectes ont recréé des décors néo-pompéiens. En fait, au Louxor comme au cinéma Skandia, l'emploi de décors néo-antiques, ou néo-égyptiens, était un message qui signifiait que cette culture de masse appréhendait aussi le langage de l'Antiquité et des anciennes civilisations, en l'adaptant au goût du jour.

    AL : Quels reproches majeurs faites-vous au projet de réhabilitation du Louxor tel que prévu par la Ville de Paris et l'architecte Philippe Pumain aujourd'hui ?

    FC : Toucher à la structure constructive du Louxor, c'est altérer ce patrimoine. Il faut faire l'effort de sauvegarder ses décors. Il faut enfin trouver une adaptation du bâtiment qui respecte l'authenticité du bâtiment, c'est-à-dire ce à quoi il était employé à l'origine. Il est évident que la combinaison, propre au Louxor, de diverses formes de spectacle, allant du cinéma au spectacle vivant, est une dimension qui devrait inspirer le projet de réhabilitation architecturale.

     

  • Un projet d'agriculture urbaine non compris

    Vous qui lisez régulièrement notre blog, vous savez que notre dossier phare, celui qui nous tient le plus à coeur, celui qui galvanise nos énergies depuis 2013, qui a été reconnu par la Mairie de Paris au point de l'inscrire au Plan d'investissement de la mandature (PIM) pour un budget de 8 millions d'euros, que ce dossier porte le doux nom de Promenade urbaine. Se promener où ? de Barbès, notre terre natale, dirons-nous, à Stalingrad, la terre de nos voisins à l'Est. 

    Nous suivons de près les progrès du dossier. Revenons rapidement sur les grandes étapes :

    L'inscription au plan d'investissement de la mandature 2014-2020 arrive en décembre 2014. 

    "4M € sont également inscrits pour l’opération de réaménagement de la zone (carrefour et boulevard) de La Chapelle. Le même montant est affecté au 18ème arrondissement, portant à 8M € le budget consacré à la « promenade urbaine » du boulevard de la Chapelle. "

    (Extrait de BP 2016, pour rappel, Communication sur la programmation des opérations de travaux, conseil d'arrondissement du 10e du 30 novembre 2015)

     

    L'Atelier parisien d'urbanisme, l'Apur, planche sur le dossier : 

    Dans un premier temps, nous avons été invités à participer à des ateliers collaboratifs, puis à entendre la restitution des études menées par l'Apur : nous étions en mai 2015 quand nous vous rendions compte de ces travaux et c'est ici dans notre article.  Prenez le temps de le relire, vous serez comme nous, étonnés du caractère positif avec lequel nous avons abordé ce grand chantier et accueilli les priorités que dégageait l'APUR à la fin de sa réflexion : " faire émerger de nouveaux usages pour une réappropriation collective des espaces publics "

    C'est bien ce que nous souhaitons. 

    Puis nous avons attendu la suite. Comme vous.

    images.jpeg

    En octobre 2016, la délibération 2016 DVD 169 au Consell de Paris décrivait la situation du boulevard de La Chapelle, avec justesse, et nous reprenions courage. L'espoir de tenir le bon bout cette fois...

    Prenez encore le temps de cette lecture car elle est instructive. Un peu d'histoire ne fait pas de mal !

    Le boulevard de la Chapelle fait partie du réseau de voies dites des Fermiers-Généraux, qui ont remplacé vers 1864, l’enceinte du même nom correspondant aux limites du Paris de 1789. La vocation initiale de ces boulevards et de leur terre-plein central planté, outre de créer un réseau périphérique doté de transports en commun (tramway), était d’offrir aux parisiens un espace continu de promenade.

    Cette vision a été fortement remise en cause avec la construction de la ligne 2 du métro en aérien au début du XXe siècle puis avec l’essor de la voiture. Aujourd’hui, la prédominance automobile restreint les espaces dédiés aux piétons. Devant le fort encombrement et la fragmentation des espaces publics qui entravent les cheminements piétons, cette artère est vécue comme une coupure urbaine entre les 10ème, 18ème et 19ème arrondissements.

    L’axe jouit néanmoins d’atouts importants, dont sa situation stratégique aux échelles métropolitaine et locale. Le quartier reçoit 665 000 voyageurs quotidiens via ses gares. Il bénéficie aussi, par la présence de l’hôpital Lariboisière, d’un équipement de santé important. Le Sacré-Coeur, la butte Montmartre, ses artistes et son histoire forment un pôle touristique majeur de la capitale qui participe au rayonnement francilien et à la visibilité internationale du lieu, tout comme le bassin de la Villette, le Louxor et le 104. Par ailleurs, le marché Barbès, qui s’installe 2 fois par semaine sous le viaduc entre Barbès et le carrefour Maubeuge est un pôle d’attractivité fort, engendrant des nuisances récurrentes dont se plaignent les riverains.

    L’ouvrage d’art que constitue la ligne aérienne du métro constitue un intérêt patrimonial, témoin de l’architecture industrielle parisienne par la délicatesse du dessin de sa structure iconique et la prouesse technique du franchissement en particulier. Le boulevard structure le fonctionnement de la vie urbaine du quartier (métro, commerces, services). Il profite aussi de la proximité d’acteurs culturels dynamiques (Bouffes du Nord, Centre Barbara) et de nombreux équipements scolaires.

    P1080226.jpeg

    Le Théâtre des Bouffes du Nord

    L’encombrement de l’espace sous le métro aérien empêche de porter un regard dans l’axe du boulevard et dissuade de l’emprunter comme une promenade. Il contraint les flux piétons et induit des espaces résiduels, dénués de flux et d’usages, qui invitent à l’appropriation par des pratiques marginales. Les piétons n’osent ni emprunter, ni franchir le terre-plein, et restent sur les trottoirs latéraux, de trois mètres, devenus trop étroits, grignotés par les étals des commerces, les livraisons fréquentes et les nombreux regroupements de personnes statiques.

    Au niveau du carrefour de la Chapelle, c’est la question de la sécurité des piétons, cyclistes et autres usagers que posent chaque jour l’encombrement de l’espace et le trafic automobile. L’espace, inconfortable, n’est qu’un lieu de passage et un carrefour routier. Cela lui confère une faible mixité d’usages et d’usagers. Par ailleurs, les nuisances telles que le bruit ou la pollution influent négativement sur la qualité de vie des habitants. Enfin des problématiques de genre se posent dans la fréquentation de l’espace public.

    La linéarité du boulevard, la présence du métro aérien, fort marqueur de l’identité et de l’histoire du lieu et l’horizon dégagé qu’offre les grandes perspectives des deux faisceaux ferrés sont des éléments qui constituent un potentiel majeur de revalorisation du secteur. Le projet d’aménagement d’une promenade urbaine sur cet axe entre les stations de métro Barbès et Stalingrad bénéficie de plusieurs inscriptions budgétaires. Une enveloppe prévisionnelle de 8 M€ répartie pour moitié entre les 10ème et 18ème arrondissements est inscrite au programme d’investissement de la mandature. Lors du vote au budget participatif 2015, le projet « Mieux éclairer le viaduc de la Ligne 2 du métro aérien » a été retenu et est doté d’une enveloppe complémentaire de 0,2 M€. Le budget participatif 2016 vient de retenir le projet «oasis urbaine à la place de la chapelle » doté d’un budget de 1,5 M€.

    (source : 2016 DVD 169 Aménagement d’une promenade urbaine du boulevard de la Chapelle au Boulevard de la Villette dans les 10e, 18e, et 19e - Autorisation donnée à la Maire de Paris de prendre toute décision relative à la réalisation de cette opération )

    Si nous calculons bien, l'ensemble du budget serait donc de 9,7 M€ entre le PIM, l'éclairage du viaduc au budget participatif 2015 et l'oasis de La Chapelle dans celui de 2016.

    Depuis l'été dernier, un nouvel acteur est entré dans le dossier, c'est l'Atelier d'architecture autogérée (AAA). Depuis lors, nous avons régulièrement suivi les ateliers de l'AAA, installé d'abord dans le conteneur à côté au square Louise de Marillac, place de La Chapelle, puis depuis janvier de cette année, dans le nouveau centre d'animation du 18e, 26 bd de La Chapelle. Nous avons même tenu, à l'automne, une réunion de notre commission ad hoc, dans le Civic Lab, comme nous l'avait suggéré le directeur de l'AAA, Monsieur Constantin Petcou. 

    Et maintenant...., comment le dire ? Nous ne sommes pas tout à fait convaincus par la méthode employée par l'AAA. Nous sommes trop classiques ? Pas assez ouverts aux méthodes collaboratives prônées par cette équipe ? Nous ne comprenons pas l'efficacité des réunions en plein air, l'ouverture aux passants, aux usagers, la cartographie émaillée de post-it de couleur ? Peut-être. Nous voulons voir des cartes, des propositions, des aménagements de voirie et d'espace public, noir sur blanc, sur des schémas ou des écrans. En discuter avec les habitants, peser le bien fondé de telle ou telle idée, juger de l'opportunité de telle transformation, apprécier l'introduction d'actions culturelles nouvelles.... Le tout étayé sur les bases solides des techniciens de notre Direction de la voirie, des comptages qui permettront de détourner les flux automobiles ou de les réduire. Mais rien de tout cela ne vient. Malgré notre assiduité aux présentations de l'AAA, la dernière date du 3 mars, nous restons sur notre faim. La présentation des associés au projet, agences d'architecture, bureaux d'études, constructeurs, recycleurs, agriculteurs, paysagistes, etc., nous a même déconcertés. Les réalisations projetées, et sans doute choisies comme exemple, le 3 mars, ne semblent pas adaptables à un parcours linéaire, situé sous un viaduc de la fin du 19e siècle.

    Alors nous avons cherché à comprendre et à voir qui sont les promoteurs de cette aventure. 

    D'abord, l'AAA et son Civic Lab (c'était aussi le nom du conteneur parti en fumée en décembre). Le Parisien s'autorise le qualificatif "architecte-activiste" pour nous présenter Monsieur Petcou dans un article de mars de l'an passé...., quand la majorité des occurrences de Google convergent vers l'Agrocité de Colombes, démantelé le mois dernier, pour des raisons qui appartiennent aux autorités municipales de cette commune de l'ouest parisien. 

    Pour avoir une idée de ce que sont les orientations de l'Atelier d'architecture autogérée, nous avons visionné un reportage de FR3 récent, suite à la mobilisation en faveur de l'Agrocité, peut-être l'expérimentation la plus poussée dans le temps, et menacée de démantèlement à Colombes : 



    Nous pouvons comprendre la déception des riverains de ce grand carré de jardin, et leur envie de le conserver. Cela semblait être un havre de paix, un point de rencontre, un lieu convivial. Pourtant, au-delà de ces considérations positives, nous voulons souligner le fossé qui existe entre les caractéristiques du site de Colombes et l'axe de La Chapelle. Pour l'un, un environnement situé à mi-chemin entre des zones pavillonnaires et des grands ensembles, à 9 km de la Porte de Clichy et du périphérique, dans une boucle de la Seine, pas vraiment champêtre, puisque nous sommes là à quelques encablures (environ 500 mètres) des bassins du port de Gennevilliers et que le ton est plutôt industriel, locaux professionnels, camions, grues... Très loin du secteur densément peuplé qui se trouve entre Barbès et Stalingrad, pour l'autre. 


    Aussi, avons-nous du mal à comprendre les activités du pôle de concertation citoyenne que nous propose l'AAA. Que viennent faire ici les leçons d'alimentation bio auxquelles nous a invitées l'AAA, les cours de cuisine traditionnelle ou de couture, quelques dizaines de personnes autour d'une crêpe ou d'un vin chaud ? 

    Est-ce bien une ferme urbaine ou un stand de réparation de vélo que nous souhaitons dans notre quartier ? 

    jardins.jpg

    Les plantations près du square Louise de Marillac.

    Pas vraiment. Nous renouvelons notre attente de mesures concrètes d'aménagement de voirie qui rendront la place de la Chapelle plus sûre pour les piétons, la sortie du métro moins chaotique, les trottoirs plus fréquentables, les squares enfin accessibles aux enfants et à leurs familles. Nous voulons des relations entre les acteurs culturels qui jalonnent cette promenade, des animations qui les mettent en valeur et qui incitent les habitants de ce quartier à entrer plus facilement aux Bouffes du Nord, au 104 ou au Louxor. Ce ne sont pas quelques carrés d'herbes folles entretenus difficilement par des personnes trop pressées qui changeront l'image de nos quartiers et feront du boulevard de La Chapelle un lieu de promenade. 

     

    P1080476.jpeg
    Le carrefour Maubeuge-Tombouctou

  • Notre présentation de la promenade urbaine de Barbès à Stalingrad

    Quelques projets importants tiennent particulièrement à cœur à Action Barbès. L’un d’eux est la rénovation de l’espace sous le viaduc du métro le long du boulevard de La Chapelle entre Barbès et Stalingrad.

    Réalisée voilà déjà plusieurs années, la rénovation des boulevards entre la place de Clichy et celle dite d'Anvers, en fait jusqu'à la trémie du métro, d'une part — jusqu'au carrefour Barbès, on ne peut pas dire qu'il s'agisse d'une promenade, même si la chaussée a été aménagée —  entre Belleville et Stalingrad d’autre part, reste incomplète pour le tronçon entre Barbès et Stalingrad via la place de La Chapelle. Un projet de modernisation avait bien été évoqué il y a quelques années pour le boulevard de La Chapelle mais les contraintes budgétaires en ont eu hélas raison. Il est désormais temps d’y penser sérieusement et Action Barbès a travaillé sur le sujet en constituant une commission ad hoc parmi ses adhérents. Formée de personnes compétentes et habitant le quartier, cette commission a établi un constat et énuméré un certain nombre de propositions dans un document de 22 pages intitulé "Promenade urbaine de Barbès à Stalingrad".

    Trois sections ont été délimitées :

    - du carrefour Barbès à la rue de Maubeuge,
    - de la rue de Maubeuge à la place de La Chapelle,
    - de la place de La Chapelle à la station Stalingrad.

    afin de tenir compte des particularités de chacune de ces sections.

    Après un rapide rappel historique de l’endroit, quelques propositions simples émergent de ce document :

    - créer une promenade urbaine sous le viaduc du métro,
    - relier entre eux les équipements municipaux créés ces dernières années,
    - prévoir des aménagements urbains adéquats tenant compte de la propreté, de la voirie, de la circulation, du commerce,

    - favoriser l’aspect culturel par l’appropriation du lieu par les artistes tout en en conservant les caractéristiques très urbaines.

    Inutile ici de détailler plus avant la question, la lecture du dossier vous donnera toutes les informations.
      

    Fort de son travail, Action Barbès a présenté le projet aux candidats aux élections municipales des 9e, 10e et 18e arrondissements ainsi qu’aux candidats à la maire de Paris en leur remettant une copie du dossier. Voici leurs réactions.

    Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris :

    « Pour la promenade, je pense que c’est la bonne option. On n’est pas dans un espace où on peut "végétaliser". On est dans un espace très minéral, très urbain, où il faut sans doute accentuer ce caractère-là en y apportant des éléments de culture urbaine et notamment de street art qui permettront de requalifier le lieu et la création de nouveaux usages. Là-dessus je pense qu’il faut qu’on parte de ces travaux-là (ceux d’Action Barbès ndlr).
    Dans le budget d’investissement sur la mandature – 8.5 milliards- il y a 1.5 M consacrés aux transports, déplacements, aménagements de voirie et 1.8 M pour des équipements (places, jardins, équipements de proximité,…) et il y a 5% du budget d’investissement – donc des sommes assez importantes 71 millions / an – qui seront laissés au soin des habitants, sur des projets portés par des habitants. Il est donc possible de porter un projet comme celui-là avec une association qui travaille sur plusieurs arrondissements à partir de ce budget d’investissement qui sera décidé par les habitants.
    En termes de rétro-planning et de calendrier dans la globalité, comment on traite les dessous du viaduc, comment on traite la chaussée, comment on reconquiert de l’espace sur les voitures, comment on protège les vélos et comment on organise toutes ces traversées pour que ces lieux, qui aujourd’hui ne sont pas des lieux de rencontres et que les gens fuient plutôt soient demain des espaces où l’on puisse se retrouver ? Pour ma part, ce que je proposerais sur ce sujet-là, si vous continuez à travailler avec les maires d’arrondissement concernés en tant qu’association, c’est qu’il puisse y avoir une rencontre avec Alexandre Labace au pavillon de l’Arsenal, il est le Directeur du Pavillon de l’Arsenal. Cela peut même se faire avant les élections, il n’y a aucune difficulté à le rencontrer, et voir avec lui quelles sont les idées qu’il pourrait avoir en terme d’ingénierie du projet parce qu’il a beaucoup travaillé là-dessus sur d’autres secteurs, il a beaucoup travaillé sur des expériences qui ont été conduites à Berlin, aux Pays-Bas sur des initiatives partant de collectifs d’habitat, donc il a une très bonne expertise de ce qui a pu se faire ailleurs et c’est le pavillon de l’architecture à Paris, lui-même un architecte qui est très pointu, sur la question des usages et particulièrement sur la question des usages urbains, donc on peut organiser assez rapidement un RV avec lui pour réfléchir à la méthode. Je pense qu’il faut poursuivre le travail, c’est une mission qui peut, en lien avec vous, être confiée au pavillon de l’Arsenal, une mission qui soit dans un processus de concertation avec une budgétisation de ce travail. On peut ne pas perdre de temps et démarrer avec l’appui des maires, ensemble. Par ailleurs l’intérêt de travailler avec le pavillon de l’Arsenal c’est qu’on peut travailler à différents niveaux  c'est-à-dire la micro-échelle de chaque partie du quartier et une échelle plus large dans laquelle on englobe toute la problématique des circulations, et, pour reprendre ce que vous disiez sur les plans de circulation qui concernaient plus le 18e, je pense qu’il faut l’appréhender de cette façon-là, c'est-à-dire à partir du secteur sur lequel Action Barbès opère vers l’ensemble de ce secteur-là et que soit apporté, en complément de votre expertise d’usagers et de citoyens, une expertise à laquelle vous travaillerez aussi avec le Pavillon de l’Arsenal afin de pouvoir valider ce que vous dites sur les plans de circulation…... Donc, je serais d’avis que, pour le territoire sur lequel vous apportez une expertise qui reste une approche globale, aménagement de l’espace public, circulation, espace de mobilités, cela soit traité ensemble ».
     

    Déborah Pawlik, candidate UMP à la marie du 10e :

    « Cela fait partie du réaménagement global du quartier. Sous le métro aérien, j’aimerais qu’on ait de l’ambition et qu’on puisse s’inspirer de ce qui a été fait ailleurs. On a la chance dans le 10e d’être un arrondissement de foisonnement notamment du point de vue culturel, je trouve qu’il n’y a pas assez de choses. C’est un arrondissement un peu d’avant-garde le 10e. J’aimerais qu’on propose avec une large et réelle concertation des riverains d’y installer des arcades comme ce qui a été fait avenue Daumesnil. On en fait un lieu de vie culturelle. Expos éphémères. L’artisanat était dans la proposition initiale. J’ai rencontré des artisans du 10e, installés depuis longtemps. Ils m’ont dit que ce n’était pas une idée pour eux parce que ça ne fonctionnait pas. Les artisans ont déjà du mal à vivre, ils ne peuvent pas avoir des lieux éphémères. Il leur faut de la durée et de l’identification.
    Donc culture. Mixité. Les cultures urbaines sont présentes dans le 10e. Elles doivent s’exprimer mais pas au dépend des autres habitants. On peut le faire en plusieurs phases à cause du financement ».
     

    Anne Souyris, candidate EELV à la mairie du 10e :

    « On n’a pas un projet précis construit là-dessus. En revanche, ce qui est sûr et ce qui manque pour l’instant, c’est une concertation dans le quartier pour voir quels sont les aménagements qui pourraient être faits pour que ça redevienne un espace convivial. C’est un endroit toujours plein de voitures, c’est un endroit où on n’a pas envie d’être. Il y a eu des tentatives qui ont toutes échouées. C’est la difficulté de travailler sur plusieurs arrondissements. C’est compliqué de faire quelque chose de bien à cet endroit. On ne peut pas planter d’arbres. On est obligé de partir sur un projet plutôt minéral et c’est compliqué de faire quelque chose sous le métro aérien. Il faut libérer les imaginations. Puis chercher les budgets qui vont avec. Faire travailler des architectes, des artistes comme pour le tramway. Ils ont réussi à faire d’un endroit qui était un peu glauque quelque chose de vivable ».
     

    Rémi Féraud, candidat PS à la mairie du 10e :

    « Je suis favorable à la création d’une Commission Extra Municipales des Déplacements. J’en ai parlé avec Eric Lejoindre (candidat PS à la mairie du 18e ndlr) et il m’a dit qu’il était volontaire. Dans le cadre de la campagne, on devrait mener une action ensemble, soit un document, soit sur le Boulevard de La Chapelle lui même. Les deux arrondissements doivent être moteur ainsi que le maire de Paris et c’est bien que vous ayez cette rencontre avec Anne Hidalgo. Ce mur des Fermiers Généraux est resté une frontière dans les têtes. Le métro y contribue. Il est un peu comme un noman’sland il faut qu’on arrive à transformer le boulevard. Ce ne sera pas facile.
    Pour le projet de la Nuit Blanche sur le boulevard, je pense que c’est une bonne idée.Ca installe de nouvelles façons de voir le paysage urbain ».
     

    Pascal Julien, candidat EELV, à la mairie du 18e :

    « Je suis pour une promenade. S’il ne l’est pas encore, on va demander le classement de cet ouvrage (le viaduc du métro ndlr). Je n’ai pas de solutions toutes faites. Je mettrai des idées dans ce débat. Mais il faut une vraie concertation avec un plan, quelque chose qui dure, pas une concertation bâclée en deux séances comme ils font (ils = la municipalité actuelle ndlr) pour faire avaliser la décision des élus. Il faut une promenade qui valorise cet ouvrage. On pourrait revoir le plan de circulation ».
     

    Eric Lejoindre, candidat PS à la mairie du 18e :
     
    De notre entretien avec le candidat et quelques uns de ses collaborateurs sur le sujet, il ressort les points suivants qui sont, sans conteste, les plus détaillés sur la question.
    Eric Lejoindre ne semble pas étonné de notre demande et déclare tout de go qu'il a eu des échanges positifs sur le sujet avec Rémi Féraud (cf. supra) et que les feux sont au vert du côté de la ville. Il ne faut pas sous-estimer les problèmes de circulation, toutefois, il faut revoir les flux. Faire des différences selon les tronçons, tenir compte de la présence du marché, notamment pour le sujet du street art, il ne pourra pas être le même sur toute la zone. Et il ne faudra pas s'interdire la végétalisation là où elle est possible. Rendre le viaduc moins anxiogène là où il est mal éclairé, sombre, il faudra l'isoler phoniquement si l'on veut faire des animations. On peut penser aussi à des activités artisanales. "Mais, oui ! On va travailler le sujet".

    Eric Lejoindre souhaite que cet axe soit un lieu de passage, qu'on se l'approprie de façon pérenne et qu'on puisse y déambuler en toute sécurité, sinon d'autres occupations plus « sauvages » regagneront le terrain.

    Dominique Lamy — qui pendant deux mandatures s'est investi dans les problèmes d'espaces publics et de voirie dans le 18e — pense qu'il ne faut pas s'interdire non plus les réductions de voies de circulation, en prenant l'exemple de Clichy et Rochechouart. Se souvenir des rêves de "remblas" de Jacques Bravo, maire du 9e, à l'époque...
     
    Eric Lejoindre rappelle l'entonnoir que sont les rues de la Chapelle et Marx-Dormoy, dans un sens, et dans l'autre, les véhicules se heurtent à un mur une fois arrivés au sens interdit de la rue du faubourg Saint-Denis, ils doivent tourner à droite ou à gauche, d'où l'embouteillage récurrent.
    Il ne semble pas que les élus présents considèrent la réduction drastique des flux entrant par la porte de la Chapelle comme une des solutions possibles ; mais les esprits sont ouverts à la réflexion. Action Barbès rappelle la gestion mixte, Ville + Préfecture de Police, de cet axe entre porte et place de la Chapelle... Daniel Vaillant considère que ce n'est plus un frein pour trouver ensemble un compromis. "Il va falloir confier la problématique des tournant-à-gauche à des spécialistes !" dit-il.
     
    Myriam El Khomri, adjointe au maire de Paris en charge de la sécurité, suggère qu'il sera possible d'affecter des agents de la ville pour fluidifier la circulation, puisque la nouvelle gestion du stationnement va libérer des personnels. 300 personnes seront orientées vers d'autres activités.
     
    Eric Lejoindre estime que le flux vient de la porte de La Chapelle, et qu'on aura du mal à réduire le nombre des voitures qui entrent. A cet instant, Action Barbès trouve dommage qu'on parle ici de fluidifier la circulation et non de la réduire.
     
    Action Barbès insiste sur la nécessité de créer une commission extra-municipale des déplacements (CEMD) pour initier une large concertation autour du projet.
    Daniel Vaillant approuve cette demande et rappelle que la concertation pour la requalification de la place de Clichy a été faite ainsi en créant une dynamique inter-arrondissements (4 maires dont 2 d'opposition!).

     

    paris,barbès-stalingrad,promenage-urbaine

  • Nombreuses interventions lors du conseil de quartier Lariboisière le 27

    paris, gare-de-l-est, 10e

     Le thème de l'errance autour des gares, les deux que possèdent le quartier, gare de l'Est et gare du Nord, a débouché sur de nombreuses interventions autour de la toxicomanie et de l'hébergement des plus démunis, qu'ils soient tombés dans la drogue ou non.

    Nous vous proposons ici un compte rendu que nous espérons fidèle. Ceux qui ont assisté mercredi soir à la réunion sont très gentiment sollicités pour donner leur avis, faire des commentaires, rectifier s'ils pensent que nous n'avons pas rendu l'intégralité des propos. Le blog doit servir à cela aussi.

    Nous avons apprécié les propos d’Alexandra Cordebard, à qui la conclusion de la réunion incombait en tant que première adjointe au maire du 10e. Revenant sur les critiques à mi-voix entendues au cours des débats, quand il s’agissait de savoir qui de la ville ou de l’Etat était responsable de la quiétude de nos quartiers, elle a déclaré qu’en effet, les solutions étaient politiques et qu’elle  s’autorisait à le dire clairement. Les missions d’ordre public et d’aide aux plus démunis sont du ressort de l’Etat, et  la Ville n’a pas les moyens ni juridiques, ni financiers, de pallier toutes les carences. Toutefois, elle a affirmé que la volonté de l’équipe municipale, maintes fois démontrée, était d’éviter la « double peine » aux habitants du 10e, d’un côté, leur éviter les désagréments liés à la présence concentrée de l’errance et de la toxicomanie et de l’autre, faire le maximum pour venir en aide aux personnes tombées dans l’errance et la toxicomanie. Les solutions passent par un travail de fond et si possible coordonné entre les différents acteurs de terrain et les donneurs d’ordre ou bailleurs de fonds. L’idéal serait un mano a mano ville-état… Elle a souligné toutefois que cette collaboration existe entre la mairie du 10e et le commissariat de police du 10e, qui reste très à l’écoute de la problématique, bien qu’il ait subi une perte de 10% de son effectif.
    Pour ce qui est du problème de la toxicomanie,  on ne l’efface pas pour toujours quelles que soient les méthodes choisies ; tous les pays, toutes les villes y sont confrontés, il appartient à l’humanité, il a existé de tout temps, comme l’avait dit Pierre Leyrit un peu plus tôt.

    Environ 60 personnes assistaient au conseil de quartier.

    Les élus présents étaient  A.Cordebard, E. Algrain, S. Meiers Naem et S. Bribard.

    paris, escalier, rue-d-alsace, sncf, 10eEn première partie, un bref retour sur le projet du CQ pour améliorer l’aspect de l’escalier monumental de la rue d’Alsace, le rendre plus agréable aux yeux des riverains et plus sûr lors du passage des usagers de la gare de l’Est. Fanette Brissot a fait le point : on se propose d’alerter les services de la Ville de la nécessité d’un nettoiement plus en profondeur, de l’urgence de travaux de sauvegarde et de sécurisation de cet espace, de l’utilité de l’embellir, de mieux l’éclairer et d’y implanter des panneaux informatifs pour les habitants, les passants, les usagers de la gare et les touristes.

    On a pu constater toutefois au cours de cette approche que les budgets à la mesure de la tâche ne sont pas disponibles.

    paris, 10e, circul'livre, marché-saint-quentinSuit une brève information sur Circul’livre, qui se tient tous les premiers dimanches du mois, et en conséquence aura lieu dans le marché Saint-Quentin, dimanche prochain.

     

     

    Elfie Comin aborde ensuite le thème principal : « Errance autour des gares » et présente les deux responsables, Mme Le Bars de l’association Solidarités actives et le référent de la SNCF, Patrick Jud, qui est chargé de coordonner les différentes actions et les relations entre les acteurs locaux dans le cadre du projet de dimension européenne Hope in stations.

    paris, 10e, gare-de-l-est, autobis, sncf, ratpCe projet se propose

    -  de mener une réflexion sur la gare comme lieu d’attraction de l’errance,

    -  de formuler un discours politique apte à sensibiliser les autorités publiques,

    - de faire un bilan des outils mis en place dans 7 pays européens confrontés à la problématique de l’errance dans et autour des gares. L’idée est d’évaluer l’efficacité des dispositifs existants à l’aide d’enquêtes poussées auprès des personnes en errance, des agents travaillant dans les gares, des travailleurs sociaux et des habitants de la zone, de les apprécier (offres d’hébergement, réponses aux problèmes de santé, de sécurité, accueil d’urgence, main courante pour fixer les demandes, etc.) et de choisir les plus appropriés pour les mettre en place. Trois pays ont accepté de s’associer au projet, ce sont la France, la Belgique et l’Italie. Chacune des entreprises ferroviaires de ces pays a nommé un référent social. D’autres pays, moins avancés mais intéressés, sont l’Allemagne, le Luxembourg, l’Espagne et la Pologne.

    La réflexion commencée en janvier 2010 doit se terminer en décembre 2011.

    En France, c’est Patrick Jud, de la direction du développement durable de la SNCF, en poste depuis un an. Il a une mission de pivot entre les agents de la SNCF, les agents de la propreté de la Ville, les commerçants, les habitants, les associations locales (Itinérances, Aux captifs, la libération , Arc 75), le parking Vinci. L’une des taches va être de créer un lieu unique proche, sans doute situé près de la rue La Fayette, tenu par une association, et apte à accueillir toutes les personnes en grande précarité et les orienter vers la bonne association.

     

    Les questions de la salle :

    -  le dispositif s’adresse-t-il aussi aux toxicomanes ?

    -  une dame s’interroge du retour subit de personnes en grande précarité dans sa rue des Petits hôtels récemment.

    -  Un habitant souligne le décalage entre l’approche des initiateurs du projet et la vision des voisins de la gare. Il s’étonne aussi de l’absence de la police, car souvent les problèmes sont sécuritaires. Il réclame aussi des salles de consommation pour la réduction des risques.

    paris, 10e, gare-du-nord-  Une dame demande comment les lieux d’implantation des distributeurs de seringues sont définis.

    -  Une jeune femme, empruntant quotidiennement la gare du Nord, estime que la SNCF a vidé la gare de ses occupants non désirés, qui sont maintenant aux abords et sont devenus un problème de voisinage.

    -  Elisabeth Carteron souligne qu’il est curieux d’entendre la SNCF s’engager dans des partenariats censés assister les précaires, engager des référents, et par ailleurs réduire les heures d’ouverture des gares et le nombre des agents qui y travaillent.

    -  Un habitant estime que la gare du Nord a une vraie particularité, c’est la présence en nombre des jeunes toxicomanes errants.

    paris, 10e gare-du-nord-  Une habitante de la rue Ambroise Paré la considère dangereuse, elle estime par ailleurs que la police connaît le dealer en chef du quartier, comme le reste des riverains, mais ne l’interpelle pas. Pourquoi ?

    Elfie constate que l’essentiel des questions de ce soir fait remonter les problèmes de toxicomanie.

    - Une habitante demande à ce que l’hôpital s’implique dans les problèmes de drogue, qui peuvent relever du domaine médical.

    -  Une autre habitante souhaite savoir si les associations travaillent en coordination.

    - Rue du 8 mai, l’espace devant le Monop est jugé problématique car occupé par une population parfois agressive.

    -  E. Carteron suggère que les locaux de Fernand Widal soient considérés comme un espace possible pour la création d’un accueil toxicomanie à la suite de la restructuration de l’APHP.

     

    Les réponses des intervenants et acteurs de terrain :

     Patrick Jud reprend la parole pour répondre aux questions ; il précise que la SNCF a aussi des problèmes de toxicomanies dans ses toilettes (injection) par exemple. Qu’elle n’a pas choisi de « sortir » les errants de ses gares, contrairement à d’autres pays (l’Espagne par ex.). Que les actions seront limitées aux abords immédiats. Qu’elle s’implique dans l’aide aux précaires, tente d’offrir des emplois de réinsertion à ceux qui ont envie d’un retour dans la vie sociale.

     Stéphane Bribard est élu du 1Oe, chargé de la jeunesse et de la prévention. Il intervient pour expliquer les efforts de la Ville en la matière : elle a revu récemment la rédaction du Contrat local de sécurité avec mise à jour des thèmes. Les deux problématiques jugées essentielles à relancer en priorité cette année sont la prostitution (Gare du Nord, Belleville, Château d’eau) et la toxicomanie ; l’action politique de la ville est globale : elle finance les associations, les coordonne, les soutient. Mais elle ne peut pas se substituer aux carences de l’Etat totalement.

     Le représentant de la FNARS (Fédération nationale d’accueil et de réinsertion sociale) rend hommage au travail des associations. Il explique que depuis l’abrogation de la loi sur le vagabondage votée en 1994, il est devenu impossible de déplacer une personne qui ne le souhaite pas, y compris pour son bien et sa sécurité. Les réponses à l’urgence sont le 15 en cas de détresse médicale, ou la police en cas de trouble à l’ordre public.

     François Leforestier, de l’antenne 10e de l’association Aux captifs, la libération, travaille en convention avec la SNCF depuis de nombreuses années. Elle vient en aide aux personnes en grande précarité sur trois gares (Nord, Est, Saint-Lazare), est active sur le nord du 9e et sur le 10e. Son local est situé rue de Rocroy. L’asso cherche à recréer du lien social, à rétablir une relation de confiance pour tenter une réinsertion dans la société et quitter la souffrance morale et sociale dans laquelle les personnes sont tombées.

    Quelques chiffres : sur l’année 800 personnes sont rencontrées régulièrement, 1000 personnes ont bénéficié d’un suivi social, dont 150 sont passées par l’accueil de jour de la rue de Rocroy, 400 sont domiciliées par l’asso, qui travaille aussi en partenariat avec Bichat dans le cadre d’un suivi des situations liées à l’alcoolisme.

    Aux captifs, c’est 15 salariés et 40 bénévoles.

    Dominique Bourdin, coordinateur de la mission SDF de l’Hôtel de Ville (en lieu et place d’Olga Trostiansky qui n’a pu se libérer), déclare que la Ville est très sensible aux problèmes du 10e, qui concentre des caractéristiques liées aux gares, de tous temps, arrivée de clandestins de tous les territoires de l’Est, du grand Est, jusqu’à l’Afghanistan, prostitution, errance, toxicomanie…Il souligne que nombre de ces problèmes relèvent de la compétence de l’Etat mais que la Ville ne détourne pas les yeux pour autant. Elle travaille aussi avec le commissariat. La salle murmure… et laisse entendre qu’il botterait en touche… au nom de la Ville. Dominique Bourdin rappelle alors que le retour de nombreuses personnes dormant dans la rue est du à la fermeture des hébergements à la sortie de l’hiver : ce sont 1000 personnes qui se retrouvent à la rue. Et grosso modo une centaine dans les rues du 10e.

     L’Association Itinérances offre de l’accueil de jour ; ce sont 70 personnes par jour pour un budget de 800 euros par jour, qui sont accueillies, à qui on offre un café chaud, la possibilité de se doucher, de laver ses vêtements (machine à laver disponible), une protection... La moyenne d’âge des personnes accueillies est d’à peine 22 ans. L’équipe compte 5 personnes, qui le soir assurent aussi les maraudes.

     Pierre Leyrit de Coordinations toxicomanies, actif dans le 18e, explique l’ampleur du problème. La toxicomanie n’est pas un problème conjoncturel, il est illusoire de penser qu’on peut l’éradiquer avec des mesures classiques. La présence des toxicos sur la Gare du Nord est très ancienne. Avec Marguerite Arène de la Mission de prévention des toxicomanies de l’Hôtel de Ville, il évoque aussi la présence des distributeurs de seringues, dans le cadre de la lutte de réduction des risques de transmission du VIH. Il existe 34 de ces automates sur Paris, qui distribuent 300 000 seringues par an ; et sur le 10e, 100 000. Ils n’attirent pas les toxicos, ils répondent à une demande et fonctionnent 24 h sur 24. Ils répondent également à la demande des toxicomanes qui habitent la banlieue et s’approvisionnent près des gares.

    Il faut bien voir que les problèmes d’errance sont souvent, pas toujours, liés à celui de la toxicomanie, mais surtout au manque d’hébergement. Il n’est pas d’accord avec le choix de la SNCF de ne pas regarder un peu plus loin que les abords de ses gares.

    Encore quelques questions de la salle, comme

    -  pourquoi les arrondissements de droite sont-ils moins touchés par ces problèmes?

    -  pourquoi la loi sur le vagabondage a-t-elle été abrogée en 1994 ?

    -  comment se fait-il que la rue Ambroise Paré soit dans un tel état de malpropreté ? comme plus tôt une autre habitante a relevé l’état déplorable de la rue du 8 mai 45 et de la rue du faubourg Saint-Denis.

    -  Christiane Izel demande le mode d’emploi quand on constate un problème dans une gare. (guichets fermés et pas de personnel pour une prise en charge)

    paris, 10e, police, voiture-de-police-  Une habitante se dit admirative du travail fait par les associations mais demande que les élus insistent pour qu’il y ait davantage de policiers dans le 10e.

    auxquelles malheureusement des réponses précises ne seront pas faites car le temps manque... Ne faudra-t-il pas lors de prochains conseils limiter le nombre des interventions, pour que l'échange ait lieu dans un climat encore plus serein, dans lequel chacun pourra prendre le temps de s'exprimer.